• l’année dernière
Qui êtes-vous Madison Cox ? 15 ans jour pour jour après le décès d'Yves Saint Laurent, son héritier sort de l'ombre. Il raconte pour la toute première fois sa relation avec le couturier, avec Pierre Bergé et confie ses projets. Madison Cox est l'invité de 9H10.

Retrouvez "L'invité de Sonia Devillers" sur

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Il est 9h09, Sonia De Villers, votre invitée entretient et préside l'un des plus beaux jardins du monde,
00:07 le Jardin Majorelle à Marrakech.
00:10 Ce lieu, Nicolas, fut la passion de Pierre Bergé et de Yves Saint Laurent, il en a hérité.
00:14 Bonjour Madison Cox.
00:16 Bonjour.
00:17 Pourquoi n'y a-t-il pas de fleurs à Majorelle ?
00:20 Ah, c'est une bonne première question.
00:25 Parce que c'est le climat, c'est un jardin qui a été d'abord créé par le peintre Jacques Majorelle dans les années 1920.
00:34 Ce qui est intéressant, c'est que Majorelle lui-même a pris passion pour les plantes,
00:40 qui sont d'abord sujet de toute multitude de ses tableaux.
00:45 Et c'était surtout qu'il avait importé les plantes de tous les quatre coins du monde,
00:49 d'abord sur le Maghreb, sur le Maroc et l'Afrique du Nord, ensuite l'Afrique du Sud, qui est une pays très riche en plantes.
00:57 Et après, dans les années 1940-1950, il a importé beaucoup de plantes grasses, de Mexique, de la Marseille centrale,
01:05 qui étaient très adaptées à ce climat.
01:08 Donc, il n'a pas répliqué ses jardins, disons à la française ou les jardins à l'anglaise,
01:14 il s'est basé beaucoup sur les fleurs, les plantes, les vivaces, mais surtout les succulents, les cactées.
01:19 - N'y a-t-il pas eu une roseraie à Majorelle ?
01:22 - Alors, il y avait bien sûr, parce que Marrakech était toujours connue comme une ville des roses,
01:27 et d'ailleurs, il y a toujours les grands champs de roses.
01:30 Mais je crois qu'il y a une vingtaine d'années maintenant, parce que je me grouille toujours dans les dates exactes,
01:36 mais une vingtaine d'années, cette fameuse roseraie qui était créée par Majorelle,
01:44 était transformée dans un jardin d'agrumes.
01:47 Pour la simple raison que Pierre Berger et Yves Saint-Laurent m'avaient demandé de s'occuper beaucoup plus de ce jardin,
01:54 il y a une vingtaine d'années exactes, 2002-2003,
01:59 une de mes préoccupations, c'était la conservation d'eau et ses questions d'eau.
02:04 Aujourd'hui, nous vivons terriblement, on est confronté, tout le monde est confronté avec ça.
02:10 Il y a vingt ans, je pensais que c'était important.
02:13 Comme le jardin était une jardin visitable, c'était ouvert au public,
02:17 bien entendu, c'est intéressant de voir un lieu de beauté, de sérénité,
02:23 mais un jardin est aussi une façon pédagogique pour s'éduquer au public,
02:29 et aussi de sensibiliser ce public sur les questions d'eau.
02:34 La roseraie était un gouffre d'abord d'eau,
02:39 deuxièmement, Majorelle profitait des puits sur la propriété,
02:48 et beaucoup de ces puits étaient condamnés dans le sens pollué,
02:53 on ne pouvait plus utiliser cette eau-là, donc il fallait vraiment concevoir l'eau.
02:57 Donc ça s'était transformé.
02:59 Il y a quinze ans exactement, au jour pour jour, est mort Yves Saint Laurent.
03:04 On écoute les derniers mots de Pierre Berger, son compagnon de toujours à l'église ce jour-là.
03:09 « C'est la dernière fois que je te parle, Yves.
03:14 La dernière fois que je le peux.
03:18 Bientôt, tes cendres rejoindront la sépulture qui t'attend.
03:25 Dans le jardin Majorelle de Marrakech.
