Éric Lombard, ministre de l'Économie et des Finances, était l'invité d'Apolline de Malherbe dans le Face à Face, sur BFMTV et RMC.
Category
📺
TVTranscription
00:00Il est 8h32, vous êtes bien sûr RMC et BFM TV. Bonjour Éric Lombard.
00:04Bonjour.
00:05Merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions ce matin.
00:08Vous êtes le ministre de l'économie et des finances.
00:11Il y a de très nombreuses questions à vous poser, sur le budget bien sûr,
00:14la réforme des retraites, les impôts, le pouvoir d'achat, sur la croissance, sur l'emploi.
00:19Mais d'abord je voudrais savoir, au fond, ça vous a coûté combien
00:22d'acheter la non-censure du Parti socialiste ? Est-ce que vous avez fait les comptes ?
00:25Non, je veux d'abord dire que ce qui a coûté très cher, c'est la censure.
00:29Parce que la censure, elle s'est traduite par deux choses.
00:33D'abord une baisse de la croissance, parce que les entrepreneurs qui nous écoutent le savent bien.
00:37L'incertitude génère un arrêt des investissements, des recrutements.
00:40Et ça on pense que c'est de l'ordre de 6 milliards d'euros.
00:43On a perdu quasiment un demi-point de croissance rien qu'entre Noël et le Jour de l'An.
00:48On a perdu sans doute 0,3 point de croissance.
00:51Donc c'est très coûteux.
00:53Et puis 6 milliards d'euros de pertes de recettes, de mesures qui n'ont pas pu être prises, d'ajustements.
00:58Donc la première source de difficulté, c'est la censure, qui est un processus démocratique et inattaquable.
01:05C'est pas ça que je mets en cause.
01:06Mais il a des conséquences économiques qui sont graves.
01:08Et à cet égard, le fait que le Parti socialiste n'ait pas voté la censure,
01:14au contraire permettra de relancer l'économie plus vite.
01:17Et donc c'est un accord qui n'est pas coûteux, mais qui va générer de l'activité, qui va générer des recettes.
01:22On va vous dire qu'il n'est pas coûteux.
01:23Quand on regarde quand même un petit peu dans les faits, ces dernières 24 heures,
01:27vous avez renoncé à un certain nombre de recettes qui étaient prévues.
01:30Renoncer au non remboursement des médicaments, promis une hausse du budget des hôpitaux,
01:35renoncer à supprimer les 4000 postes d'enseignants,
01:38ne demander finalement que 2,5 milliards aux collectivités territoriales quand ça devait être 5 milliards,
01:43renoncer aux deux jours de carence en cas d'arrêt maladie des fonctionnaires.
01:46Tout ça, c'était aussi des signaux vis-à-vis du Parti socialiste pour qu'il ne vous censure pas.
01:50Ça a marché, de fait, ça a marché.
01:52Il y a un certain nombre de ces mesures qui, en réalité, ne relèvent pas des négociations
01:57qui, effectivement, ont produit des effets avec le Parti socialiste,
02:00mais qui étaient déjà décidées avant.
02:02Sur les collectivités locales, le budget de Michel Barnier prévoyait
02:05une baisse de 5 milliards d'euros de leur dotation.
02:08Au Sénat, on est arrivé à 2 milliards, on maintient ce 2 milliards,
02:11donc ça, c'était déjà acté.
02:13Sur la sécurité sociale, le fait qu'on n'ait pas pu passer de nouvelles règles
02:17pour travailler sur une réduction des dépenses, ça, c'était antérieur.
02:21C'est plutôt l'effet de la censure.
02:23Et c'est vrai que, dans le dialogue avec le Parti socialiste,
02:26il y a eu des demandes, notamment sur les retraites,
02:30et ça, c'est un budget très considérable que le gouvernement a consenti
02:34dans le cadre de la discussion avec le Parti socialiste,
02:36mais accepté aussi par les partis qui nous soutiennent,
02:39les partis du socle commun, par les Républicains.
02:41Vous en êtes heureux, Éric Lambart ?
