Festival de Cannes : Virginie Efira et Melvil Poupaud, dans l'enfer du couple

  • l’année dernière
Dans le dernier film de Valérie Donzelli « L'Amour et les Forêts », Virginie Efira et Melvil Poupaud incarnent un couple proche de l'enfer.

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Transcript
00:00 On sentait tout de suite, on a senti tous les deux qu'on était dans quelque chose
00:03 d'extrêmement maîtrisé, choisi, voulu, particulier.
00:06 - Tu te plains de ton mari ? - Pourquoi tu veux toujours que je me plaigne de toi ?
00:11 - Pardon, excusez-moi. - Pourquoi tu m'as raccroché au nez ?
00:14 - J'étais en cours. - Tu rentres à quelle heure ?
00:16 - 17h. Pourquoi ? - Il t'appelle tout le temps ton mari.
00:19 - Oui, il est comme ça. - Ah !
00:21 - Bah, tu es complètement fou ! - Je te parle, mais tu réponds pas.
00:24 J'y réfléchis et on va rester là pour Noël, c'est beaucoup plus simple.
00:27 - T'as besoin de voir du monde ? - On a besoin de voir personne, on est bien tous les deux.
00:35 Je te veux que pour moi.
00:37 Pour moi, c'était une aubaine que ce soit avec Melville, qui a une grande douceur dans son existence.
00:45 Et qui, du coup, à partir du moment où on était entre le action et le coupé,
00:51 où c'était vraiment le petit train des angoisses,
00:54 c'était des scènes assez longues, très violentes,
01:00 et le fait de se connaître un tout petit peu dans la vie et de connaître sa douceur
01:04 permettait à Couper de revenir à un réel un peu moins angoissant.
01:09 Déjà, le scénario était très bien écrit, le scénario d'Audrey Diwan et de Valérie Donzelli.
01:13 D'après un livre qui était aussi très fort et très documenté,
01:17 du coup, en fait, moi, j'ai fait confiance à la réalisatrice.
01:19 Je me suis aussi beaucoup reposé sur notre relation avec Virginie,
01:22 sachant qu'on avait beaucoup d'affection l'un pour l'autre.
01:24 On pouvait, pendant les scènes, au contraire, aller très loin dans la violence,
01:27 sans zone grise et sans avoir peur de se lâcher,
01:31 d'aller le plus loin possible dans ce qui devait être raconté.
01:34 Et puis ensuite, je me suis surpris pendant le tournage à être à 100%,
01:38 très bien dirigé par Valérie.
01:40 Et puis, quand on est embarqué, comme disait Virginie, dans des longues scènes comme ça,
01:43 des longs plans séquences et que c'est bien écrit,
01:45 on monte palier par palier dans une espèce de rapport.
01:48 Et puis, on va chercher au fond de soi des zones là, pour le coup, très, très sombres
01:52 et qui sont des fois pas agréables à faire sortir, mais disons au moins un peu libératrices.
01:58 Il y a des scènes après lesquelles je me sentais un peu vidé,
02:01 mais aussi vidé d'une énergie négative qui s'était échappée
02:04 et qui fait des fois du bien à lâcher.
02:06 C'est-à-dire qu'en fait, plus que l'idée d'un personnage,
02:08 moi j'aime bien l'idée que ce soit des états qu'on côtoie,
02:11 et donc ça a à voir avec le corps, en fait.
02:13 Donc moi, j'actionne la gamme de la souffrance,
02:15 c'est-à-dire qu'il peut y avoir de la peur là-dedans,
02:17 il peut y avoir un impact physique.
02:19 Ce qui est très particulier, c'est de se rendre compte que le corps a une mémoire.
02:21 Moi, je sais très bien que je suis dans une représentation de quelque chose.
02:23 Mais le corps, lui, n'a pas forcément ces informations-là.
02:25 Donc le corps a subi une violence,
02:27 qui n'est pas non plus dramatique,
02:29 puisqu'on est quand même dans la représentation,
02:30 mais le corps ne le sait pas.
02:31 Ce qui fait qu'au moment du coupé,
02:33 comme l'état a été mis en place,
02:35 il y a un petit temps de latence quand même.
02:37 Et puis ce qui était beau aussi sur ce tournage,
02:39 c'est que toute l'équipe était vraiment à fond avec nous
02:41 et très attentive à ce qui se passait pendant les scènes,
02:43 comme si le film avait une résonance chez chacun,
02:45 aussi bien les hommes que les femmes.
