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Chaque jour, des invités opposent leur point de vue sur l'actualité politique. Ce mercredi, Jérôme Béglé et Mathieu Bock-Côté.
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NewsTranscription
00:00 - Le Club de la presse Europe 1 avec nous ce matin, Mathieu Bocoté, bonjour Mathieu.
00:06 - Bonjour.
00:07 - Et Jérôme Béglé, directeur général du Journal du Dimanche, bonjour Jérôme.
00:10 - Bonjour.
00:11 - Alors, information de dernière minute qu'on développera tout à l'heure dans le journal
00:13 de 9h sur Europe 1, Yael Brown-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale, annonce
00:18 qu'elle va faire barrage à l'examen de la fameuse mesure d'abrogation de la retraite
00:22 à 64 ans, c'est la proposition de loi.
00:24 Liot, on en reparle dans 10 minutes.
00:26 Mais j'ai envie messieurs de vous entendre ce matin sur autre chose, une fois n'est pas
00:30 coutume, affaire ahurissante, tombée dans beaucoup de journaux, dans la case faits divers,
00:35 anime le maire à fermer la médiathèque du quartier Pissevin car les dealers au quotidien
00:40 menacent le personnel municipal, ils les contrôlent comme des policiers, ils ont même été jusqu'à
00:45 réquisitionner le toit du bâtiment pour faire le gai.
00:48 Plutôt que de combattre ces équipes-là, on ferme la médiathèque.
00:53 Qu'est-ce que ça nous dit aujourd'hui Mathieu Bocoté ?
00:55 Que ces faits divers n'en sont plus, il faut nommer les choses comme telles.
00:58 On cherche la formule, certains disent en sauvagement, d'autres disent décivilisation.
01:02 On pourrait parler tout simplement de conquête territoriale.
01:05 C'est-à-dire nous sommes devant des dealers qui considèrent qu'ils occupent un territoire
01:09 où ils sont la référence légitime, où ils sont en droit d'exercer le pouvoir, ils sont
01:13 en droit de placer des contraintes et ils considèrent que la présence policière potentiellement.
01:17 D'autant que les autorités sont d'accord avec les dealers pour dire nous vous concédons
01:21 le territoire, nous n'allons plus sur ce terrain, vous avez gagné.
01:24 Donc c'est une logique d'occupation de territoire.
01:26 Mais puisque nous sommes incapables de penser en termes, parce que c'est politique si je
01:29 peux me permettre, d'occuper un territoire, y exercer une souveraineté, en décider qui
01:34 a accès, qui n'y a pas accès, ce sont des prérogatives politiques.
01:37 Mais c'est une espèce de conquête territoriale qui ne dit pas son nom, de conquête par une
01:41 souveraineté nouvelle, une souveraineté qui, c'est pas un chaos, c'est une souveraineté
01:44 nouvelle qui décide simplement qu'en ce territoire, ce sont les gangsters, ce sont les dealers
01:48 qui font la loi.
01:49 - C'est pas le désordre, c'est un ordre concurrent de l'ordre républicain qui s'installe.
01:53 Je précise qu'un journaliste de M6 qui était allé tourner un rapportage sur place s'est
01:56 fait tabasser au passage hier, Jérôme Béglé.
01:58 Il y a une autre histoire.
02:00 Valence, c'était lundi, là c'est carrément des parents d'élèves, ils amènent les enfants
02:03 à l'école, une voiture passe devant eux avec des fusils d'assaut et ils disent "attention,
02:09 on revient ce soir, on va tuer tout le monde".
02:10 On va tuer tout le monde parce qu'il y a une guerre des gangs à Valence en pleine rue
02:13 aujourd'hui.
02:14 - Vous pourriez rajouter Grenoble, il y a quelques mois on a appris qu'un espace de
02:17 dealers avait obtenu la fermeture d'une annexe de l'école.
02:20 - Bon ça arrive, je ne vais pas dire quotidiennement, mais en tout cas mensuellement dans des petites
02:24 villes de France.
02:25 Occuper un territoire, comme le dit Mathieu Bocoté, exercer une souveraineté, c'est
02:29 aussi imposer son ordre, c'est aussi imposer une forme de sécurité.
02:32 Et les maires et un certain nombre de riverains se disent "mieux vaut ça que..."
02:37 - Mieux vaut fermer la médiathèque.
