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Aujourd’hui dans « Les 4 V » Télématin revient sur les questions qui font l’actualité avec Éric Coquerel, député LFI de Seine-Seint-Denis et Président de la commission des Finances de l'Assemblée Nationale.

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Transcription
00:00La commission des finances qui va se transformer en commission d'enquête sous votre autorité, Éric Coquerel, pour enquêter sur la dérive des finances publiques,
00:11y a-t-il eu, de votre point de vue, dissimulation de la part du gouvernement sur les chiffres des finances publiques ?
00:18Il y a eu insincérité ou cécité, les deux sont graves. C'est ce que va essayer de déterminer la commission d'enquête que je vais donc proposer à la commission des finances.
00:26Je pense que ça sera validé ce soir à 17h. Pourquoi les deux sont graves ? Parce que ce soit effectivement, peut-être même les deux d'ailleurs, on verra, la dissimulation.
00:36La cécité, ça veut dire qu'on a en réalité un personnel politique à Bercy et même plus haut encore, mais qui a peut-être jusqu'à influencer au final même les fonctionnaires
00:48qui travaillent là-dessus, qui est aveuglé par sa politique. Cette politique, c'est quoi ? C'est l'idée que vous baissez les impôts et puis vous allez quand même avoir
00:55de plus en plus de rendement d'impôts. Alors, dans les années après Covid, c'était vrai parce qu'il y a eu un rebond de l'activité. Mais là, maintenant,
01:01on a une activité à 1% de croissance, ce n'est plus vrai. Du coup, les recettes ont fondu et les déficits ont explosé. Et manifestement, ils n'ont pas su le prévoir,
01:09ce qui est évidemment très grave.
01:10Pourtant, Bruno Le Maire a commencé à se défendre, a commencé à contre-attaquer. D'abord, il a dit qu'il viendrait répondre à vos questions en toute transparence,
01:16visiblement. Il a des arguments à vous soumettre. Il dit qu'il a cessé d'alerter le gouvernement et même l'Élysée, sous-entendant qu'il n'a pas vraiment été entendu.
01:25Qui est le principal responsable, d'après vous ?
01:28Le principal responsable, c'est celui qui préside ce pays, Emmanuel Macron. Oui, c'est quand même lui qui choisit cette politique économique. D'ailleurs, qu'il a choisi tellement
01:37qu'il a refusé un gouvernement de nouveau front populaire qui allait faire l'inverse de sa politique en juillet pour je ne sais quelle combinaison improbable qui fait qu'on a
01:45un gouvernement Barney qui n'a aujourd'hui pas de majorité. Donc, je pense que c'est lui le responsable. Bruno Le Maire fait partie des gens qui ont pris des décisions.
01:51Là où je lui donne le point, c'est que je me souviens très bien que moi, j'ai demandé une loi de finances rectificative au début de cette année quand on nous a dit
02:00« les déficits augmentent » parce qu'il était pour. Il était pour. Il l'a dit.
02:03Pour aller chercher 15 milliards.
02:04Voilà. Et pour faire en sorte qu'il y ait un débat démocratique au lieu d'essayer de passer en catimini un gel des crédits comme ça a été fait. Donc ça, au moins, je reconnais.
02:12Enfin, il a aussi ses responsabilités. Il était quand même à Bercy. Et de ce point de vue-là, le fait qu'on passe, il faut bien comprendre qu'on est passé de 4,1 % de déficits
02:21prévus du PIB pour 2024. Fin 2023, on est passé à 6,1. Cette différence, elle est énorme. Et elle est énorme aussi parce que figurez-vous, la France, elle rassure aussi les marchés,
02:32pas seulement sur sa santé économique, ses déficits, mais aussi sur crédibilité. Voilà. Il y a l'appareil d'État et l'administration qui est capable de donner des prévisions.
