4 - Le diplôme

  • l’année dernière
Le diplôme : l’une des clés de l’insertion professionnelle des polynésiens. Un constat : les moins qualifiés sont davantage présents au sein des TPE – et les plus qualifiés sont souvent concentrés au sein des entreprises à forte création de valeur ajoutée.
Transcript
00:00 Donc nous voilà sur la quatrième sous-thématique.
00:03 Donc le diplôme, l'une des clés de l'insertion professionnelle.
00:08 Donc ici, vous avez quelques données statistiques
00:13 tirées de l'ISPF
00:16 suite à l'enquête emploi de 2022,
00:18 donc des données assez récentes.
00:20 Donc là, l'idée aussi, c'était de revenir un peu sur un constat.
00:26 Comme vous pouvez le constater,
00:27 je ne vais pas revenir sur le taux de chômage
00:29 et d'emploi en Polynésie française, comme vous pouvez le voir, de 9 %,
00:32 en Polynésie, avec un taux d'emploi de 53,8 % actuellement.
00:36 Mais ce qui nous intéresse plus particulièrement,
00:40 c'est de regarder le taux de chômage et le taux d'emploi
00:43 qui évolue en fonction de la nature du diplôme.
00:48 Vous pourrez constater,
00:50 si on s'attarde plus particulièrement sur le taux de chômage,
00:54 qu'en fonction de la nature du diplôme
00:57 détenu par la personne,
01:00 on s'aperçoit que plus on évolue
01:02 vers des diplômes de l'enseignement supérieur,
01:06 plus le taux de chômage se réduit.
01:09 Comme vous pouvez le constater,
01:11 comparativement à quelqu'un qui est détenteur d'un DNB,
01:14 on observe un taux de chômage de 8,8 %,
01:17 et plus on évolue vers un diplôme de l'enseignement supérieur,
01:21 plus on le réduit de 2 fois, donc ce taux de chômage.
01:26 Donc une personne qui détient un diplôme de l'enseignement supérieur
01:32 est en moyenne sur un taux de chômage de 4,4 %,
01:36 ce qui est quand même un marqueur important.
01:40 Parallèlement à ceci,
01:42 vous pouvez voir qu'au niveau du taux d'emploi,
01:45 plus, justement, vous évoluez
01:47 vers un diplôme de l'enseignement supérieur,
01:50 plus vous avez un taux d'emploi qui s'améliore.
01:54 Donc ici, on a 2 éléments complémentaires
01:59 qui sont significatifs
02:02 et qui nous permettent de dire que le diplôme
02:05 reste un passeport pour l'emploi encore aujourd'hui.
02:09 Donc avant de poursuivre sur le halo du chômage,
02:20 je vais donc passer la parole à Faye Mano, Jean-Bernard,
02:25 pour questionner le public à ce sujet.
02:28 Est-ce que vous avez une idée du niveau d'employabilité
02:34 ici, en Polynésie ?
02:36 -Les caractéristiques nécessaires
02:46 pour représenter un intérêt pour l'employeur, en quelque sorte,
02:50 en termes de diplôme, de formation professionnelle,
02:54 de compétence, etc.
02:56 Est-ce que vous pensez qu'en Polynésie française,
03:01 les personnes qui recherchent un emploi
03:05 ou qui sont sollicitées, parfois,
03:07 ont un niveau d'employabilité suffisamment élevé ?
03:12 On va dire les choses comme ça.
03:13 Voilà.
03:15 (Pause)
03:18 Clairement, je ne pense pas.
03:26 Je pense qu'on est loin de quelque chose d'acceptable.
03:29 -Voilà.
03:31 Nous, on a des statistiques, on vous montrera après,
03:33 qui correspondent exactement à ce que vous dites.
03:37 Oui.
03:38 (Pause)
03:42 Tu ne bosses plus, hein ?
03:44 -Alors, j'aimerais réagir par rapport à l'employabilité.
03:47 Pour moi, l'employabilité, c'est la capacité pour une personne
03:52 à trouver du travail lorsqu'elle n'en a pas
03:54 et aussi à se maintenir dans ce métier lorsqu'elle en a un.
