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NewsTranscription
00:00 - Alors Jenny Bastier, "Décivilisation" toujours avec vous. Vous avez creusé l'histoire de cette notion
00:07 qu'a exploité cette semaine Emmanuel Macron pour qualifier cette série de violences diverses dans la société.
00:13 D'où vient ce terme ? La polémique gravite aussi sur les origines du terme.
00:17 - Oui et surtout, ce qui m'intéressait, c'est les réactions qu'a suscité ce mot dans l'espace médiatique.
00:22 Alors c'est un mot qui a fait bondir tous ceux qui sont plus choqués par les mots que par les faits.
00:26 Marine Tondelier par exemple, la patronne des Verts, qui a dit qu'il ne fallait pas être dans la surenchère permanente.
00:31 Curieux éloge de la modération de la part de celle qui veut la suppression de CNews et des milliardaires.
00:36 L'intellectuel organique du wokisme, François Cusset, a lui dénoncé dans Libération, je cite,
00:42 "un mépris paternaliste et colonialiste de la part du président de la République".
00:46 Alors pour Edouid Plenel, le patron de Mediapart, la décivilisation est carrément, je cite,
00:51 "un concept fumeux inventé par l'écrivain d'extrême droite Renaud Camus, déjà inventeur de l'idéologie raciste du grand remplacement".
00:58 Alors effectivement, Renaud Camus a écrit un livre qui porte ce titre,
01:02 "Décivilisation", tout comme il a écrit un ouvrage intitulé "Le département du Gers".
01:06 Alors faut-il débaptiser le département du Gers ?
01:09 On voit bien que tout cela est ridicule et relève d'une pratique devenue courante,
01:13 qui consiste à diaboliser les mots pour nier la réalité à laquelle il renvoie.
01:16 - D'où vient cette expression justement, Eugénie, "décivilisation" ?
01:20 - Alors c'est pas du tout un concept d'extrême droite, comme le dit Edouid Plenel.
01:23 C'est une expression qui a été soufflée au président de la République par le sondeur Jérôme Fourquet,
01:28 et qui renvoie aux travaux d'un intellectuel juif allemand, Norbert Elias,
01:32 qui a publié, lorsqu'il était en exil en Angleterre en 1939, un livre intitulé "Le processus de civilisation".
01:39 Alors, de quoi parlait Norbert Elias avec cette expression ?
01:42 Il appelait ainsi le phénomène de raffinement des mœurs, ce qui a eu lieu en Occident à partir de la Renaissance,
01:48 des arts de la table à l'habillement, en passant par les relations interpersonnelles,
01:51 s'est mis en œuvre un processus de domestication des pulsions, de retenue, de distance, de civilité.
01:58 Mais attention, avertissait Norbert Elias, ce processus peut s'inverser.
02:02 La civilisation est le fruit de siècles de contraintes.
02:05 Ce n'est pas un acquis définitif, mais une conquête fragile et provisoire, qui peut très rapidement s'inverser.
02:11 C'est ce qui s'était passé en Allemagne dans les années 30,
02:14 un processus de décivilisation, de brutalisation des rapports sociaux s'est mis en œuvre,
02:19 qui a permis l'émergence du nazisme.
02:20 - Bon, est-ce qu'on n'en est pas là tout de même en France ?
02:22 - Oui, bien sûr, comparaison n'est pas raison,
02:25 mais c'est vrai que la multiplication des agressions de basse intensité,
02:28 la violence à l'égard des élus, des soignants, des policiers,
02:30 la hausse indéniable de la délinquance, la toxicomanie, la massification de la pornographie,
02:35 le manque de savoir-vivre dans les transports et dans la rue,
02:38 la dégradation de la politesse la plus élémentaire,
02:40 tout cela indique en effet un processus de relâchement des mœurs,
02:44 d'affaissement des institutions et des autorités.
02:47 Alors ce n'est pas l'écrasement de l'individu par les masses,
02:50 comme c'était le cas des totalitarismes,
02:51 c'est plutôt au contraire un individualisme exacerbé, narcissique,
02:55 qui ne supporte plus aucune obligation sociale.
02:58 "Un homme, ça s'empêche", disait Camus, par Renaud Albert.
03:01 "Un homme, ça ne s'empêche plus, tel est peut-être le problème de notre temps."
03:05 Alors, comme nous n'avons plus de mœurs, nous multiplions les lois.
03:09 Chaque fait divers appelle sa circulaire.
03:11 Difficile de répondre à ce processus,
03:14 mais Emmanuel Macron a eu le mérite de trouver le mot juste pour bien nommer les choses.
03:17 - Mais comme souvent, le président de la République établit souvent,
03:20 très souvent, les bons diagnostics et sait trouver les termes.
03:23 Merci à toutes les deux pour vos regards complémentaires, Eugénie Bastier-Catrinet.