Ecoutez l'interview du ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique.
Regardez L'invité de RTL du 23 mai 2023 avec Amandine Bégot.
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00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h44, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Mégaud vous recevez donc ce matin le ministre de l'économie Bruno Le Maire.
00:13 On va parler Bruno Le Maire dans un instant inflation et transition écologique. Vous répondrez notamment à la chronique de François Langley.
00:19 Mais d'abord cette annonce, vous l'avez annoncée ce matin sur RTL, ça y est l'État est à nouveau l'actionnaire unique d'EDF.
00:26 L'État a repris 98% du contrôle d'EDF et le 8 juin l'État aura 100% du contrôle d'EDF.
00:35 Concrètement ça change quoi ?
00:36 Concrètement ça va nous permettre de réaliser dans les meilleures conditions possibles le programme de construction de six nouveaux EPR.
00:43 Concrètement ça renforce l'indépendance énergétique du pays et puis ça nous permet aussi de fixer des exigences claires à EDF.
00:50 Nous avons une exigence, c'est que EDF augmente sa production d'électricité nucléaire et revienne le plus vite possible aux 350 TWh qui sont nécessaires aujourd'hui à notre pays.
01:03 Est-ce que vous pouvez ce matin nous garantir qu'avec un État actionnaire unique d'EDF, il n'y aura pas de risque de pénurie d'électricité l'hiver prochain comme ça a été le cas l'hiver précédent ?
01:11 Non, il n'y a pas de risque de pénurie. Je rappelle aussi que nous avons réussi à passer l'hiver dans de bonnes conditions,
01:16 qu'EDF, et je salue le travail d'EDF, a réussi à tenir ses engagements, 45 GW.
01:22 Aujourd'hui nous avons 19 réacteurs qui sont à l'arrêt, 37 réacteurs qui sont en marche.
01:27 Ils produisent 40 GW très exactement et nous exportons à nouveau de l'électricité.
01:32 Donc c'est la preuve qu'on peut reprendre la main sur notre production d'électricité, notamment d'électricité nucléaire.
01:38 En termes de tarifs pour nous consommateurs, est-ce que ça va changer quelque chose cette nationalisation ?
01:42 En clair, est-ce que ça va permettre de payer l'électricité moins cher ?
01:45 Ça va nous permettre de produire davantage, de réaliser dans les meilleures conditions possibles les réacteurs
01:50 et donc d'avoir un prix qui soit le plus bas possible. C'est bien ça l'objectif.
01:53 C'est important pour les ménages, c'est décisif aussi pour la compétitivité de nos entreprises.
01:58 Une des choses les plus importantes pour nos entreprises et donc pour nos emplois,
02:02 et pour éviter que les entreprises partent vers les États-Unis,
02:04 c'est avoir une électricité la moins chère possible avec de la visibilité sur le prix.
02:10 Et c'est ça que nous voulons garantir à la fois aux ménages et au monde économique français.
02:14 Ça a un coût ? 9,7 milliards d'euros, c'est beaucoup. Comment on finance ça ?
02:18 On n'augmentera pas les tarifs de l'électricité pour financer ça ?
02:22 Non, on y travaille, on cherche aujourd'hui des options.
02:25 Il faut avoir des solutions à partir de 2026, donc on a un peu de temps pour définir ces solutions.
02:29 Il y a une inquiétude aussi du côté des syndicats qui redoutent que cette nationalisation
02:32 ne débouche à moyen terme sur un démembrement d'EDF. Vous les rassurez ce matin, il n'y aura pas...
02:38 Ce serait quand même un peu chadoc de prendre 100% du contrôle pour démenter l'entreprise.
02:43 Si l'État prend 100% du contrôle, c'est justement pour garantir l'unité d'EDF.
02:48 Mais vous avez refusé que ce soit inscrit dans la loi.
02:50 Mais parce que quand vous prenez 100% du contrôle, je sais que certains ont voulu après faire de nouveaux textes de loi.