02:43Vous, personnellement, je veux dire, vous vous considérez d'ailleurs
02:45toujours comme un homme de gauche ?
02:47Oui, mais ce n'est pas tellement le sujet,
02:49quand on est gouvernement, on travaille pour l'ensemble des Françaises et des Français.
02:53Je suis heureux de la méthode de gouvernement que le Premier ministre
02:57François Bayrou met en place, parce que cette méthode de gouvernement,
03:00elle est basée sur le dialogue.
03:01Et en réalité, on parle de l'accord avec le Parti socialiste,
03:04mais la semaine dernière, avec Amélie de Montchalin, à Bercy,
03:07on a reçu 17 partis et groupes, et on a dialogué avec tous ceux
03:12qui sont venus nous voir, et dans le nouvel équilibre,
03:15on a pris des mesures qui étaient proposées par tout le monde.
03:18Et on a parlé naturellement, et encore plus,
03:21avec les partis qui nous soutiennent, avec Ensemble pour la République,
03:24avec Gabriel Attal, avec Horizon, avec Édouard Philippe,
03:27avec LR naturellement, Laurent Wauquiez est venu à Bercy.
03:31Et vous, vous faites partie de ceux qui disent, il faut d'ailleurs dialoguer avec tout le monde,
03:34vous répondez oui de manière spontanée, immédiate,
03:37quand je vous demande si vous êtes toujours un homme de gauche.
03:39L'idée de discuter, y compris avec des représentants du RN,
03:43ça vous met mal à l'aise ?
03:45Ça vous paraît normal, difficile ?
03:47Où est votre limite ?
03:49La limite, c'est les partis qui ont des représentants élus au Parlement de la République.
03:54C'est les Français qui décident.
03:56Et nous, nous dialoguons avec les représentants des Français.
03:59Et donc effectivement, des représentants du RN sont venus à Bercy dans ces dialogues.
04:03Nous avons passé une heure avec eux, comme avec les autres.
04:07On n'était pas d'accord, forcément, surtout,
04:10mais ce dialogue, il était complètement légitime.
04:13Les seuls qui n'ont pas voulu venir, et je le regrette,
04:16c'est la France Insoumise.
04:17Mais s'ils veulent revenir, la porte est ouverte.
04:19La porte reste ouverte.
04:20Éric Lombard, on va regarder justement dans les détails,
04:22notamment ce qu'il reste comme marge de manœuvre,
04:24et sur la question centrale, qui est la question de la réforme,
04:27de la réforme des retraites.
04:29Le fameux conclave, il commence aujourd'hui, à 11h,
04:31mais il va en réalité commencer à rentrer dans le dur
04:35une fois que cette fameuse mission flash aura été rendue publique,
04:39la mission flash à laquelle va s'atteler la Cour des comptes,
04:43pour avoir un diagnostic et un état actuel,
04:46voilà les mots du Premier ministre,
04:48un état actuel et précis du financement du système des retraites.
04:52Est-ce que vous avez imaginé la possibilité
04:54que ce diagnostic soit pire que prévu ?
04:56Je pense que les chiffres des retraites sont bien connus.
04:59Donc le Premier ministre veut faire faire un bilan par la Cour des comptes,
05:02parce que c'est un organisme qui est respecté, inattaquable,
05:06mais en réalité, le Conseil d'orientation des retraites,
05:09le COR, qui est présidé par Gilles Berset...
05:11Vas-y, la Cour des comptes plutôt que le COR, c'est aussi presque politique.
05:14C'est considéré que le COR n'avait pas tout à fait cette neutralité ?
05:19Je ne crois pas que ce soit ça qui soit la raison de cette décision,
05:23c'est pour avoir un acteur qui est un acteur
05:25qui est une institution de la République,
05:27qui est autonome par rapport au débat passé.
05:29Mais le COR aura toute sa place,
05:31d'ailleurs j'ai reçu Gilles Berset hier soir,
05:34le COR aura toute sa place dans le débat,
05:36parce que c'est eux qui vont regarder l'impact des mesures
05:40qui vont être prises en compte.
