Sami Bouajila

  • l’année dernière

Du lundi au vendredi, Europe 1 dresse le portrait de l’invité qui va passer la matinée dans son "Club de l’été".
Retrouvez "Le portrait sonore de l'invité" sur : http://www.europe1.fr/emissions/le-portrait-inattendu
Transcript
00:00 - Le Club de l'été en compagnie du passionnant Samy Boisjela, à l'affiche de la pièce "Un prince" au Théâtre de l'Oeuvre à Paris à partir du 1er septembre.
00:07 Je suis tombé sur un article qui vous définissait comme un "athlète de l'affectif" et je trouvais ça très joli.
00:13 Est-ce que c'est une philosophie pour vous d'acteur, d'athlète de l'affectif ?
00:18 - Ouais, c'est pas moi qui l'ai inventé, ça on nous le disait déjà dans les écoles.
00:20 Je crois que c'est Antoine Arthaud qui avait dit que l'acteur est un athlète de l'affectif.
00:24 Mais oui, plus on y pense et plus c'est vrai parce que notre fond de tiroir c'est notre sensibilité et notre affect, bien sûr.
00:34 - De l'affect on va en entendre, c'est l'heure de votre portrait sonore, un des sons qui devraient vous rappeler des moments de votre vie.
00:40 On écoute le premier extrait.
00:41 - Vous n'êtes qu'une bande digne au rond et n'êtes pas digne de demeurer au rond.
00:46 - C'est pas bien ?
00:47 - De l'heure pourrie ? - Ouais.
00:49 - Tu la connais pas par cœur encore ? - Ouais.
00:51 - Si, elle est bien.
00:52 - Autant si ça s'écrit pas comme ça.
00:54 - On fout, tant que les messages ils passent.
00:56 - Bye bye Karim Bridi, 95 vous j'ai dit.
01:00 - Vous avez une jolie réaction.
01:02 - Magnifique, magnifique souvenir.
01:04 - Alors c'est pas votre premier rôle.
01:06 - Non, c'était pas mon premier mais c'était vraiment le premier truc où je sais pas comment le dire.
01:10 D'abord, à ce moment-là, Karim était un cinéaste en train d'exploser et puis très très très visionnaire.
01:18 On inventait tout, on oubliait les textes, il nous faisait répéter le matin, il filmait, il réécrivait,
01:26 puis surtout il nous a isolés, et puis surtout on a filmé ça, je sais pas, on était en création permanente,
01:32 en plein Marseille, c'était un moment où les tournages se finançaient assez facilement,
01:36 c'était une aventure en fait, on est resté 4 mois je crois là-bas, c'était à la pellicule bien sûr,
01:42 le chef opérateur c'était John Matisson qui est maintenant le chef opérateur de Ridley Scott
01:46 qui a fait Gladiator et j'en passe, et puis la petite voix, c'est ça qui m'a ému, la petite voix qu'on entend,
01:52 c'est un acteur que j'adore, c'est un petit frère même on va dire, il s'appelle Wassini M'Barek,
01:56 avec qui je joue en ce moment, là en ce moment, entre le théâtre, et donc ça me touche fort.
02:06 - C'est pour un tournage de cinéma ? - Non, c'est une série, et de se retrouver, de le réentendre là,
02:12 et puis sa petite voix là, bref.
02:16 - Athlète de l'affectif, deuxième extrait.
02:18 - Pourquoi avez-vous quitté votre pays ? Pourquoi avez-vous choisi la France ?
02:23 - Autorisation provisoire de suivre de 3 mois.
02:28 - Il n'y a pas tunisien par hasard ? - Non, je suis à la direct.
02:36 - J'aurais cru, c'est drôle, t'as vraiment le type tunisien.
02:40 - On ne pouvait pas ne pas parler d'Abdelatif Kechiche, donc la frotta voltaire,
02:43 donc ce jeune tunisien qui a ses papiers pour 3 mois en France,
02:47 et qui rêve évidemment d'une vie meilleure, ça c'est aussi un beau souvenir.
