Quel est le point commun entre JCVD, Street Fighter et Michael Jordan ? Ce sont des légendes !
Entouré d’experts triés sur le volet, Sébastien Abdelhamid vous invite Dans La Légende.
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00:00:00 Bonjour à tous et bienvenue dans La Légende.
00:00:02 Dans La Légende, c'est l'émission qui retrace l'histoire de vos émotions.
00:00:05 On parle de jeux vidéo, de cinéma, de manga, de musique, bref, on parle de culture.
00:00:10 Et aujourd'hui, on s'attaque au deuxième épisode dédié au Club Dorothée
00:00:14 et on va se focus sur les animés du Club Dorothée.
00:00:28 Et pour aborder ce magnifique sujet, deux magnifiques invités, évidemment,
00:00:33 on vous retrouve, les amis, donc Mickael, journaliste,
00:00:36 à libération spécialiste du Club Dorothée, de plein de choses.
00:00:39 C'est une évidence de t'avoir avec nous, comme on t'avait déjà vu avec nous, évidemment.
00:00:44 À tes côtés, Romain, aka ArchaeoToys, alias ArchaeoToys,
00:00:49 créateur de contenu, je recommande la chaîne YouTube.
00:00:52 Et tu as sorti ou tu vas sortir le documentaire ?
00:00:56 - Alors, on l'a sorti il y a une semaine, il s'appelle "Japon entre jouets et tradition".
00:01:00 - J'aime beaucoup, j'aime beaucoup.
00:01:01 - Ça parle de jouets, ça parle de Japon, effectivement, ça peut te plaire.
00:01:04 - Je recommande chaudement la chaîne, j'ai pas encore vu le documentaire,
00:01:08 mais ça ne saurait tarder.
00:01:10 Et Olivier, Olivier Fallet, journaliste spécialiste de l'animation japonaise,
00:01:16 mais pas que, et évidemment, ce super bouquin,
00:01:20 "La belle histoire des génériques télé", que je recommande.
00:01:22 Alors, je montre celui-ci, j'aurais pu montrer d'autres ouvrages.
00:01:27 Messieurs, on a du pain sur la planche.
00:01:29 Comme je le disais en préambule, on va se focus,
00:01:31 après la première partie qui racontait un petit peu l'histoire du Club Dorothée,
00:01:35 le pourquoi, le comment, avec qui.
00:01:37 J'aimerais qu'on parle un petit peu des animés du Club Dorothée
00:01:41 et/des dessins animés, on va le voir un petit peu plus tard.
00:01:45 Mais avant, j'aimerais qu'on passe un petit peu de temps sur
00:01:49 quel était l'état de l'animation japonaise en France,
00:01:52 parce que non, ce n'est pas le Club Dorothée qui ramène les animés en France.
00:01:57 Soyons clairs.
00:01:58 Alors, qui veut me parler de cette période pré-Club Dorothée ?
00:02:03 Olivier, je sens, je vois tes yeux briller, donc prends la parole.
00:02:07 - Évidemment, le Club Dorothée n'a pas été le premier à diffuser de l'animation japonaise.
00:02:11 L'animation japonaise, elle arrive dès les années 70,
00:02:14 avec les premières séries, "Prince Saphir", "Le roi Léo".
00:02:18 Ça passe assez inaperçu et c'est évidemment l'arrivée de "Goldorak"
00:02:22 sur la deuxième chaîne, Antenne 2, "Récréa 2", en juillet 1978,
00:02:26 qui va un peu lancer tout ça de manière plus importante,
00:02:29 puisque succès immédiat, on le sait.
00:02:32 Et de ce succès découle un intérêt pour les productions japonaises
00:02:37 qui vont d'abord arriver surtout sur la deuxième chaîne, dans "Récréa 2",
00:02:40 - "Albator"... - Avec qui d'ailleurs, à "Récréa 2" ?
00:02:43 - Et bien, avec Dorothée. - Voilà !
00:02:44 C'est là qu'elle commence, évidemment, à la télévision,
00:02:48 en tout cas au niveau des programmes jeunesse.
00:02:50 Et il y aura de nombreuses séries, "H.D. Albator", "Candy",
00:02:54 "Cobra", "Lady Oscar" et bien d'autres.
00:02:55 Et dans la foulée, d'autres chaînes vont emboîter le pas.
00:02:58 Arrive "Capitaine Flamme" sur TF1, les premières coproductions aussi,
00:03:03 "Ulysse 31" sur le petit créneau de la 3.
00:03:06 Ah là là ! Alors "Ulysse 31", il arrive sur la 3, déjà sur le créneau de 20h,
00:03:11 je me souviens d'un créneau de 20h.
00:03:12 Cette petite case horaire, 5 minutes quotidiennes du lundi au vendredi à 19h55.
00:03:17 - C'était juste avant. - On a eu les "Cosmo 4" aussi.
00:03:20 Alors les "Cosmo 4", c'était sur la 2.
00:03:22 Ah ouais ? Je croyais que c'était dans la même case sur la 3, tu vois.
00:03:24 Non, non, non, il était "Une fois l'homme", c'était "Inspecteur Gadget",
00:03:27 toutes ces séries-là.
00:03:28 En fait, on découpait un épisode de 25 minutes en 5 épisodes de 5 minutes.
00:03:33 Et "Le Week-end", c'était rediffusé en entier,
00:03:35 si on avait loupé un bout de cet épisode chaque soir.
00:03:39 Voilà, donc ça aussi, ça a contribué à...
00:03:41 - En quelle année, à peu près ? - Ce créneau-là ?
00:03:44 - Ouais. - Je dirais à la fin des années 70.
00:03:47 "Ulysse 31", c'est 1981.
00:03:49 Et avant, il y avait déjà eu...
00:03:53 Ouais, j'ai pas connu ça, j'ai connu après.
00:03:55 Le créneau court du soir sur France 3, ça existe très tôt,
00:03:59 même, je pense, avant la mention de France 3, dès l'ORTF,
00:04:02 notamment avec "Bonne nuit, les petits".
00:04:03 Ah, c'était sur France 3 aussi, ouais.
00:04:05 Alors ça, c'était peut-être pas sur la 3, mais...
00:04:07 Je croyais que c'était sur la 2 avec l'ORTF.
00:04:09 - Ah, c'est l'ORTF, ouais.
00:04:11 - C'était vraiment l'idée de donner une petite pastille pour les enfants
00:04:15 avant peut-être d'aller dormir.
00:04:17 Je sais pas si on dormait vraiment à 20h,
00:04:19 mais en tout cas, au moment où on coupait la télé,
00:04:21 où ensuite la télé était vraiment pour les adultes,
00:04:23 avec le journal télévisé et la soirée.
00:04:25 - Donc on voit, il y a déjà de l'animation qui existe
00:04:28 sur d'autres chaînes, etc.
00:04:31 On l'a dit, on l'a redit,
00:04:33 non, ce n'est pas le Club Dorothée qui ramène l'animation japonaise
00:04:35 à la télévision, mais on va en faire à la parbelle,
00:04:38 on va le voir par la suite.
00:04:40 Comment est perçue à cette époque l'animation japonaise ?
00:04:45 Au moment de Recréa 2, etc.
00:04:47 - Pas très bien, hein ?
00:04:49 - Déjà pas très bien.
00:04:50 - C'est Goldorak aussi qui, dès le départ, divise.
00:04:53 Ce que Goldorak, tous les enfants adorent,
00:04:57 mais la génération, les parents, les journalistes,
00:05:01 les spécialistes médias de l'époque, non,
00:05:04 ils tirent à boulet rouge sur Goldorak,
00:05:07 et ça ne sera que...
00:05:08 - Pourtant, il y a un succès quand même qui est incroyable sur Goldorak.
00:05:10 - Oui, mais il est incompris à l'époque.
00:05:12 On ne comprend pas pourquoi quelque chose qu'on pense lait,
00:05:16 inintéressant, parfois violent, mal fait,
00:05:20 peut avoir autant de succès.
00:05:22 On a l'impression qu'on prend nos enfants aux otages.
00:05:25 Alors, on comprend qu'on amène quelque chose de nouveau
00:05:27 qu'il n'y avait pas dans l'animation qu'on connaissait jusqu'ici,
00:05:29 avec la référence qu'on avait au Walt Disney.
00:05:31 C'est un peu la référence de ce qu'il y a de mieux
00:05:34 pour le dessin animé.
00:05:36 Donc, c'est déjà un choc des cultures.
00:05:38 Ça ne va pas empêcher Eccles 2 de continuer d'amener des séries
00:05:42 parce qu'il y a quand même un réel intérêt,
00:05:44 mais ça sera toujours assez clivant.
00:05:49 Cobra aussi suffit encore de critiques à son époque.
00:05:53 Ou alors, des fois, on ne sait pas que c'est japonais.
00:05:55 Quand arrive Candy ou même Lady Oscar,
00:05:57 des fois, les gens pensent que c'est français
00:05:59 puisque ça se passe en France ou en Europe.
00:06:01 - C'est tout de suite un objet de curiosité, en tout cas.
00:06:04 - Oui, Goldorak, ça débarque avec les débuts de Récréateur en 78.
00:06:09 Et Goldorak fait la une de Paris Match.
00:06:12 Quelques semaines après,
00:06:14 Dorothée n'a jamais fait la une de Paris Match, par exemple.
00:06:16 Et Goldorak a droit à une très belle une, en plus.
00:06:18 - Un monucle. - Et un article assez sympa.
00:06:20 Et ce qui surprend beaucoup à l'époque,
00:06:23 dans le style de ses dessins animés, c'est les yeux.
00:06:26 Il y a beaucoup d'articles qui font référence aux yeux des personnages.
00:06:29 Ça étonne beaucoup, ces grands yeux pétillants,
00:06:32 les petits points blancs, la lueur.
00:06:34 C'est ça qui surprend.
00:06:36 Et l'article de Paris Match, à l'époque,
00:06:38 s'étonne qu'il n'y ait pas de sang dans Goldorak.
00:06:40 Ils écrivent, c'est un dessin animé de tôle froissée
00:06:44 où les robots combattent et se brisent entre eux.
00:06:47 C'est ça qu'ils ont remarqué.
00:06:49 Ce n'est pas tout de suite polémique.
00:06:51 - Est-ce qu'on a la raison de la une de Paris Match sur Goldorak ?
00:06:54 Parce que ce n'était pas une des premières unes
00:06:56 où ce n'était pas justement un être humain
00:06:58 et quelque chose de tangible ?
00:07:00 - Oui, sans doute. En tout cas, ils ont perçu
00:07:02 qu'il y avait un phénomène et quelque chose de nouveau.
00:07:06 Et le tour de force de Recréa2 et de Dorothée et de son équipe,
00:07:11 c'est d'avoir attiré l'attention sur cette émission et sur ce programme.
00:07:15 Les programmes jeunesse, ça passait par perte et profit.
00:07:19 C'était pratiquement pour caler des programmes, etc.,
00:07:23 pour ne pas faire des émissions de variété pour les adultes.
00:07:27 Et Goldorak, Dorothée, ils arrivent à attirer l'attention
00:07:31 et à faire un phénomène, c'est un peu exagéré,
00:07:34 mais en tout cas quelque chose de remarquable dès le début.
00:07:37 - Oui, Romain.
00:07:38 - On va avoir aussi une dimension éminemment politique
00:07:40 dans cette arrivée de Goldorak en France,
00:07:42 puisque à l'époque, l'État français a son propre studio d'animation,
00:07:46 l'ancien studio d'animation de l'ORTF,
00:07:48 qui est dirigé, entre autres, par la femme
00:07:50 du ministre de la Culture de l'époque,
00:07:52 qui s'appelle M. Soissons.
00:07:54 - Tiens, tiens, tiens.
