Depuis la publication de son livre "Le frérisme et ses réseaux, l'enquête", Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue au CNRS, vit sous protection policière, en raison de menaces de mort à son encontre.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Votre vie a changé depuis la sortie de ce livre ?
00:02 Un petit peu quand même, un petit peu,
00:05 puisque je suis accompagnée maintenant effectivement d'un dispositif de sécurité.
00:09 Mais sinon, dans le fond, pas vraiment.
00:12 D'abord, je mesure assez bien ce qui m'arrive
00:16 parce que je connais bien le sujet sur lequel je travaille.
00:18 Donc, on ne peut pas dire que ça a fondamentalement changé de ce point de vue.
00:23 En tout cas, sur le plan psychologique, je vais bien.
00:25 Mais ça veut dire que quand vous venez ici ce soir,
00:27 quand demain vous irez à la semaine pour votre conférence,
00:29 il y a systématiquement désormais des policiers qui vous accompagnent.
00:33 C'est ça, les dispositifs de sécurité sont adaptés en fait à la situation.
00:38 Donc, ce sera le cas pour les personnes qui viendront sur place,
00:41 elles seront protégées sans difficulté.
00:44 Ce qui vous vaut, c'est le Parisien qui disait ça cette semaine,
00:48 pardon, mais le titre,
00:50 vous êtes la seule chercheuse française à être protégée aujourd'hui par la police.
00:54 Oui, en effet, en effet.
00:56 Alors, il y avait donc Gilles Kepel qui, vous vous souvenez,
01:00 avait été menacé de mort et protégé.
01:03 Mais je crois en effet que nous sommes les seuls à avoir vécu cette expérience.
01:06 Gilles Kepel qui préface votre livre.
01:09 Pourquoi ces menaces ?
01:11 Alors, c'est un petit peu...
01:13 Alors, les menaces de mort...
01:14 On reviendra au fond du livre, évidemment, qui explique aussi les choses.
01:18 Mais pourquoi ces menaces ?
01:19 Les menaces de mort, c'est la conséquence d'une agitation,
01:22 en particulier sur les réseaux sociaux,
01:25 qui proviennent de l'université.
01:27 Ce qui n'est pas tout à fait étonnant.
01:30 Il y a une bataille assez féroce entre chercheurs, parfois.
01:37 Et je crois que certains, à la lecture de mon livre,
01:41 ou peut-être à...
01:43 Je ne suis pas sûre qu'ils l'aient lu,
01:44 mais en tout cas, certains aspects qui étaient rapportés dans la presse
01:49 n'ont pas vraiment supporté ce que je disais
01:53 et sont tombés dans des excès incroyables,
01:55 m'accusant de racisme et d'islamophobie,
01:57 ce qui est évidemment très grave.
01:59 L'antisémitisme également ?
02:01 Oui, c'est ça.
02:02 C'est ce qui est très grave aussi.
02:06 Sans mesurer, en fait, peut-être le sens de leur parole,
02:09 ils ont perdu leur sang-froid.
02:12 En même temps, comme je disais, ce n'est pas tout à fait étonnant,
02:14 puisque je consacre pas mal de chapitres de mon livre
02:17 à expliquer comment le frérisme s'est invité à l'université,
02:23 comment depuis 30 ou 40 ans maintenant,
02:25 il a influencé les études sur l'islam et sur l'islamisme en particulier.