Anne Drossart affirme être la mère de la fille cachée d’Yves Montand. Elle raconte dans le livre “Cette enfant qui te tendait les bras” aux éditions L’Archipel.
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00:00 13h06, merci d'être avec nous. C'est l'histoire d'une femme qui se bat depuis 48 ans pour que sa fille
00:05 soit acceptée et reconnue comme la descendante de celui qui l'aurait enfantée.
00:10 Et celui en question n'est pas n'importe qui, c'est Yves Montand. Bonjour Anne Drossard.
00:15 Bonjour Thierry.
00:17 Vous venez de publier ce livre
00:19 "Yves Montand, cet enfant qui te tendait les bras" aux éditions de l'archipel où vous racontez votre liaison amoureuse avec Montand
00:28 son refus d'accepter sa paternité au moment où vous tombez enceinte et votre long combat pour tenter de prouver qu'il était bien le père d'Aurore
00:35 Aurore, votre fille, née en 1975.
00:39 Alors précisons avant toute chose que la justice a tranché sur la foi d'analyse ADN et la paternité n'a pas été reconnue.
00:46 Mais revenons au début de l'histoire, revenons aux années 70. Vous êtes actrice et
00:52 pendant deux ans vous êtes la maîtresse d'Yves Montand. Quelle était votre relation à ce moment là et comment l'avez-vous connue ?
00:59 Comment je l'ai connue d'abord ?
01:02 J'étais présumée
01:04 jouer le rôle de Marie dans "Vincent, François, Pauline et les autres" le film de Claude Sautet.
01:10 Et donc c'était la maîtresse de Montand dans le film.
01:14 Et j'avoue que j'étais très impressionnée par l'acteur, par le personnage.
01:20 J'avais un peu peur de me retrouver muette face à l'acteur.
01:23 Je tournais dans le sud de la France.
01:27 Il était à Saint-Paul-de-Vence, il tournait "Le hasard et la violence".
01:30 Je me suis dit que c'était l'occasion ou jamais d'essayer de le voir, de prendre un café avec lui, de discuter un peu.
01:37 Je suis allée à Saint-Paul-de-Vence, il y était bien.
01:40 Je lui ai laissé un mot, lui disant que j'aurais aimé le rencontrer.
01:46 Et
01:48 le lendemain matin à 8 heures, il m'a appelé pour me proposer de prendre le café avec moi.
01:54 Je lui ai dit "écoutez, vous m'accordez quand même un petit moment parce que je suis pas prête du tout,
01:59 c'était tôt. Il m'a dit "ce soit grave, je vous montre le café, on prend le café ensemble dans votre chambre".
02:05 Et voilà, ça a commencé comme ça. C'est un peu brutal mais c'est comme ça.
02:10 Et
02:12 ensuite on est resté ensemble pendant deux ans.
02:16 - Quelle est la première impression qu'il vous a faite,
02:20 la première fois que vous l'avez vu en vrai, dans votre chambre d'hôtel ? - J'ai été séduite.
02:26 Sa voix, son...
02:29 Le personnage,
02:31 c'était quelqu'un de très séduisant.
02:33 J'avais 20 ans, mais je crois que quel que soit l'âge, c'était un personnage très séduisant.
02:39 Et
02:41 j'ai été séduite effectivement. - Et vous restez avec lui pendant deux ans,
02:45 Montant était mariée à l'époque à Simone Signoret et vous le saviez bien sûr, forcément.
02:51 Vous vous considériez néanmoins en couple avec Yves Montant ? - Oui,
02:57 mais il y avait quand même une chose, c'est que
03:00 je savais que c'est pas une histoire qui... que ça pouvait rester qu'une histoire parallèle.
03:06 Je respectais quelque part le personnage de Simone Signoret.
03:10 Je me souviens bien qu'il n'allait pas abandonner Simone Signoret pour moi, il ne fallait pas rêver non plus.
