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Avec Abdelsalem Hitache, Membre de Banlieue+, Militant EELV, ancien adjoint au maire du Blanc Mesnil (93)

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##C_EST_A_LA_UNE-2023-06-29##

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News
Transcription
00:00 - Il est 7h14, la contagion après Nanterre, des violences dans beaucoup de quartiers cette nuit.
00:05 Une marche blanche donc est organisée aujourd'hui à Nanterre.
00:07 Nous sommes avec Abdel Salem Ittache qui est membre de Banlieue Plus,
00:12 ancien adjoint au maire du Blanc-Ménil.
00:14 Bonjour. - Bonjour Patrick Fonger.
00:16 - Merci d'être avec nous.
00:17 Quelles informations vous avez-vous sur ce qui s'est passé cette nuit,
00:20 comme vous êtes en région parisienne ?
00:22 - Alors pour le coup, j'essaie de suivre les réseaux sociaux.
00:26 Vous savez aujourd'hui, tout le monde s'improvise journaliste et chacun filme un petit peu ce qui se passe depuis sa fenêtre.
00:32 Et en effet, sur plusieurs villes, on a des personnes qui utilisent des feux d'artifice, des tirs de mortier.
00:45 Bon, le 14 juillet approchant, j'imagine que c'est très facile de se procurer ce type de...
00:51 - Oui, puis ça circule beaucoup en banlieue. Il y en a effectivement aussi dans les quartiers.
00:55 - Surtout au mois de juillet, enfin à l'approche du 14 juillet.
00:58 Mais en effet, j'ai l'impression que l'histoire bégaye, qu'on se retrouve un petit peu à cette époque
01:06 de la mort de Zia Debouna à Clichy-sous-Bois, qui sont morts électrocutés dans un poste de transformateur électrique,
01:13 et qui avait été poursuivi par la police. Et je ne vais pas vous refaire l'histoire, nous la connaissons tous.
01:18 - Non, non, mais il y a des similitudes avec ce qui s'est passé.
01:22 Aujourd'hui, on dit que c'est plus inflammable encore qu'à l'époque, dans les quartiers.
01:27 - Plus inflammable... J'ai pas la capacité à donner un degré de gravité ou à le minorer.
01:36 Aujourd'hui, il y a une colère sociale qui gronde dans ce pays.
01:40 Je pense évidemment à l'inflation, je pense à cette difficulté aussi lorsque l'on est...
01:45 Vous savez, moi je suis à banlieue plus, on essaye justement d'accompagner des personnes
01:51 qui sont dans le besoin, dans la difficulté, et d'essayer d'apporter un sens et la bonne direction à leur vie.
01:58 Aujourd'hui, on se rend compte que les difficultés s'accumulent dans les quartiers.
02:02 Lorsque l'on a... Alors, on emploie parfois le terme d'ascenseur social,
02:07 mais lorsqu'une personne quitte un quartier, elle est remplacée par une personne très en difficulté.
02:12 Et en fait, on a une pauparisation des quartiers, où justement, les gens qui y habitent sont beaucoup plus en difficulté,
02:19 n'ont pas accès au travail, et voilà, on accumule.
02:24 Je ne veux pas faire une concurrence entre la ruralité et les grands ensembles,
02:28 les dons des difficultés, et évidemment, il ne s'agit pas d'éluder les problèmes de la ruralité.
02:33 Mais aujourd'hui, oui, il est quand même beaucoup plus difficile,
02:37 parce que les difficultés s'accumulent dans ces quartiers, il y a un taux de chômage qui est important.
02:44 Et puis, il y a un divorce parfois, entre certains dans ces quartiers, et la République aussi.
02:52 - Patrick Roger, vous parlez de divorce, mais je tiens à vous rappeler que nous avons eu,
02:56 et vous allez savoir de qui je parle, nous avons eu un ministre de l'Intérieur,
03:00 qui a dit un jour que la police n'avait pas vocation à jouer au football avec les jeunes.
03:05 D'accord ? Vous voyez à qui je fais allusion.
03:07 - Oui, bien sûr, c'est la police de proximité, bien sûr, avec Nicolas Sarkozy à l'époque.