03:59 Donc là, on va tout de suite activer les notions de capital humain,
04:04 puisque la capacité pour une personne à pouvoir trouver du travail
04:10 va forcément dépendre de son capital humain.
04:13 Donc on va passer par la formation,
04:16 donc l'école, qu'est-ce qu'elle apprend,
04:18 quel bagage est-ce qu'elle va avoir déjà au niveau de l'école,
04:22 au niveau du lycée,
04:23 et ensuite dans les études supérieures.
04:25 Et ensuite, donc, par rapport à la capacité
04:30 à se maintenir dans cet emploi,
04:32 ça va dépendre de sa capacité
04:38 à savoir... à son capital social,
04:42 c'est-à-dire est-ce qu'il sait travailler en équipe,
04:44 est-ce qu'il sait écouter des consignes,
04:46 est-ce qu'il sait travailler avec, coopérer avec ses collègues,
04:50 c'est tout ça aussi.
04:51 Et donc là, je vais parler en tant que professeure, bien sûr,
04:54 puisque nous, on a cette responsabilité,
04:56 eh bien déjà, d'aider les élèves à pouvoir développer ce capital humain,
05:01 et c'est ce qu'on fait,
05:02 on le fait au sein des établissements,
05:05 donc on les aide,
05:08 on aide les élèves à pouvoir justement acquérir un bagage solide
05:13 et de plus en plus polyvalent,
05:17 puisque en ce moment,
05:19 donc on voit que sur le marché du travail,
05:24 eh bien les métiers à faible compétence
05:28 laissent place de plus en plus à des métiers à haut niveau de compétence,
05:32 et donc il faut travailler sur le capital humain de nos élèves.
05:38 Et ensuite, sur le capital social,
05:40 c'est tout simplement à l'école, qu'est-ce qu'on fait ?
05:43 Donc, au travers de nos règles,
05:47 le règlement intérieur déjà, au travers de nos règles,
05:51 on permet à ces élèves d'adopter un comportement
05:55 qui pourrait être recherché,
05:57 qui pourrait les aider à se maintenir sur le métier qu'ils ont retrouvé.
06:05 Voilà.
06:06 J'ai entendu notre collègue qui dit que non,
06:10 les jeunes d'aujourd'hui, ils ne sont pas employables.
06:15 Je l'entends, je l'entends,
06:17 je l'entends parce que c'est vrai que même nous,
06:21 même nous, on le voit.
06:22 Et donc nous, en tant que professeurs qui enseignons aussi dans le supérieur,
06:28 eh bien on suit justement
06:30 les périodes de formation au milieu professionnel de nos étudiants.
06:35 Et justement, on a des retours de nos professionnels
06:39 qui disent que certains étudiants
06:42 sont loin de la réalité, justement, des entreprises.
06:47 Mais on y travaille, on y travaille.
06:50 Un exemple tout simple, nous, dans notre section BTS,
06:56 nous travaillons autour d'un projet chaque année
06:59 qui est un projet de création d'entreprises.
07:03 Et justement, au travers de ce projet de création d'entreprises
07:06 qui va durer toute l'année, sur toute l'année,
07:08 les étudiants vont développer des compétences comportementales aussi
07:15 qui vont être bénéfiques pour leur insertion dans un milieu professionnel.
07:20 Donc de notre côté, on y travaille.
07:23 On entend ce que vous voulez dire, on entend la commande.
07:25 Donc on y travaille. Voilà.
07:27 On a une question maintenant pour les chefs d'entreprise.
07:32 Quel est le profil des candidats que vous recherchez
07:35 en termes de qualification, compétences personnelles ou attitude ?
07:39 -En réponse à votre question, des jeunes motivés,
07:47 intéressés par le domaine économique de l'entreprise
07:51 où ils se présentent.
07:54 Et le reste, selon leur formation, bien sûr.
08:00 Mais généralement, le cursus formation,
08:03 il intervient par rapport à certaines typologies de poste.
