Le ministre du Logement veut favoriser les rénovations contre les canicules

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Le ministre délégué chargé du Logement, Patrice Vergriete, s'est dit jeudi favorable à ce que les aides à la rénovation des logements prennent aussi en compte leur protection face aux canicules.

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00:00 Bonjour Patrice Vergrit, le grand public ne vous connaît peut-être pas encore, vous
00:04 êtes ministre du logement depuis un mois à peine, depuis le dernier remaniement, vous
00:08 êtes aussi maire de Dunkerque, après un parcours politique à gauche venu du PS notamment.
00:12 Emmanuel Macron va réunir toutes les forces politiques la semaine prochaine pour tenter
00:16 de trouver des consensus.
00:17 Près de deux mois après les émeutes, il faut s'atteler à « reciviliser » dit le
00:21 président dans Le Point ce matin.
00:22 Il dit aussi qu'il faut réduire significativement l'immigration, apprendre l'histoire chronologiquement
00:28 à l'école.
00:29 Quel est le projet de l'exécutif Patrice Vergrit ? Est-ce que c'est de parler surtout
00:32 à la droite et à son électorat ?
00:34 Je pense que le but c'est de répondre aux enjeux des Français.
00:37 Je prends l'exemple du logement puisque je suis ministre du logement.
00:40 Pas un mot sur le logement d'ailleurs dans l'entretien d'Emmanuel Macron ?
00:43 Mais je l'espère, je l'espère, ça viendra, en tout cas on est en train d'y travailler.
00:47 Oui, pas dans l'entretien de ce matin.
00:48 Parce que, mais je suis là, je suis là pour y répondre en tout cas sur la question du
00:52 logement parce que je pense qu'effectivement c'est un élément essentiel de la vie des
00:56 Français aujourd'hui, quand on regarde aujourd'hui avoir un toit, c'est un élément essentiel
00:59 pour la vie, en particulier pour les jeunes, c'est l'autonomie, c'est bâtir une famille.
01:03 Quand on parle de pouvoir d'achat, on parle de logement en fait en réalité parce que
01:06 le premier élément de pouvoir d'achat aujourd'hui c'est le logement.
01:09 Vous regardez le prix des logements, vous regardez les loyers, demandez aux étudiants
01:11 qui doivent essayer aujourd'hui de trouver un logement dans les métropoles.
01:14 Eh bien, quand on parle de pouvoir d'achat, on parle de logement.
01:17 Donc, indirectement, souvent, cette question du logement, elle est évoquée par l'exécutif.
01:21 C'est vrai qu'on ne prononce pas toujours le mot logement, mais je suis là pour peut-être
01:24 corriger cette erreur-là.
01:25 Et en tout cas, c'est un élément essentiel du pouvoir d'achat et de la vie des Français.
01:29 Je reviens sur les émeutes, puisque le Président en parle et veut en tirer les enseignements.
01:34 Une partie de votre portefeuille est commune avec la secrétaire d'État à la Ville,
01:39 Sabrina Agresti-Roubach.
01:40 Début dans le JDD, elle a dit pour les quartiers, la politique du chéquier c'est fini, ça
01:43 ne marche pas.
01:44 Vous êtes d'accord avec ça ?
01:45 Je pense que sur la politique de la Ville, il y a eu deux temps.
01:49 Il y a eu d'abord le temps de la recherche.
01:53 On a cru à un moment donné avec les contrats de Ville dans les années 90 qu'on pouvait
01:58 résoudre les choses simplement avec le travail associatif, la dimension socio-culture dans
02:03 les quartiers.
02:04 Et puis on s'est aperçu que sans un travail sur l'urbain, on n'y arriverait pas.
02:09 Ça a été l'ANRU.
02:10 J'étais moi-même conseiller de Côte-Barthelemy.
02:13 Et beaucoup d'argent a été injecté sur l'urbain.
02:17 Et ça a été une réussite.
02:19 L'ANRU est une réussite.
02:20 Aujourd'hui, indéniablement, ces quartiers ont changé d'image.
02:22 Est-ce qu'on a mis autant d'argent ?
02:25 Est-ce qu'on a fait autant sur les questions de discrimination ?
02:29 Est-ce qu'on a fait autant sur la question du nombre d'adultes dans les quartiers ?
02:33 Je vais parler du logement, puisque j'en ai la responsabilité.
02:37 Combien il y a aujourd'hui de concierges et de gardiens d'immeubles chez les bailleurs
02:39 sociaux comparés à il y a 40 ans ?
