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Chaque jour, des invités opposent leur point de vue sur l'actualité politique. Ce mercredi, Jérôme Béglé et Yves Thréard.
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Transcription
00:00 - Le club de la presse européen pour commenter, décrypter l'actu politique.
00:03 Avec nous ce matin Jérôme Béglé, le directeur général du journal du dimanche.
00:07 Bonjour Jérôme. - Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:08 - Yves Tréard, le directeur adjoint de la rédaction du Figaro.
00:11 - Bonjour à tous.
00:12 - C'est la star du jour Yves, vous avez vu le maire de Saint-Brévin,
00:15 l'Épin en Loire-Atlantique, Yannick Moraise, il va être reçu à Matignon par Elisabeth Borne.
00:19 Entendu au Sénat également à 11h15 par la commission des lois.
00:23 Alors on rappelle, il a démissionné après l'incendie criminel de sa voiture et de sa maison le 22 mars.
00:28 Il est devenu cet homme, un peu malgré lui, le symbole du ras-le-bol des élus locaux.
00:33 Sa démission a fait l'objet de plusieurs questions au gouvernement, à l'Assemblée hier.
00:38 Le ras-le-bol des élus locaux.
00:40 Que penser de Yannick Moraise et de ce qui arrive à cet homme Yves Tréard ?
00:45 - Il lui arrive ce qui est arrivé à pas mal d'autres élus et de maires depuis maintenant pas mal d'années,
00:51 qui sont la cible d'attaques verbales ou physiques.
00:55 Et ce qui est incroyable c'est que le maire c'est probablement l'élu en France
00:59 qui est le plus aimé si on regarde et si on observe les sondages.
01:03 Alors j'ai entendu dire que la première ministre qui va le recevoir ce soir,
01:06 lui a demandé de ne pas démissionner.
01:10 Et je crois que c'est plutôt une bonne initiative de sa part, si vous me permettez.
01:15 - Ah bah il n'en serait pas là s'il n'avait pas rendu son tabli et...
01:17 - Oui probablement, mais c'est surtout que je crois qu'il ne faut pas reculer.
01:21 Alors je ne me mets pas à la place et je ne saurais me mettre à la place des élus
01:25 qui se reçoivent toutes les injures du monde et tous les coups du monde,
01:29 ce qui est absolument détestable et ce qui reflète quand même un état de notre société assez pitoyable,
01:35 dont d'ailleurs d'autres élus sont largement responsables à mon avis.
01:39 Et je vise là les parlementaires qui donnent un spectacle absolument ignoble,
01:44 mais ce spectacle il avait déjà existé par le passé,
01:47 simplement par le passé il y avait du talent, il y avait de la verve.
01:51 - Il n'y a plus de talent aujourd'hui, c'est clair.
01:53 - Il n'y a plus de talent du tout.
01:55 - C'était mieux avant ?
01:56 - Je ne suis pas sur ce mode-là, mais il n'y a plus de talent.
01:59 Comme vous voyez aujourd'hui les échanges à l'Assemblée nationale,
02:02 ce n'est qu'insulte, ce n'est que prise à partie d'une vulgarité absolument insigne,
02:09 et donc le reste de la société est embarquée là-dedans.
02:14 Alors je reviens à notre maire de Saint-Brévin.
02:16 J'aimerais bien, parce que je pense que c'est une histoire en poupée russe,
02:19 si vous me permettez, à savoir que vous avez effectivement l'idée de ces élus à portée de baffe.
02:24 Il y a l'histoire aussi de l'accueil des migrants,
02:26 qui est le point de départ de cette histoire à Saint-Brévin-les-Pins.
02:29 La France Insoumise...
02:30 - Non mais attendez, vous avez la même chose, attendez.
02:32 Je vous coupe tout de suite.
02:33 Alors il y a l'accueil des migrants, je veux bien,
02:35 mais quand ce n'est pas l'accueil des migrants, c'est une centrale nucléaire,
02:37 quand ce n'est pas une centrale nucléaire, c'est un aéroport,
02:39 quand ce n'est pas un aéroport, c'est un asile psychiatrique,
02:42 quand ce n'est pas un asile psychiatrique, c'est une déchetterie.