03:11 - Merci. Nicolas Sarkozy justement a détricoté la police de proximité,
03:15 et a retiré ce trait d'union entre la police et les jeunes.
03:19 Et en fait, on a gommé la prévention pour faire que du tout répressif.
03:26 À côté de ça, on s'est retrouvé avec le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux,
03:31 la police en a souffert également, on a eu des commissariats qui ont fermé,
03:35 vous connaissez l'histoire, et en effet, moi j'entends que notre police est en colère,
03:40 qu'elle est en difficulté dans l'exercice de son activité.
03:44 Le but n'est pas de ne pas les accompagner et de ne pas entendre leurs difficultés.
03:49 Évidemment, il y a des difficultés, il y a des difficultés de toutes parts,
03:53 et un président de la République, ça doit aussi savoir composer,
03:56 et pouvoir aider les uns et les autres, et apprendre le vivre ensemble,
04:00 et surtout le faire ensemble.
04:01 Et donc ce trait d'union-là, moi je regrette qu'il n'existe plus.
04:04 Vous savez, moi j'ai fait partie d'un dispositif qui avait été mis en place par le ministère de l'Intérieur,
04:09 donc "Citoyens volontaires", et en fait le but c'était justement de réconcilier
04:15 une partie de la communauté nationale avec la police, essayer de comprendre les difficultés.
04:20 Lorsqu'un jeune se retrouve au commissariat pour,
04:24 parfois une petite chose, le fait d'avoir mal répondu ou autre,
04:28 le but c'était de sensibiliser le jeune, lui expliquer qu'il est dans l'erreur,
04:32 et pouvoir justement lui permettre de rebondir.
04:35 - Est-ce qu'on peut restaurer encore cette confiance entre les policiers et les jeunes ?
04:39 - Vous savez, je suis un grand utopiste, et moi je crois qu'il y a toujours un espoir,
04:44 vous savez, Stabiterrand à l'époque il disait "on a tout essayé",
04:47 moi je pense qu'on n'a pas tout essayé.
04:49 - Qu'est-ce qu'on pourrait essayer alors ? Comment faire ? Parce que pour calmer les choses...
04:53 - Refaire du lien, qu'on puisse aussi entendre les jeunes,
04:58 entendre la difficulté de la police, refaire du lien entre les deux.
05:02 Et vous savez, les matchs de foot, pour reprendre l'expression de Nicolas Sarkozy,
05:08 pouvaient permettre aussi une passerelle, un pont entre ces jeunes et la police,
05:12 et pourquoi pas susciter des vocations pour donner une autre image de la police,
05:16 et se dire finalement "je me vois bien dans le rôle de policier,
05:20 comment est-ce qu'on fait pour intégrer le corps de la police ou de la gendarmerie ?"
05:24 et ainsi de suite, pour que justement on puisse...
05:28 - Les jeunes, d'ailleurs, qui étaient en difficulté d'un point de vue scolaire,
05:34 avaient essayé de renouer un petit peu, par exemple ils s'étaient mis au rugby,
05:38 sans par des actions comme ça qu'on peut essayer aussi de remettre des jeunes
05:43 qui ont peut-être beaucoup de difficulté à se situer, à se trouver,
05:47 parce qu'après on le voit, il était au volant d'une voiture de luxe,
05:52 alors qu'il n'a pas le permis, bien sûr, et face à ça comment faire ?
05:56 - Alors vous parlez du sport, qui a un très bon régulateur social,
06:01 et qui permet justement de se fixer des objectifs sportifs,
06:05 mais également des objectifs sociaux, s'insérer professionnellement,
06:10 avoir le courage de chercher du travail, de se représenter le lendemain,
06:16 même si on a eu 15 refus, vous savez, cette abnégation, ce dépassement de soi,
06:21 que le sport, que ces nobles valeurs qui sont véhiculées par le sport,
06:27 aujourd'hui oui, vous savez en plus je suis parlé à un ancien champion de boxe,
06:31 donc c'est un sujet qui me parle, mais ça n'est pas tout,
06:35 vous avez des jeunes qui veulent excéder aussi dans la culture, dans la musique,
06:39 dans la danse, et le but c'est que chacun puisse se retrouver,
06:45 parce que ces jeunes ont besoin de transcender dans quelque chose,
06:48 que ce soit justement dans la culture, plutôt que dans des choses beaucoup plus extrêmes.
