La Famille Cigale - 1977 - 6

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DB - 17-06-2023

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00:58 - Béa s'est littéralement jetée dans les bras de Philippe Varin,
01:02 le riche marchand de tableaux qui est, soit dit en passant,
01:06 de 30 ans son aîné.
01:08 La famille d'Amiens Lacour n'est pas au courant
01:11 de cette étrange idylle.
01:13 Le serait-elle qu'elle ne s'en soucierait guère,
01:16 car elle est toute entière accaparée par les dernières
01:19 répétitions de la pièce de Raffaello qu'elle va bientôt
01:22 créer.
01:23 - T'as l'intention de nous faire répéter comme ça tous les jours
01:26 jusqu'à 3 heures du matin?
01:28 Non, mais ça, je te préviens, le soir de la générale,
01:30 on arrivera sur les genoux, moi.
01:32 Ta mère n'en peut plus et Clio, c'est pareil.
01:34 - Je suis désolé, mais enfin, moi, j'aimerais que tout soit
01:36 parfait. Y a encore des tas de petites choses qui clochent.
01:38 - Il faut dire que Raffaello, il est pas très coopératif.
01:40 - Oui. - Ça, c'est vrai.
01:41 - T'as vu, encore ce soir, Lacan, quand tu lui as demandé
01:44 le sens de la réplique de "L'Elubel", c'est rien.
01:47 - Gérard, mon vieux auteur se désintéressait autant de son texte.
01:50 - Ah, finalement, moi, je mangerais bien une petite morceaule,
01:52 aussi. Mais il se désintéresse pas de son texte.
01:54 Il nous fait confiance. Moi, je trouve ça plutôt bien.
01:57 - Parce qu'à un certain moment, il me laisse dans le flou.
01:59 - Toute la pièce, toute la pièce est floue.
02:01 Mais j'ai l'impression que c'est volontaire parce que ça donne
02:03 un côté onirique qui marchera très bien sur le public.
02:05 - Quand je lui ai demandé s'il voulait que j'accentue ce côté
02:07 onirique, il m'a répondu "C'est pas indispensable".
02:09 Alors, en fait, pour prendre quelque chose, moi, je nage.
02:11 - Fais comme tu veux et ce sera bien.
02:14 - Salut.
02:15 - Salut.
02:16 - C'est à ce temps-ci que tu rentres? Véan!
02:18 - Je croyais coucher depuis longtemps.
02:20 - D'où viens-tu?
02:22 - Je sortais ce soir.
02:23 - Je te demande d'où tu viens.
02:25 - Chez des amis. C'est un dîner de fiançailles.
02:28 - Ah, qui se fiançaient?
02:29 - Des gens que nous connaissons.
02:31 - Oui, quelqu'un que vous connaissez très bien. Moi.
02:34 Moi.
02:35 - Eh bien, voilà! Même le temps que je me fiançais ce soir,
02:37 j'étais pas au courant. Alors, comme d'habitude...
02:39 - Je m'étais pas au courant non plus, je te signale.
02:41 - Comment ça?
02:42 - Je vais me marier, maman.
02:44 - Tu...
02:45 - Avec un quinquagénaire.
02:47 - Remarquez, j'ai rien contre les quinquagénaires,
02:50 mais je signale ça pour l'anecdote.
02:52 - Uniquement.
02:53 - Parce que tu étais dans la confidence.
02:55 Qui est ce quinquagénaire?
02:56 - Le père d'Agnès.
02:57 - Le marchand de tableaux?
02:59 - Philippe Varin.
03:01 - Non, mais elle est si sérieuse?
03:03 - Ah, très sérieuse. Tu l'as vu?
03:05 - Oui.
03:06 - Enfin, réfléchis tout de même avant de t'engager, ma petite fille.
03:10 - Oh, mais j'ai tout réfléchi.
03:12 - Et ça fait pas peur à ce monsieur d'épouser une gamine de ton âge?
03:16 - Je n'ai pas surpris la moindre frayeur dans son regard,
03:19 et sa main n'a pas tremblé quand il a pris la mienne.
03:22 En somme, nous n'avons plus qu'à nous incliner.
03:24 Je ne vois pas ce que vous pourriez faire d'autre.
03:27 - Oui. De mon temps, les enfants ne parlaient pas comme ça à leurs parents.
03:32 - Oh, mon foyer, ils vivaient en concubinage avec leur bénédiction.
03:36 À ce propos, inutile de régulariser,
03:38 Philippe est au courant de votre situation.
03:40 - Et la cérémonie du psy, elle est prévue pour quand?
03:42 - Nous n'avons pas fixé de date précise,
03:44 mais ça se fera assez vite, avant deux mois.
03:47 - Ce monsieur me fera peut-être l'honneur de venir me demander ta main.
03:50 - Sa secrétaire t'appellera pour te fixer un rendez-vous.
03:53 - Ah.
03:54 - Soyez gentil, allez-vous coucher.
03:58 Je vais lui parler.
04:03 - Alors, maintenant, la vérité.
04:05 - Mais quelle vérité?
04:07 - Cet homme est ton amant. Depuis quand?
04:10 - Mais ce n'est pas mon amant.
04:13 - C'est des mots que je comprends rien.
04:18 - Mais ça, je ne te le fais pas dire.
04:20 Bon, je vais me coucher.
04:22 - Tu nous as trahis?
04:26 - Non.
04:28 - Tu es sûre que c'est vrai?
04:30 - Tu nous as trahis.
04:32 Maintenant, tu nous abandonnes.
04:35 - Oh.
04:37 - Et moi, je vais avoir un gendre de 10 ans, mon aîné.
04:48 - En somme, ils prennent ça plutôt bien.
04:55 - Oh, ils ont l'habitude d'écouter le théâtre.
04:58 - Et votre père, qu'est-ce qu'il en dit?
05:00 - Oh, il a fait un bon mot, comme d'habitude.
05:03 - Au fond de vous-même, vous n'êtes pas un peu déçus
05:05 de l'attitude de vos parents?
05:07 Vous n'auriez pas préféré recevoir une paire de claques?
05:09 - Mais enfin, pourquoi m'aurait-il giflé?
05:11 - C'est la réaction que j'aurais eue si un nièce
05:13 était venue m'annoncer qu'elle voulait épouser un homme de mon âge.
05:16 - Oh, mais vous avez bien des complexes.
05:19 - Ce ne sont pas des complexes, mais des scrupules.
05:23 - Question protocolaire,
05:25 mon père aimerait bien voir la tête que vous avez.
05:28 - Ah.
05:30 - Oui, alors sans faire une demande officielle,
05:32 il serait peut-être bon que vous le rencontriez.
05:34 - Je vais lui téléphoner et lui demander un rendez-vous.
05:37 - Non, non, non.
05:39 Faites-le convoquer par votre secrétaire.
05:41 - Je vous signale que c'est tout à fait contraire aux usages.
05:45 - Mon père est un enfant, il mène une vie de bohème,
05:48 il n'a donc aucune notion des usages.
05:50 Votre convocation l'impressionnera,
05:52 et passez-moi l'expression,
05:54 je veux qu'il en ait plein la vue.
05:58 - En somme, vous m'épousez pour épater vos parents.
06:01 - Non.
06:03 Mais je veux qu'à travers ce mariage, il me respecte.
06:06 Faites ce que je vous demande.
06:10 - C'est une drôle de petite bonne femme, vous savez.
06:15 - Ce don qu'elle a, ou plutôt ce pouvoir maléfique,
06:19 date du jour où sa soeur a disparu.
06:21 - Vous êtes sûre, madame?
06:23 - C'était il y a deux ans.
06:25 - La jeune Christelle avait sombré dans les eaux du lac
06:28 avec la barque que Georges utilisait pour la pêche.
