Il y a quelques mois, vous avez été plus d’un million de téléspectateurs à vous passionner pour ses analyses dans un entretien intitulé "Les Etats-Unis et le piège de Thucydide".
Nikola Mirkovic, président de l’association Ouest-Est et diplômé de l’European Business School, est de nouveau l’invité de TVL pour la publication de son nouvel ouvrage à succès : "Le chaos ukrainien, comment en est-on arrivé là et comment s’en sortir !".
La volonté de l’auteur est d’analyser les raisons de la guerre et de tenter de formuler des propositions de sortie de crise. Pour se faire, il procède à plusieurs analyses implacables : l’histoire instable de l’Ukraine et sa situation de jeune nation sont plus labyrinthiques qu’on ne le croit. Et la guerre actuelle ne peut se comprendre sans prendre en compte la stratégie du plus grand protagoniste de la crise : les Etats-unis.
Nikola Mirkovic explique, exemples à l’appui, qu’animés par la crainte existentielle de voir apparaître un rival sur le territoire eurasiatique, les Etats-Unis ont encouragé l’entrée des pays de l’ex-bloc soviétique dans l’OTAN malgré la promesse de ne pas avancer un "pouce vers l’Est". L’auteur multiplie les informations et les révélations sur Joe Biden et ses liens avec l’Ukraine, sur Georges Soros, sur Zelensky, un président moins chevalier blanc que vanté. L’auteur évoque enfin les moyens de sortir de ce conflit pour retrouver la paix et pour que le peuple ukrainien qui souffre ne soit plus considéré comme la variable d'ajustement dans la stratégie de Washington d’affaiblissement de la Russie.
Un livre coup de poing et un entretien qui casse bien des tabous. A lire et regarder de toute urgence.
Nikola Mirkovic, président de l’association Ouest-Est et diplômé de l’European Business School, est de nouveau l’invité de TVL pour la publication de son nouvel ouvrage à succès : "Le chaos ukrainien, comment en est-on arrivé là et comment s’en sortir !".
La volonté de l’auteur est d’analyser les raisons de la guerre et de tenter de formuler des propositions de sortie de crise. Pour se faire, il procède à plusieurs analyses implacables : l’histoire instable de l’Ukraine et sa situation de jeune nation sont plus labyrinthiques qu’on ne le croit. Et la guerre actuelle ne peut se comprendre sans prendre en compte la stratégie du plus grand protagoniste de la crise : les Etats-unis.
Nikola Mirkovic explique, exemples à l’appui, qu’animés par la crainte existentielle de voir apparaître un rival sur le territoire eurasiatique, les Etats-Unis ont encouragé l’entrée des pays de l’ex-bloc soviétique dans l’OTAN malgré la promesse de ne pas avancer un "pouce vers l’Est". L’auteur multiplie les informations et les révélations sur Joe Biden et ses liens avec l’Ukraine, sur Georges Soros, sur Zelensky, un président moins chevalier blanc que vanté. L’auteur évoque enfin les moyens de sortir de ce conflit pour retrouver la paix et pour que le peuple ukrainien qui souffre ne soit plus considéré comme la variable d'ajustement dans la stratégie de Washington d’affaiblissement de la Russie.
Un livre coup de poing et un entretien qui casse bien des tabous. A lire et regarder de toute urgence.
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00:00 [Musique]
00:05 Il y a quelques semaines, quelques mois, vous avez été un million, un million à vous passionner pour ces analyses.
00:10 Il est de retour sur TVL. Nicolas Mirkovic, bonjour.
00:13 Bonjour.
00:14 Merci à nouveau d'être sur TVL et merci aussi de venir évoquer votre nouvel ouvrage important, essentiel même,
00:20 intitulé "Le chaos ukrainien, comment on en est arrivé là et surtout comment s'en sortir".
00:27 Cet ouvrage, je vous invite à le lire tout de suite en allant sur le site TVL.fr, à la rubrique boutique
00:32 ou sur la boutique TVL.fr, vous pouvez vous le procurer dès maintenant.
00:37 Nicolas Mirkovic, votre volonté affirmée est d'analyser les raisons de la guerre
00:42 et tenter de formuler des propositions de sortie de crise.
00:45 Comme dans la vidéo à l'énorme succès que j'évoquais et qui est assez récente finalement,
00:51 vous citez à nouveau Thucydide en nous avertissant que l'histoire est un perpétuel recommencement.
00:58 Pourquoi faut-il indiquer cela à vos lecteurs ?
01:00 Parce que malheureusement dans cette analyse de la crise en Ukraine, on ne remonte pas aux racines.
01:05 On a l'impression qu'un jour Vladimir Poutine se réveille, il ne sait pas quoi faire, il envahit son voisin.
01:10 Et donc c'est comme ça que ça nous est présenté par les médias dominants.
01:13 Or c'est toujours beaucoup plus compliqué que ça.
01:14 Il n'y a pas de guerre avec les gentils d'un côté et les méchants de l'autre.
01:17 Il faut puiser dans les racines historiques.
01:19 Et Thucydide l'avait bien dit, attention il y a des rythmes dans l'histoire
01:23 qui font qu'il y a des choses qui se reproduisent régulièrement.
01:25 Et c'est le cas en Ukraine.
01:26 Donc j'ai essayé au début du livre, pas sur une grande partie,
01:29 mais sur une partie importante, enfin une partie en introduction,
01:31 d'expliquer les racines de la crise ukrainienne qui sont des racines relativement récentes.
01:36 Puisque l'Ukraine est un pays récent, on a tendance à l'oublier.
01:39 Avant le 19ème siècle, il n'existe pas de peuple ukrainien en Europe.
01:43 Avant le 20ème siècle, il n'y a pas de structure, d'organisation politique d'État
01:48 qui se nomme l'Ukraine.
01:49 Ça ne veut pas dire que les Ukrainiens n'ont pas le droit d'avoir un État,
01:52 mais ça explique pourquoi la situation est un peu fragile,
01:55 d'autant plus qu'on apprend par la suite, en faisant cette analyse historique,
01:59 que la définition même de ce qu'est un Ukrainien est quelque chose de compliqué
02:02 et que les Ukrainiens, en tout cas tout au long du 20ème siècle,
02:05 se sont battus entre eux pour essayer de définir ce qu'était la vision de l'Ukrainien.
02:10 Donc je pense que c'est important de le rappeler pour comprendre ce contexte
02:13 et de voir par la suite pourquoi est-ce que certains États étrangers
02:16 vont profiter de cette fragilité d'un État récent, d'un peuple qui n'est pas encore défini
02:21 pour s'en servir comme d'un théâtre d'affrontement avec la Russie.
