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Chaque mercredi soir à Saint-Ouen (93), une dizaine de femmes se réapproprient un terrain municipal d'ordinaire utilisé en grande majorité par des hommes. Une présence féministe et politique qui suscite parfois quelques tensions avec certains habitués

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Transcription
00:00 Les gars, les gars, les gars !
00:02 C'est même pas une question de sexe, c'est juste qu'on veut jouer au basket tout simplement !
00:10 *musique*
00:32 Allez !
00:34 On va le faire jusqu'à matinée.
00:36 On va faire du terrain ? Ouais, en plus on va être nombreuses ce soir.
00:40 À mon avis on va prendre du terrain.
00:42 Et pour info, on est là tous les mercredis entre 19h30 et 21h.
00:44 On a une convention d'occupation signée par la mairie.
00:46 On a eu des moments un peu plus tendus avec d'autres mecs qui voulaient pas lâcher le terrain.
00:52 Bah ouais, c'est une forme de lutte, c'est sûr.
00:54 On a débuté en septembre 2021, moi j'avais envie de reprendre le basket sans forcément être en club.
01:00 J'ai constaté qu'en fait si je voulais reprendre à l'extérieur, il fallait que je joue que avec des mecs.
01:04 Et j'arrivais pas à jouer avec eux parce qu'on a pas la même manière de jouer.
01:08 Je me suis mise à me documenter sur le sujet, à me rendre compte qu'il n'y avait vraiment pas d'occupation féminine.
01:12 Et que c'était trop marginal.
01:14 Le truc c'est de se dire "plus on sera là, plus ils vont s'habituer et on va cohabiter en fait".
01:18 *bruits de balle*
01:24 Ramène ton pied droit, davantage.
01:26 Plus derrière sinon tu vas sauter, tu vas mordre.
01:28 C'est très difficile de s'intégrer sur un city urbain, alors que là on prend le terrain pendant une heure, une heure et demie.
01:34 Politiquement c'est fort.
01:36 Ma fille qui a 17 ans a pas joué au basket du lycée parce qu'elle n'osait pas aller sur le terrain au lycée.
01:42 Et depuis qu'elle a commencé, elle a osé.
01:44 En voyant que je peux me préjouer, que je connais un peu les règles et tout, maintenant je suis plus à l'aise.
01:50 Les adolescents quand elles passent, en fait elles sont souvent interloquées.
01:54 Elles nous regardent et tout et se disent "ah bon, on peut venir jouer nous aussi".
01:59 Vous en voyez souvent des filles sur ce terrain ?
02:03 Non, une ou deux max, mais généralement il n'y a que des gars ici.
02:07 Ça rajoute de l'amixité, ça rajoute de l'activité, ça prouve aussi que les filles peuvent faire des groupes.
02:11 Voilà, performer aussi, parce qu'il y a des filles qui sont super fortes au basket, ça ne veut rien dire.
02:15 C'est ça, ça va dire que je suis misogyne.
02:17 On interdit aux garçons de jouer pour que les filles jouent.
02:20 Ah c'est interdit ?
02:21 Là c'est que pour les filles qu'elles jouent, nous on ne peut pas jouer.
02:24 Ah mais c'est inadmissible alors ?
02:25 Là en fait c'est du sexisme inversé.
02:26 Elles peuvent venir quand elles veulent, mais on partage le terrain.
02:29 Je pense que eux qui viennent régulièrement, nous jamais dit non.
02:32 Et le problème c'est quoi ? C'est que là comme vous voyez, on est en train d'attendre, alors que nous on veut juste jouer au basket.
02:36 Je ne vais pas attendre qu'on finisse les actions.
02:42 Les gars, les gars, les gars.
02:46 Faites attention, on va t'arrêter.
02:48 On termine.
02:49 On vous entend, on vous entend.
02:50 Non mais en fait, quand je suis tout à pas, nous on est là comme des rôles.
02:53 Nous on ne joue pas avec des montres, donc on ne sait pas à l'heure qu'il est.
02:56 Et là apparemment il est 21h.
02:58 Et vous ne vous excusez pas de réagir comme vous réagissez, surtout.
03:02 On est là et on soutient les uns les autres face à ça.
03:04 Mais parle à tes gars, c'est juste irrespectueux.
03:07 Vous étiez en train de vous amuser là-bas, on n'est pas venus là-bas.
03:09 Ça fait deux ans et demi qu'on est là, qu'on fait la même chose tous les mercredis.
03:13 Et qu'une fois dans le mois, il y a un mec qui réalise qu'il a envie de jouer au basket.
03:16 Et il rentre sur le terrain comme ça.
03:17 On est là une fois dans la semaine.
03:19 Ça arrive souvent, ça ?
03:21 C'est la troisième fois de l'année, donc ça va.
03:23 C'est très anecdotique.
03:24 Aujourd'hui, notre travail est accepté.
03:27 Notre présence, elle est acceptée aussi.
03:28 Donc ça arrive.
03:29 Mais il y a des jours où c'est plus difficile à accepter que d'autres.
03:31 Et là, ce soir, qu'il entre sur le terrain alors qu'on est en train de jouer, c'est pas ouf.
03:35 Je ne sais pas, comme si notre jeu a moins de valeur que le leur.
03:38 Ou j'en sais rien.
03:39 Mais l'idée, c'est qu'on partage le terrain.
03:40 On est juste là pour montrer la visibilité des femmes et pas pour faire la guerre.
03:46 [Musique]

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