06:31 - Avait-on repêché le corps de Christelle?
06:34 - Jamais, docteur, jamais.
06:36 Oh, ce marteau, ce n'est pas possible.
06:39 - C'est insupportable, on ne s'entend plus parler.
06:42 - Vous allez pour longtemps, là?
06:44 - Il faut bien attendre une demi-heure.
06:46 - On ferait ça après les répétitions, vous êtes gentil.
06:49 Merci.
06:50 - Allez.
06:52 - Ce don qu'elle a, ou plutôt ce pouvoir maléfique...
06:55 - J'ai des sandwiches au jambon, aux rillettes et au pâté.
06:58 - Pour moi, un jambon-beurre.
07:00 - Moi aussi.
07:01 - D'accord. Et vous, M. Marvejolle?
07:03 - Les rillettes, ce sont des rillettes d'oie?
07:06 - Ça, j'en sais rien.
07:08 J'ai encore un sandwich au pâté.
07:10 - Non, merci, j'ai pas faim.
07:12 - Ça va pas?
07:13 - Des problèmes.
07:14 - Des problèmes graves?
07:16 - Où en êtes-vous? Des répétitions?
07:18 - On reprend l'acte 2 en entier.
07:20 - Qu'est-ce qu'il a, le 2e acte?
07:22 - Il marche très bien.
07:24 - C'est ridicule, on perd du temps.
07:26 - La 1re n'est que dans 20 jours.
07:28 - J'aimerais bien qu'on l'avance.
07:30 - Quoi?
07:31 - Quoi?
07:32 - On l'avance?
07:33 - On peut pas commencer la semaine prochaine?
07:35 - Il faut le temps d'imposer les affiches, de lancer la campagne.
07:38 - On va faire les derniers raccords.
07:40 - Faites un petit effort pour moi, s'il vous plaît.
07:43 C'est très important.
07:44 - À la rigueur, on pourrait commencer dans une quinzaine.
07:47 - C'est trop loin!
07:48 - Qu'est-ce que vous avez?
07:50 - Rien!
07:51 - C'est pas possible, malgré la meilleure volonté du monde.
07:54 - Tant pis. Je m'en vais.
07:56 - On a fait l'acte 2, ça vous intéresse pas?
07:59 - Non, non.
08:00 - Ouf!
08:01 - Monsieur Serge, on vous demande le téléphone de la part de M. Philippe Varin.
08:06 - Philippe Varin?
08:07 - Notre futur gendre.
08:09 - Ah!
08:10 - Ah!
08:11 - Voulez-vous que nous passions dans mon bureau?
08:14 - Ah, non, non, non.
08:16 - Vous savez très bien les signes, comme il vous plaira.
08:19 - Oui.
08:21 - Quand vous aurez 60 ans, Béat, n'en aura que 30.
08:26 Y avez-vous songé?
08:27 - Vous savez, c'est un calcul auquel on se livre toujours, en pareilles circonstances.
08:32 - Et ça ne vous fait pas peur?
08:34 - Non, merci.
08:35 - À moi?
08:36 - Non, c'est Béatrice que ça pourrait effrayer.
08:39 - Ça ne va pas si loin.
08:41 C'est encore une enfant.
08:43 - Comprenez-moi bien.
08:47 Mon seul problème, c'est le bonheur de ma fille.
08:50 - Avec vous ou avec un autre, Serge Mamocque.
08:53 - J'ai l'intention de tout faire pour la rendre heureuse.
08:56 - En amour, l'intention ne vaut pas fatalement l'action.
09:00 - Accordez-moi le bénéfice d'une certaine expérience en la matière.
09:04 - Encore une indiscrétion.
09:06 - Vous avez été mariée combien de fois?
09:09 - Une seule. Ma femme est morte il y a six ans dans un accident.
09:13 - Pardonnez-moi.
09:14 - Non, non.
09:15 Je n'ai pas voulu me remarier à cause d'Agnès.
09:18 Aujourd'hui, les choses sont différentes d'Agnès à 19 ans.
09:21 Elle me quittera un jour ou l'autre, j'imagine.
09:24 - En somme, vous voulez la remplacer par Béatrice?
09:27 - Oui, c'est un peu ça.
09:29 Vous savez, monsieur, toutes les questions que vous vous posez,
09:32 je me les suis posées bien avant de demander à Béatrice de m'épouser.
09:36 Du reste, je ne lui ai rien demandé du tout.
09:39 - Comment ça?
09:40 - Oui, c'est... c'est elle...
09:42 Comment dire?
09:43 Elle m'a un peu forcé la main.
09:45 Au début, l'idée d'épouser une personne aussi jeune
09:48 m'a littéralement paniqué.
09:50 Et puis...
09:52 - Et puis?
09:53 - Et puis, les arguments de Béatrice ont été très convaincants.
09:58 - Sachez-le, monsieur, si vous rendiez ma fille malheureuse,
10:03 je ne vous le pardonnerai pas.
10:05 - Je ne me le pardonnerai pas davantage.
10:08 - L'aimez-vous?
10:10 - C'est une question qui me paraît superflue,
10:12 mais je vais y répondre.
10:14 Oui, je l'aime.
10:15 Je l'aime et je l'estime.
10:17 Êtes-vous satisfait?
10:19 - À dire vrai, non.
10:21 Il y a dans toute cette histoire quelque chose que je n'explique pas.
10:24 La décision de Béat ressemble à un coup de tête.
10:27 - Les coups de tête, les coups de coeur.
10:29 Allez-donc faire la différence.
10:31 - Ah!
10:32 Et puis allons plus loin.
10:34 Si un jour, c'était... c'était elle qui vous rendait malheureuse.
10:38 Je sais parfaitement les risques que je prends.
10:41 Je les assumerai en conséquence.
10:44 Et bien, je crois qu'il y a... qu'il y a une formule consacrée.
10:48 - Oui.
10:50 - Puis-je vous demander la main de votre fille?
10:53 - Je vous l'accorde. - Je vous remercie.
10:55 - Hum! C'est un peu de mort agréable d'écrire le mot "fin".
10:59 - T'as fait du bon travail, tu sais.
11:01 - Comment? Nous avons fait du bon travail.
11:04 Sans toi, je n'aurais jamais commencé.
11:06 Et surtout, je n'aurais jamais fini.
11:08 Tu as mis dans le scénario tout ce que tu as mis dans ma vie.
11:12 De l'imprévu, du suspense, des coups de théâtre, de la gaieté,
11:16 un petit peu de tristesse, de la tendresse et beaucoup, beaucoup de bonheur.
11:21 - Ta vie serait-elle un chef-d'oeuvre?
11:24 - Ah oui, elle est en train d'en devenir un.
11:27 C'est chef-d'oeuvre qui mûrisse longuement,
11:29 qui se polisse et se repolisse.
11:31 Mais je suis en train de réciter des dialogues du film.
11:34 - C'est pas un film. - Arrête pas, c'est pas encore un film.
11:37 - Ça en deviendra un, j'en suis sûre.
11:39 - Il faut un producteur. - Julius Richer.
11:42 - Tu m'as dit qu'il était en faillite. Un film, c'est cher.
11:45 - Pour lui, trouver 10 millions, c'est plus facile que trouver 25 francs pour quelqu'un d'autre.
11:50 - Je ne comprendrai jamais rien au cinéma.
11:53 - Le film se fera, Paul, je peux te l'assurer.
11:56 - Dieu t'entend.
11:58 - Laisse Dieu en dehors du coup. Il ne va jamais au cinéma.
12:02 - Je ne comprends pas.
12:04 - Qui est le plus grand, le plus beau, le plus fort ?