02:25 Mais vous allez même un peu plus loin parce que vous dites que c'est une histoire instable,
02:29 une histoire récente, une histoire aussi compliquée de l'Ukraine,
02:32 et vous faites aussi encore là un rappel essentiel
02:35 qui est la situation de cette jeune nation, parce que c'est une jeune nation,
02:38 est plus labyrinthique qu'on ne le croit.
02:41 – Oui, parce que l'idée d'Ukrainienne elle sort et germe d'abord
02:46 dans une partie de l'élite russe à l'époque, qui fait partie de l'Empire russe,
02:50 qui a distingué des spécificités locales qui sont véritables,
02:53 notamment dans la langue qui est plutôt parlée au milieu paysan.
02:56 Alors ces intellectuels parlent essentiellement en russe entre eux,
02:58 mais disent "nous sommes des russes méridionaux, les russes de Russie,
03:01 en tout cas autour de Moscou et du reste de la Russie, sont d'autres types de russes,
03:05 on a une histoire en commun, quel est l'avenir pour nous ?
03:08 Est-ce qu'on est une fédération de russes ? Est-ce que du coup on veut l'autonomie ?
03:11 Est-ce qu'on veut la sécession ?
03:12 Donc il y a toutes ces idées qu'on voit dans l'ensemble des pays d'Europe,
03:17 des idées révolutionnaires, des idées avec un mélange de nationalisme, de socialisme,
03:21 quel est l'avenir de ces différents peuples ?
03:23 Et ils vont essayer de définir, mais entre eux ils ne vont pas se mettre forcément tous d'accord,
03:27 certains veulent l'indépendance et on verra pendant la première guerre mondiale
03:31 la tentative de création d'un premier État ukrainien à travers la République populaire d'Ukraine,
03:37 alors qu'en même moment vous avez d'autres Ukrainiens, d'autres habitants de l'Ukraine,
03:40 qui disent "on aime bien cette idée de l'Ukraine, mais nous on est soviétiques, on est bolcheviques"
03:45 et ils vont se battre entre eux juste après la première guerre mondiale,
03:48 au moment où les bolcheviques et les allemands font la paix, les Ukrainiens se battent entre eux.
03:53 Alors il y a l'Ukraine, on a les Ukrainiens pro-russes, les Ukrainiens indépendantistes,
03:58 les bolcheviques qui sont pour une intégration de l'Ukraine dans la Russie,
04:01 les bolcheviques qui sont pour la création d'un État, il y a les anarchistes de Makhno,
04:04 il y a les russes blancs de Dénikin, tout ce monde se bat en Ukraine,
04:07 parce que du coup justement il y a cette idée de faire quelque chose sur une partie du territoire
04:11 qu'on appelle aujourd'hui l'Ukraine, mais il n'y a pas de véritable définition
04:14 et on le reverra pendant la deuxième guerre mondiale.
04:16 La deuxième guerre mondiale, de nouveau les Ukrainiens de l'Ouest qui se sont rapprochés,
04:20 la bande d'Irak et la tête de file du nationalisme ukrainien dit qu'il a fondé,
04:23 que le nationalisme ukrainien s'est inspiré du national-socialisme allemand,
04:26 il se bat, il encourage les Ukrainiens à se battre avec les Allemands,
04:29 contre d'autres Ukrainiens qui sont dans l'armée rouge.
04:33 Et donc du coup il y a cette confrontation entre ce qu'est l'Ukrainien,
04:36 qui a toujours été la ligne rouge de la vie de l'Ukraine,
04:40 depuis qu'elle a été créée sous forme d'avance soviétique,
04:43 puis après même après en 1991, quand elle est indépendante pour la première fois de son histoire,
04:48 il y a toujours cette espèce de rivalité au début entre les Ukrainiens de l'Est et du Sud,
04:53 Kiev qui est un peu un mélange des deux, et les Ukrainiens de l'Ouest,
04:56 et ils n'ont jamais réussi à se mettre d'accord sur ce qu'était un Ukrainien,
04:59 et c'est pour ça que c'est cette zone aussi fragile aujourd'hui,
05:02 et on voit, il ne faut pas oublier que la guerre n'a pas commencé en février 2022,
05:07 qu'il y a une guerre civile depuis 2014, avec plus de 10 000 morts, 30 000 blessés,
05:11 et plus d'un million de réfugiés, guerre entre Ukrainiens.
05:14 – Voilà, vous démontrez bien en fait que depuis la naissance de l'Ukraine,
05:22 depuis le début du XXe siècle,
05:26 sont nés en même temps des éléments de fracture,
05:29 finalement, futur, mais aussi actuel, entre Ukrainiens, tout était déjà inscrit.
05:35 Autre élément essentiel dans votre ouvrage, une analyse implacable,
05:39 pour indiquer que l'on ne peut pas comprendre la guerre actuelle en Ukraine
05:43 si l'on ne saisit pas la stratégie, non pas de la Russie ou ex-URSS,
05:48 mais du plus grand protagoniste de cette crise que sont, d'après vous, les USA.
05:53 Et là, vous cassez, pardonnez-moi de vous le dire,
05:55 Nikolai Mirkovic, un véritable tabou.
05:57 – Bon, en ce moment, on ne veut pas en parler,
05:59 on est tellement obnubilé par l'idée de ces États-Unis qui veulent la paix,
06:03 qui sont les gendarmes du monde, en tout cas au niveau de nos élites,
06:06 au niveau des films que nous regardons, de la culture américaine,
06:09 qu'on ne voit pas la réalité de ce que font les États-Unis en Europe.
06:12 Ils nous considèrent, Washington, je ne mets pas tous les Américains
06:15 dans le même panier, bien évidemment, je cite de nombreux auteurs américains
06:18 qui sont contre cette idée impériale américaine,
06:21 mais Washington nous voit comme un protectorat,
06:23 c'est ce que dit Zbigniew Brzezinski,
06:25 "le peuple de l'Ouest est un protectorat américain",
06:27 François Mitterrand se plaignait du traitement,
06:30 il disait que Reagan traitait la France comme une colonie,
06:33 donc ils ont cette vision.