02:50 - Parce que là, tout ce qu'on connaît d'Abdel là, existait déjà là,
02:57 et puis pour tout vous dire, je connaissais Abdel moi en tant qu'acteur, pas personnellement,
03:01 mais j'étais déjà très sensible à ce qu'il était, c'est-à-dire un hypersensible d'ailleurs,
03:08 mais là il y avait un visionnaire, un grand directeur d'acteur,
03:12 c'était son premier film et il partait à l'aventure,
03:16 on était une belle équipe avec Elodie, Horatika, Bruno Locher, et j'en passe, et plein d'autres,
03:22 et c'était génial.
03:25 - Vous dites souvent, on partait souvent comme à l'aventure, le mot aventure,
03:29 un tournage comme une aventure c'est...
03:31 - En fait, j'ai vécu beaucoup d'aventures sur des tournages,
03:35 ou plutôt des tournages qui étaient des vraies aventures,
03:39 les deux que vous venez de citer par exemple, et puis il y en a d'autres qui vont sûrement apparaître là,
03:43 donc je ne vais pas dévoiler.
03:44 - Justement, on va le dévoiler tout de suite, on va l'extraire, on y va.
03:47 - Allez chercher la mule, on continue.
03:49 - Radikapoural, même que je suis munézion,
03:52 on sera les premiers français en Alsace,
03:56 si on arrive à maintenir les positions gagnées par les américains,
03:59 cette fois je vous jure, on aura ce qu'on mérite.
04:03 Indigène, je me souviens très bien de la projection au festival de Cannes,
04:07 c'était une projection électrique.
04:09 - Belle aventure, c'est ça ?
04:10 - Pour le coup, belle aventure, c'était vraiment très chouette.
04:12 3,2 millions d'entrées, là on est dans le...
04:14 - Exactement, mais ça c'était un compte de fées,
04:16 d'abord c'était improbable, Rachid nous a réunis avec cette idée...
04:19 - Rachid Bouchareb.
04:20 - Rachid Bouchareb, il nous réunit 5 mois, 5 ans avant que ça se fasse je crois,
04:25 4 ou 5 en tout cas,
04:26 Djamel, Rajdi, Samy et moi.
04:29 Truc improbable, on mange, on se marre, on se connaissait tous bien sûr,
04:32 et puis il nous dit "voilà, j'ai ça comme sujet"
04:35 et nous de suite on saute sur le truc, on dit "alors attends, écoute Rachid, ok,
04:38 on fait pas un truc politique, on fait un truc d'aventure,
04:41 comme les américains quand ils font l'immigration italienne,
04:44 ils font "il était une fois l'Amérique"...
04:45 Non mais c'est vrai, parce qu'à chaque fois c'est des trucs...
04:47 Il faut qu'on se détache de ça,
04:49 ne pas être complexé par ça, mais donner une autre dimension,
04:52 que le sigle, que la caméra ou autre,
04:57 ou que tout comme le théâtre donne une autre dimension à ça.
05:00 On était tous d'accord, et Rachid il fait "bon ben d'accord"
05:02 alors il se met à bosser, et puis un an après il nous réunit.
05:06 Alors voilà, puis il y avait des prémisses de rôle qui émergeaient,
05:10 je crois qu'on l'écoutait que d'une oreille, on était à table, contents de se retrouver,
05:13 et ça a continué comme ça, sur le plateau, après le plateau, le soir,
05:17 Rachid ne nous lâchait plus, du coup on a une réunion.
05:20 Au bout d'un moment Djamel, on ne pouvait plus dire "mais on s'est réunis hier avant-hier,
05:23 on s'est vus 12h aujourd'hui, qu'est-ce que tu vas nous dire de nouveau ?"
