Lundi 9 décembre 2024, SMART IMPACT reçoit Mathieu Horn (Président, triPica)
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00:00L'invité de Smart Impact, c'est Mathieu Horn, bonjour.
00:09Bonjour.
00:10Bienvenue.
00:11Vous êtes le président de Tripika, l'entreprise que vous avez créée en 2016.
00:14Pour mieux comprendre quel service propose Tripika, c'est quoi votre métier ?
00:17Tripika, c'est un outil de monétisation des nouveaux usages qui sont liés à la transition
00:24énergétique, mais aussi à la transition dans le monde des télécoms.
00:27On gère les clients et les offres des fournisseurs d'énergie et des opérateurs téléphoniques
00:34et opérateurs mobiles.
00:35Cette monétisation, elle se fait comment ? C'est quoi le principe en fait ?
00:40Le principe, c'est qu'on le connaît bien dans les télécoms, il y a une grande concurrence
00:45par les offres.
00:46Plus de gigas, plus de voix, des services.
00:49On connaissait moins ça dans le monde de l'énergie.
00:52En fait, l'énergie est en pleine transformation liée à la transition énergétique.
00:56On voit des nouveaux modèles économiques qui sont en train d'apparaître, nouveaux
01:00modèles qui sont liés à la transition vers notamment le renouvelable et qui vont se transformer
01:05et se matérialiser dans les factures des clients par des nouvelles propositions qui
01:09sont très différentes de celles qu'on a l'habitude de voir et de payer.
01:13Ces nouveaux modèles, si on rentre dans le détail, si on se dit que l'objectif c'est
01:18de sortir des énergies fossiles, ok très bien, tout le monde est à peu près d'accord
01:24sur l'idée de départ, sauf est-ce que ce n'est pas illusoire à court terme ?
01:29Illusoire non, c'est une nécessité de sortir des énergies fossiles, nécessité
01:36à deux titres.
01:37D'abord parce qu'on a un objectif net zéro sur la partie CO2, l'Europe demande à ce
01:45qu'on soit net zéro d'ici 2050 et ça, ça passe par un passage vers la sortie du
01:50fossile et donc le développement du renouvelable.
01:52Et puis aussi une nécessité d'un point de vue souveraineté, il faut qu'on arrive
01:56à se débarrasser de notre dépendance au gaz, au pétrole, au charbon pour certains
02:02pays.
02:03Donc c'est une nécessité.
02:05La France là-dedans est un petit peu dans un cas particulier puisqu'elle non seulement
02:11s'est déjà débarrassée d'une grande partie des énergies fossiles dans la génération
02:16d'électricité.
02:17Grâce au nucléaire notamment.
02:18Grâce au nucléaire mais c'est un peu, pour l'instant, l'exception européenne.
02:23Quand vous parlez de nouveaux modèles, qu'est-ce qui est en train de changer ? Rentrons dans
02:27le détail concrètement.
02:28Alors en fait, le grand challenge c'est l'intermittence, c'est qu'en fait on passe d'un monde où
02:36en fait on avait une courbe de consommation en fonction des saisons, du jour de la semaine,
02:42de l'heure de la journée et en fonction de cette courbe de consommation on avait la production
02:46qui allait avec.
02:47Tout ça c'était très simple et on avait une facture, on ne s'en préoccupait pas trop,
02:51tout allait bien.
02:52On passe à un monde des énergies renouvelables.
02:54Renouvelables, elles sont intermittentes.
02:56Il n'y a pas toujours du soleil, il n'y a pas toujours du vent et donc en fait il n'y
03:01a plus finalement une synergie forte entre la courbe de consommation et la courbe de
03:05production.
03:06Et ça, ça change tout en fait.
03:08Ça, ça impose de dire finalement il va falloir adapter un petit peu la façon dont on consomme
03:13à la façon dont on produit maintenant et plus l'inverse.
03:15Et donc ça ne peut se faire qu'en faisant passer un signal prix dans les offres et dans
03:20les factures.
03:21Et là il y a plein de choses qui sont en train d'arriver.
03:23Alors on connaît en France assez bien et c'est assez spécifique à la France le principe
03:28des heures pleines, heures creuses.
03:30Mais en fait l'extension de ce système-là c'est la tarification dynamique, c'est-à-dire
03:35qu'on va finalement payer l'électricité en fonction de sa valeur tout au long de la
03:40journée.