03:30 C'est à toi que je m'adresse.
03:33 À toi qui ne m'entends pas, qui ne me répond pas.
03:40 Comment ne pas se soumélire ? »
03:45 Et ce qui est très beau dans votre histoire « À tous les trois », parce que c'est une histoire à trois,
03:52 c'est que Yves Saint Laurent et Pierre Berger se sont pris de passion pour Marrakech dans les années 60.
03:58 Et puis ils ont acheté une première petite maison, et puis une seconde, et puis ils ont racheté ces jardins.
04:04 Et puis quand vous, vous êtes entrés dans la vie de ce couple mythique, vous jardinier et paysagiste,
04:11 quelque chose de très fort s'est passé entre vous trois autour de ce jardin.
04:16 Et puis il y a eu des orages, et puis il y a eu des séparations.
04:19 Puis vous avez quitté Pierre Berger, votre grand amour.
04:22 Vous avez quitté ce couple sombre et parfois dévorant.
04:26 Et quand vous êtes revenus, vous êtes revenus par le truchement de ce jardin.
04:29 Pierre Berger vous a demandé de revenir pour ce jardin.
04:32 En fait Pierre Berger et Yves Saint Laurent m'ont demandé de revenir.
04:36 Oui, d'abord j'étais très ému par votre invitation aujourd'hui, parce qu'effectivement c'est le 15e anniversaire.
04:44 Donc un moment très émouvant pour moi aussi.
04:47 Et d'écouter ces mots, ça m'a touché beaucoup.
04:52 Donc je vous remercie de les avoir fait attendre.
04:57 C'est vrai, c'était vraiment peut-être le grand amour de ma vie, Pierre Berger.
05:04 Mais c'était évident, c'était quelqu'un pour qui j'avais énorme respect, et les deux d'ailleurs.
05:09 Et quand je parle de Pierre Berger, je parle beaucoup souvent des deux, ou j'y pense aux deux.
05:15 De Pierre Berger et Yves Saint Laurent, inséparables.
05:18 Oui, c'était comme un aigle de tête pour moi, si vous voulez.
05:21 Et comme deux monstres sacrés dans un sens.
05:24 Et moi j'étais très jeune quand je les ai rencontrés, j'avais une vingtaine d'années.
05:28 Et c'était important pour moi de me prouver vis-à-vis d'eux.
05:34 Et c'est une des raisons pour lesquelles je suis parti, pour pouvoir créer, faire une carrière
05:42 en dehors de ce contexte, si je puis dire, parisien.
05:47 Et de peut-être être plus juste le petit ami d'eux, mais de pouvoir exister moi-même.
05:55 Et vous existez en créant Desjardins.
05:59 Et donc, j'ai vraiment entré dans ce monde Desjardins,
06:04 sur lequel correspondent énormément de mes passions,
06:09 parce que je suis toujours conduit par la découverte de quelque chose.
06:15 Quand je suis venu en France à 20 ans, c'était la découverte de votre culture,
06:22 de votre importance dans la vie de Paris d'abord, etc.
06:29 Et c'est ça aussi qui m'a séduit avec eux,
06:32 parce qu'avec eux j'ai découvert des mondes absolument extraordinaires.
06:36 Que ce soit la musique, l'architecture, bien sûr la mode,
06:39 mais moi je n'étais pas passionné de la mode.
06:41 Mais le train de vie, pas le train de vie, un grand train de vie,
06:46 mais la vie des artistes, des créateurs et ses passions.
06:52 Et donc, j'ai appris grâce à eux énormément de choses,
06:57 mais en même temps il fallait que j'existe moi-même.
06:59 Et donc c'est pour ça que je suis parti.
07:01 Je suis revenu avec des bagages d'une carrière avec moi, si vous voulez.
07:09 Lorsque je prends un crayon, je ne sais pas ce que je vais dessiner.
07:17 C'est-à-dire que rien n'est prévu.
07:19 C'est le miracle de l'instant.
07:22 Le trait, c'est ce qui m'impressionne le plus d'ailleurs.
