Grand Angle - Monseigneur Schneider : Dans la crise de l'Eglise, un évêque parle

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00:46 Nous sommes honorés d'accueillir aujourd'hui Monseigneur Atanasius Schneider qui était
00:56 évêque auxiliaire d'Astana au Kazakhstan à l'occasion d'un de ses déplacements en
01:02 France.
01:03 Il est déjà connu du public francophone en particulier pour deux ouvrages puisqu'il
01:09 est l'auteur de plusieurs livres.
01:11 Christus Vincit, le triomphe du Christ sur les ténèbres de notre temps qui est à la
01:15 fois une autobiographie et une analyse de la crise contemporaine et puis la messe catholique
01:21 remettre Dieu au centre de la liturgie.
01:23 Alors tout d'abord pour nos téléspectateurs qui ne vous connaîtraient pas, pouvez-vous
01:28 un peu vous situer, nous parler de votre enfance et de votre adolescence.
01:33 Je suis né dans une famille allemande catholique dans l'Union soviétique.
01:42 Je fais partie du groupe des Allemands dite de la Russie et mes enceintes sont immigrées
01:54 d'Alsace dans le siècle XIXe siècle à la mer Noire près de la ville Odessa.
02:04 Il y a eu là des villages allemands et donc c'était des bons catholiques.
02:12 Et puis après la guerre mondiale, Staline avait déporté tous ses Allemands à divers
02:22 lieux pour des travaux forcés et mes parents étaient dans une situation très difficile
02:31 dans les montagnes d'Ural.
02:34 Ils devaient faire ces travaux forcés et même parmi ces conditions difficiles, ils
02:46 ont réussi à organiser une église clandestine, là, parmi les persécutions du communisme.
02:56 Et après la liberté de ces travaux forcés, ils se sont déplacés au Kyrgyzstan, en Asie
03:08 centrale, où je suis né.
03:11 Et là aussi mes parents ont aidé à organiser l'église clandestine, la messe clandestine.
03:20 Et donc, pour toute ma vie, je suis marqué pour cette expérience de la persécution,
03:35 de la transmission de la foi catholique parmi les persécutions et je suis très reconnaissant
03:44 à le bon Dieu de me voir donner cette expérience de la persécution et de voir reçu la foi
03:55 catholique intégrale et la dévotion au Saint-Sacrément dans ces conditions de mes parents qui étaient
04:08 très catholiques fervents et aussi des prêtres et confesseurs et même des martyrs qui m'avaient
04:21 influencé et m'avaient enseigné la foi catholique.
04:27 Alors, y a-t-il un élément déclencheur de votre vocation sacerdotale ?
04:32 Je pense à l'influence de ces prêtres et confesseurs que j'avais connus pendant la persécution
04:41 de l'église et le bon Dieu m'avait donné la vocation.
04:48 Je pense que la source de la vocation est l'exemple de ces prêtres, confesseurs de la foi et
04:59 la famille où j'ai pu connaître et vivre la foi catholique.
05:07 Dans quel contexte êtes-vous devenu évêque auxiliaire d'Astana ?
05:12 Donc, j'ai été envoyé au Kazakhstan pour aider à la formation sacerdotale dans la
05:22 ville de Karaganda, par l'évêque de Karaganda. J'étais avant à Rome, dans la direction
05:34 générale de ma congrégation des chanoines réguliers de la Sainte Croix.
05:40 Et puis, après cinq ans, j'étais le directeur spirituel du séminaire et puis aussi curé
05:51 de divers parois missionnaires. Et le pape Bénévole 16 m'avait nommé en 2006
06:01 évêque auxiliaire du diocèse de Karaganda pour aider l'évêque dans l'œuvre missionnaire.
06:10 Alors, vous êtes aujourd'hui évêque. Quels sont pour vous les modèles d'évêque
06:16 qui, un petit peu, vous guident dans votre responsabilité épiscopale ?
06:22 Bien sûr, le patron, mon patron, Saint Athanas, que je porte le nom, mais ce nom Athanas,
06:31 je n'ai pas choisi moi-même. Il était donné quand j'ai entré dans la congrégation.
06:42 Et puis, pendant la profession religieuse, j'ai reçu le nom Athanas. Ce n'était pas
06:53 ma décision, les supérieurs m'ont donné ce nom. Et puis, quand j'ai devenu évêque,
07:02 j'ai compris davantage le sens, la signification de ce nom, de ce patron que j'ai choisi.
07:13 Alors, pouvez-vous justement nous en dire un peu plus pour nos téléspectateurs
07:16 qui ne savent peut-être pas précisément qui est Saint Athanas ?