00:07:55 - Dès le début, on va arriver vers quelque chose de politique
00:07:58 qui va prendre une ampleur de plus en plus grande
00:08:01 jusqu'à exploser avant même l'arrivée du club Dorothée,
00:08:05 je pense à la date de 1986, avec notamment Léotard
00:08:09 qui, après les législatives, va devenir un ministre de la Cohabitation.
00:08:14 Pour vous donner une idée, Léotard, lui, voulait la Défense
00:08:16 ou devenir Premier ministre.
00:08:18 On lui file la culture, il n'a pas grand-chose à faire.
00:08:21 Et l'un de ses grands chantiers, qui va lancer très, très vite,
00:08:24 c'est redresser l'audiovisuel public,
00:08:27 pas forcément de la manière financière dont on l'imaginerait,
00:08:30 mais on est vraiment sur du dressage à l'ancienne, à la badine.
00:08:34 Et il va notamment prendre la décision de privatiser TF1.
00:08:38 La privatisation des chaînes publiques
00:08:40 était une question soulevée par la gauche depuis déjà un bout de temps,
00:08:44 mais tout le monde pensait qu'on allait privatiser France 3.
00:08:47 Donc, grosse surprise, il annonce pendant un débat
00:08:49 qu'on va privatiser TF1, et l'une des raisons apportées,
00:08:53 c'est ces horreurs qu'on fait regarder à nos enfants.
00:08:57 La privatisation, ça doit être la promesse d'aller vers des contenus
00:09:01 "made in France", éducatifs, et ce qui est assez rigolo,
00:09:05 puisqu'on est quelques années avant la Révolution, du coup,
00:09:07 et donc si possible, le plus franco-français possible.
00:09:10 - Aïe, ça ne va pas se passer comme prévu, tant mieux.
00:09:14 Et puis, arrive, maintenant qu'on a un petit peu le contexte,
00:09:17 Dorothée part de récréateur 2, va sur TF1,
00:09:20 chaîne privatisée, pour le coup, chaîne privée.
00:09:24 Qu'est-ce qui fait que Dorothée va sur TF1 pour lancer le club Dorothée ?
00:09:29 Mais qu'est-ce qui fait, ça on l'a expliqué pourquoi elle partait,
00:09:32 mais pourquoi l'animé suit le chemin de Dorothée ?
00:09:36 Est-ce que c'est une volonté à elle ou c'est une volonté aux équipes ?
00:09:39 Il y a une volonté de, justement, concurrencer Récréateur 2 ?
00:09:43 Qu'est-ce qui se trame derrière tout ça ?
00:09:45 - C'est économique, on ne va pas se mentir.
00:09:48 Dorothée via Jean-Luc Azoulay, Claude Berda,
00:09:52 la société AB Production qui va produire les programmes jeunesse pour TF1.
00:09:56 Il faut rappeler que TF1, c'est Bouygues qui décroche le contrat,
00:10:00 là où personne ne l'attendait.
00:10:02 Bouygues n'a pas d'expérience en télévision
00:10:04 et il cherche à sous-traiter plusieurs choses.
00:10:07 Et notamment, c'est là que Jean-Luc Azoulay et Claude Berda ont cette idée d'investir.
00:10:11 Eux non plus, ils n'ont pas fait beaucoup de télévision,
00:10:13 mais de proposer un programme clé en main
00:10:15 et en ramenant Dorothée qui est la grande star des programmes jeunesse
00:10:18 depuis 10 ans sur la chaîne concurrente.
00:10:20 C'est ça le projet, mais il faut des dessins animés.
00:10:23 En 1987, pour aller chercher des dessins animés, il n'y a pas 36 solutions.
00:10:28 Il n'y a que deux pays au monde qui en produisent vraiment beaucoup,
00:10:31 les États-Unis, les Américains, mais c'est assez cher, et le Japon.
00:10:34 On a donc découvert depuis 10 ans que le Japon était un énorme vivier.
00:10:37 Donc eux, ils vont produire le Club Dorothée,
00:10:40 monter des studios, les plateaux et on va dire l'habillage,
00:10:44 mais les programmes, c'est très facile d'aller au Japon.
00:10:47 Là-bas, il y a encore plein de séries qui ne sont pas diffusées
00:10:51 et on peut les payer à seulement quelques dollars la minute,
00:10:55 quelques centaines de dollars l'épisode.
00:10:57 Et c'est une raison avant tout économique pour avoir d'un seul coup
00:11:00 un gros contenu de dessins animés à proposer dans cette émission.
00:11:03 - J'ai une question là-dessus, parce qu'évidemment, la raison sur l'argent,
00:11:07 la raison économique, on la connaît,
00:11:09 mais pourquoi le Japon bradait ses titres, chose qui n'est plus du tout le cas
00:11:15 à l'heure actuelle, bien au contraire, pourquoi à l'époque,
00:11:19 est-ce que c'était une volonté d'étendre l'animation japonaise dans le monde
00:11:24 en se disant "on ne vend pas cher", un petit peu comme l'NBA avec le basket
00:11:28 qui distribuait gratuitement ses droits sur des continents ou sur des pays,
00:11:34 à un moment donné, est-ce que c'est ça la volonté derrière ?
00:11:37 - Pas du tout. En fait, le Japon a trouvé un modèle économique
00:11:41 dès le lancement de la production d'animés dans les années 60 pour la télévision,
00:11:45 la première série télévisée régulière, Astro le petit robot, Astro Boy, en 1963.
00:11:49 Ils ont trouvé un modèle économique en faisant de l'animation hyper limitée,
00:11:52 en réduisant les coûts et surtout en les rentabilisant sur leur propre territoire
00:11:56 grâce à un chemin avec le merchandising qui rentabilise.
00:12:01 Ils ont trouvé leur modèle économique et en fait, le Japon,
00:12:04 ils produisent pour eux et ils s'en fichent du reste du monde.
00:12:08 Donc au départ, ils n'ont jamais eu la volonté d'étendre,
00:12:13 de vendre leurs productions à l'étranger, simplement comme ces séries,
00:12:16 elles sont déjà rentabilisées, encore plus des fois quand c'est des productions
00:12:19 qui ont 5 ans ou 10 ans, ils n'ont aucun souci pour les vendre,
00:12:24 c'est du bonus pour eux, donc elles sont déjà amorties.
00:12:27 Donc voilà, ils confient les catalogues, d'ailleurs les gens qui les vendent à l'étranger,
00:12:31 ce n'est pas forcément les studios, il y a eu des gens un peu opportuns
00:12:34 qui ont compris qu'il y avait un intérêt.
00:12:36 - Je me permets, à ce sujet, on va parler d'un monsieur Matsumoto
00:12:41 qui était un des premiers pionniers sur la relation franco-japonaise.
00:12:47 - Oui, alors rien à voir avec l'Eiji Matsumoto, il portait le même nom.
00:12:52 Oui, en fait, ce monsieur travaillait pour une société de consulting
00:12:57 et effectivement, le studio Toei Animation, qui est le plus gros producteur de dessins animés,
00:13:01 c'est eux qui sont derrière Goldorak, Albator, aujourd'hui One Piece,
00:13:05 qui avaient confié à l'époque à ce monsieur Matsumoto de diffuser,
00:13:09 de vendre le catalogue des séries de Toei à travers l'Europe.
00:13:13 Et effectivement, c'est par son intermédiaire qu'on a eu bon nombre de séries en France,
00:13:18 puisque jusqu'aux années 2000, il était vraiment le représentant de Toei Animation en France.
00:13:23 - Alors, c'est marrant parce que je le disais en antenne, mais j'ai connu ce monsieur
00:13:27 de manière totalement fortuite, puisque sa fille est la prof de ma fille.
00:13:32 Donc voilà, comme j'étais au Japon qui plus est récemment,
00:13:36 ma fille a vu sa prof pour la première fois en vrai, etc.
00:13:42 C'était assez rigolo d'apprendre que le monde de l'animation rapproche,
00:13:46 même à travers les frontières et à travers le temps.
00:13:48 Donc tu le disais, des personnes ont vu aussi qu'il y avait une opportunité
00:13:52 de tisser des liens entre la France et le Japon.
00:13:56 Et le Japon, en fait, c'était juste une opportunité financière
00:14:00 pour des séries qui étaient déjà rentabilisées.
00:14:02 Donc ils étaient peu regardants en fait sur ce qu'allait devenir leur série.
00:14:06 - Oui, c'est pour ça qu'après, c'était diffusé, il y avait des coupes,
00:14:10 il y avait des remaniements, on changeait les génériques.
00:14:12 Franchement, oui. - Aujourd'hui, impossible.
00:14:15 - Et puis il y avait la barrière de la distance aussi.
00:14:18 Ce qu'on diffuse à la télévision en France pour en être informé au Japon,
00:14:22 à moins de venir en France, on ne pouvait pas forcément s'en rendre compte.
00:14:26 Donc voilà, c'est un petit peu tout ça aussi, il faut remettre ça dans ce contexte.
00:14:31 - Alors, le Club Dorothée va commencer à diffuser des animés.
00:14:34 Michael, comment on l'a vu déjà, l'animation japonaise n'était pas super bien vue
00:14:39 quelques années auparavant. Comment on perçoit justement le fait que
00:14:42 déjà Dorothée va sur TF1, mais en plus ramène des animés et va en diffuser pas mal ?
00:14:46 - Le fait que Dorothée aille sur TF1, ça passe assez pour un non-événement.
00:14:52 Auprès des enfants, oui, elle change de chaîne, mais ce n'est pas un événement majeur
00:14:57 dans les médias à ce moment-là, c'est vraiment le lancement de TF1 qui est un événement.
00:15:01 Et Dorothée est un soldat dans cette armée.
00:15:06 Par contre, l'animation japonaise, il faut se souvenir quand même de la première année
00:15:11 du Club Dorothée en 87. Ça ne ressemble pas encore au Club Dorothée dont on a l'image.
00:15:17 Il n'y a pas du tout les séries qui sont sur l'écran derrière toi.
00:15:20 Ça met un an, deux ans à arriver. La première année, il pioche un peu dans ce que TF1 a en stock,
00:15:27 beaucoup de dessins animés américains. - On peut les citer.
00:15:31 - On peut les citer. Woody Woodpecker. - Les Minipousse.
00:15:35 - Minipousse. - GI Joe.
00:15:36 - Oui, GI Joe, les Gobos, ce genre de choses.
00:15:38 - Ben, c'est mon petit poney pour l'année 87.
00:15:41 - Et Bioman. - Et Bioman.
00:15:44 - Oui, on est loin du tout de l'animé japonais traditionnel.
00:15:48 Et c'est souvent des coproductions d'ailleurs pour certaines.
00:15:51 - Et c'est pour relancer vraiment l'audience du Club Dorothée pour la deuxième saison en 88
00:15:55 où là, ils font vraiment une rasia au Japon. Ils repartent vraiment avec des dizaines de séries
00:16:00 dont certaines qui n'ont pas été diffusées alors qu'elles ont été doublées.
00:16:04 Et il faut se souvenir aussi de l'énorme volume horaire du Club Dorothée.
00:16:09 Ils sont à l'antenne le mercredi matin, le mercredi après-midi.
00:16:12 Ils ont des cases quotidiennes, il y a les vacances.
00:16:15 Tout ça, il faut remplir, il faut amener du frais.
00:16:18 On n'a pas encore le goût de la rediffusion, etc.
00:16:23 Ils essayent vraiment d'apporter du frais pour que Dorothée se démarque
00:16:26 de cette concurrence de Recréa2 qui est toujours là,
00:16:29 de France 3, de FR3 qui a des programmes, et de La 5.
00:16:33 - Bien sûr ! - La 5, ils ont...
00:16:35 - Principal concurrent même sur l'animé, ce truc-là.
00:16:37 - Ils ont une émission qui s'appelle "Youpi, l'école est finie".
00:16:40 - Avec le petit lapin. - Exactement.
