• l’année dernière
Mercredi 12 juillet 2023, SMART JOB reçoit Katia DAYAN (Présidente fondatrice, Les papillons de jour, entreprise adaptée) , Benoit Durand-Tisnès (Managing Director, Wayden) et Marie-Liesse Morgaut (Managing Director, Nexmove)

Category

🗞
News
Transcription
00:00 (Générique)
00:12 Le cercle est rache.
00:13 Notre débat quotidien, le débat de Smart Job,
00:15 à quoi ressemble votre vie, une vie, après un licenciement ?
00:19 Alors, c'est un acte juridique, on signe beaucoup de papiers,
00:22 on prend un avocat, parfois,
00:23 mais c'est surtout un choc émotionnel,
00:26 c'est tout de suite une très grande douleur
00:29 et une perte de confiance pour beaucoup d'entre vous
00:31 qui avez traversé cette épreuve.
00:33 On en parle avec mes invités,
00:34 parce qu'il y a une vie après un licenciement,
00:37 c'est aussi l'objet de cette émission.
00:39 Katia Dailland est avec nous.
00:40 Vous êtes ici fondatrice Les Papillons de Jour.
00:43 Je vous ai fait une petite feinte.
00:45 - Oui. - Entreprise adaptée.
00:47 C'est écrit sur votre T-shirt. - Oui, c'est vrai.
00:50 - Vous êtes venue avec votre marque.
00:52 Merci, Katia, d'être avec nous.
00:54 Marie-Liès Morgaux, ravie.
00:56 Vous êtes la directrice générale de Nextmove.
00:59 Vous nous parlerez de votre entreprise
01:01 et l'accompagnement et les conseils que vous apportez.
01:04 Et Benoît Durand, tinnesse président de Wieden
01:07 et auteur de Steve,
01:08 vous étiez venu il y a plus d'un an et demi sur notre antenne.
01:12 Savoir rebondir après 45 ans, édition idéaux.
01:15 Juste commencer par vous,
01:17 parce que votre histoire a fait naître
01:20 votre entreprise et votre action.
01:23 Qu'est-ce qui s'est passé ?
01:25 Qu'est-ce que vous avez traversé ?
01:26 On dit que c'est une petite mort, un licenciement.
01:29 - La première fois que ça vous arrive, oui.
01:31 J'ai travaillé pour plus de 20 ans dans des grands groupes.
01:35 Puis un jour, je me suis fait licencier.
01:37 Donc il faut réagir par rapport à ça,
01:40 prendre des décisions.
01:42 Et puis la décision que j'ai prise,
01:44 c'était de monter une entreprise
01:47 qui est devenue entre-temps, aujourd'hui, Wieden,
01:49 un des leaders du management de transition en France.
01:53 Et chez Wieden, on rencontre plus de 1 000 dirigeants par an,
01:56 physiquement, et on est confrontés, justement,
01:59 à cette vie post-licenciement.
02:01 C'est-à-dire qu'il y a une grosse partie des candidats
02:03 qui arrivent au moment où ils sont entre deux jobs.
02:06 J'appelle ça "entre deux jobs"
02:08 parce que le licenciement, pour moi,
02:09 c'est plus une sanction.
02:11 - Je pense à la pub Free. Je cite la marque, qu'importe.
02:14 On voit la nana qui veut concurrencer Free
02:16 et qui dit "on a trouvé une super solution,
02:19 on a réduit de 20 centimes la bonne norme,
02:21 on a réduit le prix." Comment ça se passe ?
02:23 Comment on apprend qu'on est licencié ?
02:25 On vous dit "Bon, il te reste 15 jours,
02:27 "tu vas passer à la compta, tu prends ton enveloppe et on y va."
02:31 - Je pense que ça dépend des cultures des entreprises.
02:34 Il y a des entreprises un peu abruptes
02:36 où ça se passe comme ça et puis ça se fait dans la pub.
02:39 Moi, j'étais dans une entreprise qui était un peu abrupte.
02:42 Donc ça s'est passé un petit peu violemment.
02:45 Mais après, je dirais, quand ça vous arrive,
02:49 ça dépend de la manière dont vous réagissez,
02:51 si vous passez courbe de deuil en temps réel,
02:53 où vous êtes accrochée de l'entreprise.
