Le portrait psychologique du second serial killer, établi par les policiers, est celui d'un psychopathe : il mutile et démembre ses victimes après les avoir tués. Sean Vincent Gillis, un homme qui se trouvait non loin de l'une des scènes de crimes, est interrogé et il est placé sous surveillance.
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00:07 Quand on a su que Derek Todd Lee avait été arrêté, on s'est senti libéré d'un poids énorme.
00:13 Ce monstre était enfin sous les verrous. On n'avait plus rien à craindre.
00:18 Mais d'autres corps ont commencé à apparaître.
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00:25 La ville ne s'était pas encore remise de ses blessures qu'un nouveau tueur en série apparaissait.
00:30 À côté de ce qu'il avait fait à ses femmes, Derek Todd Lee était un ange.
00:35 Il n'aimait pas particulièrement tuer ses femmes.
00:38 C'était ce qu'il pouvait faire à leur cadavre qui l'intéressait.
00:42 Elle avait été démembrée au niveau de l'épaule.
00:45 Il avait retiré un morceau de 10 cm² de cuisse.
00:49 Le seul moyen d'empêcher ça, c'était d'appréhender le suspect.
00:54 On a identifié son ADN.
00:56 On savait que l'on recherchait un homme blanc.
00:59 Il fallait déterminer si l'individu qui avait laissé ces traces de pneus pouvait être le suspect.
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01:28 À l'endroit où l'on a retrouvé le corps de Donna Bennett Johnston,
01:32 la police a repéré un élément crucial à l'enquête.
01:35 Il avait plu la veille.
01:37 Quand le tueur est arrivé en voiture devant le canal, il a laissé une empreinte nette de pneus.
01:43 Les policiers sont donc allés interroger les personnes à bâton rouge qui avaient acheté ce type de pneus.
01:51 Les agents faisaient le tour de toutes les maisons pour trouver le responsable.
01:57 Ils ont fini par arriver chez Sean Vincent Gillis.
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02:09 On s'est garés devant la maison.
02:11 J'ai entendu quelque chose à l'arrière, donc j'ai fait le tour.
02:15 Il y avait un homme assis sur sa terrasse qui écoutait une émission de radio.
02:21 Je me suis présenté. Je lui ai dit que Jeff était à la porte.
02:26 Je voulais d'abord commencer par le mettre à l'aise.
02:30 J'ai prétendu que les traces de pneus étaient selon moi une mauvaise piste.
02:36 Je voulais lui faire croire qu'à mes yeux, on perdait notre temps à enquêter sur cet indice.
02:42 Il n'était plus méfiant.
02:44 J'en ai profité pour lui demander s'il était passé sur le terrain près du canal.
02:48 Il nous a dit qu'il y avait été le vendredi ou le samedi avant la découverte du corps.
02:55 Ensuite, je l'ai questionné sur les victimes.
02:59 Il se trouve qu'il connaissait Johnny May Williams.
03:03 Il nous a dit qu'il l'avait employé en tant que femme de ménage et qu'ils étaient devenus amis.
03:09 Il avait été désolé d'apprendre sa mort.
03:12 On lui a posé toutes les questions habituelles et comparé ses pneus aux traces trouvées sur place.
03:18 Mon coéquipier lui a ensuite demandé s'il voulait bien se soumettre à un prélèvement.
03:23 Il a accepté sans sourciller.
03:26 Je lui ai donc proposé de nous accompagner au bureau du shérif.
03:32 Après tout, il avait avoué sa présence sur les lieux du crime.
03:36 Il semblait connaître Johnny May Williams.
03:39 Il pouvait nous être utile. Il savait peut-être certaines choses sur elle que nous ignorions.
03:44 Peut-être avait-il vu quelque chose d'essentiel à l'enquête.
03:47 C'était l'occasion de nous en dire plus sur sa relation avec la victime
03:51 et de nous expliquer ce qu'il faisait sur les lieux du crime.
03:56 On allait monter en voiture.
03:59 Il m'a demandé s'il pouvait fumer une cigarette avant. J'ai accepté.
04:03 Pendant qu'il fumait, on a échangé quelques banalités.
04:07 Et puis, au bout de quelques minutes, il a écrasé sa cigarette sur le trottoir du veu du pied
04:12 et il nous a dit "Allez, qu'on en finisse".
04:16 Au poste, on lui a énoncé ses droits et il a accepté de répondre à nos questions.
04:23 On l'a interrogé pendant plusieurs heures.
04:26 On cherchait à lui tirer le plus d'informations possibles concernant les trois homicides.
04:31 Il a tenté de nous expliquer la présence de son véhicule sur les lieux du crime.
04:52 Il nous a notamment raconté qu'il y avait fait une marche arrière.
