Santé mentale : Sadek revient sur sa dépression, ses addi

  • l’année dernière
"Il faut que la santé mentale soit au centre des débats dans les cités"
Perte de poid, addictions et dépression : Sadek se livre sur différents passages de sa vie et fait le bilan sur sa santé mentale. Il tente de déconstruire les représentations sur la santé mentale des personnes issus des quartiers populaires et nous donne ses conseils pour s'en sortir.
Son nouvel album "Ouvert tout l'été" est dispooo partout !

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Musique
Transcription
00:00 Ça va être l'album du G.O.A.T. !
00:01 Ça va être le meilleur moment !
00:02 Il a quitté sa femme, il est en train de se droguer !
00:04 Il est parti pour le chien classique !
00:06 Ça va ?
00:08 Ouais, franchement aujourd'hui ça va.
00:09 Le vrai truc c'est quand on trouve pas les raisons pourquoi ça va pas.
00:12 C'est là où ça devient compliqué.
00:14 Pour moi la dépression c'est pas que de la tristesse,
00:16 c'est plus une question de vide et d'absence d'envie.
00:20 Moi déjà pour revenir dans le contexte,
00:21 ça s'est passé sur l'année où j'étais en transition,
00:23 justement avant changement de propriétaire.
00:25 Et non, il y avait absolument aucune raison.
00:27 Je suis marié, j'ai mon fils qui a un bonheur ultime,
00:31 professionnellement tout se passe très bien.
00:33 Et en fait, pour le coup j'étais pas triste.
00:36 J'étais vide.
00:37 J'ai fait un truc un peu radical,
00:39 c'est que je me suis enfermé dans une chambre pendant 21 jours,
00:43 parce que c'est entre 21 et 40 jours les sevrages brutaux.
00:46 Et moi j'avais besoin d'arrêter l'alcool, la cigarette, les drogues,
00:49 donc je me suis enfermé chez moi pendant 21 jours.
00:53 Moi mon problème c'était l'alcool, ça a jamais été le bédo.
00:55 Et en vrai on a un alcoolisme latent de cité,
00:59 duquel on se rend pas compte,
01:00 tu vois dans ce truc de vodka, red huile, cristalline.
01:02 C'est vraiment quand t'essayes de te sevrer
01:03 que tu te rends compte qu'il y a quelque chose qui va pas.
01:05 Mais ça a été vraiment un truc où je voulais pas de téléphone
01:08 et je voulais rester un peu comme au Mithar chez moi.
01:11 Je lisais pas mal de livres.
01:13 J'ai beaucoup lu "L'alchimiste" de Paolo Coelho.
01:17 Des livres religieux, mais pas...
01:19 C'est plus pour me documenter, pour apprendre,
01:22 ça m'intéresse, c'est quelque chose qui m'intéresse,
01:24 la théologie en général.
01:25 J'ai eu un éveil spirituel,
01:26 j'ai eu d'autres choses qui se sont passées,
01:27 sur ça j'ai toujours été petit à petit, étape par étape.
01:30 J'ai perdu du poids étant beaucoup plus jeune
01:32 parce que j'ai fait une slive,
01:33 parce que j'étais arrivé à 198 kilos.
01:35 Donc c'était vraiment du domaine du médical,
01:38 médical c'était de la survie.
01:40 Et pourquoi je te dis ça ?
01:41 Parce que l'alcool justement que j'ai découvert après,
01:44 en ayant un corps à peu près normal et en sortant,
01:47 en pouvant profiter de mon succès etc.
01:50 a fait que en l'attente ça a été aussi une descente aux enfers
01:53 et j'ai repris énormément de poids.
01:55 Et la dernière perte de poids que j'ai faite,
01:57 j'ai voulu la faire vraiment naturellement.
01:59 Parce que le vrai truc que j'ai compris,
02:01 c'est que plutôt que de regarder sa perte de poids en globalité,
02:04 je pense qu'il faut vraiment y aller petit à petit.
02:05 Et moi je regardais kilo par kilo, semaine par semaine,
02:07 effort par effort,
02:09 plutôt que de me dire "je vais me buter, je vais faire ça,
02:11 je vais y aller à fond"
02:11 et après c'est le meilleur moyen je pense de tout lâcher.
02:14 Donc c'est vraiment une nouvelle doctrine que j'ai appris
02:17 petit à petit, étape par étape et tout va bien.
02:19 J'ai toujours été un leader dans mon groupe,
02:21 j'ai toujours été un moteur,
02:22 c'est-à-dire que j'ai toujours été celui "venez les gars,
02:24 on va faire ça",
02:24 j'ai toujours été habité par des choses, etc.
02:26 Et quand ça ne va pas, on reste positif et on avance.
02:29 J'ai subi dans ma vie vraiment des choses tristes,
02:35 qui mériteraient qu'on sorte les violons.
02:37 J'aurais eu dans mon adolescence ou quoi,