05:41Donc les partenaires sociaux que j'ai vus aussi,
05:43évidemment c'est Catherine Vautrin et Astrid Pattension-Bouvet
05:45qui vont piloter cela,
05:47ministre du Travail et de la Santé.
05:49Et les partenaires sociaux sont bien au courant des sujets,
05:53que ce soit le patronat, que ce soit les syndicats,
05:55et ils sont prêts à avancer.
05:57Donc c'est important de recaler les éléments de chiffrage,
06:01parce que je rappelle qu'on parle de 14% de la richesse nationale,
06:04donc c'est évidemment très très important,
06:06mais le délai court fixé par le Premier ministre,
06:08en fait correspond au délai demandé par les partenaires sociaux eux-mêmes.
06:11Trois mois.
06:12Parce qu'ils se sont vus beaucoup en réalité,
06:14ils se voient tout le temps,
06:15et donc je pense qu'ils peuvent embrayer,
06:17et si la mayonnaise prend,
06:18ça nous permettra probablement une belle avancée sociale et politique.
06:22Une belle avancée sociale et politique, ça irait jusqu'où ?
06:24Quel est votre souhait à vous et votre conviction, Éric Lambart ?
06:27Ma conviction, c'est que c'est la responsabilité des partenaires sociaux.
06:31Et leur choix,
06:32évidemment en respectant l'équilibre financier,
06:34mais ils le savent très bien,
06:35sera le choix qui, de mon point de vue, s'imposera à tous.
06:39Si l'on peut renoncer aux 64 ans,
06:41vous estimerez que c'est une bonne chose,
06:43si on y arrive, si l'économie globale le permet ?
06:46Il me semble qu'à ce stade,
06:48les responsables politiques doivent se retirer
06:50et laisser le champ libre aux partenaires sociaux.
06:52Le Premier ministre a dit, il n'y a pas de tabou,
06:54il n'y a pas de totem,
06:55le champ est libre à la réflexion.
06:57Et une fois que le dialogue social,
06:59auquel je crois profondément,
07:00aura produit ses effets,
07:01je pense que les responsables politiques
07:03devront le prendre en compte
07:05et prendre les conclusions de ce dialogue social.
07:07Et nous avons dit que nous proposerions
07:09une loi à l'Assemblée nationale,
07:11un projet de loi basé sur ces conclusions.
07:14Et, naturellement, après, l'Assemblée nationale débattra.
07:17Mais, encore une fois,
07:18la prééminence des organisations sociales dans ce domaine
07:20me paraît tout à fait importante.
07:21Deux questions précises aussi
07:23sur le cadre de ces négociations
07:26et de ce dialogue.
07:27Est-ce que la question des retraites,
07:28de la fonction publique,
07:29seront également au milieu des discussions ?
07:32C'est aussi un des enjeux.
07:33Le Corps, jusqu'à présent,
07:34calculait aussi beaucoup sur les questions
07:36des retraites du secteur privé.
07:38La Cour des Comptes, là,
07:39va faire un diagnostic global.
07:41On sent bien que, du côté du patronat,
07:43ils n'ont pas forcément envie
07:44de rentrer dans cette question-là.
07:45Qu'est-ce que vous en dites ce matin ?
07:46Le mandat va être fixé par Catherine Vautrin,
07:49mais, en réalité,
07:50les personnalités qui seront autour de la table ce matin
07:53représentent les acteurs privés.
07:55Le sujet du public relève d'autres acteurs,
07:58donc je pense qu'il faut séquencer les choses.
08:00Il n'y a pas d'ambiguïté là-dessus ?
08:01Une autre question qui vient aussi du patronat.
08:04Ici même, à ce micro,
08:05le patron du Medef, Patrick Martin,
08:06la semaine dernière,
08:07disait qu'il y a un autre moyen aussi
08:08de trouver de l'argent pour les retraites.
08:10Ce serait de renoncer à cette niche fiscale
08:13des retraités de 10%.
08:15Est-ce que vous y êtes prêt ?
08:16C'est un autre compte.