07:19 Saint Athanas était un grand évêque pendant une crise très profonde de l'Église
07:29 au IVe siècle. C'était la crise de l'arianisme. C'était une hérésie qui avait nié la divinité
07:41 de Jésus-Christ, notre Seigneur. Et ainsi nier, enfin, le mystère de la Sainte Trinité.
07:52 Et cette hérésie a affecté, pénétré toute l'Église au IVe siècle. Presque tous les évêques,
08:05 avec quelques exceptions, ont accepté la nouveauté hérétique. Et Saint Athanas était parmi
08:20 des peux évêques qui ont conservé la pureté de la foi, qui ont défendu la foi.
08:32 C'était Saint Athanas, Saint Basile par exemple, Saint Hilaire de Boatier, Grégoire de Nazience,
08:41 très peu, mais quand même, ils ont défendu la foi. Et Saint Athanas, pour cette raison,
08:51 de sa fidélité et sa défense courageuse de la foi, il a été plusieurs fois exilé, persécuté,
09:04 même dedans l'Église. Pas par des ennemis de l'Église, pas par des autres évêques,
09:16 même une fois, il était excommunié par le pape même, parce qu'il n'avait pas fait
09:24 les compromis dans la foi. Il n'a pas accepté la collaboration avec des évêques hérétiques
09:35 dans Rion, parce que le pape l'avait demandé en obéissance de faire la paix avec des évêques
09:45 ambiguës, hérétiques. Et Saint Athanas s'est refusé, pour cette raison, il a été même
09:52 excommunié, donc marginalisé. Mais après, l'Église l'a reconnu comme un des plus
10:02 grands évêques de toute l'histoire de l'Église. Et donc, c'est mon exemple,
10:09 évident, parce que je porte le nom de Saint Athanas. Et puis, des autres évêques, spécialement,
10:20 je suis... J'aime beaucoup, j'estime les figures des évêques qui ont vécu des situations
10:34 difficiles et ont courageusement défendu la foi de l'Église. Et le zèle apostolique
10:45 aussi, donc Saint Athanas est un bon exemple. Et puis, Saint François de Sales, qui a aussi
10:56 défendu la foi catholique, il a converti même toute une région de Chablis au catholicisme.
11:04 Il a répandu la pureté de la foi avec la méthode, la vérité avec la charité. Donc,
11:15 c'est un bon exemple d'un évêque. Puis, un autre évêque, qui n'est pas canonisé,
11:23 mais qui m'avait ordonné prêtre au Brésil. J'ai étudié la théologie au Brésil, parce
11:30 que j'ai été envoyé pour ma congrégation au Brésil pour aider un évêque très bon,
11:39 exemplaire, pendant la crise de la théologie de la libération dans les années quatre-vingts,
11:48 quatre-vingt-dix. Et donc, cet évêque, le nom était Monseigneur Manuel Pestana, de
11:59 diocèse d'Anapolis, au centre Brésil. Donc, il a essayé de défendre la foi catholique
12:08 contre l'hérésie de la théologie de la libération, qui était basiquement une forme
12:16 de socialisme communiste. Et puis, il avait donné un bon exemple de la fidélité, de
12:25 la foi, de courage. Et le zèle apostolique, il était un évêque saint, je le considère,
12:37 Monseigneur Pestana, il m'avait ordonné prêtre. Donc, il reste pour moi aussi un
12:44 exemple. – Alors, dans votre ouvrage "Christus Vincit", vous consacrez une bonne partie
12:50 de ce travail à analyser les causes et les origines de la crise contemporaine, crise
12:55 de la société, crise de l'Église. Quelles sont, selon vous, les origines et les causes
13:01 de cette crise que nous vivons ? – Donc, les causes de la crise de la vie sociale,
13:10 de la politique, de la société, ont commencé par un mouvement qu'on peut appeler "anthropocentrisme",
13:23 de mettre l'homme au centre et écarter Dieu, ou mettre Dieu de la place seconde.
13:34 Et ces mouvements ont commencé dans la période de la Renaissance, l'humanisme, et puis,
13:47 de nouveau, s'est manifesté d'une manière éclatante pendant la Révolution française,
13:57 tout ce l'esprit contre-Christ. Donc, ces mouvements ont commencé avec l'esprit qu'on
14:11 appelle l'humanisme, où l'homme est considéré comme la mesure de la vérité, de la morale,
14:24 et pas Dieu. Donc, c'est la mort de la société, parce que nous serons seulement en paix et
14:39 nous aurons seulement le bonheur quand nous vivons selon les commandements de Dieu, et
14:50 quand l'humanité et nous-mêmes nous mettrons Dieu au centre de notre vie et de la société.