12:10 C'est Julius Ier, le roi des...
12:12 - Julius, qu'est-ce qu'il y a ?
12:14 - Le roi des quoi, mon petit ?
12:16 On m'a saisi tous mes meubles,
12:18 m'a coupé le téléphone, demain on coupe l'électricité.
12:21 Comme je n'avais pas payé depuis deux mois ma secrétaire,
12:24 elle est partie avec la machine à écrire,
12:27 les fournitures de bureaux, les temps fiscaux.
12:30 On m'expulse d'ici à la fin du mois.
12:33 Il prend une cigarette ?
12:35 - Non, mais on vous a apporté un scénario.
12:38 - Un scénario ? Je ne connais pas.
12:40 - Julius, il faut vous ressaisir. Lisez.
12:43 - Non, je n'ai jamais lu un scénario.
12:46 On me les a racontés, ça m'a suffi.
12:49 - Très bien, alors voilà.
12:51 L'histoire commence il y a, disons, 25 ans.
12:54 - Ça commence mal. Il faut des costumes de l'époque...
12:57 - Taisez-vous !
12:59 L'histoire commence donc il y a environ 25 ans.
13:02 Lisa, l'héroïne, est une jeune fille qui vit dans une famille d'artistes.
13:06 Son père est comédien. Sa mère est comédienne, son frère aussi.
13:09 Mais Lisa, elle, rêve de devenir médecin.
13:12 - Ça me rappelle quelque chose.
13:14 Tu voulais pas faire ta médecine, toi, quand tu étais gamine ?
13:17 - On vous a tout enlevé, mais on vous a laissé la mémoire.
13:20 - Je sens venir les choses.
13:23 La mère de Lisa tombe brusquement malade
13:26 au moment où elle va rentrer en scène dans "La Dame aux Camélias", "La Renaissance".
13:30 Alors, Lisa, n'écoutons que son courage.
13:33 Bondie au théâtre ! C'est bien ça ? - Oui.
13:36 - Enchaîne, ma chérie, enchaîne !
13:38 Enchaîne, enchaîne, ma chérie, allez.
13:40 - Tiens, voilà Raphaëlo, il va nous dire.
13:43 - Qu'est-ce qu'elle doit dire, Clio, dans sa tirade ?
13:45 "L'amour est un culte" ou "l'amour est un culte" ?
13:48 - Comme vous voulez, je m'en fous.
13:50 - C'est agréable de travailler avec vous, non ?
13:52 - Alors, qu'est-ce que je dis ?
13:54 - Euh... "L'amour est un culte".
13:56 - Ah oui, oui, oui, "l'amour est un culte", c'est meilleur.
13:59 Bon, d'accord. Bon, alors, je reprends au début ?
14:01 - Oui, oui, mais détache bien "un culte". - D'accord.
14:03 - M. Mardochal, il faut absolument que vous me dépagnez.
14:07 Pour un mois. Disons, trois semaines.
14:11 J'ai besoin de cinq briques. - Pardon ?
14:13 - Cinq millions anciens.
14:15 Cinquante mille francs, quoi.
14:17 - Vous délirez complètement. - Pas du tout.
14:19 Vous vous rembourserez sur mes droits d'automne.
14:21 - Oui, c'est ça, ça y est. - La pièce va forcément marcher.
14:23 - Je ne cherche pas à dissimuler mon trouble face à vous.
14:26 Votre jeunesse, votre fougue,
14:28 votre sincérité, votre maladresse me touchent.
14:31 Je ne peux identifier les sentiments qui m'agitent.
14:34 L'amour est un culte.
14:37 Comme la foi.
14:39 - J'ai plus un sou. J'ai tout mis dans cette pièce.
14:42 - M. Mardochal, je vous en supplie, aidez-moi, sinon je suis foutu.
14:46 - Désolé, c'est hors de question.
14:48 - M. Mardochal, je vous en prie, je vous le demande à genoux.
14:51 - Un peu de tenue, les comédiens nous regardent.
14:53 - Les comédiens ? - Vos personnages, monsieur.
14:55 Un auteur ne doit jamais s'oublier devant ses personnages.
14:57 Allez, allez, allez.
14:59 Allez, on continue.
15:01 - Salut ! - Qu'est-ce que tu dis ?
15:10 - Salut, au revoir !
15:12 - Salut ! - Les cabots sont partis ?
15:15 - Tu parles et répètes sans arrêt. Tu devrais passer les voir, ça serait gentil.
15:18 Si t'es amoureux, t'en laisses le temps, bien sûr.
15:20 - Ciao. - Bien.
15:23 Pourquoi tu ne m'as jamais rien dit ?
15:26 - Mes amours, tu m'aurais fait la morale.
15:28 - Il y a encore temps. - Merci bien, je crois.
15:31 - Réponds-moi franchement, tu l'aimes, ce type ? - Oui.
15:34 - Si tu voyais, tu comprendrais. - T'es folle ! T'es complètement folle !
15:38 - T'as encore un point commun avec toi. - Je suis folle ?
15:41 Seulement, moi, je suis heureuse, ce qui ne semble pas de ton cas.
15:44 - Tu te trompes, je suis très heureuse.
15:46 - Je le serai davantage quand j'aurai épousé Philippe, ça sera une très belle histoire d'amour.
15:50 Tu pourras même en faire un scénario.
15:52 A propos, celui que tu as donné à Richer, où est-ce qu'il en est ?
15:55 - Richer ? Il est emballé.
15:57 Il dit que c'est un chef-d'oeuvre.
15:59 Seulement, maintenant, il va falloir qu'il trouve l'argent pour faire le film.
16:02 - Il a bon espoir ? - Lui, oui.
16:05 Il est complètement gonflé.
16:07 Tu sais, on lui a coupé le téléphone.
16:09 Alors, il a installé son quartier général dans un bistro, près de ses bureaux.
16:13 Il appelle tous les banquiers, il leur dit qu'il va faire le film du siècle.
16:17 Seulement, pour l'instant, il n'a encore convaincu personne.
16:22 - En somme, encore une histoire mérifique qui va tomber à l'eau.
16:26 - Je suis sûre que c'est lui, Richer. Il a dû trouver l'argent.
16:31 Elle va vite nous le faire. Et fais-le patienter pendant que je m'arrange un peu.
16:34 - D'accord.
16:36 - Ah ! C'est vous !
16:42 - On ne vous dérange pas, au moins ? - Ce n'est pas vous qu'on attendait.
16:45 - Oui, ça, je sais. On m'attend rarement.
16:48 - Entrez, faites comme chez vous. - Merci. Vous venez ?
16:51 - Vous connaissez le chemin ? - Oui.
16:56 [Il s'ouvre la porte.]
16:58 - Qui est le plus grand ? Qui est le plus beau ? Qui est le plus fort ?
17:23 - C'est moi. - Ah ! C'est vous ?
17:25 - Oui. Et puis, cette fois-ci, ça va faire mal.
17:28 - Mais vous ne nous laissez plus rien ?
17:32 - Ah ! Si. La litterie et puis ce que vous avez sur le dos. C'est la loi.
17:35 - Ah ! Ce que j'ai sur le dos ? - Oui.
17:37 Mais moi, je serai de vous, je me couvrirai chaudement.
17:41 - Ah ! Oui. Vous avez raison. Je reviens tout de suite.
17:44 - Paul ! Paul !
17:47 - Allô, la Banque Massoulier, frère ?
17:50 Je désirerais parler à M. Hervé Massoulier, s'il vous plaît.
17:54 Ici, le bureau de M. Julius Richet.
17:57 Je suis sa secrétaire particulière.
18:00 C'est personnel et très urgent.
18:03 Merci.
18:05 On va voir s'il est là.