04:56 Notre hypothèse, c'était que le conducteur du véhicule avait jeté le corps de Donna Johnston
05:12 depuis son coffre dans le canal.
05:15 C'était cohérent avec ses explications et avec les traces laissées dans le sol par le pneu.
05:22 Ok, donc vous avez tiré et tourné vers le canal?
05:26 Non, en fait, j'ai tiré et tourné vers le canal.
05:28 J'ai tiré et j'ai retourné pour me coucher. J'ai ouvert la porte, je suis sorti, j'ai fait mon boulot,
05:33 je suis tombé, j'ai regardé autour, je me suis assuré que personne ne m'a vu.
05:37 Je suis tombé dans le coin et j'ai pris le coup.
05:39 Je t'entends, mon ami.
05:41 Jeff l'a interrogé pendant un moment.
05:43 Il lui a posé des questions et il lui a soumis des hypothèses.
05:47 Sean nous a parlé de son passé et de sa voiture.
05:50 On a discuté comme ça quelques temps.
05:52 On attendait que la police scientifique ait fini l'analyse du prélèvement salivaire
05:56 qu'on avait fait faire à Sean plus tôt dans la journée.
06:01 Je suis en train de me dire pourquoi tu n'allais pas juste rentrer chez toi.
06:07 En fait, comme je te l'ai dit, je n'avais pas pensé à attendre pour un autre feu.
06:14 Il y avait du trafic à l'époque.
06:16 Normalement, tu peux faire un bon tour, mais il y a du trafic, tu ne peux pas.
06:20 Tu dois attendre et attendre.
06:21 Tu sais où est la tête de Donna qui a été trouvée ici?
06:24 Je sais qu'elle était quelque part dans la pente.
06:27 Est-ce que ça te surprendrait si je te disais qu'elle était trouvée ici?
06:30 Non, ça ne me surprendrait pas.
06:31 On ne parlerait pas.
06:33 Alors, pourquoi tu penses que ça ne te surprendrait pas?
06:39 Non, ça ne me surprendrait pas parce que je me suis dit pourquoi on parle.
06:43 Tu sais pourquoi on parle?
06:45 On parle parce que tu as eu des traces de pneus qui sont peut-être venus de mon voiture.
06:54 On était tous d'accord sur le fait qu'on n'avait pas assez d'éléments pour le retenir plus longtemps.
07:00 On a accepté de le ramener chez lui.
07:03 Mais on avait discuté pendant longtemps avec lui.
07:06 C'était un bon suspect et on ne voulait pas qu'il s'évanouisse dans la nature.
07:12 Pour cette raison, on l'a placé sous surveillance.
07:15 S'il sortait de chez lui, on le saurait dans la mine.
07:23 On a mis des agents d'estupe en planque devant sa maison et dans son quartier.
07:28 Ça nous permettait de suivre ses moindres allées et venues.
07:32 On a continué à parler sur le chemin du retour en le ramenant chez lui.
07:38 La conversation a dévié sur les échecs.
07:41 On commençait tout juste à y jouer et j'étudiais les ouvertures, les milieux de partie et les finales.
07:47 Il m'a demandé quelle phase je préférais.
07:50 Moi, j'aimais les ouvertures parce qu'on y apprend beaucoup de choses.
07:54 C'est là qu'on voit comment répondre aux coups de son adversaire.
07:58 Sean, lui, préférait les finales.
08:01 On a reçu un appel de l'analyste de la police scientifique.
08:14 L'ADN correspondait.
08:16 Les prélèvements salivaires qu'on lui avait fait faire dans la journée correspondaient à l'ADN retrouvé dans les meurtres de Catherine Hall, Johnny May Williams et Donna Bennett Johnston.
08:28 Quand j'ai appris que c'était lui, j'étais ravi.
08:32 L'enquête sur Derek Todd Lee avait pris dix mois.
08:35 Celle-ci n'avait commencé qu'un mois.
08:37 J'étais content de savoir qu'on pourrait vite classer l'affaire.
08:43 On était tous soulagés. On avait des profs scientifiques qui plaçaient Sean sur les trois scènes de crime.
08:48 On a commencé à s'organiser. Il fallait un mandat de perquisition pour sa maison et un mandat d'arrêt.
08:54 On s'est répartis les tâches. On devait rédiger les documents et les faire parvenir aux juges.
09:00 On a appelé le SWAT et on leur a donné l'adresse pour qu'ils puissent établir un plan d'attaque.
09:06 Ils sont intervenus plus tard dans la soirée.
09:10 Le jour où la nuit s'est terminée
09:14 Je m'appelle Terry Lemoyne. J'ai vécu neuf ans avec le tueur en série Sean Vincent Gillis.
