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Avec Florence Bergeaud-Blackler, auteure du livre “Le Frérisme et ses réseaux, l'enquête” (aux éditions Odile Jacob)

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##LE_FACE_A_FACE-2023-06-28##

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Transcription
00:00 Radio Bercov dans tous ses états.
00:02 Le face à face. Et c'est l'heure du face à face entre André Bercov et Florence Berjot-Blackler,
00:09 anthropologue et auteur du livre "Le frérisme et ses réseaux" l'enquête parue aux éditions Odile Jacob.
00:15 Bonjour Florence Berjot-Blackler. Bonjour monsieur. Bonjour vous êtes je rappelle
00:21 chercheuse au CNRS ou à l'école pratique des hautes études vous êtes docteur en anthropologie
00:26 et vous avez écrit ce livre qui a fait effectivement beaucoup de bruit, beaucoup d'attention, beaucoup de réaction
00:32 parce que dès que quelqu'un qui connaît son sujet
00:37 s'aventure en terrain
00:40 soi-disant dit glissant, or en fait vous savez en science, en partout, en philosophie, il n'y a pas de terrain glissant. Il y a des terrains
00:47 d'études où il n'y a pas de terrain d'études. Je crois que franchement
00:50 en 2023 on devrait
00:53 savoir cela et ça devrait être une vérité de la palice, une banalité de base. Malheureusement ça ne l'est pas.
00:58 Alors "Le frérisme et ses réseaux" vous avez enquêté sur les frères musulmans,
01:02 l'organisation et comment sa stratégie
01:06 vis-à-vis de l'Europe et d'ailleurs du monde et ça a fait beaucoup beaucoup de, je le disais, beaucoup de bruit, beaucoup de réactions
01:13 dont certaines assez violentes puisque vous avez été obligé d'être
01:16 protégé par la police. Vous l'êtes encore ?
01:21 Alors je voudrais, vous êtes déjà venu
01:25 ici à Norfrance, Bergeau-Blaclair, vous avez vu qu'il y a quelques jours
01:30 le collectif des hijabeuses a fait appel au conseil d'état pour le droit de porter le hijab notamment
01:38 dans les matchs de football, match de football féminin, il dit mais pourquoi pas,
01:42 ostracisme etc etc.
01:45 Et donc parce qu'il y a un règlement de la fédération française de football
01:49 qui l'interdit et qui les prive de tout match officiel.
01:52 Et donc
01:55 il y a eu un rapport public, le rapport public du conseil d'état a rendu un avis ouvrant la porte à la compétition,
02:01 un avis donc positif à la levée de l'interdiction, nous attendons, je crois que c'est dans trois semaines,
02:06 la décision du conseil d'état. Et alors qu'est ce que ça veut dire à votre avis si le conseil d'état
02:13 dit oui c'est très très bien, le hijab qui est quand même une tenue très spécifique,
02:20 eh bien oui on a le droit tout à fait, on doit et la fédération française de football doit s'aider, le hijab partout.
02:27 - D'après mes informations la décision pourrait être rendue demain.
02:33 Donc c'est assez c'est assez rapide, à mon avis c'est trop rapide parce que il faut bien comprendre que
02:41 ces revendications de jeunes femmes musulmanes, en tout cas c'est comme ça,
02:46 on le décrit comme ça, en réalité c'est une séquence
02:50 d'une séquence beaucoup plus longue qui a commencé il y a bien des années mais qui s'est
02:56 manifestée à partir de 2020 au conseil de l'Europe.
02:59 Nous avons donc l'AFEMISO qui est l'organisme jeunesse des frères musulmans en Europe,
03:06 qui réunit ces adhérents
03:10 pour travailler,
03:12 ça a lieu donc en 2020, pour donc réunir un certain nombre, enfin ces adhérents,
03:19 autour de plusieurs thèmes. Ils ont choisi sept thèmes,
03:22 la santé mentale, l'inclusion des femmes dans le sport, la décolonisation de l'éducation, la représentation politique des étudiants, le consumérisme
03:30 vert, la plateforme des voix et histoire des femmes européennes et la représentation des médias musulmans.
03:37 Donc vous voyez que chez les frères musulmans on a de la suite dans les idées, on est très organisé, on pense,
03:43 comment mettre en action en fait ces idées, comment
03:49 agir dans l'espace public. Donc on le voit, parmi ces points là, il y a l'inclusion des femmes dans le sport.
03:57 Très peu de temps après cette réunion, je crois que c'est deux mois après,
04:01 Alliance citoyenne, donc un mouvement proche des frères musulmans,
04:06 crée donc les hijabeuses.
04:08 - Donc 2020 déjà. - Voilà 2020. Donc la séquence hijabeuses, elle commence pas maintenant avec ces
04:15 soi-disant jeunes femmes musulmanes, ce sont des militantes, ce sont des militantes aguerries qui ont été formées
04:22 grâce à nos impôts
04:25 qui financent donc le Conseil de l'Europe
04:27 grâce à la légitimité... - Parce que le Conseil de l'Europe, pardon Florence, soyons précis,
04:32 je blague, le Conseil de l'Europe finance cette association ? - Le Conseil de l'Europe
04:37 finance directement ou indirectement, en tout cas légitime chaque fois qu'il le peut,
04:42 les activités de la Femme Iso et ce type d'activités. Très vite, à cette époque là, donc en 2020,
04:49 très vite la France s'est immédiatement ciblée comme étant le pays qui pose le plus de problèmes pour les hijabeuses puisque
04:56 dans le règlement, l'article 1 de la charte de la FFF,
05:01 donc on précise que le hijab est interdit. Donc il y a un certain nombre de décisions qui sont prises pour justement
05:09 amener la France à revenir sur un certain nombre de ces décisions.