00:16:42 Et qui propose les Jeanne et Serge, les Olivier et Tom,
00:16:47 4 fils du docteur Marche, etc. Et ça marche.
00:16:49 Ça prend un peu de part de marché.
00:16:52 Et TF1, AB Production, ils ont le nez constamment sur les audiences.
00:16:56 Ils ont une vraie pression de l'audience au moment de la privatisation.
00:17:00 C'est aussi pour ça qu'ils vont au Japon et qu'ils achètent des heures
00:17:03 et des heures de programmes qu'ils doublent vite, qu'ils adaptent vite,
00:17:07 pour lesquels ils refont les génériques.
00:17:09 Parce que AB Production, c'est d'abord une maison de disques
00:17:11 qui vend des 45 tours. - Bien sûr.
00:17:13 - Ils pensent à tout ça dès le départ.
00:17:15 Ça se fait de manière un peu improvisée, quand même.
00:17:18 Ce qui explique les erreurs du club Dorothée d'avoir mis des séries
00:17:21 qui n'auraient pas forcément dû être diffusées le matin à 9h sur TF1.
00:17:24 - On en parlera après, oui.
00:17:26 - C'est un peu improvisé. Et c'est tout de suite remarqué.
00:17:29 Il y a tout de suite des polémiques.
00:17:31 Dès 1988, Dorothée... Je vous ai amené quelque chose, vous voulez voir ?
00:17:35 - Avec plaisir. - Regardez, je vous ai ramené
00:17:37 un télépoche de 1988. - Télépoche !
00:17:41 - Magnifique. - Et Dorothée est sommée
00:17:43 de s'expliquer sur la violence à l'écran.
00:17:46 Et Dorothée donne des interviews dans la presse pour dire
00:17:49 "Mais non, c'est pas violent, c'est de l'action, il n'y a pas de sang."
00:17:53 Et dans ce télépoche, elle fait carrément la liste
00:17:57 de ce qui est pour les petits et pour les ados.
00:18:00 Sauf qu'en vérité, c'est pas pour les ados, c'est plus pour les adultes
00:18:03 qu'Ain't le survivant, des séries comme ça.
00:18:05 En vérité, ça avait pas grand-chose à faire sur TF1 le mercredi à 14h.
00:18:09 - Je pense qu'il faut aussi regarder ce que faisait TF1
00:18:12 avant que Dorothée n'arrive.
00:18:14 Sur la saison 86, on a un programme qui s'appelle "Zap Zapper"
00:18:18 qui est animé par un chien marionnette.
00:18:20 Et on y diffuse essentiellement des "Mon petit poney"
00:18:22 et des documentaires sur les mouflons.
00:18:24 - D'accord. Le rapport ?
00:18:26 - On va vraiment aller très très loin.
00:18:28 Programme pour enfants. - OK.
00:18:30 - Il y a Zoopholie par exemple aussi qui passe à cette époque.
00:18:32 Des programmes qui sont complètement expérimentaux,
00:18:36 on va dire ça comme ça.
00:18:38 Sur l'année 86, TF1 va un peu se chercher.
00:18:40 C'est vrai que sur l'année 87, les programmes ne sont pas à la hauteur
00:18:45 par rapport à la concurrence, notamment parce que ce sont surtout
00:18:49 des rédiffusions. Et sur l'année 88, on va pouvoir
00:18:52 commencer les choses sérieuses avec des séries qu'on n'a pas oubliées
00:18:56 aujourd'hui. Je pense que la première, celle qui moi,
00:19:01 m'a personnellement le plus marqué, c'est "Professeur Slump".
00:19:04 - Ah, "Docteur Slump", évidemment, qui arrive dès 88.
00:19:07 - Oui. La rentrée de septembre 88, c'est vraiment la très grosse rentrée
00:19:12 que ce soit sur TF1. Il y a déjà "Dragon Ball"
00:19:14 et "Les Chevaliers du Zodiaque" qui ont été lancés depuis quelques mois.
00:19:16 Mais c'est là qu'arrivent "Gillette, je t'aime", "L'AMU",
00:19:19 "Galaxie Express 999", "Docteur Slump". Là, ils mettent le paquet.
00:19:24 C'est d'ailleurs aussi la même chose sur la 5.
00:19:26 C'est l'arrivée d'"Olive et Tom", c'est l'arrivée de plein de "Magical Girl",
00:19:30 de séries classiques aussi. Pour moi, ça reste encore
00:19:33 la rentrée la plus magique. D'ailleurs, sur la 3, il y a
00:19:36 "Conan, le fils du futur" de Hayao Miyazaki qui passe aussi à cette rentrée-là,
00:19:39 qui passe complètement inaperçue, tellement il y avait des bulldozers
00:19:42 entre TF1 et la 5. - C'est incroyable, parce que 88,
00:19:46 ça va être la concurrence directe, la 5, "Club Dorothée".
00:19:50 En tant qu'enfant, moi, j'allais piocher un petit peu dans les deux.
00:19:53 On ne va pas se mentir, on avait du très bon des deux côtés.
00:19:57 Pour rester sur les séries animées, côté "Club Dorothée",
00:20:00 on en a cité quelques-unes. "Dragon Ball", ça marche déjà ?
00:20:04 Ou ça marche oui ? - Non, "Dragon Ball", ça va vraiment marcher
00:20:07 à partir de "Dragon Ball Z". Mais ça fait quand même partie
00:20:10 des programmes qui se distinguent. C'est normal aussi,
00:20:13 c'est plus récent, parce que quand ils sont allés chercher
00:20:16 des séries japonaises, ils ont acheté les dernières en date
00:20:19 qu'il y avait au Japon. "Dragon Ball", ça a commencé en 86,
00:20:22 donc ça arrive en 88, deux ans après, c'est encore relativement récent.
00:20:25 Mais ils achètent aussi tout un fond de catalogue de séries des années 70.
00:20:28 Je parlais de "Galaxy Express" 1999, c'est un classique au Japon,
00:20:31 ça ne marchera jamais en France, parce que la série, je pense qu'elle arrive
00:20:34 un peu tard, elle est considérée comme vieillotte.
00:20:36 - C'est même peut-être le numéro 1 dans le cœur de beaucoup de Japonais,
00:20:39 lors de Matsumoto. - Il y a quelque chose aussi
00:20:43 que je voudrais expliquer, c'est que quand ils sont partis chercher
00:20:46 des séries au Japon, les équipes d'ABE,
00:20:49 ils sont malheureusement arrivés un peu tard,
00:20:52 parce que juste avant, il y a Silvio Berlusconi,
00:20:55 qui avait déjà fait une razzia sur les programmes jeunesse.
00:20:57 - Pour la 5. - Voilà, pour la 5, et il avait des ambitions européennes,
00:21:00 donc il avait acheté les droits européens.
00:21:03 Et lui, par contre, il a vraiment pris toutes les séries
00:21:06 compatibles avec l'audience européenne, c'est-à-dire
00:21:09 des adaptations d'horreurs classiques, "Les princesses Sarah",
00:21:12 "Les quatre fées du docteur Marche", les séries sportives, "Olivier, Tom",
00:21:15 "Jeanne et Serge", et puis les séries de "Magical Girl".
00:21:18 Ça, c'est toutes des séries relativement gentilles, qui ne sont pas polémiques.
00:21:21 Et quand ABE arrive, il reste encore des tas de séries,
00:21:24 mais c'est les séries les plus japonaises,
00:21:27 ce qu'on appelle aujourd'hui les séries shonen, mais dont ne voulait pas
00:21:30 Berlusconi, parce qu'il savait que c'était des choses un peu plus polémiques
00:21:33 et les plus gentilles, et donc il a choisi les séries les plus japonaises.
00:21:36 - Tu es en train de nous dire quelque chose. En fait, le club Dorothée,
00:21:39 son succès dans les animés, elle le doit au fait qu'elle a pris
00:21:42 les fonds de tiroir. - Ce n'est pas les fonds de tiroir,
00:21:45 c'était des séries populaires au Japon.
00:21:48 Et je pense qu'effectivement, s'ils avaient eu le choix,
00:21:51 je ne pense pas qu'ils auraient vraiment choisi ces séries-là.
00:21:54 Par défaut, ils ont été un peu obligés, parce qu'effectivement,
00:21:57 il y avait moins le choix, et effectivement, c'est ce qui fera
00:22:00 les moins inattendues et celles qui vont apporter le plus de révolution
00:22:03 dans les programmes jeunesse. - Qu'est-ce qui va être
00:22:06 la première série animée du club Dorothée à cartonner ?
00:22:10 - Les Chevaliers du Zodiac, je dirais. - Oui. - Senseïa.
00:22:13 - Dès le début, Senseïa... - Pendant trois ans, c'est vraiment
00:22:16 le règne des Chevaliers du Zodiac, avant que Dragon Ball Z
00:22:19 explose et prenne la place. - On avait les tops Minitel.
00:22:22 - Oui, c'est ça. - Donc on savait assez facilement.
00:22:25 - Même dans le merchandising, dès le départ, AB qui prenait là aussi
00:22:28 beaucoup de liberté avec le merchandising en redessinant
00:22:31 les personnages, ce genre de choses, leur premier fer de lance,
00:22:34 c'est vraiment les Chevaliers du Zodiac. Ils sortent des cassettes vidéo,
00:22:37 ils sortent des bandes dessinées, et quand on met à plat
00:22:42 tous les Dorothée Magazine qui sortent à partir de 1989,
00:22:46 au début, c'est vraiment Senseïa, Senseïa, enfin Chevaliers du Zodiac,
00:22:49 partout, et après, Dragon Ball Z prend toute la place
00:22:53 pendant 5-6 ans jusqu'à la fin du club Dorothée.
00:22:56 - Romain, tu peux peut-être nous parler des Chevaliers du Zodiac ?
00:22:59 - Pour le coup, c'est vrai que la gamme des Chevaliers du Zodiac,
00:23:02 la gamme de jouets, avec leur fameuse boîte jaune et leurs armures en métal
00:23:06 à cartonner, ça a été même un des best-sellers de cette fin des années 80,
00:23:11 et on peut d'ailleurs remarquer que ça n'a pas été tant le cas
00:23:14 pour Dragon Ball, autant on a tout de suite considéré que
00:23:17 les Chevaliers du Zodiac étaient un succès commercial de supermarché,
00:23:21 je ne sais pas si vous vous souvenez de ces rayons...
00:23:23 - J'ai acheté Chiryu à Carrefour. - Voilà.
00:23:26 - Carrefour Orléans, place d'Arc. Je vous donne même la localisation.
00:23:30 - On cherchait à avoir son signe du Zodiac avec...
00:23:33 - Chou-l'Épée-Gaze, il n'y avait plus. J'ai pris Chiryu...
00:23:37 - C'était le jeu, la première année, d'ailleurs je crois qu'il n'y a que
00:23:41 6 Chevaliers d'Or qui sont vendus en France, donc 6 Tépoissons, c'est mort.
00:23:46 Moi j'ai le souvenir de quelques frictions dans les cours de récré
00:23:49 autour de ces Chevaliers du Zodiac et à l'époque, les jouets sont distribués
00:23:53 par Bandai, on pourrait remarquer que Bandai va essayer de distribuer
00:23:56 quelques jouets Dragon Ball au tout début de Dragon Ball.
00:23:59 - Des figurines affreuses en plus. - Elles sont moins affreuses que
00:24:02 celles qui viendront par Abbey par la suite, les figurines en coffret.
00:24:06 - Abbey Toys. - Oui, Abbey Toys, les coffrets
00:24:08 super guerriers qui viendront bien plus tard, quasiment au milieu des années 90
00:24:12 mais qui du coup sont distribués directement par nos amis Azula et Berda.
00:24:17 Mais comment ça se fait ? Excusez-moi, je fais une petite parenthèse,
00:24:21 les jouets Sensei-ya, succès, vraiment, liés à la série.
