"Ma mission est accomplie" : Pascal a parcouru 5.000 km à vélo pour alerter sur le cancer des testicules

  • l’année dernière
Après plus d'un mois de tour de France à vélo, Pascal Michot est de retour chez lui à Alenya (Pyrénées-Orientales). Il s'était donné pour objectif de sensibiliser les Français au cancer des testicules qui a emporté son fils Anthony en 2020, à seulement 19 ans.
Transcript
00:00 - Bonjour Pascal Michaud. - Bonjour.
00:01 - Un mois et demi donc à pédaler tous les jours, vous êtes parti de Saint-Cyprien,
00:05 vous êtes passé par Clermont-Ferrand, l'Alsace, le Nord, la Bretagne, la Rochelle, le Pays Basque
00:11 et vous avez terminé hier à Alenia où vous habitez.
00:14 Comment ça va après ce Tour de France ?
00:16 - Écoutez ça va très bien, content d'avoir fini ce Tour de France parce que bon voilà effectivement
00:21 on a toujours l'incertitude d'un problème physique au bout de tant de kilomètres
00:27 mais ça s'est très très bien passé, peut-être des fois même un peu trop bien.
00:31 - Trop bien c'est-à-dire ?
00:33 - Parce qu'au départ on part pour 38, 39 jours de pédalage et quand même 5200 kilomètres
00:39 donc on est sûr de rien, je veux dire on est, on est des humains.
00:42 - Vous faites quoi dans la vie ?
00:43 - Je suis artisan plombier électricien.
00:45 - Donc pas du tout sportif ?
00:46 - Ouais enfin...
00:47 - Vous faites un peu de vélo quand même ?
00:48 - Oui je fais du vélo et j'ai toujours fait beaucoup de sport.
00:50 - Alors vous partagez vos expériences au quotidien sur vos réseaux sociaux, Facebook, Instagram entre autres.
00:56 Vous dormiez chez l'habitant c'est ça ? Pour rencontrer le plus de monde possible ?
00:59 - Oui c'est ça, j'ai privilégié les réseaux pour rencontrer au maximum de gens
01:03 et pouvoir être hébergé au maximum par des particuliers que je ne connaissais pas.
01:08 Certains même se sont pris entre guillemets au jeu et m'ont trouvé d'autres hébergements
01:13 sur lesquels je n'avais pas à trouver, j'aurais dû me loger à l'hôtel.
01:18 Donc ça a été vraiment une aventure formidable humainement,
01:22 moi qui avais un petit peu de mal aujourd'hui encore à croire à l'humain.
01:25 Parce qu'on vit dans un monde un peu particulier où les portes s'ouvrent pas facilement.
01:30 Mais là ça a été l'inverse donc à ma plus grande surprise.
01:33 - C'était votre objectif effectivement, rencontrer du monde, parler de ce cancer,
01:37 le cancer des testicules qui a emporté votre fils en 2020.
01:41 Anthony avait seulement 19 ans.
01:43 Qu'est-ce que vous avez observé au cours de votre tour de France ?
01:47 Est-ce que globalement les gens connaissent ce cancer ou pas du tout ?
01:49 - Non, alors très très peu en fait.
01:52 Ceux qui connaissent le connaissent très mal, mais en tout cas personne ne sait comment il se décèle.
01:57 Et beaucoup pensent qu'il touche des gens beaucoup plus âgés.
02:01 Ils ne peuvent pas penser que ça puisse toucher des enfants de la puberté jusqu'à 35 ans.
02:05 - Oui c'est un cancer qui touche 2% des hommes si je ne me trompe pas,
02:09 et beaucoup de jeunes justement.
02:11 - C'est ça, il y a environ 2200 cas par an.
02:13 Les médecins estiment des rémissions entre 95 et 97%.
02:19 Mais bon, c'est ce que je disais, c'est la vérité.
02:23 Les oncologues m'ont bien dit "mon fils fait partie des 95% sauvés du cancer testiculaire".
02:28 Mais malheureusement il n'est plus là, puisque c'est un cancer qui migre très rapidement.
02:32 Pour son cas il a migré au poumon et après au cerveau.
02:36 - C'est donc un cancer qui touche beaucoup la tranche d'âge 15-35 ans.
02:40 Et il y a encore ce tabou, vous en parliez, ce tabou que vous vouliez briser.
02:44 Le chemin est encore long ?
02:46 - Oui, parce que déjà les jeunes, à cet âge là, ça fait toujours un petit peu sourire,
02:51 parce qu'on parle de testicule.
02:53 Mais lorsque je leur expliquais un petit peu dans la rue l'histoire,
02:56 les sourires s'effacent évidemment, et puis ils se rendent compte de la gravité de cette maladie.
03:00 Et ils sont surpris qu'on ne leur en parle pas plus que ça.
03:03 J'ai été reçu par la commune de Laurent-Sainte-Marie,
03:08 où il y a eu la Ligue contre le cancer qui m'a accueilli avec des élus et des députés,
03:14 qui m'ont d'ailleurs convié à revenir chez eux pour faire de la prévention
03:18 au sein des écoles au mois de novembre.
03:21 - Donc votre opération sensibilisation est accomplie selon vous ?
03:24 - Oui.
03:25 - Vous allez repartir sur les routes de France bientôt
03:28 pour des missions de sensibilisation dans des établissements scolaires, c'est ce que vous prévoyez ?
03:31 - Tout à fait, oui. Je suis déjà invité à Oloron.
03:36 Donc après, sur la commune d'Alénia,
03:38 il est prévu aussi des sensibilisations dans les PIGES, les points d'information jeunesse.
