• l’année dernière
Mercredi 28 juin 2023, SMART IMPACT reçoit Amancio Sampaio (Ancien PDG, Consultant en stratégie d'entreprise)

Category

🗞
News
Transcription
00:00 [Musique]
00:04 Le tour du monde d'Amancio Sampaio. Bonjour Amancio.
00:07 Bonjour Thomas.
00:08 Bienvenue, heureux de vous retrouver sur ce plateau.
00:10 Vous êtes consultant en stratégie d'entreprise.
00:12 Vous partagez avec nous votre expérience d'ancien PDG pour décortiquer les mutations de nos modes de consommation.
00:18 Alors, on va parler de viande aujourd'hui et on commence peut-être par un constat sur l'impact de l'industrie agroalimentaire.
00:25 Oui, l'industrie agroalimentaire, comme on le sait, elle est vitale.
00:29 Par contre, elle a un grand impact environnemental.
00:32 C'est environ 25% de toutes les émissions de gaz à effet de serre.
00:36 C'est la moitié de la surface habitable de la planète.
00:40 Donc, on voit la dimension de l'impact et il faut absolument, donc il y a urgence,
00:45 de travailler d'un côté sur la production, la transformation, la logistique de l'industrie alimentaire
00:52 et aussi sur l'évolution des habitudes alimentaires pour réduire l'impact environnemental
00:57 en même temps qu'on peut assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la population de la planète.
01:03 Alors, quels sont les produits alimentaires qui ont le plus d'impact carbone, les plus émetteurs ?
01:08 Vous n'allez pas me surprendre.
01:10 Quand on parle de l'impact de l'industrie alimentaire, les clairs vrais méchants de l'histoire, c'est la viande et les produits laitiers.
01:18 Et pour cause, parce qu'à eux seuls, c'est 15% de toutes les émissions de gaz à effet de serre,
01:24 c'est 60% des émissions de toute l'industrie alimentaire, ça correspond à 3 milliards de tonnes de CO2 par année.
01:34 Pour regarder de notre perspective, une vache, elle produit l'équivalent à 3 tonnes de CO2 par année
01:42 ou environ 500 litres de méthane par jour.
01:46 Donc en plus de ça, il y a l'utilisation de terrain, de l'eau, de fertilisants, de produits agricoles,
01:52 de soins médicaux, véténaires, qui fait qu'il a un impact, il est très significatif.
01:58 Et à l'inverse, si on regarde les aliments à base de plantes, à quel point leur impact est plus faible ?
02:03 On peut dire, en fait, les études vont dire que les produits alimentaires à base de plantes,
02:08 ça correspond à environ 10 à 50 fois inférieur à la viande.
02:14 Donc c'est significatif, c'est pour ça qu'il faut faire évoluer les habitudes alimentaires.
02:19 Nous avons discuté lors d'autres chroniques aussi, l'évolution de l'industrie agroalimentaire
02:24 pour donner des alternatives crédibles aux produits laitiers et à la viande.
02:30 Par contre, en revanche, et maintenant juste en avant la saison estivale des barbecues,
02:35 c'est que je voulais vous proposer des traités aujourd'hui, Thomas.
02:39 Est-ce que c'est possible de réduire l'impact environnemental de la filière de la viande ?
02:46 Et pourquoi ? Parce que la demande, elle est toujours croissance, malgré tout ce qu'on vient de discuter.
02:52 Et je crois que cette demande, elle va continuer de soutenir dans plusieurs années à venir.
02:57 Oui, la demande, elle existera longtemps. Il y a encore des décennies de consommation de viande devant nous.
03:02 Donc la question, c'est la réduction de l'impact de la filière. Est-ce que c'est possible de réduire cet impact ?
03:07 La réponse est oui. Il n'y a pas de fatalité là-dessus.
03:11 Il est possible de travailler sur la façon comment la viande, elle, est produite
03:17 et aussi avec l'utilisation des nouvelles technologies.
03:20 Tout d'abord, on peut travailler sur la productivité et l'efficacité de l'opération
03:24 en optimisant les terrains qui sont utilisés, en améliorant les soins vétérinaires
03:31 et aussi en travaillant sur l'efficacité de l'alimentation pour que les aliments de bétail soient mieux digérables
03:38 ou bien avec une amélioration qualitative du pâturage.
03:44 Ensuite, il y a l'optimisation de la gestion du fumier,
03:50 que ce soit pour compenser une réduction de l'utilisation de fertilisants ou bien dans la production du biogaz.
03:59 Est-ce qu'on peut aider, puisque le constat que vous faisiez sur une vache qui génère 500 litres de méthane par jour,
04:05 est-ce qu'on peut les aider à émettre moins de méthane ?
04:09 Aujourd'hui, il y a déjà des technologies avec des inhibiteurs qui vont réduire la production de méthane
04:18 qui est produit dans la digestion de ces ruminants.
04:22 Et ça donne quoi ces inhibiteurs ?
04:25 Ces inhibiteurs peuvent, selon les études disponibles aujourd'hui, avoir des réductions de 20% jusqu'à 98% des réductions de la production de méthane.
04:35 Est-ce qu'il y a un impact sur la santé ? Parce qu'on n'a pas parlé de bien-être animal encore.
04:39 Absolument, ça c'est l'épandant en fait. Il faut avoir la réduction de méthane et assurer aussi la santé animale,
04:45 parce que c'est par conséquent que c'est la santé humaine, et aussi la productivité parce qu'il y a toujours l'équation économique derrière ça.
