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La soirée au camping a viré au drame. Le 27 juin 2008, dans le village de Cornemps, en Gironde, un adolescent se rend à la gendarmerie et les déclarations qu’il va faire sont glaçantes: la veille, il a passé la soirée dans le mobile home d'un camping, avec un groupe d’amis, qui s’est terminée par le meurtre d’un jeune homme. En pleurs et paniqué à l’idée de raconter ce qu’il s’est passé, il indique l’identité de la victime aux gendarmes. Il s’agit de Jérémy Lepiller, un adolescent de 17 ans.

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Personnes
Transcription
00:00 Ils sont huit, huit copains, un peu fêtards, âgés de 15 à 22 ans.
00:04 C'est dans un camping de Gironde que s'est noué le drame.
00:07 Une soirée pendant laquelle ils ont beaucoup bu
00:10 et Bizuté Jérémy qui a fini par mal le prendre.
00:12 Alors deux de la bande le conduisent dans un bois voisin
00:16 et le frappent à de multiples reprises, puis l'abandonnent à demi-conscient.
00:21 Deux heures plus tard, ils y retournent et les coups reprennent,
00:24 au point de le tuer, un crime d'une effroyable barbarie.
00:30 Jérémy, il est très heureux d'aller à cette soirée,
00:33 il est même reconnaissant, je crois, d'avoir été invité.
00:35 C'était une connaissance de Jérémy qu'il avait invitée à venir une soirée dans un camping.
00:40 C'est un camping qui est au milieu des bois,
00:42 il doit y avoir une dizaine ou une quinzaine de mobilhommes.
00:45 Ils sont partis dans ce camping pour aller s'éclater.
00:47 Ils ne réalisent pas qu'à ce moment-là,
00:49 c'est certainement pour devenir la personne à abattre.
00:54 Ils ont commencé par lui faire boire des saloperies.
00:58 C'était un bouc émissaire en fait.
01:00 Il est pris en grippe par tout le groupe.
01:03 C'est un bizutage qui commence à être un peu méchant, la machine est enclenchée.
01:07 Ils vont se munir de différentes armes, un point américain, des gants, une matraque.
01:11 On nous parle de bruit, on nous parle de craquement, on nous parle de sang qui gicle.
01:16 La violence est décuplée, elle est surdimensionnée, elle est disproportionnée.
01:20 La plupart de ces gamins sont mineurs.
01:23 C'était d'une violence incroyable.
01:26 Jérémy ne comprend pas pourquoi une telle violence.
01:29 Et jusqu'au bout, ce qui est terrible,
01:32 il va continuer à interpeller ces bourreaux pour savoir et pour comprendre pourquoi.
01:36 Pourquoi un tel acharnement ?
01:37 Rien ne pouvait justifier le passage à tabac dont a été victime Jérémy.
01:44 On a un jeune homme qui allait quelques jours plus tard avoir 18 ans.
01:48 Personne n'a bougé, personne à un moment a dit "stop, arrêtez, vous êtes en train de le tuer".
01:56 J'ai enterré mon fils, il n'était pas entier.
02:00 C'est terrible, c'est un dossier terrible.
02:02 Les circonstances de sa mort c'était des trucs de fou.
02:04 On décrit ça comme un bizutage.
02:08 Non, non, non.
02:11 C'est des fous, tout simplement.
02:16 Je n'arrive pas à comprendre comment des ados peuvent en arriver à une telle folie meurtrière.
02:23 Je n'arrive pas à comprendre.
02:25 C'est dramatique, qu'est-ce qui se passe ?
02:28 Qu'est-ce qui s'est passé ?
02:30 [Musique]
02:52 Petit palais écornant, un petit village de Gironde niché au milieu des vignes.
02:59 Ici, rien ne vient perturber le calme de ses habitants, bien loin de l'agitation des grandes villes.
03:07 Pourtant, le 27 juin 2008, il est aux alentours de 19h,
03:11 lorsqu'un adolescent pousse la porte d'une gendarmerie du coin.
03:17 Il vient livrer des révélations glaçantes.
03:19 Quand le jeune homme arrive dans nos locaux, on voit un jeune homme qui est peureux,
03:23 qui a, moi c'est ce sentiment, cette image que j'ai, qui est recroquevillé sur lui.
03:28 Adrien se présente à la gendarmerie pour révéler des faits dont il a été le témoin la veille.
03:34 Il va indiquer et préciser aux enquêteurs qu'il s'est rendu dans un camping situé en pleine campagne,
03:41 dans un mobil-home, dans lequel il y avait plusieurs jeunes, d'adolescents,
03:46 et que, à la suite d'une scène épouvantable, une personne est morte.
03:53 Il avait passé la soirée avec des amis.
03:56 Cette soirée avait fini par le meurtre, par l'assassinat d'un jeune homme.
04:01 Et cette violence avait été extrêmement forte.
04:04 Donc il nous parlait d'une tête complètement défigurée.
04:08 Donc il préfère aller apaiser sa conscience et aller révéler tout cela auprès des gendarmes.
04:15 Adrien est à ce moment-là très mal, parce que non seulement le souvenir de cette soirée lui revient,
04:22 il tremble et il pleure. Il n'est pas bien, il n'est pas bien du tout.
