Festival de Cannes : Justine Triet, Palme d'or 2023

  • l’année dernière
Après onze jours de projections, la Palme d'or du Festival de Cannes a été décernée à la Française Justine Triet pour son film "Anatomie d'une chute". La réalisatrice devient ainsi la troisième femme – après Jane Campion en 1993 et Julia Ducournau en 2021 – à recevoir la plus haute récompense de la compétition. Dans cette émission, Louise Dupont et Thomas Baurez reviennent sur le palmarès du jury présidé par le Suédois Ruben Östlund, mais aussi sur les temps forts de cette 76e édition, d'Harrison Ford dans le nouvel "Indiana Jones" à Leonardo DiCaprio et Robert De Niro sur le tapis rouge pour le dernier film de Martin Scorsese.

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Transcript
00:00 [Musique]
00:10 So, the POM door 2023 goes to Yastin Trieb.
00:17 [Applaudissements]
00:24 Bonsoir à tous. Après 11 jours de tapis rouges et de projections, ça y est,
00:29 vous venez de l'entendre, on connaît le nom de la Palme d'Or 2023.
00:33 Je suis justement en compagnie de Thomas Borez. Bonsoir Thomas.
00:36 Bonsoir Louise.
00:37 On va revenir sur les temps forts de cette 76e édition du Festival de Cannes.
00:41 Mais sans plus attendre, on commence avec Justine Trier,
00:44 Palme d'Or de cette 76e édition avec son film "Anatomie d'une chute".
00:49 Elle succède donc à Ruben Osloun qui avait remporté la Palme d'Or l'année dernière
00:54 avec "Sans filtre" et qui d'ailleurs est président du jury cette année.
00:58 Justine Trier qui a commencé par remercier toute l'équipe de son film
01:02 avant que son discours ne prenne une tournure plus politique.
01:05 Et elle a loué l'exception française. On va commencer par l'écouter.
01:10 Cette année, le pays a été traversé par une contestation historique,
01:15 extrêmement puissante, unanime, de la réforme des retraites.
01:20 Cette contestation a été niée et réprimée de façon choquante.
01:32 Et ce schéma de pouvoir dominateur de plus en plus décomplexé
01:36 éclate dans plusieurs domaines.
01:39 Évidemment, socialement, c'est là où c'est le plus choquant,
01:42 mais on peut aussi voir ça dans toutes les autres sphères de la société
01:45 et le cinéma n'y échappe pas.
01:48 La marchandisation de la culture que le gouvernement néolibéral défend
01:52 est en train de casser l'exception culturelle française.
01:56 Voilà, l'exception culturelle est un bien très précieux,
02:03 il faut le conserver, c'était le message de Justine Trier.
02:06 Alors son film parle de tout autre chose, il n'est pas vraiment
02:09 de questions de contestation sociale, mais plutôt de la dissolution d'un couple.
02:13 C'est un film de procès, un film où plânent les fantômes
02:17 des cinéastes auto-prémingueurs spécialistes du cinéma hollywoodien,
02:20 des films de procès dans les années 40 et 50.
02:23 Mais surtout Ingmar Bergman, auquel on pense beaucoup,
02:26 scène de la vie conjugale, c'est vraiment un couple qui se déchire.
02:29 Il y a une belle scène de dispute qui sonne très juste dans le film de Justine Trier.
02:32 Est-ce que Justine Trier était à la hauteur de ces deux grands cinéastes ?
02:35 Pas vraiment à mon sens, mais c'est un peu écrasant.
02:38 A noter quand même qu'elle avait déjà tâté du procès, si je puis dire,
02:42 dans le film Victoria, qui avait été présenté ici même,
02:45 dans le cadre de la critique. - Dans l'univers judiciaire.
02:47 Absolument, il y avait aussi une scène de procès, c'est ce qui d'ailleurs l'avait décidé
02:50 à se dire "Allez, j'ai envie de prolonger tout ça". On regarde à quoi ça ressemble ?
02:52 Tout à fait, allons-y.
02:55 Comme vous pouvez le voir, une coupure d'accident sera difficile à défendre,
02:58 à part la hauteur du sable.