18:09 Allô ? Allô, M. Massoulier ?
18:13 Ne quittez pas, je vous prie.
18:17 Allô, Hervé ? Ici Julius.
18:20 Oui, moi aussi.
18:22 Dites donc, je vous appelle en priorité...
18:24 pour vous offrir "L'affaire du siècle".
18:27 Un film formidable.
18:29 Écoutez, c'est pas compliqué.
18:31 Je suis prêt à engager personnellement tout ce que j'ai.
18:34 C'est vous dire ma confiance.
18:36 Vous avez 30 secondes ? Bon, je vous raconte le sujet.
18:39 Ça commence il y a 25 ans.
18:41 Non, non, non, il n'y a pas de problème pour les costumes.
18:44 On les stylisera.
18:46 Lisa est une jeune fille dont les parents sont comédiens.
18:49 Et alors là, vous allez rire.
18:51 Figurez-vous que... presquement...
18:53 au moment même où on ne s'y attend pas...
18:56 Voilà, c'est fini.
19:08 Je suis désolé. Vraiment désolé.
19:15 Allô ?
19:17 Julius ? C'est vous ?
19:19 Quoi ? Non, c'est pas vrai.
19:21 Vous avez trouvé l'argent du film ?
19:24 Hein ? Vous sortez de la banque avec le chèque ?
19:28 Julius, vous êtes vraiment le plus beau, le plus fort.
19:31 Je vous embrasse à tout de suite.
19:33 Tu crois qu'on peut ?
19:35 Le film s'offrera en super production.
19:38 Scope et couleurs.
19:41 Scope et couleurs.
19:43 Elles sont toutes mignonnes.
19:46 Mais elles manquent de personnalité.
19:48 Tiens, celle-là est pas mal.
19:50 Regarde. Tu trouves que c'est moi à 18 ans ?
20:01 Ah, là, ton regard déluré.
20:04 Moi, je trouve qu'elle a plutôt le regard vitreux.
20:07 Je crois que j'ai une idée.
20:09 Hein ?
20:11 Vous vous êtes étonné ?
20:13 Jasmine Floreal.
20:17 Souvenez-vous de cette ravissante adolescente
20:20 qui devenait à 16 ans la coqueluche du public.
20:23 Cinq films, une carrière fulgurante,
20:25 un nom brillant au firmament du cinéma français.
20:28 Et puis, soudain, l'oubli.
20:31 Mais voici qu'après 13 ans d'absence,
20:33 Jasmine Floreal va faire sa rentrée au cinéma
20:36 dans un film inspiré de sa vie professionnelle et sentimentale.
20:40 Julius Richet, le producteur de ce film,
20:43 cherche une jeune fille âgée de 16 à 20 ans
20:46 pour incarner la vedette à ses débuts.
20:48 Alors, mesdemoiselles,
20:50 si vous croyez ressembler à Jasmine Floreal,
20:52 écrivez ou présentez-vous aux productions Julius Richet,
20:55 dont voici l'adresse.
20:57 Suivante !
21:10 - Aaaaaah !
21:12 - Elle sort de l'incendie !
21:14 Elle n'a pas l'escalier !
21:16 Avez la police ! Pour le sophistore !
21:19 - S'il faut passer devant le tribunal, j'y passerai.
21:22 Lui, au moins, fera éclater la vérité.
21:25 Les magistrats ne m'opposeront pas comme vous en ce moment,
21:28 les masques de la tragédie et de la comédie réunis.
21:32 - Croyez-vous, madame,
21:34 les juges et les avocats sont eux aussi des comédiens.
21:38 Ils font des belles phrases et des effets de manche.
21:41 Ils donnent des représentations devant un public.
21:44 - Vous croyez que les juges et les avocats ne sont pas des cabots ?
21:47 - Ils font de belles phrases et des effets de manche.
21:50 Ils donnent des représentations devant un public.
21:53 Seulement, la comédie qu'ils jouent
21:55 met en question la vie ou la liberté des hommes.
21:58 - Et à tout prendre, madame,
22:00 je préfère la comédie que vous donnez...
22:02 - Chutez-toi ! - Rien n'est important.
22:04 - Rien n'est important, sinon, c'est de répétition.
22:06 - Excuse-nous, Jean-Cézanne. Allez, enchaîne.
22:08 - Il faut absolument que je voie Raphaël.
22:10 - Je ne sais pas où il est, Raphaël.
22:12 On lui téléphone depuis 3 jours, il ne répond pas.
22:15 Fais-le lutter, maintenant. - Je l'ai fait.
22:17 - Attends, reprends.
22:18 Tu reprends seulement la pièce qu'il joue.
22:20 Quand tu viens vers... Allez.
22:22 - Seulement, la pièce qu'il joue
22:24 met en question la vie ou la liberté des hommes.
22:27 Et à tout prendre, madame,
22:29 je préfère la comédie que vous donne
22:31 ceux que vous méprisez tant et qui vous aiment.
22:33 La vérité vous crève les yeux.
22:35 - La vérité ?
22:37 Quelle vérité ?
22:39 - Mais pourquoi avez-vous déchiré le chèque ?
22:41 - Parce que je ne leur voulais pas.
22:43 - Nous cherchons le dénommé Le Durier Victor.
22:45 Il paraît que nous le trouvons ici.
22:47 - Le Durier Victor ? - Hum-hum.
22:49 - Ah oui, Raphaël, oh, ben écoutez, demandez au monsieur qui est là.
22:51 Il est très aimable et il se ferait un plaisir de vous renseigner.
22:53 - Merci.
22:55 - Mais Raphaël, on n'aura jamais pu écrire une bonne pièce de théâtre.
22:59 Il est nul, inculte, stupide, même dans l'arnaque.
23:01 Il n'a aucun talent, aucune imagination !
23:03 Comment savez-vous qu'elle est de Patrice, cette pièce ?
23:05 - Parce qu'elle contient des phrases en tire que Patrice m'a dites un jour.
23:07 Écoutez, faites quelque chose, retrouvez-le.
23:09 On ne peut pas laisser commettre un vol aussi ignoble.
23:11 - Vous êtes sûre que c'est votre amour de la justice
23:13 qui vous fait agir ainsi ?
23:15 Ou votre amour pour Patrice ?
23:17 Répondez-moi, Béatrice.
23:23 - Retrouvez-le, je vous en prie, retrouvez-le.
23:25 - Est-ce que vous vous rendez compte de ce que vous me demandez ?
23:31 - Oui, je l'aime.
23:33 Je vous demande pardon.
23:37 - Il n'y a pas de mal.
23:39 Enfin, presque pas.
23:41 Embrasse-moi.
23:45 Ben voilà.
23:49 Tu te sens déjà mieux ?
23:51 Idiote.
23:55 Bon.
23:59 Eh bien, maintenant,
24:01 il va falloir s'occuper de ce garçon.
24:03 Mais comment le retrouver, ça ne va pas être facile.
24:07 - Je ne sais pas. Agnès vous a pas laissé un itinéraire ?
24:09 Des points de chute ? Des noms d'hôtel ?
24:11 - Agnès, tu sais où elle se trouve actuellement, Agnès ?
24:13 À Aix-en-Provence, chez sa grand-mère.
24:15 - Ah, c'est quoi ? - Oui.
24:17 Patrice et Agnès n'ont pas arrêté de se disputer
24:19 la première journée de leur voyage.
24:21 Il a paraît-il un caractère de cochon, tu sais.
24:23 - Je sais.
24:25 - Oui.
24:27 Alors, en arrivant à Aix,
24:29 Agnès a préféré laisser tomber.
24:31 Comme elle n'avait pas vu sa grand-mère depuis plusieurs mois,
24:33 elle a décidé de passer quelques jours avec elle.