02:56 Il y a des gens qui ne les passent jamais.
02:58 - Katia et Marilia, je voulais qu'on parle de ce sujet,
03:01 mais que vous puissiez vous présenter aussi
03:03 par rapport à ce que vous faites.
03:05 Votre business, votre enjeu, c'est d'intégrer des personnes
03:08 en situation de handicap, invisibles pour une grande partie d'entre elles,
03:12 et de dire "J'y crois."
03:13 Dans leur parcours, quand elles vous le racontent,
03:16 elles ont été cassées. - Complètement.
03:19 Les Papillons de Jour, ce sont des agences de communication en France.
03:22 C'est vrai, donc 360,
03:24 avec toutes les expertises que l'on connaît dans une agence de com.
03:28 Mais c'est aussi la réinsertion professionnelle
03:30 et la passerelle vers l'emploi.
03:31 D'abord, je suis une entreprise adaptée,
03:34 donc nous, on est entreprise adaptée.
03:36 C'est un modèle économique qui emploie à peu près 50 % de personnes
03:40 en situation de handicap.
03:41 C'est l'obligation légale. Avant, c'était 80, maintenant, c'est 50.
03:45 - Les entreprises qui font appel à vous peuvent justifier
03:48 leur emploi sur une entreprise.
03:49 - Pour moi, c'est de l'emploi indirect.
03:51 Ça fait plus de 10 ans que j'ai mon groupe.
03:54 Aujourd'hui, pour moi, c'est de l'emploi indirect.
03:57 Les grands groupes ne peuvent pas embaucher en interne
03:59 pour plein de raisons.
04:01 En passant par nous,
04:03 en nous faisant de la sous-traitance sur des prestations de service,
04:06 eh bien, elles créent de l'emploi, maintenant.
04:08 L'autre partie, c'est "Qui sont mes salariés ?
04:11 "Quels sont les profils de mes salariés ?"
04:13 Et leur parcours.
04:14 Alors oui, ce sont des personnes qui ont un handicap.
04:18 Visible ou invisible.
04:19 Mais qui ont des compétences.
04:21 Fauteuil roulant, maladie, sclérose, diabète,
04:24 maladie auto-immune, peu importe.
04:25 Accident de vie aussi, parce que nul n'est à l'abri.
04:28 Mais elles ont des compétences dans mon domaine d'activité.
04:31 Donc elles ont besoin de se réinsérer.
04:33 Elles ont été aussi parfois licenciées.
04:35 Ou parfois, elles n'ont jamais pu trouver un job
04:38 parce qu'elles étaient en situation de handicap
04:39 et qu'elles avaient décidé d'en parler.
04:42 Donc, quand elles arrivent,
04:43 souvent, elles arrivent avec une appréhension en disant
04:47 "Mais qui vous êtes, en fait ? Qu'est-ce qui se passe ?
04:49 "Vraiment, c'est vrai chez vous ?"
04:50 Et donc, du coup, on voit qu'il y a eu...
04:52 - On voit qu'il y a eu... - Ils ont eu quoi ?
04:54 Des moments de rupture, des moments d'isolement ?
04:56 - Des moments de discrimination ? - Il y a eu de la discrimination.
04:58 Oui, complètement, de la discrimination.
05:01 Pas toujours, mais oui, il y a eu de la discrimination.
05:04 Parce qu'on ne prend pas le temps d'eux,
05:05 mais maintenant, aujourd'hui, heureusement, ça a évolué.
05:08 Moi, je vous parle de ça il y a plus de 15 ans.
05:09 Il y a eu aussi des licenciements qui ont été extrêmement brutaux
05:13 pour des personnes qui ont fait des 20 ans de carrière.
05:15 Donc, ça rejoint ce que vous dites, Benoît,
05:18 dans le sens où on a une appartenance à sa société
05:21 et où on passe sa vie. C'est sa vie.
05:23 Marie-Liès, de votre côté, un mot d'abord sur Nextmove.
05:28 Concrètement, comment vous accompagnez ?
05:30 Quel apport vous donnez à ceux que vous accompagnez ?
05:34 Alors, Nextmove n'accompagne pas que la transition professionnelle,
05:37 mais effectivement, c'est une part importante de nos activités.
