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Depuis 1997, Lucia Texeira est gardienne d'immeuble à Paris. Elle nous raconte.

Retrouvez "L'invité de Sonia Devillers" sur
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-9h10

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Transcription
00:00 Le 7 9 30 sur France Inter.
00:06 Il est 9h08, Sonia De Villers, votre invitée à gérer sa première loge il y a 25 ans.
00:12 Et même peut-être un tout petit peu plus que ça, c'est ça ?
00:15 C'est ça. Bonjour Lucia Texiera.
00:17 Bonjour.
00:18 Soyez la bienvenue. Vous êtes gardienne d'immeuble.
00:21 Et il y a un mot que vous n'aimez pas, c'est concierge.
00:23 C'est ça.
00:24 Et pourquoi ?
00:25 Parce que pour moi concierge, c'était les personnes qui rapportaient l'avis des autres et qui parlaient dans le dos des autres.
00:32 Et moi, je n'aime pas ça.
00:33 Je pense qu'on doit écouter et savoir garder ce que les personnes nous confient.
00:39 Ce qui est très important, parce que j'ai cité tout à l'heure cette grande campagne du ministère du Logement.
00:43 Il y a 11 ans qu'ils vous avaient choisi comme ex-gérie.
00:46 Et parmi toutes les tâches, il y avait Lucia cette année à arroser 322 plantes vertes et à réconcilier 8 voisins.
00:54 C'est-à-dire que dans la conception que vous vous faites de ce métier de gardien d'immeuble,
00:59 il y a l'idée qu'on écoute les gens et qu'on a un rapport très humain aux locataires et aux propriétaires qu'on a autour de soi.
01:07 C'est ça. Parce que je pense que ce n'est pas que le métier de faire le nettoyage.
01:11 C'est aussi ce côté, comme vous dites, humain, savoir écouter, d'être présent, de les faire rigoler.
01:18 Des fois, ça peut changer la journée.
01:19 Comme ils disent, j'ai le sourire. J'étais pas bien et vous m'avez fait sourire.
01:25 On vous raconte beaucoup de choses.
01:27 Oui, beaucoup, énormément.
01:29 Et ça ?
01:30 Ça reste fermé.
01:31 Ce qui entre dans la loge n'en sort pas.
01:35 Même mon mari, des fois, il n'est pas au courant de ce qu'on me dit à moi.
01:40 Avec votre mari, vous travaillez tous les deux.
01:42 Vous gérez à vous 280 logements, trois immeubles dans le 20e arrondissement à Paris.
01:49 Vous faites ce métier pratiquement depuis que vous avez commencé à travailler.
01:54 Au départ, votre mari ne faisait pas ce métier.
01:57 Non.
01:58 Il était quoi ?
01:58 Il était peintre dans le bâtiment.
02:00 Il était magasinier dans une grande boutique.
02:03 Après, il était au chômage et il a été embauché avec moi.
02:06 Voilà.
02:07 Et donc, vous travaillez tous les deux.
02:10 Lui, il s'occupe plutôt des tâches extérieures, de tout ce qui est maintien des bâtiments.
02:16 C'est ça.
02:17 L'entretien aussi, moi aussi le matin.
02:19 Mais moi, je fais plus aussi de l'administratif.
02:22 Et même quand les locataires, ils veulent se confier un petit peu,
02:27 c'est vers moi qu'ils se tournent parce que je pense que j'arrive à écouter.
02:32 Ça avait très mal commencé, Luthia.
02:35 Ça avait très mal commencé.
02:37 C'est-à-dire que ce premier job, la première loge qu'on vous a confiée,
02:42 ça a été une très mauvaise expérience.
02:44 Oui, parce que c'était l'année où il y avait les piccubules.
02:48 Les chiens méchants, là.
02:49 C'est ça, les chiens méchants.
02:53 Et je les avais sur les pieds.
02:54 Il y avait beaucoup de trafic de drogue dans l'immeuble où j'étais.
02:59 Et ça faisait peur.
03:01 Mes enfants, ils commençaient à avoir peur aussi.
03:04 Et du coup, j'ai demandé une mutation et j'ai eu la chance d'avoir cette mutation dans cette belle loge.
03:11 La première fois, vous avez tenu combien de temps sur ces premiers postes ?
03:13 Trois ans.
03:15 Mais je savais qu'il fallait changer parce que je ne pourrais pas rester avec les enfants dans une situation qui devenait critique.
03:23 Mais c'est ça qu'il faut raconter aussi.
