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Mardi 30 mai 2023, SMART IMPACT reçoit Mathieu Debonnet (président, TSE)

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00:00 L'invité de ce Smart Impact est avec nous en duplex en visioconférence.
00:11 Bonjour Mathieu Debonnet, bienvenue.
00:13 Vous êtes le président de TSE, entreprise créée en 2016,
00:18 producteur français et indépendant d'énergie solaire.
00:21 C'est quoi TSE aujourd'hui ? Ça représente combien de centrales solaires ?
00:25 Ça représente une cinquantaine de centrales solaires réparties à peu près sur l'ensemble du territoire national,
00:32 que ce soit des centrales en toiture, des grandes centrales au sol comme celle que j'ai derrière moi en photo,
00:37 ou des centrales agrivoltaïques que nous avons construites en 2022.
00:45 Oui, on rentrera évidemment dans le détail de cette dernière centrale agrivoltaïque.
00:50 J'ai lu en préparant l'émission que vous travaillez sur toute la chaîne de valeur. Ça veut dire quoi dans un métier comme le vôtre ?
00:57 Alors qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu'on est un acteur qui va de l'identification cartographique
01:03 des terrains potentiellement installables ou potentiellement utilisables pour aller déployer des projets d'énergie solaire.
01:11 Ensuite, on fait toute la chaîne de valeur, c'est-à-dire on va faire les études d'impact,
01:16 déposer un permis de construire, l'obtenir, financer les projets, les construire et les exploiter.
01:22 Puis aujourd'hui, on a une dernière brique qui est la brique de valorisation de l'énergie.
01:26 Dorénavant, nous pouvons soit effectivement passer par des mécanismes d'appel d'offres qui sont dirigés par l'État,
01:34 soit par des mécanismes de vente directe de l'électricité à des entreprises, à des industriels par exemple,
01:40 ou à travers des contrats qu'on appelle des pipiers. Et donc nous sommes un acteur complètement intégré sur l'ensemble de la chaîne de valeur.
01:47 Et donc avec cette dimension, on voit le titre "Qu'est-ce que l'agrivoltaïsme ?"
01:50 On peut peut-être effectivement faire un peu de pédagogie. De quoi on parle ?
01:54 Alors de quoi on parle ? On parle d'un moment où nous sommes en face d'un certain nombre de défis,
02:01 la transition écologique, la transition énergétique, le réchaument climatique, la gestion de l'eau,
02:07 avec des objectifs extrêmement ambitieux de la France, mais de l'Europe d'une façon générale en termes de souveraineté énergétique,
02:14 du développement de projets solaires. Et un projet solaire, ça se développe sur quoi ?
02:18 Ça se développe sur des fonciers, jusqu'à présent essentiellement sur des fonciers dégradés,
02:23 qui sont de moins en moins nombreux, qui sont pour la plupart d'entre eux assez loin des points de raccordement.
02:30 Donc difficile d'y faire des projets rentables.
02:32 Et donc la logique voulait qu'on se tourne vers un potentiel foncier nouveau, qui est celui des terrains agricoles.
02:40 Alors comment avons-nous décidé d'y aller chez TSE ?
02:44 On a décidé d'y aller en développant tout un tas de solutions techniques pour répondre finalement aux enjeux et aux usages des agriculteurs.
02:55 Vous avez un site pilote en Haute-Saône, je ne sais pas si c'est ce qu'on voit à l'image,
03:01 mais on peut peut-être le décrire. C'est quelle taille, sur quel type d'exploitation,
03:07 qu'est-ce qu'on produit dans ce site pilote, en dehors de l'électricité évidemment ?
03:11 Alors effectivement, on y produit, en premier lieu de l'électricité.
03:16 C'est un site qui est dédié aux grandes cultures, sur lequel nous avons fait une saison de soja l'année dernière.
03:23 Alors c'est quoi l'objectif de ce pilote en Haute-Saône ?
03:27 C'est de pouvoir prouver qu'on peut fabriquer, produire de l'électricité verte,
03:33 tout en apportant des bénéfices, des bienfaits aux cultures,
03:39 qui sont protection contre le stress hydrique, réduction du stress thermique,
03:44 réduction de l'irradiance directe en plein été quand il fait extrêmement chaud,
03:48 augmentation de la photosynthèse.