03:01 C'est pour ça qu'il y a une enquête pour plus de suspects,
03:06 pour votre mort la plus susceptible,
03:11 et votre témoin assisté, car vous étiez la seule personne là-bas.
03:14 Et bien sûr, votre femme.
03:19 Maintenant, chercher un étranger qui entre, qui tue son ami,
03:22 pendant que vous dormiez, et que Daniel était là-bas pour un travail,
03:25 c'est une stratégie de merde.
03:27 Samir n'avait pas d'ennemis...
03:29 Arrêtez, arrêtez. Je ne l'ai pas tué.
03:32 Ce n'est pas le point.
03:38 Voilà, "Anatomie d'une chute" de Justine Trier.
03:40 Justine Trier, Thomas, qui faisait partie des 7 réalisatrices en lice pour La Palme d'Or,
03:44 7 sur 21 cinéastes en compétition, c'était un record pour le Festival de Cannes.
03:48 Oui, absolument. Elle parlait d'exceptions françaises.
03:50 L'une des exceptions françaises aussi, c'est les femmes réalisatrices.
03:53 Elles sont nombreuses, et c'est tant mieux.
03:55 Elles étaient 4 sur les 7 cette année, Justine Trier, on l'a dit,
03:58 mais aussi Catherine Breillat, Catherine Corsini,
04:00 et la franco-sénégalaise Ramata Toulaye-Sissi.
04:04 Alors, justement, Jane Fonda, qui était là pour remettre cette prestigieuse Palme d'Or,
04:09 en a profité pour rappeler les progrès que le cinéma et le monde du cinéma
04:14 a encore à faire en matière de parité.
04:17 Anna, moi je suis venue pour la première fois en 1963.
04:23 [Applaudissements]
04:29 Un grand nombre d'entre vous n'étaient même pas nées.
04:32 C'était différent, c'était plus petit, c'était dans un autre palais,
04:37 et plus important, aucune femme n'était en compétition à l'époque.
04:44 Et on n'avait rien remarqué, on ne s'est pas dit, il y a quelque chose d'anormal.
04:50 On a beaucoup progressé depuis lors.
04:53 [Applaudissements]
04:56 Mais il reste du chemin à parcourir.
04:59 Voilà, Jane Fonda lors de la cérémonie de clôture du 76e Festival de Cannes.
05:04 On va continuer à dérouler ce palmarès dans quelques instants,
05:07 mais on prend quelques minutes tout de même pour s'arrêter sur les temps forts
05:10 de ce Festival de Cannes 2023.
05:12 A commencer, Thomas, par le retour dans la peau d'Indiana Jones du grand Harrison Ford.
05:18 L'année dernière, c'était Tom Cruise qui reprenait les habits de Maverick dans Top Gun.
05:21 Et bien là, c'est encore les années 80 qui ressurgissent dans le présent avec Harrison Ford.
05:26 Et bien sûr, j'allais dire la cape, mais non, il n'a pas de cape, il a un chapeau.
05:29 Et un fouet !
05:31 Et un fouet, c'est donc Indiana Jones.
05:33 80 ans, Harrison Ford, il est vraiment toujours beau et fringant.
05:37 Et il a d'ailleurs obtenu une palme d'or d'honneur, surprise, comme son copain et compatriote Michael Douglas.
05:43 Ils étaient tous les deux là en début de festival.
05:45 Vous l'avez dit, à 80 ans, Harrison Ford est presque plus en forme que jamais.
05:50 Ce qui a tout à fait été remarqué par une journaliste australienne
05:54 qui n'a pas manqué d'interroger Harrison Ford sur sa forme.
05:57 Écoutez-la.
05:59 Je pense que vous êtes toujours très chaud.
06:01 Et on était étonnés de voir que vous prenez votre veste en deuxième scène.
06:12 Je veux dire, c'est juste...
06:14 Et vous l'avez toujours. Comment vous gardez votre forme ?
06:17 Regarde, je suis...
06:21 Je suis blessé de ce corps.
06:28 Merci.
06:30 Merci de m'avoir vu.
06:37 Il n'a pas perdu son sens de l'humour non plus, Harrison Ford, pour ce retour d'Indiana Jones.
