Retour sur les violences en marge et lors du match ACA-OM, avec Stéphane Sbraggia, le maire d'Ajaccio
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00:00 - Bonjour Stéphane Sbradj. - Bonjour.
00:04 - Pourquoi ne participez-vous pas aujourd'hui, comme par le passé, au 4e comité stratégique sur l'avenir institutionnel de Lille, Place Beauvau à Paris ?
00:13 - Déjà les convocations étaient faites un peu au dernier moment et j'avais une actualité locale qui était assez chargée,
00:24 donc j'ai pas pu me rendre, me déplacer à Beauvau.
00:28 - Ce n'est pas un boycott ?
00:30 - Non, boycott, vous savez, c'est pas...
00:35 Moi je sais rester modestement à ma place, après j'ai mon idée sur le processus,
00:42 je vois qu'on est quand même encore en phase d'échauffement,
00:46 donc on aura tout le temps de...
00:49 puis ce serait bien aussi qu'on ait quelques débats un peu en interne avant d'aller à Paris.
00:52 - Alors, vous ne nous serez pas en face à face avec le ministre de l'Intérieur,
00:57 en revanche, vous lui avez envoyé un courrier, vous lui demandez très clairement
01:01 pourquoi le préfet n'a pas pris un arrêté pour interdire le déplacement des supporters marseillais
01:06 alors que vous l'aviez réclamé le 26 mai. Est-ce que vous avez eu déjà une réponse ?
01:11 - Non, au moment où je vous parle, je n'ai pas de réponse,
01:16 ou effectivement j'ai saisi le ministre grâce à défaut d'avoir des réponses au niveau de la préfecture,
01:21 sur un sujet, face à une requête qui n'avait rien d'extravagant, comme je l'ai souligné,
01:27 mais je reste quand même sur une interrogation,
01:30 je reste assez dubitatif en fait sur ce qui s'est passé,
01:34 j'avoue que je suis assez décontenancé,
01:37 parce que j'en retire en fait l'impression que finalement,
01:41 il faut dans ce pays arriver je dirais au paroxysme d'une crise
01:47 pour qu'on agisse ou qu'on tire des enseignements,
01:50 et je vois aujourd'hui le débat où on disserte sur,
01:54 on veut minimiser en fait ce qui s'est passé,
01:59 alors que ce qui s'est passé était très grave,
02:01 aurait pu évidemment être beaucoup plus grave,
02:03 mais voilà, il y avait des informations bien en amont,
02:07 dont tout le monde disposait,
02:09 je veux dire, quand vous êtes frappé par un événement soudain non prévisible,
02:14 on ne peut comprendre que lorsque vous avez des informations factuelles
02:17 qui vous expliquent qu'il a se passé telle et telle chose,
02:20 et qu'on ne prend pas les mesures appropriées,
02:22 je suis assez inquiet,
02:24 alors oui, j'ai saisi le ministre, parce que j'attends des réponses,
02:27 et ça renvoie aussi je dirais à une certaine fragilité de l'élu local,
02:31 qui est extrêmement exposé,
02:32 je note quand même que lorsqu'il s'agit d'engager sa responsabilité,
02:35 ça en va très vite et c'est très facile,
02:37 en revanche, lorsque l'élu local essaie de prendre ses responsabilités,
02:40 elles sont nombreuses,
02:41 surtout sur des sujets à caractère d'ordre public,
02:45 qui peut mettre en danger, je dirais, la vie des personnes,
02:48 je vois que l'intervention, elle n'est pas proportionnée,
02:52 donc oui, j'attends des réponses à ce sujet.
02:54 Clairement, vous pensez qu'il y a eu des dysfonctionnements
02:57 de la part des autorités en matière de prise en compte
03:00 de la dangerosité de l'événement ?
03:02 Mon sentiment, c'est que au regard des informations dont on disposait,
03:07 qui vous alertait d'informations, je le rappelle,
03:11 communiquées par les renseignements territoriaux,
03:14 c'est-à-dire les services de l'État,
03:16 ce n'est pas une ville d'esprit,
03:18 donc qui touche, je dirais, à des sujets d'ordre public
03:22 avec risque d'atteinte à la sûreté des personnes et des biens,
03:25 oui, je vous le forçais de constater,
03:28 parce que maintenant on a un peu de recul,
03:30 on se rend compte que, effectivement,
03:32 les mesures de prévention n'ont pas été prises
03:35 dans les proportions du risque qui était annoncé.
03:38 Donc, je veux dire, quand on a une information
03:41 et qu'on n'en tire pas des conséquences pour pouvoir agir
03:44 et pour pouvoir prévenir dans les meilleures conditions
03:46 un risque imminent,
03:48 c'est... après, il y aura une enquête ou pas, je ne sais pas.
03:52 Moi, mon point de vue, c'est qu'aujourd'hui,
03:54 il n'y a pas que mon point de vue,
03:56 c'est qu'effectivement, la mesure n'était pas appropriée,
03:59 je dirais, à la situation alarmante qui...
04:03 Mais je pense que ça doit nous interroger globalement
04:06 sur la façon dont on a traité, je dirais,
04:08 la question des risques dans notre société.
04:10 Moi, j'espère que de cet événement,
04:12 on en parlera, on en tirera des leçons
04:14 parce que, malheureusement, on est dans une société de l'information
04:17 où on passe d'un événement à l'autre
04:19 et puis, passer la phase d'émotion,
04:21 souvent, il ne reste plus rien.
04:22 Moi, je voudrais vraiment qu'on en tire des leçons.
04:24 La question aussi de la violence qui est sous-jacente,
04:26 il faudrait peut-être qu'on s'empare de ce sujet dans nos sociétés.
04:29 Il faut peut-être, à un moment donné,
04:31 oser dire les choses, les nommer.
04:33 Il y a de la violence dans nos sociétés.
04:35 Elle ne s'exprime pas spécifiquement dans le sport,
04:37 mais dans le sport aussi, on a banalisé, il faut le dire aussi,
04:39 une violence dans les stades.
04:41 Je pense que là aussi, il va falloir méditer.
04:43 Je ne suis pas sûr que ce soit des valeurs qui seront à véhiculer.
04:45 Mais je pense que nous, politiques,
04:47 et peut-être les gens de la société du savoir,
04:49 devons nous emparer d'un certain nombre de thématiques
04:51 et se questionner aujourd'hui sur les phénomènes de violence
04:53 qui touchent toutes nos sociétés,
04:56 et Ajaccio également.
04:58 Moi, je suis particulièrement inquiet aujourd'hui
05:01 de la façon dont les choses évoluent.
05:05 C'est ce qui s'est passé ce week-end.
05:08 Quels sont les enseignements qu'on en tire ?
05:10 Qu'est-ce qu'on fait de cette situation ?
05:13 Parce qu'il y a des enseignements à tirer,
05:16 il y a peut-être à un moment donné des choses à...
05:18 et pas un événement qui passe sous l'effet de l'actualité,
05:21 et après on n'en parle plus.
05:23 - On a bien compris Stéphane Bradge.
05:25 Vous attendez donc des réponses de la part des autorités.
05:28 Le préfet a d'ailleurs indiqué que normalement,
05:30 il devrait tenir une conférence de presse cette semaine.
05:33 Stéphane Bradge, je vous remercie.
05:37 Merci.