24:35 Et Patrice a poursuivi sa route,
24:37 tout seul.
24:39 - Il faut le retrouver.
24:41 - Y en a de bonnes. Si c'était un grand criminel,
24:43 on pourrait faire appel à Interpol, mais...
24:45 Encore que... - Qu'est-ce que vous faites ?
24:49 - J'appelle Agnès.
24:53 (Bruit de téléphone)
24:55 - Allô ? M'm... Agnès ?
25:03 Oui, bonjour.
25:05 Non, non, tout va bien.
25:07 Rassure-toi.
25:09 Est-ce que par hasard, tu avais des nouvelles de Patrice ?
25:11 Oui. Oui, je comprends.
25:15 Non, c'est Béatrice qui s'inquiétait de lui.
25:17 Ah ! Attends, je note.
25:21 Londra Camping.
25:23 Londra Camping à Istanbul.
25:25 Bon, je te remercie.
25:27 Tu rentres quand ?
25:29 Préviens-moi, j'irai te chercher à Orly.
25:31 Voilà.
25:33 Embrasse ta grand-mère.
25:35 À bientôt, ma chérie.
25:37 Voilà.
25:39 S'il a respecté son plan de voyage,
25:41 il devrait se trouver demain et après-demain
25:43 à Londra Camping à Istanbul.
25:45 Seulement, comment retrouver la petite aiguille Patrice
25:49 dans cette botte de foin-là ?
25:51 Topkapi, la mosquée bleue,
25:53 la tour de Galata, le Bosphore...
25:55 Tu connais ? Non.
25:57 On ne se marie pas,
25:59 mais je vais tout de même t'emmener en voyage de noces.
26:01 Istanbul ?
26:03 Ce sera mon cadeau.
26:05 Mariage ?
26:07 De rupture.
26:09 Je ne veux pas savoir les turpitudes du sire Le Durrier-Victor
26:13 alias Raphaëlos Antistéban.
26:15 Et je me fous de connaître le montant de ses détournements.
26:17 Malversations et escroqueries diverses.
26:19 Pour moi, le sire Le Durrier-Victor
26:21 alias Raphaëlos Antistéban est un grand auteur dramatique,
26:23 dont la troupe ici présente est en train de répéter la pièce.
26:25 Et je n'admets pas que sous le couvert d'une enquête policière,
26:27 on vienne troubler le travail qui s'accomplit ici
26:29 dans un mysticisme quasi religieux.
26:31 Aussi, monsieur, je vous prierai de déblier le plateau.
26:33 On a encore des questions à vous poser.
26:35 Je n'y répondrai pas.
26:37 Alors, on va être obligés de vous demander de nous suivre.
26:39 Et où ça ?
26:41 Au quai des Orphées.
26:43 C'est une plaisanterie, j'espère.
26:45 Tout porte à croire que le dénommé Le Durrier se cache dans le théâtre.
26:47 On peut vous faire inculper pour recette de malfaiteurs
26:49 si vous jouez aux petits soldats
26:51 ou si vous continuez à être grossier.
26:53 Grossier, moi, et vous, alors ?
26:55 Vous qui venez profaner un lieu sain ?
26:57 Parfaitement, monsieur. Le théâtre, c'est une cathédrale.
26:59 - Je veux ne t'énerver plus. - Laisse-moi parler.
27:01 Oui, monsieur, une cathédrale,
27:03 où le public et les comédiens communient dans une même foi.
27:05 Et qui dit cathédrale sous-entend lieu d'asile.
27:07 Alors, si Le Durrier-Victor se trouvait quelque part dans cet établissement,
27:09 le dieu compatissant du théâtre
27:11 le prendrait sous sa protection
27:13 et le soustrairait à vos recherches.
27:15 Mais malheureusement, Le Durrier-Victor n'est pas ici.
27:17 Voilà trois jours que nous l'attendons, Le Durrier-Victor.
27:19 Trois jours que nous le cherchons pour lui demander son avis
27:21 sur un jeu de scène que nous voudrions changer.
27:23 Non, écoutez, je vous ai tout dit.
27:25 Notre général, c'est demain soir. Alors, laissez-nous répéter.
27:27 Une générale, vous savez ce que c'est.
27:29 On n'a plus le temps de rigoler.
27:31 D'accord. Mais si vous avez des nouvelles du sieur Le Durrier,
27:35 prévenez-nous.
27:37 Attendez. Cherchez plus. Je suis là.
27:39 Raphaël, où sortez-vous ?
27:41 De là-haut.
27:43 Le bon dieu compatissant du théâtre.
27:47 Il ne peut plus rien pour moi.
27:49 Messieurs, je suis à vous.
27:51 Mes bons amis, au revoir.
27:57 Alors, grâce à vous,
27:59 j'ai vécu un rêve magnifique.
28:01 Je vous en serai éternellement reconnaissant.
28:05 Raphaël, au restant, dans la scène cabine,
28:10 dans la scène 4 de l'acte 3, quand le docteur Sylvain meurt,
28:12 vous tenez vraiment à ce qu'il ricane ?
28:14 J'ai peur que ça fasse un peu trop charger.
28:16 Ce serait mieux s'il s'écroulait, là, comme ça,
28:18 sans un mot, sans un geste.
28:20 Avec le rideau qui tomberait, là,
28:22 ça ferait un effet terrible, non ?
28:24 Oh, mon bonhomme, faites comme vous l'entendez.
28:26 Pour moi, le rideau est déjà tombé.
28:30 Ça va mieux ?
28:38 Quelques heures de général, qu'est-ce qu'on va devenir ?
28:41 Tu peux pas faire un petit effort, une fois dans ta vie ?
28:43 Mais c'est l'arrestation de Raphaël, qui l'a mis dans cet état.
28:46 Alors, qu'est-ce qu'on va faire ?
28:48 Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ?
28:50 On va annuler la représentation, voilà tout ?
28:52 Je vais téléphoner à ma mère Vegele.
28:54 Il aura peut-être le temps d'envoyer un communiqué à la presse et aux stations de radio.
28:56 Attends une minute avant de téléphoner.
28:58 Avec ton père, on sait jamais.
29:00 Pour une fois, compte-en une bonne pièce.
29:03 - Oui, mais c'est mon but ! - Non !
29:07 Je l'avais dit, c'était trop beau que ça marche !
29:10 Je t'ai même répondu "touche du bois", seulement tu l'as pas fait.
29:13 Tu sens l'effet vent à grâce de tes larmes.
29:16 T'aides-moi plutôt une cigarette, ma fauche chérivienne.
29:18 Ça m'étonnerait.
29:20 Pourquoi ça t'étonnerait ?
29:22 Elle est à Istanbul.
29:24 - Elle est où ça ? - Elle est partie hier soir avec Philippe.
29:27 Elle a laissé ça.
29:29 - C'est seulement ce matin que je la prends ? - Qu'est-ce que ça peut faire ?
29:32 Ça changerait de toute façon.
29:35 "Chers parents, Philippe m'emmène visiter Topkapi.
29:38 "La mosquée bleue est les merveilles d'Istanbul.
29:41 "Youpi ! Travaillez bien, moi je bosse fort."
29:44 Elle fait de l'esprit !
29:46 Quant à ce Philippe, il est pas gêné.
29:48 Je suis sûr qu'à son retour, il aura de mes nouvelles.
29:51 Serge, le juge d'instruction te demande au téléphone.
29:55 - Un juge d'instruction ? - Au sujet de Raphaël Lowe.
29:58 Qu'est-ce qui va encore m'arriver comme tuile ?
30:03 - Ça va mieux ? - Oui.
30:06 C'est psychosomatique, je vous dis.
