L'édito de Mathieu Bock-Côté : «Puy du Fou : pourquoi tant de haine ?»
Dans son édito du 09/09/2023, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]
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00:00 - "Controverse" est un terme poli. Je pourrais parler plus simplement d'un procès à charge,
00:06 une volonté non seulement de nuire au puits du fou, mais de le souiller. Une volonté de
00:12 détruire qui est assez fascinante, d'autant, ne l'oublions pas, que Complément d'Enquête
00:16 est une émission du service public. Donc, les Français financent à même leurs impôts.
00:20 Une émission qui fonctionne, ce n'est pas la seule, soit dit en passant, vous pourriez
00:24 me dire, plusieurs émissions, mais une en particulier, qui travaille globalement à
00:30 salir, à souiller, à détruire, déconstruire, dit-on de manière plus savante, tout ce que
00:34 les Français peuvent aimer parce que le patriotisme en lui-même serait toxique, j'y reviendrai.
00:39 Les méthodes, pourquoi je dis que c'était une volonté de souiller, les méthodes étaient
00:43 fascinantes. On les connaît, on connaît ce type de documentaire-là, musique sur le mode
00:47 un peu suspense, inquiétant. On a l'impression, en fait, qu'on est quelque part dans un film
00:51 d'horreur qui se passe au Wyoming en 1903, et là, on sent qu'il va y avoir des enfants
00:55 tueurs et des enfants tués. On a l'impression que tout ça, c'est la mise en scène, en
01:00 fait, d'une maison d'horreur. Or, or, il y a ça. Ensuite, il y a l'utilisation abusive
01:07 du conditionnel qui permet de lancer toutes les rumeurs malveillantes à propos d'un
01:12 homme, de sa famille ou d'une institution sans s'engager. Il se pourrait que, on dit
01:18 que, est-il possible que, donc, l'utilisation du conditionnel, qui est une méthode faussement
01:24 prudente qui sort, qui sert, en fait, à multiplier les calomnies. Et, je le redis, tout ça par
01:31 l'argent public. Ah oui, ce qui est pas mal aussi, mobilisation de témoins qui sont manifestement
01:37 dévotés des anciens compagnons de route qui étaient là il y a 25 ans et qui sont
01:40 censés dire la vérité des origines d'une telle, de l'entreprise du Puy-de-Fou. Et
01:47 ils sont là pour nous dire, sur le mode, je vais vous dire à quel point c'est horrible
01:50 tout cela. Donc, on les sent souvent dévorés par le ressentiment, la jalousie. Le cœur
01:57 humain est un cœur avec plein de petites saletés. Et là, c'est l'occasion pour
02:01 plusieurs médiocres de prendre leur revanche en cherchant à vomir ce qu'ils ont peut-être
02:06 déjà adoré. Tout ça pour dire que Complément d'Enquête ne cherchait pas la vérité, mais
02:12 cherchait le scandale. Et pour obtenir le scandale, Complément d'Enquête était prête à prendre
02:16 tous les moyens nécessaires pour en arriver justement à créer ce scandale, ce sentiment
02:20 d'effroi. Oh là là, le Puy-de-Fou, c'est terrible. Je ne suis pas certain que le résultat
02:23 soit atteint. Alors, que reproche-t-on exactement au Puy-de-Fou? Alors, deux choses pour l'essentiel.
02:29 La première, c'est de miser sur les bénévoles. Alors là, c'est assez fascinant parce que
02:33 le Puy-de-Fou est effectivement une entreprise immense, c'est une structure complexe où
02:36 il y a des employés, il y a donc des professionnels, il y a des bénévoles. Mais à travers tout
02:40 ça, et puis la chose est assez clairement distinguée, c'est pareil. Ce qui est assez
02:45 fascinant dans ce procès, c'est qu'on ne comprend pas la psychologie du bénévole.