03:16 Mais elle n'était pas souvent à Paris quand il y était, je crois qu'elle était plus souvent à Auteuil-Autoyer, leur propriété
03:24 autour de Paris.
03:26 Donc il était souvent seul, souvent sans elle. - Et vous alliez le retrouver chez lui, place Dauphine à Paris ? - Tout à fait.
03:33 Donc ça j'ai pu le constater.
03:36 Dans la salle de bain, il n'y avait pas tellement
03:39 d'affaires de femmes,
03:41 je connais un peu la situation,
03:43 donc elle n'était pas souvent avec lui.
03:46 Je crois qu'il y avait un peu de
03:49 "eau dans le gaz" comme on dit, entre les deux, ils n'étaient pas
03:54 ils n'étaient pas soudés
03:57 comme aurait pu l'être un couple.
04:00 - Et vous finirez par échanger avec Simone Signoret, on y reviendra. Mais alors là nous sommes en
04:05 1975, vous tombez enceinte, vous êtes sûre que l'enfant est divementant et quelle est sa réaction ?
04:11 - Alors d'abord j'ai attendu vraiment
04:15 un peu plus que d'être sûre pour lui annoncer, parce que comme il tournait le Sauvage à l'époque,
04:23 il était revenu de Caracas, etc. Là j'étais enceinte de six mois.
04:27 Ça remontait avant qu'il ne parte
04:32 au Vénézuéla, et je savais très bien quand.
04:35 Bon,
04:37 j'étais pas sûre pendant un moment,
04:39 les résultats on ne savait pas trop. À l'époque c'était moins précis que maintenant.
04:44 - Mais vous étiez sûr que c'était lui le père ? - Absolument, oui, sans aucun doute. - Et donc vous lui dites "je suis enceinte, il est de toi" ?
04:52 - Je lui demande en plus, je lui dis "mais tu vois rien de changer, il n'y a rien qui
05:00 t'impressionne". Il me dit "ah tu as changé la couleur de tes cheveux,
05:04 c'est pas tout à fait ça, un peu plus bas".
05:06 Ça se voyait pas beaucoup, c'est vrai.
05:09 Mais je lui dis "je suis enceinte, et je suis enceinte de toi". Il me dit "ça peut pas être de moi". Je lui dis "si, si, si, là c'est six mois,
05:16 c'était au Concorde Lafayette". Oui c'est vrai qu'on se voyait
05:19 Plasophine, mais de temps en temps à l'Hôtel Concorde Lafayette. - Alors il vous dit "ça peut pas être de moi", mais pourquoi ?
05:26 - Pourquoi ? Parce que à 54 ans, on peut plus avoir d'enfants. Un homme ne peut plus avoir d'enfants.
05:31 Alors évidemment c'est très surprenant comme réponse.
05:35 Je lui dis que là, il y avait quand même de bons exemples
05:38 évidents.
05:42 Chaplin, etc.
05:43 Picasso, qui n'était pas très jeune, qui était plus âgé que lui, et qui avait des enfants. 54 ans ça me semblait pas
05:49 l'âge canonique
05:52 pour ne plus avoir d'enfants.
05:55 La relation s'est brisée à ce moment-là. J'ai essayé de relancer quand j'ai accouché.
06:03 J'ai téléphoné, j'ai eu Bob Castella qui répondait au téléphone. Je lui ai dit d'annoncer à mon tant qu'il était papa d'une petite fille
06:11 qui s'appelait Aurore, et
06:14 je n'ai jamais eu de réaction, jamais eu de réponse,
06:17 aucune réaction. - La liaison s'est arrêtée net le jour où vous lui avez dit que vous étiez enceinte ? - Absolument.
06:24 - Et alors, Aurore va naître.
06:26 Vous reverrez mon tant par la suite avec Aurore ? Il la connaîtra, il la verra ?
06:33 - Oui tout à fait. - Toujours sans admettre qu'il en était le père ? - Voilà.