06:52 - Et comment faire aussi pour qu'il y ait d'un côté ce lien et cette confiance de nouveau avec la police,
06:57 c'est ce que vous avez dit, Abdelsalem Ittach, et ça on comprend parfaitement,
07:01 et puis en même temps qu'ils comprennent une forme de fermeté bien sûr,
07:06 pour ne pas faire certains actes quoi.
07:09 - Mais Patrick Roger, il n'est pas question de minorer les choses qui sont répréhensibles,
07:14 nous sommes dans un état de droit, et le droit s'applique.
07:19 La République a le devoir de protéger ses enfants,
07:24 et lorsque l'on a, moi je vais juste revenir si vous permettez, sur l'affaire de Nahel,
07:29 j'ai envie de vous dire, heureusement que ça a été filmé,
07:32 parce qu'il y a certainement eu des erreurs par le passé qui n'ont pas été filmées,
07:36 ou probablement que des personnes ont été dans la même situation,
07:41 et l'affaire n'a pas été à l'avantage de la victime qui est morte à la suite de...
07:49 j'emploierai le terme de bavure, vous me pardonnerez si le mot est excessif.
07:54 - Oui parce qu'on a vu quand même évidemment avec ces images,
07:58 après il y aura une enquête aussi.
08:00 - Il y aura une enquête, évidemment, et moi je respecte la présomption d'innocence,
08:05 laissons faire la justice, et vous savez, nous avons bien une séparation des pouvoirs,
08:09 pouvoir législatif, le pouvoir judiciaire, le pouvoir exécutif,
08:13 et le but c'est de laisser la justice faire.
08:15 Mais les gens ont besoin de voir que la justice marche dans ce pays.
08:20 - Un dernier mot Abdelsalem Hittache, il y a une marche blanche cet après-midi à Nanterre,
08:26 qu'est-ce qu'on peut en attendre, ce sera pour calmer, essayer de calmer les choses,
08:31 ou au contraire d'exprimer en fait une dernière colère ?
08:33 - Oui, d'abord la liberté de manifester est inscrite dans la constitution,
08:37 et toute personne est en droit de le faire à condition qu'il n'y ait pas de troubles à l'ordre public.
08:43 Il y a besoin de justement permettre à la famille d'avoir cette marche,
08:48 et pour qu'il y ait un dialogue qui s'instaure entre la maman et tous ces jeunes qui sont en colère,
08:55 qui sont en colère par les frustrations qu'ils vivent au quotidien,
08:59 et aussi par ce qu'ils ont vu à travers leur smartphone aujourd'hui.
09:03 Vous savez, vous avez des jeunes qui sont très connectés,
09:05 donc parfois l'information est bien avant nous, bien avant vous et moi.
09:09 Et oui, moi, cette marche, j'y suis complètement favorable,
09:13 comme à toutes les marches où justement la famille a ce besoin de se recueillir,
09:19 et justement si on peut passer des messages positifs en expliquant à ces jeunes
09:23 que les services publics qui sont plus près d'eux, ce sont les leurs,
09:27 et que lorsque l'on brûle une mairie annexe, ou un gymnase, ou un collège,
09:32 et bien c'est déjà privé leurs petits frères ou leurs parents de services sociaux.
09:37 Donc évidemment, et je l'ai fait hier sur les réseaux sociaux,
09:42 j'ai tout de suite appelé au calme aux jeunes,
09:46 enfin j'appellerai aussi au calme de la police,
09:49 et qu'on ne se retrouve pas dans une énième bavure,
09:52 ou alors qu'à la suite de Niel qu'il y ait encore une mort,
09:55 et que ça devienne l'escalade, et qu'au final ça ne devienne plus contrôlable.
09:58 - Merci Abdé Salem Hitage de Banlieue+ et ancien adjoint au maire aussi du Blanc-Ménil.
10:05 Merci d'avoir été avec nous ce matin en direct sur Sud Radio.

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