Chroniqueur : Jeff Wittenberg
Jeff Wittenberg reçoit Pierre-Henri Dumont, député LR 7ème circonscription du Pas-de-Calais et porte-parole du groupe LR, dans Les 4 vérités.
Jeff Wittenberg reçoit Pierre-Henri Dumont, député LR 7ème circonscription du Pas-de-Calais et porte-parole du groupe LR, dans Les 4 vérités.
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00:00 En effet, bonjour à tous, bonjour Pierre-Henri Dumont.
00:04 Bonjour Javier Taberg.
00:05 On ne sait pas s'il y aura de pêche miraculeuse pour faire la transition, mais en tout cas
00:08 l'attente se prolonge pour quelques heures encore avant l'annonce du remaniement.
00:12 Est-ce ça normal selon vous, ou normal au contraire, que le Président et la Première
00:17 Ministre prennent leur temps avant de décider de constituer leur nouvelle équipe ?
00:20 En tout cas, ce sont les seuls à pouvoir décider.
00:22 Ce qui est certain, ce qui intéresse les Français, c'est pas de savoir si on va remplacer
00:26 des inconnus par d'autres inconnus, mais si la politique menée par le gouvernement
00:30 va changer.
00:31 Et la réalité, c'est qu'en gardant la même Première Ministre, on voit très bien
00:34 que le cap n'a aucune chance d'être changé, et que l'impact sur la vie quotidienne des
00:39 Français de ce remaniement sera absolument nul.
00:41 Vous auriez aimé une autre ou un autre Première Ministre ?
00:44 Écoutez, quand on regarde le bilan des 100 jours, des fameux 100 jours d'Emmanuel Macron
00:47 qui étaient censés être l'apaisement et l'action.
00:49 L'apaisement c'est quoi ? C'est les pires émeutes depuis 20 ans dans certains quartiers
00:52 de notre territoire.
00:53 Des villes qui n'avaient pas été touchées en 2005 ont là été touchées.
00:57 Et puis l'action, c'est 12,2 milliards d'euros de ce supplémentaire qui ont été
01:01 mis sur la table par le gouvernement.
01:03 Des engagements proches, jusque 2027, de près de 100 milliards d'euros.
01:06 Donc on voit bien qu'on est très très loin de ce qui avait été annoncé.
01:08 On va rester juste au remaniement.
01:09 Est-ce que vous craignez que des personnalités de votre camp, il y a des noms qui ont été
01:13 cités, rejoignent le nouvel gouvernement ? Vous parlez d'inconnus, mais il n'y a pas
01:17 que des noms inconnus qui sont évoqués.
01:19 Est-ce que ça ne serait pas une preuve que ce gouvernement penche à droite, c'est-à-dire
01:24 vers vous ?
01:25 Non, le gouvernement ne peut pas pencher à droite avec une première ministre, Elisabeth
01:29 Borne, qui a été directrice de cabinet de Madame Royal, par exemple.
01:32 Evidemment que ce n'est pas possible.
01:33 Vous considérez qu'elle fait une politique socialiste ?
01:35 Je sais en tout cas qu'elle ne mène pas une politique de droite.
01:37 Pourquoi est-ce qu'elle ne mène pas une politique de droite ? Parce que les dépenses
01:39 publiques de la France sont les dépenses publiques les plus importantes de l'OCDE,
01:42 58 %, parce que les services publics de proximité disparaissent, des trésoreries disparaissent,
01:46 des classes sont fermées.
01:47 Les hôpitaux sont aujourd'hui à l'agonie, il faut six mois pour faire une carte d'identité.
01:52 On a en France le déficit public le plus important de l'ensemble de la zone euro,
01:56 5,7 %.
01:57 Les personnalités n'y changeront rien s'il y a des personnalités de votre camp.
01:58 Il faut changer la politique, c'est-à-dire que si on veut vraiment impacter, ce n'est
02:01 pas avec des gens, mais c'est avec un changement de capitalité.
02:04 Je reviens sur la question du déficit public, c'est extrêmement pointu, sérieux.
