• il y a 2 ans
Pour sa première réalisation, le chorégraphe Benjamin Millepied imagine un destin contemporain à Carmen, la célèbre héroïne de Prosper Mérimée, qui inspira l’opéra à succès de Georges Bizet (en 1875).
Pour le meilleur ou pour le pire ? Réponse avec nos deux critiques, Marie Sauvion et Samuel Douhaire.
Transcription
00:00 Benjamin Milpied, c'est un homme qui a tous les talents.
00:01 Grand chorégraphe, grand danseur.
00:04 Et puis là, on découvre cette semaine qu'il est devenu réalisateur
00:08 et il a fait un film qui s'appelle Carmen.
00:09 Alors c'est très bizarre, Carmen, parce qu'on s'a dit
00:12 tiens, Benjamin Milpied, vu son parcours, il va nous faire peut-être
00:15 une vision contemporaine de Carmen, l'opéra de Georges Bizet.
00:18 Et ben, peu du tout.
00:19 * Extrait de Carmen *
00:45 Alors Carmen, c'est l'histoire d'une passion.
00:46 Donc là, en l'occurrence, entre une jeune Mexicaine qui doit fuir son pays.
00:50 Ne demandez pas pourquoi, on ne comprendra jamais vraiment.
00:53 Mais enfin, elle doit fuir.
00:54 Voilà, elle doit passer la frontière de manière clandestine.
00:57 Et puis, c'est une histoire d'amour entre cette jeune Mexicaine
01:01 et un vétéran de la guerre d'Afghanistan, pas très bien dans sa tête, ni dans sa peau.
01:06 Et puis, voilà.
01:06 Et après, on se demande bien où veut aller Benjamin Milpied dans cette histoire.
01:11 On s'attend à ce qu'il y ait de la danse, forcément, avec Benjamin Milpied.
01:13 Alors de la danse, il y en a.
01:15 On a une petite séquence de flamenco au début.
01:16 Et puis après, deux, trois scènes chorégraphiées,
01:19 une scène nocturne, notamment sur un parking à Los Angeles.
01:22 C'est à la limite de la chorégraphie de patronage.
01:25 Et puis, surtout, ce n'est pas très bien filmé.
01:27 On se demande, voilà, Benjamin Milpied est sans doute un bon chorégraphe.
01:29 Ça ne se sent pas trop, encore une fois, dans ce film-là.
01:31 Mais en tout cas, en tant que cinéaste, il a encore beaucoup, beaucoup de choses à apprendre.
01:34 Le film est quand même une sorte de pouding.
01:36 C'est-à-dire qu'on a Benjamin Milpied, français, installé aux États-Unis
01:39 depuis l'âge de 16 ans, qui met sur pied une coproduction
01:44 pendant des années entre la France, en l'occurrence, Dimitri Rassam,
01:47 et une productrice australienne qui va tourner en Australie.
01:50 Mais ça se passe aux États-Unis.
01:52 La musique, c'est Nicholas Brittel.
01:54 Nicholas Brittel, vous le connaissez, c'est l'auteur du générique génial de Succession.
01:59 Eh ben voilà, il n'a pas été génial ce coup-ci,
02:02 parce que la musique est extrêmement pénible.
02:04 C'est beaucoup de percussions, beaucoup de des choeurs tout le temps
02:09 qui sont absolument saoulants, très peu mélodiques.
02:12 Mais Marie a raison sur la musique, qui est une des grandes déceptions du film,
02:15 puisqu'on pouvait s'attendre à ce que Benjamin Milpied,
02:17 de par son métier de chorégraphe, soit très sensibilisé
02:20 à l'importance de la musique, de son utilisation.
02:23 Et là, on ne voit pas trop à quoi elle sert, la musique.
02:25 Sinon, qu'elle nous casse un peu sur les oreilles.
02:28 Il y a vraiment cet abus des choeurs un peu mystique.
02:31 Et encore une fois, on ne comprend pas très bien pourquoi,
02:33 parce que l'âge du film n'est pas trop mystique,
02:35 sinon par ces vagues évocations d'un univers un peu de sorcellerie
02:39 avec le personnage de Rossy et de Palma.
02:40 Le film expérimente plein de choses, ça c'est bien.
02:43 Le problème, c'est qu'il se prend extrêmement au sérieux.
02:46 Il est très grandiloquent.
02:48 Tout fait sens, tout est sursignifiant.
02:52 Il y a des incendies qui s'allument.
02:54 Tu es dans le désert, la maison brûle.
02:56 Mais en fait, était-ce un rêve ?
02:57 Était-ce une illusion ?
02:58 Débarque Rossy et Palma, qui est une sorte de danseuse/sorcière/mangeuse d'hommes.
03:05 On se retrouve dans un univers cabaret queer,
03:08 mais en même temps un peu tango,
03:10 en même temps un peu je ne sais pas quoi.
03:11 On ne comprend pas grand-chose,
03:12 pour finalement se rendre compte que c'est une histoire extrêmement clichée
03:17 sur la fuite de ce jeune couple qui est poursuivi par la police.
03:21 C'est s'emparer du scénario le plus bébête,
03:25 le plus lambda, le plus basique de la fiction contemporaine,
03:31 pour en faire des images qui tournent, des chœurs,
03:36 et puis un truc qui se voudrait extrêmement puissant
03:39 et qui se ratatine très vite dans le désert.
03:42 Et puis il y a aussi ce décor très bizarre de ce cabaret,
03:45 avec aussi des Palma, personnages ô combien étranges,
03:48 qui n'apportent pas grand-chose.
03:49 On voit bien ce que Benjamin Bilpi a voulu chercher chez elle.
03:52 Vraiment tout son passé d'actrice, c'est notamment Helmut DeVar,
03:55 ces personnages un petit peu fantasques,
03:57 mais elle n'en fait pas grand-chose.
03:58 Le personnage reste comme les autres, un petit peu à la surface des choses.
04:03 On ne sait pas trop ses motivations, on ne sait pas trop ce qu'elle fait là.
04:05 À l'arrivée, c'est vraiment un film qui part dans plein plein plein de directions
04:08 et qui n'aboutit nulle part, sinon à un échec quasi complet.
04:13 Bah Carmen, c'est vraiment bof.
04:15 Carmen, je ne t'aime pas, prends garde à toi, bof.
04:18 [Musique]

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