Qui a vraiment profité de la hausse des prix dans l'alimentaire? BFMTV répond à vos questions

  • l’année dernière
Chaque jour, Roselyne Dubois répond à vos questions sur BFMTV.

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Transcription
00:00 qui a profité de la hausse des prix dans l'alimentaire ?
00:03 C'est la question de Paul.
00:04 Alors c'est vrai qu'on a beaucoup parlé de la marge des industriels, des distributeurs.
00:08 On a oublié d'évoquer les acteurs financiers,
00:10 des banques, des fonds d'investissement, des assurances,
00:13 ceux qui en fait achètent ou vendent sur les marchés pour faire du profit,
00:17 pas pour fabriquer quelque chose derrière.
00:19 Bonjour Jean-François Dubost, merci d'être avec nous.
00:22 Vous êtes le directeur du Pédoyer CCFD Terre Solidaire.
00:25 Il y a un chiffre impressionnant, pour le blé notamment,
00:28 il y a un an, quand les cours ont commencé à s'envoler,
00:31 80% des achats de blé étaient purement spéculatifs.
00:36 Et oui, et ça c'est le fait d'établissements de crédit,
00:39 de fonds de pension, de fonds d'investissement,
00:41 mais également de gros acteurs commerciaux,
00:43 les fameuses multinationales de l'agroalimentaire,
00:46 qui lorsqu'elles sentent que les prix peuvent monter,
00:48 ou que le marché d'échange des céréales est un peu en tension,
00:50 vont investir massivement ce marché, au détriment des agriculteurs,
00:54 au détriment des coopératives agricoles ou des commerçants,
00:57 pour se faire des profits.
00:58 Donc finalement, ce sont des spéculateurs de la faim.
01:01 Elles jouent sur la hausse des prix qui génèrent la faim,
01:03 pour engranger des profits colossaux.
01:06 Ce n'est pas la seule raison, mais c'est comme ça qu'au bout de la chaîne,
01:09 nos pâtes, nos pains, nos tartes ont augmenté.
01:13 Alors vous avez raison, ce serait faux de dire que ce serait la seule raison,
01:16 mais nous nous attirons au CCFD Terre Solidaire,
01:19 l'attention sur ces acteurs-là, parce qu'en fait, ils ont un rôle évident.
01:23 Les personnes avec qui nous nous sommes entretenus
01:25 et qui opèrent sur ces marchés disent qu'une spéculation
01:28 peut amplifier au minimum de 15 à 20 % le prix de la céréale.
01:32 Mais ce qui est étrange et anormal, voire même inadmissible,
01:35 c'est qu'on n'en parle jamais de ces acteurs.
01:36 Ils ne sont pas régulés.
01:38 On les laisse opérer librement, capter la valeur de notre alimentation,
01:41 au détriment du prix de notre panier alimentaire,
01:44 mais surtout dans un contexte où la population mondiale,
01:46 30 % de cette population, souffre d'insécurité alimentaire.
01:49 C'est totalement inadmissible et immoral.
01:51 Mais c'est ce que j'allais vous demander.
01:52 On ne peut pas réguler ça, pas contrôler,
01:54 mais au moins réguler, modérer en temps exceptionnel ?
01:58 Si, bien sûr.
01:58 En fait, il faudrait réguler en temps normal,
02:00 parce que la spéculation, elle est utile.
02:02 Lorsqu'elle devient excessive, elle est anormale et malsaine.
02:05 Pour la réguler, il faut intervenir à différents niveaux.
02:08 Au niveau des marchés, des bourses d'échange,
02:11 il faut pouvoir contrôler qui intervient et à quel titre,
02:14 pour vraiment acheter en ayant un contact avec les céréales
02:17 ou uniquement pour se faire des profits et dans quelle proportion.
02:19 Il y a toute une série de limites qu'on peut positionner.
02:22 Mais ensuite aussi au niveau international,
02:23 parce que là, c'est l'absence de régulation totale.
02:26 Les États ne parviennent pas à se mettre d'accord,
02:27 ou en tout cas ne souhaitent pas se mettre d'accord.
02:29 Et pourtant, il le faudrait,
02:30 parce qu'il y a différents marchés dans le monde.
02:33 Il y a des possibilités communiquées qui interviennent,
02:36 introduire davantage de transparence.
02:38 Voilà des pistes qui sont concrètes et que nous poussons,
02:40 nous appelons la France à les prendre
02:41 et à les porter au niveau international,
02:43 au G7, au G20 et aussi à l'ONU, bien sûr.

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