04:27 On prend en compte ses propos. Il a eu le courage de venir jusqu'à nous.
04:32 Toutefois, l'effet relaté, cette tête complètement défigurée, nous paraissait un petit peu surprenant.
04:39 Alors on ne pense pas du tout à un canular, mais on est vraiment surpris par la violence des propos.
04:48 En larmes, Adrien précise aux gendarmes que la victime qui a été massacrée la nuit dernière
04:53 s'appelle Jérémy Lepillais. Il a 17 ans.
04:58 Les révélations de cet adolescent sont sidérantes, mais ils semblent crédibles.
05:04 Alors les enquêteurs lui demandent de les conduire à ce fameux camping dans lequel le meurtre se serait passé.
05:11 Et Adrien est prêt à collaborer.
05:15 Donc il nous conduit direction le camping.
05:19 Le camping se situe sur une commune, un petit palais-cormant,
05:23 une petite commune, un petit village de 700 habitants où il fait bon vivre,
05:27 un secteur assez viticole et particulièrement connu pour son camping.
05:32 C'est un camping qui est au milieu des bois. Il doit y avoir une dizaine ou une quinzaine de mobilhommes.
05:38 Et nous sommes en début d'été, donc il n'y a pas encore beaucoup d'activité dans ce camping.
05:45 Et arrivé au camping, là on a vraiment déjà dès le départ une confirmation
05:51 que ses propos ont une certaine véracité, puisqu'il reconnaît très bien les lieux.
05:55 Très rapidement, il nous indique le mobilhomme où s'est passée la soirée.
05:59 On est sur un mobilhomme tout à fait classique, en bordure d'une clairière.
06:04 Dans le mobilhomme, les enquêteurs ne vont pas trouver grand chose.
06:08 On est sur un mobilhomme qui est fermé et il n'y a aucune activité, aucune présence humaine.
06:12 Pour l'instant, rien ne corrobore l'effet.
06:16 Adrien affirme aux enquêteurs que c'est pourtant dans ce mobilhomme, en apparence tranquille,
06:23 que la soirée de la veille a viré au drame.
06:25 Mais selon lui, ce n'est pas là que Jérémy a été sauvagement tué.
06:31 Le drame s'est déroulé dans le bois qui est juste à côté du camping.
06:35 L'adolescent accepte d'y conduire les gendarmes.
06:40 Ce témoin va rapidement conduire les enquêteurs sur un chemin qui traverse les vignes,
06:47 situé à quelques dizaines de mètres du mobilhomme.
06:50 Il nous conduit sur un petit chemin qui monte, qui traverse cette clairière et qui conduit jusqu'au bois.
06:55 Et on découvre sur le chemin une chaussette et une montre.
06:59 Donc ça confirme un peu une violence, mais on se dit pourquoi pas, il y a eu quelque chose qui s'est passé.
07:05 On continue et là on arrive en lisière du bois, en bordure de bois.
07:11 Et le témoin s'arrête net et ne veut pas rentrer dans le bois.
07:15 Il nous dit "c'est là qu'a eu lieu le meurtre de Jérémy".
07:18 Donc on le voit se figer vraiment bien en amont du bois et il ne veut pas y rentrer.
07:22 Donc là on prend les précautions pour y entrer.
07:24 Je demande à l'enquêteur qui m'accompagne de la brigade des recherches
07:27 d'aller dans ce bois seul, s'il y a des traces, éviter de les perturber.
07:32 Et il part dans ce bois seul et là de longues minutes se passent.
07:37 Et je le vois revenir et je le vois vraiment blême.
07:40 Et il me dit "il y a une mare de sang avec un morceau de mâchoire dans cette mare de sang".
07:46 Ils vont découvrir absolument l'horreur.
07:49 L'horreur qui va faire penser aux enquêteurs que les conditions dans lesquelles Jérémy a été tué ont été absolument dramatiques.
07:58 On passe de suite à un autre cap où là on a pu avoir vraiment un doute.
08:02 Parce que quand on nous parle de tels propos, forcément le doute peut s'installer.
08:06 Là on confirme complètement qu'on est sur un affaire criminelle.
08:10 Parce que pour qu'un morceau de mâchoire reste apparent, c'est qu'il y a vraiment eu un drame.
08:16 Immédiatement, les gendarmes ratissent la zone de cette macabre découverte.
08:24 Mais ils ne trouvent pas la moindre trace de Jérémy Lepillé.
08:28 Et Adrien ne peut plus les aider.
08:31 Il explique qu'il ne sait absolument pas où ses amis ont caché le corps.
08:35 Alors pour les enquêteurs, il est à présent capital de retrouver tous les adolescents qui ont participé à cette tragique soirée.
08:44 On fait le choix de mettre un dispositif de surveillance, concrètement une embuscade, aux environs proches pour réussir à interpeller les locataires de ce mobil-homme.
08:58 Il y a de grandes chances que les locataires puissent revenir sur ce mobil-homme.
09:04 Et finalement ce choix là s'avère vraiment payant.