00:24:26 Après on a Dragon Ball Z, pardon, normalement il y avait tout pour faire
00:24:30 une gamme de jouets incroyables, des figurines de qualité, cool,
00:24:36 ça se serait vendu parce que c'est à une époque où on achetait des posters,
00:24:40 on achetait des posters, on achetait des cartes, des cassettes vidéo, tout !
00:24:45 Pourquoi il n'y a pas eu une gamme de jouets dignes de ce nom à Dragon Ball à cette époque-là ?
00:24:49 - C'est une excellente question que je me pose encore.
00:24:52 Officiellement, Bandai distribue les produits Dragon Ball jusqu'en 90,
00:24:56 si je ne dis pas de bêtises, et ensuite on va avoir un trou.
00:24:59 Alors est-ce que c'est un trou qui est dû à des problèmes de droit ?
00:25:01 C'est possible, c'est possible aussi qu'Abbey souhaitait lancer sa propre marque de jouets
00:25:06 puisque Abbey Toys commence en 93 avec des jouets du Manège Enchanté,
00:25:10 si je ne dis pas de bêtises, et des figurines de Cobra, également,
00:25:13 des mini figurines, mais les figurines d'Abbey, c'est des Gashapon japonais qui ont été repeints en fait.
00:25:18 - En fait, Abbey, ils travaillaient en circuit fermé, ils voulaient tout faire eux-mêmes,
00:25:24 et c'était une espèce de grosse manufacture, donc oui, dès qu'ils voyaient quelque chose qui marchait,
00:25:29 ils avaient tendance à dire "on va lancer un département et on va faire".
00:25:33 Mais Abbey, ils n'avaient jamais fait de jouets non plus, donc il a fallu, je pense,
00:25:35 le temps de monter une unité, un département pour lancer des jouets,
00:25:39 donc ça a pu prendre du temps, et puis après, ils géraient tellement de choses en même temps
00:25:44 qu'ils n'ont peut-être pas fait ça aussi sérieusement qu'un vrai fabricant, un vrai éditeur de jouets.
00:25:50 - Ils sont allés à la facilité, à la rapidité surtout.
00:25:53 Quand ces jouets Dragon Ball Z de Abbey Toys sortent, c'est au moment où il y a le film au cinéma,
00:25:58 où il y a tous les Dorothée Magazine hors série qui sortent pratiquement chaque mois consacrés à Dragon Ball Z.
00:26:06 Donc ils vont au plus rapide, au plus efficace.
00:26:09 - Avec plein d'informations qui n'en sont pas.
00:26:11 - Le courrier des lecteurs, absolument à lire si vous avez l'occasion un jour, c'était magique.
00:26:16 - J'ai quelques centaines de Dorothée Magazine chez moi, j'ai pas l'intégrale, mais j'en ai quelques-uns sympathiques.
00:26:22 - Il y en a 400. - Ouais, ouais, donc je suis encore un petit peu loin.
00:26:25 - Cette proximité avec le monde commercial, avec le monde du jouet, elle n'est pas limitée aux animés,
00:26:30 et c'est même intéressant de se rendre compte que si une bonne partie des animés japonais ont eu droit ensuite à quelques produits dérivés en France,
00:26:40 les séries américaines qu'on a citées tout à l'heure, Visionary, Mon Petit Poney...
00:26:43 - C'est d'Orantone, je crois qu'on en parle. - Ah, c'est possible.
00:26:47 Les Bisounours, toutes ces séries-là sont des séries qui sont entièrement commerciales.
00:26:53 On va même avoir à l'époque d'Antenne 2...
00:26:55 - Juste parce que je précise, dans le club Dorothée, on parlait des animés japonais,
00:26:58 il y a d'autres séries que tu citais, Visionaries, G.I. Joe dont on parlait tout à l'heure, etc.,
00:27:03 même des productions américaines, parfois franco-américaines, pas que japonaises.
00:27:08 - Pas que japonaises, mais qui sont quasiment toujours liées au monde du jouet.
00:27:12 On a cité tout à l'heure Lise 31, la même société, la DIC, va produire notamment Masque.
00:27:17 - Masque ! - Une marque de jouets.
00:27:19 C'est une grande pub, Masque. C'est des pubs géantes de 26 minutes qui sont incroyables,
00:27:24 mais c'est vraiment des pubs pour les enfants.
00:27:26 Le summum, je pense, ça va être dans Recréa 2.
00:27:30 On va carrément avoir un animateur de Recréa 2 qui est un jouet,
00:27:33 qui est un jouet à vendre que tu peux acheter juste après l'émission.
00:27:36 C'est le petit chien Pouchy qui lit le courrier d'électeur de Recréa 2.
00:27:41 Donc très très tôt, cet aspect commercial des produits dérivés et des dessins animés,
00:27:47 il est très très présent, et c'est peut-être une des raisons pour laquelle
00:27:49 ils n'ont pas trop poussé la chose sur les programmes japonais,
00:27:52 parce qu'ils n'étaient déjà pas aimés de base.
00:27:54 Les parents, les bisonnours, ils savaient que c'était des trucs très très commerciaux,
00:27:57 mais ça nous faisait plaisir quand même.
00:27:59 Peut-être qu'ils ont eu justement cette intelligence-là de ne pas aller trop loin.
00:28:03 Alors connaissant AB Production, je ne suis pas sûr.
00:28:06 La patte du gain, quelque chose...
00:28:09 Et après, ils ont raison, il faut être rentable.
00:28:11 Mais je ne suis pas sûr que ce soit cet aspect-là.
00:28:13 Leur priorité, ce n'était pas le jouet, c'était vraiment eux, le disque et la vidéo.
00:28:18 Je peux vous en remontrer une si vous voulez.
00:28:20 Muscleman.
00:28:21 Ah, le fameux Muscleman.
00:28:23 C'est un des rares produits Muscleman en France.
00:28:25 Il y a eu le disque et peut-être deux VHS.
00:28:28 Mais ils ont lancé vraiment beaucoup de cassettes vidéo très très tôt,
00:28:33 parce que c'est finalement leur nouveau métier à ce moment-là
00:28:36 que de sortir des produits musicaux, des VHS et des magazines.
00:28:40 Parlons un petit peu des séries phares qu'on a eues dans le club de Rote.
00:28:44 On a Nicky Larson, par exemple,
00:28:47 donc on a cité Dragon Ball, Dragon Ball Z,
00:28:49 Radmanmi, Sailor Moon, Ken le survivant.
00:28:53 On a l'impression qu'après quelques années,
00:28:55 le club de Rote a vraiment gagné en maturité, j'ai envie de dire,
00:29:00 et c'est eux appuyés en fait.
00:29:02 On a l'impression qu'ils savent quels séries mettre
00:29:05 pour ramener un type de public, etc.
00:29:08 Est-ce qu'ils vont chercher de la nouveauté ou ils restent sur leurs acquis, Olivier ?
00:29:13 Je pense que, comme je le disais, un peu par opportunité ou par erreur,
00:29:18 ils avaient effectivement acquis Dragon Ball, les Chevaliers de Zodiac,
00:29:21 et quand ils se sont rendus compte que c'était les séries qui marchaient le mieux,
00:29:24 après ils sont restés quand même à l'écoute et regardaient vraiment
00:29:27 quelles étaient les tendances et les séries qui marchaient le mieux au Japon,
00:29:31 sans du coup, cette fois-ci, en enlevant les préjugés de
00:29:34 « Ah, mais est-ce que culturellement, ça sera bien pour nous ? »
00:29:36 Donc une fois que les Chevaliers de Zodiac étaient finis,
00:29:39 ils ont acheté les Samouraïs de l'Éternel,
00:29:41 parce que c'était à ce moment-là vraiment la série
00:29:43 qui était un peu dans la même lignée et qui cartonnait au Japon.
00:29:47 Elle a moins bien marché en France.
00:29:49 Mais voilà, Nicky Larson, finalement, il arrive aussi assez rapidement,
00:29:53 Sailor Moon, je pense qu'à partir de ce moment-là,
00:29:56 ils avaient une relation avec les grands studios
00:29:59 et ils voulaient vraiment aller chercher les titres qui cartonnaient au Japon.
00:30:03 Et ça va se ressentir sur le public quand ils vont chercher un titre particulier
00:30:08 qui n'est pas encore sorti dans le club Dorothée ?
00:30:10 Est-ce qu'en termes d'audience, on a un gap qui se produit ou pas du tout ?
00:30:14 Ou au final, ça reste de toute façon toujours un succès ?
00:30:17 Non, non. Pensez à votre propre comportement à l'époque devant la télé.
00:30:22 Tu l'as dit, on passe d'une chaîne à l'autre en vérité.
00:30:24 Et il y a des dessins animés que le club Dorothée lance en grande pompe
00:30:27 et qui sont des échecs.
00:30:29 « Chaudrier, le sauveur du monde », c'est un carton au Japon.
00:30:31 Ça n'a jamais marché en France.
00:30:33 Flop total. « Churato » n'a pas marché.
00:30:35 Ils ont beaucoup cru à « Fly », qui devait être le nouveau Dragon Ball Z.
00:30:40 Parce qu'on avait un design... Voilà.
00:30:43 En fait, ils ont vraiment lancé beaucoup de séries
00:30:48 et certaines ont disparu, sont passées par pertes et profits
00:30:52 et restent les Dragon Ball, etc.
00:30:55 Et il y a des séries même cultes, par exemple « Juliette, je t'aime »
00:30:58 n'est pas énormément diffusée au club Dorothée.
00:31:00 Ça passe en 88, 89, 90, puis après ça disparaît,
00:31:05 ça revient un peu à l'occasion de quelques rediffusions.
00:31:07 Il y a vraiment un turnover des séries,
00:31:11 sans doute alimenté par le hit des séries, le mini-tel, etc.
00:31:17 Mais aussi avec TF1, qui est vigilant quand même
00:31:20 à ce qui se passe au club Dorothée,
00:31:22 qui impose ses séries, qui surveille l'audience
00:31:25 comme le lait sur le feu et qui dit « Ah bah non, vous enlevez ça,
00:31:28 nous on veut passer ça. Ah bah non, cette série, c'est pas possible,
00:31:32 il faut respecter les quotas européens.
00:31:35 Donc tenez, on vous passe cette série, elle marche, elle marche pas,
00:31:38 est-ce qu'elle touche les 4-14 ans, est-ce qu'elle touche la ménagère ? »
00:31:42 Il fallait vraiment que toute la famille puisse regarder le club Dorothée.
00:31:47 Il fallait pouvoir mettre les enfants, mais il fallait que les parents aussi
00:31:49 ne se disent pas « Ah bah non, on met une autre chaîne, c'est pas possible. »
00:31:52 - Alors c'est important ce que tu dis, et je pense qu'on va ouvrir ce sujet.
00:31:55 C'est que, on le disait tout à l'heure, il y a eu des polémiques
00:31:58 assez rapidement sur le club Dorothée.
00:32:01 Il va y avoir aussi de la censure, c'est-à-dire certains animés
00:32:04 qu'on a vus dans le club Dorothée ne sont pas du tout les mêmes
00:32:08 que dans version originale.
00:32:11 Donc il y a eu de la censure dans le montage,
00:32:13 il y a eu de la censure aussi dans le doublage.
00:32:16 On va, évidemment, c'est connu de beaucoup,
00:32:18 mais je pense qu'on ne peut pas faire l'émission sans en parler.
00:32:21 Qu'est-ce qui se passe au niveau du doublage en France ?
00:32:24 Déjà, quels ont été, peut-être même avant de parler de ça,
00:32:26 quels ont été les séries problématiques ?
00:32:29 T'as montré Muscleman, ça a été une série problématique.
00:32:33 Est-ce que vous pouvez m'expliquer pourquoi ?
00:32:36 Parce que c'est affreux.
00:32:38 Non, non, non ! Très populaire au Japon, extrêmement populaire.