06:34 Et il ne faut pas oublier que les Américains ont amené la guerre,
06:37 pour la première fois depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale,
06:39 en ex-Yougoslavie, tout cela est documenté, tracé,
06:43 la situation était tendue, mais il y avait la volonté
06:46 de différents peuples des Balkans de faire la paix,
06:48 les Américains n'en voulaient pas, et en Ukraine,
06:51 avant même la fin de la République socialiste soviétique d'Ukraine,
06:56 les Américains sont présents en Ukraine à travers George Soros,
07:00 on en parlera peut-être tout à l'heure,
07:02 à travers des organisations culturelles, politiques, associatives,
07:05 qui veulent essayer d'arrimer l'Ukraine au mode atlantiste.
07:09 S'il n'y avait pas eu d'ingérence américaine en Ukraine,
07:12 et n'oublions pas qu'il y a eu quand même deux révolutions de couleur,
07:14 donc je rappelle pour nos téléspectateurs ce que c'est qu'une révolution de couleur,
07:18 quand les Américains, à travers leur culture, à travers leur influence,
07:21 vont essayer d'attirer les élites des différents pays dans le modèle atlantiste,
07:25 en disant "ce qui est mieux pour vous, c'est ce qui est mieux pour les États-Unis",
07:28 donc du coup, en défendant les États-Unis, l'OTAN,
07:30 les organisations contrôlées par les Américains,
07:32 le FMI, la Banque mondiale, si vous vous tenez à ça,
07:35 vous vous défendez les États-Unis et vous vous défendez vous-même,
07:38 si ça, ça ne marche pas, et qu'un gouvernement dit "écoutez, c'est gentil,
07:41 mais nous on est un État souverain, on va quand même s'occuper de nos propres affaires",
07:44 eh bien les États-Unis n'hésitent pas à organiser des révolutions de couleur,
07:48 on va financer, organiser des manifestations de rue,
07:50 on va montrer à des jeunes qui sont dans l'opposition
07:52 comment se servir des réseaux sociaux, comment faire des films,
07:54 comment faire des tracts, comment monter des barricades,
07:56 donc du coup ça, c'est organisé par les États-Unis,
07:58 on l'a vu en Ex-Yougoslavie, on l'a vu en Georgie, en Kyrgyzstan,
08:02 on l'a vu en Ukraine, donc dans des zones d'influence russe,
08:06 et il y a eu deux révolutions de couleur en Ukraine, en 2004 puis en 2014,
08:10 où, en 2014, il y a un coup d'État qui a été organisé,
08:13 c'est-à-dire que les Américains ont participé à un coup d'État,
08:16 c'est-à-dire qu'ils ont fait tomber le président démocratiquement élu
08:19 par l'ensemble des Ukrainiens.
08:21 Ils ont vraiment participé ?
08:23 Ils le disent eux-mêmes, c'est-à-dire que les Américains,
08:25 nous on est bien naïfs parce que du coup on ne fait malheureusement pas
08:28 les recherches nécessaires, mais ce n'est pas très compliqué de trouver,
08:30 Victoria Nuland, sous-secrétaire d'État américain pour les affaires d'Eurasie,
08:35 dit elle-même que les États-Unis ont déboursé 5 milliards de dollars,
08:39 ce n'est pas une petite somme, pour apporter la démocratie en Ukraine.
08:43 Je vous rappelle que l'ingérence dans les États d'une nation souveraine
08:46 est interdite par la charte même des Nations Unies.
08:50 Les Américains le font dans le monde entier, ils l'ont fait en Ukraine.
08:53 Nous avons un enregistrement de cette même Victoria Nuland, début février 2014,
08:57 où elle discute avec l'ambassadeur des États-Unis en Ukraine, Jeffrey Pyatt,
09:01 où ils sont en train de discuter qui il faut mettre au gouvernement ukrainien,
09:04 alors que le gouvernement ukrainien n'est même pas encore officiellement tombé.
09:08 Le Maïdan arrive à son paroxysme, il est de plus en plus dangereux.
09:11 Les Américains sont en train de décider qui vont mettre en place.
09:13 Et comme par hasard, après le coup d'État, Yanukovitch est chassé du pouvoir
09:16 par des miliciens qui sont soutenus par les États-Unis,
09:20 qui rentrent dans la rada, qui rentrent dans le gouvernement présidentiel,
09:22 Yanukovitch part, et devinez qui arrive au pouvoir très peu de temps après ?
09:26 Des personnes qui avaient été désignées par les États-Unis.
09:28 Nous avons des organismes comme la National Endowment for Democracy,
09:32 qui est un organisme américain, qui reçoit des subventions des gouvernements américains,
09:36 qui apporte la démocratie dans le monde entier.
09:38 La démocratie, ça veut dire qu'un pays est aligné sur l'atlantisme.
09:42 Ça n'a rien à voir avec la véritable démocratie,
09:44 qui dit, quelques années auparavant, au moment de la révolution de couleur d'orange,
09:49 que l'Ukraine est le plus grand trophée des Américains.
09:52 Ils ne s'en cachent pas.
09:54 D'ailleurs, quand ils prennent le pouvoir,
09:57 ils n'arrivent pas à trouver des personnes à assister pour Rochko,
10:01 qui est le nouveau président de l'Ukraine.
10:03 Ils donnent des portefeuilles de ministre à des Lituaniens, à des Georgiens,
10:07 qui eux-mêmes n'étaient pas ukrainiens la veille.
10:09 Et ces personnes, qui sont des modèles de l'atlantisme,
10:12 vont avoir des portefeuilles au ministère de l'Intérieur,
10:15 à la finance, dans des zones stratégiques.
10:17 Ils vont récupérer leurs portefeuilles et la nationalité ukrainienne en même temps.
10:21 Et les Américains vont même envoyer Jarichko,
10:24 qui est le ministre des Finances, qui est une Ukraino-américaine.
10:28 Donc du coup, les États-Unis ne se cachent pas.
10:30 C'est leur modus operandi depuis de nombreuses années.
10:34 Ils mettent en place des gouvernements qui leur sont favorables.
10:37 Et si, et c'est ce que dit John Mershimer,
10:40 qui était vraiment un spécialiste de géopolitique,
10:43 un des plus grands, le chef de file de l'école réaliste américaine,
10:46 qui dit que si les États-Unis n'avaient pas mené cette politique d'ingérence en Ukraine,
10:50 il n'y aurait pas de guerre aujourd'hui.
10:51 Et il a 100% raison.
10:53 – Votre explication même, elle est encore plus complète dans l'ouvrage,
10:56 si vous me permettez, en disant que, en fait,
10:58 animés par la crainte existentielle de voir apparaître un rival
11:01 sur le territoire euro-asiatique,
11:03 les USA ont encouragé l'entrée des pays du bloc soviétique,
11:08 de l'ex-bloc soviétique, dans l'OTAN,
11:10 puis dans un deuxième temps, dans l'Union européenne.