02:45 Donc, de toute manière, quoi qu'il arrive, tous les prétextes sont bons.
02:48 Et j'allais oublier les bassines.
02:50 Ah, les bassines !
02:51 Eh ben, dès qu'il y a quelque chose qui se crée, qui intervient dans le paysage,
02:56 vous avez un déchaînement de violence,
02:58 qui vient d'extrême droite, d'extrême gauche,
03:01 de n'importe où, c'est tout à fait détestable.
03:04 - Les Français sont des grands conservateurs.
03:05 - Et on ne va pas se jouer, une fois c'est la droite, une fois c'est la gauche.
03:08 Le discours qui a été tenu contre les manifestants de Saint-Brévin,
03:12 ras-le-bol, quoi, d'accord, ok, c'est des fachos, eh ben c'est des fachos.
03:16 Et à Saint-Soligne, c'était qui ? C'était des gauchos, ben voilà, c'est des gauchos.
03:20 C'est vraiment un vieux schéma.
03:22 Ce qu'il faut surtout condamner, c'est cette violence qui est absolument illoble.
03:26 - On va donner la parole à Jérôme Béglé,
03:28 j'aimerais que vous réagissiez un peu à ce qu'a dit Yves,
03:29 il y a eu beaucoup de choses, allez-y, je vous laisse dérouler.
03:32 - D'abord, je pense que si Saint-Brévin a un mérite,
03:35 c'est qu'on ne pourra plus se comporter après comme on s'est comporté avant.
03:40 Saint-Brévin, c'est l'histoire d'un ratage complet.
03:42 C'est-à-dire que ceux qui en bandoulière aujourd'hui disent "mon Dieu, c'est atroce",
03:48 n'ont pas réagi une seule seconde l'instant, le jour où le domicile du maire a été incendié.
03:54 Et maintenant, c'est un peu facile de rentrer dans le bal des faux-culs,
03:58 en dansant très bien, en expliquant que c'est la faute à Pachon,
04:01 c'est la faute à l'État, c'est la faute à l'opposition, c'est la faute à l'extrême droite,
04:04 c'est la faute au préfet.
04:06 Il y a eu un silence assourdissant, et c'est simplement quand le maire a démissionné
04:09 que deux jours plus tard, on s'est dit "en fait, c'est pas très normal".
04:12 Bon, je partage parfaitement l'avis d'Yves en disant que
04:15 si on s'invectivait sous la Troisième République quand c'était Jaurès, Mandel, Poincaré ou Clémenceau,
04:22 ça avait 100 fois plus de talent que ce que vous entendez aujourd'hui
04:25 des bandes de l'extrême droite de la France insoumise.
04:27 - On tirait sur la foule du temps de Clémenceau,
04:30 donc l'idée que c'est plus violent aujourd'hui, pardonnez-moi, mais relativisons.
04:33 Acceptons quand même que ce qui était possible sous la Troisième République
04:37 l'est un peu moins en 2020 ou 2023.
04:39 Acceptons quand même qu'on baigne dans un bain de violence permanent,
04:43 que les réseaux sociaux ont quasiment rendu normal
04:46 d'attaquer, d'invectiver, d'insulter son voisin.
04:49 - Ah bah le petit neveu Macron de Brigitte Trenu, on a fait les frais hier.
04:52 - Le petit neveu de Brigitte Trenu, on a fait les frais hier.
04:57 Les élus locaux en font les frais régulièrement.
05:00 Aujourd'hui, si vous voulez, on ne supporte plus d'être mis en minorité,
05:03 on ne supporte plus que la majorité ait décidé à votre place,
05:06 et du coup, on se déchaîne dans la violence.
05:09 Ça c'est quelque chose qui est propre à beaucoup de démocratie,
05:11 mais qui en France a pris un tour que je trouve inexplicable et extrêmement dangereux,
05:15 et on ne sait plus comment endiguer ce phénomène.
