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Au milieu des années 1990, une secte ayant des ramifications en France, en Suisse et au Québec a fait beaucoup parler d'elle : L'Ordre du Temple solaire (OTS).
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00:00 Cette présentation s'adresse à un public de 16 ans et plus.
00:07 Tout ça prend des allures de plus en plus funestes puisque ce soir, on a découvert
00:22 le corps d'un enfant de quelques mois. Et tout ça succédait à une autre découverte
00:25 spectaculaire, celle des deux corps, des adultes, un homme et une femme, qui seraient
00:29 les parents de ce bébé qui a été retrouvé. Et eux, on les a retrouvés dans une sorte,
00:34 Bernard, de petits réduits, dans un pavillon de ce complexe modulaire qui n'avait pas été
00:38 touché par l'incendie. Ces deux corps portaient des marques de violence d'après ce qu'on
00:42 a pu apprendre. Ce pourraient être des coups de couteau.
00:45 Il y a un médecin légiste qui est sur place. Il constate les blessures et constate dans
00:52 quel état les corps sont. Par la suite, ils sont transportés à la mort. Où là, les
00:57 autopsies vont avoir lieu. Comme enquêteur, il faut qu'on assiste à toutes les autopsies
01:04 qui sont faites. Alors Bernard, la voiture a été retrouvée
01:11 à Mirabel, à l'aéroport de ces gens-là. Et on pense que tout ça accrédite la thèse
01:16 voulant qu'ils aient été ici assassinés, que l'assassin potentiel ait pu fuir alors.
01:20 C'est une boucherie. C'est violent. On n'oublie pas.
01:27 Je vous dirais qu'aujourd'hui, tu leur vois.
01:45 On ne peut pas penser que du monde fait du mal à des enfants.
01:53 On ne peut pas penser que du monde fait du mal à des enfants.
02:01 On ne peut pas penser que du monde fait du mal à des enfants.
02:09 On ne peut pas penser que du monde fait du mal à des enfants.
02:16 On ne peut pas penser que du monde fait du mal à des enfants.
02:23 On ne peut pas penser que du monde fait du mal à des enfants.
02:30 On ne peut pas penser que du monde fait du mal à des enfants.
02:58 Le 5 octobre 1994, évidemment, je ne peux pas ne pas m'en souvenir parce que la date
03:05 allait changer un peu ma vie professionnelle, ma vie tout court.
03:10 Je suis chez moi à Evian et je prends tous les matins le bateau pour rejoindre ma rédaction
03:21 à Lausanne. Puis je prends le métro, je monte jusqu'au journal et je vois tout à coup
03:28 surgir du bout du couloir le rédacteur en chef du journal qui commence et qui arrive
03:32 dans un état d'hystérie complètement phénoménal. "Mais où étais-tu ? Où étais-tu ?
03:37 T'étais où ? J'ai voulu t'appeler. T'étais où ?"
03:40 Il faut savoir que 1994, c'est l'après-histoire. Il n'y a pas de téléphone portable.
03:46 Il n'y a pas d'Internet. Je dis "mais qu'est-ce qui se passe ? Il y a des dingues,
03:51 il y a des fous qui se sont fait péter le caisson." Il me dit "oui, des fous, des
03:56 dingues, une secte apocalyptique, le Temple du Soleil." Il me dit "le Temple du Soleil",
04:00 je me souviens.
04:01 Il me dit "écoute, c'est pas grave, j'ai envoyé une équipe à Salvan, j'ai envoyé
04:14 une équipe à Chéry, toi, tu restes là et tu fais le suivi." En clair, le suivi,
04:20 ça voulait dire "tu fais la merde, tu fais ce que personne ne veut faire." C'est-à-dire
04:23 que j'avais l'équipe de Chéry qui m'appelait pour me dire "ah, on a trouvé un nom, c'est
04:27 tel et tel." L'équipe de Salvan qui m'appelait pour me dire "voilà, il se passe ci, est-ce
04:31 que tu peux te renseigner ? Les sociétés, les trucs, les machins, est-ce que tu peux
04:34 appeler telle personne ?" Dans le jargon journalistique, faire le suivi, c'est faire
04:37 les choses les plus ingrates. Puis sur le coup des 11 heures, si je me souviens bien,
04:41 on entend un flash, une information venant du Québec. "Les corps d'un homme et d'une
04:46 femme entièrement calcinés trouvés hier dans un chalet d'une station de ski au nord
04:50 de Montréal portaient au cou un médaillon sur lequel sont gravées les lettres T et
04:54 S comme ordre du Temple solaire, une secte qui croît à la fin du monde et qui conseille
04:59 à ses membres de s'armer pour préparer l'apocalypse." Pour nous dire que deux corps
05:04 ont été retrouvés au Québec, à Moënites, dans une des villas de la secte et qu'ils
05:09 sont suisses, que c'est un couple de Suisses. On ne sait que ça. J'rigole un peu nerveusement
05:14 et puis je dis "ça, c'est pour moi".
05:16 Je suis avec mon camarade Claude, on a parti à Montréal et on arrive à Mirabel. On loue
05:27 une voiture et on part pour Moënites. Et on se trouve très très vite devant ces fameuses
05:31 maisons circulaires, incendiées. Et puis ce camion de la police avec deux policiers
05:37 québécois, et ils nous informent, vu que nous on tombe de l'avion, qu'on a retrouvé
05:42 en dehors du couple de Suisses qui était l'objet de notre départ, qu'un autre couple
05:46 a été retrouvé sauvagement abattu, on parle de plusieurs coups de couteau, de coups de
05:50 batte de baseball. Et puis surtout, on a retrouvé leur bébé qui a été tué d'un coup en
05:55 plein cœur avec un pieu déposé sur son cœur, enfin comme on tuait les vampires,
06:02 parce qu'il était aux yeux des gourous de la secte, l'antéchrist.