05:40 Donc, à la différence de Benoît et de Katia,
05:42 nous ne recrutons pas.
05:44 Nous nous sommes, entre guillemets, des "passeurs".
05:46 Les personnes qui ont quitté l'entreprise
05:48 pour les aider à retrouver, effectivement,
05:50 une prochaine opportunité professionnelle.
05:52 Donc, parfois, ils vont se diriger vers le management de transition.
05:56 Et c'est super, parce que quand on atteint sa troisième partie de carrière,
05:59 c'est évidemment extrêmement important.
06:01 On a l'expérience, on est prêts à prendre un peu plus de temps,
06:03 d'organiser différemment sa vie.
06:04 On a l'expérience, on a la prise de recul,
06:07 on a la vraie envie de rejoindre l'employabilité.
06:10 Parce qu'on parlait de Katia, vous parliez de la discrimination.
06:13 Il y a une discrimination qui est extrêmement importante,
06:15 c'est la discrimination à l'âge.
06:17 Plus de 55 ans, 56 % de taux d'employabilité,
06:20 transition, deux et demi, plus importante.
06:23 Mais ceux que vous accompagnez en passerelle,
06:25 ils vous disent juste...
06:27 Ils vous disent "j'ai été brisé, je ne veux plus revenir
06:29 dans le monde de l'entreprise telle que Benoît l'a connue".
06:32 Parce que quand on parle en off à des dirigeants,
06:34 à des cadres dirigeants, à des gens qui ont eu des responsabilités,
06:36 ils vous disent "moi, je ne remets plus le pied dans une boîte".
06:39 C'est une machine, c'est une lessiveuse.
06:41 "On m'a massacrée, pour certains."
06:43 Exact. Alors, en fait, c'est souvent le premier réflexe
06:46 d'une personne qui a été tellement brisée.
06:48 En plus, je veux dire, plus elle a été engagée,
06:50 plus elle a eu des responsabilités,
06:52 elle quitte un statut, un sentiment d'utilité,
06:56 du lien social, l'effet de lien social, de rencontre, etc.
07:01 Et donc, nécessairement, le premier réflexe,
07:03 c'est la protection de se dire "plus jamais".
07:06 Moi, je me suis fait "larguer professionnellement",
07:08 c'est un divorce, c'est très injuste.
07:10 - Complètement. - On n'y revient pas.
07:11 Mais on y passe plus de temps en bureau que dans son histoire d'amour.
07:14 Donc, en fait, c'est encore pire qu'une histoire d'amour.
07:16 Et donc, c'est vrai que souvent, le premier réflexe chez eux,
07:18 c'est de dire "je ne retournerai plus dans l'entreprise
07:21 où je ne retournerai plus dans ce type d'entreprise".
07:24 C'est-à-dire les grandes entreprises, pour eux, effectivement.
07:27 Et ça, c'est la première étape.
07:28 Après, tu évoquais effectivement la courbe du deuil.
07:33 Quand ils ont avancé dans leur courbe du deuil,
07:35 ils reviennent un petit peu sur...
07:37 Mais en définitive, c'est quoi ma valeur ajoutée ?
07:40 C'est quoi mon emprunt ? Qu'est-ce que je sais apporter ?
07:42 Et une fois qu'ils avancent,
07:45 ils rencontrent une entreprise et ils se rendent compte
07:48 que c'est le début d'une nouvelle histoire.
07:49 - On parlait de la rupture amoureuse. - Exactement.
07:52 - Et surtout... - Un mot, Katia et Benoît.
07:55 Surtout, vous, Benoît,
07:58 toutes les personnes qui ont été à un moment donné licenciées,
08:00 sur le moment, c'est un choc, un état de choc,
08:02 mais à un moment donné,
08:04 quand on a fait 20 ans, 15 ans, 10 ans,
08:06 on a acquérit une expérience, on sait qui on est
08:08 et on sait de quoi on est capable.
08:10 Est-ce qu'on est capable d'apporter à une entreprise
08:11 ou pour soi-même si on monte sa société ?
08:13 Donc, à un moment donné, c'est juste ce delta de temps
08:16 en disant "Posez-vous, nous, on accompagne et on reforme
08:21 et on fait aussi de la reconversion, etc."
08:23 Mais on leur dit "Attendez, non, non, tout va bien."