08:17Moi, je suis attentif à ce qu'on distingue bien
08:19tout ce qui relève de la sécurité sociale
08:21et des cotisations,
08:22et ce qui relève des impôts.
08:24La niche à laquelle Patrick Martin faisait allusion,
08:27c'est le fait que,
08:28mais c'est quelque chose de très ancien,
08:30les retraités ont droit à une déduction de 10%
08:32de leur revenu pour charges professionnelles,
08:34ce qui, évidemment, dans la formulation,
08:36est un petit peu étonnant,
08:37parce que quand on est retraité,
08:38normalement, on n'a pas de charges professionnelles,
08:40mais en même temps,
08:41c'est dans le paysage depuis longtemps.
08:42Mais ça, c'est du fiscal,
08:43ça, c'est les recettes de l'État.
08:44Il me semble que c'est un autre exercice.
08:46C'est un autre exercice,
08:47mais est-ce que, donc, si...
08:48Alors, je vais faire comme si je faisais une pause.
08:50Hop, j'ouvre une autre question.
08:52Éric Lombard, est-ce que vous seriez favorable
08:54à renoncer à cette niche fiscale ?
08:56Alors...
08:57Non pas pour financer les retraites,
08:59mais dans l'absolu.
09:00Il y a un sujet qui me paraît important,
09:02c'est qu'une partie des équipes
09:03des régimes de retraite
09:04sont assurées par déversement de l'État.
09:06Et dans ces cas-là,
09:07on creuse le déficit de l'État
09:09pour renflouer le déficit des retraites.
09:11Donc, ce type de transfert,
09:12pour moi, ne fait pas partie des solutions.
09:14Ça ne fait pas partie des solutions
09:15que vous mettez sur la table
09:16pour trouver des sous.
09:17Et si l'État,
09:18qui, par ailleurs, est lui-même en déficit,
09:20trouve des solutions
09:21en augmentant tel ou tel impôt,
09:22parce qu'alors, en l'occurrence,
09:23ce serait une augmentation d'impôt,
09:24ce n'est pas quelque chose
09:25qu'on aime beaucoup,
09:26mais on pourra réfléchir
09:27à tout cela de façon ouverte.
09:28Mais ça, c'est sur le compte État.
09:30En termes de...
09:31Comment dire ?
09:32En termes politiques,
09:33je pense qu'il faut bien distinguer,
09:34notamment devant nos auditeurs
09:36qui connaissent bien ces sujets,
09:37il y a les collectivités locales,
09:39il y a l'État,
09:40il y a la Sécurité sociale.
09:41Ce sont trois sujets
09:42qui sont différents
09:43et il faut essayer
09:44de ne pas trop les mélanger.
09:45Et trois comptes en banque
09:46en quelque sorte différents.
09:47Exactement.
09:48Eric Lambart, vous qui êtes donc
09:49le nouveau ministre de l'Économie
09:51Vous avez dit
09:52qu'augmenter les impôts,
09:53c'est un truc qu'on n'aime pas bien.
09:54Qu'est-ce que vous pouvez dire
09:55aux Français
09:56qui nous écoutent ce matin
09:57sur la question de l'augmentation
09:58des impôts ?
09:59Il y en aura forcément.
10:00Est-ce qu'il s'agira
10:01uniquement d'augmenter
10:02les impôts
10:03des très grandes entreprises,
10:04des entreprises les plus...
10:07qui ont gagné
10:08le plus d'argent l'an dernier ?
10:09Est-ce que ça va toucher
10:10les ménages ?
10:11Lesquels ?
10:12À partir de combien ?
10:13Nous n'allons pas
10:14toucher les ménages
10:15et au contraire,
10:16grâce à la décision
10:17du Parti socialiste
10:18de ne pas nous censurer,
10:19cette décision va aller
10:20jusqu'au budget,
10:21ce que je crois,
10:22nous pourrons réindexer
10:23ce qu'on appelle le barème.
10:24C'est-à-dire que sinon
10:2518 millions de personnes
10:26voyaient leurs impôts
10:27augmenter.
10:28Mécaniquement,
10:29parce que le budget
10:30avait été reconduit
10:31par cette fameuse loi spéciale.