02:38 - Mieux vaut fermer la médiathèque et être dans une forme de sécurité puisque les gens
02:42 qui rentrent et sortent de cet espace le font pour des raisons qu'on connaît mais en tout
02:46 cas il n'y a plus de violence.
02:47 - Au moins il n'y a pas de mort, moins de sécurité.
02:49 - Et donc c'est une réflexion totalement paradoxale et je dirais évidemment choquante,
02:55 mais qui pour des maires et qui pour des riverains devient la dernière extrémité et la dernière
03:02 abandone à l'acheter.
03:03 C'est-à-dire que la police municipale ne peut plus intervenir, la police nationale
03:07 est totalement insuffisante, donc on se dit "on va leur concéder ça et on aura la paix".
03:11 Sauf qu'on leur concède ça, ça n'est que la première phalange du bras qu'ils vont
03:16 nous avaler et on n'a finalement jamais la paix.
03:18 - Ce sont des féodalités nouvelles qui se constituent.
03:21 Il faut toujours regarder ça à l'échelle de l'histoire.
03:23 Au début c'est un territoire, il y a une formule un peu usée, on parlait des territoires
03:28 perdus de la République.
03:29 Mais c'est aujourd'hui une formule terriblement insuffisante pour parler de ce qui arrive,
03:33 c'est-à-dire des territoires occupés, conquis, des féodalités nouvelles qui se constituent
03:38 et faites ça dans 5 ans, dans 10 ans, dans 20 ans, si la même logique se poursuit, il
03:42 y a des territoires qui se déroberont pratiquement tout simplement au territoire national, à
03:46 la souveraineté nationale.
03:47 Quand ça s'accompagne en plus, pour différentes raisons, d'un changement démographique, d'un
03:52 changement culturel, d'un changement de population, il y a des conséquences politiques à tirer
03:55 de ça.
03:56 Le XXIe siècle verra des conséquences politiques de tout cela.
03:58 Il y aura une forme de partition qui ne dit pas son nom d'abord et qui peut-être le dira
04:02 ensuite.
04:03 - Alors affaire de courage politique également dans un autre ordre, est-ce qu'il faut crever
04:07 l'abcès avec l'Algérie ? C'est la question que pose à la Une ce matin Le Quotidien.
04:12 L'opinion en réaction au propos d'Edouard Philippe qui propose de revenir, de renégocier
04:17 ce fameux traité de 1968 avec l'Algérie, qui offre aux Algériens, aux ressortissants
04:23 algériens un statut exorbitant du droit commun avec un privilège pour rentrer en France,
04:29 pour y circuler, pour y travailler, faire des études, accéder aux allocations sociales,
04:32 etc.
04:33 Très concrètement, imaginons que demain on entame ce bras de fer avec l'Algérie pour
04:38 renégocier cet accord de 68.
04:40 Jérôme Béglé, qu'est-ce qui se passe ?
04:41 C'est une conflagration, c'est une déflagration diplomatique.
04:44 Oui, mais au point où on en est c'est indispensable, au moins pour trois raisons.
04:47 D'abord, si on veut maîtriser les flux migratoires, il faudra maîtriser d'abord et avant tout
04:51 les flux venant de l'Algérie.
04:53 Bon, et il n'y a pas une possibilité de dire "on va reprendre le contrôle de nos frontières"
04:58 si on ne traite pas cet accord exorbitant qui avait été conclu en 68.
05:02 Parce qu'à l'époque la France avait besoin de main d'oeuvre pour ses usines.
05:05 Justement, l'accord a été conclu en décembre 68, le président algérien c'était Wari Boumediene,
05:10 qui en plus savait que la situation française, on avait besoin effectivement de main d'oeuvre
05:15 pour l'industrie automobile, pour le BTP, mais pas seulement.
05:18 Et en plus, lui, il voulait rentrer un peu dans le concert des nations.
05:21 Il voulait que l'Algérie soit un peu le phare du Maghreb vis-à-vis des nations occidentales,
05:27 européennes et même des Etats-Unis.
05:30 Donc il avait conclu cet accord qui remettait l'Algérie un petit peu au centre de la diplomatie.
05:37 Mais l'Algérie de 2023 n'est pas l'Algérie de 1968.