03:51 L'idée c'est de démontrer qu'on est capable de faire les deux, je dirais schématiquement,
03:57 aussi bien promouvoir la souveraineté alimentaire que la souveraineté énergétique.
04:02 Ça marche comment ? Il y a des capteurs pour suivre le soleil, c'est ça ?
04:06 Alors c'est effectivement… TSE c'est une entreprise qui est extrêmement portée vers l'innovation.
04:12 C'est exactement ça, c'est-à-dire qu'on est à la fois dans l'énergie, dans l'agriculture et dans l'agri-tech.
04:17 Le pilote qu'on a développé en zone, il fait 3 hectares.
04:20 On a 600 capteurs de data sur ce pilote-là, 200 capteurs de data sur la structure en elle-même,
04:27 et puis 400 capteurs de data sur la performance solaire et sur la performance agronomique.
04:32 Et ça, c'est mesuré à peu près toutes les secondes, tout au long de la journée.
04:36 On vient mesurer la photosynthèse, l'hygrométrie, l'humidité dans le sol, etc.
04:40 Donc on est vraiment dans un mouvement qui est relativement nouveau et très ambitieux,
04:46 dans lequel il y a beaucoup d'innovation.
04:49 Et donc c'est l'énergie de l'agriculture et l'innovation dans un triptyque qui fonctionne plutôt assez bien.
04:54 Vous avez annoncé le mois dernier la clôture d'une levée de fonds annoncée au montant de 130 millions d'euros.
05:02 Je voudrais d'abord parler des partenaires financiers. Il y a des nouveaux partenaires qui vous rejoignent ?
05:06 Alors oui, on a 3 partenaires qui sont extrêmement importants pour nous,
05:12 qui amènent effectivement un des financements.
05:16 L'énergie solaire, on est dans les infrastructures, donc dans le temps long du développement.
05:21 Pour développer un projet, c'est au moins 4 ans.
05:23 Donc il faut porter une société pendant 4 ans.
05:26 Donc c'est tricapitalistique.
05:28 Et on avait besoin de nouveaux actionnaires qui représentent à la fois le côté innovation,
05:35 donc ça c'est Eurasio, et également le côté infrastructure, investissement de temps long.
05:40 BPI qui est la banque de l'intérêt général et la banque du financement de la transition énergétique.
05:48 Et le Crédit Agricole qui est la première banque partenaire de l'agriculture en France.
05:52 Et donc on remercie bien évidemment ces 3 nouveaux actionnaires de nous avoir fait confiance.
05:59 Et c'est une preuve, lorsqu'ils sont entrés au capital, de la solidité du modèle de TSO.
06:07 Et ça repose cette levée de fonds beaucoup sur ce modèle d'agrivoltaïsme.
06:12 C'est-à-dire que pour vous l'avenir du solaire, il passe par là ?
06:17 Alors l'avenir du solaire, c'est une multitude de potentialités.
06:23 On a entendu lorsque Madame la ministre Pannier-Ruynacher est arrivée à son ministère,
06:30 il y a les toitures, il y a bien évidemment les ombrières sur les parkings d'entreprises ou de supermarchés.
06:37 Il y a encore quelques terrains friches, dégradés, pollués,
06:43 sur lesquels il n'est pas inintéressant d'aller faire de la dépollution et du redéploiement de biodiversité.
06:50 Mais le gros potentiel pour y remplir les objectifs de la France en termes de PPE,
06:56 donc le plan de l'énergie, il faut aller chercher du foncier disponible en très grande quantité.
07:05 Et ça, ça se fait essentiellement sur le foncier agricole.
07:08 Donc l'avenir majeur du solaire, c'est effectivement très certainement l'agrivoltaïsme.
07:14 Ça veut dire que vos panneaux solaires sont évidemment compatibles avec les engins agricoles.
07:21 En fait, ma question, c'est est-ce qu'on peut mettre du panneau solaire sur à peu près toutes les exploitations ?
07:26 Alors, le pilote qu'on a développé à Manse, c'est une première mondiale,
07:31 donc on est également très fiers, c'est une entreprise française, en l'occurrence TSE, qui l'a développé.
