Invité 8h15 : Catherine LEROY-BRULET

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Invité 8h15 : Catherine LEROY-BRULET

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00:00 accueillir notre invitée ce matin, c'est Catherine Leroy-Brûlé, dentiste à Orléans.
00:04 Elle prend sa retraite et n'a malheureusement pas trouvé de repreneur.
00:08 Bonjour Madame.
00:09 Bonjour.
00:10 On a l'habitude de parler du manque de médecins généralistes sur France Bleu Orléans et
00:14 de certains spécialistes aussi.
00:15 Le Loiret est l'un des départements français les plus touchés.
00:18 Mais alors on parle rarement de la pénurie de dentistes et pourtant vous vous exerciez
00:24 depuis 40 ans, vous êtes installée dans le quartier Saint-Marseau, pas loin du centre-ville.
00:29 Vous prenez votre retraite, vous allez avoir, allez on dit votre âge, 67 ans et vous ne
00:35 trouvez pas de repreneur.
00:36 Absolument.
00:37 Et depuis un an en fait je suis en recherche et j'ai posté des annonces sur les différents
00:46 sites internet et sites professionnels exclusifs.
00:50 Réseaux sociaux.
00:51 Réseaux sociaux, voilà.
00:52 J'ai déposé aussi une annonce au conseil de l'ordre et depuis cela j'ai eu deux, on
00:58 va dire deux touches sérieuses qui malheureusement n'ont pas abouti en 2022 et qui m'ont obligé
01:03 à repartir en quête de quelqu'un à partir du mois de janvier de cette année.
01:08 Et jusqu'à aujourd'hui il n'y a malheureusement aucun candidat qui s'est manifesté.
01:13 Vous ne trouvez personne pour vous succéder ? Ça vous étonne, ça vous inquiète, ça
01:18 vous met en colère ?
01:19 Ça me met en colère et ça m'attriste énormément surtout.
01:22 Je trouve que laisser autant de monde sans praticien et sans suivi de soins au bout de
01:33 tant d'années c'est quand même très très contrariant et surprenant malgré tout.
01:39 Surtout en centre-ville.
01:40 Surtout en centre-ville d'une grande ville.
01:43 Comment est-ce que vous expliquez ça madame, cette pénurie ? On ne forme pas assez de dentistes
01:48 en France aujourd'hui ?
01:49 Je pense que la pénurie ne vient pas forcément du nombre de sortants, même si je pense qu'il
01:55 pourrait en sortir largement plus.
01:57 Mais je pense que c'est aussi la situation géographique d'Orléans qui fait qu'aujourd'hui
02:02 on n'a pas d'université, on n'a pas de faculté de médecine et de faculté dentaire.
02:06 Et que les jeunes praticiens et les praticiens même un peu plus âgés ont démarré leurs
02:11 activités hors du centre Loire parce que ce défaut d'université qui attire finalement
02:19 les jeunes dentistes qui font leur... comment dire... qui regroupent leurs amis, leurs familles
02:27 dans un endroit où ils ont fait leurs études et ils n'ont pas tellement envie de bouger.
02:31 Et surtout après ils cherchent aussi la proximité des endroits on va dire "sympas".
02:37 Alors qu'Orléans c'est quand même une ville très agréable et très sympa.
02:41 Mais ils cherchent le bord de mer, ils cherchent la montagne, ils cherchent...
02:44 On en revient toujours à cette attractivité du département.
02:48 - Voilà, avec la Loire qui est certes très belle mais voilà c'est pas forcément suffisant.
02:53 Est-ce qu'il n'y a pas aussi des jeunes qui ont des réticences à s'installer comme ça
02:58 comme vous dans des cabinets indépendants ?
03:00 - Si.
03:01 - De plus en plus se regroupent dans des centres de santé ?
03:03 - Ils se regroupent je pense aussi par peut-être aussi par manque de confiance qu'on a tous
03:08 quand on démarre une activité de ce type.
03:10 Mais aujourd'hui c'est vrai que je pense que le libéral il va tenter à disparaître et
03:18 il va finir par disparaître au profit des activités salariées où il y a un confort.
03:24 Parce qu'on arrive le matin, on repart le soir, on n'a fait que son travail, on ne s'est
03:29 pas occupé d'administratif, on ne s'est pas occupé de gérer les stocks.
03:33 C'est beaucoup de travail en parallèle de l'activité purement dentaire.
03:37 Et du coup je pense que ça c'est quelque chose qui fait peur et qui n'attire pas aujourd'hui.
03:43 - On entend vos patients ce matin dans tous les journaux de France Bleu.
03:47 Ils sont tristes et parfois aussi désemparés parce qu'ils ne savent pas trop la solution
03:54 qu'ils vont trouver.
03:55 Mais ils disent surtout dans le bureau de Catherine, dans son cabinet, c'était la convivialité.
04:01 Et ça, ça vous touche ce genre de réaction ?
04:03 - Ah oui, énormément.
04:04 Je pense que c'est ce qui m'a beaucoup nourrie pendant toutes ces années.
04:08 C'est ce côté confiance que les patients m'ont attribué et je les en remercie d'ailleurs.
04:14 - Pourtant, ce n'est pas toujours facile d'aller chez le dentiste.
04:15 - Ah oui, mais chez moi je trouve que...
04:19 Dans l'ensemble, les patients viennent par...
04:22 Je ne dis pas par plaisir, ce n'est pas ce que j'ai dit.
04:24 - Jamais, jamais.
04:25 - Mais en tout cas, vous aviez ce contact facile.
04:31 Ils ne savent pas où aller là.
04:32 - Ils ne savent pas où aller.
04:33 Ils ne savent pas où aller.
04:34 Alors moi, je suis en train, malgré tout, parce que je suis quand même très défaitiste
04:40 aujourd'hui, c'est dans un mois que je termine mon activité.
04:43 Donc je pense que j'aurai énormément de mal à trouver quelqu'un aujourd'hui.
04:46 Mais j'essaie déjà de téléphoner à des praticiens, des confrères dans le quartier,
04:52 voire en centre-ville, qui pourraient accepter, ne serait-ce qu'au Congoot, des nouveaux patients.
04:58 Et en plus, les patients aujourd'hui, ils ont accordé une confiance à quelqu'un.
05:05 C'est toujours compliqué.
05:07 Alors, nul n'est irremplaçable, c'est certain.
05:09 J'en ai bien conscience, et heureusement d'ailleurs.
05:12 Mais il va falloir qu'ils trouvent absolument un suivi de soin.
05:15 On ne peut pas rester sans soin.
05:17 Et je fais également des régulations aux urgences dentaires dans le cadre du SAMU 45,
05:24 et où on s'aperçoit que quand on fait les régulations, le nombre de patients qui n'ont pas de praticien,
05:30 il est énorme.
05:32 Merci beaucoup Madame.
05:33 Merci Catherine Leroy-Brûlé.
05:35 Bonne retraite à vous.
05:36 Merci beaucoup.
05:37 Au revoir, bonne journée.
05:38 Merci.
05:39 Au revoir, bonne journée Mesdames.
05:40 Et puis la séquence de l'invité, vous la réécoutez à tout moment en ligne.
05:43 Rendez-vous sur francebleu.fr et sur l'application ici.

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