08:06 C'est sûr que si je cherche un développeur compétent Java,
08:08 je vais probablement attendre quelqu'un
08:11 qui est d'un niveau BTS ou licence
08:13 et pas forcément une formation initiale.
08:17 Mais pour nous, aujourd'hui, le caractère humain,
08:20 il est essentiel d'avoir devant nous un jeune qui vient,
08:23 qui dit "Moi, j'ai envie. J'ai envie de bosser dans votre boîte."
08:28 Et la meilleure question qu'on peut leur poser, c'est
08:30 "Qu'est-ce qui ferait que c'est toi que je vais choisir ?"
08:33 "Je vais te choisir
08:34 "à partir du moment où je sens que tu as envie de bosser avec nous."
08:37 T'as envie de partager le projet d'entreprise
08:39 que l'ensemble des collaborateurs partagent,
08:43 parce qu'une fois que t'es dans la maison,
08:45 c'est pas avec le patron que ça va se passer,
08:47 ça va être avec des collaborateurs.
08:49 Et avoir un jeune qui arrive et qui est intéressé, qui est curieux,
08:52 ça, c'est vraiment très positif.
08:56 C'est à nous de savoir organiser la transmission de connaissances
08:59 au travers de...
09:01 T'as appris ça à l'école, c'est l'école.
09:05 La réalité, c'est un peu différent, mais quand même,
09:08 il y a un socle que t'as appris,
09:09 qui est important à toujours avoir en toi.
09:12 Et maintenant, on va le modeler en fonction de ce qu'est la réalité,
09:15 de son application, de ses connaissances
09:17 dans le monde de l'entreprise.
09:19 Je vais revenir sur ton intervention.
09:24 Et devant notre représentant du ministère,
09:28 nous avons beaucoup,
09:30 et nous prenons encore aujourd'hui sur l'apprentissage,
09:33 qu'il soit dès la formation initiale.
09:37 Il faut descendre le processus d'apprentissage
09:40 dans la formation initiale
09:42 et non pas forcément au-dessus toujours.
09:45 Parce que plutôt, on permettra à des jeunes
09:48 de découvrir le milieu de l'entreprise
09:50 et d'écouvrir des métiers de demain
09:52 sur lesquels ils n'ont pas forcément une idée aujourd'hui
09:54 de ce qu'ils voudraient faire, mieux, meilleur, ça sera.
09:57 Je pense à des jeunes, par exemple,
09:59 dans le domaine de la comptabilité.
10:00 On a des manques énormes là-dessus.
10:02 Avoir des jeunes qui ont une culture, une formation,
10:04 un bac dans le domaine de la gestion,
10:06 être assez rapidement insérés dans des cabinets
10:08 ou dans des entreprises,
10:09 où ils vont découvrir ce que c'est
10:11 que le domaine de la comptabilité
10:12 appliqué au monde de l'entreprise,
10:15 ça peut leur donner la vocation de se dire
10:18 "Moi, ça m'intéresse d'aller plus loin
10:20 "et de poursuivre sur une formation d'expertise comptable
10:23 "et non pas seulement peut-être à une formation de comptable."
10:27 Ca, c'est les éléments essentiels
10:28 qu'on tire de l'apprentissage dès la formation initiale.
10:32 -Moi, je...
10:38 -Vous avez fait une remarque un peu plus générale sur le sujet.
10:42 D'abord, en disant que face à ce constat des diplômes,
10:45 le risque, c'est de tomber dans la diplomite aiguë aussi.
10:49 Dans le sens où c'est vrai qu'en tant que professionnels,
10:53 on a eu le sentiment qu'il y avait une tentation démoniaque
10:56 des dirigeants, quelquefois,
10:58 finalement, de presque dévaloriser les diplômes
11:00 en forçant le trait,
11:04 quand on entend parler de notre remontée
11:06 pour que les gens atteignent des objectifs
11:07 de pourcentage de réussite, etc.,
11:09 qu'il y a pu y avoir en métropole. C'est vrai que c'est choquant.