05:25 Non, non, non, et on y retourne,
05:28 puis baf, je vous passe le coup du financement qui,
05:32 après coup on croit que ça a été simple, mais non pas du tout,
05:35 c'était vraiment un chemin de croix pour financer ce film,
05:39 et puis baf, Djamel s'était fortement impliqué là-dessus,
05:42 je la fais courte, et puis Indigène se fait,
05:46 en tout cas on part à l'aventure, 4 à 5 mois de tournage,
05:49 on démarre 2 semaines pour faire les montées casino,
05:53 on tourne dans les maquis à Ouarzazate là-bas,
05:56 avec des gros artificiers, etc, puis on se rapatrie en France,
06:00 on fait tout l'Alsace, on va justement quelque part dans les Vosges,
06:04 où ils ont fait un décor incroyable, ils ont travaillé pendant 3 mois là-bas dessus,
06:07 et après on va dans les Alpies pour faire la fin,
06:10 et puis baf, sélectionné à Cannes.
06:12 Bon, super, mais on ne s'attend à rien de tout ça,
06:16 je vous dis, au début c'était une idée comme ça, et on va voir ce qu'il se passe.
06:19 À Cannes, bon, c'était super, là là, là là, là là,
06:23 chacun est dans ses tournages, moi je suis sur le Téchiné à ce moment-là,
06:27 et puis la tachette presse, dimanche où j'étais sur le marché,
06:30 je m'en rappelle, il appelle "ouais, il faut que t'ailles à l'aéroport,
06:33 tout le monde te rejoint là-bas, enfin on se rejoint tous, va à l'aéroport !"
06:36 J'ai dit "bon d'accord, je vais à l'aéroport, on est comme ça, là là là,
06:39 on prend un costume, on arrive, alors c'est quoi, qu'est-ce qu'il se passe,
06:42 ben on est rappelé, on est rappelé, bon, on se dit..."
06:44 - Donc il y a un prix, quand on est rappelé à Cannes-Yves, il y a un prix,
06:46 donc c'est quoi, disons, tout le monde, bon, ça va être Rachid, etc.
06:49 - Alors, je me rappelle, on est au Martinez, dans le hall de Martinez,
06:53 bon, ça va là, comme ça, ouais, et tout, et on est là à se dire
06:55 "eh, putain, je sais pas ce qu'on va avoir, mais on dit pas merci papa, merci maman,
06:59 faut trouver une idée, faut trouver une idée !"
07:01 Et là, je sais plus lequel, certainement Rushdie, elle dit "vous savez quoi,
07:04 dans le film, il y a le chant des indigènes."
07:07 Et quand on avait tourné cette scène, il y avait 500 figurants,
07:11 au Maroc, quand on tournait cette scène, dans les Maquis,
07:13 qui étaient 500 militaires marocains, et ils avaient appris le chant, comme ça,
07:18 et quand ils répétaient ou qu'ils l'entonnaient ou qu'on le filmait,
07:21 on avait la chair de poule, sincèrement, c'était incroyable.
07:23 Et quelqu'un en dit "on fait ça, ok, tu t'en rappelles ?"
07:26 "Non, ah, il y en a un qui monte vite dans sa chambre, il ressort le trucs,
07:28 et puis les refrains nous reviennent, et on arrive, et puis paf, on prend,
07:32 c'est nous qui avons le prix, finalement, alors on monte tous les 4 sur scène,
07:35 Rachid nous rejoint, Jean aussi, Bernard, et on se met à chanter l'affaire, quoi.
07:39 Et puis après, on va aux Oscars !
07:42 On racontera ça, cette histoire, l'histoire des Oscars,
07:47 et d'indigènes et d'autres films encore.
07:49 Merci pour toutes ces confidences, Sami Wajdilla.
07:51 Tout de suite, on va recevoir notre invité médium,
07:53 Aristophe Ilacareau, à tout de suite dans le Club de l'été.