11:14 – Tout à fait.
11:15 Les Américains, depuis longtemps, ça date même depuis le début du XXe siècle,
11:19 ont identifié, à l'époque où les États-Unis sont déjà la première puissance mondiale,
11:23 ils identifient que le seul rival qui pourrait un jour les concurrencer
11:27 viendrait de leur Asie.
11:29 Du coup, cette même grande plaque tectonique qui rassemble l'Europe et l'Asie,
11:32 je rappelle que Europe, Asie, Afrique, ensemble,
11:34 c'est 75% de la population mondiale,
11:36 c'est 75% des ressources naturelles connues,
11:39 l'essentiel de l'humanité est ici.
11:42 Les États-Unis sont très loin de ça.
11:43 Donc s'ils veulent continuer à maintenir leur contrôle,
11:46 c'est-à-dire l'accès aux ressources naturelles à bas prix
11:48 et des marchés captifs pour l'exportation des produits qu'ils vont transformer,
11:52 ils ont besoin de s'assurer qu'il n'y ait pas de rival.
11:54 C'est la politique étrangère américaine.
11:56 Et des théoriciens comme Mackinder, comme Spikeman l'ont défini.
12:00 Et à l'époque, quand l'URSS chute,
12:02 vous avez la doctrine Wolfowitz qui se met en place,
12:05 où les États-Unis disent "profitons du fait qu'il n'y ait plus de rival",
12:08 en l'occurrence l'URSS,
12:10 "pour ramener l'ensemble des différents pays,
12:13 pour saucissonner le maximum de pays possibles,
12:15 parce que c'est plus facile de contrôler un petit pays qu'un grand pays,
12:18 on va les saucissonner, on va les faire rentrer dans le bloc atlantiste
12:21 à travers d'abord l'OTAN, puis à travers l'Union Européenne,
12:24 et assurons-nous qu'il n'y ait pas de rival".
12:26 Or, il y a deux rivaux potentiels sur cette plaque,
12:29 si on enlève l'Inde, que sont la Russie et la Chine.
12:31 Donc du coup, les États-Unis, qui ont pourtant alimenté la Chine,
12:34 s'il y a bien un pays qui a aidé la Chine à devenir la superpuissance qu'elle est aujourd'hui,
12:37 ce sont les États-Unis et les Atlantistes,
12:39 parce que nous avons délocalisé nos industries chez eux,
12:44 et les Chinois sont loin d'être un peuple bête,
12:46 c'est une vieille nation, donc du coup,
12:48 il fallait se douter qu'un jour ou l'autre,
12:50 ils ne seraient pas l'atelier de fabrication de nos baskets
12:52 jusqu'à Advitame-Eternam.
12:54 Donc, on s'est trompé sur la Chine,
12:56 et les Américains avaient peur que la Russie
12:58 puisse devenir un grand allié de l'Europe de l'Ouest.
13:00 C'est ce que disent de nombreux spécialistes américains.
13:05 George Friedman le dit, le patron de Stratfor,
13:08 dit qu'ils ont une seule peur, les Américains,
13:10 c'est que la Russie, la puissance énergétique russe,
13:13 alliée à la puissance industrielle allemande, par exemple,
13:16 pourrait faire un contrepoids énorme par rapport aux États-Unis.
13:20 Donc du coup, il fallait à tout prix couper la Russie,
13:23 la séparer, l'éloigner le maximum possible de l'Europe de l'Ouest,
13:26 sinon les Américains perdaient leur protectorat.
13:28 C'est ce que dit un autre économiste américain
13:30 qui s'appelle Michael Hudson, qui n'est pas n'importe qui,
13:33 c'est quasiment le seul économiste qui avait prévu la crise de 2007-2008,
13:37 qui dit que les Américains ont peur de perdre leur protectorat européen.
13:41 Ils ont peur que les Européens se rendent compte
13:43 qu'ils peuvent vivre sans les UCAZ venus de Washington
13:46 et qu'ils peuvent trouver une manière intelligente
13:48 de faire du commerce et de retrouver une prospérité
13:51 avec la Russie, avec la Chine, avec l'Asie,
13:54 évidemment dans un autre rôle politique que le rôle atlantiste
13:57 qui nous est imposé aujourd'hui.
13:59 – Mais dans votre vision alors, les États-Unis,
14:01 ce n'est pas une nation qui défend les droits de l'Homme et la paix,
14:04 et les États-Unis et l'Union européenne sont les deux faces d'une même pièce.
14:08 – Exactement. – Changement de paradigme.
14:11 – Oui, oui, changement de paradigme, mais moi je vous dis,
14:13 on juge un arbre à son fruit, je vais reprendre cette phrase biblique
14:15 que j'aime énormément, où est-ce que les Américains ont apporté
14:18 la paix et la démocratie ? Au Vietnam ? Au Cambodge ?
14:20 En Afghanistan ? En Irak ? En Yougoslavie ? En Syrie ? En Libye ?
14:23 En Amérique du Sud ? Au Nicaragua ? À Haïti ?
14:26 Nulle part.
14:28 Et pourtant si vous prenez un livre de William Bloom
14:32 qui s'appelle "Killing Hope", "Tuant l'espoir",
14:35 il liste toutes ces guerres, toutes ces politiques d'ingérence
14:37 où il n'y a jamais eu de démocratie.
14:40 Où est la démocratie aujourd'hui apportée par les Américains ?
14:43 Sur les ruines de l'Irak est né l'État islamique.
14:47 Les Américains ont financé les Moudjahidines en Afghanistan
14:50 qui sont devenus les djihadistes, qui sont allés se battre
14:52 contre les serbes en ex-Yougoslavie et qu'on retrouve
14:54 aujourd'hui dans nos capitales européennes.
14:56 C'est tout le contraire, ça le règne par le chaos.
14:58 Moi je veux bien croire que les États-Unis apportent la démocratie,
15:00 mais il faut apporter des preuves, c'est tout le contraire.
15:02 Et nous les suivons et donc du coup nous connaissons
15:05 la suite de l'histoire, parce que derrière si les Américains
15:07 au bout d'un moment n'arrivent pas à contrôler une position,
15:10 eh bien on va se retirer, mais qui est-ce qui va devoir
15:12 ramasser les pièces détruites, les nations détruites,
15:16 les peuples décimés ?