07:30 C'est ce jaillissement de la pensée,
07:37 ce jaillissement de la création du vêtement,
07:43 qui m'éblouit moi-même, enfin.
07:47 Quand le dessin est fini, je suis très heureux.
07:56 * Extrait de « La vie de la mort » de M.Cox *
08:11 Et en ce moment même, à Majorelle, vous avez choisi, Madison Cox,
08:15 de montrer les esquisses et les croquis préparatoires de Yves Saint Laurent.
08:21 On les connaît mal, ces œuvres-là, parce que ce sont des œuvres.
08:26 Tout à fait.
08:28 Vous savez, c'est quand même fascinant que,
08:30 quand Yves Saint Laurent et Pierre Berger ont créé leur propre Maison de couture,
08:34 ils ont signé l'acte en 1961,
08:38 son premier défilé était quatre semaines plus tard, en janvier 1962.
08:45 C'était les 40 ans, voilà.
08:47 - 40 ans, jusqu'à la fin en 2002.
08:50 - Exactement.
08:51 Et d'ailleurs, c'est ça qu'on a célébré l'année dernière,
08:54 avec ces expositions dans les cinq grands musées de Paris,
08:58 qui étaient inédites, et qui n'étaient jamais faites non plus,
09:01 qui étaient assez fascinantes.
09:02 Mais tous ces dessins étaient conservés.
09:06 Il y a plus de 60 000 dessins, croquis, esquisses.
09:11 Des esquisses pour même les fabriques, pour les jardins.
09:16 Des esquisses pour les décors, des costumes de ballet, du cinéma.
09:23 Et c'est un grand, grand artiste, je trouve.
09:26 Et c'est très, très émouvant.
09:28 Et donc, quand j'ai demandé Olivier Saillart et Gaël Mamie
09:32 de réaliser quelque chose à Marrakech,
09:35 parce que je trouvais ça intéressant de focaliser là-dessus,
09:39 ils ont justement revenu avec cette idée
09:43 de présenter les esquisses tant qu'une œuvre en soi.
09:48 Parce que c'est ça qui est fascinant,
09:50 c'est que toutes ces robes, toute sa création pendant 40 ans,
09:55 ses quatre collections par an, commençaient avec une feuille blanche.
09:58 Et très, très souvent, ces feuilles blanches étaient remplies à Marrakech.
10:02 Marrakech était un lieu de vacances,
10:05 mais comme c'est pas quelqu'un qui a baladé pour visiter les lieux historiques,
10:11 c'est quelqu'un qui n'a pas pu s'arrêter de travailler.
10:14 Donc, il travaillait tous les jours, il produisait tous les jours les croquis et les dessins.
10:18 Et très souvent, il rentrait à Paris avec ses dessins pour les liser en vêtements.
10:23 C'est mon caractère qui est très critique.
10:29 Je me torture, je me fais du mal.
10:34 Je suis toujours dans...
10:36 Non pas dans la peur, c'est un trop grand mot,
10:40 mais quand je dessine, quand je crée des vêtements,
10:46 je dois dire que c'est assez terrible, ce que j'éprouve.
10:51 La peur, évidemment, et injustifiée d'ailleurs, mais qui déborde.
11:00 Voilà, vous écoutez France Inter, il est 9h20.
11:03 Vous écoutez la voix d'Yves Saint Laurent parce que c'est aujourd'hui les 15 ans de la mort d'Yves Saint Laurent.
11:08 Et mon invité s'appelle Madison Cox, qui s'est retrouvée par les hasards de la vie,
11:12 le grand amour de Pierre Bergé, son compagnon, et puis son époux à la fin de sa vie,
11:18 et puis l'héritier d'Yves Saint Laurent et de Pierre Bergé.
11:22 Ma question c'est, comment entretenir cette mémoire, comment entretenir cet héritage,
11:26 puisque c'est votre tâche aujourd'hui ?
11:29 Je vous pose la question de l'homme derrière le mythe.