02:54 Il y a beaucoup de textes de loi inutiles. Donc quand vous prenez 100% du contrôle,
02:58 c'est bien pour garantir l'unité, l'efficacité, l'indépendance d'EDF.
03:02 Donc EDF restera indépendant, uni, et l'objectif, vous nous le dites ce matin...
03:06 Mais avec un objectif très clair, c'est qu'ils augmentent leur production d'électricité nucléaire.
03:10 L'objectif, c'est le plus vite possible, 350 TWh de production.
03:14 Dans ce contexte, Elisabeth Born a présenté hier un grand plan pour réduire au plus vite les émissions de gaz à effet de serre.
03:19 Tout un tas de secteurs sont concernés, ça va des transports aux bâtiments en passant par l'agriculture.
03:23 L'idée, on le rappelle, c'est de réduire de 50% nos émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030,
03:28 c'est-à-dire dans 6 ans et demi. Et tout cela à un coût, François Langlais en parlait à l'instant,
03:33 66 milliards en tout, en plus, chaque année, dit Jean Pizani-Ferry.
03:38 34 milliards d'euros d'investissement public en plus.
03:41 Il plaide pour un impôt exceptionnel et temporaire sur le patrimoine des Français les plus riches.
03:47 Vous répondez quoi ? Bonne idée ?
03:49 - Je ne pense pas que ce soit la solution.
03:50 Je voudrais d'abord rappeler à quel point la transition climatique,
03:54 c'est l'enjeu stratégique des générations qui viennent, de notre génération et des générations qui viennent.
03:58 Donc il faut prendre le problème à bras-le-corps.
04:00 Le coût, je rejoins totalement Jean Pizani-Ferry là-dessus, il est très élevé, 60 à 70 milliards d'euros par an.
04:08 Et Jean Pizani-Ferry a fait un travail remarquable avec ce rapport,
04:11 pour bien chiffrer à chaque fois les dépenses et ce que ça représente pour notre économie.
04:16 Est-ce que l'impôt est une solution ? Non.
04:18 Pour une raison qui est simple, c'est que les 10% dont parle Jean Pizani-Ferry,
04:21 mais le mentionne uniquement comme une option, pas comme une nécessité,
04:24 ces 10% de contribuables, ils payent déjà 75% de l'impôt sur le revenu.
04:29 Notre politique est de baisser les impôts, de baisser la pression fiscale,
04:34 dans un pays qui a la pression fiscale la plus élevée de tous les pays développés.
04:37 Et vous le trouvez où cet argent ? 60 à 70 milliards par an, c'est énorme ?
04:40 Ça restera notre politique. Mais je veux d'abord vraiment rassurer tous les contribuables qui nous écoutent,
04:44 nous n'augmenterons pas les impôts, nous ne pensons pas que dans un pays qui est le plus taxé,
04:49 une nouvelle taxe, un nouvel impôt soit la solution.
04:52 Est-ce qu'il existe des solutions alternatives ? Oui. J'en vois au moins 4.
04:55 La première, elle est mentionnée par Jean Pizani-Ferry à juste titre,
04:59 c'est de verdir la fiscalité existante.
05:01 Si vous investissez sur la transition climatique, il faut arrêter de financer les énergies fossiles,
05:06 ou les activités qui sont polluantes.
05:08 Quand je propose dans la loi Industrie verte, que nous examinerons dans quelques semaines,
05:12 d'alourdir la fiscalité sur les véhicules les plus lourds,
05:16 de baisser le seuil de 1,8 tonnes à 1,7 ou 1,6,
05:21 de déplafonner le malus qui aujourd'hui est plafonné à 50% de la valeur du véhicule sur les véhicules les plus polluants,
05:27 vous verdissez la fiscalité. Donc vous prenez de l'argent ?
05:30 Vous prenez de l'argent, c'est ce qui pollue.
05:32 C'est quand même plus intelligent que d'aller le prendre sur le contribuable.