30:09 Oui, c'est psychosomatique, on le sait. Et après ?
30:13 Je vous ai fait venir parce qu'après être passé aux aveux,
30:17 Le Durrier a tenu à faire une déclaration en votre présence.
30:21 Seulement pour soulager ma conscience.
30:24 Nous vous écoutons, Le Durrier.
30:26 Un fou ne peut être compris par un autre fou.
30:30 C'est pour ça que j'ai demandé à vous parler.
30:33 Non, je vous en prie.
30:35 Si c'est une manœuvre pour payer l'aliénation mentale, elle est très malvenue.
30:39 Je vous donne ma parole, monsieur le juge, ce n'est aucune manœuvre.
30:43 Aucune ?
30:45 Croyez-moi, mon bon ami, vous êtes fou.
30:48 Fou de théâtre. Je suis fou aussi.
30:51 - Je sais, Raphaël. - Personne ne peut imaginer
30:54 que l'amour du théâtre peut rendre quelqu'un complètement marteau.
30:58 Complètement ?
31:00 Oh, littérature !
31:02 Quand je suis parti de chez vous,
31:05 à la mort du vieil artiste, ma décision était prise.
31:09 Je jetterai l'hexagone ombilical aux ans.
31:12 Et j'écrirai enfin ma pièce.
31:14 Je m'en sentais capable.
31:16 Les idées bouillonnaient dans ma tête.
31:19 Les répiques fusaient.
31:21 Le spectacle se déroulait devant mes yeux.
31:24 J'entendais déjà les braves.
31:26 Pour l'écrire dans le Camel Confort, il me fallait de l'argent.
31:30 Ah, nous y voilà.
31:32 Alors, je me suis cherché un emploi.
31:35 - De comptable. - Oui, oui.
31:37 - Mais quoi, c'était mon ancien métier. - Je sais.
31:40 - Vous y avez fait des états incels. - Oui, monsieur.
31:43 J'ai trouvé un poste de confiance dans une grande catégorie.
31:46 Je sais, Rabon, Juraux et compagnie, boulevard du temps.
31:49 Au début, j'ai exercé honnêtement mon métier, je vous le jure.
31:52 - Raphaël. - Oui.
31:54 Mais messieurs Rabon et Juraux étaient très contents de moi.
31:57 Moi, heureux de mon sort, le jour j'alignais des chiffres,
32:01 le soir, dans mon petit studio, j'écrivais des répliques.
32:04 Puis, un samedi après-midi,
32:06 alors que je pensais à la pièce assise sur un banc du Luxembourg,
32:10 j'ai fait une rencontre fatale.
32:14 Mais oui, en entrée en scène de la femme,
32:17 l'alibi classique de tous les truands.
32:19 La justification de tous les vols, de tous les crimes,
32:22 de toutes les malversations. Facile.
32:24 - Oh, vous n'y êtes pas du tout. Alors, je vous en prie,
32:27 laissez-moi parler.
32:29 Installé sur un banc de voisins, family, crevons de froid,
32:33 un jeune homme partageait un quignon de pain
32:35 avec les moineaux du Luxembourg.
32:37 C'était Patrice. - Patrice?
32:40 - Oui, Patrice Milan, l'ami de Jean-Christophe.
32:44 Il venait de...
32:46 quitter votre maison, et il était à la rue, sans argent.
32:51 Quand je devais le laisser crever de faim et de froid,
32:55 je l'ai recueilli.
32:57 Mon Dieu! Qu'est-ce que je fais là?
33:00 - Patrice?
33:02 Le nom de ce Patrice ne figure pas au procès-verba, non?
33:05 S'il s'agit d'un complice de la dernière heure,
33:07 j'aimerais le savoir.
33:09 - Mais non, il ne s'agit pas d'un complice.
33:11 Vous allez me laisser parler, alors?
33:13 - Patrice venait de terminer une pièce. Il me l'a filée.
33:16 Mon ami! C'est là que j'ai compris ce qu'était le talent,
33:20 et j'ai réalisé que jamais, jamais,
33:23 je n'arriverais à la cheville de ce garçon.
33:25 - Et alors?
33:27 - Patrice venait de traverser une crise sentimentale.
33:30 Il voulait quitter Paris, fuir loin,
33:33 loin de la bien-aimée, et qu'il l'avait rejetée.
33:37 - Bien. - Oui, bien.
33:39 - Et vous, vous avez fait quoi?
33:41 - Béat? - Oui, Béat.
33:44 - Qui est Béat? - Ça vous regarde pas?
33:47 Alors, une idée folle m'est venue.
33:52 - Vous avez offert de l'argent à Patrice en échange de sa pièce?
33:55 - Oui.
33:57 - Cet imbécile a accepté.
33:59 - Il ne voulait plus entendre parler de théâtre.
34:01 Il ne voulait plus entendre parler de rien.
34:03 Fuir Paris, c'était son seul but.
34:05 Avec 25 000 francs, il pouvait s'acheter une voiture,
34:08 une caméra, de la pellicule, partir aux Indes
34:11 pour y trouver l'oubli et peut-être l'aventure.
34:15 - Et les 25 000 francs, évidemment,
34:17 vous les avez pris dans la caisse de la quincaillerie.
34:20 - Enfin, j'ai eu enfantin d'écriture.
34:23 - Tellement enfantin que vous avez continué.
34:26 - Ah, j'avais enfin une pièce.
34:29 Il fallait bien que je fasse l'auteur.
34:32 Bon, et puis, le pli était pris.
34:35 5 000 francs par-ci, 10 000 francs par-là.
34:38 Je me suis loué un appartement, avenue Montaigne,
34:41 en face de théâtre des Champs-Élysées,
34:44 le plus beau de Paris.
34:46 Je me suis offert des costumes.
34:48 - Quelle folie, mon dieu.
34:50 - Mais non.
34:52 Mais non, ma pièce, hein,
34:54 puisque c'était ma pièce, désormais,
34:57 ma pièce était promue, je sais pas moi, au succès.
35:01 Alors j'allais avoir de l'argent, beaucoup d'argent.
35:04 Et pouvoir remettre dans les caisses de mes patrons,
35:07 Rabon et Juraud et compagnie,
35:10 celui que j'avais emprunté.
35:13 Et là, il a fallu que la maison soit vérifiée par les polyvalents.
35:17 Ils ont plongé dans la... - Comptabilité.
35:20 - Ils ont mis le toit sur... - Sur ce qui avait échappé à vos employeurs.
35:24 - On ne peut rien vous cacher.
35:27 - Pauvre Raphaël, vous.
35:33 - Eh bien, maître, je crois que votre paie d'oari est toute faite.
35:37 - J'ai voulu restituer la pièce à son véritable auteur.
35:41 En tout cas, pour ce soir, et de tout mon coeur,
35:44 je vous dis un grand merde.
35:46 - Et moi, je vous dis pas merci.
35:49 - Alors, ça s'arrange ou quoi?
35:55 - La salle est pleine. - Mais je sais,
35:58 ça fait 10 minutes qu'on aurait dû commencer.
36:01 - Alors, on ne joue pas.
36:04 Bon, je vais faire une annonce.
36:09 - Non! - Ah!
36:11 - J'ai dit non? - Oui!
36:13 - Alors, je suis guéri? - Oui.
36:15 - Je t'alerte, les prochaines vacances, nous les passerons à Lourdes.
36:19 - Et à Lourdes, pourquoi? - Bien obligé, j'ai fait un vœu.
36:24 (Toc! Toc! Toc!)
36:27 (Toc! Toc!)
36:34 (Applaudissements)
36:37 (Applaudissements)
36:40 (Applaudissements)
36:43 (Applaudissements)
37:12 - Je ne cherche pas à dissimuler mon trouble face à vous.