06:07 La mort des Dutoits remonte au 30 septembre.
06:11 M. Anthony et Niki Dutoits ont été assassinés de plusieurs coups de couteau.
06:16 Fait marquant aussi, tous les deux avaient la gorge tranchée.
06:20 Comme toutes les sectes, on se croyait extraordinaire puisqu'on vivait autrement que les autres.
06:35 C'était des fumistes, ils avaient des gens autour d'eux pour faire du maquillage, de tout.
06:47 Et quand même, ce qu'ils nous ont fait, vous ne pouvez pas imaginer ce qu'on voyait dans le sanctuaire.
06:52 Un beau jour qui était un rassemblement spécialement extraordinaire, et bien on a vu les portes
07:03 du sanctuaire s'ouvrir, toujours dans cette pénombre, et on a vu descendre ce Graal.
07:08 On a vu descendre ce Graal, il avait à peu près cette grosseur, mais on l'a vu se matérialiser
07:13 de tout en haut, descendre comme une fumée et se poser sur la chéquina.
07:18 Et là, mais on était tellement bouleversés, on ne pouvait plus avaler notre salive,
07:25 vous ne pouvez pas vous rendre compte.
07:28 Tony Dutoit, il était dévoué à Joe Dumembro, c'était son homme à tout faire.
07:33 C'était un autodidacte, il faisait tout, les vidéos, les effets spéciaux, les épées préparées, c'est lui.
07:40 Il s'occupait de faire des apparitions.
07:42 Tony Dutoit, c'était le responsable des trucages.
07:46 C'est lui qui mettait en scène les miracles qui étaient réalisés lors des cérémonies de l'OTS.
07:55 Mais Tony Dutoit, qui est un peu dégoûté par le comportement de Joe Dumembro,
07:59 menace de tout dévoiler et il quitte la scène.
08:03 Au départ, il trouvait que c'était une bonne chose pour créer de l'émotion,
08:09 pour amener de l'ambiance et à la cause spirituelle.
08:13 À partir de 91, il a réalisé la supercherie.
08:16 Il a réalisé que c'était un côté monétaire, seulement, qui prenait le dessus sur tout ce qu'il pouvait avoir entendu.
08:21 Les aveux de Tony Dutoit ont mené au départ de plusieurs membres de l'OTS.
08:25 Ça l'a mis, les dirigeants, dans une position très inconfortable.
08:28 Ils en voulaient beaucoup à Tony Dutoit.
08:30 Tony Dutoit qui a coupé tous les ponts, presque, avec les dirigeants de l'OTS.
08:34 Il est venu s'installer ici, au Québec.
08:36 Ils ont eu un enfant qu'ils ont nommé Christopher Emmanuel Dutoit.
08:40 Possiblement, en fait, parce que la femme de Tony Dutoit s'était occupée de l'enfant cosmique.
08:45 Elle s'était occupée d'Emmanuel Dumembro.
08:48 Donc, elle va avoir développé un certain lien d'attachement avec elle.
08:51 Et ils ont nommé leur enfant Christopher Emmanuel Dutoit.
08:55 Si nous voulons un corps propre, notre cuisine doit être à son image.
09:00 Surtout quand on pense que l'infiniment petit, un microbe ou un virus, peut détruire l'infiniment grand.
09:08 La petite Nikié, qui était notre cuisinière, c'est celle qui s'est occupée de Doudou, donc l'enfant cosmique, qu'on a tué.
09:17 Tony, bon, c'est horrible de dire ça, mais c'est lui qui a quand même tout fait, les trucages pour le sanctuaire, donc il savait tout.
09:27 Mais Niki, c'était un ange, cette fille, un ange, je vous dis.
09:31 Tout ce qu'elle touchait, elle réussissait, c'était beau.
09:35 C'était une fille d'une douceur, d'une gentillesse, qu'on ait tué comme ça, alors c'est insupportable.
09:41 C'est insupportable.
09:46 Une semaine après le drame, on est parti au Canada, parce que j'enseignais au Canada.
09:50 Et on est reçus par le chef de la police, et il commence à nous expliquer le drame de Morina, en détail.
09:58 J'ai été obligée de sortir pour vomir.
10:02 Il me raconte des détails abominables, quoi.
10:04 Et là, c'est vrai que je sors et je suis anéantie, trop c'est trop, quoi.
10:09 C'est l'horreur, l'horreur totale.
10:12 L'horreur totale.
10:14 Mais quelque part en moi, je ne me dis pas que c'est Julie Monbeau qui a fait ça.
10:20 Je me dis qu'il a payé les gens, ça sûrement.
10:24 Là, on se dit, on est chez les fous, quoi.
10:35 On est chez les fous, on est chez les dingues.
10:37 On ne tue pas un bébé, on ne tue pas un bébé, quoi.
10:39 Les adultes, entre eux, veuillent aller vers un monde meilleur.
10:43 C'est leur choix, c'est leur décision.
10:45 Ils sont en capacité de raisonner, si on enlève encore toute l'entourprise, etc.
10:49 Mais enfin, ils sont quand même en état d'avoir un jugement.
10:51 Mais là, c'est innommable, c'est monstrueux.
10:54 Et même au départ, ces adeptes du temps solaire,
10:59 qui pouvaient nous apparaître comme des originaux,
11:02 sans manger des petites graines, sans croyer aux extraterrestres,
11:05 ça peut un peu nous faire rire.