03:25 C'est que quand on est gardien dans un immeuble, vraiment dans un environnement très difficile,
03:32 on est aux premières loges, sans mauvais jeu de mots.
03:34 Mais on est vraiment aux premières loges.
03:35 De cette violence au quotidien, des déchets jetés dans les caches d'escalier, des dégradations.
03:42 Et les jeunes qui squattent les entrées, qui ne laissent pas rentrer les locataires.
03:46 Que les locataires viennent nous voir parce qu'ils pensent qu'on va y arriver, à trouver une solution.
03:52 Mais c'est difficile d'aller les voir.
03:55 On essaie d'aller discuter avec les jeunes.
03:58 Parfois, ils nous écoutent.
03:59 Parfois, ils ne nous écoutent pas.
04:01 Mais c'est ces côtés dangereux même, des fois, qu'on a face à des jeunes qui peuvent être dangereux,
04:10 qui deviennent de plus en plus dangereux.
04:11 Vous trouvez ?
04:12 Oui.
04:14 Ils peuvent prendre un couteau à tout moment.
04:16 Et je pense que maintenant, moi, j'ai réfléchi avant vraiment d'aller les parler.
04:21 Comment aller les parler ?
04:22 Parce que ça vous est déjà arrivé d'aller alpaguer des petits caïds du quartier ?
04:27 C'est ça.
04:28 Ça vous est déjà arrivé ?
04:29 Oui, c'est ça.
04:30 Mais je pense que maintenant, je le ferai différemment.
04:33 Parce que ça avait marché à l'époque ?
04:35 Oui.
04:35 Il y avait un jeune que je l'avais appelé dans ma loge et je lui ai dit que son business, moi, ça ne m'intéressait pas.
04:41 Et ce n'était pas à moi de dire ce qu'il devait faire et pas faire.
04:46 Mais surtout, dans la résidence, il devait rester clean, il devait faire attention.
04:50 Sinon, il aurait des soucis.
04:52 Et il a tenu promesse de son contrat qu'on avait fait, que ses copains ne viennent plus comme ça dans la résidence.
05:00 * Extrait de "La Vila Morena" de Lucia *
05:19 Ça, c'était la chanson interdite par Salazar pendant la dictature au Portugal.
05:25 Lucia, on vous a repéré parce que vous étiez les géris de cette campagne de pub du ministère du Logement il y a dix ans.
05:32 Et aussi parce que vous faites partie des nombreux personnages magnifiques de ce livre paru chez Autrement qui s'appelle "Éloges des loges,
05:40 histoire vraie de gardiennes et de gardiens d'immeubles parisiens".
05:44 C'est signé Jean-Michel Djan, hôte de Tocqueville.
05:47 Les photographies qui sont très belles.
05:48 Margot Lanson en noir et blanc.
05:50 Il y a un beau portrait de vous.
05:51 Décidément, vous êtes très photogénique.
05:55 Et ce sont des parcours de vie.
05:58 L'immigration portugaise, c'est un moment très particulier dans l'histoire de l'Europe.
06:04 L'immigration des Portugais en France.
06:07 Vous vous êtes partie, vous êtes arrivée quand ? Et vous avez surtout rejoint votre père qui était déjà là.
06:12 Oui, moi j'avais entre 17 et 19 ans.
06:17 Je suis venue, repartie, je suis revenue pour de bon.
06:19 Mon papa était ici tout seul.
06:22 On vivait tout seul avec ma maman au Portugal.
06:25 Et après, je voulais venir en France.
06:28 Je savais que ma vie, elle serait ici en France.
06:31 Et j'ai rejoint mon papa.
06:35 Et après, il y a mes soeurs et mon frère qui sont venus.
06:38 Ma maman et on a fini ici, on va dire la famille.
06:42 C'est ça. Et vous avez...
06:46 Comment vous avez appris le français ?
06:47 Il faut le raconter.
06:49 Non, il faut le raconter.
06:51 Parce que c'est aussi l'histoire d'une génération qui s'est intégrée à tout prix.
06:56 Oui, je voulais vraiment, c'était ma motivation, c'était venir en France.
07:01 Et quand on est motivé, on est capable de faire des choses incroyables.
07:06 Et bien sûr, je ne savais pas parler français.
07:09 Et j'ai été fille au père et j'ai travaillé dans une famille où les petits, le soir, ils ont dit au papa, il faut la virer.
07:15 Elle ne parle pas le français.
07:17 Et là, je me suis dit dans ma tête, mon petit coco, tu vas voir, je vais bien parler le français.
07:23 Je me suis acheté des livres et je me faisais dédicter à moi toute seule.