09:08 Puisque au cours de la nuit, d'abord une jeune fille, Émilie, et ensuite deux autres personnes reviendront sur le mobil-homme.
09:16 Sont interpellées et entendues pour savoir ce qu'il s'est passé sur cette nuit et ce fameux drame.
09:23 Interrogée par les enquêteurs, Émilie, qui est âgée de 21 ans, est la première des trois jeunes interpellées à craquer.
09:33 Elle sait où est caché le corps de Jérémy.
09:36 Et comme Adrien, elle est prête à collaborer avec les gendarmes.
09:40 Émilie, à force de la personne, nous amène sur l'endroit où est dissimulé le corps.
09:48 Donc il s'agit d'une petite commune avoisinante, un petit palais.
09:52 Et là on s'y déplace et tout est très clair dans sa mémoire.
09:56 Elle nous fait arrêter très tôt, on est vraiment dans un endroit perdu.
10:00 On monte un petit talus et on arrive en contrebas, il y a une sorte de ruisseau.
10:06 Et on voit un corps nu, la face contre terre, qui est allongé le long de ce talus.
10:13 Autour il y a beaucoup de végétation, donc c'est quelque chose qu'on ne voyait pas.
10:18 Paradoxalement, c'est pas très loin de la route, mais c'était très bien caché.
10:22 Et là on voit malheureusement ce corps.
10:26 Ce qui est vraiment surprenant quand on voit ce corps, c'est la tête de la victime,
10:34 qui est complètement déformée. Ce qui marque vraiment, c'est sa tête.
10:38 C'est une vision horrible auquel les enquêteurs doivent faire face.
10:45 La découverte de son visage va être absolument terrifiante.
10:48 Tant il est abîmé, il est dans un état épouvantable.
10:52 Le visage totalement méconnaissable.
10:55 Si le jeune en question n'avait pas indiqué aux enquêteurs qu'il s'agissait de Jérémy,
10:59 je pense que dans un premier temps, on n'aurait pas pu le reconnaître.
11:02 Pour les gendarmes, il reste à présent le plus douloureux,
11:07 annoncer à la mère de Jérémy Lepillier la mort de son fils.
11:11 C'est le colonel Olivier Perruche, qui commandait à l'époque la compagnie de gendarmerie départementale de Libourne,
11:20 qui a la lourde tâche de lui annoncer le drame.
11:23 Ils ne m'ont pas précisé ce qui se passait. Ils m'ont demandé de venir me présenter au bureau.
11:29 Je leur ai demandé où était mon fils, qu'est-ce qui se passe.
11:33 Ils m'ont dit "on ne peut pas vous le dire".
11:35 Et là, je commence à vraiment m'inquiéter. Dans la voiture, je cogite.
11:39 Et là, forcément, je suis dans une angoisse terrible, parce que je ne sais rien.
11:46 Quand j'arrive, je commence à paniquer, je commence à hurler "où est mon fils, où est mon fils".
11:52 Je rentre dans ce bureau, et il y a le gendarme, qui m'annonce qu'il y a eu un accident,
11:57 qu'il y a eu une bagarre, et que Jérémy est décédé.
12:05 Donc forcément, je vais m'effondre.
12:08 L'annonce, bien évidemment, vous en doutez, a été extrêmement violente pour cette maman.
12:14 Et ça a été marquant de voir cette maman crier, se regrouper sur elle-même.
12:20 On sentait toute la douleur partir. C'était vraiment un moment fort, malheureusement.
12:25 Je veux le voir. On me dit que ce n'est pas possible pour le moment, que je ne peux pas le voir.
12:32 J'ai l'impression que mon monde s'écroule.
12:40 Mon monde s'écroule, c'est comme si on m'avait arraché mon fils de mon ventre.
12:44 Et là, le gendarme rentre un petit peu plus dans le détail de ce qui s'est passé.
12:51 Et là, j'ai le ciel qui me tombe sur la tête. Je ne comprends pas.
12:56 Et je lui dis "mais vous êtes en train de me dire que mon fils s'est fait lyncher, qu'on l'a assassiné, qu'on a voulu sa mort".
13:06 Et à ce moment-là, je demande encore de revoir mon fils. Je veux voir mon fils.
13:10 Et on me dit que ce n'est pas possible, qu'il n'est pas visible, vu de son état.
13:17 Je suis ravagée par la douleur, la souffrance et par la colère.
13:23 Je suis dans une colère extrême.
13:26 Une colère qui, 14 ans plus tard, est encore là, de toute façon.
13:35 Les gendarmes vont à présent interroger les proches de Jérémy, afin de comprendre qui était cet adolescent qu'ils viennent de retrouver massacré.
13:43 Jérémy est un garçon grand, blond, aux yeux bleus, magnifique. Un magnifique sourire aussi.
13:52 Et c'est un garçon qui est très sensible. C'est quelqu'un qui a envie d'exister pour ses amis, pour sa famille.
14:06 Et c'est pour ça qu'il est très empathique envers toutes ces personnes.
14:10 C'est quelqu'un d'extrêmement gentil. C'est trop gentil. Trop naïf aussi.
14:18 Donc il faut toujours lui expliquer les choses, comment se passe sa vie.