15:18 Donc nous allons payer ce prix nous, Européens,
15:20 et je rappelle que cette guerre en Ukraine concerne les Européens,
15:23 ça nous concerne, elle peut s'étendre, elle peut quitter
15:26 les frontières de l'actuelle Ukraine et déraper dans un conflit
15:30 qui dépasse largement l'Ukraine, et les Américains
15:33 seront là pour le coup très loin.
15:35 Dans votre enquête, vous précisez aussi une notion
15:37 qui est importante, vous dites "bon malgré la promesse
15:39 non tenue de ne pas avancer un pouce vers l'Est",
15:42 c'était ça la phrase, les Atlantistes ont tout fait
15:44 pour que l'Ukraine entre dans l'orbite de l'OTAN,
15:49 mais ça vous le datez, et vous dites c'est dès 2008
15:52 officiellement que cela apparaît, et parallèlement à ça
15:55 c'est dès 2008 que la Russie met en garde sur l'apparition
15:59 d'un bloc puissant à ses frontières qui serait considéré,
16:01 dit la Russie, comme une menace directe.
16:04 On est en 2008, il y a 15 ans.
16:06 Oui, pour comprendre ça, je vais juste revenir à 1991
16:10 sur cette promesse, les Atlantistes, à travers d'abord
16:12 James Baker qui est le secrétaire d'état américain,
16:15 disent qu'ils veulent la réunification de l'Allemagne,
16:18 et une Allemagne réunie qui intégrerait l'OTAN.
16:21 En contrepartie, ils s'engagent à ne pas étendre l'OTAN
16:24 un pouce vers l'Est, donc vers les frontières russes.
16:27 Pour que Gorbatchev à l'époque vende ça au Soviét Suprême,
16:32 c'était un peu compliqué, mais c'est l'engagement.
16:34 Les Russes ont été extrêmement naïfs,
16:36 ils ont fait une grande faute politique,
16:38 ils n'ont pas transformé cette promesse,
16:40 qui n'est pas juste la promesse d'une phrase tirée d'un discours
16:42 autour d'un café, ça a été confirmé par Helmut Kohl,
16:45 par différents acteurs, Roland Dumas,
16:48 des personnes qui étaient des protagonistes de l'époque,
16:50 on a beaucoup de documents qui attestent de cela,
16:52 que les États-Unis et l'OTAN n'iraient pas un pouce vers l'Est.
16:57 Donc Gorbatchev avait besoin de ça pour vendre l'idée
17:00 qu'il y avait cette garantie, il a dit "ok, il est revenu, c'est bon,
17:03 vous récupérez l'ensemble de la Magne, maintenant vous n'avancez pas vers l'Est".
17:06 Mais petit à petit, c'est ce que l'OTAN a fait.
17:08 Et la Russie n'avait pas la puissance, la Russie sortait de 70 ans de communisme,
17:12 elle n'avait pas la puissance, ni les moyens, ni la vision politique
17:14 pour comprendre ce qui était en train de se passer,
17:16 et petit à petit, l'OTAN s'est rapproché de l'URSS,
17:19 de la Russie pardon, alors que le pacte de Varsovie n'existait plus.
17:23 Quelle est l'utilité de l'OTAN ?
17:25 Et rappelons, si en même temps on se dit,
17:27 donc l'OTAN se rapproche de nos frontières,
17:29 les Américains n'arrêtent pas d'organiser des révolutions de couleurs,
17:32 pour changer radicalement des gouvernements,
17:34 de zones où nous avons de l'influence.
17:38 Je rappelle que l'Institut Fletcher d'études stratégiques de l'université de Tufts,
17:42 donc une université américaine, a fait une liste impressionnante
17:45 des 500 interventions à l'étranger organisées par les États-Unis depuis 1776,
17:51 c'est une liste de tous les pays du monde,
17:53 il n'y en a quasiment pas un qui soit épargné par des politiques d'intervention,
17:56 un tiers de ces interventions a été produite depuis la fin du communisme.
18:01 Et c'est parce que les Américains ont accéléré
18:03 ce procédure d'ingérence dans des pays étrangers.
18:05 Donc les Russes se disent, il y a l'ingérence chez nos pays voisins,
18:08 il y a une guerre illégale, rappelons que la Serbie a été bombardée
18:11 complètement illégalement par l'OTAN en 1999,
18:14 l'OTAN se rapproche de nos frontières,
18:16 et en même temps l'OTAN organise des exercices militaires.
18:19 Vous êtes Russe, vous dites, pourquoi est-ce que vous organisez
18:21 des exercices militaires sur ma frontière ?
18:23 Vous avez peur de quoi ?
18:24 Du coup au bout d'un moment les Russes disent, stop, on arrête.
18:26 Et en 2008, Vladimir Poutine dit, arrêtez,
18:29 parce que l'OTAN a dit, nous allons intégrer l'Ukraine et la Géorgie dans l'OTAN.
18:34 La Russie dit, ah non, vous ne pouvez pas faire ça, c'est une ligne rouge.
18:38 On a été naïf jusqu'à présent, on a accepté cette ingérence,
18:41 c'est une erreur, ça n'a pas été formulé comme ça,
18:43 mais c'est la réalité de ce qui s'est passé.
18:45 Mais maintenant l'Ukraine, la Géorgie, ça ce sont des zones d'influence,
18:48 en plus on ne comprend pas, vous n'allez pas vous rapprocher de nous,
18:50 et en même temps vous mettre juste à notre frontière
18:52 avec des missiles qui peuvent toucher les grandes villes russes en quelques minutes.
18:56 Malgré ça, et c'est ce que dit d'ailleurs John Mershameyer,
18:59 on dit, les Américains, les Russes ont prévenu,
19:02 vous avez le colonel Douglas MacGregor qui dit la même chose,
19:05 depuis 2008, la Russie dit, arrêtez de faire ça, ne faites pas ça,
19:09 ça va mal se terminer.
19:11 Et évidemment, si on avait compris ça, si on avait analysé ça,
19:14 et ce que certains ont fait, on n'en serait pas là aujourd'hui.
19:17 Il était évident que ça allait se terminer par un conflit
19:21 ou par une révolution de colère en Russie,
19:23 ou alors par une guerre qui allait se développer,
19:26 qui allait exposer sur la frontière russe.
19:28 – Alors vous dites quand même qu'aux États-Unis,
19:30 il y a eu des responsables politiques ou économiques
19:32 qui ont parlé à ce moment-là d'erreurs stratégiques,
19:35 de la part des États-Unis, il y a eu…
19:37 Alors vous dites aussi qu'il y a eu un sénateur américain
19:39 qui était vraiment zélé, qui voulait à tout prix,
19:41 à tout prix, étendre l'OTAN à l'Ukraine,
19:43 et ce sénateur, il est aujourd'hui connu,
19:45 et il ne s'en souvient pas, mais Joe Biden.