37:16 Votre jeunesse, votre fougue, votre sincérité, votre maladresse me touchent.
37:21 Je ne peux identifier les sentiments qui m'agitent.
37:25 L'amour est un culte, comme la foi.
37:28 - L'amour a des liens. - Ils sont tous formidables.
37:31 - Oui. - Je suis sûre que ça va marcher.
37:34 - Je vous aime. - Alors, libérez-vous de vos chaînes.
37:38 - Partons ensemble. - Vous savez bien que c'est inconcevable.
37:42 (Applaudissements)
37:55 (Applaudissements)
37:58 (Applaudissements)
38:02 (Applaudissements)
38:05 (Applaudissements)
38:08 (Applaudissements)
38:11 (Applaudissements)
38:14 (Applaudissements)
38:17 (Applaudissements)
38:20 (Applaudissements)
38:23 (Applaudissements)
38:26 - Mesdames et messieurs, la pièce que nous avons eu l'honneur de créer pour vous ce soir
38:30 est la pièce de Patrice Milan.
38:33 (Applaudissements)
38:36 (Cris de la foule)
38:39 (Cris de la foule)
38:42 (Cris de la foule)
38:45 (Cris de la foule)
38:48 (Cris de la foule)
38:51 (Cris de la foule)
38:54 (Cris de la foule)
38:57 (Cris de la foule)
39:00 - Excusez-moi.
39:03 Mais je crois qu'on vous demande...
39:06 - Oh, quel succès! Oh, ben, Patrice, enfin, nous!
39:09 Qu'est-ce que tu fais là, toi? Je te croyais à Istanbul.
39:12 - Maman, je te présente mon fiancé. - Enfin!
39:15 Ravi de faire votre connaissance. - Ravi, mais le fiancé, ce n'est pas moi.
39:19 C'est lui. - Ah non, lui, c'est l'auteur. - Ce n'est pas incompatible.
39:22 - Ah! Allez-y. Qu'est-ce que vous avez dit?
39:25 - Laissez-moi, on va se marier. - Elle est amusante, ma fille.
39:28 Allez, venez, vous.
39:31 - Elle est charmante, votre mère.
39:34 Désolé.
39:37 - Merci. - Alors, moi, je suis content.
39:40 (Cris de la foule)
39:43 (Cris de la foule)
39:46 - Alors, vous avez pris une décision? - Ben non.
39:49 - Vous avez fait auditionner 500 candidates.
39:52 Vous n'avez pas pu en trouver une dans le temps qu'ils puissent faire l'affaire?
39:55 - Ben non, aucune. - J'ai du lion! - Chut!
39:58 - Moi, il faut que tu vas réveiller les acteurs, là. - Ce sont les commanditaires qui se réveillent.
40:01 Ils commencent à s'inquiéter sérieusement. Ils m'ont prévenu.
40:04 Si dans huit jours, vous n'avez pas trouvé une vedette, ils nous laissent tomber.
40:07 - Oh non! - Oui! - Bon, écoutez, calmez-vous, hein?
40:10 Moi, je crois que... je crois que j'ai trouvé l'oiseau rare.
40:13 - Ah bon?
40:16 - Oh, quel public! Encore meilleur qu'hier.
40:19 - Et moins bon que demain.
40:22 - Ah, mon auteur favori, mon gendre préféré!
40:25 - On était là tous les soirs, toi.
40:28 C'est pour quand, le mariage? - Pour quelqu'un qui aime pas le théâtre.
40:31 - Qui aime pas le théâtre, hein?
40:35 (Bourdonnement)
40:38 (Musique douce)
40:41 (Musique douce)
40:44 (Musique douce)
40:48 (Musique douce)
41:14 - Écoute.
41:17 Écoute ce silence.
41:20 C'est la nuit qui retient son souffle.
41:25 Comme s'il allait se passer quelque chose de très important.
41:30 - Quoi? - Chut!
41:37 Je voulais cette nuit ici.
41:42 - Tu fous.
41:45 - Je t'aime.
41:48 - Ta fille a découché. Tu trouves ça normal?
41:58 - Tu sais, à son âge, j'étais déjà en scène de 8 mois.
42:01 Et on parlait pas encore de la révolution sexuelle et de la libération de la femme.
42:04 Et ça semblait pas te choquer, hein, mon cher?
42:07 - Voilà! J'ai encore raté l'occasion de me taire.
42:10 - Tu as raté le jeu? - Oui.
42:13 - Et ça continue à pas te choquer. - Qu'est-ce que tu veux dire?
42:16 - Tu m'as parfaitement comprise.
42:19 Il y a quelque temps, il était fortement question que tu épouses Clio.
42:22 Et apparemment, le projet est tombé à l'eau.
42:25 - J'ai eu d'autres soucis.
42:28 - Ah bon? Ah bon, parce que pour toi, d'épouser la femme avec laquelle tu vis depuis 20 ans...
42:31 qui t'a donné 2 enfants, c'est un souci?
42:34 - C'est pas ce que j'ai voulu dire. - Ah oui, mais tu l'as dit.
42:37 - Mais il faut que je l'épouse, Clio. Il faut quelque chose.
42:40 - Et quoi, par exemple?
42:43 Tu partirais en tournée avec la troupe de Bigebois?
42:46 - Moi, je suis très heureuse comme ça.
42:49 Même si ce grand imbécile me demandait de l'épouser, je refuserais.
42:52 La sécurité dans laquelle nous vivons depuis 20 ans est notre meilleure sauvegarde.
42:55 - Tu as raison, ma chérie.
42:58 Mais en amour, c'est comme en politique.
43:01 Il n'y a que le provisoire qui dure.
43:04 - Cela dit, je te demande tout de même ta main.
43:07 - Oh, quel hypocrite!
43:10 - Qui c'est qui veut sa gifle? - Moi, j'en ai une.
43:13 - Non, Serge, si on se mariait maintenant, ça nous porterait malheur.
43:16 Ne changeons pas l'ordre des choses.
43:19 - Ouh! Mais vous êtes déjà levés!
43:27 Comment ça a marché, hier soir?
43:30 - Comme d'habitude, une salle pleine à craquer. 15 ou 16 rappels.
43:33 - C'est formidable. - Vous allez passer la millième.
43:36 Toujours du bois. - Où allez-vous? - Une course à faire.
43:39 - Béat n'est pas là? - Mlle a découché.
43:42 - Ça te choque pas? - Non, mais ça m'embête.
43:45 - J'espère qu'elle nous rejoindra plus tard. - Allez, salut.
43:48 - Au revoir. - Au revoir.
43:51 - Où ils vont comme ça?
43:54 Tu sais pas?
43:57 - Béat? - Hmm?
44:02 - Il est... - Oh...
44:05 - Il est 11h30 passé. - C'est horrible.
44:08 - Si dans 15 minutes, on n'est pas à la mairie, c'est foutu.
44:11 - Non.
44:14 - Allez, viens. - Je peux pas y aller comme ça.
44:17 - Mais si.
44:20 Tu es belle comme le jour.
44:23 Viens.
44:27 Allez.
44:30 - Je ne peux pas attendre davantage. Je suis désolée.
44:49 - Nous aussi, on est désolés.
44:52 - On est pas trop en retard. - Tout de même.
44:55 - Et nous? Ce sont eux? - Oui, Mme le maire.
44:58 - Bien. Alors, les témoins étant présents,
45:01 nous allons pouvoir enfin procéder au mariage.
45:04 Ou plutôt au remariage
45:07 de M. Paul Ledanois avec Mme Jasmine Damien-Lacour.
45:12 - À votre bonheur. - À votre bonheur.
45:19 - La famille fera une drôle de tête quand elle apprendra
45:24 votre remariage secret. - Mais elle ne l'apprendra pas.