11:07 Là, ça ne nous fait plus rire du tout.
11:09 Parce que là, on est vraiment dans un degré de sordide
11:12 et de monstruosité qui est rarement atteint.
11:14 Oui, au début des années 90,
11:34 j'étais journaliste au Journal de Québec.
11:37 Je me présente au bureau comme à l'habitude.
11:39 Et là, mon patron me fait venir dans son bureau.
11:41 Il dit « Écoute, on a eu un téléphone du mari de ma collègue Jocelyne Grandmaison.
11:46 Il croyait savoir qu'elle faisait probablement partie des victimes. »
11:50 « … afin de maintenir le niveau actuel de ses opérations.
11:53 Jocelyne Grandmaison à Matane. »
11:55 Mon patron me demande si les gens qui font habituellement ces sujets-là,
11:58 le fait divers, ne sont pas arrivés, ne sont pas là ce matin.
12:01 « Peux-tu travailler un peu là-dessus? »
12:03 « Bon, d'accord. »
12:05 À ce moment-là, le matin, je pense que la Sûreté du Québec
12:08 n'a pas tout de suite confirmé l'identité des personnes décédées.
12:12 J'ai assez rapidement parlé à son conjoint.
12:15 Il n'avait pas eu, lui non plus, la confirmation de la police encore,
12:18 mais il se doutait bien de ce qui s'en venait
12:20 parce qu'il savait évidemment que sa conjointe
12:22 était proche de l'Ordre du Temple solaire.
12:26 C'est la rage au cœur qu'il a accepté de témoigner, mais sans montrer son visage.
12:30 Dans le cas de Joseline, c'était probablement un suicidaire.
12:33 Elle était toujours impliquée dedans, dans un certain niveau,
12:37 mais elle n'était jamais une fanatique comme telle.
12:41 Jocelyne Grandmaison était au Journal de Québec depuis une dizaine d'années à cette époque-là.
12:45 Elle avait couvert principalement les enjeux d'économie.
12:48 Et je dirais honnêtement, c'était pas ma meilleure amie.
12:50 J'avais pas de définités particulières avec elle.
12:52 C'était ma voisine de bureau.
12:54 Donc, je la côtoyais depuis plusieurs années déjà,
12:58 sans rien connaître, ou à peu près, de sa vie privée
13:02 et de ses allégeances à l'OTS.
13:05 Blanc et Indien de la région de Pointe-à-la-Croix et de Restigouche
13:08 affirment que le racisme n'est pas le fait de toute une population vis-à-vis d'une autre.
13:12 Je suis parti pour la Suisse le jour même.
13:15 J'ai juste eu le temps, en après-midi, je pense, de passer à la maison,
13:18 chercher mon passeport et mettre quelques vêtements dans un sac pour partir.
13:23 En plus, j'avais à livrer un texte pour le lendemain.
13:26 Donc, je me refouais, je pense, à l'arrêt au port,
13:29 si ça devait être à Montréal, avant de m'envoler pour la Suisse,
13:32 aller dans une cabine téléphonique,
13:34 puis brancher mon portable dans mes mains.
13:36 Puis là, tu branches les oreilles de caoutchouc du portable
13:39 que tu régles au téléphone, l'Ignaz pour être capable de transmettre le texte.
13:43 Puis ensuite, c'est ça, je suis parti.
13:46 Je suis parti donc le soir même de Montréal.
13:54 En principe, il préférait que ça se passe ici, à Chéry.
13:59 Ah.
14:00 Alors, l'assemblée commence à 11 heures.
14:03 Mais c'est pour conclure l'affaire ou quoi ?
14:06 C'est pour conclure l'affaire.
14:08 Pour rien vous cacher, au départ, c'est effectivement le chaos.
14:13 La première vision de ce qui se passe, c'est terrible.
14:16 On se dit, mais on est pris de vertige, on se dit, mais par quel bout on va commencer ?
14:20 C'est tellement gros.
14:23 J'enlève tout de côté la dimension humaine, parce qu'il y a quand même des morts.
14:27 On ne sait pas comment ils sont morts,
14:30 mais apparemment d'une intervention d'un tiers ou de plusieurs tiers.
14:35 C'est pas gai, mais sur le plan de la scène du crime, elle est extraordinaire.
14:40 On a l'incendie d'un côté, on a des systèmes de mise à feu qui n'ont pas fonctionné.
14:45 Juste là, présent, entre deux corps, des bonbonnes de gaz, des cordes chauffes,
14:51 un système d'électrovanne qui permet d'ouvrir ces bonbonnes de gaz et d'enflammer le tout à distance.
14:57 Il y a des éléments symboliques.
15:01 On ne savait pas encore que c'était un insecte, mais on est confronté à des symboles.
15:05 Et là, ils sont forts.
15:07 Il y a des symboles cosmiques, des symboles planétaires.
15:10 Il y a une salle ronde qui est complétée de miroirs.
15:13 C'est extraordinaire.
15:15 Vous vous mettez dans cette salle ronde, vous regardez,
15:18 et vous avez votre reflet qui se développe à l'infini.
15:21 Et ça donne une impression de puissance et de pouvoir sur le monde.
15:26 C'est assez extraordinaire.
15:28 Lorsque j'interviens sur place, ce qui est frappant aussi,
15:45 c'est l'emplacement des corps qui forment une espèce de marguerite,
15:50 c'est-à-dire des pétales qui sont réunis autour d'un point central.
15:56 On remarque également que ce ne sont pas seulement des corps qui sont posés et qui sont abandonnés.
16:04 On peut voir assez rapidement que des corps ont été tués
16:10 dans un emplacement différent de celui qu'on a récupéré.