09:28 Je travaillais la nuit dans une super-aide.
09:34 Une de mes amies est arrivée un soir accompagnée d'un petit mec.
09:39 Elle m'a dit « Terry, je te présente Sean. Sean, je te présente Terry. Vous devriez bien vous entendre. »
09:46 On aimait et on détestait les mêmes choses. On s'est rendu compte qu'on avait beaucoup en commun.
09:52 Sean venait au magasin sur mon temps de travail tous les soirs.
09:56 Il restait assis à côté de moi et on parlait pendant des heures.
10:00 Ça a duré comme ça longtemps.
10:04 J'arrêtais pas de lui demander de me montrer où il vivait, mais il ne voulait jamais.
10:11 Puis finalement, un jour, je sortais du travail.
10:17 Il était avec moi et je lui ai dit « Tu ne vas pas me reconduire chez moi. On va chez toi. »
10:22 Il m'a répondu « Non, il vaut mieux pas. » J'ai insisté.
10:26 J'ai compris pourquoi il ne voulait pas m'y emmener. Sa maison était totalement en désordre.
10:32 On voyait clairement que c'était un homme qui y vivait.
10:37 Et cet homme en particulier ne savait pas s'occuper d'une maison.
10:41 Je lui ai proposé de l'arranger et d'en faire de nouveau un endroit où il ferait bon vivre.
10:47 Et c'est ce que j'ai fini par faire.
10:50 J'ai emménagé et j'ai retapé toute la maison.
10:54 Terry est une femme impressionnante.
10:57 Elle a une forte personnalité.
11:00 Elle a été impliquée dans une altercation dans un club de strip-tease.
11:04 Elle a frappé un homme à coup de queue de billard parce qu'il avait agressé une de ses amies.
11:11 Il en est mort.
11:13 Je ne pense pas que Sean s'en serait pris à quelqu'un qui n'hésitait pas à faire usage de la force.
11:19 Sean était affectueux. Il s'entendait bien avec les enfants de Terry.
11:24 Il n'avait pas de travail à proprement parler.
11:28 C'était Terry qui subvenait aux besoins de la famille.
11:32 Au début, il ne travaillait pas.
11:36 Sa mère lui envoyait de l'argent.
11:39 Je lui ai dit qu'il était trop vieux pour ça et qu'il fallait qu'il trouve un boulot.
11:44 Je l'ai fait entrer dans la super-être où j'étais employée, mais il n'y est pas resté.
11:49 Ensuite, il a trouvé du boulot dans un magasin de multimédia.
11:53 Il y a travaillé un peu, mais il ne gardait jamais un emploi très longtemps.
11:58 Notre relation était surtout amicale.
12:05 Ça n'était pas vraiment une relation amoureuse.
12:08 On était comme frères.
12:11 Nous n'avons jamais eu de rapport intime.
12:14 À une occasion, je lui ai demandé pourquoi.
12:17 Il m'a répondu que sa mère lui avait dit que c'était sale et qu'il ne fallait pas faire ça.
12:22 Je ne voulais pas me risquer à contredire sa mère.
12:26 J'ai donc accepté la situation telle qu'elle était.
12:36 Ce soir-là, je regardais un film.
12:39 Je ne me souviens plus de ce que c'était.
12:42 Sean a éteint son ordinateur et est venu devant la télé avec moi.
12:47 C'était inhabituel.
12:49 Je lui ai demandé si son ordinateur était en panne.
12:52 Il ne passait jamais vraiment de temps avec moi devant un film.
12:56 Il m'a répondu que c'était un film de la télé.
12:59 Je me suis dit que c'était un film de la télé.
13:02 Il ne passait jamais vraiment de temps avec moi devant un film.
13:06 Il m'a répondu que je voulais seulement être un peu avec mon petit lapin.
13:11 C'était mon surnom.
13:14 Ce soir-là, on est restés ensemble à regarder le film.
13:18 Puis je suis partie dormir.
13:20 Il est allé se coucher en même temps que moi.
13:23 Ça aussi, il ne l'avait jamais fait. C'était étrange.
13:27 J'étais responsable des services d'urgence du bureau du shérif dont le SWAT faisait partie.
13:33 J'étais là quand ils ont débarqué chez lui.
13:36 L'équipe a été très efficace.
13:38 Ils ont parfaitement su sécuriser le périmètre.
13:41 Les enquêteurs leur ont emboîté le pas et ont perquisitionné la maison.
13:46 Ils ont embarqué Sean et Terry au poste.
13:52 J'ai entendu un gros bruit du côté de la porte d'entrée.
13:57 Un policier avait défoncé la porte.
14:00 Il s'est avancé vers nous et il a arrêté Sean.