00:32:42 Moins chez nous, c'est un peu bête, c'est un peu pipi-caca,
00:32:46 c'est assez violent quand même.
00:32:48 C'est du catch.
00:32:49 Non, je ne peux pas dire que c'est violent,
00:32:50 mais c'est plutôt que c'est le traitement de la série
00:32:53 qui a fait réagir des gens chez nous.
00:32:55 Il y a surtout un personnage, je pense.
00:32:57 Il y a un personnage qui est habillé avec un uniforme
00:33:00 qui rappelle l'uniforme nazi,
00:33:03 parce qu'au Japon, il n'y a pas la même histoire.
00:33:06 Oui, c'en est un.
00:33:07 C'en est un.
00:33:08 C'est le fils d'un nazi.
00:33:09 Oui.
00:33:10 Ça ne défendait pas des valeurs nazies.
00:33:12 Non, du tout ! C'est important de le dire.
00:33:14 Ce qui posait problème, c'était que c'était un "gentil".
00:33:17 Voilà, il s'était, comment dirais-je, il s'était repenti.
00:33:21 Il est méchant au début, et une fois qu'il s'est fait battre,
00:33:24 il devient gentil, mais c'est un peu comme si on avait eu Végéta
00:33:26 avec une grosse croix gammée sur le torse,
00:33:29 et du coup, on ne peut pas vraiment parler de Zlatisca,
00:33:31 puisque le mec est aussi accompagné par des types qui marchent au pas,
00:33:35 et puis des casques à l'ancienne limite casque à pointe.
00:33:39 On est sur une grosse, grosse erreur de casting.
00:33:42 La série va quand même être diffusée presque un an,
00:33:44 de mars 89 à avril 90.
00:33:48 On a eu des jouets, en plus !
00:33:49 Alors, pas officiellement.
00:33:50 Les jouets qu'on a eus, c'était pirate,
00:33:52 mais on les a eus un petit peu plus tard.
00:33:55 Mais effectivement, c'est la première fois que le CSA sort le carton rouge,
00:33:58 et je crois que c'est une des premières fois où le CSA sort le carton rouge de son histoire,
00:34:02 puisque le CSA n'est créé que par notre ami Léotard, dont on parlait tout à l'heure,
00:34:07 et au début, c'est un peu un bidule dont on ne sait pas trop à quoi il va servir.
00:34:11 Le CSA, il est créé pour, justement, la privatisation de TF1,
00:34:14 l'arrivée de nouvelles chaînes.
00:34:16 Ça part un peu dans tous les sens, et à un moment, effectivement,
00:34:18 l'État dit "Oh là là, il va falloir quand même maintenant mettre des règles,
00:34:21 d'un seul coup, on fait qu'on ne passe plus de programme français, etc."
00:34:25 Donc on crée, avant le CSA, il y a eu la CNCL d'abord,
00:34:29 un premier organisme, et qui se transforme ensuite en CSA.
00:34:31 Et donc voilà, on impose aussi des règles, donc on commence à dire
00:34:34 "Il faut passer un pourcentage de création française ou européenne,
00:34:38 on doit réinvestir aussi une partie de nos bénéfices là-dedans."
00:34:41 Et surtout, dès qu'il y a des dérapages, le CSA peut mettre des cartons rouges.
00:34:48 Alors attention, on entend souvent dire "le CSA a interdit de passer des dessins Nif-J japonais"
00:34:53 ou "le CSA a ordonné la fin du Club Dorothée", c'est faux.
00:34:58 Le CSA, il fait des recommandations, il donne des amendes, il notifie,
00:35:03 mais il n'a pas autorité à faire changer un programme.
00:35:08 Par contre, il peut faire pression.
00:35:09 Et voilà, et effectivement, les dessins Nif-Japonais,
00:35:12 ils vont être en particulier dans la ligne de mire du CSA.
00:35:15 Donc il y a eu cette histoire, effectivement, de Muscleman, Dragon Ball,
00:35:20 qui va aussi avoir droit à quelques trucs, Ken le survivant.
00:35:24 Après, il y a même des séries américaines comme Superboy aussi,
00:35:27 qui à un moment aussi a eu une notification du CSA.
00:35:31 - Oui, il faut relativiser, mais quand même là, sur les séries dont on parle,
00:35:37 ça a quand même un impact.
00:35:38 Et puis il y a une série aussi qui veut aussi faire parler d'elle.
00:35:43 - Très Cher Frère.
00:35:44 - Très Cher Frère, où ça parle de suicide.
00:35:47 - C'est un peu dark, c'est un peu dark.
00:35:48 - C'est très dark.
00:35:49 - C'est des ados tourmentés, c'est très sur les sentiments, c'est un peu sombre.
00:35:54 Ça n'avait absolument pas sa place au Club Dorothée.
00:35:58 Une erreur, voilà.
00:35:59 En fait, ils ont lancé tellement de séries, ils avaient tellement d'heures à faire.
00:36:02 - Ils ne checkaient pas forcément.
00:36:04 - Si, si, ils checkaient, quand même.
00:36:07 - Tu crois ?
00:36:08 - Il faut la sortir, il faut l'adapter, il faut la doubler.
00:36:11 Ça ne se fait pas par hasard.
00:36:12 - L'adapter, c'est un bien grand mot à l'époque,
00:36:14 parce que tout n'était pas forcément adapté.
00:36:17 - C'est un peu quand même, les noms des personnages, par exemple, c'est une adaptation.
00:36:20 - Oui, pardon, quand je dis adaptation, c'est-à-dire,
00:36:22 c'était pas forcément très fidèle à l'original.
00:36:26 - Ah, pas du tout.
00:36:27 - Non ?
00:36:28 - Mais ça, c'était, il n'y avait même pas de direction.
00:36:30 Quand tu discutes avec les gens qui avaient en charge ces doublages,
00:36:34 ils étaient lâchés complètement à eux-mêmes.
00:36:37 - C'était un truc pour les gosses.
00:36:39 - Okutonoken, Ken le survivant, Philippe Pogouz,
00:36:42 il explique qu'ils n'avaient aucune directive.
00:36:44 C'est vraiment eux d'eux-mêmes, des fois, qui étaient...
00:36:47 C'était des gens d'une quarantaine d'années, voire plus,
00:36:50 qui voyaient arriver ces programmes, on leur disait que c'était pour les enfants.
00:36:53 Et en fait, c'est des initiatives personnelles de dire,
00:36:55 bon, alors on va mettre un peu d'humour pour essayer d'attenuer la chose.
00:36:59 Mais ni la chaîne, ni ABN, ni ce du doublage qui leur commandait,
00:37:03 ils n'avaient aucune directive.
00:37:05 C'est vraiment des trucs qui se sont faits comme ça.
00:37:08 Eux, pensaient-ils de bon sens d'essayer,
00:37:11 comme ils sont obligés de le doubler,
00:37:13 on va essayer de changer un peu des trucs pour que ça passe mieux.
00:37:15 - Oui, et puis il n'y avait pas de contexte,
00:37:17 dans le sens où on parlait tout à l'heure de Muscleman,
00:37:21 où il y avait ce personnage-là qui était un nazi/ancien nazi,
00:37:26 mais dans Ken le survivant, il y avait des croix shintoïstes, etc.,
00:37:29 qui pouvaient laisser penser à des croix gammées.
00:37:32 Et donc, certains pensaient que c'était des croix gammées,
00:37:34 ils ont dit non, c'est pas possible.
00:37:36 En fait, il y a eu une véritable volonté de la part des doubleurs,
00:37:39 comme tu le disais, de réadapter, justement, pour le coup,
00:37:42 en faisant quelque chose de beaucoup plus léger,
00:37:45 et donc ça a totalement modifié le sens.
00:37:47 Pour moi, les deux plus grands exemples sont Okutonoken,
00:37:50 Ken le survivant et... - Nicky Larson.
00:37:53 - Nicky Larson. Malgré tout, nous, on kiffait de la même manière.
00:37:56 - Nicky Larson, ils n'avaient pas le choix,
00:37:58 il fallait effacer toute dimension sexuelle,
00:38:02 même amoureuse, érotique, tout ça, ça devait disparaître.
00:38:06 Il en restait un petit peu, évidemment,
00:38:08 puisqu'on ne peut pas non plus gommer ce qui se passe à l'écran.
00:38:10 - Ils avaient l'habitude des studios qui connaissaient un peu les règles de la télévision
00:38:13 et qui faisaient ça d'eux-mêmes, mais ce qui est assez étrange,
00:38:16 c'est que personne ne leur disait "on vous confie ça,
00:38:19 mais faites attention et faites un travail dessus".
00:38:21 - Ils étaient en autonomie. - Ils étaient en totale autonomie,
00:38:24 c'est ça qui est aujourd'hui assez surprenant.
00:38:26 Je suis d'accord qu'Abbé regardait quand même les programmes qu'ils achetaient,
00:38:30 enfin, il regardait, mais pour moi, il regardait un peu le pitch de départ,
00:38:33 "ah, c'est rigolo, c'est un détective privé", des trucs,
00:38:36 mais il ne regardait pas épisode après épisode.
00:38:39 - Alors moi, je me permets de faire une petite rectification,
00:38:42 Très Cher Frère n'a pas été interdit par le CSA,
00:38:45 mais supprimé directement par TF1.
00:38:47 - Oui, oui, non, je ne pense pas qu'on a dit qu'il avait été interdit,
00:38:50 mais que ça avait été polémique, en tout cas.
00:38:52 - J'y ai cru, mais à ce moment-là, en 93, en tout cas,
00:38:55 TF1 a déjà mis les gardes-fous qui lui permettent de se rendre compte.
00:38:58 - Il y a même des excuses. - Alors, non.
00:39:01 C'est une des légendes urbaines autour de Dorothée.
00:39:03 - Ah ouais ? Je croyais qu'il y avait eu des excuses.
00:39:06 - Le plus gros coup du CSA porté à TF1 et au Club Dorothée,
00:39:10 c'est la demande de diffusion d'un message avant le journal de 20h,
00:39:15 en 91, en disant "il y a eu des scènes de sadisme et de violence
00:39:20 dans Dragon Ball et Superboy".
00:39:22 - Superboy pour les 10 ans.
00:39:24 - Et c'est un message qui est lu pendant 30 secondes
00:39:28 avant le journal de 20h, et TF1 a interdiction
00:39:31 de commenter ce message à la suite,
00:39:33 et ça n'est jamais évoqué dans le Club Dorothée.
00:39:36 - Mais Dorothée n'est pas venue...
00:39:38 - Non, mais je me rappelais qu'il y avait eu,
00:39:40 quand je dis des excuses, c'était ça, effectivement.
00:39:42 Et comment... On sait comment Dorothée vit...
00:39:45 Parce que Dorothée, à ce moment-là, c'est une superstar.
00:39:48 Franchement, ça devient une superstar des enfants,
00:39:50 mais ça devient aussi un objet médiatique incroyable.
00:39:53 Le temps d'antenne, on en avait parlé dans la première partie d'émission,
00:39:56 il est faramineux.
00:39:58 Comment elle le vit, ces problématiques liées à l'animation japonaise ?
00:40:02 Est-ce qu'elle, à un moment, elle se dit
00:40:04 "il faudrait peut-être qu'on se débarrasse de ça"
00:40:06 ou elle croit vraiment toujours que c'est ça qui va porter l'émission ?
00:40:09 - En tout cas, elle ne l'a jamais exprimée.
00:40:11 Elle n'a jamais eu un mot contre l'animation japonaise.
00:40:14 Elle l'a toujours défendue dans la presse.
00:40:16 Elle a eu le souhait d'expliquer que tout n'était pas violent,
00:40:20 qu'il fallait comprendre aussi que c'était des dessins animés venus d'ailleurs,
00:40:23 donc c'était un regard sur une autre culture,
00:40:26 et qu'elle mettait des garde-fous,
00:40:29 notamment sur les horaires des émissions,
00:40:31 certains dessins animés étaient diffusés
00:40:33 plus tôt le mercredi après-midi que le matin.