11:12 Et on doit constater, malheureusement,
11:14 que ces dernières années, on a ressenti
11:16 des baisses de niveau, franchement,
11:18 quand on embauche des jeunes en termes de communication,
11:21 de connaissances, etc., par rapport à ce qui se passait
11:23 il y a 10 ou 20 ans. Il faut dire clairement les choses.
11:25 Pourquoi ? Parce qu'en une société,
11:27 tout le monde ne peut pas tout apprendre.
11:29 Donc il y aura toujours des gens qui auront des difficultés
11:32 scolaires, des difficultés à apprendre, etc.
11:34 Et pour ça, il faut laisser dans une société
11:36 la place au travail des gens qui, justement,
11:38 ne pourront pas avoir de diplôme ou l'auront difficilement.
11:40 Alors, vous avez entendu une expérience
11:42 qui est que j'étais régulièrement au Japon
11:44 depuis une dizaine d'années.
11:46 Et j'étais surpris au Japon de voir le nombre
11:48 de petits métiers qui existent là-bas.
11:51 Je prends 2 exemples. Quand on est dans la rue,
11:53 on voit des gens en train de balayer les caniveaux,
11:55 etc., à la main,
11:58 alors que ça n'existe plus en Europe.
12:00 Il n'y a que des machines qui font ça partout.
12:02 De la même manière, j'étais dans une banque.
12:03 Et puis, il n'y a pas de ticket à la banque.
12:05 Il y a un gars qui vient nous regarder
12:07 et qui nous dit après, il faut aller à tel guichet
12:08 ou tel guichet ou tel guichet.
12:11 Je suppose que c'est un coût,
12:13 parce que par rapport aux exigences de dire
12:15 "Ca coûte moins cher", etc.
12:18 Et parce que la société japonaise reconnaît
12:20 qu'en face, finalement, des grandes entreprises qu'il y a,
12:22 il faut garder la place pour des petits métiers,
12:25 pour des gens qui ne peuvent pas faire autre chose.
12:27 Mais là, je reviens à mon idée communautaire,
12:28 il faut à ce moment-là que la collectivité
12:30 accepte de payer pour ça.
12:31 Donc, au-delà de ça...
12:34 Et malheureusement, ce qui se passe dans notre société ici,
12:37 c'est qu'entre les exigences
12:40 qu'on peut comprendre, gouvernement d'ordre ou syndical
12:43 concernant les bas salaires,
12:45 et les exigences économiques de l'entreprise
12:48 pour, finalement, répondre aux besoins des consommateurs,
12:52 depuis des années,
12:54 on détruit, finalement, les emplois non qualifiés,
12:56 on les remplace par des machines, etc.
12:58 Je ne parle pas de ce qui se passe
13:00 avec les exigences économiques pour les employés,
13:01 parce qu'on n'est pas loin de tout ça,
13:03 mais c'est vrai que, malheureusement,
13:05 on est une société qui détruit les emplois non qualifiés.
13:08 Et la question, c'est qu'est-ce qu'on va faire
13:10 des gens qui ne peuvent pas être qualifiés ?
13:11 Et ça, c'est une réalité qui sera incontournable
13:15 et pour laquelle c'est une responsabilité sociétale
13:18 qu'on a par rapport à ces gens-là
13:19 de leur trouver une place dans notre société.
13:22 Tout le monde ne pourra pas être diplômé.
13:24 -Diplômés par rapport à leurs qualifications,
13:32 c'est un autre problème encore,
13:34 qui est le sentiment de déclassement
13:36 et d'inutilité au sein de l'entreprise.
13:40 Ca peut créer d'autres problèmes au sein de l'entreprise aussi.
13:43 (Propos inaudibles)
13:49 -Ce qui nous amène à la poursuite,
13:51 Jean-Bernard, du halo du chômage,
13:54 parce que ça vient aussi éclairer une partie des constats,
13:58 des données économiques qui vont suivre.
14:00 -Oui, ça correspond d'ailleurs à la remarque
14:03 que vous avez faite tout à l'heure
14:04 concernant la mesure du chômage
14:06 et le flou qu'il y a entre l'activité,
14:10 le chômage et l'inactivité, d'ailleurs.