11:32 Il y a eu deux films de cinéma qui ont fait couler beaucoup d'encre,
11:36 il y a eu des lignes et des lignes et des lignes, il y a eu des images et des images
11:40 de cette grande autodestruction qui était l'autodestruction d'Yves Saint Laurent,
11:44 la drogue, la torture, la dépression, la torture mentale, la torture psychique, la dépression.
11:49 Il y a eu aussi cette année le livre de sa nièce, Marianne Wick,
11:53 qui dit "mais moi je veux raconter l'homme derrière les robes".
11:56 Et elle raconte une histoire de famille absolument terrifiante.
12:00 Vous l'avez lu ce livre ?
12:02 Non, je ne l'ai pas lu, je connais l'histoire mais je ne l'ai pas lu, oui.
12:04 Pourquoi ?
12:06 C'est une très bonne question.
12:09 Ah, parce que c'était trop proche peut-être, parce que c'était…
12:12 Je lirai, ça c'est sûr. C'est pas que je boycotte le livre au contraire.
12:16 Parce que Marianne Wick, qui a vécu chez Yves Saint Laurent et Pierre Bergé,
12:19 qui leur doit beaucoup, à tous les deux qui les aimaient énormément,
12:22 elle raconte comment Yves Saint Laurent aussi a été détruit par sa famille,
12:25 elle raconte les viols et les incestes de plusieurs générations.
12:30 Elle raconte une famille faite d'effroi.
12:33 Tout à fait. Mais je pense que ce contexte lui a poussé tellement,
12:39 parce qu'il ne faut pas oublier, c'était un jeune homme qui vivait sa sexualité très mal
12:45 dans cet environnement en Alger, à Oran, très enfermé.
12:52 Il est né à Oran.
12:53 Ce qui est fascinant, son copain, pas copain, mais son camarade de classe,
12:58 c'était François Catroux.
13:00 C'était François Catroux ?
13:01 Le mari de Betty Catroux.
13:03 Le mari de Betty Catroux, qui est devenu après…
13:05 Samuse.
13:06 Samuse, et une très grande amie. Et d'ailleurs François aussi.
13:08 Il était torturé comme jeune, en adolescent, par ses camarades de classe.
13:12 Et la seule chose qu'il sauvait, c'était l'idée de Paris.
13:16 Et de s'en sortir de ce contexte et de devenir, comme il disait lui-même,
13:21 de voir ses noms écrits en or sur les Champs-Elysées.
13:25 Et cette passion, cette dévotion, cette obsession de quitter ce contexte
13:32 pour venir à Paris, je pense que c'était une passion conduite par ses blessures de famille,
13:42 ce contexte aussi horrifiant.
13:45 Oui.
13:46 Ça ne condamne pas, bien entendu, mais ça la formait aussi.
13:52 Oui.
13:53 Et ce que dit Marianne Wicks à Nièce, c'est qu'au moment où Yves Saint Laurent va mourir,
14:00 Pierre Bergé fait le choix de ne pas lui dire qu'il va mourir,
14:04 de ne rien lui dire de la vérité de sa maladie.
14:07 Et ils vont se paxer, tous les deux.
14:10 Ils vont se paxer, Pierre Bergé et Yves Saint Laurent.
14:13 Au fond, pour deux homosexuels, c'est la seule manière de choisir qui va être l'héritier d'un patrimoine.
14:20 C'est-à-dire que Yves Saint Laurent n'allait pas offrir ce patrimoine,
14:25 cette vie entière de travail et de création, à une famille qui lui avait fait tant de mal.
14:29 Absolument, oui.
14:31 Et au moment de mourir, Pierre Bergé vous épouse, Madison Cox.
14:35 Et c'est aussi une manière de dire « je choisis à qui je transmets le patrimoine ».
14:40 C'est évident, absolument.
14:41 Cette mariage a été faite pour cette raison-là, pour me donner cette légitimité de pouvoir.
14:46 Et comme il y avait cette, je crois, avec toute modestie, ils croyaient en moi.
14:53 Ils avaient confiance en moi.
14:55 Ils savaient que je n'allais pas trahir ce patrimoine et qu'il fallait,
15:01 ou que je tiens absolument à préserver, pas préserver, oui bien sûr préserver,
15:07 mais le faire vivre aussi.