14:05 J'ai voulu savoir ce qu'il se passait.
14:07 L'un d'eux m'a dit « Vous n'étiez pas au courant ? Vous vivez avec un tueur. »
14:13 Je n'ai pas pu m'empêcher de croire qu'il blaguait.
14:16 J'ai éclaté de rire.
14:18 J'ai dit qu'il devait se tromper de maison.
14:21 C'était improbable.
14:23 Sean n'aurait jamais pu tuer qui que ce soit.
14:26 On a emmené Sean au bureau du shérif.
14:37 Terry Lemoyne l'accompagnait.
14:39 Il s'agissait maintenant d'obtenir l'aveu des trois homicides.
14:43 Si on vous posait des questions, vous seriez prêt à répondre ?
14:47 Je comprends oui et non.
14:52 Pardon ?
14:53 Oui et non.
14:55 C'est la seule chose que vous voudriez répondre ?
14:58 Non, je veux juste que vous compreniez que oui, je le ferais et non, je ne le ferais pas.
15:03 Absolument.
15:05 Sean a fini par se laisser convaincre.
15:08 Il a commencé à nous expliquer son implication dans les meurtres.
15:12 On avait retrouvé son ADN sur les trois victimes.
15:15 Il ne pouvait plus nous mentir.
15:18 On voulait savoir comment il avait choisi ces victimes
15:21 et ce qui l'avait poussé à les démembrer après leur mort.
15:26 Ce n'est pas aussi simple que ce qu'il a expliqué avant.
15:31 C'est comme si on regardait quelqu'un d'autre le faire.
15:34 C'est une sorte d'expérience hors corps.
15:37 Ce n'était pas ça.
15:39 J'ai fait des choses hors corps avant.
15:41 Je jouais avec ça.
15:43 Je me suis mis à porter des vêtements et à rêver.
15:46 Des choses comme ça.
15:48 Ce n'était pas ça.
15:50 Mais c'était un autre niveau.
15:53 Je pouvais dire ce qui se passait.
15:56 Je sais ce qui se passe.
15:58 Mais à ce moment-là, je n'avais aucune émotion.
16:03 On lui a demandé comment il faisait pour ramener ses victimes chez lui.
16:08 Où se trouvait Terry à ces moments-là ?
16:11 Elle travaillait toujours de nuit dans une supérette locale.
16:15 Elle était également épileptique,
16:17 ce qui voulait dire qu'elle ne pouvait pas conduire.
16:20 Sean l'emmenait tous les soirs au travail
16:22 et venait la chercher quand elle avait terminé.
16:25 Il pouvait ramener ses victimes chez lui
16:27 en étant certain que Terry n'y serait pas
16:30 puisqu'il n'y avait qu'avec lui qu'elle rentrait du travail.
16:34 On m'a raconté qu'il avait tué plusieurs personnes dans la ville
16:40 et qu'il s'attaquait aux femmes.
16:43 Je voulais aller lui parler.
16:46 C'était la seule manière pour moi d'y croire.
16:49 Ils m'ont laissé le voir.
16:52 Je lui ai posé la question.
16:54 Très sérieusement.
16:57 Je lui ai demandé "Est-ce que tu as vraiment fait tout ça ?"
17:02 Il m'a regardée avec son petit sourire en coin.
17:06 Il a secoué la tête et il m'a dit "Oui, mon petit lapin."
17:09 Je suis désolée, j'ai vraiment fait ça.
17:13 Au début...
17:17 je n'arrivais pas à y croire.
17:22 Il m'a fallu un instant pour l'encaisser.
17:26 Puis j'ai hoché la tête et je suis partie.
17:30 C'était comme si tout mon monde s'écroulait.
17:39 Rien ne serait plus jamais pareil.
17:44 Tout allait changer.
17:47 On avait retrouvé son ADN sur les trois scènes de crime et sur les trois victimes.
17:52 Il ne pouvait pas le contester.
17:54 Mais on cherchait d'autres éléments qui prouvaient son application.
17:58 Une équipe perquisitionnait sa maison pendant qu'on l'interrogeait.
18:02 Je faisais partie des techniciens de la police.
18:08 Je suis allée voir des gens qui étaient dans la maison.
18:11 Je me suis dit "Il y a un homme qui est là."
18:14 Je faisais partie des techniciens envoyés fouiller sa maison.
18:18 Ce qui était curieux, c'est qu'il vivait dans le quartier où Derrick Tudley assassinait ses victimes.
18:24 C'était à côté du campus et à proximité de la maison de Gina Green et de la résidence où habitait Charlotte Murray Pace.
18:33 On s'est rendu chez lui et on a procédé à la fouille.