02:49 On ne comprend pas pourquoi des hommes et des femmes à peu près normalement équilibrés
02:54 voudraient se joindre à une entreprise comme le Puy-de-Fou. Quelle est l'explication qu'ils
02:57 nous ont proposée à demi-mot? On nous présente les Puy-Follets, c'est le nom qui est donné
03:01 aux gens qui participent à cette entreprise, globalement comme des paysans arriérés,
03:06 un peu débiles, qu'on attirait à la kermesse en leur promettant du saucisson et du pinard.
03:12 On leur dit « venez regarder ». Et là c'est assez fascinant, c'est sur le mode « regardez
03:16 ces attardés qui vont s'amuser à jouer aux chevaliers, qui vont s'amuser à servir
03:21 la cervoise, qui vont s'amuser à... » Et autrement dit, ce sont des débiles qui seraient
03:25 conscrits par Philippe de Villiers, qui seraient un exploiteur de pauvres personnes, de pauvres
03:30 airs. C'est absolument atroce. Ce que le documentaire ne parvient pas à comprendre,
03:35 c'est qu'il y a des gens qui sont quelquefois désireux de participer à quelque chose qui
03:39 les dépasse, de participer à quelque chose qui les inspire. Et le puits du fou, pour
03:42 ceux qui s'y rendent, ceux qui y participent, c'est justement la possibilité de participer
03:47 à la renaissance, d'abord de l'identité Vendéenne, mais aussi c'est une manière
03:51 de participer... C'est le grand contraire de l'époque, le grand contraste. D'un côté
03:55 il y a Mickey, et ainsi de suite, très bien Mickey, mais de l'autre côté c'est le divertissement
03:58 qui conduit à l'approfondissement. C'est l'histoire, c'est la culture, c'est l'enracinement.
04:02 Et pour un esprit de gauche sectaire et médiatique, eh bien tout cela est incompréhensible et
04:07 relève presque de la démence. En fait, pour ces gens, pour ce journalisme d'enquête
04:12 version commissaire politique, on est en fait devant des gens qui trouvent l'ivresse de
04:17 la destruction. Et c'est assez triste. Ce qu'on reproche aussi, évidemment, c'est
04:21 la dimension du symbole qui est le puits du fou. De quoi est-il le symbole? Mais de l'histoire
04:26 Vendéenne. De l'histoire Vendéenne qui est le moment, l'acte inaugural de la tentation
04:30 totalitaire dans la modernité. C'est-à-dire, pourquoi est-ce qu'on veut dépopulationner
04:35 la Vendée? Je précise que dans le documentaire, il y a une contestation des massacres de
04:39 Vendée. Ou alors, ils sont nommés comme oui, il y en a, mais peut-on vraiment parler
04:42 d'une volonté de détruire, d'extermination? Non, c'est une guerre civile. D'ailleurs,
04:45 il n'y en a pas eu tant que ça. C'est assez fascinant.
04:48 Qu'est-ce que c'est la guerre de Vendée? C'est quand même la volonté, c'est la scène
04:52 inaugurale qui consiste à dire que ces gens doivent disparaître parce qu'ils ne sont
04:55 pas assez modernes. Il y a la révélation des modernes qui dit que l'homme doit d'abord
05:00 être l'homme des droits de l'homme avant d'être l'homme de sa culture, de son pays,
05:03 de son enracinement, de son bocage, le bocage inspiré de Philippe de Villiers, on pourrait
05:06 dire ça comme ça. On doit les détruire parce que ce sont des hommes qui refusent
05:11 la prochaine étape de la modernité. Ils témoignent d'un attachement à leur identité.
05:15 Donc, on doit les détruire. C'est assez fascinant. On pourrait dire que la révolte
05:19 inaugurale des temps modernes, celle des Vendéens, c'est la révolte d'un homme qui refuse
05:23 d'être réduit à une abstraction. L'homme abstrait les droits de l'homme.
05:26 Et la Vendée, de ce point de vue, c'est assez intéressant, c'est le moment qui annonce
05:31 plusieurs autres moments. Ensuite, les coulacs, c'est-à-dire la liquidation des catégories
05:35 sociales jugées périmées, le bois mort de l'humanité. Et aujourd'hui, probablement,
05:39 les peuples historiques d'Occident qu'on voudrait faire disparaître symboliquement
05:43 ou immoler symboliquement sur l'autel de la diversité.