15:10 Et pas seulement de le garder dans un musée pousséreux,
15:15 mais de le faire vivre en faisant des expositions comme nous ouvrons la semaine prochaine
15:21 avec un artiste allemand, Claudia Wisseur, qui a un regard sur Saint Laurent,
15:25 donc un artiste contemporain et quel est son rapport avec certains vêtements de Saint Laurent.
15:30 L'exposition qu'on a terminée à Avenue Marceau,
15:34 à l'exhibition de Saint Laurent Marrakech à Paris, à Gould,
15:37 qui était aussi frappant par son succès.
15:42 Donc on est où avec nos expositions à Marrakech ?
15:45 - Mais c'est ça en fait, c'est-à-dire qu'un héritage, c'est à la fois un héritage patrimonial, financier,
15:50 mais c'est aussi, comment dire, un héritage immatériel.
15:53 C'est être l'héritier de l'esprit de quelque chose.
15:57 Et moi ce que je trouve intéressant, c'est aussi dans l'histoire des couples homosexuels.
16:02 Il y avait longtemps, il n'y avait pas d'autre solution que de s'adopter.
16:05 Et même par exemple, en ce moment, on a sur France Inter un très beau podcast sur Simone de Beauvoir.
16:12 Simone de Beauvoir, elle a été obligée d'adopter sa dernière compagne.
16:16 On s'adoptait pour se transmettre quelque chose.
16:18 - Comme Jean Cocteau et Edouard Dermitte.
16:20 Mais à l'époque, avant le décès de Saint Laurent, le pax existait,
16:25 le mariage n'existait pas entre deux hommes, mais le pax existait.
16:29 Quand moi je suis arrivé à Paris, en fin des années 70,
16:32 les gens parlaient d'Yves et Pierre, Pierre et Yves, comme un couple,
16:36 comme Jean et Louise, ou X et Y.
16:40 C'était une fête accomplie, ce qui n'était pas du tout le cas dans ce métier non plus,
16:44 qu'on aurait pu imaginer parce qu'il y avait d'autres couples d'hommes
16:47 ou des couples de femmes dans le milieu de la mode.
16:49 Mais eux, ils ne portaient pas non plus l'enseigne.
16:52 Ils ne portaient pas un rainbow flag sur les épaules.
16:56 Ils étaient juste deux hommes qui vivaient ensemble.
16:59 Tout le monde le savait et c'était extrêmement courageux, je trouve.
17:04 - Ils ont fait avancer quelque chose.
17:05 - Énormément.
17:06 Donc pour moi, le patrimoine, bien entendu, et donc l'œuvre de Saint Laurent,
17:11 mais c'est plus fort que ça pour moi.
17:13 C'est cet engagement sur des causes défavorisées,
17:18 SOS racisme, le SIDA, tout ces choses-là.
17:24 - Ça, c'est les engagements de Pierre Berger, vraiment.
17:26 - Oui, mais bien sûr, c'est Pierre Berger.
17:28 Mais il a amené Yves Saint Laurent avec.
17:31 Yves Saint Laurent était en vie quand le SIDA est arrivé.
17:37 Pierre Berger lui a, pas obligé, peut-être,
17:41 mais qui a fait associer aussi ces mouvements.
17:46 Et donc le fait qu'Yves Saint Laurent, qui était quand même,
17:49 il ne faut pas oublier, dans les années 80,
17:52 Pierre Berger était toujours l'homme un peu en arrière-plan.
17:56 Il est sorti d'arrière-plan un peu plus tard,
18:00 avec l'arrivée de François Mitterrand ou d'autres.
18:03 Il est devenu beaucoup plus sur la scène, si je puis dire.
18:06 Et vous l'avez tous peut-être interviewé dans les années 90, etc.
18:11 Mais dans les années 70 et 80, il était l'homme qui poussait.
18:15 - Il était dans l'ombre.
18:16 - C'est un rendement.
18:17 Il était l'écran, les gens la cuisinaient.