19:48 – Oui, alors les Américains sont… il y a beaucoup, je cite,
19:52 ça m'amuse de citer plutôt des professeurs américains
19:54 que des professeurs russes ou serbes,
19:56 parce qu'on pourrait dire "ah attention, en plus je ne lis pas le russe",
19:59 mais c'est pour montrer que ce sujet de l'Ukraine
20:01 ne fait pas du tout l'unanimité aux États-Unis.
20:03 Aux États-Unis, nous avons les néo-conservateurs américains
20:06 qui sont au pouvoir depuis longtemps, d'ailleurs vous avez Jeffrey Sachs
20:09 qui était un grand économiste américain,
20:11 qui a ensuite en plus participé à l'intégration de la Russie
20:14 dans les années 90, dans le modèle atlantiste à travers le FMI,
20:17 il a été très présent en Russie, mais lui il a pris du recul,
20:19 il a compris le jeu des Américains,
20:21 il était certainement lui aussi naïf à l'époque,
20:23 il dit que cette guerre est la conséquence de 30 ans
20:25 de politiques néo-conservatrices américaines en Ukraine et dans le monde,
20:30 donc du coup lui il va se battre contre ça,
20:32 d'autres, Michael Hudson, je l'ai cité tout à l'heure,
20:34 vous avez beaucoup d'intellectuels américains
20:36 qui ont compris ce qui était en train de se passer
20:38 et qui ont critiqué, qui critiquent ces décisions des États-Unis.
20:42 Malheureusement, le pouvoir américain est inféodé à cette politique
20:46 néo-conservatrice, impériale, c'est vraiment l'Amérique impériale,
20:50 c'est pas pour rien que c'est un des think-tanks les plus importants
20:53 aux États-Unis, le Council on Foreign Relations,
20:55 qui a formé quasiment, depuis la deuxième guerre mondiale,
20:58 quasiment tous les secrétaires d'État américains,
21:01 et aussi quasiment tous les secrétaires d'État,
21:03 non seulement pour les affaires étrangères, mais également pour le trésor,
21:05 viennent de ce think-tank, c'est quand même quelque chose d'assez incroyable,
21:08 et ce think-tank pense que les États-Unis doivent gouverner les affaires du monde,
21:12 et s'ils n'arrivent pas à le faire légalement, alors il faut le faire illégalement.
21:15 – On peut penser aussi, Nicolas Merkowitz, tout simplement,
21:17 de manière un peu candide, que Joe Biden connaissait bien,
21:20 qu'il était la spécialiste de l'Ukraine, et que ça le passionnait,
21:24 à tel point d'ailleurs qu'il a demandé à son fils aussi de s'y intéresser.
21:27 – C'est très amusant, c'est cynique de dire ça,
21:30 mais cette implication de Joe Biden dans la crise ukrainienne,
21:33 voilà Joe Biden qui est un des plus grands ardents défenseurs
21:36 de l'annexion de nouveaux pays au sein même de l'OTAN,
21:40 je rappelle que George Kennan, qui est juste l'homme qui a développé
21:45 la stratégie du containment du président Truman,
21:47 donc du coup la stratégie qui a poussé les États-Unis à limiter l'expansion de l'URSS,
21:52 Kennan quand il a appris que les Américains et l'OTAN allaient s'étendre vers l'Est,
21:55 a dit que c'était une erreur tragique, et vous avez le dernier président des États-Unis
22:01 en Ukraine qui dit que c'était une erreur stratégique,
22:05 donc du coup vous avez des spécialistes qui connaissent l'URSS,
22:07 qui connaissent la Russie, qui sont des spécialistes de terrain,
22:09 qui disent à Biden et ses collègues "ne faites pas ça, cela va mal se terminer"
22:14 et pourtant ils continuent, ils n'écoutent pas les experts,
22:16 ils sont hors sol, déconnectés des réalistes,
22:19 et je pense que ni Kennan ni les autres spécialistes américains
22:24 qui eux connaissaient bien la Russie ou l'URSS étaient des pro-russes,
22:28 ils disaient "non c'est pas dans notre intérêt, quel est l'intérêt de faire ça ?"
22:31 et Biden lui a continué avec sa clique néo-conservatrice.
22:34 – Mais est-ce que c'est l'aboutissement dans l'esprit de Biden,
22:36 c'est l'aboutissement de la domination US en Ukraine,
22:38 ou est-ce qu'il y a aussi des intérêts plus particuliers ?
22:41 – Biden a montré qu'en tout cas, il est allé critiquer les Ukrainiens
22:45 en disant qu'il fallait mettre fin à Yanukovych, que c'était de la corruption,
22:50 et lui qu'est-ce qu'il fait quand il arrive en Ukraine ?
22:52 Il place son propre fils à la tête de Burisma,
22:55 qui est une grande société spécialiste, quasiment la plus grande en Ukraine,
22:59 les hydrocarbures, le fils Biden cherchait un job,
23:02 il a été viré de la marine pour usage de cocaïne.
23:04 Biden le place à la tête dans ce conseil d'administration
23:07 d'une société ukrainienne spécialisée dans l'énergie,
23:10 pour un salaire de 80 000 dollars par mois.
23:13 Et Biden, le fils Biden, ne connaît rien, évidemment,
23:16 ni à l'Ukraine, ni aux hydrocarbures.
23:18 Et à un moment, il y a un procureur ukrainien, je le raconte dans le livre,
23:22 qui s'intéresse aux affaires de Burisma,
23:24 pas particulièrement à l'affaire du fils Hunter, Biden,
23:27 mais il est en train de mener son enquête,
23:30 et ça gêne Joe Biden, qui est vice-président de Barack Obama à l'époque.
23:34 Joe Biden, pour rappel, il se vante d'avoir eu mille appels,
23:37 mille heures de coups de fil avec Zelensky,
23:39 pardon, avec le président, je ne pense pas, Roushenko à l'époque,
23:42 et il a été cinq fois en Ukraine, le pays le plus pauvre,
23:44 le plus corrompu d'Europe, un vice-président américain,
23:46 cinq fois, ça montre déjà l'importance de l'Ukraine pour les États-Unis.