45:27 J'y tiens. - Moi aussi, j'y tiens.
45:30 Superstition? - Oui. Notre précédent mariage avait donné lieu
45:33 à une grande fête, avec journaliste et tout le rentralala.
45:36 Dix mois plus tard, on se sépare et on avait bonne mine.
45:39 Alors cette fois-ci, notre rupture, enfin, si rupture il y a,
45:42 se passera comme notre union dans la plus stricte intimité.
45:45 - À ceci près qu'il n'y aura pas rupture.
45:48 - Non, mais je préfère prendre un certain nombre de garanties.
45:51 Je t'ai déjà dit. Je suis devenue très prudente
45:54 et très jalouse de ma tranquillité sentimentale.
45:57 - Mais alors pourquoi te remarier? Tu pouvais très bien
46:00 trouver le bonheur comme maman dans l'union libre, non?
46:03 - Ah non, parce que moi, j'avais un mauvais sort à conjurer.
46:06 - Ah! Mais tu es bien compliqué.
46:09 - Oh, compliqué, compliqué, comme tous les comédiens.
46:12 - Oui, mais en plus, tu es naïve.
46:15 Et même un peu trop dupe des autres.
46:18 - Je suis un peu dupe de même, d'ailleurs.
46:21 - Toi, tu ne peux pas comprendre tout ça.
46:24 Tu es d'une autre race. - Ah, d'une autre race?
46:27 - Oui, de celle qui regarde, pas de celle qui joue.
46:30 - Ah!
46:32 - Tu es une spectatrice. Et toute petite, déjà,
46:35 tu observais la comédie que nous donnions.
46:38 - Oui, c'est vrai. Je m'en souviens. Tu regardais le spectacle,
46:41 tu riais, tu battais des mains quand ça te plaisait.
46:44 Mais quand ça te plaisait pas, alors tu le disais franchement,
46:47 "Je ne me suis pas ennuyée. Je ne regrette rien."
46:50 - Merci d'avoir été un bon public. C'est si rare.
46:53 C'est vrai, pendant les représentations,
46:56 les gens rient ou pleurent. Mais si tout le rideau tombe,
46:59 ils oublient en général leur plaisir, leur émotion.
47:02 Ils trouvent toujours quelque chose à redire.
47:05 Et la plupart du temps, ça n'a rien à voir avec le spectacle.
47:08 - Pourquoi tu me dis ça comme ça? Je t'ai fait quelque chose?
47:11 - Non, tu ne m'as rien fait.
47:14 ♪ ♪ ♪
47:17 - Et votre film, alors? Comment se présente-t-il?
47:20 - Pas trop mal. On commence les prises de vue la semaine prochaine.
47:23 - Déjà? - Tout peint dans l'huile.
47:26 - Je croyais que vous n'aviez pas encore trouvé la jeune première?
47:29 - La fille qui dort sur mon audition, là?
47:32 - Bien sûr. - Ah! Et comment est-elle?
47:35 - Ah, elle est... Elle est merveilleuse.
47:38 - Elle correspond exactement au personnage d'Humble?
47:41 - Ah oui, tout à fait. Elle est belle, drôle, émouvante, chaleureuse.
47:45 - Et en plus, elle joue très bien la comédie, je crois.
47:48 - Comment s'appelle-t-elle? - Oh, c'est une inconnue totale.
47:51 - Oui. - Mais vous prenez un risque énorme.
47:54 - Oh! - Non, non, je crois pas.
47:57 Non, Richer non plus. Il ne croit pas.
48:00 D'ailleurs, il veut axer toute la publicité sur la fille.
48:03 - Bien. On peut la voir? - C'est facile.
48:06 Elle sera au studio dans une heure pour des essais de maquillage. Tu veux venir?
48:09 - Oui.
48:11 - Et... Qui l'a découvert? - Moi.
48:14 - Moi. - Ah. - Eh bien, faudrait vous mettre d'accord.
48:17 - Ben, c'est nous. - Je nous, en même temps. - C'est ça, en même temps.
48:20 - C'est inquiétant. Une telle unanimité entre vous deux.
48:24 - Pourquoi? - Parce que tous les deux, vous n'avez absolument pas
48:27 la même conception de la beauté et de l'intelligence.
48:30 Alors ça ne peut être qu'un compromis. - Oh! Mais je te trouve bien agressive,
48:33 tout à coup. - Absolument pas! Je n'ai pas votre optimisme
48:36 délirant et pyrrhile. - C'est tout.
48:39 - Attends de voir cette fille. Tu comprendras.
48:42 - Alors, où est-elle, cette petite merveille?
48:53 - Attends, attends. Tu vas la voir.
48:56 - Approche.
49:06 - La voilà. - C'est toi.
49:09 - C'est un piège que vous m'avez tendu? - Non.
49:14 - Non. - Mais en écrivant le scénario, nous n'avons pas cessé
49:17 de penser à toi. - C'est vrai. Ton image s'est imposée à nous.
49:20 - C'est comme ça. - On n'y peut rien.
49:23 - Et toi, Patrice?
49:26 - Pourquoi voudrais-tu échapper à ton destin?
49:31 - Je ne sais pas. - Je ne sais pas.
49:34 - Je ne sais pas.
49:37 - Toi aussi, t'es du complot?
49:40 - Regarde-moi bien dans les yeux.
49:43 Et ose prétendre que tu ne meurs pas d'envie de jouer ce rôle.
49:46 - Jasmine mentait quand elle dit que tu es une spectatrice.
49:53 - Oui. Tu es de la même race que nous, Béat.
49:56 Mais il est grand temps que tu en conviennes.
49:59 - Il est même grand temps que tu rejoignes la troupe.
50:03 - Ah!
50:06 - À votre film! - À votre film!
50:09 - À notre pièce! - Oui!
50:12 - À nos succès futurs! - Oui!
50:15 - Et aussi à nos bides! - Ah, non, non!
50:18 - À ce métier si beau et si ingrat que finalement, nous aimons plus que nous-mêmes.
50:21 - Oh, oui! - À celui, enfin...
50:24 qui nous a montré le chemin.
50:27 Fille artiste.
50:30 - Si vous pouviez nous voir en ce moment, il serait fier de nous.
50:33 - Santé! - Santé!
50:36 - Qu'est-ce que c'est encore?
50:39 - Qu'est-ce que ça peut être?
50:42 - Oh, c'est pas possible!
50:45 Encore vous? Nous avons tout payé!
50:48 - Ah, oui, oui, oui. Excusez-moi de vous déranger. Je suis désolé.
50:51 Seulement, j'essaie en vain de voir la pièce dans laquelle vous triomphez,
50:54 mais tout est loué à l'avance.
50:57 - Vous ne pourrez pas avoir un billet de faveur?
51:00 - Jamais, monsieur. Jamais.
51:03 - Ah! Pourquoi voudriez-vous que dans cette société,
51:06 les acteurs soient les seuls à travailler gratis?
51:09 Le crémier offre-t-il des fromages de faveur?
51:12 Le garagiste des réparations de faveur? Et le tailleur des complets de faveur?
51:15 - Si... - Sachez que notre sueur, nos angoisses,
51:18 nos insomnies, notre peine se payent
51:21 comme la sueur, les angoisses, les insomnies et la peine des autres travailleurs.
51:24 - Excusez-moi.
51:27 Je suis désolé.
51:30 - Hé!
51:33 Attendez!
51:36 - Vous pourrez peut-être nous rendre service un de ces jours?
51:39 - On ne sait jamais. - Merci.
51:42 - Hum! On ne sait jamais.
51:45 (musique de jazz)
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53:03 Merci.
53:04 Merci.