08:25 "Tout va bien."
08:27 - Parce qu'à un moment donné... - C'est la confiance.
08:29 "Tout va bien, vous avez été licenciée, OK, soit,
08:31 c'est l'entreprise qui se sépare de vous,
08:33 mais vous, vous êtes une personne avec une expertise
08:36 et une expérience incommensurable."
08:37 Benoît a parlé de la courbe de Deutch,
08:39 le modèle Kübler-Ross,
08:41 parce que c'est une courbe assez intéressante
08:43 sur laquelle vous vous êtes appuyés.
08:44 Elle dit quoi, cette courbe de Deutch ?
08:46 Elle dit quand même qu'avant de retourner au combat
08:49 et d'aller séduire une autre entreprise
08:51 pour faire une métaphore amoureuse
08:53 ou d'essayer d'être séduisant, il faut d'abord se reconstruire.
08:56 Mais la courbe de Deutch, elle est valable
08:57 dans tous les moments de la vie où il y a des changements.
08:59 Et donc, ça passe par des étapes qu'il décrit très...
09:02 Voilà, refus, colère, tristesse, etc.
09:04 Résignation, refus de comprendre.
09:06 Avant de reconstruire vers le positif et de regarder devant.
09:09 Et la seule chose qu'on ne maîtrise pas, c'est le temps.
09:11 Et ça dépend de chacun.
09:12 Vous, vous avez mis combien de temps ?
09:13 Les gens qui passent le temps en temps réel
09:15 et puis d'autres qui ne le passent jamais.
09:16 Vous, ça a pris combien de temps ?
09:17 Bon, déjà, on se focusse sur mon aventure,
09:23 mais c'était il y a 15 ans, et ça a été la plus belle...
09:25 Enfin, chose qui me soit arrivée a posteriori.
09:28 C'est pour ça que vous êtes là aujourd'hui.
09:29 Ce que Marie-Liès disait tout à l'heure.
09:31 Moi, je crois qu'il y a une équation aujourd'hui
09:33 qui est encore fortement engrammée,
09:35 on va dire, dans les gens de plus de 45 ans,
09:37 parce que ça, c'est mon écosystème,
09:39 c'est compétent = protégé.
09:41 C'est fini, ça.
09:43 On est compétent, mais ce n'est pas pour autant
09:45 qu'on est protégé par l'entreprise.
09:47 Et aujourd'hui, c'est des choses qui ne sont encore pas assez...
09:50 compris par les salariés,
09:55 qui, j'aime bien dire, se font quitter par l'entreprise,
09:58 tout simplement, et ils le prennent pour eux.
10:00 D'où ces courbes de deuil.
10:02 Sentiment de culpabilité, c'est assez typique.
10:03 Aujourd'hui, la compétence, elle dure six ans.
10:06 Donc, il faut en permanence vivre en permanente bêta.
10:09 Benoît, vous avez...
10:10 Et tous les trois masculins qui le remportent,
10:13 c'est la grammaire.
10:14 Vous avez licencié, vous, ou pas ?
10:16 Maintenant que vous êtes patron.
10:18 Alors, pas chez Waylon, mais dans des vies antérieures,
10:20 oui, ça m'est arrivé, j'étais un des dirigeants,
10:22 j'étais un dirigeant, donc voilà.
10:23 Mais ça fait partie...
10:25 Pour moi, ça fait partie de l'entreprise.
10:28 Le licenciement n'est pas forcément quelque chose...
10:32 on va dire, sanctionnant pour...
10:36 - Voilà, c'est... - Vous aussi, Catherine ?
10:38 C'est aussi pour sauver des entreprises.
10:39 Parce que vous accompagnez des... Exactement.
10:40 Vous accompagnez des personnes et vous les insérez,
10:42 vous leur donnez un travail, un épanouissement,
10:45 mais vous êtes une chef d'entreprise,
10:46 - vous parlez d'un groupe. - Tout à fait.
10:48 Vous avez donc une responsabilité morale
10:49 quand on a quelqu'un en face à qui on dit
10:51 - on va arrêter l'histoire. - J'ai déjà licencié.
10:53 J'ai déjà licencié,
10:55 mais je pense aussi qu'il est important de comprendre
10:57 que la façon dont on va licencier,
10:58 les raisons pour lesquelles on va licencier...