18:19 - Et de ses engagements, parce que vous le dites très bien, Madison Cox,
18:22 c'est-à-dire que dans les engagements de Pierre Berger,
18:24 il y avait aussi une forme de politique.
18:26 Les engagements de Pierre Berger étaient politiques.
18:29 Et de cet héritage-là, qu'est-ce que vous faites aujourd'hui ?
18:32 C'est-à-dire, on a la sensation que vous vous êtes recentré
18:36 sur la mémoire de Saint Laurent et de Pierre Berger,
18:39 sur cette œuvre patrimoniale.
18:42 Et qu'est-ce que vous faites de ces engagements politiques ?
18:46 Le sida, c'était politique. Le racisme, c'était politique.
18:50 Qu'est-ce que vous faites de cela ?
18:52 Vous passez pour l'homme qui a coupé court au mécénat, en réalité.
18:56 - Ah oui, ça, c'est ce qu'on raconte de moi.
18:59 Mais en fait, les fondations, que ce soit les fondations françaises
19:03 ou surtout les fondations marocaines,
19:05 on maintient, on soutient les cliniques,
19:08 que ce soit Marrakech ou Tangier, à 100 %,
19:11 les cliniques de sidaction.
19:13 - Oui.
19:16 - Toutes nos activités au Maroc, c'est justement de valoriser
19:20 l'influence de la culture marocaine sur l'œuvre de Saint Laurent,
19:24 de valoriser ce peuple qui était toujours,
19:28 comment je puis dire, défavorisé dans un sens vis-à-vis
19:33 de la culture française.
19:36 Donc, nous continuons, bien sûr,
19:39 à sponsoriser les activités,
19:45 que ce soit en France, mais surtout aussi au Maroc.
19:48 - Et le monde, alors ? Parce que Pierre Berger...
19:50 - Ah, le monde, c'est le sujet !
19:52 - ...avait racheté le monde, et ça aussi, d'une certaine manière, c'est politique.
19:55 D'investir dans la presse nationale,
19:57 d'investir dans ce grand titre de presse si influent en France,
20:00 d'une certaine manière, c'est politique.
20:02 Il avait deux associés, Mathieu Pigasse et Xavier Niel.
20:05 Et puis, à la mort de Pierre Berger, vous les avez attaqués en justice
20:09 sur la valorisation des parts de Pierre Berger
20:13 qu'il s'était engagé à racheter.
20:15 Vous avez perdu en première instance, vous avez perdu en appel.
20:18 Qu'est-ce que devient, en fait, cette plainte en justice ?
20:21 - Écoutez, c'est fascinant, parce que le monde...
20:23 Je me suis très bien lui de poser la question,
20:26 mais pour quelle raison, maintenant, à l'âge que tu as,
20:29 et Médhi Malessin, tu ne te rends pas compte
20:31 de ce que représente le monde pour moi.
20:33 Le monde est un journal que ma mère lisait, ma mère socialiste.
20:37 Et pour moi, le monde, c'est la France.
20:40 Et je veux absolument préserver ce monde, ce concept,
20:46 et aussi soutenir les journalistes du monde qu'elle a faits,
20:50 parce qu'elle avait aussi aidé énormément de journalistes
20:53 pour pouvoir avoir une participation dans le monde.
20:58 Aujourd'hui, c'est une histoire compliquée,
21:03 mais ça va se résoudre.
21:05 Ce n'est pas la fin du monde.
21:08 - Ce n'est pas la fin du monde ?
21:10 - Non, non, non.
21:12 - Vous allez poursuivre ce procès ?
21:14 Vous allez vous pourvoir en cassation ?
21:16 - Je voudrais juste que ça, qui est dû à l'héritage
21:19 ou à la mémoire de Pierre Berger, soit dû, c'est tout.
21:22 C'est très simple.
21:24 - Merci beaucoup, Madison Cox.
21:26 Merci de nous avoir accordé cette interview,
21:28 parce que vous êtes très rare en interview.
21:30 - Non, mais j'étais très, très ému par votre invitation.
21:32 - Merci. - Merci beaucoup.

Recommandations