18:38 On cible d'abord ce qui est inscrit sur le mandat.
18:41 Il peut s'agir de plusieurs éléments dont les forces de l'ordre ont eu connaissance à la suite d'un interrogatoire, par exemple.
18:47 Les enquêteurs peuvent nous demander de trouver des objets particuliers.
18:53 C'est notre travail de les récupérer et de les traiter.
18:56 Ce qui a attiré mon attention lors de la perquisition de la résidence de Sean Gillis,
19:04 c'est la présence en nombre d'épées, d'objets tranchants et de scies.
19:09 On nous a dit plus tard que c'était sa compagne qui était passionnée d'épées décoratives factices.
19:14 Mais on a également trouvé sur place des scies et divers types de couteaux.
19:20 Les scies sont des terres et aucune de ces scies n'a été utilisée.
19:24 Elles sont des décorations.
19:27 Je suis sûr que la forensce ne va pas vouloir en parler, mais je vous le dis, aucune de ces couleurs n'a été utilisée.
19:34 Est-ce que vous avez utilisé un type de scie ?
19:36 C'est un coup de scie assez propre.
19:38 Vous avez toujours la scie ?
19:40 Vous l'avez laissé ?
19:41 Oui, j'ai laissé.
19:42 Quel type de scie ?
19:43 Une scie de haque.
19:46 Sean avait pris en photo le corps de Donna Bennet Johnston dans son coffre.
19:51 Sur une photo que l'on a retrouvée chez lui lors de la perquisition, on pouvait même apercevoir une partie de sa plaque d'immatriculation.
20:00 Il gardait les photos et les articles de journaux chez lui.
20:04 Il avait également des clichés de ses victimes.
20:07 Il nous a donné des détails précis sur chacune de ses femmes et sur ce qu'il leur avait fait.
20:13 Pour lui, sa victime, ça correspondait à ce que l'on avait trouvé.
20:17 Sean Gillis a grandi sur Lerode, à Baton Rouge.
20:32 Il vivait dans un quartier résidentiel tout à fait normal.
20:39 Son père m'a raconté que son père était en vie, mais qu'il n'avait plus toute sa tête.
20:44 J'en ai déduit qu'il avait des problèmes mentaux.
20:48 Quand Sean Gillis était enfant, son père a tenté de le tuer.
20:53 Il a dit à sa femme qu'il allait tuer Sean avant de la tuer elle.
20:57 Elle s'est enfuie par la fenêtre de la salle de bain et a couru appeler la police.
21:02 Son mari, Norman, a été placé en hôpital psychiatrique.
21:06 Il a passé sa vie à faire des séjours plus ou moins longs en institution.
21:11 C'est sa mère, Yvonne, qui l'a élegée.
21:14 Elle l'adorait et elle était au petit soin avec lui.
21:17 C'était une très bonne mère.
21:19 Elle lui donnait la fessée de temps à autre, mais pas plus que n'importe quelle autre mère à cette époque.
21:24 Son enfance a été difficile dans le sens où il était souvent seul.
21:29 Il n'avait personne à qui parler.
21:32 Sa mère travaillait tout le temps et il n'y avait pas d'autres membres de la famille qui pouvaient s'occuper de lui.
21:38 J'ai l'impression que Sean cherchait quelqu'un à qui parler.
21:45 Il travaillait dans une supérette dans les quartiers sud de Baton Rouge.
21:51 Les agents y passaient parfois la nuit.
21:54 Ils le connaissaient parce qu'ils prenaient parfois leur pause là-bas.
21:57 Ils l'ont toujours vu comme un petit gars étrange.
22:00 Il leur servait du café.
22:02 Ce qu'il leur racontait était parfois un peu farfelu,
22:05 mais rien ne laissait penser qu'il pouvait commettre des meurtres et des viols.
22:11 Même si à première vue il ne leur ressemble pas,
22:18 Sean Gillis appartient à la longue lignée de tueurs en série psychosexuelle comme Ed Gein ou John Wayne Gacy.
22:27 Il lui fallait un cadavre pour satisfaire ses fantasmes.
22:32 C'était le genre de tueur qui se forçait à ne pas trop réfléchir à ce qu'il faisait,
22:38 de peur de prendre conscience de l'horreur de ses actes.
22:42 C'était un vrai pervers, capable de démembrer un autre être humain.
22:55 On n'avait jamais eu d'homicide de ce type à Baton Rouge, et il avait fait de nombreuses victimes.
23:01 La plupart des morceaux de corps coupés, sciés ou démembrés n'avaient pas été retrouvés.
23:07 Sean nous a indiqué les endroits où il s'en était débarrassé.
23:13 On s'y est rendu avec des chiens de recherche pour essayer de retrouver les restes des victimes.