11:01 - Les mots qu'on prononce. - Les mots qu'on prononce,
11:03 l'attitude aussi, et puis on ne...
11:06 Enfin, on n'est pas dans le cas de figure de grands groupes
11:09 qui ont été sur des licenciements abusifs.
11:11 - Ou massifs. - Ou massifs.
11:13 - On n'est pas là-dedans. - Les fameuses charrettes.
11:15 Oui, on n'est pas dans la charrette,
11:17 on est plutôt dans un licenciement.
11:18 Moi, j'ai licencié de par mon ancien métier
11:20 dans mes autres grands groupes,
11:22 et j'ai licencié chez moi en tant qu'entreprise adaptée.
11:24 Ça m'est arrivé parce qu'à un moment donné,
11:27 il y a des dossiers,
11:28 ou pour ne pas mettre l'autre à défaut,
11:30 parce que certaines personnes atteignent des...
11:33 - Un seuil de compétence ? - Non, c'est pas un seuil de compétence.
11:36 C'est que, voilà, la vie fait que,
11:39 peut-être qu'à un moment donné,
11:40 on a été à 100 % dans son entreprise.
11:42 - Et on l'est moins. - Et puis, c'est pas qu'on l'est moins,
11:44 c'est que c'est la vie qui veut ça,
11:46 parce qu'il y a eu le Covid,
11:47 parce qu'à un moment donné, on a d'autres problématiques.
11:49 Non, mais je voulais avoir le champ contre champ.
11:51 On parle des licenciements, mais il y a aussi quand même licenciés.
11:53 Moi, ce que je veux comprendre, c'est, à un moment donné,
11:55 pour moi, le licenciement dans une entreprise est un échec.
11:58 Se séparer d'un collaborateur qui a donné 7, 8, 10 ans de sa vie,
12:02 pour moi, c'est dramatique,
12:03 c'est quelque chose qui me met par terre,
12:05 parce que ce que je prône,
12:07 c'est les carrières et la pérennité d'un emploi.
12:10 - Et faire grandir. - Et faire grandir quelqu'un.
12:12 Benoît et Marie-Liège, je veux savoir s'il y a la licenciée.
12:15 On attend beaucoup de l'entreprise aujourd'hui.
12:17 Benoît, ne pas savoir si j'ai licencié.
12:19 On attend beaucoup de l'entreprise,
12:21 mais il y a des efforts à faire du côté de l'entreprise, certes,
12:24 mais il y a aussi des efforts à faire du côté du collaborateur.
12:27 Et aujourd'hui, je trouve qu'on oppose toujours
12:29 l'entreprise méchante de licencier au collaborateur,
12:32 mais le collaborateur, parfois, il est passif, il attend.
12:37 Voilà, et aujourd'hui, dans le monde d'aujourd'hui,
12:39 on a besoin de dynamique, de soft skill, de se prendre en main,
12:43 et puis d'être créatif, d'être esprit critique.
12:45 Et d'aimer aller travailler.
12:47 Marie-Liège, allez-y,
12:48 parce que sinon, vous n'allez pas pouvoir vous exprimer.
12:50 Ce n'est pas possible, cette histoire.
12:52 Vous êtes licenciée du débat, là.
12:53 J'apprends beaucoup de choses de ces débats.
12:56 Oui, bien sûr, ça m'est arrivé de licencier.
12:58 C'est toujours compliqué de licencier.
13:00 Évidemment, quand on fait notre métier,
13:01 on est très sensibilisés à la façon d'eux.
13:04 Après, malgré tout, c'est difficile
13:08 pour une personne, effectivement, qui se fait licencier,
13:11 de l'être, même si on a pris, j'ai envie de dire,
13:13 tous les égards qu'il fallait.
13:14 Qu'est-ce qui fait qu'un licenciement est violent ?
13:16 Il est violent parce que c'est soudain.
13:19 Vous avez passé, effectivement, 20 ans dans une entreprise.
13:21 Là, les personnes et les dirigeants
13:23 qui ont accompagné leurs entreprises pendant le Covid,
13:25 qui se sont surengagées, et on leur dit,
13:27 "Maintenant, besoin de 109,
13:29 "ben, voilà, tu fais plus partie de l'organisation."