05:15 - La France est au nom de la laïcité j'imagine, enfin pour la France.
05:19 - Oui, là il faudrait demander à la FFF, mais je veux dire, ils sont très très clairs là-dessus,
05:24 que pas de signe religieux... - Donc c'est à ce moment-là que commence déjà la polémique si vous voulez,
05:29 enfin la revendication de la Femme Iso ?
05:32 - Voilà, alors la polémique justement ne commence pas à ce moment-là, elle va commencer bien plus tard.
05:37 D'abord on prépare, ce sont des gens qui préparent, qui se forment, qui font du média training,
05:44 qui choisissent les éléments les plus performants, qui passent le mieux à la télé, dans les radios, etc.
05:53 Alors le média training c'était par exemple aller se faire filmer devant l'Assemblée Nationale ou le Sénat,
05:59 je crois qu'ils devaient statuer sur un amendement visant à interdire ou non le hijab.
06:05 Donc on se filme, on passe ça sur les réseaux sociaux, avec des musiques sympas.
06:11 Les médias jouent le jeu complètement, c'est très très photogénique, donc relais, sans aucun recul critique,
06:18 sans même aller chercher d'où ça vient, qui sont ces acteurs.
06:21 Et c'est comme ça qu'on arrive à aujourd'hui cette revendication auprès du Conseil d'État.
06:30 Et puis peut-être, il faudrait voir le pédigré du rapporteur, qui me semble être quelqu'un qui est plutôt du côté...
06:38 - Thierry Cuillaud, par exemple.
06:40 - Plutôt du... je crois que le rapporteur c'est un autre nom.
06:45 - Non, lui c'est pas Thierry Cuillaud. Thierry Cuillaud dirige cette section du Conseil d'État.
06:50 - Voilà, c'est ça. Donc il y a quand même une certaine complaisance à l'égard de ces mouvements
06:58 qui sont perçus comme des mouvements de défense, de multiculturalisme, de l'émancipation, etc.
07:05 Alors que ce n'est absolument pas ça.
07:07 Ce que j'essaie justement de montrer dans mon livre "Le Frérisme",
07:10 c'est qu'on a affaire à des mouvements très organisés, qui n'ont que faire de ces revendications multiculturalistes,
07:15 c'est pas du tout là-dedans qu'ils sont, mais ils utilisent les canaux ouverts par ces groupes-là.
07:21 - Alors, justement, Florence Berger-Blackley, vous en avez déjà parlé ici et ailleurs, bien sûr.
07:28 "Le Frérisme", on sait, est né en 1928, les frères Aminallah Hassan El Banna notamment.
07:34 Et puis voilà, 1928, c'est-à-dire pratiquement un siècle maintenant, enfin pas loin du siècle.
07:42 Et est-ce que... Alors, aujourd'hui, on peut pas refaire toute l'histoire,
07:47 mais aujourd'hui, sa stratégie est quoi ?
07:49 Elle a, dans ces temps-là, et depuis quelques années, en fait, dans ces temps des années 2020,
07:55 compte tenu des bouleversements du monde, sa stratégie est quoi, très exactement, d'après votre enquête,
08:00 et ce que vous avez examiné ?
08:02 - Alors, c'est un peu plus qu'une enquête, c'est une réflexion qui m'a pris plus de 20 ans.
08:06 La première fois que j'ai rencontré les frères musulmans, c'était donc il y a 30 ans.
08:10 Ils ont, on pourrait dire, un ADN salafi et un logiciel missionnaire.
08:16 "Le Frérisme", c'est ce que je décris dans ce livre, c'est un système d'action qui doit lever,
08:22 ce qu'ils appellent le mouvement islamique, qui doit accomplir la prophétie prophétique,
08:30 qui est la prophétie califale, qui est donc d'instaurer...
08:34 - Que le monde entier devienne un califat.
08:36 - Que le monde entier devienne une société islamique, moderne, technologique, mais sous la loi de Dieu.
08:42 - Et de la charia. - Donc ce sont des théocrates, la loi de Dieu c'est la charia,
08:46 et donc ce sont des théocrates, beaucoup plus que des théologiens,
08:50 dans la mesure où ce sont quand même des littéralistes.
08:53 Alors plus ou moins, on va dire, mais ce sont des littéralistes.
08:57 Donc leur idée, c'est, chaque fois qu'une activité se fait au nom de l'islam,
09:02 c'est d'y être présent et de l'orienter vers là où ils veulent l'amener.
09:05 Et ils ne font que ça.
09:07 Et c'est pour ça que leur approche, elle n'est pas nécessairement territoriale,
09:11 c'est plus, l'approche territoriale est plutôt celle des groupes piétistes,
09:15 qui vont dans les quartiers, qui vont répandre la bonne parole.
09:21 L'approche des frères est sectorielle, c'est-à-dire qu'ils ont pensé
09:25 cette transformation du monde par grands secteurs, les grands secteurs de gouvernance,
09:31 la santé, l'éducation, l'université bien sûr, la justice, la police, etc.
09:38 - C'est de former, pardon, les young global leaders de l'islamisme.
09:43 - Oui, alors ça c'était leur premier, on le voit, Youssef El Kardaoui,
09:47 qui est un de leurs grands mentors, explique effectivement
09:50 qu'il va falloir former d'abord et avant tout une élite.
09:53 Ça c'est la première chose.