05:17 - Mais il n'y a pas que ça, parce que quand on regarde aujourd'hui la fonction du maire,
05:20 elle a beaucoup évolué.
05:21 Vous avez eu une enquête de l'Association des maires de France
05:23 il y a quelques semaines de cela,
05:25 qui mettait en évidence quelque chose d'intéressant je trouve.
05:28 C'est que le maire aujourd'hui, il s'est fait déposséder
05:30 de nombre de ses prérogatives aussi.
05:32 Et finalement, il y avait ce maire qui dans le Figaro disait
05:35 "Finalement, on se retrouve...
05:37 il n'y en a plus que les emmerdes."
05:39 Et les pouvoirs intéressants du maire sont un peu passés à l'interco, etc.
05:42 - Oui, mais ça on est tous responsables.
05:43 Parce qu'à force de vouloir l'intercommunalité,
05:48 à force de vouloir faire des économies
05:50 prétentes, qui n'en sont pas, parce que ça coûte plus cher,
05:54 c'est-à-dire de mettre en commun, vous savez, la fameuse synergie des services,
05:58 qui est une connerie majeure, parce que ça coûte plus cher généralement,
06:01 ça marche moins bien, et vous dépossédez effectivement
06:04 les maires de leur véritable autorité.
06:07 Donc, je ne suis pas sûr qu'il n'y ait plus que les emmerdes à gérer,
06:11 parce qu'un maire, vous savez, dans une petite commune,
06:13 il fait tout, il fait assistante sociale, pompier, éleveur et accoucheur.
06:18 - C'est le basculeur de la République.
06:19 - Bien sûr.
06:20 Et c'est ça qui fait le charme de cette fonction.
06:24 - Ajoutons une chose Yves, c'est que je pense que le non-cumul des mandats
06:27 est extrêmement préjugé.
06:28 - C'est une connerie. Monumental.
06:30 - Le maire d'une petite commune, une moyenne commune,
06:32 pouvait monter à Paris en tant que député,
06:34 - Et se faire entendre.
06:35 - Et se faire entendre, il avait un petit poids sur le vote de la loi,
06:38 il avait un accès un peu privilégié au ministère,
06:40 et il était capable de régler depuis Paris
06:42 les problèmes un peu majeurs de sa moyenne commune.
06:44 Aujourd'hui, il faut qu'il en réfère au député avec lequel il n'est pas forcément d'accord,
06:48 qui lui-même n'est pas très au courant des vraies réalités locales de sa circonscription.
06:53 Et moyennant quoi, le maire ne peut plus rien.
06:55 Moi je pense qu'effectivement, il faut arrêter avec ce millefeuille administratif,
06:59 on fait mine de dire qu'on va arrêter et que donc,
07:02 l'intercommunalité est un bienfait, l'intercommunalité a rajouté 100 feuilles à un millefeuille,
07:07 et après on s'étonne que les maires ne puissent plus régler les problèmes du quotidien.
07:10 Je pense qu'ils sont encore aujourd'hui les meilleurs interlocuteurs et les meilleurs échelons
07:14 pour faire passer les lois dites parisiennes.
07:16 - Alors il y a possibilité, on va finir là-dessus sur Yannick Morès,
07:19 qu'il avait annoncé à sa réélection en 2020 qu'il quitterait ses fonctions à mi-mandat,
07:23 peut-être a-t-il instrumentalisé sa démission, en tout cas, voilà...
07:27 - La question se pose, je pose la question.
07:30 - La sortie de sa maison, c'est pas vraiment une instrumentalisation, je pense pas.
07:34 - Autre sujet rapidement, l'indexation des salaires.
07:37 Alors on avait eu le débat à l'automne déjà,
07:39 Emmanuel Macron avait pris position d'ailleurs en disant
07:41 "non c'est vraiment pas la chose à faire dans un contexte d'inflation",
07:43 on a connu ça l'indexation des salaires entre, je crois, 53 et 83,
07:47 c'était, pardonnez-moi, le premier ministre qui l'a levée en 83...