10:32Parce qu'on ne pouvait pas
10:33toucher au barème
10:34dans la loi spéciale.
10:35Là, grâce au budget,
10:36on va toucher au barème,
10:37ce qui fait que
10:38le nombre de Français
10:39imposables ne va pas changer
10:41et les impôts seront...
10:43prendront en compte
10:44l'inflation.
10:45Et puis,
10:46on ne va pas augmenter
10:47les impôts
10:48de la plupart des entreprises,
10:49des PME,
10:50des artisans
10:51auxquels nous sommes
10:52très attachés.
10:53Il y aura quand même
10:54une participation exceptionnelle.
10:55J'y reviens.
10:56Le ministère des Finances,
10:57c'est aussi le ministère
10:58des entreprises.
10:59C'est beaucoup
11:00le ministère des entreprises
11:01et on veut protéger
11:02les entreprises,
11:03on veut protéger
11:04le développement,
11:05on veut protéger
11:06l'emploi de cette façon
11:07et donc,
11:08on ne souhaite pas
11:09augmenter les impôts
11:10des entreprises.
11:11Alors,
11:12il y avait dans le budget
11:13de Michel Barnier
11:14une surtaxe
11:15prévue pour deux ans
11:16pour les grandes entreprises.
11:17C'est un budget
11:18que nous conservons.
11:19On ne va l'appliquer
11:20que pour un an.
11:21Donc vous réduisez
11:22d'un an ?
11:23On va réduire d'un an.
11:24On trouvera
11:25d'autres solutions
11:26dans le budget.
11:27La participation exceptionnelle
11:28est ramenée à un an.
11:29Il y avait aussi
11:30une participation exceptionnelle
11:31sur les hauts revenus
11:32qui devaient rapporter
11:33deux milliards d'euros.
11:34On la garde
11:35dans le budget
11:36pour le moment.
11:37On pense
11:38qu'il pourrait être
11:39plus intelligent
11:40et plus équitable,
11:41d'ailleurs,
11:42de la ramener
11:43à une contribution
11:44qui serait différentielle,
11:45qui serait
11:46pas un impôt nouveau
11:47sur les hauts patrimoines
11:48qui serait surtout
11:49une mesure
11:50anti-optimisation,
11:51vous savez,
11:52pour ces personnes
11:53qui ont un patrimoine important
11:54qui est logé
11:55dans des holdings.
11:56Je précise,
11:57on ne parle pas
11:58de l'outil de travail.
11:59Nous souhaitons protéger
12:00l'outil de travail.
12:01C'est très important
12:02ce que vous êtes en train
12:03de dire Eric Lombard.
12:04Ça veut dire que
12:05cette taxe
12:06qui était envisagée,
12:07il me semblait
12:08avoir compris
12:09que les Français
12:10qui déclarent
12:11seuls 250 000 euros
12:12de revenus par an
12:13ou en couple
12:14500 000 euros
12:15avaient versé
12:16un impôt supplémentaire.
12:17Oui,
12:18mais cette taxe
12:19qui était aussi différentielle,
12:20elle avait un inconvénient,
12:21c'est qu'elle augmentait
12:22le taux,
12:23partons d'être technique,
12:24de l'impôt
12:25sur les plus valués
12:26sur les dividendes
12:27qui pouvait,
12:28pour certaines personnes,
12:29dépasser les 40 %.
12:30Et ça,
12:31je trouve que
12:32en termes de compétitivité,
12:33ça nous mettait
12:34en dehors du jeu
12:35alors que le travail
12:36que nous allons mener,
12:37il y aura une concertation
12:38avec les entrepreneurs.
12:39En fait,
12:40vous allez faire une sorte
12:41de retour quand même
12:42de l'ISF.
12:43Non,
12:44c'est-à-dire
12:45indépendamment
12:46des autres impôts.
