Mathieu Bock-Côté sur la condamnation du Monde face à France Soir : «Ces techniques de disqualification des titres de presse posent problème»

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Mathieu Bock-Côté sur la condamnation du Monde face à France Soir : «Ces techniques de disqualification des titres de presse posent problème et peuvent aujourd'hui être condamnées par les tribunaux»
Transcript
00:00 - Parce qu'il s'agit d'une information capitale.
00:02 Alors, condamner le monde à 25 000 euros de dommages et intérêts
00:05 et 10 000 euros au titre de l'article 700
00:07 pour avoir dénigré François.
00:09 C'est dans le contexte de la crise sanitaire.
00:12 Mais ce qui est intéressant à travers cela,
00:15 ça nous montre comment, pour plusieurs médias
00:17 qui sont dans le mainstream, pour reprendre ce terme anglais,
00:21 eh bien, la tentative de disqualifier des médias
00:24 qui racontent l'actualité autrement,
00:26 qu'on soit d'accord ou non, c'est autre chose,
00:28 mais qui racontent l'actualité autrement,
00:30 qui hiérarchisent autrement les faits,
00:32 qui présentent publiquement des faits
00:34 qui sont quelquefois ailleurs négligés,
00:36 eh bien, très souvent, dans la presse dite "mainstream",
00:39 la tentation est forte alors de dire
00:41 "Ce titre est complotiste, ce titre est d'extrême droite,
00:45 ce titre est infréquentable, ce titre est sulfureux".
00:48 Dès lors, tout ce qui en sort, vous devez vous en méfier.
00:51 Et si vous risquez à citer ce qui sort de ce titre,
00:54 vous devenez vous-même complice de ce...
00:57 soit, comme je dis, du complotisme,
00:59 de l'extrême droite, et ainsi de suite.
01:01 Et c'est intéressant parce que cette technique
01:03 de disqualification, et là, je le reviens,
01:05 c'est dans le cadre de la crise sanitaire,
01:07 et je pense que globalement, beaucoup de gens dans la presse,
01:10 et je me mets dans le lot, en passant,
01:12 doivent faire leur autocritique de leur...
01:14 leur analyse, leur rapport à l'analyse
01:16 pendant la crise sanitaire.
01:18 On était assez pronds à coller de sales étiquettes
01:20 aux uns et aux autres, on était assez pronds
01:22 à dire "complotisme" dès que quelque chose
01:24 déviait de la crise, et de ce point de vue,
01:26 on était d'accord ou non, proposer une grille de lecture
01:28 qui proposait peut-être, qui éclairait peut-être
01:30 des angles morts manquants. Et quoi qu'il en soit,
01:32 le monde, pour éviter de ne pas pouvoir répondre
01:34 aux arguments, s'il y avait des arguments parfaits,
01:36 disait "complotiste", et puis, monde...
01:38 "blog complotiste". Et là, François, on se dit
01:40 "ben, un instant, on défend notre réputation,
01:42 et c'est pas sans intérêt". Vous noterez que ça dépasse
01:44 largement le cas de François.
01:46 On vient de parler de Valeurs actuelles.
01:48 L'extrême droitisation de Valeurs actuelles
01:51 par la presse de gauche, qui cherchait toujours
01:53 à faire de VA un titre d'extrême droite.
01:55 On répète ça, c'est une bêtise inouïe,
01:57 extrême droitisation de Valeurs actuelles,
01:59 ça n'avait aucun sens. Mais répétant cela sans cesse,
02:01 ça crée une réputation autour d'un titre
02:03 qui fait quelquefois son actionnaire.
02:05 On peut même s'imaginer quelquefois,
02:07 "je dois m'en débarrasser à tout prix,
02:09 d'une manière ou de l'autre", pour donner des gages
02:11 aux colleurs d'étiquettes, aux colleurs de salles étiquettes.
02:13 Ça passe aussi, on peut penser à Boulevard Voltaire,
02:15 un autre titre, on a ici Gabriel Cuisel,
02:17 de temps en temps, il nous dit "ah, c'est un site
02:19 d'extrême droite, dès lors, ne vous intéressez pas
02:21 à ce titre-là, c'est hors de là".
02:23 Ces techniques de disqualification des titres de presse,
02:25 ça cause problème et ce qu'on constate aujourd'hui,
02:27 c'est que ça peut ensuite être condamné par les tribunaux
02:29 qui disent "au-delà de l'étiquetage idéologique,
02:31 c'est une pratique commerciale déloyale".
02:33 - J'ai envie de vous demander
02:35 est-ce que finalement, cet étiquetage n'a pas gagné?