02:07 Des pays comme l'Espagne, des pays comme l'Italie, qui on a souvent pointé comme étant
02:11 les mauvais élèves de l'Union européenne, vont arriver à 3 % de déficit.
02:14 La France était à 5,7 % en 2022, sera à 5,9 % en 2023.
02:20 Donc ce n'est évidemment pas une politique de droite qui est menée sans parler des questions
02:24 migratoires ou des questions de justice.
02:25 On va parler dans un instant, pendant le remaniement, les travaux continuent.
02:29 Il y a un texte important, vous parliez des émeutes urbaines il y a un instant, qui arrive
02:33 aujourd'hui au vote à l'Assemblée nationale, c'est celui des réparations des dégâts
02:38 causés sur les commerces, sur les bâtiments publics.
02:40 Qu'est-ce que vous allez faire ? Ce texte, je le rappelle, il a été voté à la quasi
02:43 unanimité au Sénat où la droite est majoritaire.
02:45 Moi je vais voter contre ce texte, parce que c'est un cri d'alarme.
02:49 C'est un cri d'alarme parce que dans ce texte il y a des choses évidemment qui sont
02:51 importantes, faciliter la reconstruction par supprimer quelques autorisations d'urbanisme,
02:57 par le fait de pouvoir avoir plus de subventionnements.
02:59 Ça vous ne le voterez pas.
03:00 Mais je suis favorable à tout cela, mais pas que pour les personnes et que dans les
03:04 quartiers qui ont subi des émeutes.
03:06 Il faut que ce soit pour l'ensemble des territoires qui font face à des difficultés.
03:09 Moi dans ma circonscription, mon canton, j'ai des écoles.
03:13 Qui sont amiantées, qui sont des passoires thermiques, qui ont à peine 15% de subventionnements.
03:18 Il faut aussi les aider, ces communes-là, il faut aussi les aider, ces parents d'élèves.
03:22 Et pourtant, ils ne vont pas brûler les écoles.
03:24 Donc je vais voter contre pour un cri d'alarme.
03:26 Vous disiez à l'instant que la France est très endettée, plus que ses voisins.
03:30 Et vous dites qu'il faudrait plus de crédits dans toute la France, alors que là on en
03:34 propose quelques-uns sur des quartiers spécifiques.
03:37 Donc c'est un petit peu paradoxal.
03:38 Non, je vous dis qu'il faut libérer les possibilités de création partout.
03:41 Je parlais des déclarations d'urbanisme qui seront facilitées grâce à ce texte
03:44 dans les quartiers en question.
03:45 Il faut le faire partout.
03:49 C'est un truc là où il ne pourra pas.
03:51 Pourquoi pas ? Mais ce n'est pas la question centrale.
03:53 La question centrale, c'est de dire qu'il faut être juste territorialement, qu'il
03:56 y a des difficultés pour les maires pour aujourd'hui bâtir, pour aujourd'hui avoir
03:59 des financements.
04:00 Et que ce sont tous les territoires qui doivent avoir des facilités de construction, des
04:05 facilités de financement.
04:06 Ce n'est pas dire dépenser plus.
04:07 Ça veut dire qu'à un moment donné, quand on va chercher de l'argent, il faut aller
04:10 chercher partout là où il est.
04:11 Il faut que ce soit réparti de façon juste territorialement.
04:13 Moi, dans ma circonscription, pardon de le dire, mais des écoles qu'on doit reconstruire
04:17 qui ont à peine 10 ou 15% de subventionnement, ce n'est pas du tout les mêmes niveaux
04:20 qui sont entendus ailleurs.
04:21 Et il faut plus de justice territoriale.
04:23 Vous parliez il y a quelques instants de l'immigration.
04:25 Est-ce qu'il y a une seule chance qu'un texte commun voit le jour ? On sait que c'est
04:29 l'ambition du gouvernement.
04:30 Emmanuel Macron, devant les députés Renaissance, en a reparlé hier soir en disant que c'était
04:34 un objectif.