09:54 Ensuite il faudra s'occuper des masses, il faudra aussi donner un rôle aux femmes,
09:58 c'est très important, les femmes ne sont pas des potiches chez les frères musulmans,
10:02 au contraire elles ont un rôle très important, et on les voit d'ailleurs agir
10:05 au niveau de la FEMISO et des institutions européennes,
10:08 où elles sont systématiquement mises en avant.
10:10 Sur la question des hijabeuses c'est évident, ce sont les femmes qu'on met en avant,
10:15 parce qu'on présuppose qu'elles sont de faibles femmes innocentes,
10:21 alors qu'en réalité, et les frères d'une certaine manière,
10:25 surtout les frères de la deuxième génération, ceux qui sont nés en Europe,
10:28 leur laissent la place, elles sont devant, même si eux bien sûr participent un peu plus derrière.
10:34 - Elles sont des militantes, quelque part, c'est un militantisme.
10:38 - C'est bien évidemment du militantisme, et c'est un militantisme politico-religieux,
10:43 c'est-à-dire qui est animé par une volonté politique, évidente,
10:46 mais aussi par une inspiration divine.
10:51 C'est très important de souligner, ce qui à mon avis n'a pas été fait suffisamment
10:56 quand on parle des frères, c'est la composante religieuse fanatique, en réalité,
11:00 de ce Dieu qui doit nous aider à accomplir notre projet,
11:06 pour notre propre salut individuel, mais aussi pour le salut collectif.
11:10 Et donc dans ce livre, je fais toute l'histoire, en fait, depuis Hassan El Banna,
11:15 comment ça a évolué, parce qu'il y a eu quand même, comme vous l'avez dit,
11:18 un siècle qui sépare la naissance de la confrérie, et ce que c'est devenu aujourd'hui,
11:23 qui est assez différent dans la forme, mais dans l'idée,
11:26 le logiciel missionnaire, il est toujours là, et cette façon...
11:31 Maintenant, les frères ont appris comment fonctionne la société occidentale,
11:34 la société européenne en particulier, ils nous observent depuis très longtemps,
11:39 c'est un mouvement très intelligent, qui ne se précipite pas dans la violence, etc.
11:46 Même si la violence peut lui servir, ce n'est pas son mode d'action préféré.
11:50 - Mais pour être tout à fait précis, ce n'est pas Daesh, c'est tout à fait autre chose.
11:55 - Non, Daesh s'est inspiré d'un certain nombre de penseurs de la confrérie,
12:00 comme Said Krot, par exemple, mais le frérisme dont je parle
12:06 a plutôt une préférence pour les engagements pacifiques,
12:11 pas pacifistes, parce que c'est plus simplement plus efficace.
12:15 On fait beaucoup mieux en invitant les gens, en les séduisant,
12:19 en les montrant la voie de l'islam qu'en les effrayant.
12:23 Maintenant, si effrayeur il y a, comme dans le cas de Samuel Paty,
12:28 ou des chocs, ou en 2015, les différents chocs de janvier...
12:33 - Le changé bleu, le bataclan, Charlie Hebdo, etc.
12:36 - Là, on crie très très fort contre l'islamophobie, la haine des musulmans, etc.,
12:42 pour essayer de faire passer les choses.
12:45 - Pas d'amalgame, etc.
12:47 - Ce n'est pas pour ça qu'ils vont condamner réellement et pratiquement les djihadistes.
12:53 Pire, ils vont se présenter, et nous avons malheureusement laissé rentrer
12:58 beaucoup de ses frères, comme l'antidote au djihadisme et à la violence,
13:03 en disant "voilà, ce n'est pas tout à fait le bon islam,
13:05 nous on va vous rééduquer les populations, confiez-les-nous,
13:09 nous sommes les grands frères, et nous allons les amener vers la voie pacifique".
13:12 - Oui, c'est tout le problème, nous, effectivement, nous allons sortir de cela,
13:17 et ils enrégimentent des musulmans qui n'ont pas demandé spécialement cela,
13:23 et on va en parler juste après cette petite pause.
13:26 - Et posez vos questions en direct à Florence Bergeau-Blackler et André Bercoff, 0 826 300 300,
13:33 on vous attend au standard, à tout de suite.
13:36 - Ici Sud Radio, les Français parlent au français, les carottes sont cuites, les carottes sont cuites.
13:48 - Sud Radio Bercoff dans tous ses états.
13:51 - Florence Bergeau-Blackler, auteure du livre "Le frérisme et ses réseaux" de l'édition Oli Jacob,
13:57 un livre que je vous recommande, un livre à lire,
14:00 parce que c'est un livre qui fait l'état des lieux, et qui fait l'état des lieux de façon très précise,
14:05 et très argumentée et documentée.
14:08 Justement, Florence Bergeau-Blackler, on a parlé d'hijabeuse, vous avez parlé, effectivement, de la préparation,
14:14 ça se fait pas en un jour, ça se prépare, etc.
14:17 Est-ce que vous pouvez donner d'autres exemples, justement, vous en parlez d'ailleurs dans votre livre,
14:21 de, justement, d'entrisme, prempli ce mot, qui est plutôt trotskiste qu'autre chose,
14:27 mais enfin, l'entrisme, c'est l'entrée, la pénétration dans tel ou tel domaine ou institution de notre société.
14:34 - Alors, les frères musulmans ont, à partir des années 1980, commencé à penser ce qu'ils appellent l'islamisation de la connaissance,
14:42 "Islamisation of knowledge".
14:44 Ça veut dire qu'on va penser le politique, la science, la connaissance, dans le cadre de l'islam,
14:49 et que tout ce qui sort du cadre de l'islam, qui n'est pas licite, sera exclu.