06:38 Mon idée c'était de les mettre en présence le plus souvent possible,
06:42 le plus tôt possible. Il pourrait dire "tiens mais c'est vrai que cette petite me ressemble" et elle lui a toujours ressemblé beaucoup,
06:49 même toute petite.
06:52 L'avoir bougé, l'avoir vivre
06:55 face à lui, je trouvais que c'était intéressant.
06:58 J'avais un casting à Rome et lui tournait "Le Grand Escogriffe" à Rome.
07:04 Je me suis dit que l'idée c'était peut-être de descendre à l'hôtel de la ville,
07:07 où fatalement les acteurs descendent, avec Aurore. Aurore avait sept mois à l'époque.
07:14 Effectivement, il est arrivé à l'hôtel de la ville. Il a fait semblant de ne pas me connaître,
07:22 je prenais un verre avec un acteur qu'il connaissait très bien, avec qui il avait tourné.
07:27 Il a fait semblant de ne pas me connaître, bon,
07:31 pourquoi pas ? Et puis le lendemain, j'étais au restaurant installé avec Aurore
07:36 et il est venu s'installer à ma table.
07:39 Et pendant huit jours, tous les jours, il est venu déjeuner avec moi et Aurore, donc à la même table.
07:46 Il a eu sa fille en face de lui
07:49 le temps d'un déjeuner tous les jours.
07:51 Je me suis dit qu'il y aurait quelque chose qui se passait. On a un peu renoué quelque chose à ce moment-là.
07:58 - Vous avez remis le couvert, bon voilà.
08:00 - Mais bon, l'idée c'était d'aller plus loin avec Aurore.
08:05 Après, quand je suis rentrée à Paris, à nouveau, plus de nouvelles.
08:11 Et donc j'ai essayé de recréer à chaque fois une relation
08:18 parce que, bon, j'arrivais pas à l'avoir au téléphone, c'était impossible.
08:22 Et c'est comme ça qu'un jour, d'ailleurs, j'ai eu Simon Signoret au téléphone.
08:26 Il a vu Aurore, c'était à Saint-Paul-de-Vence, c'était en
08:30 77. Donc Aurore avait
08:35 deux ans, enfin presque deux ans, c'était l'été.
08:39 J'étais allé déjeuner avec des amis à Saint-Paul, à la Colombe,
08:45 et je venais d'acheter une voiture un peu sympa, une Porsche, j'avais gagné au casino.
08:51 Et
08:53 il aime bien les voitures, donc il avait commencé par regarder la voiture, et puis il est venu vers moi, il m'a vu.
08:57 Donc c'était pas du tout une relation
09:01 antipathique ou de heurts, c'était une relation sympathique. Moi, je cherchais pas la guerre, je cherchais juste
09:11 à rester justement en bon terme avec lui.
09:15 Pour que ce soit Aurore qu'il fasse réagir à un moment ou à un autre. C'était pas la guerre que je voulais, c'était
09:21 qu'il reconnaisse son enfant. - Oui, c'est ça, la finalité, c'était quand même à un moment de l'amener à reconnaître
09:29 la paternité d'Aurore. - Voilà, mais donc à la voir
09:33 discrètement, il n'était pas question
09:36 de crier ça sur les toits, c'était pas mon but du tout. - Alors il a vu Aurore, vous vous croisez de temps en temps.
09:41 - Il l'a prise dans les bras, en plus.
09:43 Là, il y a eu un moment, effectivement,
09:45 j'ai cru que ça partait, et puis bon, il a repris
09:50 sa tête habituelle, si je puis dire,
09:53 et ça s'est pas passé à ce moment-là. Et donc à plusieurs reprises, je me suis débrouillée pour que Aurore et lui
10:00 se retrouvent
10:02 en présence de façon à avoir une réaction.
10:06 - Il n'est jamais arrivé.
10:10 Pourquoi ne pas avoir entamé des démarches en justice dès la naissance d'Aurore ? En réalité, c'est en 89,
10:17 14 ans après la naissance d'Aurore, que vous entamez des démarches pour obtenir la reconnaissance de paternité.