06:42 Autre événement sur la croisette cette année, c'est la présence sur le tapis rouge
06:47 de trois légendes du Siete-Yannemar pour la montée des marches du film "Killers of the Flower Moon".
06:54 Je veux bien sûr parler de Leonardo DiCaprio, Robert de Niro, Martin Scorsese.
06:59 Et c'est d'ailleurs la première fois que Martin Scorsese réunissait ces deux acteurs fétiches dans un film.
07:05 Le passage de témoins a eu lieu il y a quelques années déjà, mais c'est vrai.
07:08 La première muse de Scorsese, c'est évidemment de Niro, Rajin Bhull et Taxi Driver, Palme d'Or, ici même.
07:14 Et puis depuis les années 2000 à peu près, c'est Leonardo DiCaprio qui prend la relève.
07:18 C'est vrai que c'est beau de les voir réunis quand même derrière la caméra, ou plutôt devant, de Martin Scorsese.
07:24 Il y avait une petite anti-suspense pour savoir si le film allait être en compétition ou pas.
07:28 Je crois que Scorsese le voulait. Il aurait pu raffler une deuxième Palme d'Or, il l'aurait méritée.
07:32 Mais ça aurait été injuste pour les autres concurrents.
07:34 Le film sortira bien en salles, parce que c'est un film Apple TV. On pensait que c'était un film de streaming.
07:39 Pas du tout. Vous le verrez en octobre prochain sur les écrans français.
07:42 Voilà, le 18 octobre prochain. En attendant, on va écouter Leonardo DiCaprio lors de la conférence de presse
07:47 où bien sûr, il s'est exprimé et il a exprimé toute son admiration pour Martin Scorsese, avec qui il tourne pour la sixième fois.
07:54 Il défend toujours avec force la vérité des histoires qu'il raconte.
08:01 Il est passé maître dans l'art de raconter ses histoires, peu importe si elles sont moches, bizarres ou malsaines.
08:08 Il respecte l'histoire du cinéma et ce qui a été fait avant lui.
08:12 Les grands cinéastes l'ont beaucoup influencé et ont fait de lui ce qu'il est aujourd'hui.
08:21 Voilà donc pour les stars qui étaient les plus attendus pendant cette 67e édition.
08:26 On revient au palmarès qui a été décerné par le jury de Ruben Oslun,
08:33 avec peut-être d'abord le film qui était quand même grand favori sur la croisette ces derniers jours.
08:39 C'était The Dawn of Interest de Jonathan Glaser et qui reçoit le Grand Prix.
08:45 Voilà, une adaptation d'un roman très fort de Martin Armis. L'écrivain anglais, à noter, est mort.
08:50 Une drôle de coïncidence.
08:52 C'est le même jour que la présentation du film ici en compétition officielle.
08:57 C'est un film qui ausculte les camps de concentration, mais vu complètement hors champs.
09:03 On n'est que quasiment dans la maison du directeur du camp, Rudolf Hoss.
09:08 C'est un film assez implacable, assez intrigant.
09:11 Jonathan Glaser est très rare. C'est tous les 10 ans qu'il fait des films.
09:14 Son premier burse datait de 2004.
09:17 Son premier film, qui a l'élu Under the Skin avec Scott Johansson, c'était en 2013.
09:21 Et donc The Zone of Interest, 2023.
09:24 Qui est assez effroyable, mais avec un sujet important.
09:27 Dans ce palmarès, il y a un autre film français, après La Palme d'Or,
09:31 signé du franco-vietnamien Tran Anh Ng, et qui lui a reçu le prix de la mise en scène.
09:36 C'est La Passion d'Odin Bouffant.
09:38 Que les anglo-saxons connaîtront sous le titre The Pot of Fire.
09:43 C'est vraiment un film qui est tourné vers l'export,
09:48 parce que c'est vraiment une célébration de la gastronomie française.
09:51 C'est un film dans son académie, ce qui est quand même assez radical.
09:54 On voit quand même des plans incessants sur la préparation d'un carré d'agneau d'une seule menière.
10:01 Il y a quand même les retrouvailles de Benoit Magimel et de Juliette Binoche.