02:37 Parce qu'on voit, par exemple, vous avez parlé
02:39 de Geoffroy Lejeune, on va à Valeurs actuelles,
02:41 c'est une question.
02:43 - Et ça fonctionne, l'étiquetage.
02:45 C'est ça qu'on oublie, c'est que coller une sale réputation
02:47 sur quelqu'un sans arrêt, ça finit par lui coller à la peau
02:49 et on le voit avec un autre concept qui circule beaucoup,
02:51 c'est celui de "fasciosphère".
02:53 On en a parlé aujourd'hui. Alors, on voit les événements
02:55 qui se passent, l'événement en Bordeaux,
02:57 et là, tout de suite, dans l'I.B.,
02:59 c'est la fasciosphère qui s'agite.
03:01 La fasciosphère. S'inquiéter de l'insécurité,
03:03 c'est fasciste aujourd'hui. S'inquiéter
03:05 de l'identité, c'est fasciste aujourd'hui.
03:07 Vous avez le fascisme large, mes amis.
03:09 Et c'est intéressant, on le voit avec un site
03:11 comme F2Souch, un site qui est toujours diabolisé
03:13 alors qu'il fait un travail de revue de presse.
03:15 F2Souch, c'est dirigé par Pierre Sautarel.
03:17 Revue de presse. Document présente des faits
03:19 qui sont souvent négligés ailleurs, ou leur donne
03:21 une importance, une signification,
03:23 qui est négligée ailleurs, mais toujours avec un souci factuel.
03:25 Qu'est-ce qu'on fait? On dit toujours
03:27 "fasciosphère, fasciosphère, fasciosphère"
03:29 pour faire en sorte que personne n'ose se tourner
03:31 vers, dans ce cas-là, cette revue de presse
03:33 ou tel journal, ou tel site,
03:35 en sachant qu'on va abîmer sa réputation
03:37 si on les cite. Et ça me permet, vous me permettrez
03:39 de clindre l'œil historique. Vous savez, au début
03:41 du 10e et 80, François Mitterrand, la santé
03:43 de François Mitterrand était compromise,
03:45 si de moins qu'on puisse dire, son cancer, et ainsi de suite.
03:47 Et que faisait-il pour neutraliser l'histoire,
03:49 les histoires qui tournent autour de son cancer?
03:51 Il donnait des informations à minutes,
03:53 à l'époque, qui étaient vues comme un hebdomadaire
03:55 d'extrême droite. Donc l'information,
03:57 il faisait ça par des relais, on s'entend, par des gens
03:59 qui faisaient des cancans, des cancans, puis ça arrivait
04:01 à minutes. Et ce qui est intéressant, c'est que là,
04:03 quand ça sortait dans minutes, finalement,
04:05 dans la presse mainstream, on disait "ah, mais c'est pas intéressant,
04:07 c'est pas vrai, ça sort dans minutes".
04:09 Et donc, ce qui est intéressant dans cette part de la presse,
04:11 c'est donc faux. Si ça sort dans minutes,
04:13 c'est donc illégitime. Donc, c'est une espèce
04:15 de jeu particulier où Mitterrand,
04:17 lui-même, donnait des informations
04:19 à des titres jugés non crédibles
04:21 pour décrédibiliser les faits qui
04:23 concernaient sa santé. Mais de la même
04:25 manière, aujourd'hui, lorsque certains faits
04:27 essentiels qui touchent à l'insécurité,
04:29 qui touchent à l'immigration, qui touchent à l'identité,
04:31 qui touchent au changement du sexe chez les mineurs,
04:33 qui touchent à la crise sanitaire,
04:35 quand ces faits viennent de titres
04:37 qui sont frappés, d'interdits,
04:39 qui sont disqualifiés, qu'on cherche à décrédibiliser,
04:41 ça fait en sorte que lorsque nous,
04:43 on veut en parler d'une manière ou de l'autre, on dit "ben voyez,
04:45 il fouille dans les égouts, il fouille dans les poubelles
04:47 pour trouver leurs informations",
04:49 alors qu'il s'agit simplement, quelquefois, de faire
04:51 ressortir des faits qui ont été négligés
04:53 et qui ne sont peut-être pas sans signification.
04:55 De ce point de vue,
04:57 ce procès n'est pas sans... cette condamnation
04:59 du monde pour François
05:01 n'est pas sans intérêt.
05:03 Ça nous répelle que dans la volonté de disqualifier
05:05 les titres, quelquefois, il y a peut-être aussi
05:07 une stratégie politique pour ne plus faire entendre
05:09 certains discours.
05:11 ♪ ♪ ♪
05:13 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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