14:54 Donc ça, c'est une première chose. Et l'idée, c'est d'arriver à penser l'ensemble des disciplines de la science ou même de la gouvernance,
15:04 dans ce cadre-là, et former des personnages qui vont ensuite être placés ou activés dans des milieux,
15:14 ça va être comme, par exemple, au ministère de l'Intérieur, au ministère de la Justice,
15:19 des personnages qui vont s'assurer que ce qui est produit est compatible avec l'islam.
15:27 Donc ça peut prendre à l'université, par exemple.
15:31 - Oui, pardon, juste, non mais, comment dans des sciences ou dans des enseignements,
15:34 comment ils déterminent ce qui est licite et pas licite, uniquement par rapport aux écrits religieux ?
15:41 - En fait, ils vont s'appuyer sur un certain nombre de théories wokistes ou islamo-gauchistes,
15:47 qui interdisent un traitement particulier, par exemple.
15:53 Si vous commencez à dire que l'islam, à un moment donné, pose problème,
15:59 et bien, parce qu'il peut déterminer un certain nombre de conclusions scientifiques,
16:06 on va vous dire que non, en réalité, c'est plutôt des problèmes de socio-économique,
16:11 que vous êtes raciste, d'extrême droite, etc.
16:13 Donc vous allez recevoir un certain nombre de signaux qui vont vous faire taire.
16:18 C'est comme ça, en fait, qu'il...
16:20 - A l'université, ça s'est passé comme ça, ou ça se passe comme ça ?
16:23 - Dès les années 1980, la controverse avec Bernard Lewis, par exemple,
16:29 qui est accusé d'être un orientaliste, voilà.
16:32 - Le grand islamophobe gauche, oui, l'orientaliste, oui.
16:33 - Qui est accusé d'être un orientaliste, et "orientaliste", ça devient un gros mot.
16:37 Parce que ça n'est pas fait, ça n'est pas pensé du point de vue de l'acteur musulman.
16:41 En tout cas, c'est ce qu'il prétend.
16:44 Donc, c'est la controverse avec Edouard Saïd, bien sûr.
16:48 Donc, ces idées-là, en fait, vont diffuser dans l'université,
16:54 par l'indigénisme en particulier, par...
16:57 - Les indigènes de la République, notamment, ce groupe.
16:59 - Voilà, les indigènes de la République, par des mouvements alter-mondialistes,
17:03 enfin, tous les alters, en fait, qu'on va voir naître dans les années 80-90,
17:08 vont porter, en fait, ces interdictions, ces nouvelles formes de censure,
17:13 qu'aujourd'hui on appelle "wokisme".
17:15 Et c'est par là, en fait, que les frères musulmans imposent
17:19 une certaine façon de penser, la science, ou même, en particulier,
17:23 les recherches sur l'islam.
17:25 Il est impossible, aujourd'hui, de faire des recherches sur l'islam,
17:28 sans dire "je suis musulman" ou "je suis amie avec des musulmans",
17:31 "tous les musulmans", même bien.
17:33 - Sinon, vous êtes marginalisé.
17:34 - Voilà, c'est ça.
17:35 - Oui, mais pardon, vous venez de dire ça, mais le wokisme et l'islamisme,
17:39 on ne peut pas dire vraiment qu'ils marchent ensemble dans la même direction.
17:45 On a bien vu avec les LGBT, comment sont traités les LGBT.
17:48 Johan Pauwer en parlait, mais pas seulement lui, on le sait depuis,
17:52 que ce n'est pas forcément les LGBT qui sont compatibles avec les frères musulmans.
17:58 Enfin, avec l'enseignement et l'idéologie.
18:00 - Non, il n'y a pas besoin d'être compatible pour être des alliés objectifs.
18:03 Vous pouvez instrumentaliser l'autre comme allié, quitte à vous en débarrasser plus tard.
18:08 - On peut dire "idiot utile" ?
18:11 - On peut le dire, oui.
18:12 Moi, j'appelle ça des alliés utiles pour être poli,
18:15 mais en effet, on peut dire que les woks ou les islamo-gauchistes
18:20 font jouer le rôle de "daner de la terre" aux musulmans,
18:24 qui le jouent très volontiers, parce que ça leur permet à eux de faire passer leurs idées.
18:30 - Les islamistes, vous voyez.
18:31 - Oui, eux les islamistes.
18:33 Et comme les islamistes sont très souples, beaucoup plus souples que ceux qui ont en face,
18:37 ils ont beaucoup plus de pensées, de suites dans les idées,
18:41 ils se disent que de toute façon, la gauche, ils s'en débarrasseront.
18:44 C'est ce qu'ils ont fait en Iran, et partout où ils arrivent,
18:46 ils finissent par se débarrasser de leurs alliés de gauche.
18:49 - L'Iran était le vrai exemple.
18:50 C'est vrai que le Parti communiste, ou tous les autres, ont appuyé Khomeini,
18:54 et quand Khomeini est arrivé, c'est allé très très vite.
18:57 - Oui, et ils ne le font pas par hypocrisie,
18:59 mais c'est parce qu'on ne veut pas regarder ce qu'ils veulent.
19:02 Ils ne cessent de nous dire qu'ils veulent un autre monde,
19:05 et que ce qui les anime, c'est la charia, c'est la loi de Dieu.
19:09 Ils ne cessent de nous le dire.
19:11 Quand une jeune fille dit "je porte un hijab",
19:13 elle dit "c'est pas mon père qui m'oblige, c'est pas mon frère qui m'oblige, c'est Dieu".
19:17 Donc c'est bien l'obéissance à Dieu, c'est bien la loi qu'elle respecte.
19:21 Donc elle n'arrête pas de le dire, il faut l'entendre maintenant.