02:39Et donc, on peut prêter un État qui est capable de nous dire qu'est-ce qui va se passer dans un an. Alors, si tout ça n'existe plus, je ne vous dis pas la crédibilité.
02:46Donc, il faut savoir pourquoi c'est arrivé. Moi, je pense que c'est la politique qui est en jeu. Mais ça va être justement l'intérêt de cette commission.
02:52Le grand argument général qui est servi pour expliquer tout ça, c'est le Covid. Et du côté du gouvernement et de l'Élysée, on dit à l'époque du quoi qu'il en coûte.
03:00Moi, je n'ai pas entendu. Elle est fille. Je n'ai pas entendu Eric Coquerel dire quoi. C'est n'importe quoi. On est en train de dilapider l'argent du contribuable.
03:06L'Élysée dit et versé. Tout le monde était d'accord à l'époque.
03:09On a un peu discuté la façon dont c'était fait. Mais le fait de le faire ne posait pas de problème. Mais c'est faux. Ce n'est pas le Covid qui explique aujourd'hui les déficits.
03:17Les déficits principalement, et tous les économistes là-dessus sont d'accord, c'est une baisse de recettes.
03:22Il faut comprendre que contrairement à ce qui est dit, la dépense publique dans le PIB, elle n'a pas augmenté. Elle a même légèrement baissé depuis 2017.
03:30Par contre, les recettes ont considérablement baissé parce que ça a été organisé sur la volonté de M. Macron de baisser les recettes et en faveur des plus riches.
03:38Donc, qu'est-ce qui se passe ? C'est que la dette aujourd'hui sert en réalité aux cadeaux fiscaux aux plus riches, aux grandes entreprises.
03:43Ça, c'est insupportable. Moi, je ne suis pas contre la dette, mais pour la transition écologique, pour la bifurcation écologique.
03:49Non, mais l'idée, c'est de faciliter les vies aux entreprises pour qu'elles embauchent. Et ça a fait baisser le chômage.
03:53Non, absolument pas.
03:54Le chômage a baissé.
03:55Mais il n'y a aucune... Non, le chômage n'a pas baissé.
03:58Le chômage a baissé.
03:59Non, le chômage n'a pas baissé.
04:01Là, je vais rentrer dans les détails, mais par exemple, l'an dernier, on nous dit que le chômage baisse.
04:04Il y a 100 000 personnes qui étaient au chômage qui ont disparu des statistiques.
04:08Mais ils sont toujours au chômage parce que vous avez eu des changements de classement.
04:11On nous dit que le pays se réindustrialise.
04:13Il y avait 15% de travailleurs dans l'industrie en 2017.
04:16Il y en a plus de 13 et quelques pourcents aujourd'hui.
04:18Donc, tout ça, c'est de la propagande qui nous laisse penser que les cadeaux fiscaux aux actionnaires ont servi le pays.
04:24Elles ont servi les dividendes.
04:25Ça, par contre, multiplié par deux depuis 2017, c'est documenté.
04:29Vous pouvez les chercher.
04:30Alors que le pouvoir d'achat des salariés a stagné.
04:33Tout le problème est là parce que la consommation populaire se rétracte.
04:36Il y a moins d'activités économiques.
04:38L'État investit moins en termes de bifurcation écologique et met son argent au service des plus riches et des très, très riches.
04:43Et ça, c'est insupportable.
04:44Alors, l'examen du projet de budget commence aujourd'hui en commission des finances.
04:49Vous avez du boulot qui vous attend, Éric Coquerel, pour les heures et les jours qui viennent.
04:52Et là aussi, selon vous, il y a un problème de transparence.
04:54Selon vous, en tout cas, vous allez nous le dire parce que votre collègue rapporteur du budget, Charles de Courson, lui,
04:58il dit la présentation faite par le gouvernement n'est pas conforme à la réalité.
05:01Il dit rien que sur la prévision de croissance.
05:03On nous dit 1,1 %, alors que, et c'est Charles de Courson qui parle, moi, je n'y crois pas du tout.