05:40 Par ailleurs, dernier point, en Algérie on explique que la colonisation,
05:45 que la période française fut un désastre, que nous nous sommes très mal comportés de A à Z.
05:50 Donc l'état d'esprit, la mentalité, la culture et la façon dont la France est vue de l'autre côté de la Méditerranée
05:57 ont totalement changé.
05:58 Donc aujourd'hui, autant mettre les choses cartes sur table, nos relations avec Alger sont au plus bas.
06:03 On le sait, mais on n'a pas encore tenu compte de cela.
06:06 Qu'est-ce que ça va changer concrètement ?
06:08 On va râper nos ambassadeurs ?
06:10 On va rompre provisoirement pendant quelques semaines, quelques mois les relations diplomatiques entre deux pays ?
06:14 Ça changera pas grand-chose.
06:15 - Bah les contrats de gaz.
06:16 Écoutez, moi je lis ce matin dans le journal Les Echos.
06:18 "La fin des chaudières à gaz n'est plus un tabou pour l'exécutif."
06:21 Le gaz ! Le gaz !
06:22 - Mais le gaz, on a bien vu avec l'Ukraine et la Russie qu'on pouvait changer de fournisseur de gaz.
06:27 - Bah on a changé, on a changé pour l'Algérie.
06:29 - Non, non, non, on a changé pour le Qatar.
06:31 On a changé pour beaucoup de pays du Golfe.
06:33 On est capable de le faire.
06:36 La Norvège, la Grande-Bretagne et les pays du Golfe sont à nos pieds, si j'ose dire,
06:40 pour nous livrer plus de gaz si nécessaire.
06:42 - Mathieu Bocoté.
06:43 - Je crois que ça va de soi.
06:44 C'est-à-dire que c'est une relation aujourd'hui toxique.
06:46 - Ça va, soit la renégociation, le brin de terre.
06:49 - Ou la dénonciation, tout simplement.
06:50 C'est-à-dire qu'aucun changement nécessaire ne s'accompagne d'une douce musique d'ascenseur.
06:54 Je veux dire, à l'échelle de l'histoire, quand il est nécessaire de marquer une rupture,
06:57 la rupture, vous passez pas chez le dentiste sans souffrir un instant, disons-ça comme ça.
07:01 Or, dans les circonstances, cet accord qui date d'une autre époque, qui date d'une autre
07:06 période où l'Algérie n'était pas la même, où la France n'était pas la même, cet accord
07:09 aujourd'hui plombe, est à l'avantage exclusif de l'Algérie et au désavantage exclusif
07:14 de la France.
07:15 Il faut nommer les choses telles quelles.
07:16 Et sachant la question de l'immigration massive, sachant la relation toxique, disons-le comme
07:20 telle, avec l'Algérie, c'est une rupture qui me semble, dans les circonstances nécessaires.
07:24 Je note qu'Edouard Philippe se rallie à cette proposition après d'autres.
07:28 C'est pas une proposition nouvelle d'Edouard Philippe.
07:30 C'est une proposition qui a déjà été portée par Marine Le Pen, par Éric Zemmour, par
07:35 - je perds le nom de l'arbonne saleur - Driancourt.
07:38 Xavier Driancourt.
07:39 Voilà.
07:40 Donc, on pourrait dire, reformulons, ce n'est pas une proposition nouvelle d'Edouard Philippe.
07:44 C'est Edouard Philippe qui se rallie à Éric Zemmour et Marine Le Pen.
07:47 Ah, vous croyez ça ?
07:48 Non, mais il faut simplement nommer la chose intellectuellement.
07:50 On peut dire aussi que c'est qu'il banalise quelque part une proposition qui était considérée
07:53 comme d'extrême droite.
07:54 Oui, mais justement, le problème, c'est là, c'est toujours considéré comme d'extrême
07:57 droite, les idées qui marquent une rupture avec le discours diversitaire ou le discours
08:01 sans frontières et ce dominant.
08:02 Donc, de ce point de vue, lorsque le centre se rallie à une proposition qu'on classait
08:06 à l'extrême droite, est-ce que c'est le centre qui normalise ou il reconnaît finalement
08:10 que ceux qui l'étiquetaient avec de sales étiquettes auparavant avaient raison ?
08:13 Merci à tous les deux.
08:14 Jérôme Béglé du Journal du dimanche, Mathieu Bocoté, bonne journée à tous les deux.