14:22 Très charmeur, qui a besoin de charmer, qui a besoin d'exister pour son petit monde.
14:30 Il était plutôt jovial. Un gars assez simple.
14:35 Tout ce qui était un peu la lecture, style les mangas, ces trucs-là, il aimait bien.
14:40 La musique, il aimait la musique. Le rap.
14:46 On aimait bien se retrouver, jouer à la console, ces trucs-là.
14:51 Trucs de jeunes, quoi. Trucs de minots.
14:54 On était tout le temps fou ensemble. Il dormait tout le temps chez moi.
14:59 Pour moi, c'était un de mes meilleurs amis.
15:02 C'était un bon gars. C'était un bon gars.
15:14 C'était le fils ton à sa maman aussi. Vous avez une relation très fusionnelle.
15:19 Comme toute maman, j'aimais mon fils. Par-dessus tout, c'était mon petit garçon.
15:25 Jérémy Lepillier était un adolescent apprécié et aimant.
15:34 Rien ne peut expliquer la sauvagerie dont il a été victime.
15:38 Alors pour comprendre quel drame a pu se nouer dans ce camping,
15:43 les gendarmes vont interroger un à un tous les participants de cette funeste nuit.
15:48 Au total, 11 personnes seront interpellées, des adolescents âgés de 14 ans à 22 ans.
15:55 La plupart d'entre eux se sont rendus spontanément à la gendarmerie
16:01 en apprenant les interpellations de leurs copains.
16:04 Et en recoupant toutes leurs auditions de garde à vue,
16:07 les enquêteurs vont pouvoir retracer en détail le fil de cette soirée.
16:13 Les gendarmes apprennent que c'est Thierry, âgé de 22 ans, l'aîné de la bande,
16:18 qui avait réservé le mobilhome dans le camping pour y passer l'été.
16:22 Il y a Thierry qui a loué ce mobilhome.
16:25 C'est vrai que c'est l'occasion de s'y retrouver, d'aller y faire une soirée.
16:29 Ce n'est pas la première fois d'ailleurs que les jeunes se retrouvent ensemble.
16:33 Et là, exceptionnellement, il y a une personne de plus, c'est Jérémy.
16:37 Jérémy est invité par ce groupe pour passer la soirée là-bas.
16:41 Il est très heureux d'aller à cette soirée, il est même reconnaissant, je crois, d'avoir été invité.
16:47 Il pensait s'en faire des copains.
16:50 Donc forcément, Jérémy qui avait un grand besoin d'appartenir à un clan,
16:56 il voulait absolument appartenir à ce groupe.
16:59 Il est parti dans ce camping pour aller s'éclater.
17:02 C'était une connaissance de Jérémy qu'il avait invitée à venir une soirée dans un camping.
17:08 Donc je pense que comme tout jeune de cet âge-là, tu ne te poses pas trop de questions.
17:14 Un gars que tu connais un peu ou vice-versa t'invite, je ne sais pas moi, pour aller faire une soirée.
17:22 Si tu t'entends bien avec le gars, tu y vas.
17:26 Jérémy était quelqu'un de très naïf et de confiant, oui.
17:33 Il ne pensait pas qu'on pouvait faire du mal.
17:36 Ce n'était pas le monde des bisounours, mais presque.
17:39 Jérémy a été invité à cette soirée par Pierre, un adolescent de cette bande qui fréquente le même établissement scolaire que lui.
17:47 Et Jérémy était ravi à l'idée de passer cette soirée avec de nouveaux copains.
17:51 Mais rapidement, il aurait agacé les autres adolescents de la bande.
17:55 C'est un garçon qui ne s'est pas intégré dans ce groupe.
17:59 Il ne s'est pas intégré parce que sa personnalité a fait qu'il y a tout de suite eu des tensions.
18:07 Il est pris en grippe par tout le groupe.
18:11 Ce qui ressort des différents témoignages, c'est qu'on a un garçon qui a confiance en lui, qui a plein de vie,
18:17 et qui va commencer un petit peu à essayer de séduire une jeune fille,
18:20 mais qui est déjà avec un autre garçon du groupe, qui va avoir un petit peu un comportement un petit peu à l'aise.
18:27 Ce que l'on a dans les éléments qui ont pu émerger des témoignages,
18:34 c'est que d'entrée, il se comporte en espèce de défiance,
18:38 comme pour prendre la tête ou le lead de ce groupe, et ça ne va pas du tout convenir.
18:42 Et ça va lui être clairement reproché par le groupe, ou en tout cas par les meneurs du groupe.
18:47 Thierry, 22 ans, et Pierre, 16 ans, les deux leaders du groupe, ne supportent plus Jérémy.
18:54 Et la soirée s'envenime très vite.
18:57 Il va être décidé de s'en prendre un petit peu à Jérémy, qui agaçait par son comportement.
19:03 Ils ont commencé par lui faire boire des saloperies. C'était un bouquet mystère, en fait.
19:09 Au cours de cette soirée, on sait que Jérémy a dû absorber une quantité assez importante d'alcool.
19:18 On va lui faire ingurgiter un certain nombre de boissons qui ont été préparées par certains membres du groupe,
19:25 avec des mélanges d'urines, de liquides vaisselle et autres produits qu'il va ingurgiter.