03:41Et parfois l'électricité elle est même négative.
03:43On est prêt à vous payer pour consommer de l'électricité en journée.
03:48Parce qu'il y a un surplus et il faut bien l'écouler.
03:50Exactement.
03:51Donc soit on le revend à l'étranger, soit on va proposer des modèles économiques.
03:54On va dire si vous voulez consommer à 18 heures le soir, ça va être très cher.
03:58Donc ce n'est peut-être pas le bon moment.
04:00Donc ça va être punitif.
04:01En revanche si vous voulez consommer au milieu de la nuit ou en journée quand il y a beaucoup
04:06de soleil, là au contraire ça va être très incitatif.
04:08Donc vos clients, vous les aidez justement à moduler leur consommation d'électricité
04:14en fonction de ce marché ultra évolutif ?
04:16Oui.
04:17Mes clients ce sont des fournisseurs d'électricité en France, en Allemagne, bientôt en Italie.
04:23Et il ne vous a pas échappé que puisque le système était jusqu'ici très simple,
04:29les systèmes d'information qui sont derrière et qui gèrent les clients et qui gèrent
04:32les offres du côté de l'énergie ne sont pas du tout aussi évolués que ce qu'on
04:36a connu dans les télécoms par exemple.
04:38Et donc en fait il y a un grand mouvement de changement chez tous les fournisseurs d'énergie
04:43sur cette partie activité retail, la partie commerciale, pas la partie production, c'est
04:48la conséquence de l'évolution de la production.
04:50Il y a une vraie évolution et pour dire ok il faut changer le système d'information,
04:54il faut trouver des systèmes modernes qui vont être capables de passer d'un monde
04:58où en fait on avait une, deux relèves de son compteur électrique par an, à un monde
05:03où on a une lecture de votre compteur et de votre consommation toutes les 15 minutes.
05:07Donc on passe à un monde du temps réel et ce monde du temps réel, grâce au compteur
05:12communiquant, il permet de mettre derrière des offres qui sont telles que la facturation
05:17dynamique et d'autres.
05:18Si on se place de l'autre côté, du côté d'un client, d'un fournisseur d'énergie,
05:23qu'est-ce qu'il doit changer lui ?
05:24Alors il va changer pas mal de choses, enfin il n'est pas obligé.
05:28Je pense qu'on va avoir une masse de la population qui va rester sur des offres simples
05:32parce que cette complexité qui arrive dans le monde de l'énergie, elle n'est pas si
05:35simple à aborder d'un point de vue utilisateur final, donc il y a un gros effort pour rendre
05:39ça compréhensible.
05:41Mais ce qui va changer pour lui, c'est qu'il a maintenant plusieurs choix.
05:45Il peut, s'il cherche à payer moins cher, parce qu'on ne sait pas trop ce qui va se
05:48passer dans le prix gros d'énergie, mais globalement la tendance est plutôt à la
05:52hausse, il peut choisir de jouer le jeu de la flexibilité et donc de dire je vais consommer
05:58au bon moment, ou je vais m'équiper de radiateurs un peu intelligents qui vont faire
06:02que je vais éviter de chauffer trop fort quand le prix de l'énergie est cher.
06:07Donc il peut faire ça.
06:08Il peut aussi produire, il peut devenir producteur d'électricité en installant des panneaux
06:12solaires sur son toit.
06:14Et donc ça, ça se fait au niveau individuel, ou ça peut se faire au niveau un peu collectif.
06:19Évidemment, ou de moins pour une entreprise, profiter d'un toit d'entrepôt, etc.
06:23Exactement.
06:24Et là, ça aussi c'est un nouveau challenge pour les producteurs et pour Enedis qui gère
06:29le réseau électrique.
06:30C'est-à-dire qu'on n'a plus quelques centrales, mais en fait on a des centrales qui sont un
06:34peu délocalisées et qui produisent de l'énergie qui est consommée localement au lieu d'être
06:39injectée sur le réseau.
06:40Donc je peux flexibiliser ma consommation, je peux produire moi-même et auto-consommer
06:45et puis le surplus le revendre au réseau en fait, le ré-injecter au réseau et revendre
06:51cette électricité.
06:52Et puis le troisième point, c'est je peux stocker.