13:31 C'est extrêmement compliqué.
13:33 Donc, il y a la dimension soudaine.
13:35 Il y a, effectivement, la façon,
13:37 et certaines entreprises savent très, très bien le faire,
13:40 et nous, nous sollicitent, en définitive, en amont.
13:42 C'est-à-dire que travailler avec Nextmove
13:45 sur la dimension transition professionnelle,
13:47 c'est aussi, pour l'entreprise, une garantie
13:50 de "pacifier" la séparation.
13:53 Ils nous rencontrent, ils visitent nos locaux,
13:55 ils se disent, "Mais ça a l'air d'être une expérience
13:59 "qui est sympa, on a les égards pour moi, etc."
14:01 Donc, déjà, ça pacifie.
14:03 Et puis, j'ai envie de dire, à moyen terme et à long terme,
14:05 ça évite le ressentiment,
14:06 parce qu'il n'y a rien de pire pour une entreprise
14:08 qui ne s'attache pas sur le off-boarding,
14:10 qui fait partie de l'expérience.
14:11 Très mauvais, les ambassadeurs négatifs.
14:13 Très, très mauvais. Et pour eux.
14:15 Très mauvais pour eux aussi.
14:16 Très mauvais.
14:17 Mauvais pour eux parce que l'ambassadeur
14:19 va démultiplier à chaque dîner en ville.
14:20 - C'est ce qu'on disait. - C'est terrible.
14:22 Un ressentiment qui se passe mal,
14:23 vous le gardez à vivre, le ressentiment qui se passe mal.
14:25 C'est ça.
14:27 Et je vous rejoins beaucoup.
14:29 Et puis, Benoît, pour des raisons antérieures,
14:32 on se connaît de par des expériences professionnelles similaires.
14:37 Oui, effectivement, aujourd'hui, les mots que l'on emploie...
14:40 Mais je voudrais vraiment insister sur le fait du Covid.
14:42 Le Covid a changé les mentalités et la culture aujourd'hui.
14:45 Quelqu'un qui cherche du travail a envie de travailler.
14:49 Il a envie d'aller travailler.
14:50 - Il y a du travail. - Et il y a énormément...
14:53 Moi, aujourd'hui, j'ai besoin de recruter,
14:54 et c'est compliqué parce que...
14:56 Des personnes en situation de handicap ?
14:58 Pas forcément.
14:59 Non, non, non.
15:00 Je recrute des personnes en situation de handicap
15:03 et je recrute aussi des personnes qui ne le sont pas.
15:05 Et on a des salaires décents.
15:08 - Moi, j'adore... - C'est la mixité qui est intéressante.
15:10 C'est la mixité et puis surtout,
15:12 moi, si un collaborateur est bien payé
15:15 et qu'il réussit sa vie privée,
15:16 moi, j'ai besoin que mon salarié soit bien dans sa vie privée.
15:20 Et aujourd'hui, après le Covid, il y a un changement de culture
15:23 où, que ce soit des jeunes ou des seniors, à un moment donné,
15:27 le travail s'est devenu
15:29 comme quelque chose de pas forcément fluide,
15:32 - comme quelque chose de positif. - Pas une évidence, en tout cas.
15:35 C'est pas une évidence.
15:36 Qu'est-ce que vous en pensez, Benoît ?
15:38 Pour revendiquer ce que vous dites,
15:39 je pense qu'on est, au-delà du Covid,
15:41 à un changement générationnel.
15:43 Vous savez, on devient intelligent à partir de 46 ans.
15:45 Donc le rapport au licenciement n'est plus tout à fait le même ?
15:47 En fait, il y a toute une catégorie de personnes
15:50 qui, à 45 ans, qui sont des gens qui ont vécu, comme moi,
15:53 j'ai 52 ans, dans l'ancien monde, on va dire,
15:56 pas digital, native, etc.
15:58 Je suis obligé de me transformer,
15:59 parce que je vois des choses qui arrivent
16:00 qui ne sont jamais arrivées aussi vite.
16:02 Et puis tous les gens qui ont moins de 45 ans, digital, na'vi,
16:04 ils arrivent beaucoup plus libres, beaucoup plus...
16:07 C'est pas des gens qu'on licencie, c'est des gens qui démissionnent.