02:41 Il n'y en a quasiment plus dans les quartiers de la politique de la Ville.
02:44 Peut-être qu'on n'a pas assez regardé depuis 30 ans la dimension sociale de ces
02:49 projets-là.
02:50 Peut-être qu'on s'est focalisé sur la rénovation urbaine, qui est un succès.
02:53 Mais peut-être qu'aujourd'hui, il faut regarder cette dimension sociale.
02:56 Donc ce n'est pas tellement une approche par le chéquier.
02:58 C'est ce qu'elle dit votre collègue ?
02:59 C'est vraiment ce qu'elle dit ?
03:00 En tout cas, c'est ce que je vous dis.
03:02 Mais je pense qu'aujourd'hui, la question, ce n'est pas tellement la question du chéquier,
03:06 c'est la question des moyens qu'on met sur l'accompagnement social dans ces quartiers,
03:10 à côté de la rénovation urbaine.
03:12 La rénovation urbaine est un succès.
03:13 Il faut maintenant réussir le succès du côté des politiques sociales.
03:17 J'en viens à votre portefeuille spécifiquement, puisque vous héritez d'un secteur en crise,
03:21 tant dans le logement conventionnel que dans le logement social.
03:24 On va prendre les sujets les uns après les autres.
03:25 Sur le logement classique d'abord, construction presque à l'arrêt, des ventes dans le neuf
03:30 qui ont chuté de 40% sur un an, de 20% dans l'ancien.
03:33 Comment on relance un système en panne ?
03:35 C'est vrai que c'est le paradoxe, c'est ce que j'évoquais tout à l'heure.
03:40 On est sur un élément essentiel de la vie des Français, pouvoir d'achat.
03:43 Et il y a beaucoup d'inquiétudes.
03:44 Beaucoup d'inquiétudes pour accéder à la propriété, beaucoup de pertes de pouvoir
03:48 d'achat, difficulté aujourd'hui à trouver un prêt dans les banques.
03:51 Et les acteurs sont aussi inquiets.
03:53 Vous avez parlé de la population, mais les acteurs du logement sont aussi inquiets.
03:55 Oui, le bâtiment c'est 2 millions de salariés.
03:56 Il va y avoir de la caisse sociale.
03:57 Exactement.
03:58 Il y a ça, il y a des promoteurs, il y a des agences immobilières.
04:00 Il y a beaucoup de gens autour de l'immobilier aujourd'hui.
04:02 Donc il y a aussi une inquiétude chez les acteurs.
04:04 Moi, je ne crois pas trop à la recette miracle qui consiste à dire qu'on va trouver la
04:09 grande mesure nationale, type le CELIE qui va tout relancer.
04:12 Parce qu'on connaît aujourd'hui les effets pervers de ce type de mesure.
04:16 Ce que je pense aujourd'hui, c'est qu'il faut essayer de remobiliser l'ensemble des
04:20 acteurs du logement, les collectivités locales, le monde HLM, les associations, les acteurs
04:26 privés.
04:27 Remobiliser pour, j'ai envie de dire, développer une politique du logement plus juste.
04:31 Plus juste dans deux sens.
04:32 Juste, évidemment, socialement.
04:33 C'est pour s'adresser au public qui en a le plus besoin.
04:35 Je parlais des étudiants tout à l'heure.
04:37 Voilà un bon exemple.
04:38 C'est un public prioritaire.
04:39 Et puis aussi plus juste, au sens plus adapté au territoire.
04:43 Vous l'avez dit, vous avez commencé par ça.
04:45 Je suis maire, encore pour quelques temps, mais je connais l'expérience du terrain.
04:49 Aujourd'hui, il faut libérer ces initiatives au niveau du terrain.
04:53 Il y a essayé de faire que l'ensemble des acteurs…
04:55 Ça veut dire quoi libérer ces initiatives ?
04:56 Ça veut dire concrètement qu'aujourd'hui, il faut assumer la décentralisation de la
05:00 politique du logement.
05:01 Il faut donner plus de moyens aux acteurs de terrain pour essayer d'avancer.
05:03 Je vous donne un exemple.
05:04 Aujourd'hui, il n'y a pas forcément besoin de développer la construction partout dans
05:08 le pays.
05:09 Il faut l'assumer.
05:10 Il y a des zones qui ont besoin de davantage de logements.
05:12 Je parlais des étudiants tout à l'heure, les métropoles Selka, les communes touristiques.
