Invité 8h15 : Grégory Quinet
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00:00 L'Idyllae, nous accueillons notre invité ce matin sur France Bleu Orléans, c'est Grégory Kiney, le délégué départemental Sud Santé.
00:07 Bonjour Grégory Kiney.
00:08 Bonjour.
00:09 Et vous travaillez à l'hôpital vous-même d'Orléans. Alors partout en France, hier les hospitaliers ont observé une minute de silence
00:16 pour témoigner finalement en hommage à cette infirmière tuée à l'hôpital de Reims en début de semaine,
00:22 tuée d'un coup de couteau par un homme souffrant de problèmes psychiatriques qui a d'ailleurs été incarcéré hier soir.
00:28 Est-ce qu'il n'y a que de l'émotion Grégory Kiney ou est-ce qu'il y a aussi et peut-être surtout de la colère ?
00:33 Avant tout déjà notre organisation syndicale, qu'elle soit départementale, locale ou nationale, on s'associe à la tristesse des familles.
00:41 Et le problème c'est pas un cas isolé, l'agression elle est parfois au quotidien mais dans différentes mesures.
00:52 La difficulté c'est que de toute façon dans les établissements publics de santé, ce qu'il n'y a pas que l'hôpital,
00:59 il faut penser à la psychiatrie aussi où c'est justement très dur, il y a de moins en moins d'effectifs de personnel,
01:06 on réduit le personnel, donc des gens ont du temps de travail dédié aux patients limités dans la journée
01:12 et qui ne peuvent pas forcément répondre aux besoins des familles.
01:16 Il y a de la détresse des familles quand on a quelqu'un à hospitaliser, donc ça génère du stress.
01:21 On a parlé aussi des urgences et de la psychiatrie où quand ça ne répond pas à l'instant T aux besoins, ça génère de l'agressivité.
01:27 Et le problème c'est qu'on n'arrive pas à mesurer la jauge et qu'on est toujours exposé à des agressions plus ou moins violentes ou moins violentes.
01:36 Sur le Loiret pour l'instant on n'a pas été comme notre collègue Dufus, mais le risque zéro n'existe pas.
01:44 Ce que vous dites en fait c'est que la violence a toujours existé, elle existera sans doute toujours dans les hôpitaux,
01:50 c'est le cas, mais le problème de sous-effectifs auxquels vous êtes confrontés quotidiennement renforce justement ces actes de violence,
01:58 cette agressivité dont au final vous êtes les victimes.
02:01 Oui on le voit, mais en 20 ans quand même l'agressivité elle a augmenté.
02:05 On avait eu un apaisement avec la première vague du Covid, mais à la reprise du 11 mai de la première vague,
02:10 on avait senti une entrée aux urgences, l'obligation, moi j'ai besoin d'être soigné, ça doit être immédiatement.
02:16 Sauf que oui d'accord on comprend qu'il y a de moins en moins de médecins,
02:19 mais nous on s'adapte et on fait ce qu'on peut avec l'effectif qu'on a, qu'on nous donne.
02:24 Si on a toujours des départs d'infirmiers, c'est pas nous qui gérons le management de l'hôpital,
02:27 mais c'est bien M. Boyer, le directeur du CHRO qui gère les effectifs.
02:32 Et c'est le même problème à Fleury-les-Aubray avec le PSM, le CHG de l'Hôpital de Pétit.
02:36 - Un infirmière pour combien actuellement, clairement, pour combien de patients au CHRO ?
02:40 - En moyenne entre une infirmière pour 10 ou 15 patients.
02:43 Donc imaginez sur 7h30, il y a la continuité des soins,
02:47 mais si une infirmière peut arriver déjà à consacrer 20 minutes par patient dans sa journée,
02:53 c'est déjà bien parce qu'il y a toute une grosse partie administrative qui fait qu'on n'est pas au cœur du soin.
02:58 - En termes de sécurité, qu'est-ce qui est fait pour lutter contre cette violence à l'hôpital d'Orléans ?
