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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie

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Transcription
00:00 Emmanuel Ducrox du journal L'Opinion, la France, vous nous dites ce matin, va devoir démanteler les activités du fret ferroviaire de la SNCF.
00:07 Clément Beaune, ministre des Transports, l'a annoncé mardi au syndicat de l'entreprise. Qu'est-ce que c'est que cette décision ?
00:12 - Un fret SNCF... Pardon, il faut d'abord rappeler ce qu'est fret SNCF, c'est 780 millions d'euros de chiffre d'affaires
00:17 et c'est la filiale de transport de marchandises par le rail de la SNCF, une entreprise qui n'allait pas très fort jusqu'à une époque récente, elle perdait de l'argent.
00:24 Et la France l'a négligée, mais elle l'a tout de même maintenue à flot financièrement entre 2005 et 2019 parce qu'il y a des enjeux économiques, territoriaux forts avec ce fret ferroviaire.
00:34 Mais les autorités de la concurrence européenne estiment que ce soutien était illégal et elle demande le remboursement par fret SNCF de 5 milliards d'euros d'aide.
00:43 - C'est une somme colossale, 5 milliards.
00:45 - Bah oui, énorme que fret SNCF n'a évidemment pas, si elle devait les payer, elle mourrait immédiatement.
00:50 Et donc la France n'a pas moulte solution, si elle veut sauver le fret ferroviaire de l'opérateur public qui a 60% du marché en France,
00:57 elle doit le liquider pour ne pas avoir à payer les 5 milliards.
01:01 La dette va disparaître avec tout le passif et cette décision devrait arriver d'ici l'été.
01:05 - Mais ça veut dire que la société va disparaître pour repartir de zéro ?
01:09 - Bah c'est presque ça, en fait la France va devoir faire renaître les activités de fret SNCF sous une autre forme juridique, avec un autre nom et surtout avec un périmètre différent.
01:19 Ça veut dire quoi ? Bien que le nouveau fret SNCF va devoir laisser toute une partie de ses contrats à la concurrence, 20% de son chiffre d'affaires,
01:26 des contrats avec des grosses entreprises qui seront à l'avenir opérées par des opérateurs privés comme Europort, qui est une filiale de Getlink, c'est Eurotunnel,
01:34 ou par des opérateurs publics étrangers comme la Deutsche Bahn.
01:37 - Ça tombe quand même assez mal cette histoire pour le fret ferroviaire de la SNCF, parce que cette société allait de mieux en mieux.
01:44 - Et bien oui, depuis deux ans elle avait retrouvé une petite rentabilité opérationnelle et la part modale du fret ferroviaire en France avait recommencé à augmenter doucement.
01:51 Ça veut dire que 10% des marchandises circulent désormais par le rail, le reste transite par la route.
01:56 On est très en retard par rapport à l'Allemagne qui est à 18%, mais enfin il y avait un petit mieux.
02:01 C'est un enjeu crucial que ce fret ferroviaire parce que c'est une solution pour décarboner un des postes les plus émetteurs en CO2 de notre économie, le transport.
02:08 Le fret ferroviaire c'est très efficace énergétiquement et puis comme ça fonctionne à l'électricité nucléaire en France,
02:14 et bien c'est zéro CO2, la route ne peut pas s'aligner sur ce point.
02:17 - Donc si je résume, la Commission européenne exige de la France qu'elle casse une entreprise qui est stratégique pour l'écologie au moment où cette même entreprise relève la tête.
02:26 - Bah oui, exactement, et pour laquelle il y a eu de très gros efforts techniques et commerciaux.
02:30 Alors la France a bien plaidé qu'elle avait bien fait de soutenir une entreprise centrale pour la transition écologique, mais la Commission n'a rien voulu entendre.
02:36 - On ne comprend pas trop quand même les messages de Bruxelles.
02:39 - Ah bah oui, c'est le moins qu'on puisse dire. D'un côté elle fait de la lutte contre le changement climatique sa priorité absolue qui préside à absolument toutes ses politiques,
02:46 et puis d'un autre côté elle exhume un grief pour des questions de concurrence alors qu'il n'y a aucun plaignant dans cette affaire,
02:51 et elle se lance dans une procédure de sanction qui va plomber le transfert de marchandises de la route vers le rail, et donc la lutte contre le changement climatique.
02:59 Des injonctions contradictoires qui sapent ses propres priorités écologiques, on est en plein conflit de bureaucratie. La Commission sur ce dossier déraille complètement.
03:07 - Oui mais le règlement c'est le règlement, vous dira Emmanuel Ducroix. Merci beaucoup Emmanuel.
03:11 du journal L'Opinion à lundi, vous aussi.