16:14 Ils ont été tués dans un endroit et ensuite ils ont été déplacés.
16:17 Il y a un couple, on peut le dire comme ça,
16:22 donc vraiment deux personnes qui sont presque enlacées l'une contre l'autre.
16:26 Ce qui m'a frappé aussi, c'est vraiment des visages avec une peur dans les yeux,
16:33 avec un effroi sur le visage.
16:35 On remarque deux personnes qui ont un sac à ordures autour de la tête,
16:41 qui ont une cordelette qui lie ce sac autour du cou,
16:44 les mains liées autour des poignets,
16:46 et qui étaient encore en vie au moment de la mise du sac autour de la tête.
16:50 Pourquoi ? On voit des traces de morsure.
16:54 Donc ce sont des personnes qui ont un bout de souffle, un bout d'oxygène,
16:59 qui ont essayé d'ouvrir le sac comme ils ont pu,
17:02 en essayant de provoquer un trou, de mâcher le sac, le plastique, pour pouvoir respirer.
17:10 Le tour de la Terre
17:14 Très rapidement sur les lieux, je me rappelle que l'après-midi,
17:20 il y avait déjà des chaînes internationales, françaises, américaines ou japonaises,
17:25 qui étaient sur place, avec des moyens aéronautiques,
17:29 des hélicoptères qui tournoyaient dans le ciel.
17:33 Donc on sent que c'est vraiment un événement important,
17:36 qui a déclenché pas mal d'impulsions globales.
17:41 Selon les policiers, au moins quatre familles du Québec comptent de leurs membres
17:45 parmi les treize cadavres qui ont été formellement identifiés.
17:49 Et tout indique que quatre autres familles comptent aussi des leurs parmi les 35 autres.
17:56 En Suisse.
17:58 T'sais chéri, il faut comprendre, c'est une toute petite bourgade, je vais pas compter,
18:02 mais il devait y avoir quelques dizaines de maisons, mais c'est un petit village agricole.
18:05 On se sent pas au cœur du village, puis on trouve pas grand-chose.
18:08 Ce que j'ai compris, c'est qu'il y avait dans ce petit village-là un seul café ou resto.
18:13 Donc ça devient vite le carrefour où se regroupent tous les journalistes.
18:17 Il y avait plus rien à boire, plus rien à manger,
18:19 tout avait été dévalisé par tous ces visiteurs-là.
18:22 Il y avait tellement de monde qu'à un moment donné, ça circulait à travers les fenêtres.
18:25 Les journalistes rentraient, sortaient par les fenêtres.
18:27 Il y en venait de partout.
18:29 Il y avait plus d'une centaine de journalistes,
18:31 je me souviens de les avoir comptés à un moment donné, qui cherchaient la même chose.
18:34 Tous les journalistes étaient là un peu désœuvrés à espérer aussi obtenir un peu,
18:38 à arracher un peu d'informations à la police suisse,
18:40 qui était beaucoup plus réticente à parler que pouvaient l'être nos policiers ici à l'époque.
18:46 Est-ce que vous confirmez que c'est du suicide?
18:48 C'est un suicide, monsieur.
18:51 Non, je confirme rien du tout.
18:53 Je n'affirme rien, je ne confirme rien.
18:56 Nous attendons le résultat de l'enquête.
19:02 Je suis en train de me préparer pour partir faire une conférence.
19:07 Le sujet, c'est comment agir en cas de catastrophe de masse.
19:14 Je lui ai dit, écoutez, je ne peux pas venir et vous pouvez annoncer,
19:25 c'est une mauvaise blague, que ma présentation sur les catastrophes de masse
19:31 est annulée pour cause de catastrophes de masse.
19:36 On arrive sur place, je vais vers les policiers qui me dirigent vers ces locaux.
19:52 Il s'agissait d'une ferme avec plusieurs bâtiments, donc dépendants.
19:57 Et dans un des grands locales, nous avons installé une salle d'autopsie provisoire,
20:05 c'est-à-dire des plots de ciment posés l'un sur l'autre
20:09 et des grosses planches posées dessus à la bonne hauteur.
20:14 Et nous avons décidé qu'on va faire un examen préliminaire de tous les cadavres.
20:21 C'est que c'est bien, ça marche dans 50-60 ans, ça a taillé en l'air.
20:28 Bon, vous écrivez avec des abréviations, c'est pas comme ça.
20:32 J'ai prévu que les corps seront transportés sur une trentaine de mètres vers les locaux de l'examen.
20:42 Il y avait suffisamment de policiers, ils ont fait un parois composé des agents de police
20:49 et ils ont caché comme ça les corps qui étaient sur les civières.
20:53 D'ailleurs, j'ai donné l'ordre qu'on les couvre.
20:56 Je ne peux pas vous répondre pour la simple raison que nous avons terminé les premières autopsies à midi
21:02 et j'ai pas encore téléphoné au juge.
21:05 Thomas Krompecher, c'est un personnage délicieux, c'est un personnage avec son petit accent phlegmatique,
21:11 c'est une pointure, il a son petit côté sérieux, mais son petit côté fantaisie à la tournesol.
21:17 Il enlève tout le côté sordide en fait quand il parle de sa science.
21:20 Dans ce fornuit officiel de l'Interpol qui sert pour l'identification des victimes de catastrophes,
21:28 c'est ça que nous utilisons.
21:30 On a fait des tas d'imitations entre journalistes de Krompecher,
21:33 on s'amusait à l'imiter parce qu'il avait cette phrase qui revenait tout le temps dans les interviews,
21:38 on disait "non, ils n'ont pas souffert, ils n'ont pas souffert".