05:15 Et donc c'est là effectivement qu'il faut mettre l'accent.
05:18 Alors, ça passe par le recentrage du Pré-Ato-Zéro, on l'a évoqué.
05:21 Mais en ce moment, on est en train de signer un décret que je vais signer mi-septembre,
05:25 qui permettra à plus de communes, communes touristiques, communes aujourd'hui qui sont
05:29 en réindustrialisation, de pouvoir développer davantage de logements intermédiaires.
05:34 Ça, c'est concret et ça permet de développer dans les secteurs qui en ont le plus besoin.
05:36 Et je pourrais continuer.
05:37 - Oui mais j'ai d'autres questions.
05:39 Vous parliez de la hausse des taux de crédit.
05:41 Ils ont quadruplé en un an.
05:43 Pourquoi vous n'allégez pas les conditions d'octroi des crédits, comme le réclament
05:48 les professionnels, pour dégripper un peu aussi cette machine ?
05:50 - Mais ces questions-là, elles sont abordées.
05:53 On verra effectivement ce qu'on peut faire.
05:54 Maintenant, attention encore une fois, je le redis, attention à la recette miracle.
05:59 Aujourd'hui, il y a une inflation en France.
06:01 Il y a un sujet, les taux d'intérêt ne montent pas par hasard en France.
06:05 Ça correspond à une évolution économique.
06:07 Il y a une inflation à maîtriser, on le sait.
06:09 Donc, à un moment donné, aller combattre quelque chose qui s'impose à notre économie,
06:13 c'est aussi aller dans le mauvais sens.
06:16 Et donc, le but du jeu, c'est plutôt d'essayer de trouver des solutions qui soient pérennes.
06:19 Moi, je veux changer les règles du jeu de la politique du logement.
06:21 Je veux changer l'architecture de la politique du logement.
06:23 Je veux qu'on revoie le cadre.
06:25 Je ne veux pas faire du bricolage, comme on a fait depuis un certain nombre d'années,
06:28 ou chercher cette recette miracle.
06:30 Il faut aller en profondeur, travailler de manière pérenne.
06:33 - Par exemple, sur le parc HLM, on a presque 2,5 millions de ménages français qui sont
06:36 dans l'attente d'un logement social.
06:38 Ça ne fait qu'augmenter.
06:39 Et en face, l'an dernier, on a lancé moins de constructions que les objectifs que s'était
06:42 fixé le gouvernement.
06:43 Vous parliez de libérer des initiatives.
06:46 C'est plus une priorité, le logement social ?
06:47 - Bien sûr que si, c'est une priorité.
06:49 On est en train de travailler et réfléchir à des mesures qui permettront d'améliorer
06:52 les fonds propres des bailleurs.
06:53 Parce que le problème aujourd'hui sur pourquoi les bailleurs ne construisent pas assez, c'est
06:57 parce qu'il y a un manque de fonds propres.
06:58 À un moment donné, ils s'appuyaient sur les ventes HLM pour pouvoir reconstituer
07:01 des fonds propres.
07:02 Comme je l'avais dit tout à l'heure, les taux d'intérêt ont fait que les ventes
07:04 HLM diminuent aujourd'hui aussi.
07:06 Donc aujourd'hui, il faut trouver d'autres solutions.
07:08 On est en train d'examiner par exemple l'hypothèse du développement du bail réel solidaire,
07:12 ce qu'on appelle le BRS, qui doit permettre de relasser les ventes et redonner des fonds
07:16 propres.
07:17 On travaille aussi sur des mesures qui permettront d'améliorer les choses.
07:19 Mais encore une fois, ce n'est pas partout.
07:21 À un moment donné, les bailleurs sociaux, il faut qu'ils puissent réinvestir dans
07:26 le logement social, dans les communes, dans les agglomérations qui en ont le plus besoin.
07:30 Et donc, c'est là-dessus qu'il faut travailler.
07:32 Vous parliez du recentrage du Préataux Zéro, suppression aussi du dispositif Pinel.
07:37 Vous allez réussir à sauver votre budget cet automne ?
07:39 Je l'espère bien.
07:40 Les acteurs sont inquiets sur le budget du logement.
07:42 Mais ils ne doivent pas.
07:44 Mais ils ne doivent pas.
07:45 Le logement, on est en train d'essayer de travailler effectivement sur les mesures
07:49 qui permettront à la fois, je le dis, de relancer la production.
07:55 Ça fait partie des objectifs, bien entendu.