04:51 Donc vous nous dites des réductions de 20% à 98%, moi ça me semble très étonnant.
04:54 Est-ce qu'on peut donner des exemples d'entreprises qui travaillent déjà là-dessus ?
04:57 Oui bien sûr, je crois qu'on peut montrer déjà une solution qui est bien établie,
05:02 que c'est un inhibiteur qui s'appelle Bovaheer de la société néerlandaise DSM,
05:08 qui en fait, il va supprimer une enzyme qui est dans l'estomac de la vache et qui permet la création de méthane.
05:14 Donc ça réduit la création de méthane dans la digestion, avec des réductions estimées entre 30 et 45% de méthane.
05:22 Ce produit, il est déjà bien validé scientifiquement, il est approuvé pour utilisation,
05:29 il est déjà utilisé dans la communauté européenne et dans plusieurs autres pays.
05:33 Donc il y a eu une autorisation de mise sur le marché sur ce produit-là déjà ?
05:36 Voilà absolument, il est déjà en marche et il y a d'autres.
05:39 Il y a par exemple aussi, c'est intéressant de montrer qu'il y a un vrai engouement de l'industrie aussi,
05:45 de trouver des solutions pour la filière.
05:48 Un autre supplément alimentaire a été développé par une start-up suédoise,
05:53 pour mentionner quelque chose d'un peu plus différent, qui s'appelle Volta Green Tech.
05:59 Et c'est là, selon les résultats d'études préliminaires, ça montre des réductions qui vont jusqu'à 90%.
06:07 Toujours des émissions de méthane ?
06:09 Toujours des émissions de méthane, oui, des réductions, et ça utilise des algues ruges pour ce produit.
06:15 Ce qui est intéressant, c'est que cet inhibiteur a été utilisé déjà dans une échelle de tests de marché,
06:22 en collaboration avec une entreprise qui s'appelle Protos, une industrie alimentaire,
06:30 avec la chaîne de supermarché à Coop, et ils ont mis à commercialisation une marque de viande,
06:36 qui utilisait ce supplément alimentaire, qui s'appelle Lomé,
06:41 qui est une abréation pour l'eau en méthane, ou c'est-à-dire bas en méthane.
06:45 Donc on peut déjà, en Suède, consommer de la viande l'eau méthane ?
06:49 Voilà, et c'est intéressant, parce que ça donne un critère objectif pour les consommateurs,
06:54 d'identifier et de choisir une viande qui a un impact positif.
06:59 Donc vous nous dites que les solutions existent, maintenant la question c'est
07:05 comment inciter les producteurs, les éleveurs de bovins à basculer vers ce modèle-là ?
07:11 Oui, ça c'est une bonne question. Je crois qu'in piste, en général,
07:16 toutes les industries ont chaque fois plus d'obligations accrues,
07:20 de transparence dans leur impact environnemental.
07:23 Et ce qui va se passer, c'est que les entreprises qui achètent et qui revendent de la viande,
07:28 parfois ce sont des géants multinationales,
07:32 ce qu'ils vont avoir, ce n'est pas seulement de montrer la transparence sur leur empreinte carbone,
07:38 mais aussi sur toute leur chaîne d'approvisionnement.
07:42 Et c'est là où, lors de la négociation de contrats avec leurs fournisseurs,
07:46 ils vont devoir de plus en plus encourager les producteurs à migrer
07:51 à des pratiques qui ont moins d'impact environnemental,
07:55 sous peine sinon d'avoir leur contrat substitué par un autre concurrent
07:59 qui a une empreinte moins importante.
08:02 C'est-à-dire qu'il va falloir vraiment faire attention
08:05 à quels sont les moyens de financement pour les producteurs
08:09 de faire cette transformation en virtueuse,
08:12 parce que déjà les producteurs de viande travaillent en général
08:15 avec des marges déjà bien compressées.
08:18 Donc là, on est dans le scope 3, ce que vous nous décrivez.
08:20 C'est vraiment ça, c'est des géants de l'industrie agrémentaire
08:23 qui ont déjà fait des efforts sur leur scope 1 et 2,
08:26 qui vont devoir, ou qui en font déjà sur le scope 3,
08:29 et qui vont inciter les producteurs à aller vers ce type de solution.
08:33 C'est ça que c'est très intéressant, c'est là où le gouvernement a vraiment un rôle à jouer.
08:37 On voit la SEC aux Etats-Unis qui a déjà implémenté certaines règles
08:42 qui vont être valables aussi au niveau européen.
08:45 C'est-à-dire qu'on a un cadre de transparence de son impact environnemental.
08:49 Donc aujourd'hui aussi, les investisseurs et les marchés vont regarder
08:52 pas seulement la génération des profits, la santé financière,
08:56 mais aussi l'impact environnemental.
08:58 Et c'est là que ça met une pression, d'abord dans les industries,
09:01 et ensuite, justement avec le scope 2 et 3,
09:03 d'y aller dans toute sa chaîne d'approvisionnement.
09:05 Vous mangez de la viande ?
09:06 Oui, toujours, mais modérément.
09:08 Moins qu'avant, on est dans le même cas.
09:10 Merci beaucoup, Amon Dior, c'était passionnant de partager
09:13 votre expérience pendant toute cette saison.
09:15 Et à très vite sur notre antenne et dans ce Smart Impact.
09:18 On passe à notre débat, un binôme d'entrepreneurs pour la planète.
09:22 Je vous les présente tout de suite.

Recommandations