Alors que des Français sont toujours en vacances, l'augmentation des prix des carburants n'a pas pris de jour de repos. Les explications de l'éditorialiste économie, Emmanuel Lechypre.
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00:00 Avec Emmanuel Lechypre, bonjour Emmanuel.
00:02 Bonjour.
00:02 En cette période de vacances, la mauvaise surprise justement, c'est le prix de l'essence qui augmente de manière brutale.
00:08 Oui absolument, ça augmente vite si on regarde en moyenne aujourd'hui sur tout le territoire,
00:14 le prix du Super sans plomb 95, on est à 1,90€ le litre.
00:20 Le sans plomb 98, on est à 1,98€ le litre.
00:24 Pour ces deux carburants, c'est 10 centimes de plus que début juillet.
00:28 Si vous prenez le gazole, ça vaut aujourd'hui 1,88€ le litre.
00:32 Et là, c'est presque 20 centimes de plus que fin juillet.
00:36 Ça veut dire que dans beaucoup de stations, on a d'ores et déjà dépassé la barre des 2€ sur tous les carburants,
00:44 notamment dans les zones touristiques où les prix sont, tiens donc, nettement plus élevés que la moyenne nationale.
00:50 Alors l'impact sur le budget des ménages, il est sans appel.
00:53 Pour un Français qui n'est pas en vacances, c'est-à-dire qui a finalement un comportement habituel,
00:57 c'est un surcoût de 10€ à peu près de carburant sur le mois.
01:02 Si vous prenez pour les Français qui sont en vacances, eh bien là, on est à 15 à 30€ de surcoût en fonction des carburants.
01:10 Ça commence déjà à faire une belle addition, en tout cas à ceux qui rentreront,
01:15 se rendront compte qu'ils ne paieront pas le carburant au même prix qu'à l'année.
01:18 Et la surprise ne sera pas forcément de bon goût. Comment s'explique cette hausse alors ?
01:22 Alors essentiellement par la hausse du pétrole, évidemment, qui vaut désormais plus de 85$ le baril sur les marchés mondiaux.
01:29 C'est un plus haut depuis avril et c'est 15$ de plus que début juillet.
01:33 Or, je vous rappelle cette petite règle qu'il faut toujours avoir en tête,
01:37 quand le baril augmente de 1$ sur les marchés mondiaux, ça veut dire 1 centime de plus le litre à la pompe quelques semaines plus tard.
01:44 Donc vous voyez, 15$, 15 centimes de plus, on y est presque.
01:48 Alors les explications sont simples, c'est que l'Arabie saoudite et la Russie,
01:54 qui sont deux des plus gros producteurs du monde, ont décidé de réduire leur production.
02:00 On les comprend, l'idée c'est d'empêcher la baisse des prix pour avoir plus de recettes pétrolières.
02:06 Tout ça sur fond de tensions géopolitiques liées toujours à la guerre en Ukraine, de baisse des stocks aux États-Unis,
02:12 et d'arriver de l'automne dans l'hémisphère nord, qui se traduira par une hausse de la demande européenne et américaine,
02:18 donc il est peu probable que les prix baissent, les marchés financiers, les experts du marché du pétrole,
02:24 anticipent des prix qui pourraient monter jusqu'à 97, 98$ le baril avant la fin de l'année.
02:31 Alors que veut, que peut faire le gouvernement ?
02:34 C'est un vrai casse-tête, parce que comment faire pour soulager la facture carburant des Français,
02:40 sans que ça coûte trop cher en finances publiques, puisque je vous rappelle qu'on a 85 milliards d'euros de déficit public,
02:47 3000 milliards de dettes, et que la priorité de Bercy, c'est de réduire la dépense publique.
02:52 Alors il y a plusieurs, évidemment, partis d'opposition qui réclament une baisse des taxes sur les carburants,
02:57 notamment la baisse de la TVA.
02:59 Le problème, c'est que cette mesure, on sait qu'elle coûte très cher aux finances publiques,
03:03 et qu'elle se voit peu, finalement, sur le portefeuille des ménages.
03:06 Un centime de moins de taxes, c'est un demi-milliard d'euros.
03:11 Et vous voyez que si vous faites 5 centimes, ça coûte déjà 2 milliards et demi aux finances publiques,
03:15 et qu'on ne peut pas dire que ça change la vie des ménages.
03:19 C'est déjà ce qui avait conduit, d'ailleurs, à abandonner la fameuse TIPP flottante qu'avait mis en place Lionel Jospin.
03:24 Ça coûtait cher, peu de résultats.
03:26 Alors les restaurants de ponctuel, finalement, celles qui profitent à tout le monde et qu'on a connues l'année dernière,
03:31 c'est un petit peu le même esprit que cette réduction de TVA.
03:36 Donc ça veut dire que ça va coûter cher et que ça aura peu d'impact.
03:39 Les mesures efficaces, ce sont celles évidemment qui sont ciblées sur les publics les plus en difficulté
03:45 et qui seraient aidées un peu plus que les 100 euros d'indemnité kilométrique dont ils ont bénéficié jusqu'à maintenant.
03:53 Bref, ce sera un des dossiers délicats que le gouvernement devra gérer à la rentrée.
03:57 Effectivement. Merci beaucoup, Emmanuel.