10:24 Pourquoi 14 ans après ? - Alors tout simplement,
10:28 comme je vous l'ai dit, je cherchais une vraie réaction, je cherchais un lien
10:35 père-fille, un lien paternel, et c'est pas en faisant la guerre qu'on obtient ça. - Mais qui n'arrive pas. Mais pourquoi
10:41 14 ans après, vous allez être dans la justice ? Qu'est-ce qui déclenche ? - Ah oui, là, il y a quelque chose qui déclenche, parce que
10:46 c'est simplement la une de Paris Match
10:49 qui dit
10:51 "papa,
10:52 m'entends papa pour la première fois à 69 ans ?
10:55 C'est ma fille qui a réagi la première." - C'était la naissance de Valentin, son fils. - La naissance de Valentin.
11:02 Et c'est ma fille qui a réagi la première et qui m'a dit "maman,
11:06 maman, t'as vu ça ? Tu vas pas laisser ça comme ça, c'est pas possible. On peut pas admettre
11:11 qu'il parle comme ça.
11:14 Qu'il soit discret, à la limite,
11:16 par rapport à cette naissance, pourquoi pas. Mais tout d'un coup reconnaître un enfant en disant "c'est le premier", alors que
11:24 il y en a un autre qui est là et qui lui tendait les bras, comme dit le titre de votre livre.
11:30 Voilà.
11:32 C'est effectivement inadmissible. Donc j'ai attaqué officiellement, j'ai pris Jacques Vergès comme avocat.
11:39 Et
11:41 avant quand même que les choses soient diffusées,
11:45 la presse n'en a parlé qu'après, c'est resté très discret après
11:52 l'acte
11:55 entamé par Jacques Vergès.
11:59 Je suis allée encore une fois à Saint-Paul-de-Vence,
12:01 le 1er novembre
12:04 89,
12:07 en me disant
12:08 "encore une fois, on est allé déjeuner à la Colombe, il va y avoir aurore,
12:12 qui a grandi,
12:15 encore une fois on tente quelque chose". Encore une fois une relation
12:19 discrète, pas d'annoncer à tout le monde "voilà j'ai un enfant". C'était pas du tout mon but.
12:24 C'était le rapport père-fille qui était important et non pas la publicité.
12:28 Là,
12:30 on attendait une table,
12:33 je suis allée à la réception pour vérifier que la réservation avait bien été faite et
12:39 il s'est retourné, et quand je me suis retourné, plutôt j'étais face à lui,
12:43 je lui ai dit "qu'est-ce qui va se passer ?" Il m'a fait un grand sourire et il m'a dit "bonjour".
12:48 Je me suis dit "oh,
12:50 peut-être que cette fois-ci ça va être la bonne". J'y croyais toujours. C'est peut-être un peu bête mais
12:57 je trouve qu'il faut jamais désespérer.
12:59 Donc on a déjeuné et ensuite comme il était en train de jouer aux boules sur la place,
13:05 on a attendu etc. Je me suis approché discrètement de lui
13:09 en essayant de dire un mot discret pour qu'on puisse se voir après et parler.
13:15 Et
13:17 là il a eu une réaction groguignolesque
13:22 "je m'appelle Yves Mentendt,
13:25 qu'on appelle la police".
13:27 - Entre temps vous aviez entamé des démarches en justice.
13:30 - Oui mais c'était... - Ça ne vous mettait pas de bonne humeur forcément.
13:33 Et entre temps, précisons-le parce que c'est important dans le fil de l'histoire, entre temps, il y a la naissance de
13:39 Valentin, son fils en 89,
13:42 et Sibylle Insignoret est morte quelques années plus tôt.
13:45 Et Yves Mentendt s'est remis en couple avec Carole Amiel qui a été sa dernière compagne,
13:51 et qui est donc la maman du petit Valentin.