19:23 - C'est ça.
19:24 Et effectivement, alors pourquoi ?
19:26 Alors c'est la question, Florent-Berger-Blacker, pourquoi on ne l'entend pas ?
19:30 Pourquoi les princes qui nous gouvernent, les institutions qui nous gouvernent,
19:33 l'élite, pas seulement les politiques,
19:36 l'élite, médiaticaux, etc.,
19:39 la plupart, en tout cas une bien majorité,
19:42 des intellectuels, etc.
19:45 Est-ce que c'est au nom des damées de la terre,
19:47 et c'est au nom de, attention, opprimés de tous les pays, unissez-vous ?
19:51 C'est quoi ?
19:52 - Moi il m'a fallu pas mal d'années pour le comprendre, l'admettre.
19:55 Je n'arrivais pas à imaginer qu'il puisse exister des théocrates,
19:59 des gens qui veulent vraiment s'en remettre à Dieu,
20:02 qui ont donc une vision du monde,
20:04 qui prévoient donc ce qui va se passer dans l'au-delà,
20:07 où tout est très bien codifié.
20:09 C'est difficile pour nous, on n'est plus habitués dans nos sociétés sécularisées
20:13 à des comportements pareils.
20:15 Bon, ça c'est une première chose, pour les gens je dirais qui sont vraiment sincères.
20:18 Après, il y a des formes de lâcheté, d'hypocrisie,
20:22 d'arrogance aussi beaucoup, ça m'a toujours frappé.
20:26 Ne pas prendre les frères au sérieux, c'est vraiment pas une bonne idée.
20:30 Ce sont des gens très intelligents, qui sont très déterminés,
20:35 et il faut les écouter, il faut plutôt qu'agir,
20:39 parce que nous on est dans le temps politique très court,
20:41 donc chaque fois qu'il se passe quelque chose,
20:43 qu'ils arrivent pour monter une mosquée,
20:45 alors on leur interdit, ou alors on leur permet...
20:47 C'est oui ou c'est non.
20:49 On ne prend pas le temps de comprendre comment ils pensent,
20:54 ce qu'ils veulent, et donc on ne prend pas le temps de savoir
20:57 si on veut les accueillir ou non.
20:59 Parce qu'on a quand même le choix,
21:01 de savoir si on veut accueillir un mouvement théocrate
21:05 dans nos démocraties, ce qui serait évidemment une folie,
21:08 ou si on dit non.
21:10 Et pour ça, il faut bien comprendre ce à quoi on a affaire,
21:12 et c'était l'objet du livre.
21:14 - Oui, mais alors justement, il n'y a pas que le temps et de comprendre,
21:18 il y a aussi beaucoup de gens qui ont compris,
21:20 mais il y a l'électoralisme, il y a le clientélisme,
21:22 j'ai besoin d'un certain nombre de gens,
21:25 pour me faire gagner ma prochaine élection,
21:28 ou ma prochaine échéance,
21:30 et il faut soit les grands frères, soit des gens qui me garantissent
21:32 la paix sociale, ou en tout cas une certaine paix sociale.
21:35 - Oui, on le voit bien sûr avec LFI,
21:37 qui est le parti coucou, comme je les appelle,
21:40 du frérisme.
21:42 La détestation de soi peut aller jusque là.
21:47 - Ah oui, vous pensez ?
21:49 - Je pense que ça peut aller jusque là.
21:51 - Mais d'où vient cette détestation de soi ?
21:56 Oui, c'est quand même important ça.
21:58 - Je pense quand même que les mouvements de gauche,
22:01 de gauchistes, ont quand même beaucoup appuyé
22:05 sur cette culpabilité,
22:08 sur...
22:10 - L'Occident, enfin le Occident coupable,
22:12 - Oui, cette haine de l'Occident.
22:14 - Oui, on a peut-être deux ou trois générations maintenant
22:17 qui ont été baignées là-dedans.
22:19 Ça les étrace.
22:21 Donc je pense que cette haine de soi est maintenant
22:25 devenue une grande maladie dont il faut se soigner.
22:29 - Vous pensez qu'elle est intégrée,
22:34 comme quand la Boétie parlait de "servitude volontaire" ?
22:36 - Je ne sais pas.
22:40 En tout cas, il y a des mécanismes d'accusation d'extrême droite
22:43 qui sont bien la preuve d'une détestation.
22:47 On veut arriver à...
22:49 On se déteste soi, mais on n'en a pas réellement conscience
22:53 et donc on déteste les autres et on leur attribue
22:56 ce qu'on n'aime pas chez soi.
22:57 C'est ça l'accusation d'extrême droite aussi.
22:59 C'est un problème de la gauche.
23:03 - Oui. Alors, pour revenir au frérisme
23:05 et justement à la stratégie frériste,
23:08 vous parlez effectivement qu'il y a presque un siècle,
23:11 vous avez cité C. C. de Cotop qui a été un des grands théoriciens,
23:14 puis il y a Imtaihimiya, etc.
23:16 On ne va pas rentrer dans les détails.
23:19 Comment ils sont perçus aujourd'hui ?
23:21 Parce que c'est très intéressant aussi
23:23 la roule et les montagnes russes dans les pays arabes,
23:26 dans les pays islamiques.
23:28 Parce que quelquefois, ils ont été très bien accueillis
23:30 et d'autres fois, ça va très mal pour eux,
23:33 on les persécute, même on les tue, etc.
23:35 Est-ce que c'est toujours là-bas ?
23:37 Alors, il y a l'Occident, vous venez d'en parler,
23:39 puis il y a ce Moyen-Orient, puis ailleurs.