04:35 Et vous, à droite, vous présentez aussi des propositions, mais qui sont incompatibles
04:39 avec ce que veut le gouvernement, apparemment, notamment sur la question du droit d'asile
04:44 que vous souhaiteriez voir examiné en dehors du territoire.
04:47 Le gouvernement, Emmanuel Macron, dit que c'est un texte inconstitutionnel.
04:52 Comment on fait ?
04:53 Écoutez, nous, notre texte est déjà déposé.
04:55 Il est déposé au Sénat.
04:56 Il sera voté par les sénateurs dès la rentrée, après les élections sénatoriales de fin
05:00 septembre.
05:01 Donc, si le gouvernement veut faire adopter un texte d'immigration, il n'a qu'à reprendre
05:04 à l'Assemblée nationale le texte qui sera voté.
05:06 Oui, mais nous, on a été très clair.
05:07 Les propositions sont sur la table.
05:09 Nous voulons diminuer l'immigration régulière.
05:12 Nous voulons supprimer l'immigration irrégulière.
05:14 Nous voulons faire en sorte de faciliter les renvois dans les pays d'origine.
05:17 Nous voulons faire en sorte aussi que le droit européen, la règle européenne ne nous empêche
05:21 pas de pouvoir assurer ces renvois, ne nous empêche pas de pouvoir imposer quelque chose
05:26 que nous ne désirons pas avoir sur notre territoire.
05:28 Mais vous pensez néanmoins, j'en reviens à ce qui se passe à l'Assemblée nationale,
05:31 qui a le dernier mot, qu'un compromis est possible.
05:34 Vous le souhaitez ? Vous seriez prêt à amender votre texte pour aller dans un sens
05:39 plus consensuel avec les députés Renaissance ?
05:42 Nous voterons pour tout texte qui permettra de diminuer l'immigration régulière,
05:46 qui permettra de limiter, interdire l'immigration irrégulière.
05:49 Et on est très clair, nous déposerons une motion de censure contre le gouvernement
05:53 si dans son texte immigration, il y a un texte beaucoup trop laxiste.
05:57 Si par exemple, il y a une régularisation des clandestins dans les métiers dits en tension,
06:01 nous déposerons une motion de censure s'il y a une augmentation.
06:04 Vous êtes porte-parole du groupe Les Républicains de l'Assemblée nationale.
06:06 Vous nous dites ce matin que votre groupe déposera une motion de censure.
06:09 C'est quelque chose qui a été discuté entre vous.
06:11 Nous déposerons, ça a déjà été annoncé d'ailleurs,
06:13 nous déposerons une motion de censure sur un texte immigration
06:15 s'il y a un texte immigration beaucoup trop laxiste.
06:17 De la même façon, nous nous ouvrons à la possibilité de déposer une motion de censure sur le budget.
06:21 Si le budget présenté par le gouvernement est un budget
06:24 qui est un budget avec une dérive trop importante des comptes publics,
06:27 si on demande des efforts, par exemple, aux Français sur des déremboursements de médicaments,
06:31 si on dérembourse de plus en plus de médicaments et que dans le même temps,
06:34 on continue d'avoir une haine médicale d'État pour les clandestins
06:37 qui est à plus de 1,2 milliard d'euros, il faut que les choses soient dans le bon ordre.
06:41 D'abord, faisons le ménage dans les comptes.
06:42 Après, demandons des efforts aux Français.
06:44 Mais c'est en tournant que vous nous dites, que vous nous exposez ce matin,
06:46 puisqu'on le rappelle, il y a eu des motions de censure non déposées par votre groupe,
06:50 mais votées partiellement.
06:52 Vous, par exemple, vous avez, M. Dumont,
06:54 vous avez voté la motion de censure qui concernait la réforme des retraites,
06:58 mais une grande partie de votre groupe, et notamment ses dirigeants,
07:02 M. Ciotti, M. Marlex, qui dirigent votre groupe,
07:04 ont appelé à voter contre cette motion de censure.
07:07 Donc, vous nous dites ce matin que la droite,
07:09 elle est à vous parler au nom de votre groupe,
07:11 va présenter une motion de censure.