23:50 Et Biden n'aime pas ce procureur, et il dit, il appelle le président de l'époque,
23:54 il dit "écoutez, si vous ne le virez pas,
23:57 vous n'aurez pas les milliards, les plusieurs milliards de dollars du FMI".
24:01 Et donc du coup, il raconte ça au Council on Foreign Relations,
24:06 il raconte cette anecdote, et il dit "j'ai reçu un appel du président",
24:09 et il utilise des mots fleuris que je dis dans le livre,
24:11 mais que je ne répéterai pas là, pour dire que le "hum" a été viré.
24:16 Donc le vice-président américain donne des ordres au président ukrainien,
24:19 évidemment sorti du code État, on sait très bien qui est le marionnettiste
24:24 dans cette affaire, et un procureur qui mène son enquête sur la firme
24:27 où travaille le fils de Joe Biden est démis de ses fonctions.
24:31 Et on lui retire ce dossier en tout cas.
24:34 L'Ukraine intéresse aussi l'État profond, on dirait Laurent Wauquiez maintenant,
24:37 on peut utiliser le terme, américain, toutes les méthodes et toutes les personnes,
24:40 puisqu'il y a des soutiens financés par exemple de George Soros,
24:44 qui dit d'ailleurs que c'est pour lui une très grande fierté de le faire.
24:47 Exactement.
24:48 Pour la paix et les droits de l'homme.
24:49 Toujours pour la paix et les droits de l'homme, et quand on gratte un peu,
24:52 où est-ce que les fonds de George Soros sont à portée de la paix et des droits de l'homme ?
24:56 Moi je ne demande qu'à voir, je ne demande qu'à un milliardaire
24:59 dépenser son argent par altruisme, c'est quelque chose de magnifique,
25:02 mais où est-ce que ça a porté quelque chose de bénéfique ?
25:04 Moi j'ai lu, je me souviens très bien de cet article que j'ai lu dans une revue de Soros
25:11 pendant le Covid sur Internet, où il dit qu'il faut détruire la famille.
25:14 Il y a un article qui dit "la famille c'est fini".
25:16 Donc je dis quel est le progrès apporté par ce genre de discours ?
25:19 Et chaque fois Soros va s'appuyer sur des ailes radicales,
25:23 sur des mouvements très progressistes qui vont déstructurer, détruire les différents pays.
25:28 Et Soros et son argent sont présents en Ukraine avant même la fin de l'URSS.
25:33 Et Soros le dit "moi mon but c'est de remplacer l'Union Soviétique par l'Union Soros".
25:38 Voilà un milliardaire qui est au-dessus des lois et qui veut se créer son propre empire.
25:43 Mais parce qu'il va dans le même sens que les États-Unis.
25:46 Ils ne veulent plus du tout de frontières, ils ne veulent plus de famille,
25:48 ils ne veulent plus de la vision traditionnelle.
25:50 – D'ailleurs ce journaliste australien, John Pilger,
25:53 qui dit "comme les ruines de l'Irak et de l'Afghanistan,
25:55 l'Ukraine a été transformée, je le cite, en parcatème de la CIA
25:59 avec un gouvernement atlantiste et un président moins chevalier blanc
26:03 qu'on nous le vend sur LCI par exemple".
26:06 – Oui, il y a une différence radicale entre la réalité du terrain.
26:09 Moi je le rappelle, ça fait juste 9 ans que je vais mener des missions humanitaires
26:13 avec mon association Ouest-Est en Donbass en particulier.
26:17 J'ai été à l'Ukraine avant, il y a une différence radicale entre ce qu'on voit sur le terrain
26:20 et ce qui est raconté notamment sur LCI.
26:22 Ce ne sont même pas des spécialistes, ce sont des marionnettes,
26:26 ce sont des personnes qui ne connaissent pas forcément le terrain,
26:28 en tout cas qui sont payées pour dire ce qu'ils disent aujourd'hui,
26:30 mais qui ne cherchent pas en tout cas la paix.
26:33 Oui, en effet, il y a une très grande différence.
26:35 Les États-Unis ont fait de l'Ukraine un protectorat.
26:38 Et ça ne pouvait pas cadrer avec la stratégie de la Russie.
26:42 La Russie ne peut pas se permettre d'avoir les États-Unis qui contrôlent un pays.
26:46 Je rappelle juste que pour prendre le pouvoir,
26:48 les États-Unis se sont appuyés sur des mouvements radicalement nationalistes,
26:52 mais nationalistes dans le mauvais sens du terme,
26:54 c'est-à-dire un nationalisme primaire qui se définit plus
26:56 par ce qu'il n'est pas que par ce qu'il est.
26:58 Donc au lieu d'exalter la culture ukrainienne qui existe,
27:01 ils vont surtout dire "on veut interdire la langue russe, on ne veut plus de la Russie".
27:05 Mais comment réagissent les Ukrainiens qui sont russophones,
27:08 tous les Ukrainiens de l'Est, du Sud,
27:10 comment réagissent les Ukrainiens qui sont même ukrainophones
27:12 mais qui aiment la Russie, qui se sentent plus proches de la Russie ?
27:15 Je rappelle que la raison pour laquelle il y a eu ce coup d'État,
27:17 c'est parce que le président démocratiquement élu Yanukovitch
27:20 voulait accepter un projet, un partenariat avec la Russie
27:23 qui aurait apporté 20 milliards de dollars d'emplois,
27:26 de création de nouvelles entreprises, d'investissements, de gaz pas chers.
27:31 Et en face il avait un projet de 600 millions d'euros de l'Union Européenne.
27:34 Il ne fallait pas même sortir d'une très grande école
27:36 pour comprendre que le calcul était facile.
27:38 Les Américains en s'appuyant sur cette frange ultranationaliste primaire
27:42 étaient en train de transformer l'Ukraine en pays anti-Russe.
27:47 Or que l'Ukraine a toujours fait partie de la galaxie de la Russie.
27:49 Est-ce qu'elle doit être indépendante ou pas ?
27:51 C'est un autre débat. Est-ce que les Ukrainiens ont droit à leur pays ?
27:53 Je pense que ça impose… Il n'y a pas de doute.
27:55 Mais s'il y a des Ukrainiens qui ne se sentent pas dans ce modèle,
27:58 en tout cas qui ne sont pas anti-Russes, on ne peut pas les forcer.
28:00 On va vivre ensemble, on ne va pas leur dire.
28:01 On va interdire votre langue.
28:02 Et les Américains ont poussé ça parce qu'ils ne sont pas intéressés
28:06 par le sort des Ukrainiens.
