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Chaque matin, Vincent Hervouet nous livre son regard sur l'actualité internationale. Ce lundi, il revient sur les événements qui ont secoué la Russie et inquiété le monde ce week-end.

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Transcription
00:00 - Allez, à tout de suite. Mais d'abord, l'édito international sur Europe. Bonjour Vincent Herouet !
00:04 - Mais bonjour Dimitri Pavlenko !
00:06 - Bon Vincent, ce matin, on se le dit tous, décidément, on ne comprend rien à la Russie. Qu'est-ce qui se passe ?
00:12 - Bah écoutez, ceux qui prétendent savoir ce qui s'est passé en Russie ce week-end,
00:15 sont des naïfs, des menteurs ou des marchands d'illusions, et parfois les trois à la fois,
00:20 sauf s'ils travaillent à Washington, au cœur des services de renseignement qui étaient au courant depuis 15 jours
00:27 des projets d'Evgeny Prigojine. Les Américains tiennent systématiquement à faire savoir qu'ils lisent à livre ouvert
00:34 dans les manigances du Kremlin, cette bonne guerre, comme ils avaient sonné le toxin avant l'invasion de l'Ukraine,
00:40 alors que tous les experts en doutaient. On est bien forcés de les croire, la rébellion des centurions,
00:46 leur chevauchée vers Moscou, était donc préparée de longue date.
00:50 - Et ils ont sidéré le monde entier.
00:53 - Et pas trop les Russes, qui sont restés totalement apathiques, les Moscovites ne se sont pas rués dans les magasins
00:59 pour faire des provisions, les habitants de Rostov n'avaient pas l'air terrorisés, c'est la première leçon du week-end.
01:06 Le monde entier retient son souffle en se demandant s'il assiste au début d'une guerre civile,
01:11 mais les Russes s'y prêtent à peine attention. Les Russes ne sont pas des Américains qui parlent russe,
01:18 ils pensent en cyrillique, ils nous restent incompréhensibles. Normalement, la marche sur Moscou de Prigogine aurait dû
01:25 se terminer comme toutes les révoltes de mercenaires, de Spartacus à Bob Denard, le sang coule,
01:32 le rapport de force décide du résultat. Prigogine n'a obtenu aucun ralliement, aucun soutien,
01:39 à part quelques applaudissements soigneusement mis en scène au moment où il abandonnait la partie.
01:44 Son coup de poker finit en coup de théâtre, la retraite de Biélorussie, dont il a négocié les termes directement avec Vladimir Poutine.
01:52 Le traître méritait double ration de polonium, un chien de guerre retrouve sa niche après avoir mordu son maître,
02:00 à l'Ouest, on reste stupéfait et on cache son soulagement.
02:05 – Ça, c'est la deuxième leçon du week-end, Vincent.
02:07 – Oui, parce que depuis les 16 mois, les Occidentaux affrontent Vladimir Poutine par ukrainien interposé
02:13 et prétendent même le juger pour crime de guerre, mais au moment où la statue vacille,
02:18 ils se demandent soudain s'ils vont gagner au change, ils réalisent que le tsar est seul, son pouvoir lézardé,
02:24 et ils se demandent s'il ne vaut pas mieux garder un vieux diable qu'ils connaissent
02:29 plutôt que de miser sur le chaos et les ultras prêts à tout.
02:33 Le coup d'État a tourné court, ça ne veut pas dire qu'il n'y a plus de d'État,
02:37 ceux qui disent Poutine aux abois sont les mêmes qui le donnaient à l'agonie l'an dernier,
02:42 à l'intérieur son autorité, déjà entamée par cette guerre désastreuse, est un peu plus dégradée,
02:47 à l'extérieur sa réputation auprès de ses amis autocrates, notamment africains, est entachée,
02:54 il sera tenté évidemment de la restaurer cette autorité.
02:58 Ce matin, Poutine a disparu dans les entrailles du Kremlin,
03:01 comme Prigojine a disparu des radars, les deux aussi silencieux qu'une tombe sous la neige,
03:07 un prédateur blessé est d'autant plus dangereux, il faut s'attendre à des purges, à de nouveaux complots,
03:14 le feuilleton ne fait que commencer et un week-end ne suffit pas à lire un roman russe comme chacun le sait.
03:20 Voilà, 40 ans d'expérience des relations internationales, c'est signé Vincent Herouet,
03:25 merci de votre sagesse mon cher Vincent.

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