23:18 Sean nous a montré divers lieux autour de Baton Rouge et de Lafayette où il avait amené ses victimes.
23:25 Puis il nous a indiqué celles qu'il avait ramenées chez lui.
23:29 Il nous a expliqué ce qu'il leur faisait.
23:32 Il allait ensuite jeter leurs restes dans toute la région.
23:36 Il a notamment ramené le corps d'une des victimes chez lui.
23:42 Il a mis le cadavre dans la douche et il s'est lavé avec lui.
23:47 Il l'a savonné en le maintenant debout.
23:50 Il faisait avec les corps des choses très étranges.
23:53 Je ne sais pas ce qu'il leur a fait.
24:16 Un des policiers m'a dit qu'il en avait démembré certaines.
24:20 Il a découpé une main ou un bras.
24:23 Il allait prendre une main.
24:26 Je voulais un bras.
24:28 Je me suis dit que ça allait faire un énorme dégât sur son dos et sur son cou.
24:34 Je voulais voir si je pouvais enlever sa tête.
24:37 Je lui ai donné quelques coups de force, en me déchirant sur le dos.
24:43 Je lui ai coupé la tête plutôt que de la couper.
24:47 À ce moment-là, c'était clair.
24:49 Il se trouvait sur le côté de l'arme.
24:52 J'ai pris la machette, l'ai coupé et coupé la tête.
24:55 C'était comme si tout le monde avait vu le reste de la vie.
24:58 Je vais vous montrer la salle de bain du couloir.
25:05 La police m'a dit que Sean avait mis un corps dans la douche.
25:08 Et voici la douche.
25:10 C'est ici.
25:14 C'est la salle de bain principale de la maison.
25:17 Je n'y vais jamais.
25:19 Je me sers de celle qui est à côté de la chambre.
25:22 Je n'ai jamais pris de douche ici.
25:24 Je me lave dans l'autre pièce.
25:26 Il vaut mieux.
25:28 La police m'a appris qu'une des victimes avait été démembrée sur le sol.
25:36 Juste ici.
25:38 Devant l'évier.
25:40 Quand je l'ai su, je me suis débarrassée du carrelage et j'ai tout refait.
25:45 On ne m'a jamais dit de qui il s'agissait et ce qu'il lui avait fait exactement.
25:50 On me demande souvent comment je fais pour habiter encore là.
25:55 Dans ma tête, ça ne s'est pas passé ici.
25:58 C'est ma maison.
26:03 C'est ici que j'ai essayé un peu de cannibalisme.
26:07 La douche humaine ne goûte pas bien. Je ne l'advise pas.
26:11 J'ai parfaitement déchiré un doigt.
26:13 - Qu'as-tu fait avec ça ?
26:15 - J'ai mangé un peu.
26:17 - Tu l'as déchiré ?
26:19 - Non. Ça a été déchiré à la maison.
26:23 J'ai mangé, mangé, mangé.
26:26 La peau de cannibale est assez difficile.
26:29 J'ai des doigts mauvais, des cheveux très fins.
26:33 J'ai presque écrasé les doigts.
26:36 C'est à ce moment-là que j'ai décidé que je ne le verrai plus jamais.
26:41 Et même pendant son procès.
26:44 J'y allais uniquement quand la police exigeait ma présence.
26:49 Pour moi, c'était des choses qu'il avait décidées de faire par lui-même.
26:54 Personne ne l'avait forcée.
26:56 Il n'y avait pas été obligé. Il l'avait décidée.
27:00 Ça ne se pardonne pas.
27:23 - Le député nous a raconté les 3 meurtres pour lesquels il savait que les preuves l'accablaient.
27:29 Après ça, il a commencé à nous parler d'autres victimes.
27:33 Le groupe d'intervention avait ressorti des dossiers non résolus d'homicides
27:37 où les restes des victimes avaient été jetés en pleine nature.
27:41 Pour nous, c'était le même tueur.
27:44 - Sean Vincent Gillis continue de confesser des meurtres.
27:47 Les détectives liquent encore plus de meurtres à Baton Rouge.
27:51 Les détectives confirment que Gillis est responsable des morts d'Anne Bryan et de Hardy Schmitt.
27:57 Des mystères qui nous ont longuement évoqués.
28:00 - L'une des victimes de Sean Gillis s'appelait Hardy Mosley-Schmidt.
28:04 Elle était complètement différente de ses autres victimes.
28:08 Elle était mariée à un avocat.
28:10 Elle vivait dans un quartier plutôt chic de Baton Rouge.
28:14 Son père était juge. Sa famille était bien connue et très respectée dans la ville.