23:41 Je ne parle pas de l'Indonésie, l'Inde, etc.
23:44 Comment cette stratégie, est-ce qu'elle est ?
23:48 Est-ce que la stratégie que vous venez d'écrire,
23:50 c'est une stratégie en fonction sur l'Occident,
23:53 où il y a des rapprochements ou des homothésis,
23:57 ou des analogies avec les stratégies dans les pays du Moyen-Orient,
24:01 ou d'Asie ou ailleurs ?
24:03 - J'ai fait un débat avec Boalem Sansa, il n'y a pas très longtemps,
24:06 et on remarquait qu'ils se sont imposés en Algérie
24:10 exactement de la même manière qu'en Europe, en réalité.
24:13 Mais seulement en Algérie, ou dans les pays musulmans,
24:18 traditionnellement musulmans,
24:20 ils étaient immédiatement repérés comme des "Irwans",
24:23 c'est-à-dire des gens un peu fous, un peu fanatiques, et très dangereux.
24:26 - Des "Irwans" vous voulez dire "frères" en arabe ?
24:28 - Oui, c'est ça.
24:29 Tandis qu'en Europe, on les a pris pour des gens plutôt...
24:33 qui voulaient être européens, qui parlaient un bon français,
24:36 qui étaient très polis, qui s'étaient complètement adaptés au milieu,
24:40 et qui surtout ne voulaient pas s'en prendre à l'État.
24:43 C'est là-dessus aussi qu'on a été trompés,
24:45 alors qu'en Algérie, bien sûr, immédiatement,
24:47 c'est devenu le fils et une hostilité frontale.
24:50 La façon de faire des "frères-is",
24:52 si je veux l'opposer à celle des islamistes en pays musulman,
24:55 c'est précisément de contourner le politique
24:58 et de passer par la culture, l'économie,
25:01 des choses auxquelles on ne sait pas résister, en fait.
25:06 Cette publicité, c'est très important.
25:09 Enfin, on peut revenir aux hijabeuses,
25:11 c'est vraiment très photogénique.
25:13 Elles font un exercice de style remarquable.
25:18 Et ça fascine et ça prend.
25:20 - Parce qu'il y a la photo, le photo-hop, etc. C'est fort.
25:23 - Et on ne sait pas résister à ça.
25:25 - Et on voit à la télévision, effectivement,
25:28 qu'il y a un certain nombre de femmes qui...
25:31 Elles sont, comme vous dites, en avant, etc.
25:34 - Et c'est si puissant qu'on en oublie les images de l'Iran.
25:38 Enfin, je veux dire, c'était énorme.
25:40 Ces femmes qui supplient pour pouvoir...
25:42 - En Iran, elles se font emprisonner, tabasser et tuer, quelquefois,
25:46 parce qu'elles enlèvent le voile.
25:48 - Voilà. Et si vous interrogez une femme hijabeuse ici,
25:52 elle vous dira "mais moi je suis pour sa liberté de l'enlever
25:55 comme moi je suis pour ma liberté de le mettre".
25:57 Mais à la fin, c'est toujours pour dire que c'est sa liberté de le mettre.
26:00 - Oui, c'est assez préoccupant et assez passionnant de voir ce qui se passe.
26:07 D'ailleurs, ça se passe un peu partout, pas seulement en France,
26:10 même si la France, avec sa loi sur la laïcité,
26:13 ou en tout cas, sa tradition de laïcité, encore que...
26:16 pour en parler pendant des heures.
26:18 Je crois, Morgane, nous avons...
26:21 - Le standard qui sonne, effectivement.
26:23 Vos réactions en direct sur Sud Radio au 0826 300 300.
26:28 Échangé avec Florence Bergeau-Blackler, l'invité du Face à Face,
26:32 l'auteur du livre "Le frérisme et ses réseaux, l'enquête".
26:36 C'était aux éditions Odile Jacob.
26:39 Bercov dans tous ses états, revient dans un instant.
26:41 On attend vos appels.
26:43 - Ici Sud Radio.
26:47 Les Français parlent au français.
26:53 Je n'aime pas la blanquette de mon...
26:56 Je n'aime pas la blanquette de mon...
26:59 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
27:02 - Face à vous, André Bercov, aujourd'hui, Florence Bergeau-Blackler.
27:06 Et au standard, Chris nous a appelés au 0826 300 300.
27:10 Bonjour Chris. - Bonjour Chris.
27:12 - Bonjour André, bonjour à votre invité.
27:15 Merci de me donner la parole.
27:17 - On vous écoute, Chris.
27:19 - Première remarque, je trouve dommage qu'en France,
27:22 qu'on stigmatise un peu tout le monde et qu'on n'arrive pas,
27:25 que ce soit notre idéologie, ou politique, ou religieux,
27:28 qu'on n'arrive pas à... qu'on est toujours...
27:31 Il y a toujours un souci.
27:33 Moi, j'aurais une question à votre invité. - Allez-y.
27:36 - Moi, je suis converti depuis 25 ans à peu près.
27:40 J'ai eu la chance d'aller à la Mecque plusieurs fois,
27:42 réaliser les pèlerinages, toutes ces choses-là.
27:45 J'ai eu la chance de rencontrer des savants,
27:47 des grands savants là-bas.
27:49 Maintenant, je suis d'accord sur le fait qu'il y a
27:54 des extrémistes, entre guillemets, des déglingots chez les musulmans,
27:57 comme il y en a partout dans toutes les religions.
27:59 Ça, c'est une première chose.
28:01 Maintenant, la question que j'aurais à poser à votre invité,
28:03 parce que c'est l'amalgame qui se fait depuis longtemps,
28:06 et je pense que là-dessus, il y a une erreur de cible, en fait.