07:52 - C'était Marois, Pierre Marois.
07:54 - Vous avez tout à fait raison.
07:55 - Faudrait le refaire aujourd'hui.
07:56 - Sous les coups de boutoir de Jacques Delors, n'oublions pas.
07:59 - Alors Antoine Pinet, ministre de droite, qui crée l'indexation en 53,
08:02 et Pierre Moroy, ministre de gauche, qui désindexe les salaires, c'était l'impression.
08:06 - Parce qu'il y avait une guerre à l'intérieur de la majorité à l'époque de Mitterrand,
08:09 il y avait ceux qui voulaient aller plus loin dans le socialisme,
08:12 ceux qui voulaient freiner, et Moroy et Delors en faisaient évidemment partie.
08:16 - Et la CGT voudrait rétablir ça aujourd'hui.
08:18 - Alors c'est une bêtise monumentale.
08:20 - Vous êtes d'accord tous les deux.
08:22 - L'indexation c'est une bêtise monumentale,
08:24 je sais qu'il y a aussi des élus de droite,
08:26 ou des personnalités réputées de droite qui voudraient revenir là-dessus.
08:29 - Ah bah Henri Guaino, il a plein de pages dans le Figaro hier.
08:32 - Certes, mais c'est pas pour ça que je partage son avis.
08:35 Et je pense que toute mesure d'indexation est une mesure de bridage de l'économie,
08:43 d'une part, et deuxièmement...
08:45 - Mais regarde politique, il le fait là.
08:47 - Et deuxièmement...
08:47 - C'est ô combien populaire comme idée.
08:49 - Oui mais c'est pas une bonne idée parce que ça ne règle rien,
08:51 et ça empire plutôt la situation.
08:53 - Non mais on va vous dire que c'est un point de vue patronal ça.
08:55 - L'inflation serait entretenue par cette indexation,
08:57 l'inflation lamine les pouvoirs d'achat des classes inférieures et des classes moyennes,
09:02 on croit qu'on rattrape la hausse des prix par une fiche de paye
09:05 qui s'améliore de mois en mois, de trimestre en trimestre,
09:07 en fait c'est la valse des étiquettes qui va plus vite que vos augmentations de salaire,
09:12 donc ce serait une bêtise crasse.
09:13 Effectivement il y a un passage tendu en ce moment
09:15 où les salaires augmentent moins vite que les prix,
09:19 ça devrait s'arrêter dans le courant de l'année,
09:22 l'Allemagne a été, au début du XXème siècle, absolument flinguée par ça,
09:27 et même la France, dans l'immédiate après-guerre,
09:30 a connu des périodes de hausse des prix qui ont été catastrophiques.
09:34 Je ne suis même pas sûr qu'il y ait un bénéfice politique et électoraliste
09:37 attiré de cette mauvaise mesure.
09:38 - C'est comme le blocage des loyers, c'est exactement la même chose.
09:41 - Est-ce au français d'encaisser le sacrifice du redressement économique de la France ?
09:46 Parce que c'est ça que pose cette question-là.
09:47 Faut-il concéder un appauvrissement pour rester compétitif ?
09:51 - Non mais simplement, vous n'allez pas régler,
09:54 vous n'allez pas juguler l'inflation en indexant les salaires,
09:58 au contraire, vous allez l'encourager cette inflation.
10:00 C'est un cercle vicieux.
10:01 - Je ne parlais pas d'économie, je parlais de politique là.
10:03 - Non mais l'économie et la politique, ça marche ensemble,
10:06 parce qu'après, vous vous retrouvez le bec dans l'eau.
10:09 - Merci à tous les deux. - Et l'effet salaire.
10:10 - Yves Tréard, l'effet salaire, on terminera là-dessus.
10:12 - Ça, je ne connaissais pas.
10:13 - Merci Yves Tréard, à du Figaro, Jérôme Béglé, du journal du dimanche.
10:17 Bonne journée à tous les deux.

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