12:47Nous,
12:48nous allons vérifier
12:49que chaque Français
12:50fortuné
12:51paye un niveau d'impôt
12:52si on ajoute l'impôt
12:53sur le revenu,
12:54l'impôt sur les plus-values,
12:55l'IFI,
12:56l'impôt sur la fortune immobilière,
12:57rapporte
12:58et est une contribution
12:59suffisante au budget
13:00de la nation.
13:01Mais,
13:02je le précise,
13:03on va mettre cela
13:04en débat
13:05avec les organisations professionnelles.
13:06En fait,
13:07ce que j'entends
13:08dans votre voix,
13:09c'est que vous souhaiteriez
13:10trouver d'autres solutions
13:11que celle-là.
13:12Absolument.
13:13C'est-à-dire,
13:14la création de richesses,
13:15la création de dividendes.
13:16Est-ce que ça,
13:17ça ne vous interroge pas ?
13:18Et j'en veux aussi
13:19pour preuve ce que vous écriviez
13:20lorsque,
13:21avant d'être ministre,
13:22vous aviez publié ce livre
13:23qui s'appelait
13:24Au cœur de la finance utile.
13:25Vous aviez eu cette phrase,
13:26vous aviez dit
13:27le libéralisme profite toujours
13:28aux plus puissants.
13:29Est-ce qu'il faudrait renoncer
13:30à ce libéralisme-là ?
13:31Alors,
13:32le libéralisme,
13:33ce que j'appelle plutôt
13:34l'économie de marché,
13:35c'est la meilleure façon
13:36de créer des ressources
13:37et toutes les entreprises
13:38le savent bien.
13:39La création de richesses
13:40vient des entreprises.
13:41Après,
13:42on a deux questions.
13:43On a une question
13:44de partage de ces richesses
13:45et donc,
13:46c'est vrai que si on pouvait
13:47trouver des voies et moyens
13:48d'améliorer le pouvoir d'achat,
13:50notamment des personnes
13:51qui gagnent peu,
13:52ce serait une contribution utile
13:53à l'équilibre du pays.
13:54Et puis,
13:55on a aussi
13:56une autre question.
13:57Quelle est la principale priorité
13:58du moment,
13:59en réalité ?
14:00C'est la transformation écologique.
14:01C'est ça l'impératif.
14:02Le réchauffement climatique.
14:03Et là,
14:04il faut qu'on s'adapte.
14:05Et ça,
14:06ça va demander
14:07beaucoup d'investissements
14:08qui sont des investissements
14:09qui ne sont pas toujours rentables.
14:10Et ça risque de conduire,
14:11et il faut l'accepter,
14:12à une baisse de la rentabilité
14:13des entreprises.
14:14Parce que,
14:15pour le dire simplement...
14:16À court terme, vous voulez dire ?
14:17Une sorte d'adaptation,
14:18de temps d'adaptation ?
14:19À moyen terme.
14:20Le meilleur investissement
14:21qu'on puisse faire pour l'économie,
14:22c'est l'investissement climatique.
14:23Pourquoi ?
14:24Parce que le dérèglement climatique,
14:25sinon,
14:26va tuer l'économie.
14:27Mais cet investissement,
14:28à court terme,
14:29il peut peser sur la rentabilité.
14:30Et donc,
14:31il faut accepter deux mouvements
14:32dans les années qui viennent,
14:33mais qui doivent être le fait
14:34de ce que j'appelle
14:35un nouveau consensus économique,
14:36pour qu'il y ait un meilleur partage,
14:38et au profit de la planète,
14:39et au profit des personnes.
14:40J'ai encore de très nombreuses questions,
14:42sur l'emploi,
14:43sur la question de la croissance.
14:45Mais vous avez dit,
14:46à l'instant,
14:47qu'il fallait tenter
14:48de privilégier des solutions
14:49qui permettent
14:50de ne pas toucher
14:51au pouvoir d'achat des Français.
14:52Vous allez toucher au Livret A.
14:54Et le Livret A,
14:55c'est aujourd'hui
14:56le placement préféré
14:57des Français.
14:58Le rendement va passer
14:59de 3% à 2,4%.
15:02Est-ce que ça, franchement,
15:03c'est pas une forme
15:04d'impôt déguisé,
15:06ou en tout cas,
15:07de moindre rendu
15:08pour les Français ?