28:12 - Allez-y, mais... - Voilà.
28:14 Il y a beaucoup de sectes chez les musulmans,
28:16 et si votre invité a étudié un peu l'islam autrement que...
28:21 que sur les gens qui ne sont pas dedans et qui ont vraiment été dedans,
28:26 elle doit connaître la secte des Takfiri, normalement.
28:29 - Des Takfiri ? - Voilà.
28:32 Qui est complètement un antagonisme des Salafis.
28:36 Et ce que j'aimerais, c'est que votre invité me dise
28:39 si elle connaît l'étymologie du mot Salafi, Salafis, Salaf,
28:44 déjà à quoi ça correspond, est-ce que ça englobe ?
28:48 Pour justement démontrer l'amalgame qui est fait.
28:51 - Mais posez la question, Chris, après.
28:54 - Est-ce qu'elle connaît l'étymologie,
28:57 est-ce que votre invité connaît l'étymologie du mot Salafiste ?
29:00 De l'arabe au français qui a été transformé.
29:02 Et ma deuxième question, comme ça, je la dis tout de suite,
29:04 est-ce que votre invité a rencontré toutes les hijabes,
29:07 j'aime pas ce mot-là, franchement, j'aime pas ce mot,
29:10 est-ce qu'elle les a rencontrées une par une
29:12 pour vraiment voir leur idéologie,
29:14 voir si vraiment elles sont extrémistes,
29:16 si elles obéissent à autre chose, à des gens,
29:18 si tous leurs actes et paroles leur sont dictés,
29:21 et si c'est pas tout simplement des jeunes filles,
29:23 voilà, qui sont croyantes, et qui veulent mettre leur voile,
29:26 et qui veulent continuer à jouer au foot,
29:28 faire la symbiose des deux, et voilà.
29:30 Est-ce qu'elle a vraiment vérifié vraiment
29:32 s'il y a une autre population ?
29:33 - Non mais c'est clair, c'est clair, elle va vous répondre, je crois.
29:36 - Merci, monsieur, pour vos questions,
29:38 je sais pas si je vais répondre à toutes,
29:40 mais en tout cas, salaf, oui, ça vient des pieux anciens,
29:44 pour moi ça désigne deux choses,
29:46 il y a le terme salafiste, qu'on utilise dans les médias couramment,
29:50 qui désigne plutôt les wahhabo-salafistes,
29:52 et puis il y a ce que moi je considère comme salafi,
29:56 c'est-à-dire qui remonte jusqu'au réformisme
29:59 du début du XXème siècle,
30:01 et qui sont des courants, donc, qui se positionnent,
30:04 par rapport, enfin qui veulent,
30:06 revenir à l'islam des pieux anciens,
30:09 du prophète et de ses compagnons.
30:12 Alors bien sûr, quand je parle des frères,
30:15 je parle de ce mouvement missionnaire
30:17 qui veut rassembler toutes les tendances,
30:19 des plus libérales aux plus takfiristes,
30:22 vous me posez la question des takfiristes,
30:24 c'est des gens qui veulent rompre avec,
30:26 enfin qui sont des gens qui veulent rompre avec le salafisme,
30:32 ou certaines formes de salafisme,
30:34 soit parce qu'ils le trouvent trop,
30:37 c'est dans l'imitation un peu, je dirais,
30:42 trop bête du prophète,
30:44 qu'ils ne réfléchissent pas assez,
30:46 donc ils se font traiter par certains salafistes orthopraxiques
30:49 de takfiristes.
30:51 Donc ça ce sont des querelles internes,
30:53 justement que les frères veulent éviter,
30:57 parce qu'ils détestent la fitna,
30:59 et qu'ils prônent le tahwid,
31:01 c'est-à-dire, voilà, le désordre intérieur,
31:04 le chaos à l'intérieur de la communauté,
31:07 parce que ce qu'ils veulent c'est rassembler vers l'objectif.
31:11 Mais ils ne veulent pas faire des synthèses,
31:13 ils veulent simplement les rassembler tous.
31:16 - Oui, juste avant pour les hijabeuses.
31:19 - Non, j'ai pas pu enquêter auprès de toutes les hijabeuses,
31:23 mais j'ai fait beaucoup d'enquêtes,
31:25 et vous verrez notamment dans le chapitre 9,
31:28 je crois, autour des femmes,
31:30 un exemple d'endoctrinement
31:33 que les femmes peuvent s'exercer entre elles.
31:36 Vous verrez que c'est assez large, malheureusement,
31:41 et on va retrouver d'ailleurs des chiffres assez inquiétants
31:44 auprès des jeunes musulmans,
31:46 qui sont 65% à considérer que la loi de Dieu
31:50 est plus importante que la loi de la République.
31:53 - Je suis à l'antenne ou pas encore ?
31:55 - Oui, vous êtes à l'antenne, Chris, absolument.
31:57 - D'accord, ok. Est-ce que vous savez la différence dogmatique
32:00 entre les taqfiris et la différence, je dirais, primordiale
32:03 entre les taqfiris et les salafis ?
32:05 - Non mais attendez, on va pas faire une...
32:07 Je comprends très bien, mais on va pas faire l'émission
32:10 uniquement sur les choses doctrinaires.
32:12 - Le taqfiri, c'est un peu comme l'extrême droite,
32:14 il faudrait pouvoir le définir.
32:16 - C'est-à-dire que là, on va pas passer une demi-heure
32:18 à faire taqfir ou salafiste.
32:20 Le problème qui est posé là,
32:22 et tout à fait, votre question a été très bonne,
32:24 bon, après, dans le livre Florent Bergeblay,
32:27 est-ce qu'il y a effectivement une politique et une stratégie ?
