LIGNE ROUGE - "On a peur de se prendre une balle perdue": une habitante du quartier Pissevin à Nîmes témoigne sur BFMTV

  • l’année dernière
Deux morts en 4 jours dans le quartier de Pissevin à Nîmes, dont un enfant de 10 ans victime de balles perdues. Comment vit-on dans ce quartier gangréné par la drogue ? Une habitante a accepté de raconter son quotidien aux côtés des dealers.
Transcript
00:00 Ça fait 2-3 ans que ça se dégradait.
00:03 Et là, d'un coup, c'est Monte-Crescendo.
00:06 C'est vraiment de la violence pour la violence.
00:09 Au tout début, c'était des pétards que les enfants jetaient.
00:12 Maintenant, on sait plus si c'est un pétard,
00:14 si c'est un coup de feu.
00:16 On ne sait plus faire la différence, parce que ça n'arrête pas.
00:20 Pour aller faire les courses ou faire ce qu'on a à faire, le matin.
00:23 Parce que le matin, tout le monde dort.
00:26 Il n'y a personne dehors, il n'y a pas de rodeo, il n'y a personne.
00:29 Et on sait qu'on ne se fera pas tirer dessus le matin.
00:33 Parce qu'on a peur de ça,
00:35 on a peur de se prendre les balles perdues.
00:37 Pas par rapport à nous, parce que nous, ils ne nous feront rien.
00:40 C'est des gamins que j'ai vus grandir à l'école avec mes enfants.
00:44 Et bon, ils sont là tous les jours, ils sont là.
00:47 Ils sont là.
00:48 Et il m'est arrivé de croiser des guetteurs,
00:51 puisque c'est comme ça qu'on appelle ça,
00:53 assis sur leur chaise, bien installés,
00:56 avec des feux de bois quand il fait froid,
00:58 quand il se chauffe, ils font le feu de bois sur le trottoir.
01:01 Donc on est obligés de passer sur la route,
01:03 puisqu'on ne peut pas passer.
01:05 Ils ont leurs fauteuils, leurs tables et leurs feux de bois.
01:08 Une fois, il y en avait un qui mangeait un sandwich long comme le bras.
01:12 Je l'ai regardé, il était à moitié cagoulé, enfin bref.
01:15 Et il levait sa cagoule pour manger.
01:18 Je lui ai souhaité bon appétit, il m'a répondu merci,
01:21 de n'ayant rien à dire, il était surpris que quelqu'un lui parle.
01:24 Et on passe devant, on les voit.
01:28 On les ignore, ils nous ignorent.
01:30 Et puis quand on passe à côté de certaines choses qui se passent,
01:34 on baisse la tête et on fait comme si on voyait rien.

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