07:57 Mais encore une fois, je le redis, je préfère m'appuyer sur les acteurs de terrain, sur
08:01 les collectivités locales par exemple.
08:03 Je pourrais prendre quelques exemples.
08:06 Le dispositif Pinel, il est supprimé aujourd'hui et je m'en réjouis.
08:13 Vous savez, en son temps, j'ai fait ma thèse de doctorat sur les dispositifs d'aide
08:16 fiscale à l'investissement locatif.
08:17 Et je connais tous les effets pervers de ces mesures.
08:19 Et je suis bien sûr que c'est produit beaucoup de logements de qualité avec ces dispositifs.
08:23 Par contre, on a besoin d'investisseurs privés aujourd'hui dans le logement locatif.
08:27 Et bien le ministère du Logement aujourd'hui, je suis en train de travailler sur un dispositif
08:31 qui permettra de mobiliser des investisseurs professionnels sur l'investissement locatif.
08:34 Et ça, ce sera plus pérenne.
08:36 Et pourquoi ? Je finis juste là-dessus.
08:37 Pourquoi ? Parce que l'investisseur particulier, quand il investit dans le logement, il recherche
08:41 d'abord l'avantage fiscal.
08:43 Et il ne regarde pas forcément la qualité du logement et où il se situe.
08:46 Un investisseur professionnel, il va regarder la valeur patrimoniale à la sortie du logement.
08:51 Et donc, il va plutôt le faire en zone tendue, là où on a besoin de logement.
08:54 Et il va le faire en regardant la qualité du logement.
08:56 Et donc, on n'a pas les effets pervers liés.
08:58 Il faut mobiliser les acteurs, pas du dispositif magique.
09:01 Patrick Fernit, je voudrais qu'on parle de l'actualité du jour.
09:03 Cette canicule, on voit avec cette canicule que les passoires thermiques l'hiver se
09:06 transforment en bouilloire l'été.
09:08 La loi impose une température minimale dans les logements de 19 degrés.
09:11 Il n'y a pas de température maximale en revanche dans la loi.
09:13 Est-ce que ça, ça doit changer ?
09:14 Oui.
09:15 Alors, pas forcément dans la loi, ce n'est pas ce que je voulais dire directement.
09:19 Je pense que ce qui doit changer, c'est d'intégrer effectivement ces problématiques de canicule
09:23 dans l'adaptation des logements.
09:24 Vous savez que dans l'outre-mer aujourd'hui, il y a des mesures qui permettent d'appliquer
09:29 ma prime rénov' pour justement s'adapter à la canicule.
09:32 Eh bien, si on élargissait ces dispositifs, si on s'appuyait sur l'expérience de l'outre-mer
09:36 pour la généraliser à la métropole.
09:38 Moi, je suis plutôt favorable à ça.
09:40 Aujourd'hui, l'outre-mer nous apporte beaucoup d'expériences intéressantes qui permettent
09:43 de mieux gérer effectivement la chaleur et la canicule.
09:46 Eh bien, moi, je suis pour la généralisation des mesures outre-mer parce que je pense qu'effectivement,
09:50 en métropole, on en a peut-être besoin.
09:51 Et donc aujourd'hui, on a des dispositifs comme ma prime rénov' qui permettent d'adapter
09:56 les logements à la canicule.
09:57 Et je travaillerai dans ce sens-là.
09:58 - Dernière question, réponse très rapide s'il vous plaît.
10:00 L'hébergement d'urgence, on avait 200 000 places depuis la crise sanitaire.
10:03 Est-ce qu'on en aura toujours 200 000 l'année prochaine dans le budget ?
10:05 Ça aussi, c'est une inquiétude.
10:06 - Je pense qu'il faut même aller vers une augmentation des places d'hébergement d'urgence
10:09 dans les années qui viennent.
10:10 - Elles vont augmenter.
10:11 - Le faire progressivement.
10:12 Je pense que c'est ce qu'il faut faire.
10:14 Pourquoi ? Parce qu'il y a des besoins aujourd'hui en matière d'hébergement d'urgence à la
10:17 fois quantitatifs et qualitatifs.
10:19 Et donc moi-même, je travaillerai pour aller dans cette direction-là.
10:22 - Merci beaucoup Patrice.
10:23 - Et je veux vraiment saluer d'ailleurs toutes les associations qui travaillent aux côtés
10:27 des sans-abri et aux côtés de l'accueil.
10:28 - Le message est passé.
10:29 Merci Patrice Verghritt, ministre du Logement.
10:31 Bonne journée.

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