07:12 Je parle au nom de mon groupe, ça a été dit par Éric Ciotti, président du parti,
07:14 ça a été dit par Olivier Marlex, président du groupe à l'Assemblée nationale.
07:18 Nous sommes tout à fait prêts à déposer une motion de censure sur le texte immigration
07:22 si le texte présenté par le gouvernement est beaucoup trop laxiste.
07:24 Et sur le budget, si c'est un budget qui est un budget
07:27 qui part à la dérive sur les comptes publics.
07:28 Avec le risque, donc, de faire tomber le gouvernement,
07:31 d'avoir une dissolution éventuellement,
07:33 de nouvelles élections, c'est un risque que vous souhaitez prendre aujourd'hui ?
07:37 C'est un risque parce qu'aujourd'hui, vous savez,
07:39 quand on est responsable politique, on n'a pas peur des élections.
07:41 Surtout quand on est à droite,
07:42 on a traversé l'épreuve du feu de nombreuses reprises,
07:45 en 2017, en 2022.
07:47 Et ce qui est important, c'est d'avoir une trajectoire
07:50 sur les questions migratoires, une trajectoire sur les questions financières,
07:53 que ça permet d'être soutenable.
07:54 Aujourd'hui, ce qui est présenté n'est pas soutenable.
07:56 Mais ce que vous voulez dire aussi,
07:57 c'est que ce gouvernement ne peut pas tenir encore quatre ans sans être renversé.
08:02 C'est un peu ce que vous nous dites en fait.
08:04 Non, ce que je vous dis, c'est que le gouvernement doit beaucoup mieux
08:06 prendre en compte ce qui est dit par les oppositions à l'Assemblée nationale,
08:09 par Les Républicains en particulier,
08:10 qui est le groupe aujourd'hui charnière pivot à l'Assemblée nationale,
08:13 et que nous n'accepterons pas d'avoir des avis,
08:17 des considérations qui sont pris à la toute marge et non pas au cœur des enjeux.
08:21 Mais vous êtes uni là-dessus ?
08:22 Oui, bien sûr.
08:23 C'est-à-dire ?
08:24 Ce n'est pas moi qui vous dis, c'est vraiment la position du groupe et du parti.
08:28 Et c'est un petit peu nouveau, on est d'accord,
08:30 puisqu'on avait plutôt vu des divisions au moment de la réforme des retraites.
08:34 C'est du passé.
08:35 Aujourd'hui, tout le monde est tiré dans le même sens chez Les Républicains.
08:38 Regardez la question de l'immigration.
08:39 Les textes ont été déposés.
08:40 En tant que l'immigration, je parle d'un point de vue général sur la politique du gouvernement.
08:43 D'un point de vue général sur la politique du gouvernement.
08:45 Aujourd'hui, il est très clair qu'il n'y a pas de changement de cap,
08:47 que Les Républicains ne veulent absolument pas participer
08:50 et monter sur le radeau de la méduse de ce gouvernement,
08:52 que donc nous sommes un parti d'opposition,
08:53 aussi bien au Sénat qu'à l'Assemblée nationale,
08:55 et que nous utiliserons, nous userons toutes les prérogatives
08:59 de notre capacité d'opposition, à savoir que si un texte va à l'encontre
09:02 de l'intérêt des Français, nous voterons non seulement contre,
09:05 mais dans certains cas, et ça a toujours été le cas.
09:08 Nous sommes une opposition qui est une opposition qui est déterminée.
09:11 Eric Ciotti a dit à plusieurs reprises que son ambition n'était pas de faire tomber le gouvernement.
09:14 Nous ne nous espérons pas arriver à l'extrémité de déposer une motion de censure,
09:19 mais si en effet on n'a pas le choix, nous le ferons.
09:22 Nous avons vous entendu ce matin.
09:23 Merci beaucoup, Pierre-Henri Dumont, député du Pas-de-Calais,
09:25 et porte-parole donc du groupe LR à l'Assemblée nationale.