14:58 Et donc, nous avons eu toutes les conséquences d'une société sans Dieu, d'une société
15:05 anthropocentrique, séculaire ici. Nous avons vu ces conséquences dans la dictature, la
15:17 terreur. Le premier exemple est le terror de la Révolution française, et puis, le
15:28 terror du communisme soviétique, la Révolution communiste a occupé et pénétré l'Europe
15:38 orientale, est devenue une société athée, sans Dieu. Plein de camps de concentration,
15:50 de prison, c'était une manifestation d'une société sans Dieu. Le totalitarisme, et
16:02 puis, le nazisme. Et maintenant, nous avons une nouvelle dictature vraie, qui s'appelle
16:13 du genre, et maintenant, cette nouvelle dictature qui s'établit presque dans tout le monde
16:27 occidental, essaie d'imposer à tous une dictature absurde, bizarre, contre la raison,
16:40 contre la dignité humaine, et nous devons être très conscients de ces conséquences
16:50 désastreuses d'une vie sans Dieu. Alors vous avez écrit un livre sur la messe catholique,
16:58 la messe catholique, remettre Dieu au centre de la liturgie, pourquoi avoir traité ce sujet?
17:03 Parce que la liturgie, le culte divin, est le centre même de la vie de l'Église,
17:12 et c'est la fin dernière, ultime de notre existence. Dieu nous a créés pour le louange
17:26 de Dieu, pour le adorer, glorifier, c'est notre vocation, notre mission, notre raison
17:35 d'être comme créature, toute la création, le sens de la création et la adoration de
17:45 Dieu, donc. Et même l'Église a la première tâche d'adorer Dieu, et c'est notre Seigneur
17:56 Jésus-Christ qui est venu s'incarner pour nous révéler, pour nous montrer cette voie,
18:06 cette mission d'adorer, glorifier Dieu. Il a la fait pour son sacrifice de la croix,
18:18 il a glorifié Dieu. Il nous a sauvés, c'est le même. Et ainsi, la liturgie est un signe
18:33 concret qui nous révèle la santé spirituelle de l'Église dans une certaine période,
18:43 et nous pouvons aujourd'hui tous constater et voir la grande crise de l'Église qui
18:53 se manifeste essentiellement dans la liturgie. Et la caractéristique plus profonde de la
19:06 crise de l'Église et de la liturgie est que, de nouveau, on met l'homme au centre
19:14 de la liturgie, pas Christ. Donc, c'est la maladie spirituelle de la vie liturgique
19:22 de l'Église et de toute la vie de l'Église. Nous avons écarté, nous avons marginalisé
19:31 Christ pendant la célébration de la liturgie. La liturgie est devenue anthropocentrique.
19:39 Et donc, pour cette raison, il est nécessaire de rappeler de nouveau notre mission de l'Église,
19:49 la première mission, première, de glorifier Dieu, de mettre Dieu toujours à la première
19:57 place, au centre. Et de cette vie concentrée autour du centre de Dieu, puis découle la
20:11 mission de l'évangélisation, la proclamation d'évangile et de la vérité révélée de Christ.
20:20 Alors, vous êtes amené à vous déplacer dans le monde entier au travers de tous ces
20:25 contacts. Quelle est votre vision de la situation de l'Église aujourd'hui ?
20:29 Oui, je peux voir que la crise, maintenant, est devenue plus répandue dans l'Église,
20:39 davantage la confusion doctrinale de la doctrine, et puis aussi la crise liturgique dans les
20:50 paroisses dites normales. Mais en même temps, je peux observer que le Saint-Esprit aussi
21:04 opère dans l'Église, dans les communautés dites de la liturgie traditionnelle. Même
21:16 si aujourd'hui, malheureusement, le Saint-Siège, le pape François, a commencé à persécuter
21:25 de cette forme, d'une certaine sorte, la messe traditionnelle, la liturgie traditionnelle,
21:32 quand même, en dépit de ce fait, je pouvais constater, observer que la messe traditionnelle
21:41 augmente dans tout le monde que j'ai visité, et spécialement parmi les jeunes gens, parmi
21:51 les familles jeunes, et les enfants, la jeunesse, aiment cette forme de prière, de la glorification
22:04 de Dieu, et c'est un signe d'espoir.
22:07 – Alors justement, suite au motu proprio traditionnis custodes dont vous venez de parler
22:14 de manière implicite, qui vise à la suppression de la célébration de la messe romaine traditionnelle,
22:20 quelles sont les responsabilités et les droits des laïcs par rapport à un texte de cette nature ?