03:43 Et puis tout ça, ça va se mettre en route gentiment.
03:46 - Est-ce que vous avez un souvenir de ce périple,
03:48 un souvenir que vous souhaiteriez nous partager, qui vous a particulièrement marqué ?
03:53 - Un an, parce qu'en fait, toutes les rencontres sont différentes.
03:58 Elles ont toutes été exceptionnelles, parce qu'on est tous différents,
04:02 mais j'ai toujours été en tout cas très très bien accueilli.
04:05 Après oui, il y a un cycliste qui m'a rejoint et qui m'a hébergé,
04:09 a donné corps et âme pour trouver tous les logements qui me manquaient.
04:13 Donc cette personne a réussi à me trouver six logements, six hébergements,
04:16 alors qu'il n'avait pas plus de contacts que ça,
04:19 c'est qu'il se débrouillait sur les réseaux et voilà.
04:22 - Dès le réveil, ici, ici, on parle d'ici, le 6/9, France Bleu Rocion.
04:29 - Pascal Michaud est notre invité, Suzanne Chaudjahi sur France Bleu Rocion,
04:32 le père d'Anthony, décédé d'un cancer des téticules.
04:35 Il faut savoir que ce cancer, on peut tout à fait le surmonter en vous en parlant à l'instant,
04:40 encore faut-il le dépister assez tôt.
04:42 Ça consiste en quoi le dépistage du cancer des téticules ?
04:45 - Alors le cancer des téticules, ça se dépiste tout simplement par palpation.
04:50 C'est là où justement j'interviens et j'explique aux jeunes que
04:55 je comprends que c'est une zone sensible et pas facile à parler à ses parents s'ils ont des selles.
05:00 Donc voilà, sachant que ça se dépiste par simple palpation,
05:03 qu'ils peuvent le faire tout seul sous la douche, tout comme le cancer du sein,
05:07 c'est là où je ne comprends pas qu'il n'y ait pas d'action de prévention plus que ça,
05:11 puisque s'il est décelé à temps, on peut sauver nos jeunes.
05:14 Donc d'où ma campagne de sensibilisation.
05:17 - Et qu'est-ce que vous dites aux auditeurs ce matin,
05:19 si jamais vous n'êtes pas sûr de vous, allez chez votre médecin tout simplement ?
05:22 - Tout à fait. - Parlez-en à votre médecin.
05:24 - Tout à fait, si vous avez le moindre doute, même une douleur,
05:28 parce que le cancer testiculaire, comme beaucoup de cancers, ne sont pas douloureux,
05:32 mais en tout cas ça emmène à avoir une escroissance au niveau des testicules,
05:37 je pense que c'est quand même plus simple de faire une palpation sur les testicules qu'une poitrine.
05:42 Donc s'il y a le moindre doute, il faut consulter.
05:45 Un médecin, ça reste un médecin, il n'y aura pas de regard,
05:48 il ne faut pas avoir honte, il n'y a pas de problème là-dessus.
05:51 - Avant de partir pour votre tour de France à vélo début mai,
05:55 vous aviez lancé une cagnotte en ligne, ce matin le compteur affiche plus de 6300 euros.
06:00 Cet argent ira où ? A une association ? A qui ?
06:03 - Alors il y a une partie qui ira à Canceroson, avec qui je me suis entendu dès le départ,
06:09 et qui m'ont rejoint à deux reprises pour m'accueillir sur des étapes.
06:13 Et ensuite une partie ira, je ferai des actions dans les hôpitaux pour les enfants malades,
06:22 parce que malheureusement il y en a beaucoup, pour essayer de leur apporter un petit peu de joie.
06:26 Ce n'est pas grand chose, mais en tout cas ce qu'on peut faire c'est toujours ça de pris.
06:29 Et une autre partie que je conserverai pour amener les actions, les différentes actions...
06:34 - Dont vous nous parliez tout à l'heure, dans les établissements scolaires.
06:37 - Voilà, imprimer des flyers, des choses comme ça, parce qu'il faut continuer la lutte.
06:41 Je me suis rendu compte que c'était utile et que ça avait pris une certaine ampleur sur les réseaux,
06:46 puisqu'il y a certains élèves qui étaient avec mon fils qui m'ont contacté,
06:49 et que je ne connaissais absolument pas.
06:51 Donc en tout cas ça a fait son bonhomme de chemin.
06:55 - Vous êtes fier de ce bonhomme de chemin comme vous dites ?
06:59 - Oui, assez.
07:00 Moi je ne me voyais pas de toute façon rester sans rien faire,
07:05 puisque cette lutte ne fait que commencer.
07:08 Malheureusement, en tout cas ce que je veux c'est que ce qui nous est arrivé n'arrive pas aux autres.
07:12 Donc si on peut sauver une vie, c'est une famille, c'est déjà beaucoup.
07:17 - On peut encore donner sur la cagnotte ?
07:19 - Oui.
07:20 - Jusqu'à quand ?
07:21 - Jusqu'à la fin du mois.
07:23 - Et c'est sur la plateforme Litchi, il suffit de taper Anthony ?
07:26 - C'est MMVLC. Moi, mon vélo et le cancer.
07:30 - Moi, mon vélo et le cancer.
07:31 Merci beaucoup Pascal Michaud d'être venu nous parler d'Anthony ce matin,
07:35 et du cancer des testicules qui est encore assez méconnu, c'est ce que vous nous expliquez.
07:39 Il faut donc en finir avec les tabous.
07:41 Voilà ce que vous nous dites, vous habitez à Alenia.
07:43 Merci beaucoup Pascal Michaud et à très bientôt.
07:46 - Merci, au revoir.

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