Hôpital français : "Le gouvernement nous coupe les vivres !" - Thierry Amouroux

  • l’année dernière
Des aides-soignants formés au métier d’infirmier en deux ans, les syndicats infirmiers sont vent debout face à cette réforme de la formation.
Avec Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers.
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##LE_COUP_DE_FIL_DU_MATIN-2023-08-10##

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Transcription
00:00 Et on enchaîne avec le coup de fil du matin. Le gouvernement souhaite former les aides-soignants expérimentées aux messiers d'infirmiers.
00:06 En deux ans, au lieu de trois, les syndicats de salariés et d'étudiants infirmiers sont vent debout contre la mesure.
00:12 Pour en parler, on reçoit Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers.
00:17 Bonjour et bienvenue.
00:19 Bonjour.
00:20 Bonjour Thierry Amouroux. Merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio.
00:25 Six syndicats dont le vôtre ont décidé d'engager un recours contre cette réforme devant le Conseil d'État.
00:30 Comment en êtes-vous arrivé là ? Le gouvernement refusait finalement de vous écouter.
00:34 Oui, il faut savoir que depuis la création du métier d'aides-soignants, il y a des aides-soignants qui font une promotion professionnelle pour passer infirmière.
00:45 Donc ils passent un concours qui leur permet d'avoir l'équivalence du bac et de rentrer en formation d'infirmière,
00:54 comme font les lycéens via Parcoursup, et donc d'effectuer les trois années de formation en licence infirmière.
01:01 Et là, il y a un arrêté qui a été pris au début du mois de juillet, qui a été publié en tout cas au début du mois de juillet,
01:09 et qui dit que pour les aides-soignants les plus expérimentés, on parle de trois ans d'expérience à plein temps,
01:16 on passerait directement à la deuxième année d'études, c'est ça ?
01:19 Oui, c'est ça. Alors qu'il n'y a aucun rapport entre le référentiel d'activité du métier d'aides-soignants
01:27 et la première année de formation infirmière où on nous enseigne la biologie, les pathologies, la pharmacie, etc.
01:40 Donc ça va faire un gros manque de compétences.
01:43 Réduire d'un tiers la durée de formation de ces aides-soignants qui deviendraient infirmières, c'est un vrai problème,
01:51 c'est une vraie perte de chance pour les patients parce que ces personnes-là n'auront pas la même formation et les mêmes compétences.
02:00 Mais ça veut dire quoi concrètement ? Ça veut dire que finalement il y a plus de risques ? Il y a une inquiétude pour ces patients ?
02:08 Bien sûr, surtout que ce sera à l'aveugle parce qu'au final, ils ne pourront pas savoir si la blouse blanche qu'ils auront en phase 2,
02:18 c'est une vraie infirmière formée en 3 ans ou une qui est passée par cette formation au deux tiers.
02:26 Et donc ça, c'est une vraie inquiétude qui a des conséquences réelles, c'est-à-dire que vous avez des études internationales qui ont été effectuées
02:35 qui montrent que lorsqu'on remplace une infirmière par une personne moins formée,
02:44 vous avez une conséquence sur le taux de mortalité des patients qui sont dans le service.
02:49 Donc c'est vraiment très grave et ça c'est suite à la demande des employeurs.
02:57 Parce qu'il faut bien comprendre que quand vous êtes aide-soignant en formation professionnelle pour être infirmière,
03:03 vous continuez à percevoir votre salaire d'aide-soignant.
03:06 Et donc l'employeur, il souhaite économiser cette année de salaire, faire sauter la première année,
03:14 donc pour économiser de l'argent et ils veulent faire finalement ce qu'ils font dans les EHPAD
03:21 où la moitié du personnel en EHPAD n'est pas des professionnels de santé parce que ça leur coûte moins cher.
03:30 Et donc là, ils ont pour objectif à l'hôpital d'avoir des salariés qui leur coûtent moins cher plutôt que des salariés bien qualifiés.
03:39 Pour vous, on est uniquement sur une réforme à but économique ?
03:43 Oui, clairement. C'est à la demande des employeurs que le gouvernement fait ça.
03:48 Donc c'est un vrai danger, c'est une perte de chance pour les patients.
03:55 Ça va être aussi un problème pour ces salariés.
04:00 Ce n'est pas facile après plusieurs années de travail de reprendre le chemin des études
04:08 et les faire arriver directement en deuxième année sans avoir eu les fondamentaux,
04:13 toute la méthodologie de la première année.
04:16 Ils vont se retrouver en difficulté et certains vont être en situation d'échec pendant leur formation.
04:22 Donc les seuls qui gagnent, ce sont les employeurs et tout le monde y perd, et particulièrement les patients.
04:30 En même temps, il y a une vraie question qui se pose.
04:32 La situation financière des hôpitaux, alors publiques notamment, qui est déjà très dégradée,
04:36 c'est bien un facteur qu'il faut prendre en compte, tiré amoureux ?
04:40 Oui, mais certainement pas en aggravant les choses.
04:42 C'est-à-dire que la situation financière des hôpitaux est dégradée
04:46 parce que le gouvernement nous coupe les vivres année après année.
04:51 Donc ça oblige l'hôpital qui a moins d'argent à fermer des lits.
04:55 Et on voit aujourd'hui les problèmes que l'on rencontre.
04:59 Il faut comprendre qu'en 20 ans, on a fermé 20% des lits d'hôpitaux en France.
05:05 On est passé de 500 000 à 400 000.
05:08 Aujourd'hui, pour 1 000 habitants, on n'a que 5,9 lits alors que l'Allemagne en a 8.
05:14 Aujourd'hui, pour 1 000 habitants, la France n'a que 10 infirmières, l'Allemagne en a 13.
05:19 Donc on est vraiment en dessous des standards européens alors qu'on était la 6e puissance mondiale.
05:26 Tout ça parce qu'on a des gouvernements successifs
05:30 qui sont dans la logique du moindre coût et de réduire les services publics.
05:36 60 000 postes vacants en 2022 concernant les infirmiers.
05:41 L'appel finalement à ces aides-soignants, ce n'est pas une partie de la solution ?
05:46 Non, parce qu'aujourd'hui déjà, vous avez 20% des infirmières qui sont d'anciennes aides-soignantes.
05:53 Cette filière existe déjà, mais nous avons une filière complète.
05:58 Or là, l'aide-soignant est plus centré sur l'aspect hygiène et soins de confort de la personne.
06:08 Une aide-soignante ne peut pas pratiquer des actes infirmiers, injections, pansements, perfusions,
06:16 ça relèverait de l'exercice illégal d'une profession réglementée.
06:20 Donc on ne peut pas faire sauter cette première année d'études, c'est une vraie perte de chance pour les patients.
06:25 Rapidement, pour conclure, concernant votre cours au Conseil d'État,
06:30 vous avez une date à peu près de rendu, de décision, vous savez à peu près ?
06:34 Non, l'arrêté a été publié le 3 juillet.
06:41 On espère qu'on ne puisse pas recourir dans les deux mois qui suivent,
06:50 vu que c'est la période de l'été, mais nous avons été en mesure de déposer ce recours,
06:57 et maintenant c'est au Conseil d'État qui prendra son temps pour réagir.
07:03 Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers.
07:08 Merci d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio.

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