28:20 Le matin du 30 mai 1999, Hardy faisait son jogging
28:25 quand Sean Gillis l'a renversé en voiture.
28:29 ...
28:57 - Il a décidé que la meilleure méthode pour tuer, c'était d'utiliser un collier de serrage en plastique.
29:03 Il suffit de tirer dessus et la personne ne peut plus bouger.
29:07 C'est aussi plus net et moins sanglant.
29:10 Sean s'en fichait de les tuer.
29:13 Ce qui l'intéressait, c'était ce qu'il pouvait faire avec les cadavres.
29:17 ...
29:46 ...
29:49 Ensuite, il allait chercher sa copine.
29:53 ...
30:13 ...
30:23 - Certains le pensent responsable de tous les meurtres et d'autres non.
30:29 Un des enquêteurs se sentait un peu mal à l'aise avec ce qu'il se passait.
30:34 Il suffisait de montrer à Sean des photos de victimes et il disait "ça c'est moi".
30:39 Il semblait qu'il essayait d'impressionner les policiers en leur donnant exactement ce qu'ils voulaient.
30:46 Ce n'est pas forcément que la police avait envie de classer plus rapidement ces dossiers.
30:51 Mais plus il lui montrait des photos, plus il avouait.
30:55 Certaines familles de victimes n'y croient tout simplement pas.
30:58 Pour elles, ce n'est pas Sean qui a tué leurs proches.
31:01 ...
31:20 -Il a tué ses trois femmes, ça ne fait aucun doute.
31:24 Mais au fond de moi, je ne pense pas qu'il ait tué ma mère.
31:27 Il ignorait certains détails.
31:29 Beaucoup de choses qu'il a racontées ne collaient pas.
31:32 Il n'a pas su décrire la chemise de nuit de ma mère par exemple.
31:36 Il a donné de nombreuses informations qui étaient fausses.
31:39 ...
31:58 -C'était à celui qui en avait tué le plus.
32:02 Quand on les arrête, qu'on les met en garde à vue et qu'ils sont jugés,
32:10 ils tentent de se faire passer pour les plus grands tueurs en série de tous les temps.
32:16 -Je crois qu'il essayait de rivaliser avec Derek Todley.
32:20 Il avouait des meurtres pour montrer qu'il était le meilleur.
32:24 Le meilleur en quoi ? On se le demande.
32:27 Mais je suis fermement convaincu qu'il a avoué des meurtres qu'il n'a pas commis.
32:32 À l'époque, Derek Todley n'était lié qu'à six homicides.
32:36 -En l'écoutant décrire les meurtres, il paraissait évident que Sean était un homme profondément dérangé.
32:43 Il racontait de manière très factuelle ce qu'il avait fait à ses victimes.
32:47 On avait l'impression qu'il en rajoutait un peu, comme les suspects le font parfois.
32:52 C'était son moment de gloire.
32:54 -Il voulait raconter sa version. Il se croyait unique et différent.
32:58 Mais c'était surtout un barbare capable d'atrocités envers un autre être humain.
33:03 -De toute ma carrière, c'est sans doute le suspect le plus étrange que j'ai vu en interrogatoire.
33:11 Et j'en ai interrogé des centaines.
33:14 À partir du moment où il a commencé à nous raconter ses meurtres,
33:18 j'ai compris le genre de personne que c'était.
33:22 -Il n'était pas totalement avec nous.
33:25 Il aimait tuer plus que n'importe quoi d'autre.
33:28 Ça l'excitait.
33:30 -C'est un euphémisme que de dire qu'il est psychologiquement instable.
33:49 C'est un vrai détraqué.
33:52 D'après moi, il ne prévoyait pas l'endroit où il allait attaquer.
33:56 C'était quand il en ressentait le besoin.
33:59 Et s'il y avait une femme dans les parages, il l'attaquait,
34:03 l'agressait sexuellement et la torturait.
34:06 C'était son mode opératoire.
34:18 -Il a été reconnu coupable d'homicide volontaire
34:21 sans préméditation et a écopé de la perpétuité.
34:24 Sean ne sortira jamais de la prison dans laquelle il est enfermé.
34:28 La peine de mort existe encore en Louisiane.
34:31 Et si quelqu'un la mérite, ce serait bien Sean
34:34 pour la manière dont il s'est comporté avec ses victimes.
34:39 ...
34:51 -Il n'a pas été condamné à la peine de mort.
34:54 Sa cellule est pourtant dans le couloir de la mort
34:57 où il bénéficie d'une protection renforcée.
35:01 -Shock is not a strong enough word.
35:04 ...
35:29 -Baton Rouge a profondément changé.
35:32 Les choses sont presque revenues à la normale,
35:35 mais personne n'a oublié à quoi ressemblait son quotidien
35:38 dans cette décennie où les tueurs en série terrorisaient
35:41 la région entière.