07:35 C'est le premier pilote grande culture au monde.
07:37 Alors, qu'est-ce que ça veut dire un pilote grande culture ?
07:39 C'est un pilote dans lequel les espaces entre les poteaux sont de 27 mètres sur la longueur par 12 mètres sur la largeur,
07:47 avec un point bas à 5,5 mètres, c'est-à-dire que vous pouvez faire passer n'importe quel engin agricole,
07:52 tracteur, moissonneuse-batteuse, épandeuse, etc.
07:55 Et donc l'objectif, c'est bien de développer un modèle qui permet de continuer à cultiver,
08:01 comme c'était la parcelle auparavant, tout en produisant de l'énergie.
08:06 Donc de faire cohabiter, heureusement, je dirais bien heureusement, les deux activités ensemble.
08:13 Alors, je vais vous poser une question volontairement de Béossien, ça marche même quand il ne fait pas beau ?
08:18 Alors, oui, parce qu'on y a apporté un certain nombre de fonctions qu'on appelle « Agri-First » ou « agricole »,
08:26 c'est-à-dire que quand il pleut, les panneaux se mettent verticaux, quand il fait froid, les panneaux se mettent horizontaux,
08:32 pour gagner quelques degrés supplémentaires, éviter les points de gel.
08:36 Le matin, on a une incliné, tous les panneaux sont pilotables, je dirais, en direct.
08:43 Donc le matin, on a une petite inclinaison spécifique pour que la plante prenne les premiers rayons de soleil de façon absolument optimale.
08:52 Donc il y a tout un tas de pilotages qui permettent d'aller chercher à la fois l'optimal agronomique
08:58 avec l'optimal de la production énergétique.
09:00 Donc oui, ça marche à peu près dans toutes les conditions.
09:02 Ça veut dire que ce modèle-là que vous testez dans cette centrale pilote, vous avez déjà des projets pour le dupliquer ailleurs ?
09:13 Oui, le premier a été construit en 2020 dans notre zone.
09:17 Là, nous avons trois pilotes qui sont en construction en Namban-Nis sur un élevage bovin avec un positionnement bien-être animal.
09:27 Et puis deux pilotes supplémentaires de culture.
09:31 Alors un très spécifique étant Picardie, dans lequel on va intégrer un système d'irrigation tout à fait optimisé et piloté par intelligence artificielle.
09:40 Et un autre pilote en Côte d'Or sur des grandes cultures en bio.
09:45 Et ensuite, nous avons trois pilotes supplémentaires à la fin de l'année 2023.
09:51 Donc un programme très ambitieux de construction et de démonstration.
09:54 Je voudrais qu'on termine, vous l'avez évoqué, mais très rapidement, parce que c'est un enjeu majeur de notre société et de l'agriculture en particulier, sur l'économie d'eau.
10:04 On parle souvent de guerre de l'eau.
10:06 Est-ce que vous avez modélisé ce que ça permet d'économiser en eau dans une exploitation ?
10:10 J'imagine que ça dépend des cultures, du type d'exploitation, mais est-ce que vous avez travaillé là-dessus ?
10:15 Alors bien évidemment, nous avons travaillé là-dessus.
10:17 On passe avant toute chose, comme vous venez de le dire, par des modélisations.
10:23 Donc nous avons modélisé l'irrigation sur un certain nombre de cultures.
10:27 Alors en quelques mots rapidement, en fait, nous allons pouvoir piloter l'irrigation sur ces fameux rectangles de 27 mètres par 12 mètres, quasiment au goutte à goutte, à la minute près.
10:40 On va pouvoir irriguer au milieu de la nuit, on va pouvoir irriguer le matin au point de rosée.
10:45 Et sur nos modélisations, on pense qu'on va pouvoir économiser entre 30 à 50 % d'eau pour des rendements agronomiques équivalents.
10:54 Donc un pas absolument majeur dans l'utilisation de l'eau.
10:59 Merci beaucoup Mathieu Debonnet et à bientôt sur Bismarck.
11:03 On passe à notre débat, le fret ferroviaire au programme.
11:06 au programme.

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