19:33 On lui a renversé la gamelle du chien sur lui, et tout cela va le conduire à vomir.
19:38 Parce qu'évidemment, il est très difficile d'imaginer ingurgiter autant de quantités d'alcool et de produits divers.
19:44 Et là, au moment où il veut vomir, il veut se nettoyer.
19:48 Quand il va demander à se nettoyer, on lui en rajoute en lui jetant sur lui une bouteille, encore une fois, avec de l'huile, du dentifrice, de l'eau.
19:55 C'est un bizutage qui commence à être un peu méchant, mais on sent justement Jérémy qui ne veut pas se laisser faire.
20:00 Il dit "Bon, ça va, c'est bon, ça suffit, quoi. Bon, maintenant, il faut s'arrêter."
20:06 Sauf que la machine est enclenchée.
20:10 Jérémy subit humiliation sur humiliation. Il devient le souffre-douleur de la bande d'adolescents.
20:18 Il comprend à un moment donné qu'on est en train de s'acharner un petit peu sur lui et que le bizutage peut avoir bon dos.
20:24 Et il se rebiffe un petit peu, il sort un petit couteau de sa poche pour montrer qu'il ne va pas se laisser faire.
20:32 Il commence à se rebeller.
20:35 Il s'énerve et il leur dit "Si ça continue, je vais tous vous planter."
20:40 Il va menacer, non pas de représailles, mais menacer de ne pas se laisser faire, menacer de répondre à ces violences dont il faisait l'objet,
20:50 parce que je pense qu'il est vraiment dans l'incompréhension et c'est à ce moment-là son seul moyen de défense.
20:56 Ça va créer la bascule. Ça a été pris de façon amplifiée par Thierry et Pierre,
21:04 comme étant une agression, une provocation quand il a sorti le couteau.
21:08 Et à ce moment-là, ils ont voulu absolument montrer à Jérémy que c'était eux qui géraient et qui dominaient le groupe et pas lui.
21:16 Donc effectivement, il y a une volonté de lui dire "Bon bah tiens, puisque tu veux aller sur ce terrain-là, nous aussi."
21:22 Et c'est là où ça bascule.
21:25 Les deux principaux leaders, Pierre et Thierry, eux vont continuer ce jeu-là et vont continuer à vouloir lui donner une leçon.
21:33 Et la leçon supplémentaire, l'étape d'après, c'est de l'amener jusqu'au bois qui borde le camping.
21:40 Mais pour le conduire jusqu'à ce bois, le superfuge, c'est de dire à Jérémy "Voilà, nous avons du cannabis, nous avons une plantation de cannabis dans le bois,
21:49 tu viens avec nous, puis on va un petit peu fumer ensemble."
21:52 Jérémy a accepté de les suivre dans la forêt et il part donc, il s'enfonce au fur et à mesure dans les bois.
21:59 Très certainement qu'avec l'alcool qui est le sien, la naïveté de l'ado qu'il est, il ne réalise pas qu'à ce moment-là, c'est certainement pour devenir la personne à abattre, si je puis dire.
22:19 Lorsque Pierre et Thierry vont conduire Jérémy dans la forêt, ils vont se munir de différentes armes, un poing américain, des gants, une matraque.
22:30 Et Jérémy évidemment ne voit pas le matériel qui est récupéré par ces deux garçons, mais cela laisse imaginer le pire de ce qui va se produire et de l'intention de ces deux garçons de battre à mort Jérémy.
22:44 Les autres jeunes présents assistent à tout cela, voient ce qui est en train de se passer, voient le comportement en train de s'armer.
22:51 Ils restent impassibles, ils restent inactifs, ils restent passifs, ils ne font rien.
22:57 Personne ne dit rien, il faut imaginer la scène, on est sur des jeunes qui vont de 14 et les plus âgés ont 22 ans.
23:03 Les leaders vraiment tiennent bien leur groupe et ils suivent le mouvement.
23:07 On a l'impression que tout le monde se laisse emporter, se laisse happer.
23:12 C'est vrai que tout le monde est un peu passif parce que personne ne réalise peut-être ce qui va se passer.
23:19 Il est 2h30 du matin lorsque la bande d'adolescents prend la direction du bois qui se trouve à une dizaine de mètres du mobilhome.
23:28 En chemin, Jérémy est encore la cible de ses prétendus copains.
23:36 Jérémy va encore subir une nouvelle humiliation puisque un mélange composé notamment de sperme va lui être versé dessus.
23:47 Pierre va jeter cette bouteille sur Jérémy et on imagine la scène, il se retourne en disant "bon vous arrêtez vos conneries, non on arrête là, c'est terminé maintenant, on revient sur une soirée normale".
23:58 Il essaye de démontrer qu'il n'est pas là non plus pour être le bouc émissaire du groupe.
24:05 Et là, de manière instantanée, gratuite, Pierre sort sa matraque et assène un énorme coup au niveau du visage de Jérémy qui va tomber net au sol suite à la violence de ce coup.
24:20 Un coup de matraque d'une violence telle que la boîte crânienne de Jérémy va être brisée et que la matraque utilisée va voler en éclats tellement le coup est violent.