13:55 Est-ce que les choses auraient été différentes pour vous à l'époque en 75 sans Simone Insignoret ?
14:04 - Je pense.
14:07 Je pense que oui parce qu'il était quand même
14:09 suffisamment attaché à moi, puisque on reste pas deux ans avec quelqu'un
14:13 si on n'est pas attaché. On reste peut-être, je sais pas moi, une semaine, un mois, mais pas deux ans.
14:20 Et il me l'a dit d'ailleurs à Rome, c'est qu'il tenait à moi,
14:23 mais il admettait pas l'histoire de l'enfant.
14:26 C'est tout. - Et ça avait à voir avec la présence dans sa vie de Simone Insignoret ? - Oui, avec sa relation avec Simone.
14:34 - Que vous aurez donc au téléphone,
14:36 vous essayez d'appeler Montand,
14:38 à son domicile Place Dauphine à Paris, et vous tombez sur Simone Insignoret. Que vous êtes-vous dit entre femmes ?
14:45 - Au début elle m'a dit
14:48 "Pourquoi vous voulez joindre Montand ?" Elle était assez agressive.
14:52 Puis on a discuté quand même un peu.
14:56 On a fini par... Bon, j'ai fini par lui dire quelle était la situation.
15:04 On a fini par pleurer toutes les deux à un moment.
15:08 Ça finit par arriver.
15:11 Et on a décidé, toutes les deux, de se voir le lendemain. Elle devait venir déjeuner
15:17 chez moi à la maison.
15:19 J'habitais dans le 17ème.
15:22 Elle devait venir à 13h. À 13h30 il n'y avait toujours personne. J'ai essayé d'appeler Place Dauphine, elle m'a raccroché au nez.
15:28 Une deuxième fois elle m'a raccroché au nez.
15:31 C'est pas possible. On a rendez-vous, on raccroche pas au nez de la personne le lendemain.
15:36 J'ai pris un taxi avec Aurore et je suis allée Place Dauphine.
15:39 Bob Cacella m'a ouvert la porte.
15:44 Elle m'a dit "Vous êtes gonflé". Je lui ai dit "Non, je suis pas gonflé. On avait rendez-vous. Vous venez pas, vous me raccrochez au nez.
15:50 Donc je viens vers vous".
15:52 Et bon, elle m'a dit "Écoutez,
15:54 on se voit après au caveau du Palais et on parle". Bon, d'accord.
15:59 Et effectivement,
16:02 on s'est vus au caveau du Palais, on a parlé. Elle m'a dit si...
16:05 J'en ai parlé à Montand. Montand m'a envoyé balader, tout simplement.
16:10 Et elle m'a dit "Vous savez, si j'avais dû adopter tous les enfants de Montand, j'aurais une famille nombreuse".
16:15 Voilà, c'est sa réflexion.
16:18 - Alors on arrive presque à l'épilogue de cette histoire très romanesque et en tout cas l'épilogue
16:24 judiciaire. Yves Montand meurt en 91, donc deux ans après la naissance de Valentin.
16:30 Vous, votre combat continue. Il y a eu plusieurs recherches ADN, des prises de sang sur Valentin,
16:37 sur la sœur d'Yves Montand également. - Je vous interromps pour une seconde, mais il y a eu autre chose.
16:42 Il y a eu cinq ans quand même de procédure avant sa mort. Enfin, pas avant sa mort, mais avant
16:47 qu'Aurore ne soit reconnue, parce que il y a eu...
16:50 - Alors, Montand n'a jamais voulu qu'on... - ...donner son sang. - ...donner son sang de son vivant, évidemment.
16:57 - Première instance et appel, il a refusé. - Voilà, et il y a eu une décision de justice à un moment qui reconnaît la paternité, mais pas
17:04 sur la base de tests scientifiques ADN. - Non, mais sur le dossier qui était épais, plus
17:11 avec des témoignages, dont celui de Claude Sautet, par exemple. - Une présomption de paternité sur la base de témoignages
17:17 et de ces éléments, mais finalement... - Mais deux ans d'enquête pénale.