21:44 On était au milieu de ces examens quand le nouvel est venu,
21:49 apparemment un événement semblable s'est produit à Salvan.
21:55 Est-ce que vous pouvez venir?
21:57 La radio disait, si vous connaissez quelqu'un qui était dans l'OTS,
22:09 qui demeurait à Grandchur-Salvan ou à Sherry,
22:12 appelez ce numéro-là.
22:14 Quand j'ai entendu ça, je le savais qu'elle restait à Salvan.
22:19 Elle m'avait expliqué ce qu'elle voyait, les montagnes,
22:23 elle me disait que c'était magnifique, c'était super beau.
22:25 J'ai appelé en Suisse et j'ai dit je crois que ma soeur est là.
22:30 Elle était certaine que c'était elle.
22:39 J'étais certaine que je n'entendrai plus ça.
22:46 C'était extrêmement pénible parce que,
22:53 vu que c'est moi qui avais la communication avec la Suisse,
22:56 tout le monde m'appelait chez moi et me disait "t'as-tu vu?"
22:59 Je disais "non, c'est normal".
23:01 Je savais qu'il y avait ses enfants.
23:03 C'était terrible.
23:05 C'était épouvantable.
23:08 C'était une belle femme, ma mère.
23:10 En plus, c'était tout le temps souriant.
23:13 Si j'avais la chance aujourd'hui de la revoir,
23:17 je ferais juste la serrer dans mes bras
23:19 et probablement dire que je l'aime
23:21 parce que je ne me rappelle pas que ce soit elle.
23:24 Au départ, elle nous avait dit qu'elle avait rencontré quelqu'un.
23:29 C'était une nouvelle fréquentation.
23:31 On la présentait un peu comme son nouveau chum, si on peut dire.
23:34 Elle nous avait dit qu'il était médecin,
23:37 qu'il faisait des conférences, des trucs comme ça.
23:40 Elle nous avait demandé si on voulait aller participer
23:43 à une conférence qui avait eu lieu à Saint-Sauveur-Maronite.
23:46 C'était une grosse maison avec un grand terrain jardin
23:49 style château de Versailles,
23:51 avec les escaliers qui descendent de chaque côté.
23:54 C'était quand même...
23:56 Je ne sais pas si on voulait y mettre la gomme
23:58 pour attirer le monde, pour avoir de la prestance.
24:01 C'est là qu'on a rencontré Luc Jouret à ce moment-là.
24:05 Bonsoir. Nous sommes le 25 mars 1988
24:11 au Centre Lafleur, au Mont-Saint-Sauveur,
24:15 dans la province du Québec.
24:17 Le sujet que nous allons aborder ce soir
24:20 a une importance, je dirais, plus que primordiale,
24:24 étant donné que nous sommes tous concernés directement
24:28 par son contenu fondamental.
24:32 Nous allons aborder le thème de la mort.
24:35 - Il ne parlait pas de médecine ou d'homéopathie.
24:38 Pas du tout.
24:40 Ça parlait des étoiles, de Sirius,
24:43 de mes souvenirs.
24:45 - On est sortis, puis on se regardait, on riait.
24:48 On pensait au stédor, à ces affaires-là.
24:50 On se disait, voyons, Dieu-soleil,
24:52 puis des trucs comme ça.
24:54 On trouvait que ça n'avait pas d'allure,
24:56 qu'on avait comme décroché un peu.
24:58 - Est-ce que cette conférence vous laisse quelque chose
25:00 de plus que vous aviez hier?
25:02 - Sûrement, sûrement. Je pense que c'est tout un vaste
25:05 projet de vie que nous propose le Dr Jouret aujourd'hui.
25:09 - Quand on a décidé de ne plus aller aux conférences,
25:12 de ne pas poursuivre pour aller à d'autres conférences
25:15 et continuer dans le groupe,
25:17 les relations se sont coupées de moitié à peu près.
25:20 Je ne sais pas si c'était de la pression qu'elle avait
25:23 ou parce qu'elle sentait qu'on n'était pas intéressé.
25:27 Mais elle continuait quand même d'appeler,
25:30 elle m'envoyait des lettres.
25:32 Des fois, elle m'envoyait des lettres spirituelles.
25:35 Elle me disait d'allumer des chandelles,
25:38 faire un genre de prière.
25:40 Puis à la fin, elle me disait de détruire cette lettre-là
25:43 pour pas qu'il y ait de preuves,
25:45 puis que... de ne pas en parler à personne.
25:52 J'arrive à Salvan, où il y a une scène, je dirais...
25:58 apocalyptique.
26:02 Pour le médecin-légiste, de survivre à long terme,
26:12 il faut faire abstraction.
26:15 J'entre dans la première maison, où il y a une très grande salle.
26:21 Je monte dans les chambres.
26:24 C'est là, le premier événement
26:28 qui fait une brèche sur mon carapace
26:34 quand je vois deux enfants.
26:37 Dans un lit,
26:40 des enfants, maximum dizaines d'années,
26:45 et au-dessus de la tête de ces enfants,
26:49 il y a une feuille faite avec beaucoup de soin,
26:53 telle que les enfants font à l'école.
26:56 Mais sur cette feuille est écrit, dans une croix,
27:00 « Pour notre maître, qui nous guide pas à pas
27:04 sur le grand chemin vers la lumière éternelle. »
27:08 Et c'est là que je réalise l'atrocité de cas
27:16 que je suis en train de vivre,
27:21 et un petit espoir
27:25 pour un non-croyant
27:29 que peut-être ils ont vu la lumière éternelle,
27:34 ces pauvres enfants.