00:40:35 - Les jeux du bout du monde, parce que c'est un gros traumatisme !
00:40:38 - Il y avait des cases beaucoup plus mignonnes dans le Club Dorothée,
00:40:42 ils avaient une petite émission qui s'appelait "Le Club Mini"
00:40:44 qui était diffusée très tôt le week-end,
00:40:46 et là c'était le royaume des bisounours, petits poneys, etc.
00:40:50 Donc en tout cas, publiquement,
00:40:52 elle n'a jamais critiqué l'animation japonaise,
00:40:55 sans jamais parler à sa place,
00:40:58 mais évidemment, sans doute que ça ne lui faisait pas plaisir
00:41:02 de voir son nom vilipender dans la presse,
00:41:06 il y a des unes assez affreuses sur Dorothée,
00:41:09 sur la télé pour les enfants,
00:41:11 et puis en fait, ça brouille,
00:41:14 peut-être pas son image, mais l'image de son émission quand même,
00:41:17 et cette émission elle porte son nom,
00:41:19 donc elle est obligée d'y faire attention.
00:41:21 Il y a AB Production qui tourne
00:41:24 et doit fournir du volume à TF1, fournir des émissions,
00:41:28 donc ils y vont, ils font des erreurs,
00:41:30 ils essayent de les rectifier,
00:41:32 mais quand le coup est parti, le coup est parti.
00:41:34 - Puis on ne l'a pas dit, mais l'A5 s'arrête,
00:41:36 le Club Dorothée va reprendre un petit peu le catalogue de l'A5
00:41:39 par la même occasion, l'occasion fait de la ronde.
00:41:41 - C'est Silvio Berlusconi qui revend son catalogue
00:41:43 quand il jette l'éponge sur la France,
00:41:45 AB Production, donc du coup les deux catalogues fusionnent,
00:41:48 et forcément, du coup,
00:41:51 et a récupéré pour Club Dorothée
00:41:53 tous les plus gros succès de l'A5,
00:41:55 "Embrasse-moi Lucie", "Yves et Tom", "Jeanne et Serge",
00:41:59 et toutes ces séries-là.
00:42:01 - Ça va leur permettre de lancer d'autres émissions,
00:42:03 par exemple ils ont un ersatz du Club Dorothée
00:42:05 sur Télé Montecarlo,
00:42:07 qui s'appelle "Recreate Kids",
00:42:09 où on peut retrouver tous les succès qu'ont fait l'A5 à l'époque,
00:42:12 les "Polyana", etc., ça va dans cette émission-là,
00:42:15 et pas vraiment sur TF1.
00:42:17 Et du coup, sur la durée,
00:42:21 quelles ont été les séries qui ont été,
00:42:23 enfin je pose la question, tu peux la répondre quand même,
00:42:25 qui ont été vraiment des...
00:42:27 des hits absolus, sans jamais flanchir ?
00:42:31 On a dit "Dragon Ball Z",
00:42:33 est-ce que c'est pas justement, c'est dur d'en tirer une,
00:42:35 mais est-ce que c'est pas la série la plus emblématique du Club Dorothée ?
00:42:38 - Oui, bien sûr, forcément.
00:42:40 - On assiste en France, à un moment donné,
00:42:42 à une DBZ mania,
00:42:44 on a le film qui sort en salle en 80...
00:42:47 enfin, le film... les films !
00:42:49 - Qui s'appelle "Le Film".
00:42:51 - Qui sort en 95,
00:42:53 est-ce que cette série-là,
00:42:55 elle fait rentrer définitivement le Club Dorothée
00:42:57 dans une autre dimension ?
00:42:59 - Alors, moi je dirais oui et non,
00:43:03 parce qu'effectivement, on est dans une dimension
00:43:05 qui est totalement folle en 95,
00:43:07 mais entre 95 et 97,
00:43:09 les choses vont s'étioler,
00:43:11 et par exemple, on n'aura jamais la fin de "Dragon Ball"
00:43:13 chez Dorothée,
00:43:15 on est obligés d'acheter des cassettes,
00:43:17 des cassettes AB, mais des cassettes quand même !
00:43:19 - Deux épisodes.
00:43:21 - Ouais, moi je me souviens
00:43:23 de cette espèce de traumatisme, de se dire
00:43:25 "je continue à regarder Dorothée, je me fais un peu avoir,
00:43:27 on va regarder des rediffs des Chevaliers du Zodiaque",
00:43:29 sur l'ultime saison
00:43:31 estivale du Club Dorothée,
00:43:33 l'émission rediffuse une dernière fois
00:43:37 l'arc du Sanctuaire des Chevaliers du Zodiaque,
00:43:39 et ne le termine pas,
00:43:41 et s'arrête à genre 5 épisodes de la fin !
00:43:43 On pense "non, c'est horrible !"
00:43:45 - Pourtant, ils avaient les droits !
00:43:47 - Ils avaient les droits, ils auraient probablement pu s'organiser
00:43:49 de manière à, je sais pas,
00:43:51 faire une spéciale Dorothée pour l'avant-dernière,
00:43:53 une spéciale Chevalier du Zodiaque,
00:43:55 ce ne sera pas fait.
00:43:57 C'est là où c'est compliqué
00:43:59 de dire qu'une série n'aurait jamais flanché
00:44:01 chez Dorothée, parce que malheureusement,
00:44:03 pour moi en tout cas, Dorothée a flanché avant les séries.
00:44:05 C'est-à-dire qu'ils ont été obligés
00:44:07 petit à petit de dire
00:44:09 "OK, on va mettre moins de Dragon Ball,
00:44:11 on va mettre peut-être un petit peu plus
00:44:13 de Jumeaux du bout du monde,
00:44:15 et puis on a surtout toutes les séries live
00:44:17 qui vont arriver...
00:44:19 - Oui, bien sûr, ça sera une autre émission !
00:44:21 - Mais qui sont aussi
00:44:23 une réponse à cette demande du CSA
00:44:25 de faire de la fiction
00:44:27 européenne,
00:44:29 pour le coup c'est bien moins cher de prendre
00:44:31 des actors live que de faire du CSA.
00:44:33 - Ça va être une demande du CSA et une bénédiction pour AB.
00:44:35 On va pas se mentir.
00:44:37 - Quand Dragon Ball Z doit disparaître
00:44:39 du Club Dorothée,
00:44:41 ça précipite la fin de l'émission.
00:44:43 L'émission tient un an derrière.
00:44:45 C'était vraiment une manne pour eux.
00:44:47 Ils le mettaient en début d'émission
00:44:49 parce que ça lançait le programme,
00:44:51 ils avaient beaucoup de magazines qui sortaient,
00:44:53 on a parlé des jouets, on a parlé du film,
00:44:55 il y a des disques qui sortent de Dragon Ball Z,
00:44:57 il y en a beaucoup qui sont sortis.
00:44:59 Ils ont aussi un petit business sur les cartes,
00:45:01 les cartes à jouets, etc.
00:45:03 Donc c'est sûr que pour eux,
00:45:05 quand Dragon Ball Z doit disparaître
00:45:07 de la grille TF1 et qu'ils doivent le reléguer
00:45:09 soit à la cassette vidéo ou au satellite
00:45:11 parce qu'AB a lancé sa chaîne satellite,
00:45:13 AB Cartoon, où tu pouvais voir la fin
00:45:15 des Chevaliers du Zodiaque après Dorothée,
00:45:17 c'est sûr que c'était leur emblème.
00:45:19 - C'est en ça que c'est un symbole.
00:45:21 C'est parce que justement,
00:45:23 ils stoppent à quelques épisodes de la fin
00:45:25 la série en plein succès
00:45:27 puisque c'est encore le plein succès de Dragon Ball.
00:45:29 - Pourquoi ?
00:45:31 - Je pense que c'est pour donner un gage à TF1
00:45:33 de dire "OK, vous voyez,
00:45:35 on arrête de diffuser des séries violentes,
00:45:37 des séries japonaises que vous n'aimez pas
00:45:39 et on fait ce geste-là".
00:45:41 - Ah oui, donc c'est la chaîne
00:45:43 qui a demandé à arrêter ça.
00:45:45 - Je ne sais pas qui a demandé quoi à qui
00:45:47 et dans quelles conditions ça s'est fait.
00:45:49 Mais en tout cas, je pense
00:45:51 envoyer comme un symbole
00:45:53 d'une volonté d'apaiser,
00:45:55 de rentrer dans les clous du CSA
00:45:57 et aussi quelque part de la direction
00:45:59 que prend TF1 parce qu'on approche
00:46:01 de cette date fatidique
00:46:03 de 1997 qui va être
00:46:05 le renouvellement de la concession de TF1.
00:46:07 Est-ce que TF1 a eu une concession
00:46:09 pendant 10 ans de 87 à 97
00:46:11 et le CSA pourrait très bien
00:46:13 décider de ne pas...
00:46:15 - Donc de donner le canal à quelqu'un d'autre.
00:46:17 - Et je pense que là, il y a aussi une prise de conscience.
00:46:19 On en avait parlé, c'est aussi une des raisons
00:46:21 de la fin du Club Dorothée.
00:46:23 TF1 part en sens de quête,
00:46:25 donc ils font un peu du ménage
00:46:27 dans leur programmation.
00:46:29 Pas que le Club Dorothée, c'est aussi la fin
00:46:31 des émissions de Morandini, des trucs comme ça.
00:46:33 De tout un tas d'émissions très polémiques.
00:46:35 - Tout est possible. - Les perdus de vue,
00:46:37 tous ces trucs-là.
00:46:39 Donc je pense qu'il y a vraiment un symbole aussi
00:46:41 d'arrêter Dragon Ball alors que la série
00:46:43 est encore... C'est pas une question d'audience.
00:46:45 - Il y a un mot qu'on n'a pas prononcé
00:46:47 mais c'est "politique", à vrai dire.
00:46:49 Les polémiques liées au Club Dorothée
00:46:51 deviennent un problème pour TF1
00:46:53 à partir du moment où il y a un tour politique
00:46:55 dans cette histoire.
00:46:57 - Un nom qu'on n'a pas cité, c'est Golen Royale.
00:46:59 - Bien sûr.
00:47:01 - On ne peut pas dire qu'elle a tué le Club Dorothée,
00:47:03 c'est faux, légende urbaine.
00:47:05 Mais elle a vraiment nuit
00:47:07 à son image en amenant ce sujet
00:47:09 à l'Assemblée nationale.
00:47:11 Elle fait beaucoup d'émissions
00:47:13 entre 88 et 90
00:47:15 à propos de la violence
00:47:17 à la télé. - Parce qu'elle a écrit un livre.
00:47:19 - Elle a écrit un livre qui s'appelle "Le ras-le-bol
00:47:21 des bébés à peur" qui n'est pas une lecture indispensable.
00:47:23 Mais c'est à ce moment-là
00:47:25 que ça devient gênant pour TF1.
00:47:27 Quand ça prend un tour politique, TF1 est une chaîne politique.
00:47:29 Le 20h de TF1,
00:47:31 qui est le rendez-vous le plus regardé en Europe,
00:47:33 c'est rien d'autre qu'une émission politique.
00:47:35 - 7/7. - 7/7, etc.
00:47:37 TF1 a besoin
00:47:39 d'être bien vue politiquement
00:47:41 auprès du grand public,
00:47:43 évidemment pour des raisons d'audience,
00:47:45 mais aussi politiquement pour
00:47:47 mener sa barque commercialement.
00:47:49 Il y a l'histoire de la concession,
00:47:51 il y a tout ce que TF1 veut obtenir, le lancement de TPS, etc.
00:47:53 Donc ils ont besoin
00:47:55 d'être cools politiquement
00:47:57 avec le personnel politique français.
