La parution de chaque tome des mémoires de Nicolas Sarkozy donne lieu à un plan comm’ finement orchestré, fait d'entretiens et de bonnes feuilles ça et là. L’occasion pour l’ancien président de dérouler notamment ses vues sur la guerre en Ukraine.
Le magazine Marianne est en kiosques chaque jeudi et disponible en ligne.
"Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti". Albert Camus
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00:00 Le moins qu'on puisse dire, c'est que chaque volume des mémoires de Nicolas Sarkozy
00:07 fait l'objet d'un plan com parfaitement rodé, pensé et, on peut le dire, c'est
00:14 assez réussi dans le sens où ceux qui détestent Nicolas Sarkozy et ceux qui l'adorent plongent
00:20 directement dedans.
00:21 Mais il faut avouer que le troisième volume a un intérêt.
00:26 C'est qu'il permet à Nicolas Sarkozy de faire entendre sur un sujet précisément
00:33 une voix que personne d'autre n'ose faire entendre dans le paysage politique.
00:38 On veut parler bien entendu de l'Ukraine.
00:41 Nicolas Sarkozy s'était déjà prononcé au début du conflit et il avait tenu une
00:47 position, notamment quand il était allé à l'Elysée rencontrer Emmanuel Macron,
00:52 une position qui dénotait.
00:54 Il avait à l'époque maintenu la ligne qui était la sienne en 2008 quand, avec Angela
01:02 Merkel, il s'était opposé farouchement aux visées de Barack Obama pour intégrer
01:08 l'Ukraine et la Géorgie dans l'OTAN.
01:10 Et cette fois-ci, dans une interview accordée au Figaro, Nicolas Sarkozy va un peu plus
01:17 loin dans son explication.
01:19 Mais surtout, il maintient sa position qui consiste à plaider pour une fin négociée
01:28 du conflit, donc pour que la diplomatie prenne le pas sur les armes, alors même que cette
01:34 position qui était celle d'Emmanuel Macron il y a un an a été aujourd'hui, pour le
01:40 moins, mise sous le boisseau.
01:42 Et Nicolas Sarkozy explique qu'en 2008, Angela Merkel et lui-même avaient joué un
01:52 jeu équilibré en essayant de limiter la paranoïa de Vladimir Poutine, paranoïa classique
02:01 de tous les dirigeants russes, en lui assurant qu'il y aurait des liens, des discussions
02:10 entre l'Europe et la Russie et qu'il ne s'agissait pas de mettre en place un mur.
02:17 Nicolas Sarkozy va même plus loin.
02:20 Il affirme que l'Ukraine n'a pas vocation à entrer ni dans l'OTAN ni dans l'Union
02:27 Européenne.
02:28 D'abord parce que l'Ukraine ne remplit pas les critères d'adhésion à l'Union
02:34 Européenne, c'est devenu en effet un sujet plus vraiment traité et sur lequel tout
02:42 le monde évite de s'interroger.
02:45 Mais tout de même, ce pays qui était considéré comme le pays le plus corrompu du monde en
02:51 2019 n'a peut-être pas miraculeusement évolué.
02:56 Mais peu importe, tout le monde s'assied là-dessus.
02:58 Nicolas Sarkozy, lui, explique donc que cela poserait quelques petits problèmes.
03:03 Mais surtout, il tient cette position qui consiste à dire que la géographie doit l'emporter
03:10 sur tout le reste et que la géographie dicte que l'Ukraine doit être un pont entre la
03:16 Russie et l'Europe.
03:18 Le moins qu'on puisse dire c'est que cette position-là est assez peu en vogue dans le
03:26 milieu médiatique et politique français et européen.
03:29 C'est même une position totalement intenable et il n'y a que l'ancien président de
03:36 la République qui est autorisé à la tenir sans se faire immédiatement traiter de vendu
03:43 à Vladimir Poutine et autres joyeusetés.
03:45 C'est assez intéressant.
03:46 Alors pourquoi cette liberté de parole chez Nicolas Sarkozy, qui pourtant était considéré
03:53 comme ultra-atlantiste au point, et ce fut une grande erreur pour la France, de réintégrer
04:00 le commandement intégré de l'OTAN sans aucune contrepartie ?
04:03 Bien entendu que la France aujourd'hui a besoin d'être dans l'OTAN et ne devrait
04:08 pas en sortir.
04:09 Mais à l'époque, avoir opéré ce mouvement sans rien exiger des Américains était une
04:17 erreur majeure.
04:19 C'est tout le paradoxe de Nicolas Sarkozy qui a pu tenir des positions fort intéressantes
04:24 vis-à-vis de la Russie, tout en commettant des erreurs au début de son mandat vis-à-vis
04:31 des États-Unis.
04:32 Aujourd'hui, sans doute, le recul lui permet de tenir des positions que personne d'autre
04:39 n'arrive à tenir sur la scène européenne.
04:42 Et c'est d'autant plus inquiétant que même la France, à travers la voix d'Emmanuel
04:47 Macron, a cessé d'essayer d'être sous cette puissance d'équilibre.
04:51 On se retrouve donc avec une perspective qui est celle d'une sorte de mur entre la Russie
05:02 et l'Europe américaine, une Europe qui intégrerait l'Ukraine, alors même que ce qu'explique
05:11 Nicolas Sarkozy, c'est l'idée d'une zone qui soit non pas justement un mur, mais un
05:19 passage, avec cette idée que la géographie, elle, ne se modifiera pas et que la Russie
05:27 sera toujours voisine de l'Europe et très éloignée des États-Unis pour lesquels elle
05:33 constitue un ennemi farouche, héréditaire, irrémédiable.
05:38 Alors, Nicolas Sarkozy peut-il peser d'où il est sur les débats en France, en Europe,
05:48 rien n'est moins sûr.
05:49 Mais il est tout de même intéressant, par-delà tout ce qu'on peut penser du personnage,
05:53 par-delà tout le reste de sa politique, de voir que sur ce plan-là, au moins, il sait
05:59 utiliser sa position d'ancien président, disons pour ne pas rentrer dans le rang et
06:07 ne pas aller vers la facilité.
06:09 Ce n'est pas le cas, disons, de l'autre ancien président, encore de ce monde, François
06:16 Hollande.
06:17 C'est surtout assez rare dans le milieu politique pour être souligné.
06:21 Merci.
06:22 Merci.
06:22 [SILENCE]