07:27 Et quand je faisais des fautes, je faisais 20, 30 fois le mot pour que ça soit bon.
07:32 Et j'ai appris comme ça.
07:35 On se sent quand même éternellement une des racinées.
07:41 Oui, non, parce que moi, je suis, comme je disais, que Oude Tokvile l'a bien dit dans le livre,
07:48 je suis une citoyenne du monde.
07:50 Moi, là où j'y vais, je suis bien.
07:53 Je m'adapte parce que si j'ai choisi d'y aller, c'est parce que j'ai choisi.
07:58 Je suis bien et j'adore là où je suis parce que je fais tout pour que ça se passe bien aussi.
08:03 Et de ce stéréotype de la concierge portugaise, vous vous détestez ce mot de concierge.
08:14 C'est quelque chose dont vous avez souffert ?
08:17 C'est quelque chose qu'on vous a parfois renvoyé à la fin d'une heure ?
08:20 Bien sûr, c'était souvent les concierges.
08:23 Les portugais, c'est des concierges.
08:25 Les hommes, c'est des maçons.
08:27 Les maçons portugais.
08:28 Ma fille, je sais quand elle était plus jeune, en primaire, je pense, les enfants sont durs à l'école.
08:35 Je pense qu'elle avait honte de dire que ses parents étaient gardiens.
08:40 C'est dommage parce que c'est un métier assez noble.
08:45 Oui, c'est un métier noble.
08:46 Parce qu'on ne le voit pas, mais il est beau ce métier.
08:49 Oui, il est beau ce métier.
08:53 Et petit à petit, en grandissant, votre fille...
08:55 Oui, elle est fière de nous.
08:58 Elle est fière de nous, nous on est fiers d'eux, mais elle est fière.
09:02 Maintenant, aucun problème pour dire que ses parents sont gardiens.
09:05 Avec le sourire.
09:06 Aussi qu'elle a un super beau sourire.
09:09 Et votre fils, jamais ?
09:11 Ah non, lui, il était très à l'aise avec ça.
09:13 Avec ses copains, il passait par la loge, il rentrait, il n'y avait aucun souci.
09:17 Mais je pense que c'était peut-être...
09:19 Les filles sont plus dures, entre filles.
09:21 Il faut dire la vérité.
09:23 Vous écoutez France Inter.
09:25 Il est 9h17.
09:26 Lucia Texera est avec nous et elle va nous raconter les rencontres, les moments très
09:32 difficiles, parfois douloureux, qui se passent dans une copropriété.
09:36 Et comment elle est l'air.
09:39 Il me semble que tu marches à côté de moi
09:43 Mes gestes ont pris la couleur de tes mouvements
09:48 J'y pense tout le temps malgré moi
09:52 Oh, on s'apprend, oh, on s'attend
09:57 Oh, on se rend et sans jamais rien dire
10:02 Oh, on s'entraide, oh, t'as des guênes
10:07 Oh, on s'est aimé sans jamais rien dire
10:13 Toutes ces choses du monde qui nous traversent à deux
10:18 Tu pars toi aussi de tomber amoureux
10:23 Tous ces endroits où je pensais n'être pas
10:27 Maintenant me voilà avec toi
10:31 Oh, on s'apprend, oh, on s'attend
10:36 Oh, on se rend et sans jamais rien dire
10:41 Oh, on s'entraide, oh, t'as des guênes
10:46 Oh, on s'est aimé sans jamais rien dire
10:51 Oh, on s'apprend, oh, on s'attend
10:56 Oh, on se rend et sans jamais rien dire
11:01 Toutes ces choses du monde qui nous traversent à deux
11:06 Tu pars toi aussi de tomber amoureux
11:11 Tous ces endroits où je pensais n'être pas
11:16 Maintenant me voilà avec toi
11:21 Oh, on s'entraide, oh, t'as des guênes
11:26 Je repose, rien de l'air
11:31 J'ai pensé tout
11:36 Je repose, rien de l'air
11:39 Oh, on s'apprend, oh, on s'attend
11:43 Oh, on se rend et sans jamais rien dire
11:48 Oh, on s'entraide, oh, t'as des guênes
11:53 Oh, on s'est aimé sans jamais rien dire
11:58 Chris, rien dire !
