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Le dessinateur publie chez Steinkis, la BD "Le Juif arabe", l'histoire de sa famille en Israël. Il explique ici comment il s'y est pris pour la dessiner, il croque le héros de son enfance, et nous donne les quatre références qui l'ont construit.
ITW : Anne Douhaire
Son et images : Noémie Sudre, et Vincent Godard
Montage : Vincent Godard
Plus de BD : https://www.radiofrance.fr/arts-divertissements/bd-manga/bandes-dessinees
Plus de vidéos : https://www.youtube.com/playlist?list=PL43OynbWaTMLSUzMpmqwuKcJNbTeC5GhD

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Transcription
00:00 Je suis Asaf Raluca et je suis sur France Inter.
00:03 Je vais dessiner les deux personnages principaux du bouquin.
00:07 Un, c'est Abraham, qui est mon arrière-grand-père,
00:10 et l'autre, c'est moi, il y a 20 ans, quand j'étais un peu plus jeune.
00:14 Ce que je dessine d'abord, c'est la façon dont il tient son cœur,
00:20 en position un peu différente,
00:21 parce qu'Abraham, c'est un marchand de tissus,
00:26 donc quelqu'un qui a une famille, il est assez fier.
00:29 Un peu plus responsable.
00:31 Et moi, quand j'avais 20 ans, j'étais un peu perdu,
00:36 donc quelque chose qui est un peu plus faible dans le corps.
00:40 Et puis, le truc important, en fait, c'est qu'ils ont le même visage.
00:43 Abraham, c'est les années 20,
00:46 donc il avait ce chapeau qui était, à l'époque, à la mode.
00:50 Et apparemment, il avait ce veste comme ça,
00:55 mais c'est surtout le Galabia.
00:57 Et puis moi, quand j'étais un peu artiste,
01:01 où je rêvais de devenir quelque chose,
01:03 donc toujours en noir,
01:05 beaucoup plus maigre que maintenant.
01:07 Après, les détails sont moins importants,
01:09 pour moi, c'est plus, je veux trouver la masse qui marche bien.
01:13 Faire l'ancrage, c'est, en fait,
01:17 la chance de corriger toutes les choses qui sont ratées.
01:21 Après, tous les détails, les petites plis,
01:25 tout ça, c'est quelque chose que je fais avec l'ancrage.
01:28 Et voilà comment j'ai dessiné le juif arabe.
01:31 Le juif arabe, c'est une histoire sur la mémoire.
01:36 Un mémoire que j'avais d'un meurtre
01:39 qui s'est passé dans ma famille il y a 100 ans.
01:42 Et essayer de découvrir qui a tué mon arrière-grand-père Abraham.
01:47 Et je voulais vraiment savoir la vérité.
01:49 Et donc, j'ai commencé à faire cette enquête.
01:52 Et ça, c'est le début, en moi, de l'histoire du juif arabe.
01:57 Le héros de mon enfance et le personnage que je dessine
02:02 le plus souvent, c'est bien sûr Batman.
02:06 C'est intéressant de dessiner Batman à cause de son masque,
02:10 parce que les yeux, c'est un peu bizarre.
02:12 On ne se passe pas exactement ce qu'on voit les yeux ou pas.
02:15 C'est nous qui décidons.
02:17 Et il y a une autre chose que j'aime en Batman,
02:19 c'est qu'il faut vraiment comprendre la forme de la tête
02:22 pour que toute cette histoire avec les oreilles marche bien.
02:27 La dernière chose que j'aime bien avec Batman,
02:30 c'est qu'en fait, il est toujours un peu mal rasé.
02:33 Et donc, ça donne un prétexte pour faire tous les petits détails
02:39 qui sont toujours agréables à dessiner.
02:41 J'ai pris l'habitude d'ajouter Batman de lunettes comme la mienne.
02:48 Donc, c'est Batman avec des lunettes.
02:51 Et donc, ça en fait, devient moi comme Batman,
02:55 qui est en fait la rêve d'enfance.
02:58 Finalement, ça n'est pas arrivé.
02:59 Je suis devenu juste quelqu'un de normal,
03:02 mais au moins, je peux dessiner ça.
03:05 Batman, le héros de mon enfance mélangé avec moi.
03:09 Ma première référence, c'est le dessinateur
03:13 alternatif américain Robert Crumb,
03:15 parce que Robert Crumb, en fait, dans son travail,
03:18 montrait pour moi le courage de pouvoir mettre en scène son personnage,
03:24 mais d'une façon qui est un peu ridicule.
03:26 Et je pense que ça m'a donné beaucoup d'inspiration
03:28 à mettre moi-même en scène et faire des comics autobiographiques,
03:33 mais pas comme un héros, mais comme un loser, un hétéro.
03:37 Mon deuxième référence, c'est le dessinateur français Mobius, Jean Giraud.
03:42 Je pense qu'il m'a inspiré de trouver un moyen de dessiner qui était facile,
03:47 mais en même temps, qui était réaliste.
03:50 Il a vraiment inventé, je pense, une méthode de faire
03:53 quelque chose qui est très compliqué, mais présenté d'une façon simple.
03:57 Mon troisième référence, c'est Otomo,
04:00 dessinateur et auteur japonais qui a fait Akira.
04:04 Il y a quelque chose que j'appelle le storytelling kinétique,
04:08 parce que la façon dont il raconte l'histoire
04:12 et arrange les images dans la planche,
04:16 et moi, ce qui m'intéresse vraiment dans la bande dessinée,
04:19 c'est comment on peut manipuler le temps.
04:22 Je pense que c'est vraiment l'art des manipulations du temps,
04:26 le storytelling, la mise en page, plus que le dessin.
04:30 Pour moi, Otomo est vraiment le master du storytelling.
04:34 La quatrième référence, c'est mon père.
04:36 Mon père est très différent de moi.
04:38 Il est ingénieur des avions, en fait.
04:41 Son approche pour la vie, c'est qu'il y a des problèmes
04:44 et il y a des solutions.
04:46 Et moi, comme artiste, je vivais une vie complètement différente,
04:50 parce que c'était toujours autour de ce que je sens,
04:53 ce que je veux faire, j'aime ça, j'aime pas ça.
04:57 Quand on a commencé à travailler sur les Juifs arabes,
05:00 j'ai passé beaucoup plus de temps avec lui, mais en tant qu'adulte.
05:04 J'ai appris, en fait, comment être humble sur des problèmes
05:07 et un peu me mettre à côté et essayer de trouver des solutions.
05:12 Et je suis vraiment, vraiment heureux que j'ai eu cette chance
05:16 de re-rencontrer mon père comme adulte
05:19 et apprendre de lui ça.
05:22 Sous-titrage ST' 501
05:24 ...
05:28 [SILENCE]

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