14:12 Et on retrouve donc cette notion de halo du chômage
14:15 qui ramasse plusieurs situations différentes,
14:19 parce que le critère,
14:21 soit du niveau de qualification de la formation
14:25 n'est pas adéquat,
14:26 soit la disponibilité des personnes n'est pas...
14:30 Enfin, possible à ce moment-là
14:33 quand on propose un emploi.
14:35 Et ça donne toute une série de...
14:38 Enfin, il y en a 3, je crois, de catégories
14:40 du halo du chômage.
14:42 Et on s'est dit, en discutant tous les 3,
14:46 que ce halo du chômage était certainement
14:48 très important en Polynésie.
14:50 Et que, voilà, donc, on a retenu,
14:53 parmi les 3 définitions qu'on avait du halo du chômage,
14:57 vous voyez, une personne sans emploi
14:59 qui soit à rechercher un emploi,
15:02 mais n'est pas disponible, je l'ai évoqué tout à l'heure,
15:05 soit n'a pas à rechercher de l'emploi,
15:07 mais souhaite travailler et est disponible pour travailler.
15:10 Donc ceux-là ne sont pas comptabilisés
15:11 dans le chômage non plus.
15:12 Et enfin, souhaitent travailler,
15:14 mais n'a pas à chercher un emploi
15:16 et n'est pas disponible pour travailler.
15:18 Donc on a retenu celle qui est en gras,
15:21 la définition "n'a pas à rechercher d'emploi,
15:24 "mais souhaite travailler".
15:26 Ça nous semblait être le profil le plus...
15:28 le plus présent dans la société polynésienne.
15:36 -Et donc, voilà, on a comptabilisé 16 000 et quelques personnes.
15:39 -C'est d'autant plus important que...
15:42 à notre niveau, vu les chiffres qu'on connaît,
15:47 on est extrêmement aujourd'hui investis
15:49 sur la notion de l'insertion par le travail.
15:52 C'est un élément clé.
15:54 Donc il y a beaucoup de choses à faire là-dessus
15:56 avec les CISAE.
15:58 Il y a eu à un moment donné une démarche
15:59 qui a voulu faire cette insertion par le travail
16:02 qui est venue en percussion du monde du travail,
16:04 du monde économique.
16:05 C'était la bonne démarche.
16:07 Or, il y a beaucoup de projets qui peuvent être conduits
16:09 dans l'insertion par le travail
16:10 qui ne viennent pas percuter le monde économique
16:12 sur des métiers nouveaux,
16:14 sur des choses qui nous concernent tous.
16:17 Et c'est des projets, d'ailleurs.
16:18 Il y a eu des appels à projets qui sont en cours, je crois,
16:20 au niveau des affaires économiques.
16:22 Là, vraiment, il y a des sujets très forts qui existent,
16:25 qui touchent beaucoup de monde.
16:27 On a quand même énormément de monde
16:30 qui est sur la touche
16:32 en matière de travail en polynésie française.
16:35 Il ne faut pas l'ignorer, ça.
16:37 Les taux de demandeurs d'emploi,
16:39 moi, je suis toujours très méfiant,
16:40 parce que dans les textes en polynésie,
16:43 être inscrit au CFI signifie être demandeur d'emploi.
16:46 C'est pas du tout la réalité.
16:48 Vous pouvez être inscrit au CFI en ayant un emploi.
16:51 Par contre, ces chiffres-là,
16:53 de plus de 50 % de la population qui est sur le carreau,
16:56 qui ne cherche même plus d'emploi,
16:58 qui n'y croit même plus
17:00 et qui est une forme de dynamique sociale
17:04 sur laquelle on est assis,
17:06 celle-là, il faut vraiment la prendre en compte.
17:07 Et c'est tout l'espoir qu'on a dans les appels à projets
17:11 qui ont été faits en termes d'insertion par le travail.