32:31 Voilà, elle prétend, elle affirme,
32:34 et pour que le frérisme, les frères musulmans,
32:37 c'est une stratégie, d'ailleurs, qui est extrêmement sincère,
32:40 puisqu'ils veulent, effectivement, rassembler autour
32:43 d'un message, je dirais, messianique.
32:47 - Là, vous avez une illustration, grâce à Chris,
32:50 de ce qu'est l'islamisation de la connaissance.
32:52 C'est-à-dire, vous ne pouvez parler de l'islam
32:54 et en dire quoi que ce soit,
32:56 que si vous êtes à l'intérieur.
32:58 Sinon, vous ne pouvez pas comprendre.
33:00 Et ça, ce sont des méthodes d'intimidation
33:03 qui ont cours, malheureusement, à l'université depuis 40 ans.
33:07 - Merci Chris. Alors, nous avons Yves.
33:10 - Oui, vous appelez au 0 826 300 300.
33:12 On le rappelle, Yves, qui nous appelle d'Arcachon.
33:14 Bonjour Yves. - Bonjour Yves.
33:16 - Oui, bonjour, bonjour madame, bonjour André.
33:18 Simplement, bon, madame disait que
33:22 elle avait eu des démêlés avec l'université
33:25 dès les années 80.
33:27 Moi, j'ai une quinzaine d'années supplémentaires.
33:29 Et je me souviens que, donc, dans les années 60,
33:32 quand j'étais collégien lycéen,
33:34 c'était le plein colonialisme.
33:37 Et à l'époque, je m'étonnais que
33:40 on construise des mosquées en Afrique,
33:44 par exemple au Sénégal.
33:47 Et c'était déjà, avant, avec l'argent du pétrole,
33:51 bien avant la guerre du Golfe
33:54 ou le choc pétrolier.
33:58 Alors que les chrétiens, les catholiques en particulier,
34:02 n'osaient pas, ils avaient honte du colonialisme,
34:05 et on n'osait plus militer.
34:08 Bon, et maintenant, on dit que le Sénégal
34:11 est un pays musulman, ce qui n'était pas vrai
34:14 dans les années 60.
34:16 Bon, ben, aujourd'hui,
34:19 l'islam est toujours militant,
34:23 alors que la chrétienté et le calédulisme
34:27 sont toujours honteux, et on n'ose pas.
34:30 Bon, par contre, aujourd'hui, il est toujours interdit
34:32 à un musulman de changer de religion
34:34 sous peine de sanctions diverses ou dévariées
34:37 suivant les pays.
34:38 - Merci. Alors, oui, Florence.
34:39 - Je n'ai pas de commentaire à faire.
34:41 C'est un témoignage vraiment intéressant.
34:43 Ça veut dire qu'effectivement, on n'avance pas beaucoup.
34:45 Effectivement, il y a une lame de fond
34:48 qui est très ancienne, qui date d'au moins un siècle,
34:52 et voilà, je dirais que ça s'aggrave un petit peu.
34:56 - Justement, non, parce que, malheureusement,
34:58 je le regrette pour Jean-Paul de Maupouly,
35:00 qui nous appelle, mais on va l'appeler demain,
35:02 puisque c'est là où le temps nous manque.
35:04 Au fond, ce que dit Yves,
35:08 c'est que l'Occident a démissionné là-dessus.
35:10 L'Occident n'a pas de...
35:12 je ne sais même pas de logique de rechange,
35:14 mais rien n'a opposé qu'une consommation effrénée.
35:17 C'est quoi ?
35:18 - C'est difficile, parce que c'est un mouvement enthousiaste.
35:20 On le considère comme un mouvement de laissé-pour-compte,
35:24 où des gens qui ne seraient pas satisfaits
35:26 de nos démocraties, de l'Occident...
35:28 Mais maintenant qu'ils ont,
35:30 notamment les générations qui sont nées en Europe,
35:32 ou en Occident, ils ont la maîtrise de la technologie,
35:36 ils sont tout à fait fiers de leur modèle,
35:40 il va falloir être plus séduisants encore.
35:44 - Oui.
35:45 Mais alors, c'est pas de malaveille,
35:48 on ne voit pas très bien les outils de la séduction,
35:50 pour le moment.
35:51 - Déjà, je pense que si on arrête
35:53 de se culpabiliser autour de l'islamophobie, etc.,
35:57 qu'on comprenne que c'est un mouvement suprémaciste,
35:59 que ce n'est pas un mouvement...
36:01 - Où il n'y a pas que les suprémacistes blancs.
36:03 - Oui, absolument.
36:04 Non, mais je veux dire, il faut rompre avec le victimisme
36:07 qui démoralise tout le monde,
36:10 et quand on sera suffisamment forts,
36:13 alors on pourra demander aux musulmans
36:15 qui ne sont pas des frères,
36:17 et ils sont très très très nombreux,
36:19 de nous rejoindre dans ce combat
36:21 contre les fréristes.
36:23 - Merci Florence Bergeau-Blackler.
36:26 - Merci à vous.
36:27 Oui, Florence Bergeau-Blackler,
36:29 auteure du livre "Le frérisme et ses réseaux, l'enquête",
36:32 celle-ci est parue aux éditions Odile Jacob.
36:34 Merci à tous de nous avoir suivis également.
36:36 Rendez-vous demain à 12h30 pour Berkhoff dans tous ses états.
36:40 Passez une excellente journée à l'écoute de Sud Radio,
36:43 à suivre l'émission de Brigitte Lahaye.
36:46 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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