✅ LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE D'AGRICULTURE DES HAUTES ALPES EXPRIME SON SENT...

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Animaux
Transcription
00:00 Je m'appelle Eric Lyon, je suis président de la chambre d'agriculture des Hautes-Alpes,
00:12 mais je suis aussi éleveur, donc c'est une ferme en élevage avec mes deux fils où
00:17 on élève des vaches à l'étang de charolaise, des chèvres laitières et ainsi que de troupeaux
00:23 de brebis. Donc nous connaissons parfaitement le monde de la prédation puisque nous avons
00:30 été victimes à plusieurs reprises d'attaques sur nos troupeaux, sur bien entendu les troupeaux
00:38 de moutons mais aussi sur un veau qui s'est fait manger, il avait des jours. Donc c'est
00:44 hélas un monde que l'on connaît très bien, qui est difficile à supporter parce que tous
00:52 les matins on se lève avec l'angoisse de savoir comment on va retrouver nos animaux.
00:55 Et donc en tant que président de la chambre d'agriculture, je connais parfaitement le
01:01 désarroi que vivent nos agriculteurs. Et en tout cas c'est un problème majeur dans
01:07 ce département qui nous pose beaucoup de soucis parce qu'on est un département pastoral
01:14 très extensif, je dirais aujourd'hui avec une agriculture qui est en phase avec ce que
01:20 cherchent nos concitoyens. Et la prédation menace cet équilibre, ces pratiques agricoles
01:30 ancestrales qui est la pratique de la mise en alpage etc. Puisque aujourd'hui maintenant
01:38 il n'y a plus de limites avec la prédation puisque le loup attaque, je dirais du premier
01:43 jour où les bêtes sortent des bâtiments jusqu'au dernier jour où on les rentre et
01:47 ils ne se privent même pas d'attaquer dans les bâtiments tout court. Donc on est dans
01:53 une situation où les degrés de l'impact de la prédation sont à un degré tel que
01:59 ça devient complètement insupportable aujourd'hui. Alors rapidement l'attaque, mon fils m'appelle
02:05 le matin, bonheur, c'était aux alentours de 7h, 7h15, il m'appelle et me dit "papa,
02:13 j'ai deux brebis de tués dans la bergerie, donc viens me voir ce qu'il s'est passé,
02:19 je monte tout de suite". Et effectivement là on voit deux brebis tués à un mètre
02:25 l'une de l'autre, en plein milieu de la bergerie et il y avait un troupeau d'environ
02:30 140 animaux à l'intérieur de la bergerie. Et puis là tout de suite ça nous a paru
02:35 très suspect, en fait le loup avait sauté une barrière qui était devant la porte,
02:40 c'était le printemps, il fallait faire aérer les bâtiments, et il a tué deux brebis.
02:45 Et deux jours après, alors je lui ai dit à mon fils "écoute, on va voir ce qu'il
02:51 se passe parce que bon, nous tout de suite on a eu le sentiment qu'effectivement c'était
02:57 le loup, mais chaque fois qu'il y a une sorte d'omerta, chaque fois qu'il y a une attaque
03:04 de loup, d'abord on vous dit "ben non c'est pas du loup", alors là vous comprenez que
03:08 dedans un bâtiment, effectivement il fallait être prudent quant à la communication, donc
03:14 on n'a rien dit, on a prévenu les gardes pour qu'ils viennent constater, ils ont constaté
03:19 effectivement que c'était un grand canidé qui avait égorgé les deux brebis, et puis
03:23 deux jours après, c'était dans la bergerie d'un voisin que le même scénario se déroulait,
03:30 et là ils ont mis en place des appareils photo, des pièges photo, qui ont confirmé
03:35 effectivement que c'était le loup qui est entré dans la bergerie et qui a tué les
03:38 brebis. Donc on est comme, on retourne au XVIIIe siècle, XVIIe, XVIIIe siècle, c'est
03:45 l'histoire qui se réécrit, on le sait. Oui alors vous savez, on est dans un département
03:51 qui subit de plein fouet une hausse exponentielle des attaques, cette année plus de 1600 victimes
03:58 du loup, confirmée. Donc on est dans un département où l'avenir de l'élevage va devenir compliqué,
04:10 l'élevage extensif, c'est d'ailleurs en ce sens que j'ai demandé une mission au
04:14 CGEER pour qu'ils évaluent l'avenir de l'élevage pastoral dans ce département
04:20 et dans notre région avec la présence du loup, voilà, dans 5 ans, 10 ans, 15 ans,
04:25 si rien n'est fait, quel avenir on réserve à notre département et à nos éleveurs ? Parce
04:31 qu'effectivement, ce qu'il faut savoir c'est que les éleveurs pour se protéger
04:37 mettent de plus en plus de patou et il y a une cohabitation qui est de plus en plus compliquée
04:43 avec les randonneurs parce qu'on est un département très très touristique, l'activité touristique
04:48 c'est l'activité numéro 1 dans ce département, l'activité agricole c'est la numéro 2
04:51 en termes d'économie, donc c'est des activités intimement liées et que l'une menace l'autre
04:58 aujourd'hui quoi. En ce qui concerne le film de Jean-Michel Bertrand, La vallée des loups,
05:05 c'est un film extrêmement militant de toute façon qui ne dit qu'une partie de la vérité
05:11 et qui montre plutôt la partie idyllique du loup mais il ne montre pas la face, l'autre
05:17 face, celle de la souffrance des bergers et des éleveurs qui tous les jours au quotidien
05:22 vivent très mal effectivement les attaques incessantes, le fait de ne plus dormir la
05:29 nuit, d'aller se réveiller le matin et d'aller voir le troupeau avec la boule au ventre etc.
05:33 Donc moi je ne sais pas, je veux dire voilà, il a une vision des choses, moi je la respecte,
05:40 c'est une vision extrêmement partielle et militante qui ne dit pas la vérité, pas
05:46 toute la vérité en tout cas et que moi en tout cas je souhaite rétablir cette vérité
05:53 qui est celle de dire et de dénoncer la souffrance que vivent nos agriculteurs au quotidien et
05:58 des changements que cela implique dans les pratiques, dans nos pratiques agricoles,
06:03 dans tout ce qui est la gestion des alpages et la gestion de nos exploitations au quotidien,
06:12 tout ça n'est pas montré, donc voilà, moi je n'ai pas commenté un film qui est militant,
06:20 lui son boulot c'est de vivre finalement du loup et nous, moi je représente ceux qui
06:25 vivent de leur travail les agriculteurs, donc on n'est pas sur la même planète.
06:28 [Musique]

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