10:05 Et Pierre Gagnère, qui était conseiller gastronomique.
10:09 Et qui a un rôle !
10:10 Alors qu'il n'est pas un super acteur, on peut le dire, mais il a bien fait des choses.
10:13 Et qui nous a fait saliver quand même. Ces recettes, ça donne envie.
10:16 Tran Anh Ng, notons quand même qu'il avait été repéré, ici même à Cannes,
10:20 l'odeur de la papaye verte qui avait été un succès surprise en salle il y a quelques années.
10:24 On regarde tout de suite quelques images de La Passion d'Odin Bouffant.
10:28 Un poète chinois du 11e siècle a obéi à une règle toute sa vie.
10:33 Il travaillait une année entière et l'année d'après, il a consacré entièrement à sa femme.
10:39 J'aurais dû suivre son exemple.
10:42 Dans ce que vous venez de dire, il y a plusieurs mots qui ne vont pas.
10:50 Par exemple, vous n'êtes ni poète, ni chinois.
10:55 Je ne suis pas poète.
11:06 Voilà La Passion d'Odin Bouffant qui vient de recevoir le prix de la mise en scène ici à Cannes.
11:10 On peut noter le prix du scénario pour Monster du japonais Hirokazu Koreeda
11:14 et le prix du jury pour Les Feuilles Mortes du finlandais Aki Korismaki.
11:18 On va passer à nos coups de cœur, terminer avec nos coups de cœur.
11:20 Mais là aussi, on a de la chance. Ça tombe bien.
11:22 Et vraiment, c'était un hasard. Ils ont tous les deux été récompensés,
11:25 tous les deux par des prix d'interprétation.
11:27 Je commence ?
11:28 Allez-y.
11:29 Je commence donc avec Perfect Days de Wim Wenders, le réalisateur allemand
11:34 qui avait déjà eu une palme d'or ici même à Cannes pour Paris Texas.
11:39 Et dont l'acteur Koji Yakusho a donc été primé lors de cette 76e édition
11:45 pour sa prestation magnifique.
11:47 C'est une intrigue assez étonnante puisqu'on suit cet homme
11:50 qui est en charge de nettoyer les toilettes de Tokyo.
11:54 Mais c'est un film qui nous rappelle de profiter des petits bonheurs du quotidien,
11:58 de la lumière dans les feuilles d'arbre ou alors d'écouter du Lou Reed à fond dans sa voiture.
12:03 Ça fait du bien.
12:04 Ça fait du bien. Et moi, c'est en Anatolie que je vous emmène
12:06 puisque mon coup de cœur allait pour le film du Turc Nuri Bilgöcelan,
12:11 "Les herbes sèches" Nuri Bilgöcelan qui est vraiment multi-primé à Cannes,
12:15 notamment par une palme d'or pour Wintersip il y a quelques années.
12:17 Et c'est plutôt une bonne idée de l'avoir récompensé ce film via son actrice
12:21 puisque le prix d'interprétation féminine a été attribué à Merve Dizdar,
12:26 elle a 36 ans. Elle est vraiment incroyable dans ce film.
12:30 C'est une femme qui a survécu à un attentat.
12:34 Ce film, c'est l'auscultation, la dégradation d'un homme.
12:37 Mais elle, cette femme, vraiment, va lui donner du fil à retendre.
12:40 C'est vraiment un très très très très beau film.
12:42 Et bien voilà, vous savez tout maintenant du palmarès de cette 76e édition du Festival de Cannes.
12:47 Je vous rappelle la palme d'or, c'est "Anatomie d'une chute de la française" Justine Trier.
12:52 Merci à tous de nous avoir suivis. Merci à vous Thomas.
12:56 Voilà, j'ai préparé un pot au feu.
12:58 Merci de nous avoir suivis pendant cette quinzaine cannoises.
13:01 Merci aux équipes, ici même sur La Croisette et à Paris, d'avoir rendu possible toutes ces émissions.
13:06 Et bien sûr, on se retrouve très vite pour d'autres numéros de À l'affiche à Paris.
13:10 Merci à tous.
13:13 [Musique]

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