35:43 -Ces deux hommes frappaient aux quatre coins de l'Etat.
35:50 Et si ça s'était passé avant la découverte de l'ADN,
35:53 je ne suis pas certain que l'on aurait pu résoudre
35:56 ces enquêtes à l'ancienne.
35:59 -Ce que la police a appris plus tard, c'est que pendant
36:04 les trois années où Derek Todd Lee sévissait à Baton Rouge,
36:07 Sean Gillis avait arrêté de tuer.
36:10 Derek Todd Lee était si présent dans les médias
36:13 et on parlait tellement de ses victimes
36:16 que Sean a cessé de s'en prendre à des femmes.
36:19 Mais il listait dans un fichier les victimes de Derek Todd Lee.
36:23 -Sean passait de longues heures à consigner les meurtres
36:26 non résolus qui survenaient à Baton Rouge.
36:29 Il avait un fichier sur son ordinateur
36:32 où il les répertoriait.
36:35 Il était très fier de son travail.
36:38 Pour lui, Derek Todd Lee avait tout à lui envier.
36:41 -On m'a dit qu'il ne fallait pas essayer de les comprendre.
36:44 C'est impossible.
36:47 On ne peut pas essayer de penser comme eux.
36:50 Leur esprit va là où les nôtres ne vont pas.
36:53 -Ils étaient tous les deux inhumains.
36:56 Derek Todd Lee devait inspirer une peur atroce
36:59 aux femmes qui l'attaquaient.
37:02 Sean Gillis faisait des choses affreuses à ses victimes,
37:05 mais elles étaient déjà mortes.
37:08 C'était des monstres.
37:11 C'est comme choisir entre la peste et le choléra.
37:14 Je dirais que Sean Gillis était sûrement plus diabolique,
37:17 mais Derek Todd Lee était tout aussi vicieux que lui.
37:21 -J'étais heureux. C'était enfin fini.
37:42 Plus de procès, plus d'attentes.
37:45 Parce que les procès continuaient,
37:48 il faisait tout ce qu'il pouvait pour sortir du couloir de la mort.
37:51 On retournait au tribunal tous les ans à peu près.
37:54 Sa mort a mis fin à tout ça.
37:57 -Je me réconforte dans le fait
38:00 qu'il ait mort le coeur brisé, littéralement.
38:03 Mais son coeur aurait dû se briser
38:06 d'avoir fait souffrir tant de familles.
38:09 Il leur a fait beaucoup de mal.
38:12 C'est incroyable de tout réparer, à lui de voir.
38:15 -On dit en général que le pardon est le chemin vers la guérison,
38:18 mais c'est très dur pour moi de pardonner.
38:21 C'était mon unique soeur.
38:24 J'en veux encore à Derek Todd Lee de l'avoir tuée.
38:27 -J'ai dû lui pardonner, pour moi.
38:36 Mais je ne peux pas m'empêcher de me poser une question.
38:39 Si l'on accepte Jésus comme son sauveur,
38:42 il nous pardonne ?
38:45 Pardonne-t-il aussi aux criminels ?
38:51 -Si l'on prend un peu de distance
39:01 et qu'on examine cette période de 7 ou 8 ans
39:04 pendant laquelle Derek Todd Lee et Sean Gillis
39:07 ont commis leurs crimes,
39:10 on se rend compte qu'environ 60 femmes ont disparu
39:13 ou ont été tuées.
39:16 Nous sommes presque sûrs que Sean Gillis en a tué 8.
39:22 C'est à peu près le même nombre pour Derek Todd Lee.
39:25 Mais même en leur attribuant 10 meurtres chacun,
39:28 ce qui est déjà énorme,
39:31 il reste 40 femmes qui ont été tuées.
39:35 Il reste 40 femmes qui ont été assassinées ou portées disparues.
39:39 Alors, que leur est-il arrivé ?
39:44 -Il est impossible de savoir avec certitude
39:49 combien de ces meurtres non résolus
39:52 peuvent être attribués à Derek Todd Lee ou Sean Gillis.
39:55 Pendant son interrogatoire, Sean Gillis disait...
40:00 "Elle, c'est Derek. Elle, c'est moi. Elle, c'est l'autre mec."
40:04 -Sean avait même raconté qu'un soir,
40:17 il avait croisé le regard de quelqu'un
40:20 et senti qu'ils étaient pareils.
40:27 Si ces femmes ont été tuées par un autre,
40:30 le meurtrier court toujours.
40:33 ...
40:37 ...
40:40 ...
40:44 ...
40:47 ...
40:50 ...
40:53 ...
40:56 [SILENCE]