02:40 des centaines de fois des occasions de partir
02:42 beaucoup plus en dépression que ça.
02:44 Aujourd'hui, je pense que c'est l'équilibre le plus important.
02:47 C'est-à-dire que essayer de gommer aussi tout ce que j'ai été,
02:51 tout ce qui m'a fait, que ce soit en positif ou négatif,
02:54 au bout d'un moment, ce serait d'une hypocrite et de deux impossibles.
02:57 Donc, ce n'est pas ce que j'essaye de faire non plus,
02:59 mais je ne laisse plus la place à celui qui ne correspond qu'à ses envies.
03:04 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, je mets la rigueur au centre de ma vie
03:07 plus que mes envies.
03:10 Et ce que je pensais avant,
03:12 en fait cette rigueur et obéir à des codes, etc. et de la faiblesse,
03:15 en fait non, c'est de la force de caractère
03:16 et ça montre qu'on est à même de tenir ses responsabilités.
03:19 Moi, bizarrement, j'ai toujours été bien quand je faisais de la "musique qui marche".
03:24 Je pense que malheureusement, c'est le public qui est torturé
03:27 et il a besoin que l'artiste soit dans la même condition.
03:29 Quand il y en a qui se séparent, ils disent "Oh putain, ça va être l'album du G.O.A.T. !
03:33 Ça va être le meilleur moment ! Il a quitté sa femme,
03:35 il est en train de se droguer, c'est génial !"
03:37 Non, mais je pense que c'est plus un fantasme.
03:38 Ça, c'est comme l'alcool et la drogue, l'inspiration, le truc.
03:42 J'ai besoin de la Zaza, il faut que je fume un peu de Zaza.
03:44 Non, je pense que c'est surfait.
03:45 Désolé de casser le mythe à combiner.
03:46 Il est très important, au jour d'aujourd'hui, d'envoyer dans le mur tout ce que pense l'homme
03:50 et c'est pas cool, c'est pas truc, et de mettre la santé mentale au centre des débats,
03:55 surtout dans les cités, qu'on comprenne que c'est pas juste un truc factice,
03:59 que nous aussi, ça nous arrive, qu'il n'y a pas forcément des genoux,
04:02 tu vois, "Ah, il est genouné, il est truc, il est..."
04:05 Des fois, d'avoir un petit coup de mou.
04:06 Et surtout, au bout d'un moment, si on est des amis et pas que des amis géographiques,
04:09 ce que j'appelle des amis géographiques, c'est-à-dire les amis que tu subis
04:11 parce que tu habites dans le même quartier qu'eux, on est censé se soutenir
04:13 et pas se tirer vers le bas, dire "Ça va pas, poteau ?
04:16 Viens, on va se poser, on va parler."
04:17 - Est-ce que, autour de toi, t'as l'impression qu'on en parle peut-être plus aujourd'hui ?
04:20 - Oui, mais c'est un phénomène que j'arrive à expliquer,
04:23 moi, j'ai plus rien à perdre, donc je mets les pieds dans le plat,
04:25 c'est le fait qu'il y ait beaucoup plus de blancs dans le public du rap.
04:29 Tu vois, ces dernières années, on a eu une espèce de gentrification du public rap
04:33 avec laquelle, moi, je n'ai aucun problème.
04:35 Et donc, comme c'est des problèmes sociétals qui sont beaucoup plus abordés
04:39 chez les classes moyennes blanches, etc.,
04:42 je trouve que c'est bien, justement, si on peut parler de ces problèmes-là
04:46 qui existent réellement, je trouve que c'est cool.
04:47 Parce que, dans nos quartiers, on a vu beaucoup de jeunes devenir vieux et devenir fous,
04:53 et on les a laissés à l'abandon, alors que peut-être qu'il y aurait eu des solutions.
04:57 Tout le monde a le droit à la tristesse,
04:59 tout le monde a le droit à avoir des sentiments négatifs en soi,
05:01 c'est-à-dire que des fois, il y a des gens qui disent "Ouais, mais toi, t'as tant, ça va, t'es bien."
05:04 Ou qui vont dire "Ouais, mais ces petits riches, là, ils ont des problèmes de riches."
05:08 Mais non, non, non, non, non. Chacun est touché par des choses différentes,
05:10 à des échelles différentes, et c'est en même temps ça, la beauté et la complexité de l'être humain,
05:14 c'est que, peu importe, personne n'a le droit au bonheur total ou au malheur total.
05:18 La vie est toujours composée de sentiments divers et variés.
05:21 S'il y a un message que je pourrais faire passer,
05:24 c'est "bateau de ouf", on dirait un truc de K-pop coréen,
05:27 mais vraiment, garder espoir, c'est super important.
05:30 - Colmini ! Colmini ! Colmini !
05:32 [Générique de fin]

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