15:09Je me permets
15:10d'être d'accord avec vous.
15:11Ce qui est prévu
15:13depuis de nombreuses années
15:14pour le Livret A,
15:15c'est une formule.
15:16Une formule qui permet
15:17que ça échappe
15:18aux décisions politiques.
15:19Et cette formule
15:20vise à protéger
15:21le pouvoir d'achat des Français.
15:22Elle est basée notamment
15:23sur l'inflation.
15:24Le gouverneur de la Banque de France
15:25m'a proposé
15:26d'appliquer la formule
15:27qui donne 2,4%.
15:29Je rappelle que l'inflation
15:30se rapproche de 1%.
15:31Donc ça protège
15:32le pouvoir d'achat.
15:33Mais je suis très attentif
15:34aux patrimoines
15:35qui modestent nécessairement
15:37des personnes
15:38qui ont moins de patrimoine
15:39et qui ont un livret
15:40d'épargne populaire.
15:41Et à cet égard,
15:42les gens qui ont un livret
15:43d'épargne populaire,
15:44on n'applique pas la formule,
15:45on fait plus.
15:46On va maintenir,
15:47enfin,
15:48on va proposer
15:49un taux de 3,5%.
15:51Donc le rendement
15:52pour ces personnes
15:53plus modestes
15:54sera beaucoup plus élevé
15:55que le Livret A.
15:56Et les banques
15:57ont accepté
15:58de faire une campagne
15:59pour que les personnes
16:00qui sont éligibles au LEP,
16:01cela leur soit proposé.
16:03Éric Lombard,
16:04vous avez commencé
16:06à imaginer la suite
16:07à partir d'une croissance
16:09qui certes a été baissée
16:10par rapport aux prévisions
16:11d'il y a un an,
16:12mais qui reste à 0,5%
16:13au-dessus de ce que
16:14la plupart des économistes disent.
16:15Est-ce que vous ne prenez pas
16:16le risque,
16:17Éric Lombard,
16:18que votre budget
16:19soit jugé insincère,
16:20voire même
16:21qu'on puisse vous faire
16:22dans six mois,
16:23dans un an,
16:24le reproche qu'on a pu faire
16:25à votre prédécesseur,
16:27Bruno Le Maire,
16:28en se disant au fond
16:30qu'ils nous ont caché
16:31que ça allait être très mal ?
16:32Ça ne va pas très mal.
16:34La croissance sur laquelle
16:35le budget de Michel Barnier
16:36était construite,
16:37c'était 1,1%.
16:40La Banque de France
16:41considère que cette année
16:42on aura 0,9%.
16:43C'est ce chiffre que nous prenons.
16:44Nous allons ajuster
16:45par rapport au projet de budget.
16:47Mais l'OFCE dit probablement
16:48plutôt 0,6%, 0,5%.
16:50Le consensus de place,
16:51il est à 0,8%.
16:53Je considère qu'en étant à 0,9%,
16:55nous sommes tout à fait
16:57dans la réalité,
16:58mais surtout,
16:59je veux attirer votre attention
17:00sur quelque chose.
17:01Grâce à la décision d'hier,
17:02nous aurons un budget.
17:04Et c'est ça qui est essentiel.
17:05En réalité,
17:06qu'est-ce qui a pesé
17:07sur la croissance ?
17:08C'est l'absence de budget,
17:09c'est l'incertitude.
17:10Le fait qu'il y ait un budget,
17:11qu'il soit en plus un budget
17:12où il n'y a pas de nouveaux impôts,
17:13va rassurer les entrepreneurs,
17:14va rassurer les chefs d'entreprise,
17:15va rassurer les investisseurs.
17:16Donc vous pensez qu'au fond,
17:17finalement, c'est l'inverse ?
17:18C'est que la croissance
17:19pourrait même être plus grande
17:20que ce que vous prévoyez ?
17:22D'autant que la Banque Centrale Européenne
17:23et la Banque de France,
17:24c'est François Vilevraud Gallo
17:25qui est souvent sur les ondes
17:26à présenter la politique
17:27de la Banque Centrale Européenne,
17:29va poursuivre la baisse des taux.