22:27 – Oui, je pense que les fidèles laïcs ont un droit d'avoir cette forme de la messe,
22:39 parce que cette forme était la forme de prière pendant un mois, un millénaire, un âge millénaire.
22:51 Ce n'est pas la messe dite tridentine, la même forme de la messe était déjà avant
23:00 le Concile des Trente, et presque tous les saints que nous connaissons ont vécu avec
23:10 cette forme de la messe, avec cette forme de la prière.
23:13 Donc cette forme de la liturgie, ou forme de la prière, est très vénérable à cause
23:23 de l'âge millénaire, à cause de l'usage millénaire, et à cause des saints qui ont vécu
23:36 et ont eu la force spirituelle dans cette liturgie, et aussi dans un centre qui nous a transmis
23:51 cette forme de liturgie.
23:53 Pour cette raison, les fidèles ont le droit et doivent dire avec tout le respect au pape
24:02 et à son père, "Laissez-nous cette forme vénérable", parce qu'il a produit beaucoup
24:10 de fruits pendant une période millénaire, et laissez-nous cette chose qui était très
24:19 vénérable et très sainte, et très fructueuse spirituellement.
24:25 Par exemple, nous avons la formule de symbole apostolique, et nous prions en commencement
24:35 de chapelet.
24:37 C'est la formule, une forme de prière très ancienne, très ancienne et très vénérable.
24:44 Donc le pape n'a pas le droit de supprimer, par exemple, la formule de symbole de la foi,
24:55 et de la substituer par une nouvelle formule.
24:59 C'était un abus du pouvoir, parce que c'était à cause de l'âge vénérable,
25:08 cette formule de la prière.
25:10 Et la même chose, on peut appliquer à la formule de la messe.
25:16 C'est aussi une prière.
25:18 L'actualité de l'Église aujourd'hui, c'est le synode des évêques sur la synodalité,
25:25 avec une nouveauté, c'est qu'à ce synode des évêques, il n'y aura pas que des évêques,
25:30 il y aura également des laïcs qui auront droit de vote.
25:33 Qu'est-ce que cela évoque pour vous ?
25:35 C'est une nouveauté radicale, il n'y a eu jamais dans l'histoire de l'Église,
25:43 cette chose que les laïcs aient le droit de vote, le même, avec les évêques,
25:53 avec l'hierarchie de l'Église.
25:55 Donc c'est une confusion de mettre au même niveau les laïcs et la hiérarchie.
26:05 C'est quasiment une vision protestante.
26:09 Donc la différence devait être visible de l'Église enseignante,
26:17 le magistère qui est les évêques, et les fidèles, laïcs.
26:24 Bien sûr, on peut consulter l'avis des laïcs,
26:30 mais laïcs qui ont les qualités spirituelles, théologiques,
26:36 et pas quelqu'un de laïc, mais il faut avoir des laïcs qui ont de la qualité spirituelle et théologique.
26:46 Donc seulement une consultation, mais pas des données,
26:55 le droit formel des votes, le même comme des évêques.
27:01 C'est une grande confusion et semble plus à la forme protestante.
27:12 Enfin, que conseilleriez-vous à un jeune homme pensant avoir la vocation sacerdotale
27:20 et souhaitant pouvoir célébrer la messe romaine traditionnelle ?
27:25 Aujourd'hui, la messe traditionnelle romaine, le droit à cette messe,
27:33 est dans les instituts religieux qui ont la permission de Rome, encore,
27:46 de célébrer cette forme de la messe.
27:49 Donc il n'y a pas de possibilité dans le diocèse pour un jeune prêtre, un séménariste,
27:58 de célébrer cette messe après le motopropre Traditionus Custodus du pape François.
28:06 Donc il reste seulement la possibilité des séminaires, des instituts religieux
28:14 qui ont encore le droit à cette messe traditionnelle.
28:20 Donc c'était pour l'instant l'unique possibilité réelle.
28:28 Merci beaucoup Monseigneur de toutes ces précisions.
28:31 Donc je renvoie nos téléspectateurs aux deux ouvrages de Monseigneur Athanasius Schneider,
28:36 des entretiens avec Diane Montagna, recommandations des carninaux Burke et Sarah,
28:41 donc Christus Vincit, le triomphe du Christ sur les ténèbres de notre temps,
28:45 et puis la messe catholique, remettre Dieu au centre de la liturgie.
28:50 Merci beaucoup Monseigneur.
28:52 Merci beaucoup.
28:53 [Musique]

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