17:22 Un juge d'instruction, deux ans d'enquête pénale menée par la brigade financière,
17:26 parce qu'elle pensait que c'était des gens très droits, honnêtes, qui n'allaient pas se faire acheter à droite ou à gauche.
17:31 Elle avait raison, je crois. Donc une enquête très pointue et qui a
17:35 apporté
17:37 d'autres témoignages sur ma relation et qui a donc affirmé que j'étais bien la maîtresse de Montand à cette époque,
17:43 à l'époque où j'étais enceinte d'Aurore,
17:46 et avant que je ne la couche d'Aurore. - Mais derrière ça, la procédure continue. - Oui, mais du coup, le tribunal a
17:54 reconnu Aurore en
17:56 1994 comme étant la fille
17:58 d'Yves Montand,
18:01 après justement la fin de cette enquête pénale. Ils ne voulaient pas le faire avant,
18:05 ils attendaient le résultat. Cette enquête pénale,
18:08 elle a été définitive parce que les deux héritiers, enfin la mère de Valentin et
18:15 Catherine Allégré, n'ont pas fait appel du tout de cette procédure,
18:18 comme par hasard.
18:21 - Alors, le dénouement, il est assez
18:23 sombre, c'est l'exhumation du cadavre d'Yves Montand en
18:30 1998,
18:31 des prélèvements ADN
18:33 qui arrive à la conclusion que Montand n'est pas le père d'Aurore. Ça c'est quand même un épilogue scientifique.
18:41 - Non, c'est un épilogue scientifique,
18:44 la décision finale. Mais tout ce qui s'est passé, on n'imaginait pas que
18:51 Aurore est venue avec moi, d'ailleurs elle a insisté pour, elle aussi, assister à ces fameux prélèvements
18:58 très...
19:00 C'est vraiment
19:03 quelque chose qui peut être risible quand on voit ça de loin,
19:06 mais quand on connaît la rigueur extrême des prélèvements ADN et la façon dont il faut se protéger au maximum,
19:13 les experts, quand ils sont obligés de prélever, ils sont extrêmement protégés,
19:19 bonnet, masque, gants, etc. Ce qui est normal parce que l'ADN est très fragile et donc très
19:27 contaminable. Et là on se trouve face à
19:31 une légiste et ses deux assistants,
19:34 sans masque, sans bonnet, sans gants,
19:39 en train de bavouiller sur un cadavre non identifié, parce qu'on a apporté
19:47 une heure et demie après être
19:50 arrivé du cimetière.
19:53 Une heure et demie après être revenu du cimetière, on a
19:56 apporté un cercueil, un cercueil non scellé,
20:01 ce qui est quand même curieux, j'ai encore jamais vu vraiment un cercueil non scellé.
20:07 On a sorti
20:10 quelque chose qui était un squelette. Il avait été thanatopraxé, mais
20:14 il n'était pas vraiment conservé. Aucune
20:19 mesure d'identification quelconque n'a été prise,
20:25 c'est-à-dire pas de
20:27 mesures du corps par exemple, pas de dossier dentaire.
20:34 On n'a pas regardé s'il y avait des
20:38 fractures qui pouvaient exister, etc.
20:43 - Je vous presse, Androssa, on arrive à la fin des débats de l'été.
20:47 Le résultat c'est que vous ne reconnaissez pas les résultats de ces tests ADN
20:53 et votre combat continue à travers ce livre
20:56 "Yves Montand, cet enfant qui te tendait les bras", c'est aux éditions de
21:00 l'archipel. C'est passionnant à lire, je le dis à nos auditeurs.
21:04 En un mot, on a deux secondes, comment va Aurore aujourd'hui ?
21:08 - Pas très bien, comme moi.
21:11 C'est difficile à avaler.
21:14 - Merci beaucoup Androssa d'être venue nous voir dans les débats de l'été.