00:47:59 - Donc ils arrondissent les angles, clairement.
00:48:01 - Ils arrondissent les angles.
00:48:03 Tant que ça faisait de l'audience, c'était pas un problème.
00:48:05 Quand ça ne fait plus
00:48:07 d'audience, ça en devient un.
00:48:09 Quand la politique s'en mêle, c'est un autre problème pour TF1.
00:48:11 - Alors, question. En France,
00:48:13 Dorothée, superstar.
00:48:15 L'animation japonaise
00:48:17 devient l'animation majoritaire
00:48:19 dans le cœur des enfants, on va pas se mentir,
00:48:21 et pas que des adolescents,
00:48:23 mais quelle est la perception ?
00:48:25 Est-ce que le Japon, à ce moment-là,
00:48:27 capte qu'il se passe quelque chose en France ?
00:48:29 Ou ils en ont toujours rien à cirer ?
00:48:31 - Ils en ont rien à cirer.
00:48:33 - Toujours.
00:48:35 - Mais oui, encore une fois,
00:48:37 les japonais,
00:48:39 ils sont plutôt
00:48:41 centrés sur... - Ils sont en autarcie.
00:48:43 - Voilà. Et encore une fois,
00:48:45 malgré tout ce qui a pu être dit
00:48:47 sur l'animation japonaise, ils produisent ces séries
00:48:49 avant tout pour eux,
00:48:51 déjà, ils ne comprendront pas
00:48:53 pendant longtemps pourquoi Dragon Ball a du succès
00:48:55 en dehors du Japon,
00:48:57 voire aller de l'Asie, parce que pour eux,
00:48:59 c'est culturellement quelque chose
00:49:01 qui est ancré sur leur culture,
00:49:03 leur légende, etc. - Ils sont incroyables.
00:49:05 - Donc, ils sont les premiers surpris.
00:49:07 Et ils n'en ont évidemment
00:49:09 aucunement conscience.
00:49:11 Voilà. Il y a eu une émission
00:49:13 quand même qui était assez rigolote,
00:49:15 je crois que c'est en 1989, qui a été faite au Japon,
00:49:17 une émission de variété qui s'intéressait
00:49:19 un peu à la diffusion de l'animation japonaise
00:49:21 à travers le monde. C'est dans ce cadre-là
00:49:23 que la comédienne Brigitte Lecordier,
00:49:25 - Qu'on embrasse, tata Brigitte.
00:49:27 - a été invitée au Japon pour rencontrer
00:49:29 son homologue,
00:49:31 Masako Nozawa.
00:49:33 Cette émission, elle est très intéressante
00:49:35 au-delà de cette séquence que
00:49:37 beaucoup ont peut-être déjà vue. Il y a eu une autre
00:49:39 partie où... C'est une émission
00:49:41 où il y a des people autour d'une table
00:49:43 et il y a des petits jeux. Et ils diffusaient...
00:49:45 Alors, il y avait un jeu, ils donnaient des titres français
00:49:47 et il fallait qu'ils trouvent quelle était
00:49:49 la série japonaise. Il y avait "J'ai l'air de je t'aime"
00:49:51 notamment. Et ils
00:49:53 devaient choisir c'était quoi
00:49:55 la série.
00:49:57 Et après, ils passaient un petit extrait du générique
00:49:59 français de "J'ai l'air de je t'aime".
00:50:01 Les réactions étaient amusées
00:50:03 et même plutôt "Ah, la chanson est
00:50:05 originale, c'est différent de chez nous,
00:50:07 mais c'était pas en mode critique, qu'est-ce que c'est
00:50:09 que cette chanson ?"
00:50:11 Voilà. Mais c'est très anecdotique,
00:50:13 en fait. C'est arrivé peut-être une fois comme ça.
00:50:15 Je pense vraiment que le reste du temps
00:50:17 et même aujourd'hui
00:50:19 encore, je ne suis pas sûr que
00:50:21 le japonais lambda ait vraiment conscience
00:50:23 de l'impact de cette culture.
00:50:25 - Il y a quelques traces
00:50:27 de ça au Japon à l'époque. Par exemple,
00:50:29 Dorothée, elle joue dans des épisodes
00:50:31 de... Elle joue dans
00:50:33 un épisode de "Bioman 3".
00:50:35 - "Liveman". - "Liveman".
00:50:37 Elle joue dans "Jiraya".
00:50:39 - "Jiraya". - Une autre série qui s'appelle "Black Max
00:50:41 Rider", je crois.
00:50:43 Alors, c'est à titre amical,
00:50:45 c'est pour... - Ah, mais c'est quand même
00:50:47 quelque chose, quoi !
00:50:49 - Dorothée est là-bas, elle fait quelques
00:50:51 émissions du club Dorothée au Japon,
00:50:53 et elle est invitée
00:50:55 en tant que la star française
00:50:57 et accessoirement
00:50:59 très bonne cliente des studios japonais
00:51:01 qui viennent... - Pour 10 séries
00:51:03 d'acheter, t'avais un rôle offert.
00:51:05 - Il reste quand même quelques petites choses.
00:51:07 Par exemple, il y a un document
00:51:09 que j'aime bien, c'est le catalogue
00:51:11 d'une exposition "Akira Toriyama"
00:51:13 qui a eu lieu dans les années 90.
00:51:15 Le catalogue est japonais, il était commercialisé
00:51:17 au Japon, et dedans, ils ont reproduit
00:51:19 le trophée, le
00:51:21 club d'or, offert
00:51:23 à Akira Toriyama
00:51:25 par l'équipe du club Dorothée. Il est présent dans
00:51:27 cette exposition, c'est un petit
00:51:29 objet assez sympathique.
00:51:31 Et si vous allez sur Twitter,
00:51:33 si vous cherchez bien, vous trouvez beaucoup de tweets
00:51:35 en japonais de gens
00:51:37 qui s'étonnent de cette émission qui diffusait
00:51:39 que des programmes japonais.
00:51:41 Il en reste un petit souvenir
00:51:43 amical. - Même si
00:51:45 globalement, les japonais n'ont peut-être rien
00:51:47 à cirer du club Dorothée,
00:51:49 ça a dû titiller les ayants-droit un moment
00:51:51 à un autre, de se dire...
00:51:53 Parce que de l'intérieur,
00:51:55 il y a eu un véritable changement
00:51:57 dans le
00:51:59 traitement des japonais
00:52:01 pour l'étranger. C'est-à-dire qu'avant, on le disait,
00:52:03 ils ont déjà rentabilisé leurs séries,
00:52:05 s'ils se font un peu de sous en plus, tant mieux.
00:52:07 Ils vont pas cracher dessus, et puis ce qui se passe,
00:52:09 à la rigueur, ils s'en fichent. Désormais, c'est plus du tout
00:52:11 comme ça. - C'est l'inverse, maintenant.
00:52:13 Ils vont resserrer la vis et ils veulent garder
00:52:15 le contrôle total sur les séries.
00:52:17 - Qu'est-ce
00:52:19 qui a provoqué ça ? - C'est justement
00:52:21 toutes ces années d'avoir laissé...
00:52:23 Ils sont eux-mêmes responsables de ça. Ils ont laissé faire
00:52:25 pendant tant d'années... - Ça, ils le diront jamais.
00:52:27 - Non, mais...
00:52:29 C'est partagé, évidemment.
00:52:31 Il y a aussi des gens en France qui en ont
00:52:33 abusé et qui ont été peut-être au-delà
00:52:35 des limites ou du raisonnable.
00:52:37 Donc, effectivement, le contre-coup
00:52:39 aujourd'hui, c'est que
00:52:41 les Japonais ont conscience
00:52:43 qu'on ne traite pas les dessins animés japonais
00:52:45 de la même manière qu'à
00:52:47 l'étranger. Et
00:52:49 aujourd'hui, ils sont beaucoup plus présents. Ils peuvent
00:52:51 aussi garder le contrôle, parce que maintenant, avec Internet,
00:52:53 tout se fait. Donc, on ne peut pas sortir
00:52:55 quelque chose qui n'est pas approuvé
00:52:57 ou
00:52:59 modifié en programme.
00:53:01 - C'est super important, ce que tu dis, parce que
00:53:03 peut-être que pour des gens qui
00:53:05 n'ont pas, comment dirais-je,
00:53:07 le pied ou
00:53:09 les pieds dedans, ils peuvent penser
00:53:11 que, par exemple, si tu veux
00:53:13 diffuser, si tu veux faire un vêtement
00:53:15 d'une licence japonaise, etc.,
00:53:17 c'est assez simple. Mais en fait, non, tout est très
00:53:19 codifié, tout est très
00:53:21 surveillé, contrairement à l'époque.
00:53:23 C'est pour ça que je disais... - Et parfois à l'excès,
00:53:25 parce qu'ils ont tellement peur...
00:53:27 - Souvent à l'excès. - ...justement
00:53:29 qu'il y a un truc qui dérape, que
00:53:31 par prudence, ils refuseront beaucoup de choses.
00:53:33 - Et pour moi, ça, c'est les vestiges du Club Dorothée.
00:53:35 - C'est une des conséquences,
00:53:37 effectivement. Pas que nous, je pense qu'il y a eu
00:53:39 d'autres pays aussi. - Non, pas que nous, mais je veux dire,
00:53:41 par exemple, à contrario avec les États-Unis,
00:53:43 où il y a une plus grande souplesse
00:53:45 sur pas mal de niveaux
00:53:47 de la part des ayants droit japonais,
00:53:49 souplesse qu'on n'a pas en France.
00:53:52 Voilà, très honnêtement. - Alors, je ne veux pas dire
00:53:54 de bêtises, mais il me semble qu'il y a eu un procès
00:53:56 retentissant autour des droits voisins à la fin
00:53:58 des années 90, sur des choses
00:54:00 qu'Abbé considérait comme étant ses droits
00:54:02 dans ses contrats. Et en fait, on était
00:54:04 sur différentes lectures, effectivement, entre
00:54:06 les différents juristes de différents pays,
00:54:08 notamment sur les bandes
00:54:10 originales, si je ne dis pas de bêtises.
00:54:12 Il y a eu des choses un peu
00:54:14 retentissantes avec beaucoup d'argent à la clé,
00:54:16 qui a probablement aussi motivé
00:54:18 les Japonais à retenter le coup,
00:54:20 puisque là, on est quasiment déjà à la fin
00:54:22 du Club Dorothée. - Et du coup,
00:54:24 aujourd'hui, on a le recul,
00:54:26 on est tous des enfants du Club Dorothée,
00:54:28 chacun a une génération peut-être
00:54:30 différente.
00:54:32 Est-ce que vous pensez
00:54:34 que le Club Dorothée,
00:54:36 sans les animés du Club Dorothée,
00:54:38 auraient eu le même
00:54:40 impact avec un autre
00:54:42 type d'animation ? - Non, pas du tout. La preuve,
00:54:44 c'est que ça a existé.
00:54:46 Je vous ai parlé tout à l'heure de la première saison
00:54:48 du Club Dorothée, c'est exactement ça. C'est-à-dire
00:54:50 qu'ils ont misé sur deux choses.
00:54:52 Dorothée,
00:54:54 qui est elle-même le concept
00:54:56 de sa propre émission.
00:54:58 Quand ils lancent le Club Dorothée en 1987,
00:55:00 c'est vraiment une émission pratiquement improvisée,
00:55:02 ils ont que quelques semaines pour la préparer.
00:55:04 Et le premier nom de l'émission, c'est
00:55:06 Dorothée. Ça devait juste s'appeler Dorothée
00:55:08 au début. Les premiers documents
00:55:10 qu'on a, où il est question d'une émission
00:55:12 sur TF1, ça s'appelle Dorothée, juste Dorothée,
00:55:14 son logo.
