La décivilisation, un aveu de faiblesse

  • l’année dernière

Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Catherine Nay livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Catherine Nay - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/catherine-nay-les-signatures-deurope-1

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00:00 - Il est l'heure de vos signatures du vendredi, Eugénie Bastier pour sa revue de précepto des idées dans un instant.
00:05 Bonjour Eugénie. - Bonjour Dimitri.
00:07 - Un mot à la une ce matin, décivilisation, il est long.
00:12 Eh bien c'est le mot qu'a choisi aussi pour nous parler cette semaine Catherine Ney également.
00:17 Bonjour Catherine. - Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:19 - Décivilisation, mot lâché par le président de la République mercredi.
00:23 En Conseil des ministres pour évoquer le climat de violence en ce moment en France,
00:27 il enjoint le président les ministres de travailler en profondeur pour contrer ce processus.
00:32 Est-ce que la route sera longue Catherine ? - Ah oui, ça oui.
00:35 Décivilisation, c'est le mot qu'il fallait pour qualifier nos mots.
00:40 Cette brutalisation qui envahit notre quotidien.
00:42 Le président s'est attardé sur plusieurs drames récents.
00:45 L'infirmière poignardée à l'hôpital de Reims,
00:48 trois policiers de Roubaix tués dans une collision
00:50 avec un conducteur qui roule en tant que contre-sens positif à l'alcool et au cannabis.
00:55 Les fusillades à Marseille, la démission fracassante du maire de Saint-Brévent.
00:59 Et ne pas oublier son petit-neveu, tabassé, coup de pied dans la tête devant son magasin.
01:03 Tenez, aujourd'hui encore, trois gendarmes roués de coups à Calais par des migrants.
01:07 Ça ne s'arrête pas. - Donc il a eu raison Emmanuel Macron d'employer ce mot ?
01:11 - Oui, parce qu'il correspond à ce que chacun ressent, qu'il y a quelque chose de détraqué.
01:15 La civilisation, qu'est-ce ? Et bien c'est être civilisé.
01:19 Accepter les règles de conduite, les ordres, les normes qu'elle impose.
01:23 C'est juguler ses pulsions pour un mieux vivre ensemble.
01:27 Mais, glissement sémantique, en novembre dernier, devant l'Association des maires de France,
01:31 eux aussi très marqués par les agressions physiques et verbales, dont ils sont victimes, +32% en 2022,
01:37 le président voulait conduire avec eux un travail de civilisation.
01:41 Mais là c'était presque optimiste, il croyait cela possible.
01:44 Parler aujourd'hui, six mois après, de décivilisation, c'est presque un constat d'impuissance.
01:49 Reconnaître qu'on est dépassé.
01:51 - C'est un problème, non pas strictement français, mais occidental.
01:55 Tout ce qui est autorité, encadrement est rejeté.
01:57 - C'est vrai, mais je dirais qu'en France il y a un problème particulier, alors pêle-mêle.
02:01 On déconstruit l'État depuis 40 ans.
02:04 D'abord à l'école, est-il normal que plus d'un tiers des enfants arrivent en 6ème,
02:08 en maîtrisant mal la lecture, l'écriture, les méthodes semi-globales, globales, ont fait des ravages.
02:15 Et quand on n'a pas les mots, on casse.
02:17 Aujourd'hui, il y a des profs qui ont peur des élèves.
02:20 Enseigner la laïcité, c'est trop risqué.
02:22 Et puis il y a aussi des instituteurs qui parlent à des enfants tout petits de changement de genre, de sexe.
02:27 Mais où va-t-on ?
02:28 Et puis il y a la politique des droits de l'homme.
02:30 Il n'y a plus que des droits individuels extensibles, ce qui empêche le maintien de l'ordre.
02:35 Il y a trop d'immigrés ? 72% des français le disent.
02:38 Mais qui décide ? Les politiques ? Mais non.
02:40 Ce sont les juges qui pilotent le Conseil constitutionnel, le Conseil d'État,
02:45 au nom des droits de l'homme, et l'État n'a plus qu'à distribuer des prestations.
02:49 Et la France est le pays le plus généreux.
02:51 Appel d'air.
02:52 - Mais diriez-vous, Catherine, que ces dernières années,
02:54 les gilets jaunes ont été un catalyseur de tensions ?
02:57 - En réalité, ce sont les inégalités qui poussent l'individu à se venger sur des boucs émissaires,
03:02 les nantis, les intellos, le pouvoir.
03:05 Mais faute d'interlocuteurs sur place, ils sont venus purger leur colère à Paris,
03:09 tuer le roi, et c'est pas Mélenchon qui les a découragés.
03:12 Alors Macron est devenu la tête de Turc favori.
03:15 - Il a eu trop, c'est trop, non ?
03:16 - Il faut dire qu'il est aussi victime d'une communication brouillée.
03:19 Il y a un mois, il nous annonçait 100 jours d'apaisement et d'unité.
03:22 Hier, c'est la décivilisation.
03:24 On dirait que son discours obéit à la pulsion du jour plus qu'à une vista.
03:28 La retraite à 65 ans ? Il a eu deux discours.
03:31 Il était très fortement contre le quinquennat passé,
03:34 et puis il est devenu très fortement pour.
03:37 Ça n'a pas bien marché ? Eh bien il regrette de ne pas s'être impliqué.
03:41 Alors il parle, mais au fond, on est perdu.
03:43 Et quand on est perdu, on cède à sa pulsion,
03:46 on explose, on l'explose.
03:49 - Catherine Ney, merci beaucoup Catherine.
03:51 8h38 sur Europe 1.

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