12:00 Je me suis emparée ce matin des loges, des loges parues chez Autrement, Jean-Michel Dujan et Aude de Tocqueville
12:13 ont décidé de donner un visage mais surtout un parcours, une histoire, une voix à ces gardiennes et gardiens d'immeubles
12:21 que vous croisez parfois sans les voir, sans les regarder
12:24 ça amuse beaucoup Lucia Texiera qui fait ce métier depuis presque 30 ans et qui en est fière
12:29 Très fière, très fière, très fière et je voulais remercier, c'est la directrice de la RIVP, Christine Laconde
12:37 La RIVP c'est la régie parisienne
12:40 C'est la régie où on travaille, Régie Meublière de la ville de Paris
12:44 et qui a eu cette idée avec Aude Tocqueville et Jean-Michel Dajan de faire ce livre
12:50 Je trouve que ça c'est super parce que ça fait ressortir ces beaux métiers qu'on n'en parle pas souvent
12:57 et peut-être qu'il y a des personnes qui ont un gardien et qui ne voient pas tout ce qu'il fait
13:03 Alors le rôle du gardien c'est aussi de maintenir la paix dans une copropriété, dans un lieu de logement
13:13 y compris pour les logements sociaux, c'est de maintenir la paix, les règles de vie en collectivité
13:19 Vous l'avez dit, vous trouvez que les jeunes sont de plus en plus violents et agressifs
13:23 donc il faut gérer les jeunes, il faut gérer le quartier, il faut gérer aussi tout ce qui déborde entre voisins
13:30 et ça, ça s'apprend avec l'expérience ?
13:32 Si, avec l'expérience, parce qu'au début on a un peu plus de mal, on va le dire
13:36 c'est pour ça que la régie aussi elle fait des formations
13:39 parce qu'au début on est jeune, on pense qu'on y va, on dit quelque chose, ça va s'arranger
13:45 donc il faut prendre vraiment avec l'expérience, on arrive des fois à calmer certains locataires
13:51 et des conflits de voisinage qui peuvent arriver
13:55 et je pense que c'est l'expérience du terrain qui aide à devenir meilleure
14:03 Un jour vous avez fait la connaissance d'un homme qui dormait sur le trottoir
14:08 cet homme qui dormait sur le trottoir, il a toute une histoire
14:15 cette histoire-là, c'est notre confrère Christophe Fondelatte
14:19 qu'il a raconté à la radio et ça a changé la vie de cet homme qui s'appelait Michel Baldi
14:26 Tous les jours je faisais ma formation, tous les soirs je retournais à la Manche
14:29 pour pouvoir payer mon ticket de transport, prendre ma douche à Montparnasse et manger
14:33 tous les jours j'étais à l'heure, le soir je révisais mes cours en venant à la Manche
14:40 le soir je m'endormais avec les cours dans mes bras
14:42 Vous pouvez nous raconter l'histoire de Michel Baldi puisque et Christophe Fondelatte et vous Lucia vous avez croisé sa vie
14:49 Lui il a voulu faire une école pour avoir un CAP gardien
14:55 ce qui n'existait pas quand vous étiez jeune, il n'y avait pas le CAP gardien
14:59 maintenant on peut avoir le CAP gardien et lui il a pu avoir cette chance de s'inscrire
15:06 avec l'aide de Christophe Fondelatte pour s'inscrire à l'école Illogi si je ne me trompe pas
15:11 et derrière il fallait faire un stage sur le terrain, deux stages
15:17 et j'ai accepté qu'il vienne faire ce stage avec nous dans la résidence
15:22 et que j'étais très contente, c'était une très belle rencontre
15:26 C'est une très belle rencontre, c'est quand même l'histoire d'un gars qui voulait être gardien d'immeuble pour avoir un toit
15:32 tout ce qu'il n'avait plus depuis des années
15:34 Oui et c'était ça, c'est ce qu'il disait, c'était la façon d'avoir un travail et un logement
15:39 c'était de devenir gardien, il avait vraiment la motivation
15:43 et il a pu avoir un poste de gardien où il était très content
15:49 Et vous vous l'avez connu faisant sa formation, faisant son stage
15:53 Il allait dormir à la rue, oui et ça m'a vraiment touchée parce qu'il devait rentrer, rentrer, j'allais dire rentrer chez lui
16:01 Non, il devait partir après le stage pour aller dormir dehors mais moi je ne pouvais pas l'accueillir
16:08 et ça me faisait de la peine vraiment
16:10 Voilà, il est mort très peu de temps finalement
16:12 Deux ans après qu'il a eu sa loge
16:14 Mais au moins il l'a eu
16:15 Mais il a eu une fin on va dire digne
16:19 Et ça aussi ça fait partie des choses qu'il faut intégrer, accepter quand on gardienne un immeuble
16:27 c'est qu'il y a des locataires qui sont en fin de vie, qui sont très âgés
16:33 Il y a des histoires parfois très difficiles dans les familles, il y a des deuils
16:37 Tout à fait
16:38 Que vous encaissez aussi
16:39 Complètement, complètement
16:41 Il y a un monsieur aussi, sa famille n'avait plus de nouvelles de lui
16:45 Nous on surveillait les volets, on voyait les volets, ils étaient ouverts tous les jours
16:50 Et à un moment donné il ne les fermait plus mais on essayait de voir s'ils allaient, venaient
16:54 Et un jour il est décédé tout seul dans son canapé dans le séjour
17:00 C'est ça, et vous vous êtes les vigies de ça parfois
17:03 Oui
17:04 Ce qui est un rôle difficile
17:05 C'est ça
17:06 Comment on met des limites Lucien Texera ?