24:35 Ce qui est terrible c'est que Jérémy, même en tombant au sol, reste conscient et il demande "mais qu'est-ce qui se passe les gars ?" Il ne comprend pas ce qui se passe alors qu'il vient de se faire frapper violemment.
24:45 Jérémy ne comprend pas pourquoi une telle violence et jusqu'au bout, ce qui est terrible, jusqu'au bout il va demander pourquoi, il va à bout de force vraisemblablement,
24:58 mais il va continuer à interpeller ses bourreaux pour savoir et pour comprendre pourquoi, pourquoi un tel acharnement.
25:05 Ce qui est très étonnant à ce moment-là c'est qu'il y a plusieurs personnes qui assistent à cette scène sans aucune réaction, sans aucune interposition, sans aucune prise de conscience.
25:19 Comme presque si c'était une continuité naturelle de ce qui s'était tramé quelques minutes avant au mobil-home.
25:27 Et là Pierre et Thierry vont continuer à lui asséner énormément de coups, des coups de poing de la part de Thierry et des coups de matraque de la part de Pierre.
25:37 Des coups d'une extrême violence allant même jusqu'à enfoncer la matraque dans la gorge, dans la mâchoire de Jérémy.
25:44 Il n'y a même plus de limite, la matraque est utilisée partout sur le corps de Jérémy et les coups de poing et ça ne s'arrête pas et c'est terrible.
25:54 Pierre va dire qu'il sentait le sang dans sa bouche, donc le sang a été projeté jusqu'à sa bouche à lui.
26:01 On nous parle de bruit, on nous parle de craquements, on nous parle de sang qui gicle.
26:06 La violence est décuplée, elle est surdimensionnée, elle est disproportionnée.
26:10 La façon dont Pierre a tabassé Jérémy est absolument odieuse, on peut même dire qu'elle a été barbare, c'était d'une violence incroyable.
26:22 C'est de l'excès complet, un déchaînement de violence sidérant.
26:28 Pierre, 16 ans, est dans un état de furie.
26:33 À ses côtés, Thierry s'acharne également.
26:36 L'ultra-violence qu'ils infligent à Jérémy est insoutenable.
26:41 Les trois membres du groupe qui les accompagnaient tous les deux n'ont pas supporté la violence des coups et se sont enfuis.
26:47 Ils partent, ils partent tout de suite, ils vont se réfugier dans le mobilhome.
26:52 Ils révéleront donc, par ailleurs, en arrivant au mobilhome, qu'on était en train de tuer Jérémy.
26:58 Et personne, aucun, n'a, ne serait-ce qu'eux, eu ce réflexe.
27:04 Si eux ne pouvaient pas agir pour X raisons, ne serait-ce que d'appeler les gendarmes, les policiers, les secours, pourquoi pas ?
27:13 Parce que quand ils quittent Jérémy, vraisemblablement, pas mort. Personne ne le fera.
27:19 Il y a probablement beaucoup de lâchetés, mais la plupart de ces gamins sont mineurs.
27:24 Et il y a manifestement une influence réelle de Pierre et Thierry sur les autres membres du groupe.
27:31 Une dizaine de minutes plus tard, Pierre et Thierry sont de retour au mobilhome, sans Jérémy.
27:38 Lorsque Thierry et Pierre reviennent au mobilhome, leurs vêtements sont totalement enstanglantés.
27:45 Ils vont déclarer aux autres membres du groupe qu'ils ont tué Jérémy.
27:51 Et là, on a une dissociation sur les comportements, puisqu'on aura un Pierre qui sera décrit comme plutôt excité par la situation, voire euphorique.
28:02 Pierre reste impassible, effroi et même souriant par rapport au fait qu'il décrit lui-même à ses comparses.
28:11 Pierre est fier de ce qu'il a fait. Il décrit la fierté d'avoir donné ses coups.
28:16 Et il décrit le jeune Jérémy comme étant complètement massacré par les coups qui viennent de lui être donnés.
28:22 On aura un Thierry qui aura du mal un petit peu, voire certains, à un moment évoquent un malaise de sa part.
28:30 En apprenant la mort de Jérémy, les autres adolescents qui n'ont pas participé à cette mise à mort sont en état de choc.
28:39 Mais face à leur leader, ils ne réagissent toujours pas. Ils restent malgré tout au mobilhome.
28:46 Personne ne s'échappe parce que tout d'abord, tout le monde a tellement peur que tout le monde se dit si on bouge et qu'on s'échappe, ils vont peut-être nous rattraper et on va subir le même sort.
28:58 On est dans un endroit qui est très isolé. Et encore une fois de plus, ce camping à cette époque de l'année était quasiment vide.
29:06 Donc, ils n'ont pas pu s'échapper pour aller voir quelqu'un qui aurait pu les secourir.
29:12 Et à ce moment-là même, personne, mais personne n'a de personnalité suffisamment importante pour s'opposer à Pierre et Thierry.
29:25 Vers 4 heures du matin, Pierre et Thierry décident de retourner dans les bois. Ils craignent d'avoir laissé leurs empreintes sur la scène de crime.