05:07Est-ce que vous partagez son avis ou pas ?
05:08Je ne sais pas s'il y a de l'essimulation.
05:11Par contre, il y a un effet qui va se passer.
05:13Tout le monde le dit.
05:14Le fait de baisser les dépenses publiques à la hauteur de 40 milliards, ça va produire environ 0,6 points de moins de croissance l'an prochain.
05:22Donc, chacun le comprendra.
05:230,6 points de croissance en moins, c'est moins de cotisations qui rentrent.
05:26C'est moins d'impôts qui rentrent.
05:27Autrement dit, c'est le même cercle vicieux qui se met en place que ce à quoi on a assisté cette année.
05:31Voilà à quoi nous amène la politique.
05:33Vraiment, c'est pour ça que nous, ce que nous disons, quand je dis nous, c'est nous au Front populaire.
05:37Nous allons proposer des mesures et j'espère qu'elles vont passer.
05:39C'est qu'il faut aller beaucoup plus chercher du côté des recettes, ce qui a été accumulé.
05:43Vous dites les recettes, on peut dire aussi les impôts.
05:46Les impôts, en gros, pour les 1 % les plus riches ou les très grandes entreprises.
05:50Il y a beaucoup plus que les 8 milliards que va chercher le gouvernement à aller chercher.
05:53Nous, on a estimé qu'on pouvait récupérer assez facilement 50 milliards.
05:57C'est mieux que de sabrer les dépenses publiques qui sont non seulement la protection de beaucoup de nos Français,
06:02de la grande majorité de nos Français, mais qui, en plus, sert l'économie.
06:05Parce que quand vous dépensez dans la protection sociale, dans la dépense publique,
06:08ça permet une activité économique, contrairement à des dépenses qui enrichissent les actionnaires.
06:13C'est vrai que dans vos propositions, il n'y a que des hausses d'impôts, des hausses de taxes,
06:16mais il n'y a pas de proposition d'économie.
06:17Ça veut dire qu'il n'y a pas trop de dépenses de la part de l'État.
06:20Mais c'est des économies, ça.
06:21Il n'y a aucun problème de ce point de vue-là ?
06:22Si. Je vous donne une dépense, par exemple, inutile.
06:26Au moins une partie du crédit impôt recherche pour les très grandes entreprises comme Sanofi.
06:30C'est 7 milliards par an.
06:32Il y en a au moins la moitié à récupérer assez facilement.
06:34Ça, c'est une dépense inutile.
06:35Parce que le résultat de ça, c'est qu'on donne de l'argent à Sanofi,
06:38environ 10 milliards, 1 milliard depuis 10 ans,
06:41et ils vendent aux Américains de l'IPRAN.
06:43Ils ferment des fonds de recherche, des centres de recherche.
06:47Et sur le fonctionnement de l'État, sur le fonctionnement des collectivités territoriales,
06:50il n'y a pas d'économie à faire non plus ?
06:53Les collectivités ne sont pas celles qui ont le plus d'économies à faire de l'État.
06:57Je vous assure que d'abord, parce qu'elles n'ont pas le droit,
06:58en réalité, vous le savez, à des déficits.
07:00Donc je pense que c'est une erreur d'aller chercher de ce côté-là
07:03des possibles mannes financières.
07:05Si l'État gérait quelque part son budget comme les collectivités,
07:09peut-être qu'on ne serait pas dans cette situation,
07:12notamment avec cette baisse d'impôt pour les plus riches qu'on a constatée.
07:15Donc je crois que tout ça, c'est un peu facile d'aller chercher du côté des collectivités.
07:19Sur un autre sujet qui va aussi agiter les débats à l'Assemblée nationale
07:23dans les mois qui viennent, l'immigration,
07:24il y avait à votre place hier Bruno Rotailleau qui a détaillé
07:28ce qu'il voulait mettre dans la loi immigration.