00:55:16 Et l'autre partie, c'est la programmation
00:55:18 des dessins animés. Ils ont au début
00:55:20 beaucoup misé sur Dorothée, Dorothée, l'émission de Dorothée,
00:55:22 les chansons de Dorothée, et ils ont fait
00:55:24 comme ils ont pu avec la programmation des dessins animés.
00:55:26 Et à partir du moment où ils se sont
00:55:28 dit "Ok Dorothée, ça fait de l'audience,
00:55:30 mais c'est pas suffisant pour TF1",
00:55:32 là ils ont bossé la programmation, ils sont allés acheter des choses,
00:55:34 ils ont essayé de se renouveler, et puis ils ont
00:55:36 créé les séries qu'on connaît, les séries
00:55:38 d'AB Productions, mais c'est un autre sujet.
00:55:40 Mais oui, il y a deux raisons
00:55:42 au succès du Club Dorothée. L'animatrice
00:55:44 et ce qui gravite autour,
00:55:46 les autres animateurs, l'ambiance qu'elle apporte,
00:55:48 ses chansons, et le contenu des dessins animés.
00:55:50 Il y a ceux qui regardaient pour Dorothée,
00:55:52 il y a ceux qui regardaient pour les dessins animés,
00:55:54 il y a ceux qui regardaient pour les deux.
00:55:56 - Olivier, Romain, vous êtes d'accord ?
00:55:58 - Alors moi pour préparer l'émission, j'ai regardé
00:56:00 plusieurs émissions du Club Dorothée
00:56:02 sans les dessins animés, en entier.
00:56:04 - Sur Youtube, sans génération.
00:56:06 - Tout à fait, on les embrasse.
00:56:08 Je ne conseille à personne de le faire.
00:56:10 - C'est pas sympa, c'est moi qui ai créé cette chaîne.
00:56:12 - Ah non, je veux dire, je ne conseille
00:56:14 pas à personne de se lancer dans des grands
00:56:16 marathons comme j'ai pu le faire, parce que
00:56:18 effectivement... - Et encore un grand merci, Michael,
00:56:20 parce que tu as fait beaucoup de choses pour le Club Dorothée,
00:56:22 il faut le dire. - Si tu savais, Michael...
00:56:24 - Tu m'en occupes plus aujourd'hui.
00:56:26 - On salue l'équipe d'aujourd'hui, mais tu as
00:56:28 lancé le truc et tu as initié
00:56:30 beaucoup de choses. - On dit donc.
00:56:32 - Mais pour le coup, je ne suis pas certain que
00:56:34 le Club Dorothée aurait vraiment
00:56:36 aussi bien fonctionné sans les
00:56:38 animés.
00:56:40 Une des plus belles preuves de ça,
00:56:42 pour moi, c'est le succès des Minikums,
00:56:44 qui du coup est le concept inverse,
00:56:46 avec des animés qui sont aussi
00:56:48 un peu l'inverse, et qui vont
00:56:50 cartonner
00:56:52 comme jamais, en fait.
00:56:54 Comme s'il n'y avait pas de concurrence en face,
00:56:56 en proposant quelque chose de très différent.
00:56:58 - En ciblant autre chose, vraiment, les Minikums,
00:57:00 c'était une émission faite pour rassurer.
00:57:02 L'image du Club Dorothée,
00:57:04 elle était troublée par ces polémiques et par
00:57:06 certains programmes dont on
00:57:08 pouvait estimer qu'ils étaient un peu bêtes,
00:57:10 les sites comabes, par exemple.
00:57:12 Et les Minikums, France 3,
00:57:14 le service public, se disent
00:57:16 qu'il faut qu'on soit la version rassurante
00:57:18 pour les parents.
00:57:20 L'émission où il n'y aura aucune ambiguité,
00:57:22 il n'y a pas une goutte de sang dans les Minikums.
00:57:24 Vous pouvez regarder 10 ans de Minikums,
00:57:26 il n'y a pas un coup de poing.
00:57:28 - Il n'y a pas Batman dans les Minikums ?
00:57:30 - Oui, Batman, c'est culturel.
00:57:32 Mais voilà, les malheurs de Sophie,
00:57:34 c'est carré.
00:57:36 On peut mettre un enfant devant,
00:57:38 il n'y a aucune ambiguïté.
00:57:40 Le Club Dorothée a pris son risque,
00:57:42 a proposé autre chose,
00:57:44 se sont pris parfois un peu le backlash,
00:57:46 mais le fait est qu'ils étaient
00:57:48 largement devant et qu'ils ont
00:57:50 marqué autrement les esprits que les Minikums.
00:57:52 - Bien sûr.
00:57:54 Olivier ?
00:57:56 - Toujours difficile de parler un peu de ce bilan
00:57:58 du Club Dorothée.
00:58:00 Est-ce que ça a apporté quelque chose
00:58:02 ou au contraire, est-ce que ça a apporté du négatif ?
00:58:04 Je crois qu'en fait,
00:58:06 c'est contrasté, forcément.
00:58:08 Oui,
00:58:10 le Club Dorothée et la manière dont ont été diffusés
00:58:12 tous ces dessins animés, ça a fait du mal
00:58:14 à l'animation japonaise, puisque ça a continué
00:58:16 d'amplifier déjà les critiques
00:58:18 qui avaient commencé des Goldorak.
00:58:20 Donc ils ne sont pas à l'origine de ça,
00:58:22 mais ils n'ont rien fait pour rassurer
00:58:24 sur l'intérêt ou les qualités
00:58:26 de ces programmes.
00:58:28 Et d'un autre côté,
00:58:30 s'ils n'avaient pas acheté parfois un peu
00:58:32 à l'aveugle certains programmes,
00:58:34 ou s'ils avaient réfléchi peut-être deux secondes,
00:58:36 ils n'auraient peut-être jamais mis Ken le survivant,
00:58:38 ils n'auraient jamais mis Dragon Ball,
00:58:40 et on serait un pays comme l'Allemagne
00:58:42 ou le Royaume-Uni.
00:58:44 - Oh non, non, pitié ! Pas ça !
00:58:46 - Il y a eu sa vague,
00:58:48 qui a découvert l'animation japonaise aussi,
00:58:50 mais beaucoup plus tard,
00:58:52 dans les années 90,
00:58:54 quand a commencé à arriver le câble et le satellite
00:58:56 sur des chaînes directement plus thématiques,
00:58:58 et cette fois-ci vraiment dessinées plutôt
00:59:00 aux adolescents et aux jeunes adultes,
00:59:02 et du coup c'est tout un pan de culture
00:59:04 qu'ils n'ont pas aujourd'hui.
00:59:06 Donc voilà, ça s'est fait
00:59:08 pas forcément dans les meilleures conditions,
00:59:10 mais c'est un fait, grâce à Dorothée
00:59:12 et à son équipe, on a eu des séries
00:59:14 que peu de pays ont eues,
00:59:16 en tout cas de pays occidentaux.
00:59:18 - Et il y a une spécificité bien française,
00:59:20 vraiment aujourd'hui, par exemple si tu vas
00:59:22 à la FNAC et que tu vois le rayon
00:59:24 avec tous les mangas qui prend un peu plus
00:59:26 la place du rayon BD bien
00:59:28 franco-belge aujourd'hui,
00:59:30 c'est pas du tout la responsabilité de Dorothée,
00:59:32 mais il y a quelque chose de ce mouvement,
00:59:34 évidemment. - Rendons à César
00:59:36 ce qui appartient à César. - Oui, il y a quelque chose
00:59:38 de l'effet papillon, parce qu'un jour
00:59:40 ils ont lancé ces séries, aujourd'hui on a des rayonnages
00:59:42 remplis de mangas en France. - Ah non mais on va pas se mentir,
00:59:44 moi je ferais pas ce métier-là,
00:59:46 j'aurais pas eu cette passion pour l'animation,
00:59:48 j'aurais pas eu ce goût
00:59:50 pour le manga
00:59:52 si il n'y avait pas eu le Club Dorothée.
00:59:54 Très honnêtement, parce que oui,
00:59:56 ça n'a pas commencé avec le Club Dorothée,
00:59:58 mais ça a été tellement présent,
01:00:00 tellement persistant
01:00:02 que ça a fini
01:00:04 par percer
01:00:06 toutes nos armures
01:00:08 qu'on pouvait avoir,
01:00:10 et nos petits cœurs ont été touchés.
01:00:12 Et on parle du manga,
01:00:14 avant le Club Dorothée, le manga,
01:00:16 le medium manga en France, il est quasi
01:00:18 inexistant, donc il y a
01:00:20 quelques petits trucs, il y a du fascicule,
01:00:22 notamment avec Akira, il y a des choses
01:00:24 qui vont exister,
01:00:26 mais c'est vraiment les séries du Club Dorothée
01:00:28 qui vont... - Les premiers,
01:00:30 alors c'est pas les premiers mangas,
01:00:32 mais les premiers mangas populaires chez Glenna,
01:00:34 c'est Ranma 1, c'est Dragon Ball,
01:00:36 c'est justement les titres, les succès du Club Dorothée,
01:00:38 et il prend son essor
01:00:40 quand justement l'animation japonaise commence à disparaître
01:00:42 de TF1,
01:00:44 et ça pousse les gens
01:00:46 à découvrir ces oeuvres en manga,
01:00:48 c'est le début des éditeurs spécialisés
01:00:50 en vidéo aussi,
01:00:52 - Tonkam, - Voilà, Tonkam,
01:00:54 Kazé, tous ces gens-là, ils sont lancés,
01:00:56 justement, ils ont comblé le manque
01:00:58 que commençait à envoyer
01:01:00 l'arrêt des séries japonaises
01:01:02 sur les grandes chaînes. - On peut vraiment...
01:01:04 - Oui, pardon, non, non, vas-y, vas-y, Mickaël.
01:01:06 - En tout cas, on peut vraiment créditer
01:01:08 à Dorothée et son équipe de nous avoir
01:01:10 tous collectivement
01:01:12 ouverts à une toute autre culture.
01:01:14 - Clairement. - Je vois pas d'équivalent
01:01:16 de quelqu'un qui, à la télé,
01:01:18 nous a vraiment ouverts les yeux
01:01:20 sur une partie du monde qu'on ne connaissait pas
01:01:22 et qui nous l'a fait
01:01:24 aimer, peut-être pas
01:01:26 dans les meilleures conditions,
01:01:28 même si, quand même, ces dessins-animés, ils étaient là
01:01:30 tous les jours à la télé, ils étaient présentés correctement,
01:01:32 il y avait peut-être des dialogues...
01:01:34 - Aseptisés, on va dire.
01:01:36 - Aseptisés, voilà, mais ils ont pas non plus,
01:01:38 ils ont pas charcuté non plus
01:01:40 ces séries, enfin, ils les ont pas détruites,
01:01:42 ils les ont valorisées
01:01:44 peut-être d'une autre... - À part Ken. - Voilà.
01:01:46 Mais même Ken, comme moi, je regardais,
01:01:48 voilà, encore une fois, c'est différent,
01:01:50 mais quand on n'a pas
01:01:52 le recul pour comprendre
01:01:54 qu'en fait, c'est pas la vérité, la réalité
01:01:56 de l'œuvre, on n'est pas choqués.
01:01:58 Maintenant, je comprends que ça choque aujourd'hui
01:02:00 et il n'y a aucun souci là-dessus.
01:02:02 Merci beaucoup, en tout cas, à vous,
01:02:04 pour avoir évoqué avec moi
01:02:06 le Club Dorothée et les animés du Club Dorothée
01:02:08 et le contexte, parce que c'était important
01:02:10 de revenir un petit peu là-dessus, je pense,
01:02:12 et de replacer un petit peu
01:02:14 l'église au centre du village.
01:02:16 Merci à vous
01:02:18 pour cette expression qui date de 1987,
01:02:22 et on se retrouve très bientôt pour un nouvel épisode
01:02:24 de Dans la Légende.
01:02:26 (Générique)