05:47 Donc, il y a une leçon vendéenne. Il y a une leçon universelle vendéenne, en quelque
05:52 sorte. Et on ne le pardonne pas. Philippe de Villiers trouve le moyen de plonger dans
05:56 l'histoire de Vendée pour féconder symboliquement et culturellement l'histoire de France.
06:00 On ne lui pardonne pas. J'ajoute une chose qui me semble très importante. Il y a, au
06:05 Puy-du-Fou, une esthétique. Une esthétique qui nous incite à aimer le beau. Alors, puisqu'on
06:10 est dans une époque très particulière, qui nous incite à toujours déconstruire
06:13 davantage, à aimer le lait, c'est ce fantasme aujourd'hui d'une humanité flasque, une
06:19 humanité en haillons, une humanité aux cheveux bleus, roses, mauves, tout ça, une humanité
06:24 dans la déconstruction permanente. Et le Puy-du-Fou dit « Non, un instant, vous pouvez
06:27 admirer, il y a une verticalité, et vous pouvez admirer à travers cela l'histoire
06:30 de France. » Et le Puy-du-Fou dit finalement, à travers l'histoire de la Vendée, vous
06:35 pouvez aimer l'histoire de France. Et ça, c'est très important. Je me permets de le
06:38 dire à un dernier moment là-dessus. Il y a ceux qui ont vu la Cynécémie. Si on était
06:43 Vendée, on pourrait se dire « Franchement, on n'a pas envie de pardonner. » Mais pourtant,
06:47 au terme de la Cynécémie, il y a un moment de pardon. Et c'est fascinant, c'est la réconciliation
06:51 des deux Frances, si je peux me permettre, par l'expérience des tranchées, 1914, mais
06:55 au-delà de ça, c'est le pardon, le pardon qui féconde l'avenir, à bien des manières.
07:00 Donc, c'est une histoire qui pousse à aimer la France, qui pousse à trouver dans l'histoire
07:06 de Vendée des leçons universelles, qui pousse à aimer le beau. On ne le pardonne pas, ça,
07:10 à Philippe de Villiers.
07:11 Autrement dit, à vous entendre, on ne pardonne pas au Puy-du-Fou de chanter la France. Et
07:15 finalement, c'est un peu la même chose qu'on reproche hier au spectacle d'ouverture de
07:18 la Coupe du monde de rugby.
07:19 Absolument. Absolument d'accord avec vous. C'est ce qui s'est passé. Alors, qu'est-ce
07:22 qu'on voit hier? On voit un spectacle qui enthousiasme tout le monde. C'est la France
07:26 de toujours. C'est la France telle qu'on se la représente. C'est la France qu'on vient,
07:29 lorsqu'on vient de l'étranger, on vient en France, on se dit « c'est ça la France, c'est
07:33 ce qu'on veut voir en France ». Et là, tout le monde a aimé, sauf, sauf le village gaulois
07:37 inversé qui s'appelle Libération, qui propose une lecture dégoûtée de ce qui s'est passé
07:43 hier. Pour eux, c'était le contraire de ce que doit être la France. C'est une France
07:46 périmée, une France décathy, une France désuète, probablement une France d'extrême droite,
07:50 le mot était dans l'article, évidemment, parce qu'aimer la France, traduire la France
07:54 de toujours, la France qui, on pourrait dire, qui donne l'image de ce qu'a toujours été
07:58 la France, c'est vu comme une forme de pathologie régressive, inquiétante. Et on comprend
08:03 ce que serait la France idéale de Libé et de ceux qui ont détesté le spectacle d'hier.
08:07 C'est une France mi-Djellaba, mi-cheveux bleus. Mais il nous est permis de leur répondre
08:12 non, merci, nous préférons la France portée hier par Jean Dujardin. Entre le mépris pour
08:16 les Puy-du-Fou et le mépris pour le spectacle d'hier soir, il y a derrière ça, chaque
08:20 fois, le mépris de la France.
08:21 [Musique]
08:24 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org