03:04 Et qu'est-ce que vous, syndicalistes, vous réclamez ?
03:06 On entendait dans les journaux ce matin sur France Bleu,
03:08 il y a des agents qui ont été spécifiquement formés, une cinquantaine depuis un an.
03:13 Il est question de renforcer les patrouilles des militaires de l'opération Sentinelle.
03:16 Est-ce que tout ça, ça va être suffisant ?
03:18 - On ne sait pas parce que la gravité, on ne sait pas quand ça arrive.
03:21 Mais enfin, nos agents de sécurité, c'est avant tout de la sécurité incendie.
03:24 On est dans un établissement public où on accueille des gens et on leur a donné une formation de sûreté.
03:30 Mais leur rôle principal, c'est la sécurité incendie.
03:32 La sûreté, ce n'est pas après.
03:34 Dans la pratique, on sait que quand il y a des urgences, il y a des problèmes.
03:38 Nos collègues de la sécurité incendie vont venir donner un coup de main.
03:41 Mais malgré tout, il y a un protocole anti-agressivité
03:44 pour justement ne pas augmenter la puissance et pouvoir arriver à calmer le patient ou la famille en colère.
03:50 Mais ce n'est pas leur rôle principal.
03:52 - Il n'y a pas de portée de sécurité à l'entrée de l'hôpital ?
03:54 - Non. On est un établissement public de santé, on n'est pas un aéroport.
03:57 - N'importe qui peut entrer à l'hôpital aujourd'hui ?
03:59 - La journée, oui.
04:00 Il n'y a pas de soucis. La nuit, c'est plus verrouillé.
04:03 Mais le risque zéro qu'il y ait quelqu'un qui veut rentrer à l'hôpital, il peut.
04:07 Mais la journée, non. C'est accès complet.
04:10 Après, on a eu la période de vigie pirate, mais il y avait des accès.
04:13 Il y a eu la période Covid où tout était fermé.
04:15 Mais là, de nouveau, on peut accéder à l'hôpital par plusieurs endroits.
04:20 - Il faut que ça reste comme ça, puisque vous le dites, c'est évidemment un établissement public.
04:24 Le ministre de la Santé, François Braune, reçoit les syndicats, vous reçoit,
04:28 reçoit vos représentants nationaux aujourd'hui.
04:30 Il a réclamé un audit, un rapport sera remis jeudi prochain, le 1er juin, au gouvernement.
04:35 Là, vous dites clairement, il faut que ça bouge.
04:37 Il faut qu'il y ait de nouvelles mesures et des recrutements.
04:41 - C'est surtout, on reste toujours dans le même combat.
04:44 Il faut recruter, il faut arrêter la fuite de personnel.
04:47 Sauf qu'on est dans un système où les fuites de personnel,
04:51 en plus on ne les retrouve pas dans d'autres secteurs de la santé.
04:53 C'est-à-dire, ils quittent le métier de la santé.
04:55 Et c'est inquiétant pour des professionnels qui ont parfois 5-6 ans.
04:59 Le Ségur, ce n'était pas suffisant.
05:02 Une vraie valorisation du travail de la santé,
05:06 avec des salaires qui ne sont pas dans la moyenne, mais dans le haut des salaires européens,
05:11 puisqu'on est en dessous de la moyenne des salaires européens,
05:15 c'est une fuite totale.
05:17 Mais les cliniques, je vous rassure, sont aussi dans les mêmes difficultés que nous,
05:20 dans le recrutement actuellement.
05:22 C'est une défaillance de la santé totale.
05:24 - Merci beaucoup Grégory Kine, délégué départemental Sud Santé,
05:27 d'être venu ce matin sur France Bleu. En bonnes journées.
05:29 - Merci, vous aussi.
05:31 - La séquence de l'invité, vous pouvez la réécouter à tout moment en ligne sur francebleu.fr
05:35 et sur l'application ICI.