Nous revenons sur l'histoire de Nafissa, en rémission d'un cancer du sang. Elle nous racontait comment le fait de continuer à prendre soin d'elle lui avait permis de s'en sortir.
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00:00 la perte des cheveux, c'est le pire qui puisse arriver pour une femme.
00:03 Aujourd'hui je suis venue vous parler de ma maladie qu'on m'a détectée le 1er août 2018.
00:07 Donc on m'a détectée un lymphome non-hétchikidien, c'est une maladie du sang.
00:10 Je me suis rendue compte que j'étais malade en fait au moment où j'ai commencé à avoir une forte toux.
00:14 J'arrêtais pas de tousser, c'était de plus en plus intense.
00:17 À des moments j'arrivais plus à respirer, je sentais qu'à ce niveau-là ça se compressait.
00:21 En fait je sentais qu'il y avait quelque chose dans mon corps qui devait pas être là et qui prenait trop de place.
00:26 J'ai été diagnostiquée par mon médecin traitant, mais avant ça j'ai été trois fois aux urgences.
00:30 Et ils ont pas su détecter la maladie.
00:32 C'est quand j'ai insisté auprès de mon médecin traitant pour faire une radio, un scanner, tout ce qu'il fallait.
00:37 Au niveau du thorax, on a vu une tumeur de 8 cm sur 12.
00:42 Quand j'ai appris la maladie, c'était le ciel qui m'est tombé sur la tête, c'est pas cliché, c'est la réalité.
00:47 J'ai vu ma vie défiler, je me suis sentie très mal.
00:50 Et comme toutes les personnes qui ont eu un cancer, le mot déjà fait peur et j'ai pensé tout de suite que c'était la fin.
00:55 Avant la maladie, je me suis toujours sentie confiante.
00:59 J'étais en accord avec mon corps et j'avais aucun problème avec moi-même.
01:03 Je me considérais comme coquette.
01:04 Ce que j'aime dans ce côté coquette, c'est le fait de prendre soin de moi.
01:08 J'aime plaire et surtout plaire à moi-même.
01:11 Au quotidien, avec cette maladie, ça a été assez compliqué parce que j'avais eu beaucoup d'effets secondaires.
01:16 Il faut savoir que j'étais au stade 4, donc au dernier stade.
01:19 Ils m'ont sauvée à temps, mais j'avais des chimios très très agressifs.
01:22 J'en ai fait entre 15 et 18.
01:24 C'était très lourd. J'avais la peau des mains, des pieds qui se retiraient.
01:27 Je ne pouvais plus rien toucher. Je ne pouvais plus marcher.
01:29 La perte des cheveux, je pense que c'est le pire qui puisse arriver pour une femme.
01:33 Le déclic, je l'ai eu au moment où je me suis vue dans une émission.
01:37 J'avais mes beaux et longs cheveux et j'étais en train de les perdre.
01:41 J'ai eu un choc à ce moment-là et je me suis dit "Si tu te mets dans un engrenage
01:45 où tu n'arrives pas à te dire que tu as le cancer" parce qu'au début, je niais un petit peu.
01:51 Je m'efforçais à me regarder dans le miroir et je me suis dit
01:54 "Tu as trop de chance qu'on ait pu te sauver.
01:56 Tu n'as pas le droit de te plaindre parce que tu n'as pas de cheveux."
01:58 Au début, je portais le turban parce que je n'avais vraiment plus de cheveux.
02:02 Mais petit à petit, j'ai commencé à porter une perruque comme celle que j'ai aujourd'hui.
02:06 C'est drôle parce que la mode en ce moment, c'est les wigs.
02:10 Déjà que ça ne se voit pas que j'ai été malade,
02:12 mais même des gens que je connais qui ne savent pas forcément que j'ai été malade
02:16 me disent "Ah mais trop bien, j'aimerais trop porter une perruque."
02:18 Moi, je suis là en train de dire "Si tu veux, je te la donne.
02:21 Tu me donnes tes cheveux et on fait un échange, il n'y a pas de souci."
02:23 Sinon, quand je portais le turban, c'était toujours très fashion week.
02:25 Je tenais toujours à rester bien habillée.
02:28 Je faisais vraiment tout pour continuer à être moi-même.
02:31 Le fait d'aimer être coquette, ça m'a beaucoup beaucoup aidée
02:36 parce que je pouvais être avec des chimiothérapies dans le sang.
02:39 Je tenais vraiment à me maquiller, à m'habiller, à continuer à faire ma petite starlette.
02:43 C'était ma façon vraiment de pouvoir faire
02:45 ce que les autres pensaient être comme un excès de confiance en soi,
02:48 une force à travers la maladie.
02:51 Ça m'a beaucoup aidée paradoxalement.
02:53 Aujourd'hui, je suis en rémission depuis le mois d'avril.
02:56 Je suis comme toutes les jeunes filles de mon âge.
03:00 Je suis tellement comme toutes les jeunes filles de mon âge
03:02 qu'en fait, parfois, les gens ne se rendent pas compte que j'ai été malade.
03:05 C'est un assez bon côté, mais c'est un assez mauvais côté aussi.
03:09 Comme j'ai une carte prioritaire de stationnement,
03:11 je ne le fais jamais parce que je ne m'estime pas handicapée.
03:14 Je marche, j'ai mes deux jambes.
03:15 Mais quand il n'y a vraiment pas de place, je prends ma carte et je me gare.
03:19 Une fois, je suis partie à la poste et il y a un monsieur qui m'a attendue devant ma voiture.
03:24 Il s'est permis de me dire que j'étais toute jolie, toute mignonne
03:28 et que je n'avais aucune raison de prendre une place réservée.
03:31 C'est vrai que les gens ont ce côté de se fier beaucoup, beaucoup au physique.
03:35 Je ne cherche pas à ce qu'on reconnaisse que j'ai été malade.
03:38 Je ne cherche pas à le cacher.
03:39 Au contraire, j'en suis très fière.
03:40 Je n'ai aucun mal à en parler.
03:42 Par contre, c'est vrai qu'il y a beaucoup de personnes qui ont des phrases déplacées,
03:46 qui ne savent pas forcément que j'ai été malade.
03:48 Toutes les personnes qui ont eu un cancer doivent continuer à prendre soin d'elles.
03:53 Même si c'est dur, il faut prendre soin de soi.
03:55 Il faut continuer à se pimper, comme je dis toujours.
03:57 Et vous êtes toutes belles avec sans cheveux, avec sans cicatrices.
04:01 On s'en fout de ça.
04:02 Et ne laissez pas la maladie s'installer plus vite que prévu.
04:06 Parce que se laisser aller, c'est aussi donner raison au cancer.
04:09 Merci.
04:10 Merci.
04:10 Merci.
04:15 Merci à tous !
04:17 [SILENCE]