17:08 C'est à dire quand on a une loge qui bien souvent est au rez-de-chaussée
17:15 C'est ça
17:16 De l'immeuble qu'on gardienne
17:18 Tout à fait
17:19 Comment on met des limites ? Comment on impose des... Comment on ferme la porte ?
17:23 C'est pareil, ça s'apprend
17:25 Parce que moi ça m'est arrivé que les samedis quand on ne travaillait plus
17:29 Si je sortais faire mon marché, j'avais des personnes qui me disaient "j'ai un problème"
17:35 Et moi je disais aux personnes "vous travaillez aujourd'hui ?"
17:39 On me disait "non"
17:40 "Ah moi non plus"
17:41 Et puis gentiment ils comprenaient
17:44 Mais il faut savoir dire non, mais s'il y a une urgence on est toujours là
17:49 Pour une urgence, il n'y a pas longtemps il y a eu un refoulement dans un logement
17:54 Oui c'est ça, ça c'est des cas d'urgence parce que...
17:56 Et il n'y a pas d'heure, vous y allez, vous appelez les sociétés, vous rassurez
18:01 Vous êtes vraiment là pour... Vous ne réfléchissez même pas si vous êtes au travail ou pas
18:06 Je pense qu'on y va comme ça parce qu'il faut y aller
18:09 En plus c'était des personnes âgées, vraiment il fallait être là
18:12 C'est ça, ça change tout d'être deux ?
18:15 Ça aide beaucoup, parce que nous on a trois résidences et il y a deux, c'est vrai que c'est important
18:21 Et puis on peut dire des choses, se complémenter
18:26 Si c'est un problème plus technique, c'est monsieur qui va
18:32 S'il faut y côter une personne qui est un peu plus agressive, moi j'y vais
18:37 Et on arrive à trouver l'équilibre comme ça, c'est très bien
18:41 Et quelle relation vous avez gardée avec votre pays d'origine, le Portugal ?
18:45 Ah très intéressant ça
18:47 Je me pose la question des fois moi aussi parce que j'ai pas d'attache
18:52 À part mon papa pour l'instant qui est encore en vie, qui est là-bas
18:55 Qui est retourné là-bas
18:58 Je pense que non, j'ai pas d'attache, je suis bien, c'est mon pays la France
19:06 Je suis vraiment très très contente d'être ici, pour moi c'est mon pays
19:11 Je m'attache pas
19:13 C'est ça, mais au risque parfois de couper avec les racines, avec son enfance
19:19 Quelle langue vous avez parlé avec vos enfants ? Vous les avez élu en bilingue ?
19:25 Tout à fait, parce que je voulais qu'ils apprennent le portugais
19:29 Parce que c'était important et je pense qu'un enfant quand il est jeune
19:32 Il a une capacité énorme à apprendre
19:35 Et oui, on parlait portugais à la maison
19:38 On essaie aussi de parler français pour qu'il arrive à commencer à apprendre
19:42 Mais on a voulu qu'ils apprennent le portugais, ils parlent très bien le portugais aussi
19:46 Et ce que vous dites dans ce petit livre "Éloge, déloge" parmi les différents portraits
19:51 C'est qu'être deux à être gardien, c'est être deux à avoir un salaire garanti
19:55 Et c'est pouvoir offrir des études à ses enfants
19:58 Oui, ça c'était le bonheur aussi
20:00 Parce que je savais que je voulais le meilleur pour eux et c'est ce qu'on a fait
20:07 Merci beaucoup Lucia Teixeira
20:10 Merci beaucoup d'être venue raconter un tout petit morceau de votre métier, de votre fierté
20:15 Et de votre quotidien "Éloge, déloge" éparu chez Autrement
20:18 Merci d'être venue ce matin

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