Jean-Baptiste Moreau : «On a une agriculture qui ne permet plus la souveraineté de la France»

  • l’année dernière
Jean-Baptiste Moreau, agriculteur, s'est exprimé sur CNEWS sur les mesures sur l'eau. «On a une agriculture qui ne permet plus la souveraineté de la France», a-t-il notamment déclaré

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Transcription
00:00 -Bien sûr, mais partout, les agriculteurs n'ont pas le droit
00:02 d'utiliser toute l'eau qu'ils ont envie d'utiliser.
00:05 Il y a déjà des restrictions, notamment en période de sécheresse,
00:07 où les préfets prennent des décisions
00:09 de restriction et de réduction des volumes d'eau.
00:10 Il y a des quotas d'eau à utiliser.
00:12 J'aime beaucoup Michel Onfray, j'ai beaucoup lu Michel Onfray,
00:15 mais, à un niveau agricole, il faudrait qu'il m'explique
00:17 vers quel modèle on tend.
00:18 Moi, je veux bien qu'on change de modèle,
00:20 mais l'agriculture bio, elle a aussi besoin d'eau
00:22 autant que l'agriculture conventionnelle.
00:24 C'est pas une question de taille des fermes.
00:25 J'ai été président de coopérative, moi-même.
00:27 Président d'une coopérative qui était 1re coopérative
00:28 en production de la belle rouge en viande bovine.
00:31 Donc, je sais ce que c'est que la qualité,
00:33 je sais ce que c'est que faire de l'agriculture de qualité,
00:35 mais quelle que soit l'agriculture, elle a besoin d'eau aujourd'hui.
00:38 C'est inévitable et c'est incomparable.
00:41 Enfin, qu'elle soit industrielle ou petite ferme,
00:43 elle a besoin d'eau.
00:45 Et sur le fait que les aides vont pas à ceux qui en ont besoin,
00:48 ça a bien été corrigé, ça a...
00:50 Effectivement, dans les années 2000-2010,
00:52 80 % des aides allaient à 20 % des agriculteurs.
00:54 On est d'accord, c'étaient principalement les grosses fermes.
00:57 Depuis, il y a eu la convergence des aides,
00:58 on est beaucoup plus proche de la réalité.
01:00 L'agriculture bio, elle est autant aidée
01:02 que l'agriculture conventionnelle, voire même un peu plus.
01:04 Et c'est normal et c'est sans doute souhaitable.
01:06 Maintenant, on a un problème aujourd'hui,
01:07 c'est que c'est le consommateur qui décide
01:09 et il n'achète pas de produits bio.
01:11 Et les agriculteurs bio sont en train de plonger dans le trou
01:13 parce qu'ils produisent trop par rapport à ce que les consommateurs achètent.
01:16 Et d'un autre côté, on a une agriculture
01:18 qui aujourd'hui ne permet plus la souveraineté de la France,
01:20 il faut le savoir, et de l'Europe.
01:21 C'est-à-dire qu'on est obligé d'importer
01:23 parce qu'on ne produit plus assez pour nourrir notre population.
01:25 Parce que les années, justement,
01:26 de taper sur l'agriculture,
01:29 expliquer qu'elle fait tout mal, qu'elle travaille mal et tout ça,
01:32 vous n'avez plus de jeunes qui veulent y aller,
01:34 vous avez aujourd'hui une déprise agricole un peu partout
01:36 et vous avez une chute de la production agricole française.
01:38 Aujourd'hui, on importe 50% des fruits et légumes.
01:41 On importe pratiquement un poulet sur deux
01:44 qui se consommait en restauration collective,
01:45 c'est un poulet importé qui vient du Brésil.
01:47 Parce qu'on n'en produit plus.
01:48 Et les normes de production dans ces pays-là,
01:51 personne ne va les contrôler.
01:52 Et nous, on ne les contrôle pas.
01:53 Et on met sans arrêt des contraintes en plus
01:55 sur notre agriculture et sur notre modèle agricole
01:58 pour finir par le tuer.
02:00 On va avoir une agriculture la plus saine du monde,
02:02 mais elle sera morte.
02:03 Et pendant ce temps, on aura importé les produits
02:05 qu'on ne voudra pas produire chez nous.
02:07 Parce que le consommateur, il continuera à les acheter.
02:10 Les blancs de poulet sous barquettes, il continuera à les acheter.
02:12 On peut toujours dire que c'est mal,
02:13 que c'est de la merde et qu'il achète n'importe quoi.
02:15 Il achète.
02:16 Donc à partir du moment où l'agriculture ne la produit pas,
02:18 on l'importe.
02:19 [Musique]
02:22 [SILENCE]

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