02:47 Et je sais qu'après les scènes les plus difficiles qu'on avait ensemble,
02:50 il y avait quelque chose de l'émotion aussi
02:52 et de la communion au sein de l'équipe entre nous,
02:54 parce qu'on se connaît bien, Valérie aussi,
02:56 mais même aussi dans les techniciens,
02:58 comme si cette histoire devait être racontée
03:00 et que ça faisait du bien à tout le monde
03:02 de mettre en scène ces trucs-là pour les expier.
03:04 Puis il y avait quelque chose d'assez marrant,
03:06 spécial en tout cas à vivre,
03:08 c'est qu'on a commencé avec les scènes les plus dures.
03:10 On a commencé avec le décor de la maison,
03:12 de l'intimité, c'est-à-dire que dans cette phase,
03:14 dans la phase la plus crue et dure
03:18 du rapport d'emprise, c'est-à-dire après la séduction,
03:20 quand les choses les plus corsées sont là.
03:22 Et donc ça c'était dans une première étape de tournage
03:24 et c'est ensuite seulement qu'on a fait les scènes de rencontres
03:28 où finalement le truc difficile c'était de retrouver l'éclat,
03:32 celui où on aime, celui où on projette un avenir radieux.
03:35 Ça monte un peu graduellement, c'est ça qui est beau dans le film,
03:37 c'est qu'on décortique vraiment comment une relation dégénère
03:39 et comment un type se met à avoir un comportement dangereux
03:43 avec trop d'emprise et très manipulateur.
03:45 Mais du coup, ce que dit Virginie,
03:47 et je pense que Valérie l'avait intégré,
03:49 de commencer par les scènes les plus sombres
03:51 et les plus de tension extrême,
03:53 quand on est revenu aux scènes du début, de séduction et tout ça,
03:55 il y avait quand même cette petite couleur,
03:57 moi en tout cas pour mon personnage, ça m'a aidé,
03:59 parce que c'est pas non plus, on pouvait pas passer
04:01 du prince charmant le plus doux, le plus gentil,
04:03 à quelqu'un de monstrueux.
04:04 Du coup, il y avait déjà cette graine un peu nocive
04:06 qui était en mon personnage et qui m'a aidé
04:08 à la fois jouer un petit peu la séduction,
04:10 mais quand même avec ce fond très sombre
04:12 et un petit peu dangereux qui m'habitait.
04:14 De même qu'on a tourné toutes les scènes vraiment de nuit,
04:16 parce qu'elle avait choisi une maison avec des grandes dévitrées,
04:18 du coup on pouvait pas faire semblant que c'était la nuit
04:20 et tourner le jour,
04:21 et elle voulait qu'il y ait cette atmosphère
04:23 un peu nocturne, un peu d'angoisse,
04:26 parce que le film joue aussi avec le genre,
04:28 c'est presque un film...
04:29 - Oui, complètement.
04:30 - Comme un thriller, ouais.
04:31 Du coup, elle voulait qu'on soit nous aussi dans cet état
04:33 peut-être de fatigue, d'aller un petit peu au bout des choses.
04:36 - Elle a travaillé avec un chef opérateur
04:38 que j'aime beaucoup, Laurent Tangy,
04:40 qui avait fait l'événement par exemple avec Audrey Diwan
04:42 et tout ça.
04:43 Il y avait une particularité dans le traitement des couleurs,
04:46 de l'image, du cadre et tout ça,
04:48 et on sentait tout de suite, on a senti tous les deux
04:50 qu'on était dans quelque chose d'extrêmement maîtrisé,
04:53 choisi, voulu, particulier.
04:55 On va effectivement dans le thriller, dans le genre,
04:57 mais avec une subjectivité très très forte
04:59 et un travail sur la réalisation extrêmement particulier.
05:03 - C'est son film le plus maîtrisé,
05:05 et elle a des parties prises très fortes
05:07 et qui accompagnent l'histoire,
05:08 qui vont dans le sens de la psychologie des personnages
05:11 dans le côté cinématographique, thriller dont parle Virginie.
05:14 Et donc c'est vraiment un film de cinéma,
05:16 ce n'est pas un documentaire ou un énième reportage
05:18 sur un cas ou un fait divers.
05:20 Il y a quelque chose de l'ordre d'Hitchcock presque,
05:22 ou parfois un peu de Kubrick.
05:24 Enfin, il y a des références comme ça au genre et au cinéma
05:26 qui aident, je trouve, le film.

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