16:09 - C'est exactement ce que je voulais vous dire. - Ils prennent leur liberté.
16:11 Aujourd'hui, il y a cette dualité
16:14 qui est encore, pour quelques années,
16:16 où on est dans une charnière générationnelle
16:17 qui est accélérée par le digital.
16:18 Et voilà, à mon avis, c'est une des raisons fondamentales
16:21 qui crée tout ce brouhaha et ces questions.
16:24 J'ai lu, Marie-Liès, peut-être me trompe-t-je,
16:27 mais qu'une partie de ceux qui avaient été licenciés,
16:29 alors ça dépend des métiers, ça dépend des secteurs,
16:31 ça dépend du niveau de qualification,
16:34 mais un certain nombre d'entre eux,
16:35 au-delà du management de transition, disaient
16:37 "Tiens, je vais monter ma boîte,
16:38 parce qu'en fait, je veux devenir mon propre patron,
16:40 ça me renvoie à ma liberté et à mes choix."
16:43 C'est important, ça.
16:44 Quand on accompagne un dirigeant chez Nextmove,
16:46 il y a la dimension accueil, courbe du deuil, etc.,
16:50 qui est la résilience.
16:51 On les met dans des communautés d'intérêts,
16:54 des communautés de métiers, de projets, etc.,
16:56 mais surtout, on leur redonne à la fois confiance,
16:59 mais il leur dit "Vous êtes beaucoup plus libres
17:00 que vous voulez bien imaginer."
17:01 Et donc, évidemment, il y a différentes options.
17:04 Il y a le management de transition,
17:05 mais il y a aussi la capacité de créer une entreprise.
17:08 Alors nous, on a un incubateur programme
17:10 qui fonctionne très bien.
17:11 Donc hier, on avait une présentation
17:13 dans le cadre du séminaire "Human and Work",
17:15 et nous avons accompagné 45 projets d'entreprises.
17:20 Et là, ça donne une énergie énorme,
17:23 non seulement aux personnes qui ont l'idée,
17:25 mais qui vont s'appuyer sur la communauté
17:27 pour avoir des compétences, etc.
17:29 - Ça reconstruit. - Là, ça bat son plein.
17:31 C'est le cas de Benoît, au final.
17:33 C'est un peu votre histoire.
17:34 Vous l'avez, votre boîte.
17:35 Vous êtes libre, vous embauchez et vous licenciez.
17:38 Je crois fondamentalement que le CDI, tel qu'il est,
17:42 reste quand même le mode opératoire normal aujourd'hui.
17:44 Il est majoritaire, d'ailleurs.
17:45 - Après... - Je suis d'accord avec vous.
17:47 C'est une volonté de liberté liée...
17:50 Parce que nous, quand on rencontre
17:52 des managers de transition candidats,
17:54 qu'on va sélectionner,
17:56 le point majeur qu'on pourrait...
17:58 Si on le résolvait tout, il irait bien,
18:00 c'est la perte d'existence sociale.
18:01 Bien sûr, évidemment.
18:03 Sur les managers et les dirigeants,
18:04 c'est la perte d'existence sociale.
18:06 Et on veut leur faire croire que...
18:07 - Et le statut, ça. - Vas-y, monte ta boîte.
18:08 Parce qu'aujourd'hui, si tu viens être entrepreneur...
18:11 - Ça va être génial. - Tout le monde n'est pas fait
18:13 - pour être entrepreneur. - Et ça peut être
18:14 - même plus dangereux. - Exactement.
18:16 Il ne faut pas confondre déposer un cabis
18:18 aux chambres de commerce
18:19 et comment on fait du chiffre d'affaires.
18:21 C'est complètement différent
18:22 et tout le monde n'est pas capable de faire ça.
18:24 Donc il faut bien se poser des bonnes questions.
18:26 Faites-nous pas rêver, attention aux rêves.
18:28 Crée ta boîte, tu vas t'éclater.
18:29 Il peut y avoir des dangers
18:31 et un effondrement supplémentaire.
18:32 Il faut générer soi-même son business.
18:34 C'est-à-dire que quelqu'un qui cherche un job
18:38 et qui veut par exemple être manager de transition,
18:40 le premier devoir du manager de transition,
18:42 c'est de trouver sa mission.
18:43 Il est en permanence en train de chercher son job.