27:44 Je demande aux familles de contacter la police fribourgeoise,
27:49 ceci pour nous donner tous les éléments
27:53 concernant les personnes disparues,
27:57 et ceci pour pouvoir identifier les personnes.
28:01 Il fallait qu'elle soit authentifiée avec l'ADN,
28:04 parce que les corps étaient trop brûlés.
28:06 Avec l'ADN, on va pouvoir savoir
28:09 si c'est bien elle qui l'a brûlée.
28:12 Un soir, la Sûreté du Québec est venue me chercher à l'école
28:15 directement à la fin des classes,
28:17 ils m'attendaient sur le bord de la porte
28:19 quand la cloche a sonné.
28:21 Ils m'ont demandé si je pouvais aller les suivre
28:23 pour avoir une prise de sang,
28:25 pour pouvoir identifier les...
28:27 et s'est tenté d'identifier les derniers corps
28:29 qui restaient là-bas, qui n'avaient pas été identifiés.
28:32 Quelques jours plus tard, mon père m'avait demandé
28:37 d'aller chercher une pinte de lait
28:39 et le journal à Montréal au dépanneur.
28:41 Je me suis déplacé au dépanneur, j'ai pris la pinte de lait.
28:45 Quand je suis arrivé au comptoir,
28:47 les journaux étaient juste en dessous du comptoir, en avant.
28:50 Quand j'ai pris le journal, c'était la face de ma mère
28:52 qui était sûre.
28:55 (soufflement)
28:57 Elle devait savoir en quelque part dans quoi elle s'embarquait,
29:13 mais elle devait pas savoir que ça finirait comme ça, par exemple.
29:16 Elle devait pas savoir l'ampleur de tout ça.
29:18 Mais je suis certaine qu'elle était au courant des...
29:21 Elle était au courant de certaines choses,
29:24 parce qu'elle travaillait à Genève.
29:26 Fait que je le sais qu'elle travaillait avec Luc Jouret,
29:29 elle travaillait avec Dimenbo,
29:31 fait que c'est certain qu'elle savait quelque chose.
29:49 À partir du moment où il y avait deux scènes en Suisse,
29:53 des policiers du Québec ont été désignés immédiatement
29:58 pour se rendre sur les lieux,
30:00 pour être le lien, si vous voulez, entre la Suisse,
30:05 parce qu'au début, c'est sûr qu'on a parlé avec les policiers suisses,
30:09 mais à partir du moment où eux ont leur travail à faire,
30:13 nous, on a décidé d'envoyer des policiers là-bas
30:15 pour faire le lien avec nous ici,
30:18 pour apprendre ce qui s'était passé là-bas,
30:20 comment ça s'était déroulé,
30:22 puis également, eux pouvaient transmettre aux policiers suisses
30:26 la façon dont ça s'était déroulé ici.
30:29 Fait qu'ils ont été le lien, mais en même temps,
30:31 ils ont fait une partie d'enquête là-bas.
30:33 Ils apportaient avec eux beaucoup de bagages,
30:36 notamment des photos et des dossiers dentaires
30:39 afin de faciliter l'identification des victimes.
30:42 Pour établir les similitudes qu'il peut y avoir
30:44 entre les différentes scènes au Québec
30:46 et les scènes qui sont ici en Suisse.
30:49 Jamais depuis 20 ans, la police canadienne
30:51 n'avait été ainsi mobilisée sur une même affaire.
30:53 Depuis une semaine, 120 policiers,
30:56 assistés de médecins et d'experts,
30:58 travaillent en permanence pour tenter de reconstituer
31:00 une chronologie, une logique, un mobile
31:03 susceptible d'expliquer un tel massacre.
31:06 Dans la salle des réceptions, à l'accueil,
31:10 on a retrouvé dans la poubelle
31:13 23 enveloppes en papier allumé,
31:16 23 fermées, avec dedans deux dents de la poudre blanche.
31:21 Les 21 victimes sur 23
31:24 avaient des substances actives dans l'estomac.
31:27 Et ces substances ont été analysées,
31:30 et ce sont des substances qui concernent
31:33 des médicaments de type hypnotique, sédatifs,
31:36 à usage assez fort, pour mettre les différentes victimes
31:40 dans un état de léthargie et de calme
31:43 qui permettait après de passer à l'acte.
31:46 Nous pouvons penser qu'il s'agissait
31:49 d'un suicide collectif et
31:52 d'une exécution pour certains membres.
31:57 Nous pouvons penser aussi qu'il s'agissait
31:59 d'un suicide collectif ou d'une exécution.
32:02 André Pillard, c'est le juge d'instruction
32:04 qui a été chargé de l'enquête en Suisse.
32:07 En Suisse, à l'époque, les juges d'instruction,
32:09 c'était les personnes qui étaient responsables
32:11 des enquêtes criminelles les plus graves,
32:13 des affaires les plus complexes.
32:15 Et ce qui est très particulier dans le cas d'André Pillard,
32:17 c'est que c'est un homme qui aimait beaucoup les caméras.
32:20 De donner un accès aux journalistes à la scène de crime,
32:23 comme peu d'enquêteurs l'auraient fait à l'époque,
32:25 et comme peu d'enquêteurs accepteraient de le faire encore aujourd'hui.
32:29 Le lendemain, le téléphone sonne à ma chambre d'hôtel,
32:32 et c'est la police qui dit que le médecin légiste
32:34 aimerait avoir une confirmation
32:36 pour identifier le corps de ma collègue.
32:39 "Pouvez-vous passer à l'Institut médico-légal?"
32:42 L'information qui avait circulé à l'époque,
32:46 c'était que toutes les victimes de l'OTS à Chéri
32:51 avaient été droguées.