17:14 -Justement, on a apporté un élément, on va dire, sociologique
17:17 concernant les structures de ménage
17:21 et donc de famille aussi, ce qui n'est pas la même chose.
17:24 Je vous rappelle que le ménage, c'est une unité de consommation,
17:27 alors qu'une famille, c'est...
17:28 Il y a un lien filial ou collatéral.
17:33 Bon. Donc on a noté notamment
17:37 que les ménages, familles nombreuses,
17:39 et surtout les ménages à plusieurs noyaux familiaux,
17:41 c'est-à-dire qu'il y a plusieurs générations
17:43 qui cohabitent souvent dans les mêmes ménages,
17:48 ont un pourcentage très élevé,
17:49 quel que soit l'île, la zone géographique polynésienne.
17:54 Et ce serait peut-être un élément
17:58 explicatif du halo du chômage,
18:00 c'est-à-dire que le fait de pouvoir être relativement protégé
18:03 par la famille n'incite pas forcément toujours
18:07 à aller vers l'emploi,
18:08 parce que ce n'est pas une contrainte réelle,
18:10 très forte, en tout cas.
18:11 Et quand ça le devient, là, on bascule
18:13 dans une forme de pauvreté, d'errance, de SDF, etc.
18:18 C'était ça, l'analyse qu'on voulait vous faire.
18:20 -Vous retrouvez notre souhait de cette étude
18:24 socio-ethnologique et également géographique,
18:27 parce que la façon d'aborder le travail
18:29 n'est pas du tout la même dans les archipels
18:30 que sur les Grands Haïtis.
18:32 -C'est vrai que ce qu'il ressort aussi,
18:36 c'est la complexité des ménages polynésiens.
18:39 Et le fait qu'il y ait plusieurs noyaux familiaux,
18:44 quelque part, aussi, c'est une solution de repli
18:48 à une situation économique pour les familles polynésiennes
18:51 et se dire qu'au sein de la famille,
18:52 on est plusieurs noyaux et donc à pouvoir,
18:55 entre guillemets, s'entraider
18:57 et à se partager aussi les charges
19:00 au sein de ces noyaux familiaux.
19:02 C'est aussi peut-être, il a semblé être,
19:05 un facteur explicatif de ce halo du chômage.
19:10 Voilà. Selon un rapport d'activité réalisé
19:14 par la CPME en 2022
19:17 sur les employeurs qu'ils ont interrogés,
19:20 91 % estiment qu'ils rencontrent actuellement des difficultés.
19:26 Ils continuent à rencontrer des difficultés de recrutement.
19:30 Et les 2 grandes raisons principales
19:33 qui ont émergé de cette étude, de ce sondage,
19:36 sur un certain nombre d'entreprises interrogées partenaires,
19:40 il s'avère que c'est un nombre de candidats
19:43 qui est insuffisant à l'heure actuelle.
19:44 Donc on n'a pas de détails sur les métiers concernés.
19:49 Donc 79 % des répondants ont estimé
19:54 que c'était justement le facteur fort
19:59 de difficultés de recrutement actuel.
20:02 Un 2e argument aussi qui a été relevé dans ce rapport,
20:06 c'est l'inadéquation du profil des candidats
20:10 face à l'emploi.
20:12 Donc pour 69 % d'entre eux. Voilà.
20:16 Et donc là, sur le tissu économique des PME.
20:20 -Vous retrouvez le terme GPEC,
20:22 gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.
20:25 On boucle.
20:26 Une analyse qu'on n'a jamais faite sur la réalité
20:29 des profils recherchés par les entreprises,
20:32 attendus par les entreprises,
20:33 que le tissu économique,
20:34 que l'évolution du milieu économique attend.
20:38 Et voilà, on a laissé ces résultats-là.
20:40 Tout est à construire sur le sujet.
20:41 Et on a toutes les données.
20:44 -Une cartographie des compétences, des métiers aussi, en devenir,
20:48 mais aussi des métiers qui vont disparaître.
20:50 C'est important.
20:52 Dans la poursuite, donc, on va avancer sur le sujet.
20:56 [SILENCE]

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