18:44 Il fait du commercial, il se vend en permanence.
18:47 Et ceux qui ont bien réussi, c'est ceux qui ont créé leur réseau
18:49 et qui sont capables de rebondir.
18:51 Mais il y a du boulot.
18:52 Entrepreneur de même, c'est pas créer sa boîte.
18:54 - C'est entrepreneur de soi-même. - Merci à vous trois.
18:56 - Marie-Liès, un dernier mot. - Ce que tu évoques,
18:59 en définitive, c'est ce qu'on demande
19:00 à une personne en transition.
19:02 Que ça soit un porteur de projet entrepreneurial,
19:05 que ça soit une personne qui souhaite
19:06 aller vers le management de transition.
19:08 - Une personne d'autonomie de soi-même.
19:09 - Il y a la dimension d'autonomie,
19:11 il y a la dimension de proactivité.
19:12 Nous, notre signature, c'est "For leaders in motion".
19:14 C'est "Allez-y, soyez curieux,
19:16 rencontrez effectivement des personnes osées".
19:19 - Je pense aujourd'hui que de toute façon...
19:21 - Ça sera le dernier mot.
19:22 - C'est ce qu'on demandera à tout le monde.
19:23 Moi, il y a une phrase que j'aime bien,
19:24 c'est Reid Hoffman qui l'a dit.
19:26 Il dit "Il faut vivre en l'état de permanente bêta".
19:28 C'est-à-dire même le salarié dans l'entreprise.
19:30 Moi, je vois des gens passifs.
19:32 Je vois des gens sur LinkedIn,
19:33 ils n'ont que des contacts dans leur entreprise.
19:36 Si ça leur arrive,
19:37 ce n'est pas là qu'ils vont trouver un job.
19:38 Donc en permanence, il faut avoir une petite vitesse
19:41 et rencontrer du monde généreusement.
19:43 - Merci.
19:44 Vous êtes passionnés, c'est formidable.
19:46 On dépasse un peu le temps, mais ce n'est pas grave.
19:48 Ce n'est pas grave.
19:49 Vous ne serez pas licenciés pour autant de ce débat.
19:52 Katia Dayan, merci.
19:53 Juste un mot, combien vous recrutez
19:55 sur une émission emploi ?
19:56 Vous avez combien de...
19:56 - Là, j'ai 14 postes.
19:59 - 14 postes ouverts.
20:01 - 14 postes ouverts aux papillons de jour.
20:03 - D'accord. Allez donc sur l'onglet papillon de jour,
20:06 parce que ça vous donnera peut-être envie
20:07 d'aller rejoindre cette entreprise.
20:08 - Ou appelez-nous. On a plusieurs agences en France.
20:10 - Personne en situation de handicap,
20:11 entreprise adaptée, c'est un terme juridique.
20:13 - Oui.
20:15 - Benoît, combien de recrutement ?
20:16 - Le management de transition,
20:17 c'est une activité en ce moment qui explose
20:18 et qui prend une vingtaine de pourcents par an.
20:20 Et c'est plutôt à nous de sélectionner les bons
20:23 pour les mettre sur les bonnes missions.
20:26 - C'est ça.
20:27 - On a le problème inverse que du recrutement actuel.
20:29 - Marie-Liès ?
20:30 - La nouvelle, c'est qu'on a à Vivier de peu au prou
20:32 150 personnes disponibles.
20:34 - Et nous, on va les chercher chez Nextmove.
20:36 - Et qui ont des compétences,
20:39 qui savent parler de leurs projets,
20:40 qui sont extrêmement motivés.
20:41 - Et donc, c'est chez vous que ça se passe.
20:43 - Venez chez nous chercher les ressources
20:44 dont vous avez besoin.
20:46 - Nextmove, merci. Merci aux papillons de jour.
20:48 Les papillons de jour, merci.
20:50 Et merci à Widen. Widen ?
20:52 - Widen.
20:53 - C'est assez joli au son.
20:55 Merci à vous trois. Merci, Benoît Durand-Tinez.
20:57 Merci, Katia Dayan. Merci, Marie-Liès Morgaux
20:59 d'avoir partagé ce moment avec nous sur le plateau de Smart Job.
21:02 On termine avec Fonette sur l'emploi, évidemment.