05:36 Il faut verdir notre fiscalité.
05:38 Vous ne pouvez pas à la fois garder des avantages fiscaux pour les énergies fossiles,
05:42 et dans le même temps dire que vous allez financer la transition écologique.
05:46 Ce serait totalement contradictoire.
05:48 Moi j'aime la clarté et la simplicité.
05:50 Notre fiscalité doit être verte.
05:52 Justement, soyons très concrets, juste sur ce point,
05:55 vous parlez de verdir et de ne plus...
05:58 Est-ce qu'on peut par exemple taxer plus le carburant ?
06:00 Puisque ça, ça pollue.
06:01 Vous avez des avantages fiscaux, par exemple sur le gazole non routier,
06:05 sur lesquels nous discutons,
06:07 sur lesquels il faudra faire évoluer la fiscalité,
06:09 mais en accompagnant les gens.
06:11 Prenez une entreprise de travaux publics,
06:13 qui aujourd'hui bénéficie d'une fiscalité avantageuse sur le GNR.
06:16 Lorsque vous récupérez de l'argent en réduisant les avantages fiscaux
06:20 sur les énergies fossiles,
06:22 il faut aussi en redistribuer à tous ceux qui doivent acheter un véhicule électrique,
06:25 qui doivent acheter un engin de chantier électrique,
06:28 et qui disent "je ne peux pas le financer".
06:30 C'est comme ça qu'on réussira la transition écologique.
06:32 - Mais du coup, vous ne répondez pas à ma question.
06:33 - En étant clair et en accompagnant les gens.
06:34 - Il faudrait taxer plus le carburant qui lui pollue ?
06:37 - Non, il ne s'agit pas de taxer plus le carburant.
06:39 Il s'agit juste de réduire les avantages fiscaux
06:42 qui existent sur des énergies fossiles.
06:44 Deuxième option, mobiliser l'épargne des Français.
06:47 Vous avez aujourd'hui 530 milliards d'euros
06:49 qui sont sur le livret A, sur le Livret de Développement Durable,
06:52 et qui ne sont pas forcément fléchés vers les investissements verts.
06:55 Nous voulons les flécher vers les investissements verts.
06:58 Là aussi, je reprends le projet de loi Industrie Verte,
07:00 le plan d'épargne verte que nous mettrons en place,
07:04 avec des conditions fiscales extrêmement vantageuses.
07:06 Il doit financer intégralement la transition écologique.
07:10 Nous allons obliger, dans les plans d'assurance vie,
07:12 chaque plan d'assurance vie à avoir ce qu'on appelle une unité de compte
07:16 qui doit servir au financement de la transition écologique,
07:19 aux investissements verts.
07:20 Nous devons mobiliser toutes l'épargne des Français,
07:23 le plus possible, vers la transition écologique.
07:25 - Ça ne passera pas par une politique du chèque ?
07:28 D'ailleurs au passage, Pierre-Maurice Coviti,
07:29 si ce matin, vous vous rappelle un peu à l'ordre, entre guillemets,
07:32 en disant "il faut finir".
07:33 - Je finis juste sur les solutions alternatives.
07:35 La troisième, c'est le financement par les entreprises,
07:37 parce qu'il ne faut pas oublier que c'est l'intérêt des entreprises
07:39 d'aller investir dans les éoliennes ou dans les panneaux solaires,
07:41 ça leur rapporte de l'argent ensuite.
07:43 Enfin, la quatrième solution, c'est la mobilisation des banques,
07:46 la mobilisation de la Banque Européenne d'Investissement
07:48 qui doit devenir la Banque du Climat.
07:50 Voilà quatre solutions alternatives que je mets ce matin sur la table,
07:53 verdir notre fiscalité, mobiliser l'épargne des Français,
07:57 financer avec les entreprises,
07:59 mobiliser les banques et notamment les banques européennes,
08:01 tout ça doit nous permettre d'avoir les moyens de financer la transition écologique.