28:08 Ce qu'ils veulent, c'est affaiblir la Russie.
28:10 Parce que la Russie peut être un rival en Europe pour les États-Unis.
28:15 J'ai bien compris. Comment on en est arrivé là ?
28:17 On vient de l'évoquer.
28:18 Il faut évoquer dans les quelques minutes qui nous restent, quelques secondes,
28:22 comment en sortir.
28:23 Parce que si peuple ukrainien, et malheureusement, j'ai bien compris,
28:26 de votre point de vue, une variable d'ajustement dans la stratégie de Washington,
28:30 d'affaiblissement de la Russie, comment en sortir ?
28:32 Parce que même si elle n'a pas été provoquée, l'invasion est illégale.
28:37 Oui, elle est illégale, comme l'était.
28:39 Mais mettez-vous à la place des Russes, elle est tout à fait illégale.
28:42 Mais l'invasion de la Serbie était illégale par l'OTAN.
28:45 L'invasion de l'Irak par les États-Unis était illégale.
28:47 Toutes ces guerres, toutes ces ingérences des Atlantistes
28:50 dans les différents pays sont complètement illégales.
28:52 Et le reste du monde ne dit rien parce que tout le monde a peur
28:55 de la puissance financière, économique, militaire même.
28:58 Washington en cranche des guerres, rapide.
29:00 Exactement. Et ils le font.
29:01 Donc les Russes se sont dit au bout d'un moment, non stop, moi je n'accepte pas.
29:03 Là, tant que vous faisiez ça, je n'étais pas d'accord avec l'Irak,
29:06 je n'étais pas d'accord avec la Yougoslavie.
29:08 Mais là, maintenant que vous êtes sur ma frontière, je ne peux pas accepter.
29:11 Est-ce que l'Europe peut avoir la paix en essayant de se détourner
29:14 de la guerre impériale américaine ?
29:16 Toi, c'est le prix à payer, ce n'est pas un grand prix à payer.
29:18 Il suffit que les nations européennes, et je pense qu'on a bien vu
29:21 que l'Union Européenne était incapable d'apporter la paix.
29:23 Moi, je me souviens, on me disait, petit, l'Union Européenne, c'est la paix,
29:26 on ne veut plus de guerre, on ne veut jamais ça.
29:27 Et je suis d'accord, des peuples européens qui s'entretuent,
29:29 c'est ridicule, c'est horrible.
29:31 Mais l'Union Européenne n'a pas empêché la guerre en Ukraine,
29:34 comme elle n'a pas empêché la guerre en ex-Yougoslavie,
29:36 enfin, ce qui existe avant l'Union Européenne.
29:38 Ce sont des guerres qui sont menées par Washington,
29:41 les nations européennes.
29:42 Si l'Union Européenne n'est pas capable de le faire,
29:44 et je pense qu'elle ne l'est pas,
29:45 les nations européennes doivent se soulever et dire,
29:47 nous ne voulons plus de l'ingérence des États-Unis ou de n'importe quel autre.
29:51 Est-ce que vous pensez qu'en faisant en sorte que la France et l'Europe
29:54 ne soient plus dans le camp atlantiste, ça va se faire sans larmes et sans sang ?
29:58 Je le souhaite, mais c'est le prix à payer pour notre souveraineté et notre indépendance.
30:02 On ne peut pas continuer à être des supplétifs des États-Unis.
30:06 Ils vont nous entraîner dans une guerre où on va de nouveau s'entredichérer.
30:09 Moi, je n'ai pas du tout envie de me battre pour une guerre américaine en Ukraine,
30:12 ni que mes amis, ni que mes proches n'y aillent.
30:15 Ce n'est pas notre intérêt.
30:16 Je veux la paix entre les Ukrainiens et les Russes.
30:18 Je veux la paix en Europe.
30:19 Le monde est en train de changer.
30:20 On a un dynamisme phénoménal, formidable d'Asie au niveau de la technologie,
30:24 un dynamisme démographique africain qui est incroyable.
30:27 L'Europe doit pouvoir se retrouver, non pas dans un club fermé,
30:30 mais doit pouvoir se retrouver pour protéger notre héritage, notre culture
30:34 et empêcher en tout cas que des pays étrangers soient présents comme ça à travers la guerre.
30:40 Donc, on doit lutter parce que les Américains veulent cette guerre,
30:43 parce que ça sert leurs intérêts.
30:45 On ne va pas mourir si on meurt et si on s'entredéchire.
30:48 Les États-Unis risquent de s'en sortir.
30:50 Je vous rappelle que la première et la deuxième guerre mondiale
30:51 ont largement aidé à développer l'économie américaine, pas l'économie européenne.
30:56 Donc, disons stop, on se lève.
30:58 Qu'est-ce qu'il faut ? Demander que l'Ukraine ne rentre pas dans l'OTAN ?
31:00 À quoi sert l'OTAN aujourd'hui ?
31:02 Il suffit qu'une nation européenne, membre de l'OTAN, dise
31:04 "L'Ukraine ne rentrera pas dans l'OTAN, je m'oppose au financement de l'Ukraine,
31:07 en tout cas à travers les armes, l'aide humanitaire, je pense que c'est normal.
31:10 Il suffit qu'une nation qui fait partie de l'OTAN dit ça, c'est fini."
31:14 Et largement, ce pays-là, j'aimerais que ce soit la France,
31:17 aura largement de quoi monnayer la paix auprès de la Russie en disant
31:21 "Voilà, on s'engage là-dessus, on rediscute du nouvel architecteur de la paix."
31:24 Comme le voulait le général de Gaulle, entre l'Atlantique quasiment jusqu'au Pacifique,
31:29 il avait dit l'oral, mais moi je vais jusqu'au Pacifique,
31:31 on puisse entendre, on puisse travailler ensemble, collaborer en bonne intelligence
31:34 dans ce monde qui est en train de bouger très rapidement.
31:37 – Voilà, depuis dix ans, vous êtes une des rares personnalités
31:39 à avoir alerté les médias et les hommes politiques sur les risques majeurs
31:42 que ce coup d'État de Kiev et la guerre civile ukrainienne
31:46 pouvaient provoquer et allaient faire peser sur la stabilité de l'Europe.
31:49 J'invite tous les téléspectateurs à se procurer tout de suite cet ouvrage fondamental
31:53 parce qu'il permet d'avoir les idées parfaitement claires sur ce chaos ukrainien,
31:57 comment on en est arrivé là et puis bien évidemment, comment en sortir.
32:00 Merci Nicolas Merkovitch. – Merci à vous.
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