29:34 Alors Pierre demande à deux autres mineurs de la bande de les accompagner pour faire le nettoyage.
29:41 Ils pénètrent dans les bois, éclairés par la lumière d'une lampe torche.
29:46 Et l'horreur va se poursuivre.
29:51 Quand ils arrivent sur place, l'un d'eux voit Jérémy bouger.
29:55 Le corps présente des signes de vie, des signes de mouvements, qui sont peut-être des mouvements réflexes.
30:01 On ne sait pas à cet instant-là. Personne n'est en mesure de dire dans quel état il est.
30:07 Mais en tout état de cause, c'est vrai qu'il est encore vivant.
30:11 Pour eux, il était mort. Et là, il bouge encore.
30:16 Pierre est énervé, agacé, il explose parce que finalement, Jérémy, il aura lutté jusqu'au bout aussi.
30:22 Et c'est un peu ça cette scène, qui est terrible.
30:26 Pierre va lui donner de nombreux coups, d'une très grande violence, à nouveau dans la tête, mais aussi dans le corps.
30:34 Et Pierre va également enchaîner avec des paroles qui sont extrêmement dures, étonnantes.
30:40 Pierre aura cette phrase qui est terrible, en lui disant "mais t'es pas mort, bâtard, avec ton visage de martien ?"
30:45 Puisqu'il a vraiment ce visage qui a été complètement martyrisé par tous les coups qui lui ont été donnés.
30:51 Et jusqu'au bout, Pierre va continuer à injurier, à humilier Jérémy sur son lit de mort.
31:03 Les deux mineurs qui accompagnaient Pierre et Thierry sont tellement bousculés par l'horreur de la scène, qu'ils vont revenir en mobilio, m'en courant.
31:10 L'un des deux, je crois, va vomir tellement il a la nausée.
31:13 Les jeunes qui vous disent "moi je suis écœuré", mais finalement ils font rien.
31:17 Personne n'a bougé, personne à un moment a dit "stop, arrêtez, vous êtes en train de le tuer".
31:25 Donc c'est ce qui va conforter finalement les principaux auteurs, de rester sur une ligne de banalisation de ce qui s'est passé.
31:36 C'est-à-dire que eux-mêmes, il n'y en a aucun des deux qui ne réalisent la gravité de ce qui s'est passé.
31:41 Mais plus grave encore, tous ceux qui les entourent ne les ramènent absolument pas à la raison,
31:46 ni même dans celui qui devrait être immédiatement le sentiment de culpabilité.
31:51 Et personne n'est véritablement responsable, mais on n'a toujours pas compris ce phénomène de groupe qui avait conduit à l'horreur,
31:59 parce qu'il faut parler de l'horreur.
32:01 Et ils vont le massacrer jusqu'à ce qu'il meure, et des déclarations de ceux qui étaient présents,
32:08 effectivement il était en train d'agoniser Jérémy, et il décèdera un peu de temps après.
32:14 C'est terrible. C'est un dossier terrible.
32:19 Et Pierre et Thierry vont commencer à procéder au nettoyage de la scène de crime,
32:25 en enlevant les bijoux et une partie des vêtements de Jérémy, pour qu'on ne puisse plus suivre la trace de leur forfait.
32:33 Les circonstances de sa mort, c'était des trucs de fou. Des trucs de fou.
32:41 On décrit ça comme un biseutage.
32:46 Non. Non. Non, non, non.
32:54 C'est des fous, tout simplement.
33:00 Et idiots. Je suis obligé de dire que c'est des idiots.
33:05 Des idiots parce que ils ont gâché leur vie à eux, la sienne,
33:12 et celle de Corinne, la maman de Jérémy.
33:17 La façon dont on l'a tué, c'est quelque chose d'absolument abominable.
33:22 Je n'ai pas pu embrasser mon fils, quand mon fils est parti,
33:27 parce qu'il était trop abîmé, parce qu'on n'a pas pu le réparer.
33:32 C'est quelque chose qui m'est insupportable.
33:36 Et cette colère que j'ai en moi envers toutes ces personnes,
33:42 c'est le mal qu'ils ont fait à mon fils de m'avoir enlevé mon enfant,
33:47 de m'avoir empêchée de lui dire au revoir.
33:51 Il a frappé mon fils à tel point qu'il a perdu sa mâchoire.
33:56 J'ai enterré mon fils, il n'était pas entier.
34:05 J'ai été le seul à le faire, mais j'ai été le seul à le faire.
34:10 J'ai été le seul à le faire.
34:14 J'ai été le seul à le faire.
34:18 J'ai été le seul à le faire.
34:22 J'ai été le seul à le faire.
34:26 J'ai été le seul à le faire.
34:30 J'ai été le seul à le faire.
34:34 J'ai été le seul à le faire.
34:38 J'ai été le seul à le faire.
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52:42 J'ai été le seul à le faire.
52:46 J'ai été le seul à le faire.
52:50 J'ai été le seul à le faire.
52:54 J'ai été le seul à le faire.
52:58 Pourquoi on ne respecte pas le code pénal ?
53:02 Et moi ?
53:04 Moi, ce n'est pas 4 ans que j'ai pris.