32:53 Et l'information que la police elle-même diffuse à ce moment-là,
32:56 c'est que ce produit-là a pour effet
32:58 que les corps se décomposent beaucoup plus rapidement
33:01 que ce qui se passe habituellement.
33:03 C'est l'information que j'ai.
33:04 Donc, au moment où je me rends à la mort,
33:06 je m'attends au pire.
33:07 On amène le corps de ma collègue qui est sur une civière,
33:14 qui est couvert d'un drap blanc jusqu'au cou.
33:17 La tête est dégagée, puis au premier regard, tout de suite,
33:20 je vois bien que le corps est en bon état.
33:22 Il n'y a pas de traces de décomposition ou autre.
33:25 Alors, ça se passe assez sobrement, très vite, évidemment.
33:30 Je reconnais la collègue.
33:32 Je remarque à peu près ici, il y a un trou de balle.
33:37 Un point noir, en fait.
33:40 On me dit c'est un trou de balle.
33:42 On m'explique qu'elle en a un autre derrière la tête aussi.
33:45 Le nombre total de coups tirés est de 65,
33:50 allant de 1 à 9 coups au maximum par victime.
33:55 On a même pu constater,
33:57 j'estime pouvoir le dire, de l'acharnement.
34:00 Comment expliquer sinon le nombre de coups de feu
34:03 tirés sur une seule victime?
34:05 9 coups dans la tête, c'est un incense.
34:08 Comment autrement expliquer le cumul des morts?
34:13 Suicide, on peut se tirer une balle, éventuellement deux,
34:18 mais pas plus.
34:20 Et qu'après, qu'on met un sac poubelle, qu'on fixe bien,
34:25 et on se donne encore le coup de grâce, ça n'existe pas.
34:32 On était tous sous le choc dans le milieu journalistique,
34:44 ici à Québec, entre autres, notamment,
34:46 tous les journalistes de Québec qui l'avaient côtoyé,
34:49 on était sous le choc.
34:51 Est-ce qu'elle a été abattue?
34:53 Elle a deux balles dans la tête.
34:55 Est-ce qu'elle a été droguée avant et elle a dit
34:57 "Moi, je ne peux pas partir et tuez-moi
34:59 parce que je ne le ferai pas volontairement"?
35:01 Je ne le sais pas, mais je vous dirais que j'en doute beaucoup.
35:04 Pour moi, Jocelyne, c'était une femme intelligente.
35:07 Peut-être qu'elle a été un petit peu intéressée
35:10 par le côté ésotérique de la chose,
35:12 mais Jocelyne était une femme curieuse.
35:15 Normalement, les journalistes, on est aussi dans...
35:18 On doute, on pose des questions.
35:21 La naïveté, ce n'est pas nécessairement notre principale qualité.
35:25 Là, tu te dis comment a-t-elle pu, elle aussi,
35:29 se faire enrôler comme ça.
35:32 Ce qu'on a constaté aussi dans la salle de rédaction,
35:39 c'est que Jocelyne Gramezon, quand elle est partie pour ce voyage-là,
35:42 elle n'a rien laissé qui était dans un état différent de d'habitude.
35:45 Elle avait sur son bureau, un guillemet, le même désordre qu'à l'habitude.
35:49 Il n'y avait pas de note, elle n'a pas fait de ménage,
35:52 rien qui suggérait que pour elle, elle partait pour jamais revenir.
35:56 Là, il n'y a rien qui pouvait indiquer ça.
35:59 Un ou deux petits éléments troublants
36:07 pour au moins l'une des victimes canadiennes de Sherry.
36:10 Cette victime avait pris un billet d'avion allé simple
36:13 et avait rédigé en testament juste avant son départ
36:16 s'il lui arrivait quelque chose en Suisse.
36:18 Évidemment, c'est un élément qui peut conduire à quelques interrogations.
36:22 ♪ ♪ ♪
36:25 Il y avait des points d'interrogation.
36:47 Tout le monde savait dans ma famille,
36:49 les frères et sœurs, que mon père fréquentait des réunions à l'époque.
36:53 Il aimait ça essayer tout le temps d'évoluer, si on veut,
36:57 essayer d'aller voir des nouvelles choses.
36:59 Donc, il a expérimenté des réunions pour voir au niveau spirituel peut-être,
37:06 essayer de largir ses horizons au niveau spirituel.
37:10 J'entends par tradition vous faire comprendre
37:14 qu'il s'agit là d'une transmission particulière
37:18 de la connaissance.
37:20 Mais personne n'aurait jamais pensé qu'il y aurait jusque-là.
37:23 Donc, qu'est-ce qui s'était passé sur tout ce soir-là,
37:26 où c'est arrivé? On n'avait pas les réponses à rien.
37:29 En avez-vous appris un peu plus sur Robert Ostigie,
37:34 ce maire de Richelieu, qui paraît-il être un homme
37:36 qui avait certains moyens financiers, un homme à l'aise?
37:38 Oui, c'était un homme qui lisait beaucoup
37:40 et qui lisait des livrets éthériques et mystiques
37:42 et qu'il était aussi en train d'apprendre l'hébreu.
37:45 C'était un homme qui, cela dit, était très discret
37:47 sur ses croyances. On dit qu'il était très bien dans sa peau,
37:50 qu'il vivait une vie simple. Il était toujours en santé.
37:53 Il disait même que les gens qui étaient malades
37:55 étaient malades parce qu'ils le voulaient.
37:57 Alors, il avait des convictions assez particulières là-dessus.
38:00 Mon père, il était là-bas pour aller rechercher de l'argent.
38:04 Il n'avait aucune mal, envie de se suicider.
38:07 Il était tout à la main dans sa vie.