08:05 - Sans aggraver l'état de nos finances publiques ?
08:07 - Sans aggraver l'état de nos finances publiques,
08:09 les deux options qui ne sont pas de bonnes options à mon sens,
08:12 c'est l'augmentation des impôts
08:14 ou l'augmentation de notre dette qui est déjà trop élevée.
08:16 - Deux petites questions autour de l'inflation,
08:18 c'est la préoccupation du moment pour la plupart de nos auditeurs,
08:22 concrètement les négociations, reprise des négociations,
08:25 vous l'avez annoncé la semaine dernière entre la grande distribution et les industriels,
08:28 elles vont reprendre quand ces négociations ?
08:30 Et quand est-ce qu'on verra en rayon le résultat ?
08:33 - Je souhaite qu'elles reprennent d'ici la fin de la semaine,
08:35 début de la semaine prochaine, c'est-à-dire vraiment la fin du mois de mai.
08:38 Je me réjouis de voir que maintenant tout le monde joue le jeu,
08:40 les distributeurs qui vont prolonger le trimestre anti-inflation au-delà du 15 juin,
08:46 les grands industriels, les 75 grands industriels de l'agroalimentaire
08:49 qui ont accepté de rouvrir les négociations commerciales, c'est la première fois que ça arrive.
08:52 - Mais ce n'est pas parce qu'on rouvre les négociations qu'on négocie vraiment ?
08:55 - On négocie pour baisser les prix, je veux être très clair,
08:57 le consommateur voit dans le rayon que les prix baissent,
09:00 et ces prix doivent baisser à partir de la rentrée prochaine.
09:02 Je prends l'exemple du paquet de pâtes,
09:05 on doit stopper l'inflation sur le prix du paquet de pâtes et sur les produits alimentaires,
09:09 c'est l'objectif de ces négociations.
09:10 - Baisser ou arrêter d'augmenter ?
09:11 - Arrêter d'augmenter, c'est la première chose, et ensuite baisser.
09:14 - D'un mot, vous parlez du paquet de pâtes, ce week-end dans l'émission "Quelle époque sur France 2",
09:19 vous avez évoqué vos quatre enfants à nourrir, ce sont vos mots,
09:21 ça a suscité pas mal de polémiques d'une partie de l'opposition qui dénonce une déconnexion.
09:27 - Une déconnexion pourquoi ?
09:28 - Je vous pose la question, est-ce qu'à vouloir essayer de dire la vraie vie,
09:32 je connais, vous n'êtes pas un peu pris les pieds dans le tapis Bruno Le Maire ?
09:35 - Bah non, parce que la vraie vie, oui je la connais,
09:37 comme n'importe quel autre responsable politique, comme vous journaliste, comme Sophie de Vécoudard.
09:41 - Sauf que les fins de mois d'un ministre ne sont pas forcément les mêmes que celles...
09:43 - Non, non, que les fins de mois d'un ministre ne sont pas les mêmes que les fins de mois de quelqu'un qui touche 1200 ou 1300 euros par mois.
09:49 Mais je vois des chiffres qui circulent sur les réseaux sociaux sur le montant de rémunération des ministres
09:53 qui sont totalement faux, ma rémunération elle est totalement transparente.
09:56 - C'est combien ?
09:57 - J'ai 7450 euros net par mois, une fois les impôts déduits.
10:02 J'ai une famille, j'ai quatre enfants, je fais mes courses, je paye mon alimentation et c'est bien normal.
10:07 Contrairement à ce qu'il dit dans les réseaux sociaux, je n'occupe pas mon logement de fonction, je paye mon loyer, voilà.
10:12 C'est des choses qui méritent d'être dites.
10:14 Je ne vois pas pourquoi les politiques seraient mieux traités que les autres,
10:18 mais je ne vois pas pourquoi ils seraient moins bien traités.
10:20 - Eh bien, elles sont dites ce matin. Merci beaucoup.
10:22 [SILENCE]