07:30On imagine que vous ne soutenez pas évidemment cette loi.
07:33Globalement, vous pensez quoi de ce projet présenté par Bruno Rotailleau ?
07:36Qu'est-ce que ces gens ne feraient pas
07:38pour faire passer leur politique en faveur des plus riches ?
07:41Parce que c'est de ça dont il s'agit.
07:42Ah bon ?
07:42Bien sûr.
07:43C'est quoi ?
07:44Je vais vous donner le rapport, c'est qu'ils essayent d'acheter la neutralité
07:46du Rassemblement national s'il y a des motions de censure.
07:49C'est à ça que sert la loi asile-immigration.
07:51Et quel rapport avec les plus riches ?
07:52Parce que je considère que la politique économique de M. Macron
07:55qu'il mène depuis des années avantage surtout les quelques milliers
07:59de milliardaires de ce pays de manière...
08:02Oui, mais vous nous avez parlé du RN.
08:04Oui, le RN, le problème c'est que le budget aujourd'hui,
08:07il est suspendu à ce que fera le RN quand nous déposerons
08:10une motion de censure face à des 49.3 du gouvernement.
08:13Donc pour essayer de faire en sorte que le Rassemblement national,
08:15vous avez entendu que Mme Le Pen disait qu'elle allait attendre
08:18la discussion budgétaire de voter cette motion de censure.
08:20On lui offre une nouvelle loi asile-immigration inhumaine,
08:23raciste, inefficace, inutile et qui va une fois de plus laisser penser
08:27que le problème de ce pays c'est l'immigration.
08:29Alors que toutes les études sérieuses montrent que l'immigration
08:32arrive comme préoccupation très loin pour les Français
08:35derrière des préoccupations sociales.
08:37C'est en ça que je vous dis que je me demande ce que ces gens là feront
08:40parce qu'ils divisent les Français et en plus ils proposent des mesures
08:45qui sont non seulement inefficaces mais qui sont inhumaines.
08:47Vous avez été choqué comme tout le monde par le meurtre abominable de Philippines.
08:50Bruno Retailleau dit, si on élargit la durée de rétention,
08:55si on avait eu une durée de rétention plus large,
08:57on aurait pu éviter ce drame épouvantable.
08:59Ah bon, comment ?
09:00Parce que la personne qui était sous OCTF n'aurait pas été libérée à ce moment-là.
09:06La question c'est de se demander pourquoi un homme qui est violeur,
09:09qui a violé une fois, peut aussi facilement s'y livrer quelques temps après.
09:13Parce que si vous me dites que la mesure à prendre,
09:15c'est détendre la mesure de rétention de quelqu'un…
09:19C'est ce que Bruno Retailleau dit.
09:20Oui mais la rétention théoriquement n'est pas la détention.
09:22La rétention c'est pour permettre l'éloignement de quelqu'un.
09:25Aujourd'hui, 81% des éloignements se font avant 45 jours.
09:30Si vous prolongez, vous proposez en réalité une détention.
09:33C'est-à-dire que vous estimez qu'un migrant,
09:35en général parce qu'ils ne sont pas tous des assassins d'une jeune femme comme Philippines,
09:40un migrant est un criminel en puissance
09:44simplement parce qu'il est venu en France de manière irrégulière.
09:47Et en plus de ça, vous n'allez pas expulser,
09:49parce que le problème c'est que les pays d'accueil ne veulent pas qu'il revienne.
09:51Donc en réalité, c'est quoi la suite ?
09:53C'est un enfermement permanent.
09:55Il propose une autre solution,
09:56mais dont vous débattrez évidemment du côté de l'Assemblée nationale.
09:58Il propose des protections inhumaines.
09:59Ça serait la 21e loi.
10:01Et tout aussi inhumaine, inefficace et zoonocalisante.
10:03Merci beaucoup Eric Coquerel, invité des 4V ce matin.