38:09 Il était même dissocié de ça, à ma connaissance.
38:12 Donc, sur le moment, c'est sûr qu'il y avait un certain malaise.
38:16 Moi, je me sentais mal que les gens pensent ça de mes parents
38:20 qui s'étaient laissés embarquer là-dedans
38:22 et qui s'étaient suicidés. C'est tellement pas le cas.
38:25 La thèse de l'exécution apparaît par ailleurs
38:28 dans un document reçu ce matin par un historien de Fribourg.
38:31 Se réclamant de l'organisation de Luc Jouret,
38:34 ce texte contient des menaces explicites.
38:37 Ceux qui ont enfreint le Code d'honneur sont des traîtres.
38:40 Ils ont subi et subiront le châtiment qu'ils méritent.
38:43 L'auteur parle aussi de justiciers mandatés par un ordre supérieur.
38:47 Où sont Jouret et Dimembro ?
38:51 Au Canary ? En Martinique ? En Australie ?
38:55 Où ils se rendaient régulièrement ?
38:57 Le fils de Dimembro, dans la région de Le Châtel,
39:00 a disparu de son domicile.
39:02 Pendant ce temps, en Genève, des membres de la secte
39:05 trouvent refuge chez la police par crainte pour leur vie.
39:09 Au début, les informations arrivent d'à peu près partout,
39:12 de la presse, de la police, etc.
39:14 Et on apprend d'abord, évidemment, on parle de suicide collectif,
39:17 on parle de mort volontaire, on parle d'assassinat.
39:20 Plus les heures avancent, plus les jours avancent, évidemment,
39:23 plus il y a de morts, plus il y a de noms qui sortent,
39:26 plus on comprend la nébuleuse du Temple solaire.
39:29 Au lendemain de ce carnage qui a fait 50 morts en Suisse et au Québec,
39:33 on se pose donc beaucoup de questions.
39:35 On ne sait rien de plus que vous, on a appris tout par vos chaînes.
39:38 Et puis c'est tout, voilà.
39:39 Et puis monsieur Joueret, vous n'avez eu aucun contact avec lui ?
39:42 Il y a un moment.
39:43 Plus les journées avancent, plus c'est passionnant.
39:46 On tire un fil, un autre qui arrive.
39:48 C'est une histoire sans fin, c'est comme une vie sans fin.
39:51 On se dit, ça va s'arrêter où ?
39:53 C'est très excitant, journalistiquement.
39:55 La relation entre nos enquêteurs et ceux de la Suisse
40:03 a permis à notre responsable des enquêtes, Jacques,
40:07 de récupérer une cassette vidéo.
40:10 Dans cette cassette vidéo, on y voyait une table,
40:19 une grande table où étaient rassemblés
40:22 beaucoup, beaucoup d'individus, hommes et femmes.
40:25 Beaucoup de ces gens-là étaient déjà affalés sur la table,
40:29 probablement sans connaissance ou quoi que ce soit.
40:32 Et ça, c'était dans un document vraiment exceptionnel
40:35 dont Jacques St-Pierre avait eu copie,
40:38 mais qu'on ne pouvait transmettre aux médias d'information.
40:43 Par contre, en privé,
40:49 suite à la, je dirais, dixième demande d'Arnaud Bédard,
40:54 j'ai parlé avec Jacques St-Pierre.
40:57 Il me dit, écoute, toi puis lui seulement,
41:02 dans une petite pièce,
41:05 tu visionnes la cassette et tu me redonnes la cassette.
41:09 Tout le monde a voulu voir ce document
41:11 qu'à peu près personne n'a vu à ce jour.
41:14 C'est la fameuse vidéo dite vidéo du massacre.
41:17 Donc, on est allé chercher la cassette dans son bureau,
41:19 elle était dans son coffre.
41:21 Il m'a conduit dans une petite salle de la Sûreté du Québec
41:24 et j'ai regardé cette vidéo.
41:27 Elle est d'une force assez inouïe
41:29 parce qu'on retrouve tous les personnages,
41:31 tous les personnages, ils sont là, ils bougent, ils parlent.
41:34 C'est assez saisissant
41:37 de voir des gens qui vont mourir dans les minutes.
41:41 Mais on les voit encore, certains bougent encore,
41:44 certains sont comme ivres morts,
41:47 mais probablement qu'ils étaient déjà décédés.
41:49 C'est une scène que, même si elle était de mauvaise qualité,
41:55 j'oublie pas.
41:57 Je l'ai encore en tête, je l'ai vue.
41:59 Puis Arnaud aussi.
42:01 On en a une copie, on n'en a pas fait des duplicataires
42:04 et c'est comme ça encore aujourd'hui.
42:08 Tu as fait du sport chinois?
42:17 Puis après, alors, dis-toi qu'il y a quelque chose.
42:23 Dis-toi que c'est moi.
42:25 Ah, la délicieuse!
42:27 Ah, la délicieuse!
42:30 C'est un film d'Arnaud Lepage
42:33 Un film d'Arnaud Lepage
42:36 Un film d'Arnaud Lepage
42:39 Un film d'Arnaud Lepage
42:42 Un film d'Arnaud Lepage
42:45 Un film d'Arnaud Lepage
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43:00 Un film d'Arnaud Lepage
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43:12 Un film d'Arnaud Lepage
43:15 Un film d'Arnaud Lepage
43:18 Un film d'Arnaud Lepage
43:21 Un film d'Arnaud Lepage
43:24 Un film d'Arnaud Lepage
43:27 Un film d'Arnaud Lepage
43:30 Un film d'Arnaud Lepage
43:33 Un film d'Arnaud Lepage

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