06:54C'est-à-dire je produis, mais si je produis de l'électricité sur mon toit à 14 heures,
06:59c'est peut-être pas là ou moi j'en ai peut-être pas besoin non plus.
07:01Donc si je pouvais la stocker dans une batterie pour la réutiliser plus tard ou pour la ré-injecter
07:06plus tard, ça c'est intéressant.
07:08Et là-dessus, il y a un développement très très intéressant qui vient d'arriver, c'est
07:12que équiper une batterie à son domicile, ça paraît bizarre.
07:15En revanche, acheter une voiture électrique qui est équipée d'une batterie, là tout
07:19d'un coup on se retrouve dans cette électrification des usages, le passage du pétrole vers la
07:24voiture électrique et on se retrouve avec une batterie à domicile.
07:27Et ça, ça ouvre des nouvelles perspectives.
07:29Et Renault, grâce au lancement de sa Renault 5 électrique, cette Renault 5, elle est V2G,
07:36véhicule to grid.
07:37Eh bien Renault est devenue fournisseur d'électricité en s'associant à différents acteurs, notamment
07:43de Mobility House qui est un nouveau fournisseur sur le marché français, et Tripica qui fournit
07:48donc le système de monétisation qui est derrière de Mobility House.
07:51Et donc quand on achète sa Renault 5, on est maintenant abonné chez Renault, chez
07:56Mobilize.
07:57Alors il nous reste deux minutes, je voudrais qu'on parle de nucléaire parce que vous avez
08:00publié une tribune dans les échos sur les atouts de la France en matière d'intelligence
08:05artificielle générative grâce à son industrie nucléaire.
08:09Il faut peut-être rapidement faire le constat, l'IA générative, elle est ultra gourmande
08:14en énergie, ça c'est un point de départ.
08:16Oui, une requête vers Chad GPT et Concert, c'est 10 à 15 fois plus de ressources énergétiques
08:24qu'une requête sur Google.
08:25Donc on voit bien qu'à la fois pour l'utilisation et pour l'entraînement des modèles d'IA,
08:29ça demande une énergie considérable.
08:31Et donc les géants du numérique qui sont en train de batailler sur l'IA, ils prévoient,
08:37ils ont peut-être d'ailleurs déjà commencé, de construire des mini réacteurs, c'est ça ?
08:41Tout à fait, les grands acteurs aux Etats-Unis se disent comment faire maintenant quand je
08:45construis un datacenter pour pouvoir l'alimenter ? Et le plus simple, on se dit c'est de brancher
08:50ça dans la prise électrique, mais bien non, en fait maintenant chaque datacenter vient
08:54avec une source de production d'électricité locale, la fameuse autoconsommation dont on
08:58parlait tout à l'heure au niveau des entreprises.
09:00Et comme pour l'IA on a besoin d'une source qui soit, pour le coup, pas intermittente,
09:07le choix d'aller vers le nucléaire est en train de se faire.
09:10On voit ça aux Etats-Unis, mais en France on les a déjà, on a déjà 56 réacteurs
09:13nucléaires.
09:14C'est un atout formidable en France sur la partie énergétique.
09:18Avec effectivement ce chiffre, 2030, les centres de données pourraient représenter 8% de
09:22la consommation énergétique américaine contre 3% aujourd'hui, sauf que est-ce qu'on est
09:26prêt pour des mini réacteurs ? On sait bien qu'il y a eu une impulsion gouvernementale
09:33ou présidentielle là-dessus, mais on en parle pour dans plusieurs décennies quand même.
09:38Oui, ça va prendre du temps, il y a plein de start-up aux Etats-Unis qui travaillent
09:42d'arrache-pied là-dessus.
09:43Il y en a aussi en France, il y a une filiale d'EDF qui est dédiée au déploiement, au
09:48développement d'un modèle de ce type de réacteur.
09:51L'idée c'est pas tant de l'utiliser en France que plutôt dans une logique d'export,
09:56de ce que je comprends de la politique d'EDF.
09:57En France, encore une fois, on est déjà équipé, il y a une nouvelle ambition de création
10:02de 6 nouveaux réacteurs nucléaires d'ici 2035, mais là on parle d'OPR2, des choses
10:07beaucoup plus puissantes.
10:08Merci beaucoup Mathieu Horne et à bientôt sur Be Smart For Change.
10:12On passe tout de suite à notre débat, comment aider les femmes sans-abri en France.