17:31Donc la baisse du coût
17:32de financement de l'économie
17:33va se poursuivre.
17:34Et donc nous pensons
17:35qu'avec tout cela,
17:36on pourra probablement faire mieux.
17:38Le budget que nous préparons
17:40est un budget
17:41où il n'y a pas de hausse d'impôts.
17:42Donc tout ça va soutenir la croissance
17:44et notre priorité,
17:45dans le moment,
17:46c'est la croissance,
17:47c'est les entreprises,
17:48c'est la protection de l'emploi.
17:51La décision qui a été prise hier
17:53montre que nous aurons un budget.
17:55Est-ce que vous ne vendez pas
17:56la peau de l'ours
17:57un petit peu avant de l'avoir tuée,
17:58si je peux me permettre ?
17:59Parce que le Parti Socialiste a dit
18:00qu'on ne censure pas à priori,
18:03mais ils ne s'interdisent pas
18:05de censurer dans un mois,
18:07comme ça avait pu être le cas
18:08d'un Michel Barnier.
18:10Nous allons continuer à débattre
18:12avec tous les partenaires.
18:14On peut dire que la décision
18:15du Parti Socialiste hier
18:17est basée sur des engagements
18:18que le Premier ministre a pris
18:20et d'ailleurs de tout le Parlement,
18:21des Françaises et des Français,
18:23qui calent les éléments
18:24les plus importants du budget.
18:26Sur le budget, je pense,
18:28mais ça c'est au Parti Socialiste
18:29d'exprimer son point de vue,
18:31que nous avons un accord.
18:33Vous allez tout faire,
18:34vous ne leur donnerez pas
18:36d'ici là, de raison d'y relancer.
18:38Bien sûr, l'engagement qui a pris
18:40sera tenu.
18:41Et si j'ai bien entendu
18:42le discours d'Olivier Faure
18:43hier à la tribune de l'Assemblée nationale,
18:45et j'étais devant lui au premier rang
18:47à côté du Premier ministre,
18:49il a évoqué la possibilité
18:51que le Parti Socialiste vote la censure.
18:53Peut-être s'il n'est pas d'accord
18:55avec les conclusions sur les retraites
18:57ou sur d'autres sujets.
18:58Il ne l'a pas évoqué sur ce budget-là.
19:00Donc, évidemment, ça n'est pas acquis,
19:02nous serons attentifs, nous maintiendrons.
19:04La question de dialoguer avec tous les partis,
19:06ça sera la marque de fabrique
19:08de mon ministère,
19:10du ministère de l'Économie et des Finances,
19:11où je rappelle d'ailleurs que nous sommes six,
19:13quatre femmes et deux hommes,
19:15pendant toute la durée de mon mandat.
19:17Parce que le ministère des Finances
19:18doit être un ministère ouvert,
19:20et donc la porte sera ouverte tout le temps,
19:22ce qui permettra de répondre aux besoins
19:24exprimés par les uns et par les autres.
19:25– Et vous dites d'ailleurs que vous continuez à l'ouvrir,
19:27y compris à LFI, donc vous avez vu que la réaction
19:29vis-à-vis du Parti Socialiste et du fait
19:31de ne pas avoir censuré le gouvernement
19:33était quand même d'une très grande violence,
19:35virulence en tout cas.
19:36Ça ne vous a pas surpris ?
19:37– Oui, j'étais dans l'hémicycle.
19:39Si, moi je considère que la violence
19:41des propos n'est pas indispensable
19:43dans la vie démocratique,
19:45mais c'est la liberté de chacun.
19:46– Merci Éric Lombard d'être venu ce matin
19:48répondre à mes questions,
19:49et nous donner de très nombreuses informations
19:51sur le contenu à la fois,
19:53le contour de ce dialogue
19:56autour de la réforme des retraites,
19:57mais aussi plus globalement
19:58sur la question des impôts et de la croissance.
20:01Merci à vous donc Éric Lombard.