53:06 Ce n'est pas 20 ans que j'ai pris.
53:08 J'ai pris perpète.
53:10 Pierre a pris 20 ans de prison avec 12 ans de sûreté.
53:14 Thierry a pris 15 ans.
53:18 Ça fait 14 ans que mon fils est parti.
53:22 Et je suis toujours dans la douleur.
53:26 Ils vont sortir de prison et la vie continue.
53:30 Pas pour moi.
53:34 C'est un scandale.
53:38 Ce qu'on leur a donné comme punition.
53:42 Je ne suis pas fan de la justice.
53:46 La justice n'a pas été juste avec moi et ma famille.
53:50 Elle n'a pas été juste avec moi et ma famille.
53:54 Elle m'a fait du mal.
53:58 Elle m'a fait extrêmement de mal.
54:02 J'aimerais qu'on change les choses par rapport à la justice.
54:06 J'aimerais qu'on s'inquiète un peu plus de nos jeunes.
54:10 Ils sont en perdition totale.
54:14 J'aimerais tellement que tout ça change.
54:18 Mais on n'est pas dans le monde des biseaux-nours.
54:22 La colère de la mère de Jérémie Lepillier n'est pas prête de s'apaiser.
54:26 Car en 2020, Pierre a été libéré.
54:30 Pierre a été libéré soit 12 ans plus tard.
54:34 Pourquoi on ne respecte pas la peine ?
54:38 Pourquoi on ne respecte pas la peine ?
54:42 S'il est sorti de détention, ça veut dire qu'il a fait un travail sur lui.
54:46 On a estimé, alors qu'il a été condamné à 20 ans de rétribution,
54:50 qu'il n'a pas été condamné à 20 ans de réclusion criminelle.
54:54 Si on a estimé qu'il était en mesure de sortir,
54:58 c'est qu'il ne présentait pas de dangerosité psychiatrique ni criminelle.
55:02 Quand une personne accède à la libération,
55:06 c'est qu'elle l'a mérité.
55:10 C'est qu'elle a payé sa dette à la société.
55:14 C'est qu'elle doit continuer à vivre normalement.
55:18 Elle ne doit pas avoir une casquette avec marqué "20 ans de réclusion criminelle".
55:22 Elle ne doit pas avoir une casquette avec "j'ai tué quelqu'un".
55:26 La peine, c'est justement avant tout pour payer sa dette à la société.
55:32 Donc s'il peut repartir, si la justice lui a donné cette chance-là,
55:38 c'est qu'il l'a mérité.
55:42 C'est extrêmement difficile parce que ceux qui souffrent,
55:46 c'est souvent leurs frères, leurs fils.
55:50 Mais de l'autre côté, la sanction a été ce qu'elle a été.
55:54 Une fois que la sanction est passée, c'est le droit à la reconstruction.
55:58 On va dire qu'il est jeune, il a besoin de construire.
56:02 Mon fils aussi était jeune.
56:06 Il avait toute une vie encore à faire.
56:10 Pierre, je ne veux pas penser à le croiser un jour dans ma vie.
56:14 Et j'espère que jamais je ne le croiserai.
56:18 Parce que ma colère envers lui n'est pas calmée.
56:22 Donc je ne veux pas le croiser.
56:26 Je ne veux pas le croiser. Et il ne faut pas.
56:30 Chacun reste à sa place.
56:34 Aujourd'hui, plus de 14 ans après le drame,
56:38 Pierre a reconstruit sa vie, libre quelque part en France.
56:42 Désormais, son histoire lui appartient.
56:46 Mais pour ceux qui ont aimé Jérémy Lepillier,
56:50 chaque jour qui passe ravive un peu plus la douleur de son absence.
56:54 Je pense souvent à lui.
56:58 Tous les jours.
57:02 Je me suis fait tatouer son prénom.
57:10 Je me dis que si pour moi c'est dur comme ça,
57:14 je n'imagine même pas sa mère.
57:18 Aujourd'hui, je suis toujours une maman très meurtrie.
57:22 J'ai réussi à me relever parce que j'ai été très bien entourée.
57:26 J'ai été entourée par l'amour de mon mari.
57:30 Mais la souffrance, elle est toujours là.
57:34 Je ne peux pas me le dire.
57:38 La souffrance, elle est à l'intérieur de mon âme.
57:42 C'est comme une blessure qui saigne au compte-gouttes.
57:46 Je pleure encore.
57:50 Je ne crie plus.
57:54 Je pleure encore.
57:58 Je pense beaucoup à mon fils, tous les jours.
58:02 Je lui parle tous les jours.
58:06 Je lui parle avec le sourire, même si j'ai ma petite larme.
58:10 Il ne me reste que des souvenirs, mais un souvenir extraordinaire de mon enfant.
58:14 Même s'il n'est plus là aujourd'hui,
58:18 il est là.
58:22 Il restera toujours là.
58:26 Je partirai avec lui dans mon cœur,
58:30 dans mon âme, de maman.
58:34 J'aimerais tellement que mon fils soit là.
58:38 J'aimerais tellement.
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58:46 © Sous-titrage Société Radio-Canada
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